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Temps de lecture estimé : 25 mn
24/04/08
Résumé:  "Ne te gaspille pas, ma chérie !" L'avertissement est venu trop tard et Laura l'insatisfaite doit se contenter de rêver. Provisoirement peut-être...
Critères:  f fh jeunes inconnu voisins copains vacances plage cérébral revede odeurs préservati jeu init -prememois -voisins
Auteur : SophieF.            Envoi mini-message
Laura et les voisins

C’était une salle de bains des années cinquante, ou peut-être même encore plus antique, avec un bidet et une baignoire à pattes de lion au-dessus de laquelle pendait un rideau de plastique d’un rose passé. Au dessus du lavabo il y avait une armoire à pharmacie aux glaces biseautées.



Chacun d’entre eux voulait la baiser, tout simplement. Eh bien, voilà qui allait se produire, parce qu’elle avait fait ce qu’il fallait, et sans être amoureuse…


Volley sur la plage, en bikini. Puis une grosse fille avait enlevé le haut, ses seins ballottaient, elle était grotesque mais les garçons la regardaient. Quand Laura a dénudé sa poitrine, ils ont vu la différence. Elle n’était pas ridicule, elle. En smashant, elle s’est écorchée, mais à peine, la pointe d’un sein contre le bas du filet, une grosse corde rêche. Elle a grimacé, un peu trop, a frotté son téton mais a continué à jouer. La partie gagnée, chacun s’est mis à l’eau. Un garçon est venu la rejoindre.




Il pense : je te mettrai de la pommade.



Il avait montré l’immeuble : pas de route à traverser. Inutile de se rhabiller.



Je suis la fille aux seins nus qui traverse la plage pour suivre un garçon qu’elle connaît depuis une heure à peine !


Dans l’ascenseur il a sorti une petite clé plate de la poche de son slip de bain. C’était donc ça. Elle s’était demandé si c’était un préservatif. Il a ouvert la porte.



Il y entre avec moi ou pas ? C’est non. Je ferme la porte ? Si je la laisse entrouverte il va me prendre pour une dévergondée. Je la ferme mais sans mettre le verrou, j’aurais trop l’air de me méfier de lui. Et peut-être qu’il viendra. Il ne m’a pas reparlé de sa pommade. Je pourrais l’appeler. Pas cap ! Merde, si je savais ce que je veux ! Allez, ma vieille, sous la douche


Elle déposa son slip de bain sur le porte-serviettes et enjamba le bord de la baignoire en pensant que s’il avait été dedans, il aurait bénéficié d’une vue imprenable sur son petit minou. Or il aurait fort bien pu être dedans. Il y avait un morceau de savon d’Alep dans le porte-savon blanc accroché au mur.


Elle se serait bien caressée. Elle aurait pu aussi, comme elle le faisait si souvent, orienter le jet d’eau tiède sur sa fente entrebâillée. Mais ce serait trop bête, un vrai gaspillage même. Elle n’était pas là pour ça. Le rideau de douche quand même fermé autour de son corps, elle n’avait qu’à l’appeler, ce type. Mais pour lui dire quoi ? On ne demande pas de pommade quand on est sous la douche.



Il est entré. Elle a entendu qu’il prenait quelque chose dans l’armoire à pharmacie. Une main s’est glissée derrière le rideau. En s’emparant du flacon elle a pris soin de tâtonner, de caresser les doigts aux ongles salis par le sable.



Elle ne l’a pas entendu repartir. Le shampoing sentait la lavande. Elle ferma les yeux pour ne pas pleurer. C’est presque de bonheur qu’elle aurait pleuré en laissant l’eau couler sur son corps pour le rincer : elle ne serait plus seule pendant ces vacances. Au moins pendant ces vacances. Et elle saurait enfin si, avec un autre que Nicolas…



Pas plus compliqué que ça ! J’ai le choix maintenant : ou je sors enveloppée, ou j’écarte le rideau tout en me séchant le crâne. En lui tournant le dos, quand même. Elles sont pas si mal que ça, mes fesses, elles aussi !


Elle sortit, empaquetée.



Ce rideau, il va le fermer ou pas ? Après tout, c’est à lui de décider. Et il va d’abord enlever son slip de bain. Pas osé regarder en bas mais il doit bien bander, quand même !


Il a enlevé son slip de bain en me tournant le dos.


Eh bien voilà, c’est venu tout seul : en me tournant le dos. Puisque j’ai vécu cette minuscule aventure qui me fait sourire de pitié aujourd’hui, autant cesser de parler de moi à la troisième personne, ce sera plus simple.


Il avait de belles fesses. Il était beau gosse, bien sûr. Je l’avais détaillé sur la plage. Il ne nous restait plus grand chose à découvrir de nos corps respectifs. Qu’allait-il faire, lui, en sortant de la douche ? Serviette ou pas ? Et moi, devant le lavabo, pour me sécher les cheveux il fallait bien que j’utilise la mienne. Je pouvais même en faire un turban et exposer le reste. Les mouvements que faisait ce garçon derrière le rideau me montrèrent vite qu’il s’essuyait déjà. Il a mis ensuite sa serviette au-dessus de la barre qui soutenait le rideau. Et il a attendu un peu, sans doute pour me laisser le temps de partir, si j’en avais eu envie. Je n’en avais pas envie.



Il le savait bien, que j’étais encore là ! Il était tranquillement nu, son pénis à moitié relevé. J’avais les bras levés et je frottais encore mes cheveux. Cette position met les seins en valeur. Mais c’est mon bas-ventre qu’il a regardé, mon bas-ventre dont les poils noirs brillaient. Son regard s’est ensuite porté sur ma poitrine.



Il y avait un peu d’ironie dans sa question. Je n’ai pas répondu. Ses yeux étaient… Je ne sais plus. Il me semble me rappeler que j’ai cru y voir des paillettes dorées. Qu’est-ce qu’il attendait pour s’approcher, pour me prendre dans ses bras ? Je me suis regardée dans le miroir de l’armoire de toilette. Ma vieille, le moment de vérité approche. On va voir si tu es capable de faire l’amour… non, de baiser avec un garçon qui est mignon mais que tu n’aimes pas.


Il s’est mis derrière moi, tout contre. J’ai senti, entre mes fesses, se gonfler encore son pénis. Il a posé les mains sur mes seins puis, de ses paumes ouvertes, en a frôlé les pointes. Elles se sont dilatées en quelques instants et j’ai pensé que mon vagin se mettait à couler.


Il a remonté les mains sur mes épaules, m’a retournée et sa bouche s’est posée sur mon sein plus du tout endolori. Ses cheveux étaient encore mouillés. J’ai cru bien faire en y passant la main, pour une douce caresse. Je voulais tant qu’il soit gentil.



Il m’a tirée derrière lui. La fenêtre de sa chambre était ouverte et donnait sur la plage. Quelques cris d’enfants nous parvenaient, et des rires aussi. Il m’a placée contre le lit, m’a poussée, d’abord pour m’y asseoir et ensuite pour m’y allonger. Il aurait pu m’embrasser d’abord, quand même. Enfin, tant pis, il pouvait bien faire de moi ce qu’il voulait, à condition qu’il mette une capote.


Il en a pris une dans le tiroir de son chevet et il en a déchiré l’enveloppe. J’aimais autant qu’il en ait l’habitude, il n’allait pas me rater, au moins, celui-là.


Eh bien si, il m’a ratée. Il lui a suffi de quelques va-et-vient mécaniques, de quelques grognements, de quelques paroles débiles, du genre :



Ses hein ? comme des han ! de bûcheron.



Son air effaré, tout à coup ! Il croyait peut-être me faire plaisir en m’insultant. Il n’avait jamais dû baiser qu’avec des pouffiasses. Je l’ai poussé de toutes mes forces, il a roulé sur le côté, sorti de moi en vitesse. Facile : il ne bandait presque plus. J’ai failli oublier de prendre mon slip de bain, tellement j’étais furieuse. Pas le temps d’attendre l’ascenseur : les escaliers quatre à quatre. Dehors j’ai respiré un bon coup. Le soleil tapait comme un sourd. Si quelqu’un s’était mis en travers de ma route, je l’aurais foutu par terre.


D’autres jeunes jouaient au volley. Le haut de mon bikini m’attendait sur le sable, contre le poteau soutenant le filet. Je l’ai mis. Un peu de sable y était entré et m’a gratté les tétons. Ma mère se prélassait en bavardant avec un couple d’amis, celui dont le mâle me reluquait avec une convoitise non dissimulée chaque fois qu’il me voyait. Vieux cochon !



xxx



Très fine, maman. Mais elle n’a rien à craindre, je suis sage. Frigide et sage. C’est chiant mais c’est comme ça. Dans cette boîte, on se trémousse, puis on se frotte. Le blanc des vêtements qui brille. Les dents aussi, carnassières. Un blondinet me plairait bien mais il ne vient pas m’inviter. Ce n’est pas à moi de faire le premier pas, quand même.


Alors les mains de ce Thierry sur mes hanches, puis sur mes fesses. J’avais remarqué ses doigts aux ongles rongés, et pensé qu’il ne me grifferait pas s’il me caressait en profondeur. Le bas-ventre de Thierry tout contre le mien. Forcément, j’ai d’emblée passé mes bras autour du cou de ce grand garçon myope au doux regard.



Le doux ressac de l’eau noire. Pas d’étoiles, pas de lune. La marche lente sur le sable, pieds nus, mes chaussures dans la main droite. Il ne pue pas du tout le tabac quand il m’embrasse, ses mains sur ma nuque. Mais qu’est-ce qu’il croit, je ne vais pas me sauver !



Je veux bien mais je dis non et il n’insiste pas. Il aurait dû. Je rentre avec les copains et copines, celui qui conduit n’a pas beaucoup bu.


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Pas sourde, Laura. Pas gouine non plus. Se démerde toute seule, Laura. C’est pas glorieux mais c’est comme ça. En tout cas vive la rentrée, après ces vacances infectes. Enfin, pas tout à fait : j’ai lu Les infortunes de la belle au bois dormant, les trois tomes. Je ne dormais qu’après m’être longuement doigtée et j’en arrivais à penser que cela me suffisait. Je m’imaginais toute nue dans une charrette, exposée aux regards de la populace et livrée à des soudards après avoir été torturée par des brutes lubriques. Me vengeant ensuite sur des éphèbes blonds.


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Mon père m’aurait bien vue faire l’X. Pas hardeuse ! Jeune fille au port altier défilant sur les Champs-Élysées, jupe bleue marine et petit chapeau ridicule. Mais j’ai eu des notes trop faibles au bac pour m’inscrire en prépa.



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Les chambres de bonnes sont louées à des étudiants. Mon frère Sébastien, qui vient de partir en stage de lawer aux States comme il a dit, en occupait une. Le lit est petit mais il le partageait quand même. Sûrement pas toujours avec la même fille.


Nicolas, un de ses amis, a eu sa maîtrise, lui aussi. Un mufle, Nicolas. Tout sucre et tout miel avant, infect après. Et dire que j’ai cru être amoureuse de ce type ! Pour ce que ça m’a rapporté de m’être donnée à lui, comme on lit dans les romans, juste avant les vacances ! Le cœur qui bat un plus vite, un peu de sang sur un mouchoir de papier. Heureusement, même pas mal, comme disent les enfants. Mais même pas bien non plus. Vite fait mal fait. Un papillon voletait dans le buisson d’aubépine. Aube et pine. Il était fier de son jeu de mots à la con. Surtout qu’il était bien quatre heures de l’après-midi !



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Parmi les camarades du lycée, Jérémy s’est inscrit, lui aussi, à la fac de droit. Bof, Jérémy… Vincent également. Et Mélanie, si timide, sûrement encore pucelle. Ce sera peut-être amusant de la voir se dévergonder, celle-là, qui vient s’installer à ma droite dans l’amphi dès le premier jour et qui recommence chaque fois qu’elle le peut. De l’autre côté, c’est généralement un garçon. Souvent Vincent, qui prend beaucoup de notes. Moi peu : tout est dans les manuels. Mélanie est toujours prête à me rendre service. Elle me parle à voix presque basse, elle est humble et douce. Elle veut bosser avec moi à la bibliothèque. Elle soupire souvent, elle a des yeux de chien battu. Quelques garçons s’étaient intéressés à elle, l’année précédente. Elle les avait rembarrés.


Le premier cours de droit romain m’ennuie déjà à mourir. Je rêve, dans le vieil amphi. Des banquettes. On est si nombreux en première année qu’on ne dispose que de peu de place. Les hanches se touchent aisément. Des panneaux de bois devant nos jambes. Le prof ne verrait pas quelqu’un d’accroupi. Ni même quelqu’un qui serait allongé sur nos cuisses, on est tout en haut.


Ma tête sur les genoux de Vincent. Ce grand bond aux yeux clairs serait à côté de lui, ses cuisses sous mes épaules. Une fille ensuite mais il y aurait bien un garçon pour servir de coussin à mes fesses. Jérémy, pourquoi pas ? Vincent me caresse doucement la joue, passe un doigt sur mes lèvres. Sous ma nuque se gonfle son pénis. Le grand blond - je sais qu’il se prénomme Frédéric mais chacun dit Fred, ou Freddy - le grand blond a déboutonné mon chemisier, agacé les pointes de mes seins sous le léger soutien-gorge presque transparent, puis glissé ses doigts dessous. Il ferait mieux de le détacher. Je me soulève un peu, il passe ses mains, en profite pour mettre à l’aise son pénis trop à l’étroit dans son slip. Plus bas, c’est Mélanie. À côté d’elle, un type fourrage sous ma petite culotte. Ou Jérémy ? Non, il n’ose pas, il est peut-être amoureux de moi mais il ne m’intéresse pas. Vincent prend ma tête à deux mains, la déplace doucement pour qu’elle repose sur ses genoux et non plus sur ses cuisses. Le voilà qui peut alors ouvrir sa braguette pour en sortir une bite de bon calibre qu’il m’appartient de sucer. Ça ne doit pas être bien difficile.


Le type enfonce deux doigts dans ma chatte et pince mon clito. Jérémy souffre atrocement de voir que je me gaspille.


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Le prof parle du code d’Hammourabi. Quelques garçons chuchotent et pouffent, naturellement. Frédéric est allongé sur nos cuisses. Ma main se glisse dans sa braguette. Elle en ressort poisseuse.


C’est au tour de Mélanie. Ses seins bien ronds, bien durs, sont tripotés par Vincent, ou même par Jérémy, tiens ! Ma main dans le slip de Mélanie. Son duvet tout chaud, sa grotte humide. Sa bouche dans un simulacre de baiser à moi seule destiné.


La main de Jérémy autour de mon poignet.



Je suis conne, je gaspille Mélanie.


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La chambre de Vincent serait la plus spacieuse, pour une petite teuf à quatre.



Il sort un jeu de cartes, on joue à la bataille. Toute bataille perdue oblige à se défaire d’une pièce de vêtement. On commence par les chaussures. Les garçons ont des chaussettes, pas moi. Mes petits petons nus sur une moquette d’un vieux rouge. Quand je serai en slip et soutien-gorge, cela fera un camaïeu de belle allure, mes dessous sont d’un rose un peu vif. Vincent se débarrasse de sa chemisette bleue. Costaud, Vincent ! Robustes épaules ! Mais déjà un peu enrobé, il vieillira mal, il devrait profiter de sa jeunesse.


La petite Mélanie me lance des regards apeurés et se tortille sur sa chaise.



Jérémy est un peu maigrichon, lui, avec sa salière en bas du cou. Il a de tout petits tétons roses, pointus, que je mordillerai si je le veux.



J’ai un top en dentelle et mes seins dessous, aux pointes déjà gonflées. Pour Vincent, le temps est venu d’enlever son pantalon. Un boxer noir moule ses fesses dodues, et devant c’est pas mal non plus, me semble-t-il.


Mélanie doit ôter son corsage et nous montre un soutien-gorge blanc de petite fille modèle.


Pantalon, Jérémy ! Un caleçon, je l’aurais parié. Bariolé, qui plus est. Et fendu sur le devant : le petit oiseau va sortir… Sur quelle proie fondra-t-il ? Allez, brave Jérémy, ce soir je me gaspille de gaîté de cœur !


Quand tout le monde est enfin nu, il convient de passer aux gages. Des bisous sur les lèvres. Debout, l’un contre l’autre. Enlacés. Vos pénis vous gênent, d’un coup de main vous les plaquez contre votre ventre avant de me serrer dans vos bras. Après c’est Mélanie que vous embrassez, Mélanie qui se pique au jeu et ne proteste plus du tout.


Vous tétez longuement mes seins. Et ceux de Mélanie. Me voici à genoux. Les couilles velues de Vincent sont douces à palper. Je sais que c’est fragile et que ça craint les coups, mais pas les coups de langue. Et le pénis, alors… Mais oui, j’ouvre grand la bouche après l’avoir gentiment bécoté et caressé d’une langue agile.


Jérémy, broute donc mon gazon noir ! Aspire mon clito comme Vincent vient de le faire, mais sois plus brutal et pince la pointe de mes seins ! Puis viens en moi, n’aie pas peur, vas-y fort, puisque Vincent et Mélanie baisent bestialement sur la moquette. J’aurais préféré Vincent mais son tour viendra.


En fin de compte je suis peut-être en effet une salope, une chienne en chaleur comme disait Nicolas que j’ai éjecté de moi et que je regrette presque, tant la solitude m’est odieuse maintenant. Chaque soir le majeur de ma main droite malmène mon clito pendant que l’index et le pouce de ma main gauche picorent la pointe d’un sein. Vivement qu’on nous invente le robot baiseur qui ne rate jamais son coup, lui. Mais il faudrait quand même qu’il balbutie quelques mots d’amour, et je n’y croirais guère, alors…



Ce qui est vrai, c’est que Vincent et Mélanie sont effectivement amoureux. J’ai vu clair dans mes rêveries à la con.


xxx


L’ascenseur ne monte qu’au quatrième mais il y a six chambres au-dessus. Un coin "toilettes douche" a été aménagé dans chacune d’elles voilà quelques années seulement. Avant c’était collectif, au bout du couloir, WC à droite et douche en face. Ça devait favoriser quelques rencontres.



Anthony : le prénom est inscrit sur une des boîtes à lettres, en bas. Les autres : Mickaël, Marion. Plus Amandine et Charlotte, deux noms de pommes de terre ! Anthony et Marion ont punaisé leur prénom sur leur porte. Pas les autres. Ça ne veut rien dire, les copains ou copines doivent savoir.


Anthony part de bonne heure, le matin, en sifflotant. Heureux de vivre, celui-là ! À droite de ma chambre, c’est celle de Marion. Elle n’y est pas seule : j’entends des rires mâles et, le soir, des gémissements et des grognements de plaisir. Elle semble aimer la baise, celle-là, et son mec aussi. Ils partent ensemble, vers les 7 heures 30 du matin.


Le second mardi après la rentrée, marchant doucement rue Sainte-Opportune après avoir passé une heure ou deux à la bibliothèque, je suis dépassée par une grande fille aux cheveux roux qui entre dans l’immeuble. Je la retrouve devant l’ascenseur. Sourires. Sourcils interrogatifs, l’index contre les boutons. Moi, je suis fascinée par ses immenses boucles d’oreille, des anneaux noirs.



Elle le sait, elle l’a vu sur la boîte ! La cage geint, tremblote mais nous hisse vaille que vaille. Amandine me précède dans les escaliers. Une fille racée. Deux ou trois ans de plus que moi, au moins.


Devant ma porte :



Qu’est-ce qu’elle doit me trouver godiche ! Elle marche déjà vers sa chambre, chaloupant un peu trop sa démarche. Les garçons doivent aimer l’amphore de ses hanches. Je l’envie… Besoin de quelque chose ? Oui, lui piquer son mec, si elle en a un.


C’est Mickaël qui occupe la chambre juste en face de la mienne. Un galop dans l’escalier, de grands pas dans le couloir, une certaine brutalité dans le maniement de sa porte : ce ne pouvait être que le second des garçons. Bien vu ! Par le trou de ma serrure, d’ailleurs, faut-il que je sois débile ! C’est un garçon aux cheveux courts et bruns. Râblé. Des fesses de fille, des épaules larges. Comme il ne s’est pas retourné en claquant la porte derrière lui, pas pu voir son visage.


Quelques jours plus tard, je les connais tous. Le copain de Marion est un châtain bien quelconque, un peu ahuri, qui se prénomme Laurent. Marion est insignifiante, une grosse blonde paresseuse et fadasse. Ils paraissent enchantés de leur petit bonheur égoïste. Le recto de Mickaël est décevant : un visage carré, un gros nez, des cheveux plantés bas sur le front. Anthony est bien plus mignon, c’est un blond aux cheveux bouclés. Pas très baraqué mais vif, un paquet de nerfs.


Un matin, Amandine attend que j’ouvre ma porte pour surgir et faire un brin de causette dans l’ascenseur et en chemin. On se quitte au bout d’un petit quart d’heure. Elle va en fac de lettres, elle est en maîtrise. Elle tourne autour du pot et me parle de mon frère : elle voudrait savoir s’il vit seul, aux États-Unis.



Mensonge par omission. Mais une page tournée, tu vois ! Je trouve inutile de le répéter à cette Amandine qui a gaspillé son temps et son amour. Et moi aussi, je me gaspille à rêvasser et à imaginer Dieu sait quoi sur les bancs de la fac ou dans ces chambres du cinquième étage. Par exemple qu’Anthony…


Ma porte laissée ouverte, il fait si chaud, comme si l’été ne voulait pas finir ! Je fais semblant de bosser. Il me voit de profil, la lumière venant de la fenêtre nimbe ma chevelure un peu folle. Chemisier déboutonné, rien dessous, que mes seins que personne ne caresse. Enfin si, moi. Aimerait-il mon odeur ? Pour moi, elle n’est pas désagréable. Et la sienne ? Une odeur de garçon. En boîte je n’aime pas trop leurs mains moites ni l’odeur de leur sueur. Mais celle de certaines filles est encore pire.



Ne pas fermer au verrou, le soir ? Personne ne se tromperait de chambre. Ou un beau gosse mais il chercherait Amandine.


Je me revois toute gamine, en robe bleue de carnaval, un diadème de strass sur la tête : Un jour mon prince viendra ! Sébastien rigole et ajoute, à tue-tête : Quand les poul’auront des dents.


Lucide !


xxx


En travaux dirigés, deux après-midi par semaine, c’est Jérémy qui est à côté de moi. Je l’ai vu grandir depuis la sixième. Cheveux jamais peignés, mocassins jamais brossés, pantalon de toile jamais repassé. De belles mains, cependant, qu’il regarde en me parlant. Ses yeux gris clair ne sont pas vilains, bien que souvent un peu larmoyants. Pas bien dans sa peau, lui non plus. Un temps, je l’ai imaginé amoureux de moi, sans en être toutefois certaine. De toute façon, je m’en foutais.


Je dois préparer un exposé, mais il m’est conseillé de travailler en binôme.



Jaloux, le maître de conférence ? Non, il me trouve seulement un peu trop dissipée, peut-être. Évaporée. C’est le genre que je me donne, la nana épanouie que je suis si loin d’être… Toujours est-il que dans la bibliothèque nous sommes côte à côte, Jérémy et moi, et parfois presque joue contre joue, nos têtes inclinées sur la même page du code civil, et c’est si petit, un Dalloz rouge ! Je me sens bien, en confiance, sans trop d’arrière-pensées. Quoique… En tout cas, le boulot fini, Jérémy me dit qu’un bon film est à voir dans cette salle "Art et essai", pas loin du boulevard de la République, et je suis tout à fait d’accord pour y aller avec lui.


Il y a toujours quelques putes, en fin d’après-midi, dans la rue perpendiculaire à celle du cinéma. Il m’est arrivé d’observer leur manège. Un jour que je feignais d’être intéressée par la devanture d’une boutique de lingerie, un bonhomme bien mis s’est arrêté :



J’étais pourtant très correctement habillée, chemisier mauve et longue jupe noire. Il est vrai que j’étrennais mes immenses boucles d’oreilles ressemblant à celles d’Amandine, mais rouge sombre. Je n’ai pas été choquée par sa demande. Je me suis même dit qu’il me ferait peut-être jouir, lui, car il semblait doux et délicat, ce petit vieux de cinquante ans au moins. Mais je me suis sauvée sans rien lui répondre.


Il me semble que l’une d’elles sourit bizarrement en voyant Jérémy.



Pas très gentil, ça ! Devant l’écran je m’ennuie de façon prodigieuse. C’est un film anglais, triste et long. Mon compagnon semble vivement intéressé, lui. Nos coudes se touchent parfois sur l’accoudoir. Il retire alors le sien, machinalement. Il est clair que je ne compte pas beaucoup pour lui, mais comme c’est réciproque… J’aurais bien pu mettre ma longue jupe noire et la déboutonner jusqu’au nombril, il s’en serait moqué comme de l’an quarante.


Le chemin de croix enfin terminé, il est presque l’heure de dîner.



Après tout, c’est reposant d’être avec un garçon asexué, bien que ce soit un peu rageant de voir qu’on ne lui inspire pas le moindre petit désir. C’est plutôt moi qu’il semble croire asexuée ! La preuve :



Je ne suis pas la fille qui s’analyse de trop. Alors comment décrire ce que je ressens, dans ce self, devant mes carottes râpées et ce puceau si touchant ? D’abord une légère envie de rire, dont j’ai quand même honte, quelque part. Et un peu de pitié. Une autre envie : dévergonder ce pauvre garçon, jouer avec lui. Mais non, il ne mérite pas ça. En fin de compte, une immense tendresse, voilà. Et tant de regrets, parce qu’avec lui je ne me serais pas gaspillée.


Il s’ébroue, me sourit tristement et me regarde enfin dans les yeux :



Et voilà que soudain je n’ai plus envie de mentir.



Nous mastiquons en silence nos pommes sautées et notre escalope de dinde. C’est pas bon mais j’ai d’autres soucis en tête. Si je disais à Jérémy que j’ai envie de lui, il me prendrait pour une folle, et pourtant… Être la première, celle qu’on n’oublie jamais. Avec ses idées saugrenues, il doit la vouloir pucelle. Il a pourtant dit : femme, et pas jeune fille… Cela compte si peu, ce que j’ai pu faire avant ! Mais enfin, puisqu’il a suivi cette péripatéticienne, comme il a dit si drôlement, c’est bien parce qu’il voulait la baiser, non ?


La nuit n’est pas encore tombée quand nous quittons le self. Je vais regagner ma chambre, seule. Quelle tristesse !



Mais c’est qu’il est adorable, ce garçon ! Ou diabolique ? Et s’il me racontait des salades uniquement pour me draguer ? Non, je suis idiote. Sans bien y prendre garde, nous sommes de nouveau à l’angle de cette rue aux "péripatéticiennes". Deux ou trois attendent. Nous continuons notre promenade. Je n’ai pas vue celle de tout à l’heure.



J’allais ajouter qu’elle était changée après chaque client mais j’évite cette insigne maladresse.



J’ai failli dire : attirera mes lèvres, mais j’ai redouté qu’il soit éjaculateur précoce. Un discret coup d’œil m’avait permis de vérifier qu’il bandait fort correctement. Sa démarche me l’avait laissé subodorer.



Il doit aussi penser à d’autres filles mais je ne vais pas chipoter. Nos pas nous ont conduits boulevard Beaumarchais, la croix verte d’une pharmacie clignote au-dessus du distributeur de préservatifs.



xxx


L’ascenseur brinquebale jusqu’au quatrième. Jérémy est crispé. Ce serait à moi de le rassurer mais je suis aussi crispée que lui. Il pourrait au moins m’embrasser ! Nous allons vers un fiasco de grande largeur.


Mon lit est défait. Ma tasse sale est restée sur la petite table, et la cafetière aussi. Je ne sais trop que dire, et lui non plus. Nous sommes là, les bras ballants. Si je m’isole dans le coin toilette douche, Jérémy est capable de foutre le camp avant d’être déniaisé par moi. Déniaisé, le mot m’a toujours fait sourire. Moi je n’ai jamais été déniaisée, je suis en fin de compte aussi novice que lui mais je crois qu’avec lui, ça pourrait enfin coller.


Sauf que le charme est rompu. Il me semble même qu’il ne bande plus.



Il doit suffire de mettre en œuvre ce que je disais peu avant : déboutonner sa chemise, glisser mes mains. C’est doux et chaud. J’écarte les pans de coton beige, je mordille le téton gauche. Un cœur bat très fort, dessous. Je relève la tête, nos lèvres se rejoignent, nos langues se palpent. Les glaces au café qui ont terminé notre repas ont laissé dans nos bouches un arrière-goût pas désagréable.


C’est lui qui déboutonne, fébrile, mon chemisier. Ses doigts bataillent un peu pour dégrafer mon top mais sa bouche descend aussitôt sur mes seins. Absolument délicieux ! Je me liquéfie… Et me débarrasse du chemisier et du soutien-gorge que je jette sur le dossier d’une de mes deux chaises de paille.


Manifestement, mes seins lui plaisent. Il les tète goulûment. Ses cheveux mal peignés sont raides sous mes doigts écartés. J’ai bien eu tort de mettre ce pantalon de toile. Il me moule un peu trop les fesses et il va falloir que je me contorsionne de façon ridicule. Commencer par le sien ?


Mais ses mains s’affairent déjà à défaire les attaches du mien, qui descend sans trop de problèmes. Voici qu’il se laisse tomber sur les genoux, qu’il pose sa bouche sur le papillon bleu. Mon Dieu, pourvu qu’il aime mon odeur ! Ce n’est pas que je sois sale, loin de là, mais enfin il est bien tard. Mes chaussures valsent sous la table. Mon pied nu expédie mon pantalon les y rejoindre. La bouche de Jérémy a délaissé le papillon bleu pour se poser, encore sur le tissu bien sûr, mais juste à l’emplacement stratégique. C’est positivement divin, ce souffle brûlant ! Et cette langue qui appuie ! Et ces mains qui remontent et s’emparent de mes seins !



Il redresse la tête et me sourit. J’agrippe ses épaules pour qu’il se relève. Nos bouches se retrouvent. C’est mon odeur que je retrouve sur sa langue, tant j’étais déjà mouillée, en bas. Mes mains tâtonnent et défont sa ceinture. J’extrais de sa poche la boîte de capotes, l’ouvre et la laisse tomber sur le sol ainsi que les trois objets qu’elle contenait. Entre pouce et index je descends le zip de sa braguette. Ma main droite saisit, à travers le léger coton bleu rayé de blanc, une douce mais forte colonne de chair qu’elle sent palpiter. Jérémy frisonne, halète, avance sa langue loin derrière mes gencives. Il a pris possession de mon palais.


C’est à mon tour d’être à genoux et de faire descendre son caleçon. C’est la première fois que je prends ce genre d’initiative. Son pénis est tendu, une goutte de rosée tremble à son bout.


Jérémy me relève, se penche et se débarrasse en un instant de ses mocassins et de ses chaussettes. Profitant de sa position, il fait glisser jusqu’au sol mon petit slip rouge et ramasse une capote qu’il a tôt fait de dérouler sur son pénis. Nous titubons jusqu’à mon lit défait. Je m’y jette, bras et jambes écartés, offerte, ouverte. Il est en moi aussitôt. Je referme les bras sur son dos et les cuisses sur ses cuisses. Quelle douceur de l’entendre murmurer mon prénom :



xxx


Sans doute ai-je été un peu trop bruyante, ce premier soir et ceux qui suivirent. Assez vite, Amandine s’invita, d’abord amicalement, en voisine venant gentiment bavarder un peu. Puis elle se fit de plus en plus craquante. Son manège m’amusa. Je n’eus que peu de peine à convaincre Jérémy que cela ne me déplairait pas, bien au contraire, de le voir batifoler avec l’ancienne copine de mon frère. Comme Anthony me faisait les yeux doux quand nous en avions l’occasion, je lui dis de se joindre à nous, un soir de fin novembre.


Pas vrai, Anthony, mon chéri ?