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Temps de lecture estimé : 23 mn
29/10/08
Résumé:  Herbert Kapono, archéologue, monte une expédition de fouilles au bord du lac Tchad.
Critères:  fh nonéro fantastiqu
Auteur : Harold B      Envoi mini-message
L'archéologue

Je m’appelle Herbert Kapono, je suis archéologue. Plus précisément, je suis chercheur en anthropologie africaine. J’ai presque quarante ans, et je viens enfin d’accéder au poste que je convoitais depuis plusieurs années, responsable de l’unité de recherche dans laquelle je travaille.


J’ai toujours été brillant dans mes études, mais cela s’est fait au détriment de tout un tas d’autres choses. Je n’ai eu que peu d’amis jusqu’à vingt-cinq ans, et autant dire aucune femme. Et aujourd’hui, mes seuls amis sont d’autres chercheurs de mon unité, et mes seules femmes ont été… Bah, autant dire que je n’ai pas eu de femme à moi…


Je travaille depuis quelques temps sur la civilisation Sao. Celle-ci, peu connue sans aucun doute, s’est développée sur les rives du lac Tchad, le long du fleuve Chari, il y a de cela presque deux mille ans. On n’a découvert que très tardivement et presque par hasard les traces de cette civilisation. Mais elle s’est développée et a brillé longtemps, entre le Cameroun et le Tchad actuels, à peu près à l’emplacement de la récente N’Djamena.


L’un des axes majeurs de ma recherche est la fin de l’empire Sao. Des empires Saos, devrais-je dire. La quasi-totalité de ces peuplades ont disparu plutôt brutalement au cours des huitième et neuvième siècles après Jésus-Christ. Et sans aucune explication, pour l’instant. Pas d’envahisseurs connus, pas de pandémie recensée, ni de catastrophe naturelle apparente.


Il y a quelques jours, une équipe de chercheurs, sur place au Tchad, a découvert une sorte de petite nécropole. Une telle découverte est de toute façon un pas énorme pour tous les historiens ou archéologues. Mais pour moi, cela fut bien plus encore.


Le lieu de la découverte, les rites apparemment employés, les statuettes funéraires en terre cuite rapidement trouvées, ainsi que les premiers résultats de datation, tout semblait mener aux Saos. Jusqu’à présent, toutes les traces de vie humaine dans ces endroits avaient été trouvées sur de petites buttes au sud du lac Tchad, qui dépassaient des terres inondables. Mais là, la découverte était surprenante car les morts semblaient avoir été déposés dans des endroits où l’eau revenait régulièrement.


Inutile d’essayer d’avoir des renseignements par correspondance. Je devais absolument aller sur place, voir les choses par moi-même, et tenter d’apporter des réponses aux dizaines de questions qui me venaient déjà à l’esprit et aux centaines qui seraient bientôt en suspens.




Pour financer mon programme de recherches, en plus des aides gouvernementales, j’avais fait appel à de nombreuses sociétés pour lesquelles verser de l’argent à des fins culturelles et historiques constituait une sorte d’acte de piété. Mais cela ne suffirait pas pour monter une expédition aux frontières du Tchad et du Cameroun.


Il me fallait des volontés et beaucoup d’argent. Je trouvai facilement au sein de mon équipe quelques personnes intéressées pour partir plusieurs semaines. Restait l’argent. Je décidai d’organiser une conférence, en la médiatisant au plus haut point, et je la terminai en appelant à la charité collective.


La découverte et sa diffusion étaient telles que j’obtins rapidement bien plus que je n’avais osé l’espérer. Je devins même une sorte de star de l’archéologie africaine ; je fus invité sur divers colloques ou journaux télévisés. Des gens me reconnaissaient dans la rue. C’était horrible ! Vivement le départ… Et je pensai :



L’expédition était presque prête lorsque je reçus un matin un message d’une dénommée Eva Palind, qui insistait énormément pour me rencontrer personnellement, arguant qu’elle pouvait m’apporter et m’apprendre de nombreuses choses. J’avais plutôt tendance à ignorer ce genre de messages, que je recevais finalement couramment, mais le ton de celui-ci était tel que je répondis à cette femme.


Je lui demandai plus précisément ce qui motivait sa demande et ce qu’elle souhaitait en retour. La réponse vint rapidement, laconique : elle voulait faire partie du voyage. Elle ajouta dans un autre message qu’elle préparait une thèse sur le royaume du Kanem, qui, je le savais, succéda immédiatement à la civilisation Sao. Je lui proposai de la rencontrer au plus tôt. Après tout, un chercheur de plus n’était pas de refus.


Elle vint à mon bureau le surlendemain, et pour la première fois de ma vie, je me trouvai en face d’une femme superbe qui avait les mêmes centres d’intérêt que moi. J’essayai de ne pas dévoiler mon enthousiasme à son égard, et me forçai à paraître le plus professionnel possible, comme si je lui faisais passer un examen.


Mais sa culture m’impressionna, plus encore que son physique et sa contenance. Elle connaissait la plupart de mes travaux et maîtrisait une bonne part de l’Histoire de l’Afrique Centrale. J’étais fasciné, tout à la fois physiquement et intellectuellement. Je ne lui donnai pas encore de réponse, même si celle-ci était toute faite, expliquant que j’en parlerais d’abord à mes collaborateurs. Mais les deux jours suivants, je ne pensais plus qu’à elle, et la contactai enfin, lui proposant finalement la place qu’elle attendait.




Nous avons travaillé plusieurs longues journées tous ensemble, les différents membres de « l’expédition », comme nous l’appelions. Il y avait : Khareem, Pietro, Alana (trois de mes collaborateurs) et Eva et moi. Comment rester indifférent, face à une femme comme elle ? Les autres ne semblaient pas faire grand cas de sa présence, alors que moi, je ne parvenais pas à détacher mes yeux des siens, guettant ses moindres gestes ou paroles.


Personne ne me demanda ce qu’elle faisait là ; je l’avais présentée comme une nouvelle collaboratrice. Je crois que les autres l’avaient en quelque sorte « testée » au début, comme je l’avais fait moi-même, et puis ils s’étaient convaincus qu’elle maîtrisait son sujet.


Nous passions notre temps à établir un projet d’étude bien défini, à délimiter ce que nous devions trouver et jusqu’où nous pouvions aller dans nos recherches. On rassemblait le maximum d’informations sur tous les sujets afférents au nôtre, on triait des données, on compilait des pistes, des hypothèses. Mais aussi, nous organisions la logistique de notre périple : trouver des guides, des aides de camp, du matériel, de la nourriture, etc. Cela prenait énormément de temps car nous voulions être fin prêts, parés à tout.




Il ne nous restait plus qu’une journée pleine avant le départ. C’était le dernier soir ; nous prenions l’avion le lendemain, au coucher du soleil. Nous sortions de mon bureau, tous les cinq, exténués par une nouvelle journée de travail. Nous étions tous très excités à l’idée de partir bientôt. Alana proposa d’aller boire un coup, pour trinquer à notre expédition. On passa quelques heures dans un pub, en ville, à boire plusieurs coupes de champagne en évoquant tout ce qui pourrait nous attendre là-bas.


Eva ne cessait de me lancer des œillades, ou du moins en eus-je l’impression. Je me sentais joyeux, enchanté par ses regards et par l’alcool ; j’avais l’impression de tout pouvoir réussir, ce soir. Et ce fut sans la moindre hésitation que je proposai finalement à Eva de l’inviter à dîner. Elle accepta, sans paraître aucunement surprise. Les autres durent comprendre à mon attitude qu’ils n’étaient pas les bienvenus et nous souhaitèrent une bonne soirée.


Je l’emmenai dans le plus chic restaurant que je connusse, et lui offris tout ce que je pus de fleurs, qu’un marchand ambulant proposait. Je ne me rappelle absolument pas ce que nous avons mangé, je ne me souviens de rien d’autre que de ses yeux dans les miens, de sa main dans la mienne, et au moment de quitter le restaurant, de ses lèvres sur les miennes.


Je la raccompagnai jusqu’à son domicile ; elle me proposa de passer la nuit avec elle. Je n’avais jamais vécu ce genre de choses. D’ordinaire, j’aurais été plutôt maladroit et hésitant, mais je l’embrassai simplement en guise de réponse et elle m’entraîna jusqu’à son appartement.


Je n’ai presque aucun autre souvenir que nos deux corps nus enlacés tournant et virevoltant au gré des heures trop courtes que la nuit voulut bien nous accorder.




Le lendemain, nous nous retrouvâmes tous dans l’après-midi à l’aéroport. Je souhaitais pour l’instant garder secrète, ou en tout cas tacite, ma liaison avec Eva. Personne ne me demanda quoi que ce soit. Nous prîmes l’avion vers 19h. L’embarquement fut assez mouvementé à cause des très nombreux bagages que nous emportions, mais après un vol long mais sans histoire, nous atterrîmes à N’djamena, dans ce qui faisait guise d’aéroport international. Un guide que nous avions informé de nos intentions nous attendait pour nous conduire directement à Bassoua, un gros village sur les rives du fleuve Chari, où nous avions fait "livrer" tout notre matériel. Le trajet jusqu’à Bassoua fut toutefois presque aussi long que le vol jusqu’à N’Djamena, car notre guide nous y conduisit en bateau. De grosses barges acheminèrent aussi bien notre matériel que de légers véhicules tout terrain.


Nous avions choisi ce village car il ne se trouvait qu’à une dizaine de kilomètres des rives sud du lac Tchad, et donc à guère plus du lieu de la découverte, et surtout parce qu’en remontant vers le nord, c’était le dernier village où l’eau (potable ?) était acheminée. Une fois sur place, vers midi, sous les regards curieux et amusés des autochtones, nous commençâmes d’installer une sorte de camp aux portes du village ; de nombreux habitants vinrent nous aider, et au passage examiner avec méfiance notre matériel. Nous en profitâmes pour distribuer tout un tas de choses dont nous regorgions, boissons, gâteaux, stylos, petits gadgets, tous bien occidentaux, au grand bonheur exclusif des enfants.


Le soir, tout était prêt, ou presque. Nous pourrions attaquer dès le lendemain. Nous étions tous exténués, n’ayant que peu dormi dans l’avion et aucun de nous ne s’étant reposé dans la journée. Je n’avais pas réfléchi à la façon dont nous allions partager les couchages ; nous n’avions pour nous cinq qu’une seule grosse tente qui comprenait en plus de l’auvent une sorte de couloir central qui séparait deux chambres assez grandes. Je me figurais pouvoir m’installer avec Eva dans l’une d’elles, mais Alana semblait ne pas vouloir partager la sienne avec ses deux collègues mâles. À regrets, je m’installai avec Pietro et Khareem tandis qu’Eva et Alana partageraient l’autre chambre.



Nous nous rendîmes dès le lendemain sur les lieux de la découverte. Une autre équipe, apparemment essentiellement africaine, était déjà au travail. L’un de ses responsables nous accueillit et, tout en nous questionnant sur nos objectifs, nous fit visiter ce qui avait déjà été mis à jour. C’était une assez vaste construction, surtout de terre, qui ressemblait à une pyramide tronquée et s’enfonçait d’après notre guide à plusieurs mètres sous terre, dans plusieurs niveaux successifs. Deux passages avaient déjà été dégagés, qui menaient l’un vers une sorte de chambre funéraire et l’autre vers un corridor bordé de ce que nous aurions pu appeler des tombes.


Vers midi, Alana et Pietro étaient déjà occupés à cartographier, filmer, recenser et dessiner précisément la nécropole sous toutes ses coutures, tandis qu’Eva et moi expliquions ce que nous attendions d’eux à quelques hommes que nous avions employés dans le village de Bassoua. Khareem, lui, explorait méticuleusement chaque recoin des passages dégagés avec un scanner thermographique et un sonar à rayon réduit.


Nous passâmes ensuite toute la journée à relever de minuscules détails, collecter divers ossements ou pièces funéraires, prendre quelques empreintes. J’archivais soigneusement chacune de nos découvertes et je notais tout dans un calepin. Et le soir venu, nous revînmes fatigués mais satisfaits au campement de Bassoua, où je recopiai toutes mes notes sur un ordinateur.


Plusieurs journées se déroulèrent sans découverte particulière, ni incident d’aucune sorte. Eva et moi n’avions presque strictement aucun moment d’intimité. Un soir, seulement, nous prîmes un peu de temps pour aller nous promener ensemble au crépuscule, à quelques centaines de mètres du camp. Et là, nous parvînmes, à peine cachés dans la nuit tombante, à partager un moment d’amour subreptice, entre les moustiques et les cris inquiétants des premiers animaux nocturnes.



Et ce fut le lendemain que nous fîmes une découverte spectaculaire. Khareem suspectait depuis deux jours la présence d’un niveau encore inférieur à tous ceux que nous avions déjà exhumés. Et ce matin-là, aidé de plusieurs Africains, il était enfin parvenu à en mettre à jour une entrée. Nous nous précipitâmes évidemment tous vers la nouvelle chambre, plus profonde que toutes les précédentes.


La pièce, qui avait été murée de terre, était beaucoup plus petite que les autres et moins régulière. Pietro se convainquit rapidement qu’elle avait été creusée probablement à la hâte et après la plupart de celles situées vers le haut de la nécropole. D’évidentes traces d’inondations répétées nous surprirent. Et seul, trônait au centre de la pièce, une sorte de monticule de terre tassée, d’environ un mètre de haut. Khareem l’examina avec tous ses appareils et déclara bientôt, satisfait, que nous devions certainement être en présence d’un important roi Sao.


Excités, nous entreprîmes bientôt des fouilles plus méticuleuses sur ce tombeau de terre et dans l’après-midi, nous commencions d’apercevoir des restes osseux excellemment bien conservés d’un homme (ou d’une femme, mais plus probablement d’un homme), qui avait été allongé là sans doute plus de 1200 ans auparavant.


Mais, nettoyant doucement le crâne qui apparaissait peu à peu, je remarquai soudain avec surprise un éclat de métal doré. Et je déterrai assez vite ce qui ressemblait à une grosse pierre précieuse apparemment sertie dans de l’or. À première vue, cet objet me paraissait à cet endroit un monstrueux anachronisme. J’essayai de le dégager plus encore ; c’était apparemment une amulette qui avait dû être passée autour du cou du mort. S’il y avait eu une lanière, celle-ci s’était complètement désagrégée au fil des siècles, et je pus bientôt extraire de la glaise le magnifique objet dont l’éclat captait tous nos yeux émerveillés.


Aucun d’entre nous ne comprenait la présence de cette amulette en un endroit et un temps où le travail du métal en général était essentiellement limité à de grossières armes de chasse. Les fines ciselures de l’or et l’incrustation précise de la gemme aux multiples facettes révélaient un art de joaillerie plutôt évolué. Mais rien n’empêchait bien sûr que le bijou eût pu être dérobé à l’autre bout de l’Afrique des centaines d’années avant qu’il n’atterrisse au fond de cette sépulture.


Je laissai à Pietro et Alana le soin de continuer à dégager le squelette et remontait, accompagné d’Eva et Khareem, contempler à la lumière du soleil les incroyables reflets du joyau. Miss Palind (comme je me forçais encore à l’appeler devant autrui) était aussi impressionnée que moi par la beauté de l’amulette. Et devant ses yeux de fillette, sans aucune précaution archéologique, je ne résistai pas à l’idée de lui passer bientôt autour du cou, maintenue par une vulgaire petite ficelle horrible que je trouvai alentour. Après avoir reçu avec dignité ce que nous considérions comme un trophée pour notre expédition, elle m’embrassa sous les yeux amusés de Khareem, qui ponctua son geste par un valeureux « Ah… quand même… ».



Deux nouveaux jours s’écoulèrent sans autre notable découverte. Le squelette avait été entièrement exhumé, et ses os numérotés et soigneusement répertoriés. Peu d’autres objets bien conservés furent mis à jours. Quelques vases ou coupes de terres cuites enterrés ici ou là. Mais absolument rien de comparable au fabuleux bijou, qui ornait toujours le cou de ma belle.


Je ne l’appelais désormais plus Miss Palind, mais les moments d’intimité restaient tout aussi rares. Eva donnait le meilleur d’elle-même à nos fouilles, à ma grande satisfaction tant qu’à mon grand regret, car j’avais parfois envie d’aller marcher un peu seul avec elle. Mais c’était le travail qui primait.


Le troisième jour, je lui proposai toutefois de revenir plus tôt dans la journée au campement de Bassoua et nous pûmes partager un peu de temps tous les deux et un court instant dans l’enfer de chaleur de la tente. Puis nous discutâmes longuement, attendant le retour des autres. Elle passait sans cesse la main à son amulette, qu’elle relevait régulièrement pour l’observer. Mon âme d’archéologue me dictait de lui retirer le bijou pour l’isoler dans un sachet où il serait à l’abri de ses manipulations permanentes, mais les yeux d’Eva qui s’illuminaient encore chaque fois qu’elle le regardait continuaient d’avoir raison de mes scrupules.


Le lendemain, toutefois, tandis qu’Eva et moi étions agenouillés tous deux à essayer de dégager de terre ce qui semblait être une petite statue de bois, et qu’à chacun de ses mouvements un peu plus brusques, l’amulette cognait légèrement sur de petites pierres, je lui fis part de mon désir de la lui ôter pour la mettre plus en sûreté. Mais Eva entra soudain dans une colère folle, s’emportant excessivement et presque avec rage sans que je comprisse pourquoi. Et elle m’abandonna soudain pour sortir en furie de la galerie.


Je la suivis rapidement, tentant de la raisonner par des paroles que je voulais apaisantes, mais l’effet fut pire encore et elle me repoussa entièrement, disparaissant pour apparemment rejoindre le camp. Perplexe autant qu’inquiet, j’hésitai entre emprunter un autre véhicule pour la suivre et la laisser quelques temps seule. J’ouvris mon cœur à Alana, qui m’assura que de vivre les uns sur les autres presque vingt-quatre heures sur vingt-quatre pouvait être difficile à supporter, et me convainquit de la laisser effectivement souffler un peu.


Et, plus tard, nous revînmes tous ensemble, Alana, Pietro, Khareem et moi, au campement. Je cherchai partout Eva. Elle n’était pas sous notre tente, ni auprès des autres, celle du ravitaillement ou celle du matériel. J’allai demander aux hommes que nous avions postés à plein temps à la surveillance du camp. Et je fus horrifié quand l’un d’entre eux rigola grassement en me désignant l’une de leurs tentes voisines d’où montaient clairement des gémissements de jouissance.


J’y courus, mi-enragé mi-effondré, et juste comme j’allai y entrer, un grand gaillard africain en sortit en réajustant son pantalon. Il sourit quand il me vit et me dit quelque chose que je ne compris pas en faisant un geste pour me montrer du pouce l’entrée de la tente. Je le bousculai pour m’y précipiter et tombai soudain à genoux, complètement détruit d’un seul coup en voyant mon Eva gémir et soupirer sous le corps d’un autre type qui la prenait avec force. Les larmes me montèrent immédiatement tandis que je lui suppliai du regard une réponse, une explication. Elle me vit enfin mais ne broncha pas. Et dans ses yeux démoniaques ne se lisait toujours que la même folie qu’auparavant.


Je restai toute la nuit telle une statue, tristement assis la tête dans mes bras croisés sur mes genoux, près du feu. Mes compagnons essayaient de me parler, mais je ne prêtais aucune attention à leurs dires. Eva demeura invisible toute la soirée mais revint tard, dans la nuit. J’étais tout seul devant notre tente, les autres déjà couchés. Je lui demandai piteusement pourquoi. Elle passa près de moi comme un fantôme, en murmurant seulement ‘excuse-moi’, avant de disparaître dans la tente sous mes yeux mouillés.


Je fus moi-même comme un fantôme le jour suivant, et guère mieux celui d’après. Je sentais néanmoins que l’ambiance était des plus mauvaises autour de moi et se dégradait presque à chaque instant. Je vis venir à moi en fin d’après-midi Pietro et Khareem qui tenaient Eva ceinturée dans leurs solides poignes. Elle criait et se débattait tandis qu’ils la poussaient vers moi, suivis d’Alana, livide. Couvrant avec peine les hurlements de leur captive, ils m’expliquèrent, enragés, qu’elle avait essayé de tuer cette dernière.


C’était un cauchemar ! Je vivais un cauchemar ! J’essayai de les faire tous se calmer et de les laisser s’expliquer plus avant. Mais Eva était une vraie furie. Incontrôlable. Ils la maintinrent encore un peu ; je trouvai de quoi lui ligoter les bras et les jambes. Et tandis qu’ils m’expliquaient ensuite comment le ton était monté entre les deux femmes jusqu’à ce qu’Eva saute au cou d’Alana, je la contemplai se débattre frénétiquement sur le sol pour se défaire de ses liens.


Ce n’était plus la jeune femme sensée et intelligente que j’avais connue. Quelque chose avait changé en elle. Quelque chose qui… Mon regard se posa soudain sur l’amulette qui ornait toujours sa poitrine. L’amulette ? Se pouvait-il que… Non, c’était impossible ! Ce genre de choses n’arrivait que dans les mauvais films…


Mais même si je trouvais cela stupidement superstitieux, je lui arrachai bientôt d’un geste sec le joyau brillant. En dardant dans les miens des yeux destructeurs, elle poussa un long hurlement haineux qui me glaça presque le sang. Je rangeai le bijou dans ma poche et, aidé de Khareem, relevait Eva pour l’entraîner jusqu’au plus proche véhicule. Nous revînmes au campement et l’allongeâmes sous la tente, toujours attachée. Elle finit par se calmer un peu et probablement s’endormir tandis que nous nous demandions ce que nous allions faire d’elle.


Je ressortis l’amulette de ma poche et le contemplai longuement, la tournant entre mes doigts, faisant jouer les reflets du feu sur la gemme et l’or qui l’entourait. Alana la première me demanda pourquoi Eva était dans cet état. Continuant d’observer le bijou, je ne lui répondis rien. Khareem et Pietro avouèrent qu’ils ne l’avaient jamais appréciée. Et s’ensuivit une longue discussion entre mes trois collaborateurs, que je n’écoutais guère. Je ne relevai la tête que quand ils allèrent se coucher, m’abandonnant à mes tristes pensées.


Je restai encore un long moment seul, les yeux fixés sur les flammes mourantes. Quelques cris d’animaux nocturnes troublaient de temps à autre le silence. Ou parfois le rire d’un de nos employés. Mais vers minuit passé, quand je me décidai enfin à rentrer à mon tour, j’entendis nettement le bruit vif d’un mouvement précipité derrière moi, et je me retournai juste à temps pour apercevoir Eva qui était parvenue à se libérer et s’approchait du feu à pas de loup. Elle se jeta sur moi toujours en furie.


Je m’éveillai seulement au petit matin, avec un mal de crâne épouvantable. Mon premier réflexe fut de chercher l’amulette partout sur moi et autour de moi. Elle avait disparu. Je me levai en vacillant et courus jusqu’à notre tente. Alana, Khareem et Pietro dormaient à poings fermés. Soit qu’ils n’eussent rien entendu, soit qu’ils eussent été aussi assommés. Je les éveillai en hâte, leur expliquant rapidement qu’Eva avait apparemment disparu, emportant l’étrange joyau.


Un véhicule avait disparu. J’allai rapidement questionner tous les vigiles et employés, qui n’avaient évidemment rien vu. J’essayai de réfléchir rapidement. Tout en moi se chamboulait. Que faire ? La poursuivre ? Et abandonner les fouilles ? Ou attendre et voir ? J’étais horrifié par le comportement de celle que j’avais chéri plus que personne auparavant dans ma vie. Et inquiet, aussi. Comment n’avais-je pu rien voir venir ?


Mais c’était surtout la colère qui l’emportait. Eva s’était moquée de moi depuis le début. Après presque une heure de débat intérieur, je décidai de confier la fin de l’expédition à la responsabilité conjointe de mes trois collaborateurs et préparai mes affaires pour tenter de retrouver la trace d’Eva. Si elle voulait quitter la région, elle repasserait de toutes façons par N’Djamena.


Partant finalement dans un second véhicule, je longeai bientôt de nouveau le fleuve Chari, en route vers la capitale du Tchad. Les traces récentes évidentes d’un léger 4x4 me guidaient sur la piste rarement empruntée. Et en deux heures j’atteignis les premiers bidonvilles. J’abandonnai la voiture aux alentours de l’aéroport et commençai de questionner à tout va à propos d’Eva. Deux ou trois témoignages m’indiquèrent qu’elle avait probablement pris un vol pour l’Égypte. Là encore, j’hésitai. La suivre ? Sans être même bien certain de sa destination ?


Mais une certaine forme de raison me reprit. Je me calmai peu à peu. Et deux nouvelles heures plus tard, j’étais de retour au campement de Bassoua où deux gardes m’apprirent que mes compagnons étaient repartis prospecter sur le site de la nécropole. Je les rejoignis bientôt et, leur racontant ce que j’avais appris, repris bientôt le travail avec eux.


***


Une dizaine de jours s’écoulèrent, presque paisiblement, maintenant. Alana, Pietro, Khareem et moi travaillions presque en symbiose. Une parfaite harmonie était revenue entre nous. L’autre équipe de recherches abandonna bientôt les lieux, ayant sans doute décidé qu’il n’y avait plus rien d’important à mettre à jour. Nos découvertes se limitèrent effectivement à de petits objets qui venaient au mieux confirmer les hypothèses parfois incertaines que quelques chercheurs avaient avancées sur la civilisation Sao. Nous commencions à songer à rentrer nous aussi.


Et deux jours plus tard, nous avions démonté et rangé la plupart de notre matériel et étions prêts à reprendre la route de N’Djamena. Le trajet fut sans histoire et tandis que nous attendions dans le hall de l’aéroport, après avoir péniblement réussi à faire enregistrer nos dizaines de grosses malles, nous lisions l’un et l’autre les rares journaux publiés dans notre langue natale. Nous étions restés près d’un mois sans quasiment recevoir la moindre information et cela nous faisait tout de même du bien de reprendre contact avec la civilisation.


Et Pietro hurla soudain d’étonnement. Il nous tendit un morceau de journal que nous empressâmes de lire. Le titre était déjà évocateur : "Vol au Musée Egyptien – L’affaire de l’amulette : un nouveau rebondissement. " Je me précipitai pour lire l’ensemble du trop court article :


"L’étrange bijou découvert intact après le crash du vol N’Djamena – Le Caire… "


Je m’arrêtai immédiatement, terrassé par la surprise. Eva était morte… Un sentiment étrange m’envahit, mélange de tristesse, de déception et d’apaisement.


"L’étrange bijou découvert intact après le crash du vol N’Djamena – Le Caire n’a pas fini de nous étonner. Passée la surprise de son étonnante origine – faut-il rappeler que l’âge de l’amulette a été estimé à près de 6600 ans – et de son excellent état, inexplicable après un crash de cette envergure, le bijou a été cédé par les autorités au Musée Egyptien du Caire. "



Personne ne me répondit. Je poursuivis ma lecture.


"Faut-il également rappeler la mort accidentelle du gardien en chef du musée, retrouvé étendu sur son lieu de travail, l’amulette passée autour du cou ? "


Je ne pus m’empêcher de rire du ton de l’article, même si les faits en eux-mêmes étaient plutôt sinistres.


"Toujours est-il qu’un nouveau mystère plane autour du bijou : la nuit dernière, des hommes armés se sont introduits dans le musée après avoir neutralisé une partie des systèmes d’alarme. Rien n’a été dérobé, à l’exception notable de cette amulette. "

"Un des voleurs a été retrouvé mort, tué de plusieurs balles dans le corps. Une analyse balistique a permis d’affirmer que les balles semblaient provenir de son arme, abandonnée près du corps."

"Interrogé sur l’affaire, le capitaine Hassran (voir notre photo) a assuré que l’enquête progressait et que les voleurs ne tarderaient pas à être retrouvés."

"Inquiets à propos des événements liés de près ou de loin à cette amulette, le professeur Baraoui du Centre de Recherches Ethniques du Caire a appelé solennellement les voleurs à restituer cet « important témoin de notre passé »."

"Il ne reste plus qu’à espérer que l’amulette ne fera plus de nouvelle victime !"



J’acquiesçai en souriant. Mais ce qui m’agaçait le plus, c’était ce qui me semblait d’évidentes erreurs scientifiques. 6600 ans, c’était parfaitement impossible ! Et l’origine égyptienne m’étonnait au plus haut point.


Je pris une seconde pour réfléchir et me tournai vers mes compagnons :



Ils paraissaient hésiter.



Ce fut Pietro qui parla le premier, après avoir pris une profonde inspiration :



Il marqua une pause, comme ne sachant pas s’il devait terminer, puis reprit en baissant les yeux :



Il s’arrêta de nouveau un instant, cherchant ses mots, avant de poursuivre :



Je repensai à Eva telle que je l’avais connue au début, puis à celle qui s’était enfuie en volant le bijou.



Mais Pietro ne souriait pas. Et sa réaction me confortait dans l’idée – extrêmement lâche, il faut le reconnaître – de ne pas nous occuper de cette amulette (qui, je devais bien me l’avouer, n’avait probablement rien à voir avec nos recherches sur la civilisation Sao.) La discussion s’arrêta là, personne n’ayant apparemment envie d’ajouter quoi que ce soit. Et nous ne reparlâmes finalement pas de cet objet.



La vie reprit son cours habituel ; nous passâmes presque deux mois à archiver et référencer la moindre de nos découvertes et plusieurs autres mois à essayer de les publier. Mais la civilisation Sao n’intéressait pas grand monde…



***



Mardi dernier, Khareem a eu un accident et a trouvé la mort, probablement noyé dans sa voiture. Personne ne sait exactement ce qu’il s’est passé ; il semblerait que, rentrant du bureau, où nous avions travaillé comme d’habitude, il ait perdu le contrôle de son véhicule, à l’entrée d’un pont, heurtant et défonçant la barrière de sécurité. La voiture a été s’échouer dans le fleuve cinq mètres plus bas et a coulé sans doute lentement, mais Khareem, vraisemblablement assommé par le choc contre la barrière, ne paraît pas avoir essayé de réagir.


Les deux jours suivants ont été terribles ; Pietro, Alana et moi avons vraiment eu du mal à nous retenir de pleurer la disparition de notre collaborateur et ami. Le troisième jour, le vendredi, pour ma part, j’ai commencé à me remettre. Il le fallait. Ma hiérarchie me demandait déjà de songer à remplacer Khareem. Celui-ci assurait des unités d’enseignement ; les étudiants ne devaient pas rester sans professeur. Pietro est parvenu à le remplacer au pied levé, mais la situation ne pouvait pas durer ainsi. Je commencerais à m’occuper de ça après le week-end.


Samedi matin, vers huit heures trente, tandis que je somnolais encore à moitié, j’ai reçu un coup de fil. La chose en soi était déjà surprenante, car personne ne m’appelle jamais, à part d’autres chercheurs ou l’administration de l’université. Mais un week-end ? J’ai décroché, surpris ; c’était un policier qui me demandait si j’étais bien le directeur d’une certaine Alana Parrio. J’ai répondu affirmativement, en m’interrogeant déjà sur ce qu’elle avait bien pu faire de mal qui puisse justifier qu’on en appelle à moi. Mais mon interlocuteur m’a dit d’un ton obscurément fermé de venir rapidement rejoindre la police à une adresse que je ne connaissais pas.


J’y suis allé après m’être un peu débarbouillé et j’ai commencé à avoir très peur lorsque j’ai aperçu un cordon de policiers qui tentait d’éloigner badauds et journalistes. L’un des policiers m’a demandé ce que je voulais, je me suis présenté et ai expliqué qu’on m’avait appelé. Il m’a laissé passer et j’ai pu apercevoir Alana une dernière fois, étendue sur une civière, qu’on était en train de recouvrir d’une sorte de bâche.


J’ai pleuré immédiatement, je ne sais pas combien de temps. Jusqu’à ce qu’un quelconque gradé vienne me poser des tas de questions auxquelles j’ai répondu machinalement. Quand il a eu terminé, je lui ai demandé ce qui s’était passé ; il m’a expliqué qu’Alana avait été assassinée, de deux balles de revolver, dans la nuit, sans doute vers trois heures du matin et que son corps avait été trouvé ici sans vie vers six heures par un riverain.


Il m’a demandé ensuite de rester encore quelque temps à la disposition des enquêteurs. Je me souviens avoir encore pleuré, et aussi tenté de réfléchir. Qui pouvait en vouloir à Alana ? Et puis je n’arrivais pas à m’empêcher de repenser à la mort de Khareem. Et si les deux étaient liées ? Je me suis dépêché d’en informer le policier qui m’avait questionné, qui m’a répondu qu’il en prenait bonne note, mais qu’il était bien trop tôt pour décréter qu’il y avait un lien.


Et puis j’ai appelé Pietro, qui m’a rejoint peu de temps après, dans un état proche de la démence. Il s’est mis à me reparler de l’amulette ; il a extravagué longuement, m’assurant qu’on avait offensé les esprits, qui nous punissaient l’un après l’autre. J’ai mis toute la journée à le calmer et lui faire au moins admettre que si effectivement les affaires étaient liées, ça pouvait être que quelqu’un nous en voulait, mais certainement pas des esprits.


Nous avons passé la soirée ensemble à émettre et défaire des hypothèses plus faramineuses les unes que les autres et avons fini simplement par conclure que nous devions rester particulièrement sur nos gardes. Pietro m’a annoncé qu’il aurait toujours désormais une arme à feu sur lui, et, sa psychose m’atteignant sans doute, parvint presque à me convaincre de m’en procurer une également.


Je l’ai raccompagné chez lui le soir et suis rentré me coucher à mon tour, sans avoir évidemment rencontré le moindre incident. Je suis parvenu à me calmer et à me libérer de cet égarement dans lequel m’avaient plongé les excès de frayeur de Pietro. Je me suis endormi après avoir repensé encore longuement à Alana.



***



Quatre heures du matin. Je viens de m’éveiller, en sueur, le cœur battant à toute allure. J’ai fait un rêve bizarre, un cauchemar plutôt, effrayant. Je ne m’en rappelle déjà plus, mais quelque chose me perturbe. Impossible de me rendormir. J’ai comme une crise d’angoisse. Dès que je ferme les yeux, je vois le corps d’Alana. Et quand je chasse cette vision, c’est pour laisser la place à celui de Khareem. Et puis je vois celui de Pietro. Et puis le mien. Et puis l’amulette.


Une heure vient de passer qui n’a rien arrangé ; je suis en train de devenir fou. C’est parfaitement illogique, mais c’est plus fort que moi. Je n’en peux plus. Et ces hallucinations qui continuent. J’ai trop peur que ce ne soient des prémonitions. Je dois aller voir Pietro, tant pis si je le réveille.


J’ai parfaitement conscience d’être en plein délire, absolument irrationnel. Mais je ne me contrôle plus qu’à moitié. Je fonce jusqu’à chez lui.


En arrivant, je tambourine brutalement sur sa porte, qui s’ouvre dès que je la touche. Elle n’était pas fermée. J’ai une bouffée d’angoisse et de sueur et mon ventre se noue soudain. Je sais que je vais découvrir une nouvelle horreur.


J’explore en hâte l’appartement et ne tarde pas à découvrir Pietro au bout d’une corde, pendu par le cou, nu et avec l’amulette autour du cou qui me saute aux yeux, notre amulette. Je crie et pleure à nouveau ; et je m’empresse d’essayer de faire encore quelque chose pour lui. Mais son corps est déjà froid. J’appelle en hâte la police, qui m’envoie rapidement une ambulance. Mais je sais que c’est inutile.


En attendant que tout ces gens me rejoignent, j’essaye de réfléchir. Comment le bijou s’est-il retrouvé là ? Et si c’est Pietro qui l’avait, pourquoi l’avait-il ? Et pourquoi a-t-il commis cette folie ? J’ai peur, à nouveau. Très peur.


Sans comprendre tout à fait pourquoi je fais ça, j’enlève le pendentif du cou du cadavre et le glisse dans ma poche juste au moment où deux policiers et deux ambulanciers arrivent, qui ne peuvent que constater le décès et commencent à m’interroger. Je réponds à tout, mais cache précisément l’amulette et son histoire. Et puis j’évoque les morts récentes de Khareem et Alana. Je demande une protection. J’ai peur, toujours très peur.


Les policiers finissent par me ramener chez moi et consentent à contrecœur à laisser un des leurs en ma compagnie. Le pauvre essaie de m’adresser la parole, mais je ne suis pas très loquace. Je tourne en tous sens dans ma tête les événements récents. Je me pose toutes sortes de questions. Je cherche à élaborer des hypothèses toutes plus démentes les unes que les autres.


Mais je persiste à ne rien comprendre, et à être effrayé. Et moins je comprends, plus je suis terrorisé.




Voilà, tout est là, consigné dans ces quelques lignes. Pour passer le temps et faire le point, j’ai écrit notre histoire. Je n’ai pas évoqué toutes mes interrogations et suppositions, qui ne sont sans doute que le résultat de ma névrose.




Pièce I-732-02, trouvé à côté des corps du professeur Herbert Kapono et de l’agent de police Alphonse Banok. Sur ce manuscrit était posé un bijou (pièce I-732-01).