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n° 12613Fiche technique19640 caractères19640
Temps de lecture estimé : 12 mn
02/06/08
Résumé:  Alexandre et sa soeur Claire retournent dans la maison de leur parents, décédés il y a quelques mois. Mais comme dans toutes grandes maisons, il y a parfois des petits secrets...
Critères:  h cadeau copains cérébral hmast fdanus lettre
Auteur : Eirine      Envoi mini-message
Le secrétaire

Nous avions hérité de la maison de nos parents, mais nous n’étions jamais revenus depuis leur décès. Attendant que la douleur soit moins forte, nous retardions le moment d’ouvrir la porte sur notre passé et sur leur mémoire. Une amie de ma mère venait régulièrement entretenir le jardin et s’occuper de cette coquette villa qu’ils avaient achetée dans les premières années de leur mariage.


Ma mère, Armande, était une artiste, auteur, musicienne et peintre à ses heures. Mon père, Charles, audiophile depuis toujours, était voyageur de commerce pour une société en produits de haute fidélité. Il aimait son travail qui concordait parfaitement avec sa passion pour le son, pour la musique plus exactement. Ils s’étaient tous deux mariés à l’âge de 20 ans et ne s’étaient plus quittés. Malgré l’usure du temps, la routine et l’ennui que l’on peut trouver après tant d’années passées ensemble, ils avaient su rester tous deux très complices et nous ne savions pas encore à quel point.


Lorsque, l’un après l’autre, ils s’en étaient allés, ma sœur et moi avions bien trop de peine pour revoir ce lieu. Théâtre de notre jeunesse où tant de joies s’étaient partagées. Il n’était aujourd’hui habité que par leurs souvenirs et le grand vide de leur présence. Ma sœur vivait, tout comme moi, à quelques kilomètres de leur maison. Et nous avions convenu de nous retrouver sur place. Comme j’étais un peu en avance, je m’avançais vers l’allée qui menait chez l’amie de ma mère pour prendre les clefs et l’avertir de notre présence.



Je tournais la tête vers cette voix que je connaissais bien. Elle était affairée près d’un parterre de narcisses qui formaient un ensemble de tâches jaunes et orangées. Je la regardais, son visage était empreint de douceur, comme autrefois lorsqu’elle soignait mes petits bobos ou plus tard mes bleus au cœur.



Les larmes aux yeux, nous tombions dans les bras, l’un et l’autre. Elle me déposa un bisou sur le front ce qui eu pour effet de me transporter bien des années en arrière. Un bruit de moteur attira notre attention, Claire venait d’arriver. Je lui souriais tandis qu’elle se dirigeait vers Mathilde pour l’embrasser tendrement. Nous étions émus tous trois de ces « retrouvailles ». Après avoir échangé quelques mots sur la vie, nous prîmes congé de Mathilde. Claire me saisit par la main. Ensemble nous allions revenir vers notre histoire et découvrir celle de nos parents, sous un autre jour.


J’entrais la clef dans la serrure, le cœur serré, la porte s’ouvrit avec un léger grincement. Mathilde ouvrait les volets, chaque jour, afin de laisser entrer le soleil, comme pour introduire une parcelle de vie dans cette maison vide aujourd’hui. La pièce principale, spacieuse était baignée de lumière. Nos parents avaient, pour le choix du mobilier comme pour la décoration, des goûts plutôt hétéroclites. Un décor empreint de leurs nombreux voyages et de leurs passions à chacun. Le piano de maman trônait majestueusement au centre du salon, n’attendant qu’un musicien bienveillant, pour jouer avec lui. Le matériel haute fidélité de papa restait silencieux, marquant le tempo de son absence. Les murs en pierres apparentes arboraient tableaux, masques tribaux Africains ou Asiatiques, quelques Batiks et un patchwork géant de photos diverses.


Tout était en place, comme si le temps s’était arrêté et nous aurions pu penser qu’ils allaient arriver d’un moment à l’autre. Claire s’installa au piano tandis que je montais vers les chambres, celle de nos parents notamment.


La porte était entrouverte, j’entrai dans cette pièce que je connaissais bien et où je venais parfois chercher du réconfort et des câlins. Une ambiance reposante dominait cet endroit teinté de bleu et de mauve. Sur les murs beaucoup de livres posés sur des étagères, que papa avait faites lui-même. Deux tables de chevet de chaque côté d’un grand lit avec sur chacune d’entre elles, un cadre contenant des photos de nous quatre. Mathilde avait pris soin de mettre des fleurs du jardin dans un vase posé sur le secrétaire de maman, comme elle avait elle-même l’habitude de le faire.


Je m’assis sur le lit, pensif, en examinant la pièce quand mon parcours visuel s’arrêta sur le secrétaire.


Un ravissant petit meuble Louis XV en merisier, avec des filets de marqueterie en bois de rose, deux tirettes à crayons et un tiroir principal qui fermait à clef. Il faisait face à l’unique et grande fenêtre de la chambre. Rien à voir avec le reste des meubles de la maison ; un cadeau de Paul, le meilleur ami de maman. Je me souvins que c’était la seule chose que nous n’avions pas le droit d’approcher avec Claire, le jardin secret de ma mère, contenant ses écrits, divers petits croquis et objets de son passé.


Je m’en approchai et me rendis compte qu’il était toujours fermé à clef. Elle avait pour habitude de dissimuler cette fameuse clef entre deux piles de draps, dans l’armoire à linge. Je le savais pour l’avoir vu faire, mais je ne me serais jamais permis de pousser ma curiosité plus loin.


La clef était toujours au même endroit, je m’apprêtai à m’en servir quand Claire me rejoignit à ce moment dans la chambre.



Je la regardai et sans lui répondre, je tournai la clef dans la serrure et j’ouvris le tiroir, pas très sûr de mon fait, quand même.


Un grand tiroir, pas très profond, duquel je sortais au fur et à mesure, des portraits au fusain et à la sanguine, des paysages de la Côte d’Ivoire où elle avait passé quelques mois, exécutés eux, sur un carnet moleskine à l’encre et au crayon. Il y avait aussi, tout son matériel de dessin que je laissai en place, ainsi que quelques partitions de piano. Une boîte à secrets, chinoise, peinte et marquetée. Deux trois colliers et bijoux fantaisie. Un encrier et un porte-plume.



Je regardai Claire, étonné de sa curiosité nouvelle et lui répondis en souriant :



Il y a avait trois enveloppes adressées à ma mère. En regardant les timbres et leurs oblitérations, je demandai à Claire :



Je tournai l’enveloppe pour constater que le fameux ami, celui du « secrétaire », celui qui appelait très souvent, qui venait nous voir tous les jours et avec qui mes parents étaient très liés, enfin surtout ma mère, était l’auteur de ses lettres.



Je sortis la première lettre de son enveloppe et en lut le contenu à voix haute.


Bonjour Madame,



Je la regardai en souriant et je poursuivis :



Ton mari et tes enfants semblent bien vivre ton éloignement. J’ai été ravi d’apprendre que Claire avait réussi son examen et qu’elle entrait sans difficulté en fac de langues. Alexandre poursuit son bonhomme de chemin aux beaux-arts, toujours échevelé, la tête dans les nuages mais les pieds bien sur terre. Quant à Charles, il travaille pour combler ton absence. Mais je pense que tu sais déjà ce que je t’écris, je ne doute pas une seconde qu’ils t’aient fait part de tout cela. Je viens les voir, tous, dès que j’ai un moment à moi, pour prendre de leurs nouvelles.


Je t’imagine aujourd’hui dans ce nouveau monde et je me demande si tout cela valait la peine que tu te donnes. Savais-tu seulement ce que tu cherchais ou uniquement ce que tu fuyais ? Ce manque de regard, de tendresse et d’attention, il me semblait que je te les portais, mais je suis bien maladroit, tu as raison et je ne t’ai jamais rien dit qui allait dans ce sens, je pensais que tu pouvais le voir, simplement.


Je pense souvent lorsque je suis seul à ce qui me manque depuis ton départ. Tes doigts sur ma peau, ta bouche, la douceur tiède de ton corps, mes mains sur tes seins, te caresser…


Je me caresse souvent en pensant à toi. Là-bas, à l’autre bout du monde, je t’imagine parfois, ta main glissant lentement à l’intérieur de ton sexe, je pouvais presque te sentir et voir ta main aller et venir en lui. Je l’imagine, comme dans mes souvenirs et j’aimerais encore m’embraser de ton désir, de la montée de ton plaisir et le lire dans tes yeux.


… /…


En écrivant ces mots, nu dans mon fauteuil, face à mon secrétaire, les souvenirs me sont revenus. J’ai posé alors mon stylo sur la table et me suis reculé légèrement. Ma main enfin libre, s’est emparée de mon sexe, l’a décalotté et lentement a entamé une lente masturbation. Je t’ai murmuré des mots crus, comme tu aimais les entendre. Mon excitation a grandi. J’ai revu ton corps tendu, face à moi, tes jambes écartées, ta main droite plaquée sur ton sexe. Tu entrais un, puis deux doigts de ta main droite, celle que tu préfères, dans ton vagin pendant que ton pouce caressait doucement ton clitoris.


Ta tête partait en arrière, tes yeux se fermaient doucement, tu commençais à gémir. Je t’encourageais par mes mots, t’incitais à jouir et surtout à me le dire. J’adorais lire ta jouissance dans tes yeux quand tu avais la force de les ouvrir à ce moment-là.


Tu imaginais bien que maintenant, ma verge était bien droite et les mouvements de ma main s’accéléraient. J’aurais aimé que tu sois là, je me serais approché alors doucement, sans que tu me vois, et aurais forcé lentement ton cul d’un doigt inquisiteur.


Puis j’ai senti que ma propre jouissance montait, allait me submerger. Ma main est devenue folle, échappant à tout contrôle. Dans un long feulement, mon sperme jaillit et s’est répandu sur mes cuisses. J’ai entendu alors tes paroles :


  • — Oh oui ! Je viens ! Je jouis ! Mais que c’est bon !

Ton corps s’est détendu ensuite et j’ai lu dans ton regard un calme merveilleux.


Voilà ce que je viens de vivre, j’ai voulu le partager avec toi. Tu me manques, prends soin de toi. Je t’embrasse.


Paul.


Je regardai Claire et constatai que j’étais le seul à être complètement ébahi par ce que je venais de lire.



Elle fronça les sourcils tout en grimaçant et ajouta :



Je ne lui laissai pas terminer sa phrase, un peu agacé, je sortis une autre lettre pour la lire.


Bonjour Madame,


J’ai beaucoup aimé ta dernière lettre, ton travail sur place à l’air de te plaire énormément. Merci pour les photos que tu m’as envoyées ; l’Afrique est vraiment un pays fantastique et je suis heureux de voir que tu t’y plais. Ma vie s’organise petit à petit autour d’Anne-Marie, dont je t’ai parlé. Elle sait, comme Charles, que nous sommes un peu à part et que notre amitié à des petits plus.



Je la regardai en haussant les épaules puis tournai la tête pour reprendre ma lecture.


Demain je pars avec elle pour un petit voyage en Italie, quatre jours de farniente ne me feront pas de mal. Ton mari s’en sort plutôt bien et tes enfants ont l’air en forme. Je suis passé cette semaine. J’ai mangé avec Claire qui pense beaucoup à toi. Alexandre s’est fait de nouveaux amis musiciens mais je l’ai entendu chanter, je pense que les pinceaux lui siéent mieux que le micro… Enfin bien sûr, comme je ne comprends pas grand-chose à leur musique, je n’ai rien dit ; « il faut bien que jeunesse se passe ».


La vie suit son cours ici et ces lettres que tu m’envoies, morceaux de ta vie là-bas, sont comme des pensées pour moi. J’aime te lire et te savoir bien. C’est un autre visage de toi que je découvre à travers elles. J’imagine ta tête penchée lorsque tu m’écris. J’imagine le silence et la nuit qui arrivent. Une lumière douce tamise ta chambre, inspirée alors, tu brises la distance qui nous sépare, par les mots que tu m’écris. J’ai envisagé l’idée de venir te rejoindre quelques jours, mais je doute que tu puisses avoir du temps pour ça, aussi je me contente de te lire et d’attendre. Un décor, un geste, une voix harmonieuse et suave ; telles sont tes lettres et elles m’apportent énormément de plaisir.


Je t’embrasse tendrement.


Paul.



À la réflexion elle n’avait pas tort. Elle interrompit le cours de mes pensées pour ajouter :



Je lui fis un clin d’œil tout en attrapant cette dernière.


Bonjour Madame,


Chez toi, les tiens commencent à s’impatienter, ils se languissent de ton retour. Les dernières semaines sont toujours les plus longues… encore quelques-unes et tu seras là !


Je mange avec ta famille demain soir. J’apporterai un petit cadeau pour toi, pour fêter ton retour. Ça te rappellera des souvenirs ; c’est un secrétaire ! Il est à peu près comme le mien et tu pourras y mettre tous tes dessins, ainsi que tous tes petits secrets. Je l’ai choisi avec un grand tiroir, pas que tu aies beaucoup de secrets, mais sait-on jamais… En tout cas, il ferme à clef !


J’ai vu que tu t’étais laissée prendre en photo, sur les dernières que tu m’as envoyées et je t’en remercie. Cela faisait longtemps que je ne t’avais pas vu. Le soleil te va bien et le boubou africain aussi !


La nuit dernière, je n’arrivais pas à m’endormir, aussi j’ai feuilleté un peu de littérature érotique. Je t’entends déjà me répondre que pour dormir ça n’est pas vraiment à propos. J’avais envie de me caresser et le livre ne fût qu’un prétexte, une sorte de mise en bouche, bien que je n’aie que ma bouche à portée de main et que je ne suis pas contorsionniste… dommage ! Je ne suis arrivé à la jouissance qu’en repensant à nos échanges, face à face, quand je te regardais te pénétrer et te caresser à l’aide d’un jouet que je t’avais offert. Ensuite j’ai passé une très bonne nuit, comme quoi…


Je t’embrasse bien fort. À très bientôt en France


Paul.


Je regardai Claire d’un air amusé en lui tendant les lettres.



Elle les remit en place, dans la boîte à secrets.