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Temps de lecture estimé : 15 mn
24/12/08
Résumé:  C'est une nouvelle magnifique journée qui s'annonce au village des Schtroumpfs, mais aujourd'hui est un jour très spécial : c'est l'anniversaire de la Schtroumpfette.
Critères:  pastiche humour merveilleu -humour -merveille
Auteur : Gufti Shank            Envoi mini-message
L'anniversaire de la Schtroumpfette

Un vent tiède accompagnait le soleil levant d’automne ; c’était une nouvelle magnifique journée qui s’annonçait au village des Schtroumpfs. Chacun vaquait à sa tâche ordinaire : le Grand Schtroumpf s’était déjà plongé dans ses grimoires, le Schtroumpf Costaud achevait ses exercices quotidiens, le Schtroumpf Gourmand déjeunait longuement, le Schtroumpf Coquet se coiffait depuis l’aube, le Schtroumpf Paresseux faisait la grasse matinée, le Schtroumpf À Lunettes préparait ses diatribes de la journée, le Schtroumpf Farceur fabriquait quelques colis piégés, le Schtroumpf Grognon déclarait à qui voulait l’entendre ne pas aimer pas les belles matinées d’automne, le Schtroumpf Bricoleur tapait sur le réveille-matin de sa fabrication qui ne l’avait jamais réveillé, le Schtroumpf Musicien soignait ses plaies (consécutives à son interprétation prématurée du Schtroumpferto en Schtroumpf Mineur à la trompette), le Schtroumpf Poète déclamait des insultes en vers libres au précédent, le Schtroumpf Paysan était déjà dans ses champs depuis bien avant le lever du soleil, le Schtroumpf Bêta observait fixement un caillou, le Schtroumpf Maladroit ramassait discrètement des morceaux de verre…


Tout au village semblait augurer d’une journée parfaitement normale. Tout, vraiment ? Non, car, enfermée chez elle, la Schtroumpfette ne cessait de broyer du noir et de se lamenter depuis le petit jour. Depuis qu’elle avait été réveillée par un air de trompette impromptu, en fait. Était-ce donc cela qui l’avait mise de si méchante humeur ? Elle n’en savait rien. Tout ce qu’elle savait, c’était qu’elle venait de réaliser une chose qui la rendait triste, mais triste…


Quelques coups contre sa porte la sortirent enfin de sa torpeur mélancolique. C’était comme un déclic ; elle se reprit soudain.



Elle prit sur elle pour arborer son attitude la plus habituelle possible et alla ouvrir, accueillant son invité d’un faux air guilleret. Derrière la lourde porte en bois se trouvait un Schtroumpf qui affichait un grand sourire et tenait un gros paquet-cadeau.



La Schtroumpfette réfléchit un court instant.



Elle prit le cadeau des mains de son visiteur et commença à l’ouvrir doucement. C’était bien, ça lui changeait un peu les idées. Elle avait complètement oublié que c’était son anniversaire. Impatiente, elle arracha en hâte le dernier nœud du paquet et en souleva le couvercle, provoquant immédiatement une grande explosion qui lui noircit le visage et lui ébouriffa les cheveux. Devant elle, le Schtroumpf Farceur était mort de rire. Elle lui claqua la porte au nez en hurlant :



Et elle retourna en pleurant s’allonger sur son lit, tandis que le Schtroumpf Farceur, toujours plié en deux, s’éloignait en se félicitant que le Grand Schtroumpf eût autrefois eu la bonne idée de lui donner des cheveux blonds.


En retournant chez lui pour préparer un nouveau colis piégé, il se remémora les premiers temps avec la Schtroumpfette, au village. Ç’avait été difficile, elle n’aimait rien, ne voulait rien faire comme les autres, semait la zizanie partout où elle passait. Les Schtroumpfs avaient appris par la suite qu’elle était une création de Gargamel, censée apporter le trouble dans leurs cœurs. Mais le pauvre sorcier l’avait faite tellement moche que son plan n’avait eu aucune chance d’aboutir. Et puis, ils avaient tous fini par avoir pitié d’elle, et le Grand Schtroumpf lui avait fait un "relooking". Maintenant, elle était jolie. Blonde, mais jolie. Et ils étaient presque tous tombés amoureux d’elle. Elle pouvait leur demander ce qu’elle voulait, ils s’empressaient tous de la satisfaire.


Il fut soudainement pris d’un remords. « D’ailleurs, ce n’est pas très gentil ce que je viens de lui faire… » Il hésita un court instant, mais finit par rire de nouveau. « Ce n’est pas très gentil, mais j’aime bien faire des cadeaux qui schtroumpfent ! »


Mais la réaction de la Schtroumpfette trotta encore dans son esprit, longuement. Et même après qu’il eut offert un nouveau cadeau au Schtroumpf À Lunettes (avec lui, ça ne ratait jamais !), il pensait encore à elle.


À tel point qu’il décida de retourner chez elle, lui présenter ses excuses et lui offrir cette fois-ci un vrai cadeau. Mais quoi ? Qu’est-ce qui pourrait bien lui plaire ? Il pensa à tout ce que les autres Schtroumpfs aimaient bien, mais élimina l’un après l’autre les ballons, les gâteaux et les feuilles de salsepareille, se disant qu’une Schtroumpfette n’aimait certainement pas les mêmes choses qu’un Schtroumpf. Comme il ne trouvait rien qui lui plût, il eut l’idée d’aller en parler au Grand Schtroumpf. Celui-ci saurait sûrement.


Il frappa quelques minutes plus tard à la porte de la maison de ce dernier. La voix frémissante du vieux Schtroumpf lui dit d’entrer. Il s’exécuta et le trouva penché sur un manuscrit, levant la tête quand il s’avança.



Le doyen barbu esquissa un sourire.



Le grand Schtroumpf parut réfléchir un instant puis tapota paternellement l’épaule du Schtroumpf Farceur en lui souriant :



Et pressé sans doute de reprendre la lecture de son vieux parchemin, il poussa doucement son interlocuteur vers la porte. Mais celui-ci ne paraissait pas vouloir s’en aller.



Le Grand Schtroumpf se frappa soudain le front en s’écriant :



Et il se mit à courir en tous sens en déclamant :



Le Schtroumpf Farceur n’eut pas le temps d’achever sa phrase. Le Grand Schtroumpf était en train de le pousser dehors.



Blam ! La porte se referma derrière le Schtroumpf Farceur. Il avait été littéralement éjecté de la maison du Grand Schtroumpf. Une fois dehors, il se dit que c’était une très bonne idée d’aller cueillir des fleurs pour la Schtroumpfette et que de toute façon, il n’avait pas très envie d’aller répéter quatre-vingt-dix-neuf fois la même chose aux autres Schtroumpfs. Il avisa le premier venu ; c’était le Schtroumpf Bêta, qui lorgnait toujours son caillou. Tant pis, ça irait bien.



Il s’arrêta tout net, réalisant qu’il en avait peut-être déjà trop dit. Il respira longuement puis reprit :



L’autre parut réfléchir, lentement, puis il s’écria :



« Et moi aussi… » pensa-t-il.



Et le Schtroumpf Bêta partit en courant. Regrettant déjà presque un peu son choix, le Schtroumpf Farceur finit néanmoins par hausser les épaules et s’éloigna dans la forêt, le cœur léger. En à peine une demi-heure, il parvint à composer un joli bouquet de fleurs sauvages, qui devrait certainement plaire à la Schtroumpfette.


Quand il revint au village, les autres Schtroumpfs étaient déjà rassemblés sur la grand-place. Mais curieusement, ils n’étaient pas devant la maison du Grand Schtroumpf mais devant celle de la Schtroumpfette. Le Grand Schtroumpf leur avait-il déjà parlé ? Le Schtroumpf Farceur les rejoignit en hâte et il réalisa que tous voulaient entrer dans la maison de la Schtroumpfette. Chacun hurlait qu’il avait un magnifique cadeau à lui offrir pour son anniversaire.


« Aïe aïe aïe ! » pensa le Schtroumpf Farceur, « le Schtroumpf Bêta n’a rien schtroumpfé ! Et que va dire le Grand Schtroumpf ? » Il essayait de se frayer un chemin dans la mêlée et de calmer les autres (tout en protégeant ses fleurs) lorsque celui-ci sortit justement de chez lui.



Il parvint assez vite à ramener le calme, tandis que quelques retardataires arrivaient en hâte essayer d’offrir leurs cadeaux à leur tour. Mais la porte de la maison s’ouvrit soudain, dévoilant côte à côte le Schtroumpf Bêta et la Schtroumpfette, visiblement excédée. Elle n’était plus bleue, mais tirait plutôt sur l’indigo. Tous se mirent à brailler derechef en l’apercevant ; chacun voulait être le premier à lui offrir son cadeau. Mais elle poussa soudain un long hurlement strident qui ramena une nouvelle fois le silence.



Personne ne répondit jusqu’à ce que le Grand Schtroumpf prenne la parole.



Il avait dit ces derniers mots d’une voix furieuse. Le Schtroumpf Farceur était navré que ça ait tourné ainsi ; mais avant tout, il voulait offrir son merveilleux bouquet à la Schtroumpfette. Après cela, les cadeaux des autres n’auraient plus aucune valeur à ses yeux, c’était sûr. Alors en s’avançant encore, il se mit à crier à son tour :



Mais ce fut le déclenchement des hostilités, tous se mirent à beugler :



La schtroumpfette vira cette fois-ci au violet et poussa un nouveau hurlement horrible.



Et elle croisa les bras en tournant le dos à la foule, mais sans rentrer chez elle, au grand étonnement de tous. Ce fut encore le Grand Schtroumpf qui rompit le silence :



Il y eut un long silence ; chacun retenait son souffle, pendu aux lèvres de la jolie Schtroumpfette. Et sa réponse tomba enfin :



Un murmure géant parcourut l’assemblée des Schtroumpfs. Mais elle poursuivit :



Et tandis qu’en extase, elle égrainait sa liste, les Schtroumpfs se regardaient les uns les autres en haussant les épaules.



Certains jetaient en maugréant leurs cadeaux sur le sol et commençaient déjà à faire demi-tour. Mais elle continuait, imperturbable :



Tous s’éloignaient, maintenant, l’abandonnant à ses rêveries. Tous sauf le Grand Schtroumpf, qui attendait patiemment qu’elle eut terminé, le Schtroumpf Bêta, qui cherchait à comprendre de qui on parlait, et le Schtroumpf Farceur, qui se demandait où elle allait chercher tous ces adjectifs. Ce dernier, réalisant soudain que tous les autres étaient partis, se jeta en un éclair aux pieds de la Schtroumpfette, en levant vers elle son beau bouquet, et, l’interrompant, lui proclama :



Elle baissa les yeux vers lui, étonnée, puis contempla avec ravissement le superbe bouquet. À nouveau, elle regarda celui qui le lui tendait et ses yeux changèrent d’expression. Puis elle répondit :



Le Schtroumpf Farceur était aux anges. Il se releva d’un bond et embrassa délicatement la Schtroumpfette sur la joue. Les autres Schtroumpfs, s’apercevant finalement que le challenge pouvait être tenté, revenaient en hâte et criaient déjà :



Mais elle leva la main pour les interrompre et attendit le calme pour dire simplement :



Tous se regardèrent, navrés.



Et la porte se referma derrière eux. Tous étaient abasourdis, le Grand Schtroumpf y compris, qui marmonnait dans sa barbe :



Les Schtroumpfs les plus proches se bousculèrent pour venir se coller à la fenêtre de la Schtroumpfette et les autres poussaient pour essayer de venir aussi profiter du spectacle.



Mais personne ne l’écoutait.



Une formidable détonation retentit soudain, avant de laisser place à un silence expectatif. Mais la porte de la maison s’ouvrit bientôt et la Schtroumpfette apparut, le visage et les cheveux tout noircis, tirant d’une main le Schtroumpf Farceur qu’elle projeta sauvagement dehors en hurlant :



Il s’éloigna piteusement sous les moqueries des autres. Mais ils s’arrêtèrent bien vite lorsque la Schtroumpfette releva sa robe pour s’essuyer le visage nerveusement. Et de nouveau ils se précipitèrent vers elle, hurlant :



Elle parcourut d’un regard fier l’assemblée de ses prétendants et attendit qu’ils eussent fini de brailler, puis déclama :



De nouveau, tous hurlèrent : « Moi ! Moi ! » Mais la voix du Grand Schtroumpf tonna soudain :



La Schtroumpfette n’en croyait pas ses oreilles. Il ne manquait pas de toupet. Éberluée et agacée, elle allait lui répondre lorsqu’il poursuivit :



Et d’un geste, il baissa sa culotte. Un murmure de stupéfaction parcourut l’assemblée. La Schtroumpfette était elle aussi impressionnée. Elle détailla un instant l’anatomie surprenante du Grand Schtroumpf, mais répondit finalement :



Le Grand Schtroumpf se rhabilla tristement sous les regards amusés des autres, puis s’éloigna tandis que tous reportaient leur attention sur la Schtroumpfette, voulant chacun tenter sa chance. Celle-ci posa finalement son regard sur le Schtroumpf Costaud, qui n’eut que le temps de sourire avant qu’elle l’entraîne derrière elle et claque une nouvelle fois sa porte.

Tous se précipitèrent encore jusqu’à la fenêtre, mais la Schtroumpfette l’ouvrit soudain pour fermer rageusement ses volets.



Quelques-uns commençaient déjà à s’éloigner lorsque la porte s’ouvrit de nouveau, révélant la Schtroumpfette toujours plus cramoisie, qui éjecta de toutes ses forces le Schtroumpf Costaud en criant :



Dépité, le prétendant déchu s’éloigna à son tour sous les regards moqueurs et rassurés de ses congénères.



Elle en saisit un par la main.



L’élu se targua d’un vaste sourire et adressa une grimace à tous les autres avant de suivre la Schtroumpfette en s’écriant :



La porte se referma une nouvelle fois derrière eux.



Un silence attentif s’installa, bientôt troublé par les gémissements perçants de la Schtroumpfette. De nombreux soupirs de dépits s’élevèrent de l’assemblée déçue. Mais un hurlement suraigu retentit soudain. Et quelques secondes après, la porte s’ouvrit encore. La Schtroumpfette balança son compagnon d’un instant en beuglant :



Sans un mot, elle attira vers sa maison le plus proche d’elle en maugréant :



Hélas, il s’agissait du Schtroumpf Bêta. Celui-ci se laissa conduire et la Schtroumpfette referma la porte derrière eux, sous les rires nerveux de tous les autres Schtroumpfs. Les plus agacés s’en allèrent assez vite, tandis que certains attendaient tendant l’oreille, un sourire aux lèvres.



***



Plus loin, dans un autre endroit du village, le Schtroumpf Farceur était en train de jouer au poker avec le Grand Schtroumpf, le Schtroumpf Costaud et le Schtroumpf Gourmand. Ils virent bientôt arriver de nombreux autres Schtroumpfs.



Le Grand Schtroumpf explosa de rire.




***



La Schtroumpfette restait finalement incroyablement longtemps avec le Schtroumpf Bêta. Qu’est-ce que cela voulait dire ? À ses quelques gémissements se mêlaient maintenant les plaintes spasmodiques de son compagnon. Comme le temps passait, tous ou presque abandonnèrent la partie et s’éloignèrent définitivement de la maison. Tous sauf le Schtroumpf à Lunettes, qui, l’oreille collée sur la porte, essayait de ne rien rater, et le Schtroumpf Grognon qui n’avait pas envie de s’en aller.


Quand le Schtroumpf Bêta ressortit enfin, un sourire vainqueur accroché aux lèvres, il avait déjà l’air moins bêta. La Schtroumpfette le suivait ; elle avait meilleure mine que quelques minutes auparavant, mais ne paraissait tout de même pas pleinement satisfaite.



La Schtroumpfette soupira longuement. Le Schtroumpf Bêta se tourna vers elle et lui déclara d’une voix confiante :



Il l’embrassa sur la joue de toutes ses forces. Elle se laissa faire puis lui répondit doucement :



Il s’éloigna, ravi, sous les yeux moqueurs du Schtroumpf Grognon. La Schtroumpfette regarda encore une fois avec déception les deux ultimes Schtroumpfs qui restaient là.



Et tandis que le Schtroumpf à Lunettes entamait une longue diatribe et que le Schtroumpf Grognon bougonnait à mi-voix, elle s’écria :



Et elle les prit chacun par une main, les tirant après elle vers l’intérieur de sa maison.



***



Une vingtaine de minutes plus tard, alors qu’ils étaient toujours occupés à jouer au poker, le Grand Schtroumpf et le Schtroumpf Farceur virent s’approcher la Schtroumpfette, apparemment épuisée, mais arborant toujours un air insatisfait. Elle les interrompit bientôt :