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02/10/08
corrigé 01/06/21
Résumé:  Où l'ingénue Charlotte surmonte ses inhibitions et éprouve ses premiers émois avec un vieil ami.
Critères:  fh hplusag hagé jeunes voisins grosseins groscul poilu(e)s lunettes complexe vacances campagne amour intermast cunnilingu nopéné fdanus init -prememois -initfh
Auteur : Maria Del Toboso  (Entre introspection et voyeurisme. Recherche l'élégance)            Envoi mini-message

Série : Le plus bel été

Chapitre 01 / 03
Pas de porte

La cloche battait de son rythme lent et sombre à l’église de Châteauneuf lorsque je remontai ce soir-là au village après mes derniers soins. En sortant de la voiture, j’avisai la mère, sa silhouette frêle et tremblante coincée sur une chaise bancale et mal rempaillée sur le seuil de la maison, le long de la route autrefois nationale.


– Quelqu’un est passé au village, aujourd’hui ?


Son chef émacié aux yeux égarés, sous la touffe filasse des cheveux gris, opina en tressaillant.


– Le Parisien… près de l’école…


Le flot des souvenirs me submergea brusquement. Le « Parisien ». Xavier. Celui qui… celui que… Enfin bref. Le seul qui avait compris. Qui m’avait comprise. Puis l’éveil. La folie.




Tout ceci me ramenait vingt ans en arrière, alors que je me traînais comme une âme en peine dans les rues désertes et surchauffées du village, à supporter les agaceries d’adolescent boutonneux de mon frangin et de ses potes. Selon les instants de la journée, il me fallait l’escorter vers le terrain de jeux que le maire du village avait fait installer derrière la mairie, à la Soulane, ou au contraire revenir à la maison, après d’invraisemblables détours. Et le soleil du midi qui nous tapait dessus à coups redoublés.


C’était l’année du bac et de mes dix-neuf ans. Je n’étais pas précoce. Je n’étais précoce en rien. Déjà pas sur le plan scolaire ; je venais par ailleurs de rater mon permis de conduire ; quant aux amours… Je dois dire que je ne savais même pas de quoi il s’agissait. Peut-être fuyais-je cette réalité. Un effet de mon subconscient. J’étais la fille d’une mère seule. Oh ! Bien sûr, je connaissais mon père. Un type vraiment bien. Il avait eu le temps de lui faire mon petit frère. Et il nous avait reconnus tous les deux. Je crois que lui, il voulait épouser Maman. Mais elle n’a rien voulu savoir. La peur de l’inconnu ? Papa a retrouvé une autre chérie. Qui m’a fabriqué une petite sœur. Tout ça a explosé en vol. La seconde chérie s’est envolée avec un étalon plus efficace. S’ils ne sont pas encore divorcés, c’est qu’il faudrait payer un avocat. Et de son côté, Maman s’est peu à peu enfoncée dans sa déprime. Déjà qu’elle n’était pas grosse, il ne lui est plus resté que la peau et les os, à la mère. Et moi cloîtrée dans un village de deux cents habitants lorsqu’il fait beau. À vingt-cinq kilomètres de la première bourgade un peu vivante. Pas de quoi rêver à la bagatelle. De toute façon, je ne voyais pas pourquoi m’aventurer pour aller me fourvoyer dans une catastrophe nucléaire qui, si je regardais mes parents, me paraissait d’une certitude absolue.


Pourtant, les gens disaient que j’étais un beau brin de fille. Mais je ne m’en étais pas aperçue. Pour tout dire, je pensais exactement l’inverse. Et du coup, je rasais les murs pour ne pas me faire remarquer. Des jeans sans fantaisie. Des gros pulls l’hiver, ou l’été des T-shirts informes, et trois tailles au-dessus de la mienne pour cacher mes gros seins. Et mes hanches de poulinière. Mon gros cul. Ensuite, il y avait mes lunettes… qui tentaient de rattraper une divergence que j’ai dans le regard. Des gros verres. Des montures à hurler.


Bon, allez, j’arrête, parce que je sens que je vais déprimer. Et avec la mère, ça suffit comme ça. Pas la peine d’en rajouter.


Et puis, ça devait être une question de génération, parce que de tous mes camarades d’école, honnêtement, il n’y en avait pas un ou une qui s’intéressait à moi. Comme je les regardais comme une conne, ceux qui étaient un peu plus délurés m’ignoraient totalement. Il y avait dans ma classe deux ou trois filles un peu canon, qui attiraient tous les regards et toutes les attentions. Les garçons se battaient presque pour sortir (coucher ?) avec elles. Vu mon désintérêt apparent, et comme je devais reprendre le car tous les soirs pour rentrer au village, je suis toujours restée en plan. Alors, j’en avais pris mon parti.


Heureusement que j’ai un soleil dans ma vie ! C’est ma grand-mère. Je l’aime. Je l’adore. Maminou. Elle est belle. C’est la maman de Papa. Avec le Papet, ils sont super tous les deux. Mais lui, il est plus distant. Elle, elle est chouette. Exigeante, mais tendre. On s’embrasse, on s’étreint, je laisse ma tête se nicher dans son épaule, je respire son parfum et elle me soutient. Je vais souvent la voir. C’est à l’autre bout du village. En plus, c’est une Maminou sportive ! Quand ils sont revenus au pays, au moment où le Papet a pris sa retraite, elle a exigé qu’il lui offre une piscine à côté de la maison. Le bassin n’est pas bien grand, mais dès le matin, Maminou fait des longueurs et s’entretient, avant sa partie de tennis. C’est comme ça qu’elle reste belle. Et bien sûr, pendant les vacances, moi aussi je peux passer des après-midi à me prélasser et à me tremper.




C’est chez eux que j’ai fait la connaissance de Xavier. Un soir de juillet, je passe chez Maminou pour bavarder avec elle. Je tombe en pleine réunion amicale avec un de leurs amis.


Xavier, c’est un vieux. Il n’a que des cheveux blancs. Il vient de perdre sa femme, et les grands-parents le réconfortent en l’invitant à partager le dîner avec eux. Il habite juste en face, à côté de la mairie. Dès que j’ai vu Xavier, il m’a fait une impression pas possible. D’abord, ce qui m’a frappée, c’est son regard bleu acier. Sous la crinière blanche, ça fait un effet ! En réalité, il ne doit pas être si vieux que ça. Un visage presque sans rides. Mais bon, c’est pas un maigre. Et puis un sourire à craquer ! La bonté dans le regard. Et quand il vous parle, c’est avec conviction, après vous avoir bien écoutée. Et j’aime ce qu’il nous raconte. Le Papet et lui ont parcouru le monde. Pas le même monde en réalité, mais ils échangent et se racontent leurs anecdotes respectives. Le Papet, c’est un Africain. Il a passé toute sa vie là-bas. Xavier, chaque lendemain matin, il fallait qu’il parte à l’autre bout du monde pour résoudre ou négocier une affaire. Il a connu l’Arabie, la Corée, le Japon, les États-Unis, l’Argentine. Moi qui n’ai aucune idée de tout ça, je reste scotchée en les écoutant.


Xavier, c’est un drôle de type. Nous nous étions déjà retrouvés ensemble un après-midi autour de la piscine. Il était là, sur sa chaise de jardin, vêtu comme à son habitude d’une chemisette et d’un pantalon de toile, à déguster une boisson fraîche sous le parasol, en discutant avec Maminou. Le Papet faisait sa sieste.


Je nageais et m’ébrouais dans la piscine avec le frérot et d’autres de ses copains, ravis de l’aubaine.


À un moment, je suis sortie de la piscine à proximité de Maminou. Je me suis retournée et j’ai vu. Xavier me fixait ; on aurait dit qu’il me dévorait des yeux. Ce regard m’a chavirée. Mais que regardait-il donc ainsi ? Mon gros cul ? Mes grosses loches ? J’ai l’impression qu’il suit toutes les courbes de mon corps, qu’il descend vers mon ventre… Je tremble. Mais peut-être est-ce parce que je suis toute mouillée. Et puis je l’ai entendu dire très distinctement à Maminou :


– Christiane, vous avez une très belle petite-fille !


Maminou a fondu et toute rose a répondu en se rengorgeant d’un air satisfait :


– Ah ! Vous trouvez ? Mais c’est vrai qu’elle est belle !


Quand je suis rentrée à la maison, le soir, avant de m’endormir, j’ai repensé à ce regard, à sa réflexion. En y réfléchissant, j’étais bouleversée. Jamais je ne m’étais préoccupée d’un homme. Je les voyais parader, se rengorger, et puis je les trouvais trop brutaux, trop machos. D’ailleurs, aucun ne m’avait jamais adressé la parole pour me dire quelque chose de gentil. Et puis, je n’avais aucune confiance en moi. Penser que je pouvais plaire à un homme, qu’il puisse me trouver belle, me bouleversait totalement. Ce d’autant plus que de la part de Xavier, ça me paraissait gratuit. Pas intéressé. Tous comptes faits, il devait bien avoir quarante ans de plus que moi. Mais pour la première fois de ma vie, je me suis endormie en pensant à un homme, et en me disant que le reflet que j’avais eu de moi dans ses yeux était l’une des choses les plus agréables qu’il m’était arrivé de vivre.




C’est à la suite de cet incident que nous avons fait plus ample connaissance. Je me souviens, cet après-midi-là, il faisait une chaleur à crever.


J’arrive avec le frérot au terrain de jeu de la Soulane derrière la mairie. Je m’assieds sur le banc en dessous de l’arbre. Le long du terrain, la clôture qui nous sépare du pré sous la maison de Xavier. Il est sur sa terrasse, sous un parasol, en train de lire un bouquin. Tout d’un coup, il tourne son regard vers nous. Sans doute dérangé par les cris des gamins qui font du roller sur le terrain. Il me fait un petit geste de la main. Je réponds.


Il me crie quelque chose, mais je n’entends pas. Je me lève et m’approche de la clôture.


– Alors, comment va Mademoiselle Charlotte ?

– Bien, merci. Il fait chaud, vous trouvez pas ?

– Si tu veux, viens te mettre à l’ombre ici. Je t’invite à boire un jus de fruits !


Eh bien, au moins, voilà qui va changer ma routine ! Je fais le tour de la maison, descends le chemin sur trente mètres, ouvre le portillon, et me retrouve sur une terrasse de rêve. Xavier l’a fait paver de plaques gris bleuté qui rappellent la roche du pays, entourée d’un muret levé en pierres taillées. Sur la margelle, à l’ombre d’un cerisier et d’un prunus, une succession de pots de fleurs éparpillent leurs taches colorées sur l’arrière-plan vert de l’herbe du pré.




Et c’est comme cela que ça a commencé. Souvent, en accompagnant mon frère au terrain de jeu, je faisais un petit détour. Quand il ne faisait pas trop chaud, on s’asseyait tous les deux dans des chaises longues sur la terrasse, et puis on se parlait. De choses et d’autres. J’étais bien. Lui ne m’était rien. Juste un ami. J’aimais sa compagnie. Lui ne me faisait pas d’observation. Il ne portait pas de jugement.


Souvent il me racontait. L’époque où il était jeune homme. Quand il a rencontré la femme de sa vie. Ses enfants. Combien il s’est senti seul quand sa femme est partie. Il se confiait. J’étais très fière d’avoir sa confiance, du haut de mes dix-neuf ans. Visiblement, ces souvenirs l’attristaient. Ce d’autant plus que ses propres enfants s’étaient égayés aux quatre coins de la planète, et qu’il se retrouvait totalement seul.


En fait, il n’était pas si vieux qu’il pouvait paraître, ainsi que je l’avais supposé. Il venait juste de passer ses cinquante-cinq ans. Un jeune troisième âge, en quelque sorte !


Nos solitudes respectives nous avaient incontestablement rapprochés. Je passai une grande partie de mes après-midi à converser avec lui, dans la pénombre de sa salle à manger, où les contrevents étaient rabattus afin d’éviter la trop grande chaleur. Et il semblait goûter cette proximité, cette intimité que nous partagions. Je tenais tellement à notre amitié qu’il m’est même arrivé de le rejoindre à l’heure de l’apéritif, pour faire la « dînette » avec lui. Avec ce que je trouvais dans le frigo, je lui préparais un petit frichti que nous partagions avec des regards complices.




Et puis un jour, alors que le cagnard tapait à coups redoublés sur la vallée, me voilà de nouveau à franchir le seuil de sa terrasse.


Je me laisse tomber sur une chaise de jardin sous le parasol. Je me consume doucement dans la chaleur réfléchie par les dalles. Heureusement que j’ai laissé le gros pull à la maison. J’expose mes gros seins sous mon T-shirt. Mes cuisses vont faire craquer mon jean. Je dégouline et de grandes traînées humides plaquent le coton de mon vêtement sur mon buste. Si ça continue, je vais être couronnée Miss Wet Châteauneuf par KO ! On va encore plus voir mes lolos. J’ai un soutif, mais bon… Les reliefs. Et puis m… il doit en avoir vu d’autres. Xavier est un chou. Il a été me chercher une boisson fraîche, cocktail de jus de fruits et d’eau pétillante. Il revient. Un regard bleu tendre.


– Dis-moi, ma belle… Faut peut-être qu’on se mette au frais…

– Ah oui !


Le cri m’a échappé. J’espère qu’il ne va pas me prendre pour une moins que rien, une fille mal élevée… On rentre dans la salle à manger. C’est une pièce comme on en trouve dans toutes ces maisons de pays. Un carrelage au sol. Une grande cheminée au fond. La fenêtre creusée dans l’épaisseur du mur est ouverte sur les contrevents quasiment joints. Un rai de lumière se faufile par le haut de l’entrebâillement. La fraîcheur nous soulage. En somme, une maison de pays qui garde la chaleur l’hiver et la fraîcheur l’été, en protégeant du plomb fondu qui coule à l’extérieur.


Deux fauteuils de rotin nous accueillent de part et d’autre de la cheminée. Je me laisse tomber et nous voilà tous les deux face à face. Il fait frais. Je m’étire. Je suis bien. Je le regarde. Ou plutôt, je le dévisage. Sous mes gros verres, je dois ressembler à un poisson derrière un bocal. La bouche décrochée. Tant pis. Je suis vraiment bien.


– Alors, Charlotte, quelles sont les nouvelles…


C’est drôle de l’entendre parler, avec ses intonations de Parisien. Mais il doit penser la même chose de mon accent du Midi.


– Bah ! Pas grand-chose…

– Dis-moi, tu sais que j’aime beaucoup tes visites, nos conversations, même quand on ne parle de rien en particulier. Mais moi, je suis un peu un vieux « schnok ». Tu dois bien avoir des copains de ton âge, non ?

– Pas beaucoup. C’est surtout les copains de mon frère…

– Je suis peut-être très indiscret, mais comment ça se fait que tu es toute seule, comme ça ?

– Toute seule ?

– À ton âge, t’as bien un copain avec qui t’occuper ? Je sais pas… Écouter de la musique, vous évader à travers champs… Allez, je suis sûr que vous avez plein d’idées sur la façon de passer des moments agréables tous les deux… Non ?


Attaque au foie. Non !!! J’ai PERSONNE. Je l’aime bien, et même plus, mais là, il me fout en colère, Xavier. Je sens que je vais le lui crier. Qu’avec ma trombine, mon œil qui se désintéresse de l’autre, y en a pas un dans le paysage… Pire… Que moi non plus, ça ne m’intéresse pas ! Pour ce que ça donne, après… Comme les parents… Mais y doit pas réaliser. Un rêveur. Un vieux. Déconnecté, qu’il est, pépé.


– Xavier, t’as vu ma trombine ?

– Euh… Oui… Et alors, qu’est-ce qu’elle a, ta trombine, comme tu dis ? Moi, je te dis qu’avec… allez… vingt ans, trente ans de moins… je la trouverais très bien ta trombine…

– Te moque pas…

– Je ne me moque pas.

– Avec mes verres en cul de lampe, et un œil qui veut pas voir à quoi ressemble l’autre…


Il me regarde. Il me fixe. Très attentivement. Je continue.


– Et puis, dis-moi avec qui ?

– Bah… Ça doit pas manquer, non ?

– Rien !!! Tu les a vus les gars, ici ? Des machos… qui vont de biture en biture du vendredi soir au dimanche à l’aube… Tu vois, pour ces gars-là… Écoute-les un peu un soir au café… Ce qu’ils disent des filles. Je vais te dire : c’est pas la tendresse, tu vois. Alors, si c’est pour me faire troncher et me retrouver avec un lascar sous le tablier, et puis que ça fasse comme pour mes parents… vivre seule… Tu vois, ça, je pourrai pas.

– C’est parce qu’ils parlaient devant leurs copains. Jouer les durs, pour pas avoir l’air… Mais quand ils le font, c’est sans doute différent, non ?

– Xavier, y a qu’à toi que je vais dire ça. Promets-moi de jamais rien en dire à personne ! Surtout pas à Maminou ou au Papet !

– Est-ce que tu m’as déjà vu livrer un de nos secrets, à tous les deux ?

– Promets !

– Je te promets…

– Ben, tu vois… Je sais pas ce que ça fait, quand ils le font… J’ai jamais eu l’occasion…

– Bon, ok, je vois… Mais tu n’as jamais tenté le coup ? Tu sais, même si tu crois que t’es pas assez belle… Ce qui n’est d’ailleurs pas vrai… Mais passons…

– Pourquoi faire ? Hein ?

– Le plaisir…

– Le plaisir ?

– Eh oui, tu me parles de tendresse. Alors, le plaisir que l’autre te donnera… On ne t’a jamais parlé de plaisir ?

– Tu sais, ici, c’est pas des sujets de conversation…

– Mais au moins, tu… comment dire… tu en as déjà ressenti, pour toi, comme ça, toute seule ?…

– Comment veux-tu ?…

– Attends, au lycée, jamais des copines ne t’en ont parlé ? Jamais discuté… entre nanas ?

– Ouais, ben, tu sais, les filles qui discutent de ça… Elles se fichent bien de moi, alors c’est pas mes copines…


Il y eut un grand silence dans la pièce. On entendait juste les grillons qui crissaient sous le soleil. Puis, d’une voix douce, il a continué.


– Ça te gêne, si je te parle de choses… plus… personnelles…


Je me suis sentie devenir toute rouge. Comme un coquelique, comme on dit ici. Malgré la fraîcheur, j’ai ressenti comme une suée, brutale. Puis une oppression. Ma poitrine s’est contractée. Ma respiration s’est suspendue. Puis a repris. Mon ventre s’est réchauffé. Que m’arrivait-il ? Je fixai Xavier. La bouche ouverte. Une conne, quoi ! Je savais pas quoi répondre, et en même temps, je voulais qu’il continue, qu’il précise. Ça devait être un truc important. Alors, dans un souffle :


– Vas-y !…

– Il ne t’est jamais arrivé de t’endormir en pensant à un garçon qui te plaise ?

– Y en a pas !!! Ou alors… c’est pas possible !


C’est sorti comme un cri du cœur, et je m’étais un peu vendue… Il ne paraissait pas avoir entendu. Mais si. Parce qu’il a repris :


– Pourquoi, pas possible ?

– Je sais pas…

– Tu parlais pourtant de tendresse, tout à l’heure. Alors, de tendresse avec qui ? Dis-moi ?

– Bah… avec un garçon, bien sûr. Plus tard…

– Et qu’en attends-tu ?


Quelle question il me posait là… Pour dire vrai, je ne m’étais jamais posé la question. Je vous ai déjà dit que je n’étais pas précoce. Alors après un grand moment d’hésitation pendant lequel il m’a regardée de ses yeux attentifs et patients, j’ai articulé péniblement :


– Me trouver bien avec lui…


Il a dû trouver la réponse un peu courte. Alors il m’a guidée.


– Par exemple, quelqu’un que tu puisses embrasser, câliner ?…


Lui savait trouver les mots mieux que moi. Et plus que les mots, même. Les sentiments. Je me sentais toute chose. Presque prête à pleurer.


– Ça doit faire du bien…

– Et toi, tu rêves qu’il te câline ?


Et là, j’ai repensé à l’impression que j’avais eue le soir chez moi, après qu’il ait dit à Maminou qu’il me trouvait belle. Et je pensai subitement que c’est lui qui pourrait me câliner. J’ai fondu. Je lui ai jeté un regard implorant.


– J’aimerais bien…

– Et s’il te câline, comment aimerais-tu qu’il le fasse ?


Ouh, la, la !!! Quelle question ! Qu’est ce que je sais, moi ? Je peux pas lui répondre des craques… Lui, il sait. Donc il le verra tout de suite. Est-ce que je réponds ? Je vais avoir l’air d’une conne… Bon, comme ils disent aux cartes… Un coup pour voir…


– Ben… Il me prend dans ses bras…

– Et c’est tout ? Tu crois que ça va te suffire au-delà de cinq minutes, qu’il te prenne dans ses bras ?


Je repense à lui, à ce qu’il pourrait faire, lui qui me trouve belle…


– Ben… J’sais pas…


Ça y est, je suis définitivement une cruche. Je vais pleurer. Je sens que je vais pleurer. Mais qu’est-ce qu’il me fait ch… avec ses questions à la con ! Ça y est ! Les larmes ! De rage !


– Charlotte… Ne pleure pas… Ce n’est pas grave…

– Si ! Si, c’est grave !


Et là, je me lâche. Je suis assise, tendue, sur le bord du fauteuil, agressive :


– Puisque tu veux que je te dise ! Eh bien, je vais te le dire ! Et tu vas voir pourquoi ce n’est pas possible ! Parce que… parce que le seul qui ait jamais dit que j’étais belle… parce que le seul qui m’ait regardée comme une femme… parce que le seul qui m’ait détaillée alors que j’étais presque nue, en maillot de bain, qui a vu mes gros seins, mon gros cul, et qui a fini par dire que j’étais belle… parce que le seul que j’imagine me câliner, eh bien… - là, j’hésite quelques instants, mais puisque je suis partie ! - c’est toi ! Maintenant, tu sais pourquoi ce n’est pas possible !


J’en chiale. Il m’attrape par la main. Je me sors de mon fauteuil. Nous échangeons un regard. Lorsque soudain, il s’approche de moi ; je vois sa main qui monte vers mon visage, qui attrape mes lunettes, les replie posément, et se saisit d’un mouchoir en papier dans la boîte posée sur la table. D’un geste d’une douceur extrême, il me prend par l’épaule et essuie les larmes qui coulent sur mes joues. Nous nous dévisageons. Intensément. Un moment d’une douceur incroyable. Alors je n’y tiens plus. Cet homme m’aime comme personne ne m’a jamais aimée. Je passe mes bras autour de son cou. Je niche mon visage contre son épaule. Je me serre contre lui. Plus fort encore, tellement c’est doux. Et là, je sens. Je sens ses lèvres qui remontent sur mes joues, sur la trace des larmes essuyées, qui picorent de légers baisers chaque millimètre de ma peau pendant que je me repose totalement sur lui. Son corps est chaud. Son corps me rassure. C’est un corps doux et rond. Un corps d’homme fait. Je sens ma poitrine qui s’écrase. Il doit sentir mes gros seins… Il a dit que j’étais belle. Je suis belle pour lui ! Je réalise que cela me suffit, que ça me comble totalement. Et maintenant, je suis dans ses bras !


Je ne sais plus combien de temps nous sommes restés enlacés de cette façon. Longtemps, je crois. Les grillons continuaient de peupler la chaleur de leur concert habituel. Une lumière diffuse nous entourait. Et puis j’ai eu envie. Une envie irrépressible. Moi aussi, de l’embrasser, de couvrir son visage aimé de toute la tendresse dont je me sentais capable. Et de me serrer, de l’étreindre encore plus que je ne le faisais jusque là. Pendant que j’attrape son visage à deux mains, en vrillant mes yeux dans les siens, si près qu’il ne peut plus voir que mon œil gauche tente de s’évader, je serre mon ventre contre le sien. Fort. Très fort. Et tout d’un coup, je perçois, entre nos deux ventres cette barre qui s’immisce, qui a l’air de se gonfler. Mon cœur s’emballe. Il bande ! C’est ça, il bande ! Ça ne peut être que ça !


L’impression me transporte. Je serre encore plus mon ventre, si c’est possible. Puis je l’embrasse. Oh ! Comme je l’embrasse. Je baise ses joues légèrement râpeuses de la barbe du jour. Je baise son nez. Je baise ses yeux. Alors il rit ! D’un rire gêné et tendre. D’un rire heureux. Je suspends mes lèvres, et là ! Là, il approche les siennes des miennes… Et commence à me caresser… du bout de ses lèvres… du bout de sa langue qui pointe et vient m’humecter délicatement… Une bouffée de chaleur m’envahit. Mes lèvres… mon ventre… Tout se relie. Une sorte de court-circuit, de flash brutal. Je colle mon visage au sien. Comme une ventouse. Maladroitement au début. Le temps d’essayer. De tenter. Et de me frotter. De frotter mon ventre contre sa barre… Je sens que tout en bas, je me transforme en chaudron. Des élancements parcourent mon entrejambe. Je n’ai jamais ressenti ça. Je vibre.


Puisqu’il a sorti sa langue, je vais en faire de même. Elles se rencontrent. Se testent. Moi aussi je ris de la sensation. J’entrouvre ma bouche, et je sens qu’il entre, qu’il me pénètre. Je lutte doucement. Nous nous enroulons l’un autour de l’autre. Moi aussi, je tente une percée dans sa bouche.


Nous reprenons notre souffle. Il s’approche de mon oreille, en frôlant doucement mon visage.


– Tu vois que tu sais ce qu’est le plaisir…


Puis il me gratifie de son plus beau sourire.


Je craque. Je ne sais pas où tout ceci me mène, mais l’aventure me tente. Il me prend la main et ajoute simplement :


– Viens !


Nous montons un escalier en colimaçon vers l’étage supérieur, et arrivons dans une chambre qui donne au-dessus de la terrasse. Les volets sont tirés comme au rez-de-chaussée. La pièce est dans une pénombre adoucie d’un rai de lumière qui passe entre les vantaux. Suffisamment pour apercevoir un lit dans un coin, un tapis chinois et une tapisserie de style anglais. Le lit est recouvert d’un joli patchwork et une couette recouverte de coton blanc apparaît dans les coins.


– La chambre d’ami, articule Xavier.


Il tire le dessus de lit et la couette.


Je suis à la fois excitée et morte d’angoisse. Il me tient toujours par la main. J’ai envie mais je n’ose plus. Alors, très doucement, il me caresse le visage de la paume. Nos lèvres se rapprochent à nouveau. Nous nous étreignons. Mon ventre se heurte encore à cette barre mystérieuse mais dont la présence dissimulée me liquéfie de plaisir anticipé. Mais quel plaisir ?


Je suis dans ses bras. Moi, j’ai passé les miens autour de son cou. Je lui laisse l’initiative. Que voulez-vous que je fasse, comme une gourde que je suis. Et puis nouvelle sensation. Celle de ses grandes mains qui arpentent mon dos. Ah ! Elles viennent de passer devant ! Il les a mises en coupe sous mon soutif ! J’en ai le souffle coupé ! Imaginer qu’on puisse me faire ça ! Ah ! Xavier, continue s’il te plaît… Ne me laisse pas… C’est sublime ! Il malaxe doucement mes gros nichons. Et ça me fait un bien fou !


Je me mords doucement la lèvre, ma respiration se hache de soupirs tandis que mes yeux en perdition se vrillent dans son regard. Un bien-être indescriptible me saisit. Ses mains sont légèrement remontées et ses pouces lissent doucement le bout de mes seins. La sensation me submerge. Ma tête vacille.


Alors doucement il me fait pivoter et se place derrière moi. Je sens sa « chose » qui se gîte au travers de nos pantalons entre les deux globes de mon popotin. Et ses mains qui viennent jouer les soutiens-gorge… Je m’appuie le dos contre son torse ; je bascule la tête à la renverse sur son épaule, ma pommette en appui contre sa mâchoire. Doucement, sa main gauche soulève mon T-shirt, pendant que la droite se glisse sur ma peau et vient à nouveau assiéger le contenu de mon soutif. Je lève les bras comme une danseuse flamenca, et je fais se rejoindre mes mains derrière son cou. La forteresse est abandonnée. La citadelle est ville ouverte. L’envahisseur peut agir à sa guise. Je me suis rendue !


L’envahisseur profite de mon abandon pour me bécoter le visage pendant que ses mains arpentent mon abdomen autour de mon nombril et ma poitrine. Il me murmure :


– On va essayer de te faire grimper aux rideaux… Laisse-toi aller, simplement…


Je ne sais pas ce que veut dire « grimper aux rideaux », c’est la première fois que j’entends l’expression. Mais il m’a dit de me laisser aller. Comme c’est déjà ce que je fais depuis un moment, la suite n’est pas compliquée.


Nous faisons face au lit défait. Je me tiens coite. D’une main, il me maintient contre lui. L’autre se glisse entre nous, dans mon dos. Avec une adresse qui me stupéfie encore aujourd’hui, je sens qu’il libère l’agrafe de mon soutif. Sous le poids de mes nichons, les bonnets s’affaissent et mes doudounes suivent. La main repasse en façade. Mais s’immisce cette fois-ci entre le coton et mes roberts. Chacune de ses paumes coiffe une de mes rondeurs. J’étouffe un petit hoquet de contentement.


J’aime la chaleur de ses paumes sur mes seins. Il les masse, les presse, les remue, les caresse. Il brosse de la pulpe de ses doigts mes bouts qui se gonflent ! Il les pince, les tire doucement. Mes tétons ! Et cette chaleur qui se communique dans mon ventre. J’ai l’impression que je coule, que mon slip se mouille… Et pourtant, je suis sûre que ce n’est pas la période de mes… Qu’est-ce qu’il m’arrive ?


Il a continué comme ça un temps infini. Au fil de ses caresses, de ses pinçons, de ses massages, ma respiration s’accélérait. Lorsqu’il revenait sur mes bouts et qu’il les pinçait, je me surprenais à couiner. Je me déhanchais doucement, j’oscillais au rythme de ses mains.


Soudain, l’une d’entre elles est descendue, sans hâte, et sous le nombril s’est heurtée à la ceinture de mon jean. J’ai senti, pendant qu’il continuait à modeler mon sein gauche, qu’il déboutonnait la braguette, bouton après bouton, sans se presser ; que je comprenne bien qu’il me dénudait, que j’y consente, que j’acquiesce.


La main droite est passée sous l’élastique de mon slip. Petit à petit, elle s’est approprié cette frange de peau avant qu’il n’aborde mon gros coussin moussu… Je ressens une honte délicieuse. Et voilà maintenant qu’il fourrage dans ma chevelure intime ! Ses doigts se sont écartés, et c’est comme s’il peignait ma « sauvagerie ». Et voilà qu’il me murmure :


– Dis-moi… c’est bien humide entre tes jambes…


Sa main cherche l’accès. Instinctivement, j’écarte les cuisses pour la laisser passer. Ses doigts ! Ils ne font plus qu’un avec mes replis intimes, et j’ai la sensation d’une fusion entre mon sillon et sa main, dans un bain de liqueur divine ! Nos mouvements se suspendent. Sa main est en conque sur mon bas-ventre, et je me repose sur elle, comme si mon centre de gravité s’y était transféré, en concentrant mon esprit sur le glissement sublime qui se produit entre ses doigts et le plus intime de moi-même.


Je lui glisse un regard. Je le vois attentif à l’effet de ses caresses.


Il poursuit. Il a désormais totalement délaissé ma poitrine. Sa main gauche se glisse dans la raie de mes fesses. Bientôt ses deux mains se rejoignent, et je me trouve comme sur une espèce de selle « émouvante » animée d’une vie propre qui échauffe et excite mon entrejambe de ses caresses.


Je colle à nouveau mes lèvres sur les siennes. Mon excitation croît, j’ai l’esprit qui chavire, mon ventre me brûle, je sens que je deviens une fontaine et que j’inonde les mains qui me réjouissent.


– Je ne vais pas te voler ton plaisir… On va faire ça plus posément…


Il me fait à nouveau face, et m’aide à quitter dans un même mouvement mon T-shirt et mon soutif ouvert. Puis il s’agenouille, et lentement, découvre mes hanches, mes fesses, ma fourrure. Son visage au niveau de mon ventre, au fur et à mesure qu’il me dénude, il couvre ma peau de ses baisers, jusqu’au moment où il se noie dans mon buisson en s’enivrant des odeurs qu’il exhale. L’idée que mon chéri puisse plonger ses lèvres et son nez dans ma forêt intime me révulse et me transporte à la fois. De la honte au plaisir. Ces efflorescences vénéneuses, cette liqueur du diable qui inonde maintenant tout le haut de mes cuisses… et le reste… sans que je puisse déterminer si c’est de la pisse ou autre chose… Je frémis, je tremble alors que je sens son nez farfouiller de plus en plus bas, et qu’il abaisse inexorablement mon dernier rempart de tissu, qui vient de franchir le pli de mes genoux, et entravera bientôt mes chevilles. Parvenu au bas de sa course, Xavier m’aide à passer le pied par-dessus la jambe tirebouchonnée, et se redresse.


Je suis nue. Pour la première fois de mon existence, sauf devant ma mère ou le médecin, je suis nue. Devant un homme qui me scrute. Qui me dévore des yeux. Qui m’a déjà fait entrevoir le plaisir. Qui a mis ses mains à des endroits où je ne mets les miennes que contrainte par les nécessités hygiéniques de la vie. Ma respiration se suspend, puis reprend dans de grandes exhalaisons. Je suis totalement décontenancée et en même temps impatiente de connaître la suite ! Une chose est certaine cependant : il n’y a pas de raison que je sois nue devant lui et que lui reste habillé.


Je lui adresse un sourire timide et je commence soigneusement, lentement, à déboutonner sa chemisette. Elle s’ouvre sur un torse revêtu d’une toison de poils blancs. Je repousse les bords au-dessus de ses épaules et les fais basculer dans son dos.


Le pantalon maintenant. Et sa « chose »… Je desserre sa ceinture. Je déboutonne. Le vêtement tombe. Il s’en débarrasse d’un coup de pied. Il reste avec un slip shorty en coton blanc, avec une de ces ouvertures horizontales qui sert de braguette. Il est imposant. Doucement, je passe le dos de la main sur sa grosseur. Ça réagit et se redresse. Je relève les yeux. Les siens sont amusés, comme ironiques.


– Ça ne va pas te manger ! Tu peux la découvrir… Doucement…


J’hésite. Bien sûr, j’ai déjà surpris des… queues ?… bites ?… en photo dans des canards que des filles se montraient en cachette pendant les récrés, mais là… C’est chaud, ça vibre, ça a du volume… Finalement, je me décide, je passe les mains de chaque côté et je commence la descente. Mais ça accroche… Que faire ? Dois-je tirer ? Forcer ? Il m’a dit : doucement ! Il faut que j’ose. D’une main je me saisis du relief, que je plaque sur son ventre, et de l’autre je tire la ceinture par-dessus. Je découvre l’engin. Sa « chose » s’incline un peu, comme pour me saluer. Je le débarrasse de cette dernière entrave, et je me relève.


Voilà, maintenant c’est fait ! Nous sommes tous deux nus, face à face.


Alors, il me prend par la taille, et doucement m’enlace, serre ma nudité contre la sienne, ma tiédeur contre la sienne, ma fourrure contre ses poils, et sa… queue ?… bite ?… contre mon… ma… Quoi, au fait ? Sexe ? Trop médical. Fente ? Seulement ça ? Il me dira. Je me love contre lui, je m’accroche à son cou. Et nous finissons par nous rouler un patin de première !


Plus tard, il m’avouera qu’il a été à la fois fasciné et ému par mon corps, qu’il s’est émerveillé de ma fourrure, abondante, intacte, qui tapissait largement mon ventre au-delà même de mon pubis, foisonnait dans tout mon entrejambe, jusque sur le haut de mes cuisses, pilosité qui retenait selon lui les fragrances de mon parfum de femme qui l’enivraient tant ; fascination également pour mes gros nichons en poire, dont les tétons se dressaient vers le ciel comme les queues de ces fruits, et qui, me dira-t-il, attiraient irrépressiblement la main et les lèvres.


Il parcourt mon buste, mes seins, mes fesses de ses mains. Comme une prise de possession encore plus absolue qu’au départ. Il me presse, il me triture. Il s’intéresse à mon gros cul dont il écarte les globes. Il me caresse la raie, explore ma moiteur… Met le doigt sur mon… mon trou du… !


Mais c’est sale, ça ! Il sent que je me rebelle. Je le regarde d’un air furibond. Il sourit et me calme :


– Il n’y a rien de malpropre chez toi, rien de sale. Rien d’interdit non plus. Que la douceur…


Doucement, il me fait m’allonger sur le lit, et vient s’allonger auprès de moi. Nos regards sont vrillés l’un dans l’autre.


Je sens tout d’abord sa main rôder sur mon ventre. Après un baiser à peine esquissé sur mes lèvres, je vois sa tête qui s’abaisse et sa bouche qui s’empare voracement de mon téton droit. La main continue sa progression, et mesure le galbe de ma hanche. Ah ! Sa langue qui presse mon mamelon ! Ses dents qui viennent irriter la petite excroissance… Ses lèvres qui se ventousent sur mon bout ; l’autre main qui malaxe le frère jumeau, et dont les doigts pincent et étirent mon téton gauche…


Je me cambre sur ma couche, projette si je puis encore davantage ma poitrine vers lui, la lui offre, me donne en pâture, observatrice attentive et excitée des caresses qu’il me prodigue et dont je commence à ressentir les effets…


Je vois mon sein gauche qui se gonfle, déferle comme dans une sorte de houle, au gré de l’emprise de sa main. Le bout de mon sein droit qui s’étend vers sa bouche sous l’effet de la succion… Et moi qui hoquète, qui adore ce traitement, qui sens ma respiration s’amplifier, mon torse qui se gonfle, mon ventre qui me chauffe…


Brusquement, la main qui reposait sur ma hanche s’est déplacée vers ma cuisse et s’est immiscée entre mes jambes, à l’endroit où la peau est si douce, ajoutant un frisson supplémentaire à ceux qui me transpercent déjà… Lentement elle remonte… Je sens qu’elle m’effleure le plus intime… Il n’a pas besoin de me demander : spontanément j’écarte les cuisses, je désire plus que tout le contact entre le plat de sa main et ma « zone humide ». Je coule, et je veux que ce que, pour la première fois, j’appelle « ma mouille », soit étalée, d’une touche appuyée, d’un massage de ses doigts sur mes replis…


Soudain, ses lèvres délaissent mon téton… Ah ! Le manque effrayant !… La main qui poursuit son œuvre sur mon sein gauche ne parvient plus à me suffire. Je vois sa chevelure argentée s’éloigner, ses lèvres laisser un chemin de rosée sur mon abdomen, tourner autour de mon nombril, se perdre dans ma chevelure noire « du bas », descendre encore… Sa main gauche, au lieu du massage attendu, passe sous ma cuisse et fermement la relève, lui dévoilant dans son intégralité l’écrin de ma fourrure autour de mon secret… Je sens son souffle qui me chatouille.


Ça y est ! L’autre main a aussi abandonné mon sein ! Elle passe sous l’autre cuisse, qu’elle lève tout comme l’autre. Dans le compas de mes cuisses relevées contre ma poitrine, je le vois admirer mon « origine du monde », se perdre dans mes boucles noires, admirer mon exposition lubrique…


Et le voilà maintenant qui approche ses lèvres, et qui d’un mouvement très doux commence à me lécher… Là !!! Là où c’est inimaginable ! Jusqu’à ce que je sente qu’il m’ouvre, à moins que ce soit moi qui me sois ouverte sous la caresse… La langue se désaltère, lape ma liqueur sacrée qui s’est déposée sur les lèvres dont je découvre l’existence, au fur et à mesure qu’avec sa bouche, les lèvres de sa bouche, il les saisit, les suce, les étire, passe la langue entre elles, que sa langue s’aventure vers la source, vers le puits encore clos…


Et puis… Il a collé un de ses pouces, qu’il a humecté dans mon humeur de noyade lubrique, sur mon… petit trou. Il tourne sur le muscle. Je sens chacun des plis nettement, lissé par son doigt… Il est au milieu. Il appuie… doucement… Je sens que ça cède un peu… Très peu… Mais l’impression est unique. La caresse se mêle à celles de ses lèvres sur mes lèvres du bas…


Chacune de ses agaceries m’électrocute. Je me surprends à émettre des exclamations, comme des points virgules sonores, mon souffle se bloque, repart. Il remonte dans ma fente, et son nez se coince à la commissure, juste à la jointure de ma fêlure… L’effet est indescriptible. Je ne sais pas ce qu’il me fait, ce qu’il touche, ce qu’il caresse, mais je me sens prise en dedans d’une impression de noyade, puis comme d’une expulsion de moi-même, et je crie encore et encore, toujours plus fort !…


Il a suspendu ses léchouilleries ; de derrière mon buisson il me regarde, puis avance les doigts pour me saisir et me faire saillir… quoi… l’intérieur de ma commissure. Il l’attrape maintenant entre ses lèvres, comme il m’a sucé mon téton tout à l’heure, et je ne frémis plus, je m’arque, je tressaille, je me tends comme une corde, j’écarte encore davantage les cuisses pour qu’il continue, oui… encore !!! Oui !… Continue !!!… je t’en prie…


Je rejette la tête en arrière, je hurle ! Une dernière crispation, complètement folle, complètement intense ; j’ai rabattu mes mains sur le drap, que j’attrape, que je froisse… Tension… folie… AAaaah !


Point final. Anéantissement. Je repose les pieds sur le lit. Je serre les cuisses. Je suis morte. Je me détends. Je ne peux plus bouger. Je reprends ma respiration… Ça y est ! Je sais ce qu’il voulait dire ! J’ai grimpé aux rideaux !


– Alors, ma belle, un joli petit pied, on dirait !

– J’ai jamais senti ça ! J’adore ! Je t’adore !

– Mais non, c’est juste que tu ne savais pas…

– Mais personne n’avait jamais pris cette peine…

– Comme l’Hélène aux sabots, alors.

– Qui est-ce ?

– Quelqu’un… Autrefois… Tu es trop jeune…

– Allez ! Dis-moi…

– C’était une chanson qui disait entre autres :


Moi j’ai pris la peine

De le retrousser

Le jupon d’Hélèn’

Moi qui ne suis pas capitaine

Et j’ai vu ma peine

Bien récompensée

Sous le jupon de la pauvre Hélène

Sous son jupon mité

Moi j’ai trouvé des jambes de reine

Et je les ai gardées" (1)




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(1) Georges Brassens - Les sabots d’Hélène