Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 12533Fiche technique11913 caractères11913
Temps de lecture estimé : 7 mn
03/05/08
Résumé:  C'est l'histoire d'un couple. Non, de deux couples. Enfin, pas vraiment. C'est l'histoire d'un sale petit garçon et d'une prostituée, d'un phallus maltraité par une madone, d'une grosse paire de couilles, de la Vérité, la Liberté, la Naissance et la Mort.
Critères:  fh fsoumise hdomine facial fellation piquepince -fsoumisah
Auteur : Lacépière      Envoi mini-message
Le Cycle de Caroline

On nie le destin. Nos chaînes cachent la prison. Le masochiste désire la punition, mais n’aurait-il choisi autre libido s’il avait pu ? Et le maître est-il libre, ou lui aussi pétri de forces transcendantes ? Pouvons-nous nous fier à nos représentations ?


C’est l’histoire d’un couple. Non, de deux couples. Enfin, pas vraiment. C’est l’histoire d’un sale petit garçon et d’une prostituée, d’un phallus maltraité par une madone, d’une grosse paire de couilles, de la Vérité, la Liberté, la Naissance et la Mort.



--x--



Quand le rideau se lève, elle a les yeux bandés. Elle est nue. Un complexe entrelacs de cordelettes la maintient verticale et cambrée. Deux anneaux d’or transpercent les pointes de ses seins surlignés et gonflés par les ligatures. Ses mains, derrière son dos, paraissent menottées.


Deux gorilles patibulaires l’encadrent, mal rasés, aussi menaçants qu’immobiles, vêtus de simples pagnes et les cheveux en vrac, leurs biceps sertis d’anneaux de lourd métal. Elle paraît minuscule, entre les deux barbares, et les spectateurs hommes et femmes en sont ravis d’avance.


Une autre femme s’annonce d’un claquement de fouet, entrant en scène. Deux bottes noires et luisantes montent à la moitié de ses cuisses longilignes. Un bustier constrictor lui relève les seins et lui serre la taille comme un diabolo. Elle a des yeux de biche et les cheveux tenus en un chignon serré.


L’effet est saisissant. Si les lignes épurées du corps de la maîtresse la rendent irréelle, parfaite, inaccessible, la victime, elle, semble trembler d’excitation dans l’attente du supplice. L’artiste a su capter l’expression de cette fille avec un rare talent.


Agnès repose la gravure sur la table et se tourne vers Jean-Marc.



L’autre ne répond pas, si ce n’est d’un regard univoque. Il n’aime pas énoncer les évidences. Elle répondra toute seule à cette question idiote.


Agnès hésite alors encore une seconde, puis elle baisse les yeux et murmure qu’elle est d’accord. Jean-Marc savoure l’instant et réfléchit à sa première demande.



Agnès avale sa salive, mais se lève et croise les bras pour tirer son pull par-dessus sa tête. Jean-Marc louche sur sa poitrine, qui tend le devant d’un t-shirt court. Agnès enlève bientôt ce dernier, révélant d’abord son ventre, avant son soutien-gorge orné au milieu d’un fin bouquet de perles, comme trois gouttes blanches. Jean-Marc respire fort. D’une œillade mutine, elle capte son regard tandis qu’elle dégrafe le bouton de son pantalon, et c’est en l’obligeant à la regarder dans les yeux qu’elle baisse sa fermeture et laisse ses mains glisser sur ses hanches, ses cuisses, ses mollets, pour effacer le fourreau de toile jusqu’à ses chevilles… et se rendre compte qu’elle aurait dû commencer par enlever ses chaussures.



Agnès est gênée par cette maladresse et l’inélégance de sa position, mais elle obéit. Elle se redresse, en sous-vêtements, les pieds entravés dans son pantalon. Jean-Marc se lève et s’approche. Il la regarde, la détaille, tourne autour d’elle, la savourant des yeux par anticipation. La chair tendre criera bientôt sous ses doigts. De l’ongle d’un index, il effleure son dos, remontant la colonne du creux du coccyx jusqu’à l’agrafe du soutien-gorge. Il soulève celle-ci de son doigt en crochet, et la tire vers l’arrière, mais pas pour la défaire. Au contraire, il la lâche et la laisse claquer contre le dos d’Agnès.



Mais son cri est coupé par une autre douleur. Jean-Marc lui tirant les cheveux en arrière.



D’un claquement de doigts sur l’agrafe, il libère les seins d’Agnès. La dentelle perlée s’effondre sur le sol et révèle deux lobes fermes, tendus de peau sensible. D’une main, il maintient la tête d’Agnès en arrière, tirant par les cheveux. L’autre, il la pose sur le ventre de sa conquête. Agnès est moite et elle tremble un peu. Les perles de sueur qui glissent sous les doigts de l’homme se répandent en frissons perceptibles. Il remonte les côtes, s’arrête avant les seins, la laisse soupirer, puis contourne ses hanches, insiste sur ses reins, la surprend en haut des cuisses. Elle se cambre. Elle ne l’a pas voulu. Une claque sur ses fesses sanctionne son impudeur.


Il la fait se tourner vers lui. Elle n’ose pas le regarder.



Elle obtempère, bien sûr, et offre sa poitrine aux désirs du bourreau. Les doigts, d’abord légers, se posent aux bases de ses seins. Elle ferme les yeux. Elle retient son souffle tandis que les ongles glissent et se referment avec lenteur sur ses deux mamelons. C’est un déchirement. Un frisson devenant une contraction vive, depuis les cervicales jusqu’au périnée, la tendant à l’extrême lorsque Jean-Marc prend ses tétines en pince entre pouce et index, de plus en plus fort, ne relâchant l’étreinte qu’au seuil d’une douleur intenable. Et le mouvement reprend, du large au plus serré, du léger à l’intense. À chaque fois Agnès s’élève un peu plus haut quand ses cuisses se crispent. Elle sent qu’elle va partir.


Mais Jean-Marc semble avoir d’autres projets pour elle. Il l’abandonne un instant en lui ordonnant de ne pas bouger et revient quelques interminables secondes plus tard, une petite chaîne chromée dans sa main. Agnès frémit. À chaque bout de la chaîne, une pince métallique ne semble destinée qu’à lui meurtrir les seins.



D’abord, il pince entre deux doigts le téton gauche d’Agnès, assez fort pour que la première pince, relâchée derrière ses doigts, ne la surprenne pas d’une morsure soudaine. Ensuite il lâche la chaîne et la laisse balancer. Elle tire le mamelon vers le bas et resserre la pince de son simple poids. La douleur est vive mais supportable. Pour le deuxième sein, il est moins prévenant et les dents de métal croquent le mamelon sans sommation. Agnès mord sa lèvre inférieure, mais reste cambrée, la poitrine en avant et les mains dans le dos.



Agnès acquiesce d’un signe de tête.


Alors Jean-Marc commence à tirer sur la chaîne et les minutes qui suivent ne sont que contorsions, geignements et grimaces d’une Agnès tenaillée, électrique, tiraillée de sensations antagonistes et sentant malgré elle son sexe, en train de fondre, s’ouvrir ou se serrer suivant que la douleur ne foudroie que ses seins ou transperce tout son corps. Quand elle tombe à genoux, elle est prête à offrir sa bouche grande ouverte.


Le sexe de Jean-Marc est déjà dur pour elle. Agnès pantelante le laisse s’enfoncer entre ses lèvres molles et glisser sur sa langue jusqu’à toucher sa glotte. Elle réprime un haut-le-cœur mais rouvre la bouche. Jean-Marc l’empoigne par les cheveux et décide de se satisfaire sans la laisser œuvrer, l’invitant à tirer elle-même sur la chaîne, ce qu’elle fait plusieurs fois pour son propre plaisir tout en laissant Jean-Marc coulisser dans sa gorge.


Des lèvres distendues de la docile Agnès, s’écoule un filet gras qu’elle ne peut retenir et ses larmes diluent Rimmel et mascara sur ses tempes et ses joues. Quand la saucée arrive, elle ne veut qu’avaler, sentir le jus crémeux asperger ses papilles, l’aspirer par gorgées. Mais les lourdes giclées s’écrasent sur sa face et, pour la femme avide au visage souillé, ne restent que les gouttes accrochées sur le nœud à sucer. Elle s’en régale comme d’une récompense. Enfin, elle se retourne vers la caméra et nous fait « bye-bye » d’un signe de la main, avec petit sourire et clin d’œil coquin.


Fondu au noir. Générique de fin. Musique de merde.



Alors il l’emmène en voiture vers un lieu inconnu, une sorte de hangar, un endroit toujours sombre.


Quelques minutes plus tard, Caroline se trouve nue, ligotée et les yeux bandés, ses mains menottées dans son dos. Des cordelettes croisées maintiennent son corps tendu et un courant d’air balance les anneaux d’or ornant ses seins percés. Devinant deux lourdes présences, accompagnées d’une odeur mâle, de part et d’autre de son corps, elle entend tout à coup un rideau se lever sur un murmure de spectateurs, puis le claquement d’un fouet et celui de talons pénétrant sur l’estrade martèlent les trois coups du début du spectacle.


Caché dans l’auditoire sur un strapontin, un fantomatique graveur que personne ne remarque immortalise la scène au stylet. Il sait déjà à qui il va la vendre. Un réalisateur sera intéressé, c’est dans l’ordre des choses. C’est son travail.


Ce qui est le plus dur à transcrire, se dit-il souvent, c’est ce tremblement sur les lèvres de Caroline, quand elle réalise ce qui lui arrive. Cette femme a une bouche si expressive qu’en traduire les nuances est un travail d’orfèvre. À chaque « séance », cependant, il y arrive mieux. Et il y arrivera, il n’en doute jamais. Il a l’éternité.