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Temps de lecture estimé : 14 mn
18/08/08
Résumé:  Au cinéma, le spectacle peut être dans la salle.
Critères:  fh hplusag inconnu cinéma voir exhib pénétratio -occasion -hplusag -lieuxpubl
Auteur : Sixahuit  (Certains fantasmes se réalisent...)      Envoi mini-message
La dernière séance

Sale temps, depuis quelques jours. Les rues grises et sans âme sont figées dans un froid glacial qui s’éternise, quand elles ne sont pas battues par un vent cinglant. Ce sont les vacances de Pâques et elle se morfond un peu plus chaque jour, calfeutrée dans son studio où elle feuillète d’un œil morne des magazines en attendant des jours meilleurs. Elle semble prostrée et pourtant son esprit est peuplé de désirs obscurs. C’est toujours ainsi lorsqu’elle est livrée à elle-même. Un étrange contraste entre son corps paresseux et ses échappées imaginaires et décousues. D’ordinaire si raisonnable, elle redoute à chaque fois ces digressions.


Ce soir, elle a décidé de se prendre en main, de voir un peu de lumière. Elle ira se payer une toile à la dernière séance, faute de mieux. Toute seule. Vu son état, sa propre compagnie lui suffit amplement. Ses cheveux sont ébouriffés mais elle n’a pas envie de s’apprêter. De toute façon, ça n’a aucune importance : même vêtue d’un sac à patates, elle sait qu’elle damnerait un saint. Ça tient à son allure mi-ange mi-démon, sans doute. Elle enfile pêle-mêle ce qui lui tombe sous la main : un gilet de laine et une jupe en velours sous un épais anorak qui ne craindrait pas le froid polaire. Un dernier coup d’œil dans la glace, une mèche balayée du doigt, le col ajusté et c’est parti.


Elle a pris un billet pour la première salle et ne se souvient même plus du titre du film quand elle s’assoit. Instinctivement, elle s’est mise au dernier rang, à l’extrémité de la travée contre le mur, là où c’est le plus sombre. La salle est immense et il n’y a presque personne. Elle se sent bien, à l’abri des regards. Elle laisse passer les pubs et les bandes-annonces. « À quoi ça rime, tout ça ? » se dit-elle. Les gens vivent par procuration. Pourquoi ne font-ils pas eux-mêmes ce qu’ils ont envie de faire ? Elle s’occupe à compter les spectateurs. Quelques couples et quelques célibataires devant elle. À l’autre extrémité de la travée, à droite, la silhouette affalée d’un homme qui semble d’un âge mûr. Elle ne l’avait pas vu mais il ne la gêne pas, il est assez loin d’elle. Pour une jeune femme de vingt-cinq ans, un homme qui en paraît quarante est forcément un homme mûr. Les types de son âge, elle les fréquente par la force des choses, à la Fac. Souvent, elle les trouve aussi fades que prétentieux, dépourvus d’originalité. Des copiés-collés, en somme. Et question sexe, l’imagination est rarement au pouvoir. Disons une fois sur cinq. Elle n’est pas une Marie-couche-toi-là, mais elle a suffisamment d’expérience pour en tirer cette conclusion.


Elle ôte son anorak discrètement, comme si elle voulait passer inaperçue. Le film va bientôt commencer et elle pressent que ça ne va pas la captiver. Un coup d’œil furtif à droite. Le type d’âge mûr est accoudé, le menton sur la main, et lui aussi semble avoir échoué là pour tuer le temps. Ça la fait sourire. « Parfois, on ne regarde pas dans la bonne direction », songe-t-elle avec malice.


Le film a commencé. D’emblée, elle n’aime pas le genre de l’actrice, ni celui des autres acteurs, ni leur façon de jouer. Tout cela est très affecté. Elle va se taper un nanar, maintenant elle en est sûre. Tant pis, elle a payé, et puis elle n’est pas spécialement venue pour le film, en fait… Il fait très chaud dans cette salle. Elle est trop près du chauffage, à la plus mauvaise place. Tant mieux. Elle regarde l’écran sans le voir et laisse vagabonder son esprit dans une douce torpeur. Encore un regard rapide à droite. Il est toujours dans la même position, la tête penchée et elle est presque dissimulée par son anorak roulé en boule sur le fauteuil à côté.


Machinalement, elle tripote les boutons de son gilet. Elle voudrait bien se dévêtir un peu parce qu’elle a vraiment trop chaud, se dit-elle. Elle fait sauter les trois boutons du haut, pour aérer un peu sa poitrine. Et puis l’air de rien, elle déboutonne complètement son gilet. Qui pourrait s’en apercevoir ? La tête baissée, elle s’observe à la dérobée et trouve que c’est d’un joli effet, ce soutien-gorge en dentelle noire dans la pénombre. Ça lui rappelle certaines pubs. Pour un peu, elle l’enlèverait, ce soutien-gorge, mais c’est tout de même risqué. Quoique, si elle garde son gilet… Elle se dit que ça peut être amusant d’avoir secrètement les nichons à l’air dans une salle de cinéma ! « Tu le ferais ou tu le ferais pas ? », se demande-t-elle. Un petit lutin sage lui chuchote que ça n’a aucun intérêt puisque personne ne partagera sa petite fantaisie. Un autre bien plus espiègle lui susurre justement que si elle veut s’offrir ce petit plaisir en toute quiétude, c’est maintenant ou jamais.


Elle finit par décréter qu’elle en a assez d’être sage et qu’elle a bien le droit de s’aérer un peu. Elle se cambre légèrement, défait son gilet et dégrafe son soutien-gorge avec dextérité, qu’elle glisse sous son anorak, puis remet son gilet. Le tout aura duré cinq secondes. Suffisamment longtemps quand même pour que son voisin tourne la tête machinalement, distrait par le froissement de l’anorak. Elle se tasse sur son fauteuil et reste immobile, les bras croisés. Elle s’imagine qu’il a tout vu. Elle finit par tourner la tête et constate avec soulagement qu’il a repris sa position initiale.


Elle jette un coup d’œil à sa montre et constate avec satisfaction qu’un quart d’heure seulement s’est écoulé depuis le début du film. Elle a encore une bonne heure et demie devant elle, tout le temps qu’il faut pour poursuivre sa petite expérience si l’envie s’en fait sentir. Le film s’étire en longueur. Elle entend son voisin soupirer. Si ça continue, elle va bientôt l’entendre ronfler.


Elle écarte les pans de son gilet, dévoilant ses seins lourds dans la salle obscure. Elle reste ainsi de longues minutes, s’adonne pleinement à son caprice, savourant sa semi-nudité aussi discrète que déplacée. Elle sourit à son audace et se dit que c’est de l’imprévu que naissent les meilleurs moments. Elle trouve ça très plaisant d’être alanguie dans une salle de cinéma, les seins à l’air. S’offrir pareille intimité dans un lieu public, c’est plutôt rare. Elle se sent bêtement exhibitionniste mais n’en a cure. Elle ne joue qu’avec elle-même. Est-ce l’effet de l’obscurité ? Toujours est-il que ses sens tactiles sont décuplés quand elle caresse son ventre et ses seins du bout des doigts. Elle en frissonne presque. Elle sait que le contexte exacerbe sa libido. Elle pousse un peu l’avantage vers son bas-ventre, frôle son pubis. Elle a maintenant envie de se caresser un peu mais sa jupe serrée entrave la manœuvre.


Il a la tête légèrement tournée sur le côté, mais pas assez pour qu’il puisse la regarder posément. C’est donc qu’il ne la regarde pas. Et puis la verrait-elle, de là où il est, qu’il ne devinerait pas ce qu’elle s’apprête à faire. Elle reste assise, bien droite, et dégrafe sa jupe, les yeux rivés sur l’écran comme si elle était accaparée par le film. Puis elle soulève imperceptiblement son bassin, à peine d’un ou deux centimètres, et par de brefs à-coups fait glisser sa jupe. Elle lui jette un regard fugace. S’il n’était pas là les choses seraient plus simples… mais aussi moins drôles ! Cette fois, elle en est sûre, c’est elle qu’il regarde. En coin bien sûr. Très vite, il détourne le regard, comme si de rien n’était. Elle ne bouge pas d’un pouce, la jupe sur les genoux, ne sachant si elle doit se rajuster ou rester comme ça le temps de s’assurer qu’il n’a rien remarqué d’anormal. Heureusement que son anorak la camoufle en partie ! Les minutes s’étirent. Elle finit par opter pour la solution la plus radicale. Advienne que pourra ! Dans le pire des cas, elle jettera son anorak sur ses genoux. Elle se penche en avant, soulève une jambe puis l’autre et le tour est joué. Elle laisse sa jupe par terre. Ce sera plus discret pour la remettre avant la fin du film.


« Me voilà à moitié à poil dans un cinoche. Je suis complètement cinglée ! Si mes amis me voyaient… C’est de la pure folie mais voilà, ça fait partie de mes maudits fantasmes ». C’est ainsi qu’elle juge ses turpitudes en se mordant la lèvre. Combien de fois ne s’était-elle pas fait la réflexion qu’un cinéma est un des rares endroits où on pourrait faire l’amour au milieu d’inconnus sans qu’ils le sachent ?


Elle commence à s’habituer à la présence de son voisin et se dit qu’un peu plus ou un peu moins, il n’y verra toujours que du feu. Elle effleure son con à travers sa culotte mouillée. Tout se passe comme elle l’imaginait. Peut-être trop bien. C’est maintenant de l’intérieur qu’elle a très chaud. Elle sait qu’elle ne résistera pas à l’envie d’aller jusqu’au bout. Alors elle ose : elle enlève d’une traite sa culotte, sans même se donner la peine de vérifier qu’il n’a pas les yeux braqués sur elle. Le contact du velours râpeux sur ses fesses la fait frémir. Elle se sent encore plus nue et carrément obscène sur ce tissu élimé où tant de personnes ont posé leur séant. Elle écarte un peu ses jambes et commence à se caresser doucement. « Bon sang, je suis vraiment excitée ! » s’exclame-t-elle intérieurement. Sa retenue s’est évanouie et elle sent que son désir est de plus en plus incontrôlable. Elle se connaît, et sait que si le besoin de jouissance l’envahit, rien ne peut l’arrêter.


Est-ce qu’il dort, le gros chat ? Non, il s’est redressé sur sa chaise, la tête toujours légèrement tournée de son côté. Ça lui permet de faire semblant de regarder le film tout en la reluquant, le gros malin, quand bien même il ne voit que son visage.


« Enlève ton gilet. Allez, déshabille-toi complètement puisque tu en meurs d’envie ! », l’exhorte le petit lutin. Le feu dans la tête, elle se soumet progressivement, d’abord en dénudant ses épaules puis en faisant glisser le gilet dans son dos, sans se soucier de son voisin contemplatif. Cette fois c’est sûr, il a vu qu’elle a enlevé un vêtement mais ça ne veut pas dire qu’elle n’a rien d’autre dessous. Tout de même, ça a l’air de l’intriguer parce qu’il a franchement tourné la tête, cette fois. Elle a le souffle court, se dit qu’elle est complètement folle d’être allée si loin. Si jamais les lumières se rallumaient ! Elle croise les jambes et attend que sa panique s’estompe. Elle laisse passer quelques minutes, le temps de s’assurer que tout se déroule comme prévu. Parce que tout était prévu, bien sûr. Même si elle n’imaginait pas que sur le lieudit, elle oserait passer à l’acte.


Son excitation est revenue au galop. Elle réalise enfin un de ses nombreux fantasmes. Celui d’être complètement nue dans une salle de cinéma, de transgresser de façon absolue un interdit. Son excitation est bien plus intense que ce qu’elle supposait. Si elle se caressait, elle jouirait très vite, elle le pressent. Sans que quiconque n’en sache rien. Et c’est là que ce sale lutin revient à la charge et lui répond en écho que ça serait franchement dommage, que le fantasme ne serait pas complètement assouvi. Elle réfléchit à toute vitesse, désormais pressée par le temps, et accorde un nouveau crédit au lutin. C’est un inconnu, elle ne le reverra jamais. Et il sera tellement estomaqué qu’il n’osera pas l’importuner. Pourquoi ne pas lui offrir ce spectacle inédit ? Il s’en souviendra toute sa vie. Et puis, le plaisir n’est-il pas double quand il est partagé ? D’un geste faussement nonchalant, elle fait glisser son anorak par terre et attend, le souffle court. À la prochaine œillade, il comprendra tout.


C’est à cet instant qu’il s’est levé, sans doute las d’attendre la fin du film. Il sort de la travée, son imperméable sous le bras. Elle le guette du coin de l’œil sans bouger la tête. Il s’apprête à rejoindre la sortie, lui jette un dernier regard puis reste figé, les bras ballants. Il reprend maladroitement son pas, gêné par son intrusion puis s’arrête, la regarde à nouveau, revient gauchement sur ses pas, se gratte la tête pour tenter de se donner une contenance. Elle tourne la tête vers lui et le regarde ostensiblement, comme une invite muette à s’approcher. Il s’avance très lentement dans la travée mais manque de trébucher. Elle le rappelle au silence d’un doigt sur la bouche. En s’approchant, il voit qu’elle n’est pas seulement nue jusqu’à la taille mais découvre que ses cuisses elles aussi sont nues. Et enfin, qu’elle n’a pas de culotte, qu’elle est complètement à poil, des pieds à la tête ! Il s’éponge le front, abasourdi, l’observe longuement comme s’il n’y croyait pas. Une femme nue dans un cinéma, ça existe donc ? Et jeune, et terriblement bandante, avec ça ! Avec un minois de jeune communiante dévergondée. Une fille comme ça, qui n’a rien d’une dépravée est donc capable de se livrer à une telle exhibition ? Il reste interdit, ne sait s’il a droit au simple coup d’œil ou si le spectacle ne fait que commencer.


Elle a du mal à respirer et ses battements de cœur lui vrillent la poitrine. Elle est mortifiée de honte par son exhibition. Offrir avec un tel aplomb sa nudité à un inconnu dans un lieu public, elle n’imaginait pas qu’elle en serait capable, même si elle l’espérait secrètement. Elle essaie de le dévisager. Il n’est pas très beau mais elle s’en fout, ce n’est pas ça qui compte. Que va-t-il faire maintenant ? Qu’il ne la touche pas, surtout ! Enfin, pas tout de suite. D’un geste qu’elle veut résigné, elle lui fait signe de s’asseoir à côté d’elle. Il ne se fait pas prier. Ils restent immobiles tous les deux, comme pour prendre leur pouls avant de décider ce qu’ils vont faire. Il la regarde, se repaît de ses cuisses et de ses seins, de son petit triangle sombre qu’il entrevoit, soigneusement taillé. Il se dit qu’elle doit avoir aussi un cul splendide. Il est profondément ému comme si c’était sa première expérience sexuelle et il bande déjà, à s’en déchirer le pantalon.



Il la regarde, surpris. Puis ils pouffent comme deux collégiens devant cet échange surréaliste, sachant que pour l’un comme pour l’autre, cette expérience érotique est unique. Il penche sa tête en arrière en exhalant un long soupir.



Elle réfléchit avant de répondre.



Elle sourit à sa méprise.



Il se détend complètement.



Ils chuchotent comme des complices, contents de parler un peu pour faire baisser la tension.



Il hoche la tête d’un air admiratif



Elle a dit ça d’un ton sec, qu’elle regrette aussitôt mais elle n’osait pas prolonger la conversation. Un silence épais s’installe. Il est dans l’expectative, redoutant que la fin de la partie soit proche et en ressent une frustration indicible. Elle tripote nerveusement une mèche de sa main droite, la main gauche posée sur l’accoudoir et fait semblant de regarder le film. Elle n’en montre rien mais elle est ravie que ce soit lui et pas quelqu’un d’autre. Courtois et discret. Sa mise en garde semblait inutile, il n’abusera pas d’elle, il est trop bien élevé. Les minutes s’étalent interminablement. Elle ne bouge pas, fait comme s’il n’existait plus. Mais imperceptiblement, sa main se détache de l’accoudoir et pend légèrement de l’autre côté. Elle effleure son pantalon, caresse le tissu du bout d’un doigt sans avoir l’air d’y toucher, puis dérive à tâtons vers son entrejambe, y sent un renflement qui lui arrache un petit sourire de contentement. Il retient sa respiration. Très lentement, elle fait baisser la fermeture éclair, s’incruste dans son slip, sent cette bite gonflée entre ses doigts, l’extrait avec dextérité puis la prend à pleine main comme si elle lui appartenait. Elle trouve qu’elle est bien épaisse et se met à la branler avec une volupté non dissimulée. Elle aime sa texture tendre et ferme à la fois. Elle s’amuse à lui flatter les couilles.



Il ne dit rien. Très vite elle ressent le besoin de le goûter. Elle relève l’accoudoir, se penche sur lui et encercle son prépuce, puis se met à le sucer sans vergogne, y trouvant un plaisir accru par les circonstances. Elle lui offre une vue partielle de sa croupe, conforme au reste de son anatomie. Il se retient déjà de jouir et envoie sa main en reconnaissance sur ses hanches et le sillon de ses fesses, qu’elle relève instinctivement pour faciliter son exploration. Sa main descend sur son sillon, frôle son anus mais n’ose s’y attarder bien qu’elle ne s’effarouche pas, atteint sa vulve, gonflée et ruisselante. Un doigt, puis deux doigts, qui remontent vers son anus. Un doigt léger, cette fois, prudent. Elle remonte encore ses hanches. La voilà quasiment à quatre pattes sur son fauteuil, le cul en l’air, sans la moindre retenue. Elle oublie où elle est, tout d’un coup. Sa nudité et les gâteries qu’elle lui prodigue ne sont qu’une entrée en matière. Elle a envie de faire l’amour, ici et maintenant. Elle sait maintenant que s’il veut la baiser, elle se laissera faire. Dans la position qu’il voudra. Elle relève la tête, la bouche humide, regarde la salle puis le regarde avec une expression douce. Elle approche ses lèvres des siennes. D’abord des petits baisers mouillés qu’il lui renvoie timidement, tandis qu’elle le branle à nouveau, puis leurs langues se rejoignent, se mêlent et ils s’embrassent à pleine bouche, comme deux amoureux qui rêvaient de faire ça depuis longtemps.


Elle le regarde à nouveau, avec une expression de défi cette fois, manière de lui dire qu’elle ne veut pas en rester là. Elle quitte son fauteuil, s’assoit sur ses genoux en lui tournant le dos. Elle est cambrée, les bras repliés sur le dossier devant elle, les fesses écrasant ses couilles, et elle l’attend, piaffante d’impatience. Il la soulève doucement par les hanches et s’introduit en elle, la baise lentement. Ses mains parcourent ses seins, s’attardent sur ses tétons. Elle entame un petit va-et-vient pour s’enfoncer davantage sur le pal. Il l’entend haleter. Le fauteuil grince comme un vieux sommier. Ils vont se faire repérer. À regret, ils cessent de bouger, épiant le moindre mouvement dans la salle, et réfléchissent l’un comme l’autre à un subterfuge.



Elle se retire et se lève, reste comme ça, un peu tremblante, le cul devant sa tête. Une chute de reins fabuleuse, un cul de princesse, rond et délicat. Il plonge sa tête, introduit sa langue, savoure son miel. Elle n’y tient plus, écarte les jambes et se penche en avant. La tête tournée, elle lui dit «Viens… » en un murmure qu’il devine plus qu’il n’entend. Il se lève à son tour, baisse son pantalon et la prend debout, sans faire de bruit, en la pistonnant dans toute sa profondeur. Il va-et-vient en elle, la remplit consciencieusement dans un quasi-silence. Elle desserre l’étreinte d’une main plaquée sur ses seins, met un doigt dans sa bouche. Le film s’anime. Des éclats de voix, des claquements de portes, des meubles renversés. Une scène de ménage. Ça tombe bien. Elle se cabre, l’invite à accélérer le rythme en donnant des coups de croupe contre ses flancs, se retient de lui crier que c’est le moment et qu’il ne doit pas la ménager, qu’elle veut être baisée mieux que ça ! Message reçu. Ils profitent de cet instant. Désormais il la baise comme la femelle déchaînée qu’elle est, toujours un doigt dans sa bouche et une main agrippée à ses cheveux. La tête tirée en arrière, elle mord de plus belle son doigt. Il s’enfonce sauvagement en elle et manque de la soulever à chaque coup de boutoir. Le dénouement du film approche. Coups de feu, cris stridents, sirènes de police et tout le tralala. Le temps est compté. Elle se noie dans ce déluge sensoriel, sent l’orgasme arriver mais se retient du mieux qu’elle peut car elle ne veut pas jouir toute seule. Il reste enfoncé et décharge en elle en à-coups sauvages. Elle sent l’écume envahir son bas ventre et se tend comme un arc avant de jouir à son tour en secousses spasmodiques, mordant la main de son visiteur pour étouffer ses cris.


Dix minutes plus tard, les lumières se sont rallumées. Elle est partie la première, sans se retourner. Juste un petit signe d’adieu. Elle marche prestement dans la rue et se dit qu’elle va enfin pouvoir envoyer sa première nouvelle érotique à quelques éditeurs spécialisés.


Sous la pluie froide, il s’engouffre dans le métro, songe au hasard des circonstances. Qu’un éditeur de littérature érotique connu sur la place de Paris comme lui ait vécu une telle expérience, ça le fait sourire. Il paraît que ça n’existe que dans les manuscrits…