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n° 12678Fiche technique10454 caractères10454
Temps de lecture estimé : 7 mn
23/06/08
Résumé:  Une rencontre sous la forme d'un rêve, est-ce réel ? Est-ce moi ou un autre ? Qui sait ce qu'est en réalité le fantasme lorsque le fantasme se joue de nous ?
Critères:  fh amour fsoumise hdomine pénétratio -fsoumisah
Auteur : Pravda            Envoi mini-message
Le loup et la chatte

J’entendais ses murmures à travers la porte. Cela faisait maintenant trois longues minutes qu’elle m’attendait derrière cette porte, m’implorant de venir la rejoindre. À travers le tissu recouvrant sa bouche, ses gémissements étaient difficiles à comprendre. Elle parvenait à s’exprimer par divers stratagèmes et mimiques bien connues d’elle et moi. Implorante par des cris de rages. Suppliante par des murmures de terreur.


Il m’était aisé d’ouvrir cette porte pour venir la rejoindre. La facilité étant le passage le plus offensant pour elle, je m’en dissuadai. La faire languir et perdre patience avec moi, c’était là d’où j’allais tirer mon futur plaisir. Dominer, oui, mais pas à n’importe quel prix. Avoir l’ascendant sur son désir, c’était de là que tout venait. Se faire désirer plus qu’on ne désire, avoir le sentiment improbable d’aimer et d’être aimé mille fois plus en retour. C’était à la fois étrange et magique, c’était dévorant et on ne pouvait se passer d’un tel plaisir. J’étais un drogué.


La porte s’ouvrit doucement et la lumière du couloir vint se refléter sur son corps svelte. Après avoir parcouru les quelques pas qui me séparaient de l’intérieur, je refermai violemment la porte. Elle se tut.


Un léger halo parcourait le bas de la porte, il suffit à dissiper quelque peu l’obscurité qui perdait de l’intensité à chaque seconde. Je patientais pour y voir plus clair. Elle ne parlait toujours pas. Que faire ?


M’asseyant sur le rebord du lit, elle me sentit approcher d’elle et bougea, sans grand succès. Je sortis une paire de ciseaux et commençai à découper les haillons qu’elle avait revêtus. Un t-shirt et un short. Elle se faisait déshabiller de ma main. À croire que ses vêtements étaient éphémères et que seules les cordes de ses poignets reliés à mon âme par le biais d’une étrange magie, étaient éternelles. La mort, les ténèbres et la lumière ne pourraient jamais les couper.


Ma main glissait sur sa poitrine, son ventre et son intimité. Elle mouillait et je ne pus m’empêcher de sourire. Je voulais la dévorer, brûler avec elle dans l’absolu, disparaître de Terre et ne faire plus qu’un avec son âme, sa chair et ses os. Une vie que je voulais prendre, mais que je ne pouvais avoir. Il existait seulement des substitutions. Seulement des sentiments pour exprimer mon désir. Alors qu’il aurait fallu l’absolu, car il n’était pas quantifiable, je n’avais comme moyen d’expression, que la chair et la parole.


Quoi qu’on en dise, l’acte reproducteur se rapproche de très près de l’acte de foi. L’orgasme étant le paradis ou le valalah. Le désir étant, dieu. L’homme a de tout temps eu un désir, plus fou et plus absolu que l’univers lui-même. Il en est de même pour les grandes tragédies de notre histoire. Elles appartiennent aux fous de désir.


Moi, je n’avais qu’un désir, elle. Je ne pouvais l’avoir complètement et elle le savait. Elle ne pouvait s’offrir totalement, seulement de façon rapprochée. Je devais donc prendre mon temps pour m’approcher de "l’avoir", au plus près. J’aimais tellement la grignoter à petit feu, elle s’usait en moi et je m’usais en elle. Nous consumions nos vies dans l’univers. Nous ne serions que deux bouts de chairs retournant à la poussière et ayant des désirs infinis. La seule preuve tangible que ce désir entre deux êtres est infini, est qu’ils créent la vie. Il fallait me résoudre à l’instant présent, savourer chaque moment en sa présence, pour faire que chaque toucher soit éternel.


Je lui donnai donc une tape sur les cuisses. Si je ne pouvais l’obtenir totalement, il me fallait me venger, lui montrer à la fois mon plaisir et ma souffrance. J’aimais tellement lui mettre une fessée et elle aimait la recevoir. Ma main pénétra dans son intimité pour en ressortir peu après. Mes doigts se dirigèrent vers sa bouche. Ses tétons, je les tétai comme un enfant, tout en lui enfonçant mes doigts là où elle aimait tant. Ses lèvres, je les mordais comme un cannibale en la griffant comme je le pouvais. En la pinçant, comme elle l’aimait, et en la mordillant comme nous l’aimions.


Ainsi, nous deux, disparaissions l’un sur l’autre. L’autre sous l’un.







Dans les ténèbres, la lumière n’est pas. Le froid demeure omniprésent et les plaisirs s’évanouissent dans la pénombre. Une jeune femme ouvre un œil. Elle ne voit rien. Il y a un bandeau sur ses yeux, elle ne se rappelle plus qui le lui a mis et si quelqu’un le lui a mis un jour. Cette femme est comme perdue, seule, laissée à elle-même. Un être abandonné qui ne demande qu’à trouver la sortie. Depuis combien de temps est-elle ici ?


Il n’y a aucun bruit dans la pièce. Le silence est tel dans ce lieu, que même ses pensées ne font pas de bruits. Ce sont des murmures, de simples bruits de fond qui disparaissent dans cet endroit maléfique où règne sa solitude. Il ne faut pas faire de bruits, cette femme le sait, elle ne pense pas fort, ne remue pas, se fait pierre et disparaît.


Ses pensées se souviennent de la nuit dernière. Tombée de fatigue, heureuse d’avoir ardemment chahuté sous la couette. Cette femme, avec ses muscles brûlants, était en sueur, aimante et désireuse de son homme. C’était la nuit rêvée, en compagnie de sa moitié.


Il ne doit pas être loin. Elle tourne légèrement la tête comme pour regarder sur les côtés, mais c’est un fait inutile. Rien n’apparaît devant son regard.


Une respiration abrupte se fait entendre sur son côté, elle n’est pas seule et l’autre l’a sans doute sentie bouger, le silence doit demeurer. Une nouvelle fois, les désirs de l’autre devront être exécutés. La volonté ne sera plus sienne.


Une main baladeuse parcourt de haut en bas son corps dénudé. Il s’attarde sur sa poitrine et sur ses reins. L’homme d’à côté prend le temps de parcourir les contours de son intimité. Elle le désire tellement. Son bas-ventre brûle, la fatigue disparaît. Cette main est si apaisante, elle se fait dévorer. C’est qu’elle est appétissante cette femme, un repas comme il l’aime.


Lors des douces nuits de désir, un homme et une femme, font ce que bon leur semble. Ils apprennent à ne faire qu’un, à connaître chaque petit détail du corps de l’autre et toutes ses faiblesses. Il faut dire qu’il y en a tellement. Le corps est constitué de multiples zones érogènes qui sont toutes des failles chez l’Homme. Chaque faille comportant ses ajustements particuliers et chaque ajustement particulier comportant ses objets de prédilections. On peut faire tressaillir n’importe qui, avec la pratique de torture corporelle.


Loin d’être seulement un objet à torture, le corps humain peut également être un piano. C’est le plus magnifique des instruments. Il comporte une centaine de notes qui produisent chacune des sons différents pour chaque intensité de désirs et de caresses prodiguées à l’objet humain. À croire qu’une partition de caresses est aussi douce à l’oreille qu’un requiem de Mozart. Car il faut être un artiste pour faire jouir l’autre avec la bonne corde.


Il y a un million d’orgasmes différents, mais seulement quelques notes pour y accéder. Ces notes répétées de telle ou telle manière et de telle ou telle façon prodiguent l’intensité de l’orgasme. Comme si l’Homme n’était qu’un programme conçu pour hurler de plaisir, quand la bonne partition a été jouée. Chantez une gamme l’une après l’autre, vibrez, cordes après cordes, pour que l’instrument de musique, devienne instrument de plaisirs et de fatigue. S’il y a une fin à l’être humain, c’est bien le sommeil après une nuit ardente où le toucher, l’ouïe et la vue se sont envolés.


Non, ne voyez pas là une réduction, ni même une soumission. Car cette jeune femme désire tout ceci. Le désir ressemble étrangement à la foi que les croyants éprouvent envers dieu. Non pas qu’ils se branlent en pensant à Jésus-Christ, « quoique ? ». Mais c’est surtout qu’ils se dévouent totalement, sans rien demander en échange, tout comme cette femme, ici présente dans ce lit, en train d’implorer plus. Dieu est la libido. Dieu est le désir. Il faut le désirer pour ce qu’il est et non pas pour ce qu’il apporte.


L’Homme combat dieu de toutes ses forces, chahutant les désirs de la femme, lui faisant implorer le pardon, pour que celle-ci désire non pas le phallus, mais l’homme qui serait derrière. C’est là toute la difficulté de ses ébats amoureux. Différencier celui qui fait vibrer les cordes, des cordes qui vibrent.


Les doigts de l’homme vinrent alors effleurer le clitoris de la jeune femme. Ils pénétrèrent dans la matrice de plus en plus profondément jusqu’à lui arracher un cri. Certaines femmes n’aiment pas, d’autres apprécient. Elle faisait partie de ces dernières.


Cette femme avait beau se relever, se mettre à quatre pattes, s’allonger, cela ne changeait rien, les doigts restaient en elle. Son corps se tortillait de plaisir et de frustration jusqu’à ce qu’enfin il daigne lui donner autre chose que ses doigts.


Un bandeau fut mis sur sa bouche, lorsqu’il commença à lui donner des coups de bassins. Les cris intérieurs, qu’elle avait l’habitude de donner et qu’elle aimait pousser, furent étouffés. C’était frustrant de ne pas se sentir écoutée dans ce moment d’extrême intimité. Cet homme lui coupait la parole, il la castrait, il la faisait sienne.


Le bas de son ventre brûlait de plus en plus. Pénétrée par sa chair, elle l’était à présent, et d’une bien agréable manière. Ses sens étaient en extase, pourvu qu’il ne s’arrête pas. Cet homme ne devait avoir aucune faiblesse. Il ne le fallait pas. Ce n’était pas ce qu’elle désirait. L’homme devait être fort en elle, ne pas l’abandonner, ne pas se fatiguer trop vite. Il devait la combler, aller jusqu’au bout, encore plus loin, toujours plus… L’absolu naît du désir.