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n° 12451Fiche technique8889 caractères8889
Temps de lecture estimé : 6 mn
09/04/08
Résumé:  Comment garder son mari !
Critères:  fh couple conte humour -contes
Auteur : Tithon  (Ecri-vain)            Envoi mini-message
Magie des campagnes





Oyez, oyez, braves gens, la belle histoire de Marie et Lulu…





Marie était mariée depuis environ vingt ans. Le couple exploitait une petite ferme des environs de Cahors, dans une campagne de causses.

Si la culture de la vigne et la chasse aux truffes prospéraient, leur union commençait à battre de l’aile. Les enfants élevés et partis de la maison, le grand Louis, dit Lulu, ne cultivait plus beaucoup son champ. Fini les baises endiablées dans le cuveau à vin, ou, l’été, dans l’odeur du foin qui sèche dans le pré ! Une fois de temps en temps, vite fait, une culbute dans la grange derrière les crèches vides de bêtes, et qui laissait Marie insatisfaite et malheureuse.


Sous prétexte de foires aux truffes, de vendanges ou de salons de l’agriculture - selon les saisons - le Lulu partait très souvent, trop souvent, laissant Marie se morfondre dans le grand lit à l’étage.

Son minou se desséchait.

Privé de rosée bienfaisante pour l’arroser, le poil devenait terne et cassant. Un désespoir, une jachère même pas fleurie ; la ronce et l’ortie y faisaient leur lit.

Lulu venait et repartait sans un mot, accomplissait le minimum de travail à la ferme, et sous n’importe quel prétexte disparaissait quelques heures ou quelques jours.

On murmurait dans le village et les échos de ces bruits revenaient à Marie.


On dit que le Lulu fricote avec la Jeanne et la Julie, et qu’à l’aurore encore on les a vus au bar du pont, en ville ou ailleurs.


On les a vus à la boite échangiste vers Montauban… etc.


Dans les bars des environs, le Lulu louait à qui voulait l’entendre les langueurs de Louise ou d’Elise, roucoulait sur les rondeurs de Roberte et faisait rosir les rosières attablées avec leur galant.

Tout ce bruissement rendait Marie encore plus triste et désespérée. L’avenir ressemblait à un buisson d’épines et de poussière…



ooOoo



Lulu était parti pour une virée de plus.

Ce jour-là, prenant conscience de son isolement, Marie téléphona à sa copine d’enfance, la rousse Véronique.



Le tout entrecoupé de larmes et reniflements.




Autant Marie était prude et sage, autant Véronique flamboyait par tous les pores de sa peau. Elle rayonnait de joie et d’appétit de vivre.

C’était sa première copine quand elle était entrée au pensionnat de la Sainte Foye de Conques de Justine de Padirac. Véronique organisait des trafics de clopes et de mâles dans cette institution fermée à laquelle le préfet et l’évêque confiaient leurs filles en espérant en faire des oies blanches prêtes à farcir. Véronique s’était fait prendre à cause d’une fille enceinte qui avait tout avoué, et n’avait dû son salut qu’à l’intervention du préfet qui, soucieux de préserver la réputation de sa fille, avait étouffé l’affaire. Tout Cahors savait le fin mot de l’histoire et en riait à l’apéro, mais…


Marie appela ses voisins qui, serviables, répondirent : oui, nous viendrons nous occuper des bêtes, pas de souci.


Marie se mit en route dans sa petite auto, en direction de la ville.

Véronique l’attendait. Elle la prit dans ses bras avec beaucoup d’affection, lui plantant deux gros bisous sur les joues et un autre, plus gros encore, sur les lèvres.



Comme jadis lorsque Marie avait du vague à l’âme, et que Véronique la prenait sous son aile. Comme quand, munies d’une clef barbotée au trousseau de la sœur portière, elles se faufilaient par la porte du cloître, enfilaient la rue du bain, et sans délai filaient au bar du pont pour s’enfiler des verres.


Ainsi passèrent-elles une soirée de fête, de bar en bar, alternant rhum et tequila, rock et salsa, tango et samba. Les filles finirent dans les bras l’une de l’autre, à se raconter leurs histoires de filles, en pouffant de rire au passage des garçons.

Bourrées, ça c’est sûr, et bien bourrées, elles rentrèrent à la maison bras-dessus bras-dessous, s’effondrèrent en vrac dans le grand lit de Véronique, et jusque midi ronflèrent en chœur.


Caressée, massée, câlinée par Véronique, Marie reprit un peu forme humaine. Après un bain commun, où elles éclaboussèrent toute la pièce par leurs ébats, et un café-tartine, vers cinq heures du soir elles se mirent à causer.




Quelques jours plus tard, Lulu semblait calmé et un peu plus à la maison, décidé à s’occuper de la ferme.

Ce soir, j’essaie ! se dit Marie. Je verrai bien si ça marche.


Une fois dans le lit, Marie s’approcha de son mari qui, couché sur le dos s’apprêtait a ronfler comme un B52 au décollage. Glissant sa main sous la chemise de nuit de son homme, elle entreprit de faire un nœud au sexe de son mari.



Et Marie de le plier, de le tordre, de le courber dans tous les sens, si bien que son mari y prit plaisir et que l’objet en question finit par se dresser, dur comme une branche de chêne.



Se tournant sur le côté, elle fit semblant de dormir.



Arriva ce qui devait : Lulu se mit à baiser sa femme tant et plus, puis quand le poteau redevint mou, Marie reprit son travail de nouage.



Lulu revint à l’ouvrage pour le plus grand plaisir de Marie.



Et ainsi, des nuits durant, Marie tenta le nœud impossible, et plus elle s’acharnait plus le membre durcissait, plus il fallait le calmer et recommencer.

Et ainsi Lulu, épuisé par ses nuits avec Marie, finit par renoncer à ses escapades, à apprécier Marie et rester avec elle.


Ainsi va la vie !


Cette histoire n’est pas nouvelle, juste adaptée au temps d’aujourd’hui. C’est un vieux conte des campagnes des Caraïbes, qui se racontait sous les manguiers, du temps des commandeurs, dans les années cinquante en Martinique.

Innombrables sont les histoires qu’inventent les femmes pour garder leur compagnon, avec malice et souvent humour. C’est un conte Kimbé raid, en créole.