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n° 12937Fiche technique10413 caractères10413
Temps de lecture estimé : 7 mn
19/10/08
Résumé:  Un dernier enlacement.
Critères:  fh cunnilingu pénétratio mélo nostalgie -amourdram
Auteur : Jorge Atlan            Envoi mini-message
L'adieu

La porte se referme dans un souffle. Ma tête s’appuie sur le chambranle, puis mon corps. Je me suis arrêté de respirer pendant un moment et j’étouffe dans un sanglot les larmes qui coulent en silence sur mes joues… Respirer, lentement. Elle vient de partir, de franchir la porte sans se retourner. Et la dernière image d’elle que j’ai, c’est celle de sa silhouette qui se dissout dans l’obscurité du couloir.


Elle n’a pas dit un mot, quand elle est arrivée ; elle s’est dirigée vers la chambre, en me jetant un regard impénétrable et un sourire, que je ne lui connaissais pas. Il me vrille le ventre ce sourire, il est à la fois paillard et triste. Derrière elle, une odeur familière et nouvelle ; un mélange d’excitation et de quelque chose de plus lourd, qui étreint mon cœur. Son manteau est sur la descente de lit. Ses mains, sur les boutons de son corsage virginal, attendent que je la rejoigne. Elle veut que je la regarde se déshabiller, comme pour graver dans ma mémoire son souvenir. Le chemisier est tombé, sans que son regard ne quitte le mien. La boule grandit dans mon ventre en même temps qu’une chaleur inopportune. Une bête me fouille les entrailles. Et ces yeux qui virent du bleu au vert, et me figent sur place. Je sais que l’amour l’a rempli. Je n’ai vu ce basculement de couleur que quand elle me disait : "Je t’aime". La jupe glisse sur ces hanches, comme aspirée par le sol, cachant les chaussures de cuir noir. Devant moi, j’ai une danseuse au corps de liane, harmonieux avec ce port de tête qui laisse supposer que toute cette chair est tirée vers le ciel. Un sourire se dessine, tendre, résigné ; elle attend que je lui enlève le reste. Sa tête se penche sur le côté comme une invite irrépressible. J’ai chaud, j’ai froid. Je devine un enjeu qui me dépasse.


Je ne veux pas que cela finisse, je veux suspendre ce moment. Arrêter le temps et ne pas la laisser faire. Je me glisse derrière elle, à la toucher, à la deviner. J’aurais envie de presser ce corps contre le mien, de refermer mes bras autour d’elle et de la soustraire à tout, au monde.


Je respire son cou, à la racine de sa nuque. Aujourd’hui ils sont libres de leur mouvement, elle ne les a pas gansés de ce gel qui les fige et que je hais. Je les respire, m’emplissant de ce parfum suranné. Une boule dans la gorge, ma main vient effleurer son épaule, je n’ose pas la toucher. Son épaule se recule et se colle à ma paume, je suffoque. Une brûlure, là. Je ne peux posséder cette peau, alors je la redessine à la pointe de mes doigts, descendant les courbes du dos, lissant une hanche, glissant sur la soie de sa culotte pour finir sur sa cuisse. Mes mains deviennent électriques, se collant à elle, en un courant léger et piquant. Elles glissent, érigeant une multitude de petits poils qui couvrent son corps. La peau se hérisse de milliers de petites crêtes que ma main soulève et aplanit à volonté. Je sais la vibration qui la parcourt et lui procure un plaisir acide. La soie de ces sous-vêtements produit de petites décharges bleues qui me relient à elle. Liens éphémères qui la chavirent.


Haletant, j’approche mes lèvres contre sa nuque, légers frôlements qui la font tressaillir, et me remettent en bouche un goût ferreux. Je veux la sentir en moi, une frénésie, l’aspirer, la faire mienne au plus profond, en mon cœur. J’emprisonne sa peau entre mes lèvres, la relâche, la réaspire. Je sais que tout à l’heure mes dents prendront la suite et que, par des mordillements de chiot joueur, je la ferais gémir. Mes mains se sont rassasiées de leurs flâneries et partent en exploration plus profonde, par touches précieuses, comme un sculpteur, je veux pouvoir la redéfinir si je devenais aveugle… Sa peau trace sur mes mains des rigoles de chaleurs, brûlantes et douloureuses, mais je ne peux plus rien arrêter.


C’est un moment sans retour, un début sans fin, un ciel sombre de printemps qu’annonce la nourricière laitance des nuages. Ses seins aux creux de mes mains, ces aréoles qui pointent impertinentes, tétines vierges de toutes bouches d’enfant, que ma sève n’engendrera pas. Rondes-bosses discrètes où je ne m’attarde pas, car je sais que mes caresses de plumes l’agacent. Elles aspirent à de plus violents traitements, à de plus fortes pressions qui les marqueront de mes empreintes. Je me colle contre son corps qui se love dans mes bras. Je le retiens et l’entraîne sur la descente de lit. Jamais je n’ai autant conscience de sa fragilité, je pourrais en rompre l’échine d’un mouvement de bras et la casser comme une brindille. La rage soudaine emplit mon âme et tel un acteur de ces tragédies grecques. Je me vois inscrire notre histoire dans un rougeoiement sanglant pour toute fin. Mais je l’aime, plus que moi-même, plus que tout Œdipe, Ulysse ou Achille. Il est là, mon moment de Gloire, mon Samothrace, mon Marathon et je sais que je serai les Perses. Il me faut courir jusqu’à mon dernier souffle et au-delà boire la coupe, avaler la lie.


J’avale sa bouche, je goûte sa salive, la mêlant a la mienne, buvant le salé et le poivré de son désir. Elle m’attire à elle, sa main glisse sur sa culotte, dégageant son buisson. Je sens sa main s’emparer de mon vit et le guider à sa porte. J’ai les yeux mi-clos, éclatés d’ivresse et d’angoisse. Je sens la dentelle de sa culotte frotter mon gland et l’humidité carmine de son vagin. Je le devine, palpitant de se sentir empli. Je me recule pour le voir le goûter. Elle me retient et, d’un basculement de hanches, s’introduit. Je reste là, tétanisé, pris de vertige à sentir son vagin enserrer mon gland. Je sais qu’elle veut que je la pilonne, doucement au début puis sauvagement. Mais j’ai compris sa danse. Et je ne lui ferai pas ce dernier plaisir. Mon regard se plonge dans le sien, avec la hargne du vaincu qui ne se rendra pas sans avoir versé la dernière goutte de sang. Je la scrute, la défiant, fasciné par ce regard de chat qui ne semble tourné que vers le mystère, l’insondable. Alors, j’entreprends de la besogner.


Lentement ma verge se retire, aspirant les sucs de son antre. Je me maintiens là, au bord un temps qui lui semble infini et je pousse doucement. Écartant un iceberg, je suis un fendeur de glace. De petits cris s’échappent de mes lèvres et des siennes nous sommes douleurs qui se répandent dans une eau cristalline, de plaisir. J’entre, je sors, je me suspends, appréhendant que mon corps ne me trahisse. Mon corps arqué est tendu à la limite de ma rupture. Il me faut sortir d’elle. De ce fourreau où je me noie. Ma bouche a soif de l’ambroisie de son âme et je vais la cueillir à sa fontaine. Cette bouche verticale m’enivre de sa pulpeuse granulite. Je m’y abreuve avec la tendresse d’un jeune animal qui sait que sa survie se joue dans l’absorption de cette liqueur royale.


J’ai faim de ces lèvres que je gobe et léchouille de mes lèvres. Je mordille avec délectation pour m’emplir de son plaisir et de sa saveur. Là, sous la pointe de ma langue, son bouton de rose ; brindille gonflée et durcie à la maltraitance de mes assauts, que j’enserre de mes dents pour un simulacre de guillotinement. Il se tend, rugit sous cette emprise pour se rendre sous mes lèvres. De tissu de soie, ma langue se fait épée pour déflorer sa caverne et, de coups de bélier, emplit de clameur cette forteresse. J’enfourne, je défourne sans lui laisser de répits, la surprenant et la révulsant de cette caresse trop légère. Je la lèche, la dévore, la sculpte, la modèle au grès de mes toquades. Je la veux entière et contre elle. Son bassin renâcle, sursaute, se dérobe et fuit ma bouche goulue. Elle me veut en elle, je ne peux qu’obtempérer et la pénétrer à nouveau. Mon vit est de feu ardent et je fais entrer l’enfer dans ce con inondé, brûlant tout sur son passage, il se rue dans une cavalcade échevelée vers l’horizon du flux de sa jouissance. Mes mains se nichent sous ces fesses, les pressent, les étirent. Et de rage, défonce sans ménagement son cul étroit. Un doigt fait bientôt place à un second, ils s’agitent à la cadence de chevaux emballés. Mes coups, contre sa porte, profonds, se heurtent à son col et la secouent comme une poupée désarticulée. Elle est au bord de son plaisir, je sens la vague qui vient, terrifiante et dévastatrice. Mais je ne veux pas le lui offrir maintenant, non, je veux retarder la marée pour que le flux revienne plus fort que le reflux. Je me fais moins lourd, mes allées et venues plus courtes, plus aérien. Elle ahane au bord de l’asphyxie. Ces yeux se vrillent aux miens, colériques et rageurs. Elle crie :



Et lançant son ventre contre le mien, elle essaie de retrouver la puissance qui la laboure. Puis-je lui refuser quoi que soit, je ne peux que ruser, mais toujours je dois me rendre. Mon regard se baisse, je me coule sur elle, entourant son cou de mes bras et nichant ma tête contre sa tête. Des flocons de larmes scintillent et se mêlent à la sueur, sel amer mêlé au sel de son plaisir. Ne plus penser, devenir ce membre qui la rend heureuse. Cette verge qui la laboure et qui ne fécondera qu’une terre stérile. Se sentir chair gorgée de mon sang, se mettre au rythme de son flot… Sa jouissance lui arrache un cri qui la statufie, et pendant un instant tout semble se figer. Le temps a arrêté son cours, il n’y a plus que sa bouche ouverte sur le néant, ses yeux transperçants et le marbre chaud de sa peau.


Sa tête retombe sur mon bras, lui faisant oreiller et une larme coule sur sa tempe, unique. J’ai cessé de battre le tambour de la folie et je repose en elle dur et sec. Brûlure bientôt éteinte par le froid de mon cœur qui bat peu, si peu. Cela a duré un temps infini, puis nos corps se sont dénoué l’un de l’autre, mettant une distance qui nous sépare déjà. Elle a remis ces vêtements, s’est approchée de moi, m’a longuement regardé et, sans un mot, a effleuré de ces lèvres ma bouche d’un baiser si léger que je me demande encore s’il a existé.