n° 13130 | Fiche technique | 28956 caractères | 28956 5131 Temps de lecture estimé : 21 mn |
29/01/09 |
Résumé: Jeff et Tiphaine vont mettre leur projet démentiel à exécution. Le labo de neurobiologie va-t-il s'en remettre ? | ||||
Critères: #fantastique f collègues | ||||
Auteur : Jeff169 Envoi mini-message |
DEBUT de la série | Série : L'échange Chapitre 01 / 03 | Épisode suivant |
Je me sens moite, nu sur le fauteuil médical, ça commence à me coller le dos. Toutes ces électrodes sur la tête me donnent des picotements et puis il y a l’infâme breuvage ingéré qui me donne la nausée.
On ne peut pas dire que l’ambiance soit détendue et ça ne me rassure pas. J’ai alors une pensée envers les animaux que nous employons à nos recherches. Non, les paillasses, les cages, tous ces fils, l’électronique, bien que ce soit notre lieu de travail depuis un an, ce n’est pas rassurant. C’est là qu’on s’échine du matin au soir quand ce n’est pas la nuit : le labo de neurobiologie expérimentale. En plus, normalement, je n’y suis pas la queue à l’air !
Nos fauteuils se font face et c’est un peu gênant bien sûr. Ne pas prendre le moindre risque d’électricité électrostatique, plus tout le fatras d’électrodes : exit les fringues. Les fauteuils de face, ça en rajoute un peu, mais fallait bien que j’ai l’œil sur la console, prêt à stopper le générateur, et elle le contrôle des signes vitaux.
Après un moment de tension, on se sourit, puis on commence même à rigoler un peu. Nous savons que ça va bien prendre un quart d’heure avant que l’on parte dans les vapes, alors autant se détendre. Pas la peine de stresser. On ferme les yeux pour se calmer, mais on les rouvre aussitôt. Alors on se regarde.
Tiphaine est vraiment canon. De la façon innommable dont elle se fringue habituellement, c’est plutôt quand elle est à poil qu’on s’en aperçoit. C’est une belle blonde à la peau mate, athlétique mais sans lourdeur, sauf peut être ses jolis seins qui sont généreux. Nous sommes légèrement allongés sur les fauteuils médicaux, façon cabinet dentaire. C’est carrément indécent. Sur le coup, la chatte noire de la blonde m’a surpris, puis j’ai trouvé ça plutôt sympa.
Ce n’est pas le terme en fait. Façon de parler : sympa, voilà un terme inapproprié, peut-être pour conjurer l’émoi ? J’ai le cœur qui bat, et après avoir fait plus ou moins semblant de ne pas la reluquer pendant qu’on se déshabillait, je me suis souvenu de l’entreprise que nous étions en train de mener. À côté de l’énormité de notre projet, il m’apparaît subitement ridicule de s’arrêter à ces pensées, plus dignes d’un potache que d’un chercheur.
Maintenant, je commence à trouver le temps long, alors que je vois Tiphaine me tirer la langue pour s’occuper. Elle a vraiment un beau visage, des yeux bleus, les pommettes hautes, un regard tantôt grave et mystérieux, tantôt une moue polissonne. Elle a beau faire des grimaces, elle est belle. Et puis au labo, on a l’habitude de la voir déconner, c’est une sorte de seconde nature.
Tiens, voilà quelle s’agite un peu sur son siège. Toujours en me tirant la langue, elle oscille son corps pour faire balancer ses nichons de droite à gauche, mais qu’elle est con ! Faut toujours qu’elle trouve un truc. Je n’avais pas vu à quel point ses seins étaient… zut, voilà que ça commence à me faire de l’effet.
Déjà que c’est assez gênant comme ça, je vais quand même pas me mettre à bander !
Et voilà qu’elle s’amuse à ouvrir les cuisses en grand maintenant ! Puis d’un mouvement rythmique elle les ouvre et les referme alternativement, tout en faisant une moue langoureuse de la bouche. Malgré la faiblesse de l’éclairage, de loin, du rouge sombre apparaît au milieu de la touffe noire. Ça y est ! je me mets à bander carrément, pas moyen de travailler sérieusement avec Tiphaine ! Voilà que, désignant mon membre d’un doigt accusateur, elle mime un oh ! outré, la bouche en cul de poule, tout en faisant les gros yeux, telle une mère supérieur prenant en flagrant délit une masturbation adolescente. Je trouve cela très gênant, pas érotique pour deux sous, débandant même, enfin normalement.
Ne pas parler surtout, c’est ce qu’on a dit dans le protocole.
Alors, le bruit du générateur s’accélère. Ça fait un bon quart d’heure qu’on a avalé le produit, et on part dans les limbes…
***
Mais d’abord, il faut expliquer un peu ce que l’on fait là.
Tout a commencé quand on a intégré le labo de neurobiologie expérimentale. Tiphaine en tant que thésarde et moi en tant que chercheur après ma thèse de trois ans aux États-Unis, tous deux attachés au service du Professeur Franck Leschtein. Mondialement connu, un peu barge, depuis qu’il pense qu’il n’aura pas le Nobel, il a tendance à partir en vrille.
Tiphaine est une mathématicienne qui dépouille nos résultats fumeux et m’assiste aussi en traitement du signal. Elle se planque derrière des lunettes et s’habille comme un sac pour cacher son jeu. Elle m’a leurré pendant quelques semaines, mais quand j’ai commencé à zieuter un peu, j’ai bien vu qu’elle était top. Le genre sportive, en forme, la poitrine opulente camouflée sous des pulls informes.
Ses yeux bleu azur transpercent, scotchent, décalquent, je ne trouve pas les mots. La première fois qu’on les voit surtout. Après, quand on la fréquente tous les jours, ça crache moins. Doit y avoir un truc dans le cerveau qui baisse le volume pour sauver des neurones.
Quand je l’ai connue, je sautais tout ce qui bouge. Après les américaines, j’avais des besoins affectifs, intellectuels et cérébraux. Il a fallu se calmer un peu. Sur un campus ça le fait pas, même si on est le premier assistant du Professeur machin. Bientôt maître de conf, là ça le fait encore moins. Ça n’a pas pu durer :
Quand le Professeur Leschtein entame une tirade, un : on se tait, deux : on écoute, trois : on est d’accord. Si jamais quelqu’un pense avoir un autre avis, il a intérêt à vérifier dix fois sa démonstration pour être sur de son coup avant de l’ouvrir un peu.
Là, y avait rien à redire.
Et puis avec Laurence, dont je n’ai pas encore parlé : ma petite brunette garçonne, je m’étais assagi. Enfin une dont j’écoutais les mots et regardais les yeux avant de mater les fesses.
De son coté, Tiphaine faisait profil bas. J’ai mis du temps à m’apercevoir que je n’étais pas le seul attiré par la chair fraîche. Elle avait une bien meilleure méthode que moi : elle ciblait l’étudiant étranger de passage, hop, on s’attache pas ! Bon, elle était pas nympho, non c’est pas ça. Mais il lui fallait du matériel pour faire ses statistiques, déformation professionnelle en somme. Suite à la tirade du maître à penser et comme on travaillait ensemble, il nous est clairement apparu que, non, on n’échangerait pas nos fluides : mauvaise idée, y aurait faute !
Du coup, découvrant l’un l’autre nos penchants pour le sexe tout en étant frappés d’interdiction, on s’est découvert une sorte de complicité, une connivence en la matière pour se soutenir, ou même s’aider à faire des plans. Au bout de quelques mois à ce régime, on s’est côtoyés comme frère et sœur, mieux : acolytes !
Maintenant, je suis plus ou moins célibataire depuis que Laurence m’a largué. Allez ! plutôt plus que moins car je suis un peu dégoûté des derniers développements. Faut dire que ça n’allait pas très bien entre nous et quand le sexe ne va pas bien dans un couple, vaux mieux pas insister. On s’amusait bien ensemble, sortir à Paris, on aimait les mêmes films, les mêmes concerts. On avait envie de manger la même chose en même temps et le tout à l’avenant. Seul problème : au lit, un vrai bout de bois. Peut être que j’étais pas doué, mais avec les autres filles, ça marchait correctement. Bref ça s’est fini au téléphone de façon simple : adieu, qu’elle me dit ! Sylvie emménage chez moi. Mais si, Sylvie, tu sais, celle qui peut pas te piffer…
Pour une meuf en plus, j’avais l’air con. C’étais bien la peine d’avoir des envies de me ranger avec une chatte dont j’appréciais les neurones. Et puis ça me sortait un peu de ce milieu universitaire, Laurence n’ayant rien à voir avec tout cela.
***
Depuis quelque temps, ça partait en vrille au labo. On sortait du train-train pour embrayer sur des expériences délirantes, hors de tout contrôle éthique. Ça avait commencé comme par accident avec les souris. Puis un chien et un chat. Évidemment, on n’était sûr de rien, mais des petits malins comme nous ont rapidement pensé à étendre les choses.
Pour faire court et en simplifiant, c’est à peu près cela : à force de faire de l’imagerie mentale sur des souris, on a évidemment cherché à savoir si envoyer dans l’autre sens les micro-courants que l’on mesurait leur mettrait des idées dans la tête.
Comment peut on avoir une idée des idées des souris ? Ça a l’air fumeux mais c’est très simple. Il y a plein d’outils de mesure qui partagent tous les mêmes principes : mesurer la performance de la souris pour obtenir de la nourriture ou éviter une punition. La performance, ce n’est pas compliqué : c’est le temps pour traverser un labyrinthe, ou encore l’appui sur la bonne touche de couleur qui donne le bout le fromage mais pas le coup de jus… La performance progresse avec l’entraînement, une nuit de sommeil, une meilleure alimentation, etc.
Là ou ça devient intéressant, c’est qu’on s’est aperçu qu’en enregistrant l’activité neuronale d’une souris progressant dans un labyrinthe, si on la recrachait sur une autre pendant son sommeil, celle-ci révélait le lendemain la même performance qui si elle avait été entraînée sur le labyrinthe ! Je passe les détails de comment faut bidouiller, triturer les ondes émises pour les mettre sous une forme apte à la transmission, mais il y a de quoi écrire un bouquin, non, une thèse, la mienne d’ailleurs !
Bref, après une erreur d’un technicien qu’avait laissé un truc branché toute la nuit, on a été surpris du résultat. Après quinze mille test que je ne détaillerai pas, on est arrivé à la conclusion que ce n’était pas que l’entraînement de la veille qui était passé dans l’autre animal, mais la totalité de l‘esprit de l’émetteur, en tout cas ce qu’on en savait : Euréka !
Réunion secrète dans le bureau du Professeur Nimbus, comme on l’appelait :
Comme d’habitude, telle une messe papale, on écoute religieusement. Ça nous fait un drôle d’effet, le mot magique, j’en banderais presque, mais c’est pas le mot ! On se jette un coup d’œil, et d’une même voix, Tiphaine et moi, on dit :
Après six mois de travail acharné, ça a commencé à donner.
Bon, il y a quand même eut des petits couacs. À un moment, on swape un chat avec un chien. Je sais pas ce qui a déconné avec les attaches mais alors, le chat s’est mis à poursuivre le chien en tentant des aboiements bizarres. Le plus drôle, c’était de voire un clebs essayer de faire pfuiiiiii, comme font les chat quoi. La vraie connerie, c’est que la fenêtre du labo était ouverte.
Ils ont filé en sautant du premier étage. J’étais moi-même près de cette fenêtre et n’ai eu qu’à pencher un peu la tête pour constater que l’expérience était un succès à cent pour cent. En effet, le clebs poursuivi s’est magistralement récupéré sur ses pattes alors que ce con de chat s’est ramassé sur la tronche. Heureusement que ça donnait sur le gazon. Finalement, on n’a pas eu le temps de se servir du ronron ni du canigou. Les paris pour savoir lequel mangerait quoi allaient bon train.
Devant les regards interrogatifs du Professeur Leschtein et de la Tiphaine :
Après, je ne sais pas comment ça nous est venu à l’esprit avec Tiphaine, tu parles de chercheurs, on avait sûrement trop travaillé. Plus toutes nos facultés. Bref, les négociations n’en finissant pas avec les labos spécialistes des primates, ce contretemps commençait à nous gonfler sérieusement. En plus il y avait le Professeur qui commençait à déconner un peu du chapeau, à croire qu’il avait fait des tests avec une huître. Alors on a déliré la dessus un soir de bière, dans l’appartement de Tiphaine, en tout bien tout honneur comme d’habitude.
Voilà comment nous en sommes arrivés là.
***
Dans le labo aux néons blafards, une silence de mort règne. Le générateur s’est arrêté. Rien ne bouge, même les hamsters pioncent. Je suis rassuré d’aller à peu près bien et commence à m’ébrouer. Un coup d’œil à l’horloge murale : deux heures du mat, quand même !
J’ai mal à la tête, mais ce n’est rien à côté de l’émotion qui me prend quand je regarde le siège qui me fait face. Eh oui, j’ai changé de place. Pourtant, depuis le temps qu’on en discute et qu’on s’était mentalement préparés, la surprise est la plus forte ! Me voir en face de moi, sans qu’il s’agisse d’un miroir, ça perturbe. Je suis quelque peu affalé sur le siège, après le choc du transfert. Je regarde mes seins, de beaux seins lourds. Lourds, oui, c’est ça l’impression première, cette pesanteur perçue tant physiquement que par la vue.
Levant les yeux vers l’autre, j’ai alors une réaction surprenante. D’un bras, je cache mes seins puis je croise les cuisses qui couvrent en un instant la belle chatte noire que je n’ai pas pris le temps de contempler. J’ai cet élan pudique, je n’ai pas envie qu’elle, enfin qu’il me voie, l’autre. Ça commence bien, ce genre de réaction ! Alors qu’avant le transfert, je matais impunément ce corps voluptueux, Tiphaine éclate de rire en voyant la mimique, elle est carrément explosée et ça m’agace pas mal. Déjà, il parait qu’on n’aime pas entendre sa voix enregistrée, ce qui n’arrive presque jamais, à moins d’être artiste du showbizz. Mais là, ce rire débridé en regardant ma nudité, cette voix qui me semble être celle d’un étranger, ça m’exaspère un max.
Je vais vers le siège ou Tiphaine à déposé tout à l’heure ses fringues, puis lui tournant le dos, je m’empresse d’enfiler la petite culotte. Je m’observe lors de ces gestes. Du dessus, je ne vois que mon pubis poilu. Pour me contempler la chatte, plus tard peut-être je jouerai au petit miroir, mais ce n’est pas le moment.
D’un coup d’œil par dessus l’épaule, je constate que Tiphaine ne bouge pas et m’observe. Je suis toujours gêné et me demande bien pourquoi. Bon, le soutien-gorge maintenant, un grand moment s’annonce. Finalement, je retrouve le sourire, appréciant le comique de la situation.
Alors bon, c’est pas ce truc dix fois plus simple qu’un harnais de planche ou qu’une ceinture de trapèze qui va me faire passer pour un con ! Je le prends par les bretelles, sûr qu’il ne se présente pas à l’envers, je m’en entoure en mettant le devant derrière, maîtrisant ainsi les attaches que j’ai sous le nez, malgré les deux gros seins qui cachent une partie de la manœuvre.
Clac, du premier coup, ensuite, un petit cent-quatre-vingt pour mettre les bonnets du bon coté, j’enfourne un sein, puis l’autre, hop. Mes mains fines, si petites et qui ont palpé ainsi mes généreux attributs, ça me fait un drôle d’effet qui se propage immédiatement entre mes jambes, c’est malin !
Maintenant, la bretelle droite, là il faut le maximum de souplesse pour passer la main, l’avant-bras, le coude, puis le reste du bras, s’enfilant ainsi dans la bretelle, en glissant alors au plus près de l’épaule comme un serpent agile. Après la réussite de la droite, la gauche n’est qu’une formalité, hop. Bon, moins de dix secondes, je suis sûr qu’avec de l’entraînement je peux arriver à cinq !
Clap, clap, Tiphaine applaudit en rigolant, et dit :
Fier de ma maîtrise, je me retourne pour constater avec effarement qu’elle bande carrément, toujours dans la même position sur le siège, impudique. Décidément, chacun son tour, mais paradoxalement, moi, ça ne me fait pas rire.
Logiquement, la partie fringue est censée poser moins de problèmes à une nana, du moins tant qu’elle n’a pas de nœud de cravate à faire.
Elle dit :
Elle commence à m’agacer avec son problème d’adolescent pubère. C’est vrai que depuis que Laurence m’a largué, j’ai été bien sage, et avec tout le sport pratiqué ces dernières semaines, je n’ai pas effectué cette hygiène intime et personnelle depuis un bout de temps. Je dois dire aussi que j’en ai fait un peu exprès.
Depuis le temps que Tiphaine me gonfle, lors de nos conversations sur l’ordre du monde, avec ses critiques envers tous les mecs « qui pensent avec leur queue ». Alors, je lui livre un corps en parfait état de marche, reposé, en grande forme et qui déborde après trois semaines d’abstinence. Trois semaines, ça n’a pas dû m’arriver depuis… je ne sais combien de temps ! La blague est un peu triviale mais j’en riais d’avance, l’imaginer se débrouiller avec ça. Maintenant, c’est moi qui suis ennuyé !
Pendant que je finis de m’habiller, je regarde Tiphaine, qui a l’air de s’empêtrer rien que pour enfiler mon pantalon. Heureusement que pour moi, c’est blue-jean tee-shirt, je ne me serais pas senti à l’aise en robe ou en jupe, allez savoir pourquoi. C’est d’un comique quand même, l’état de Tiphaine. Bon, quand on bande un peu, pas de problème, on range l’appendice, on pense à autre chose en s’habillant et tout rentre dans l’ordre. Mais la trique complète, pas sûr que d’essayer de se fringuer suffise à calmer les choses. C’est sûr que n’ayant pas l’habitude, le frottement des vêtements sur le gland, surtout si c’est une fille dont la vision d’une érection mette dans tous ses états…
Finalement ça m’agace de voir ce corps gauche essayer de s’habiller. J’ai l’impression de voir l’idiot du village et ça m’ennuie l’amour propre. Que faire ? je ne vais quand même pas lui verser un seau d’eau froide sur la tête, non ? J’ai une idée !
Ensuite, je finis de me saper à fond la caisse, boucle le sac, faisant semblant d’être prêt à l’abandonner pour aller me planquer, la laissant seule à moitié à poil au milieu du labo.
Je jubile devant ce moment de panique et lui dis que je vais aller voir. Puis, revenant même pas une minute après :
Je l’aide un peu en lui tendant une chaussure, puis mon blouson. Je savais bien qu’une bonne frousse, ça fait débander en trois secondes, c’est nettement plus efficace que de suggérer de respirer à fond ou encore de penser au stock de PV impayés. Je commence à avoir un peu honte de l’état dans lequel je lui ai livré le service trois-pièces. Bon, après une semaine d’abstinence, il suffit de croiser une jolie jupette pour que ça commence à remuer, après deux semaines, un coup de fil féminin suffit pour s’émouvoir, après trois semaines, il faut une camisole, un traitement pharmaceutique ou une chèvre, façon de parler.
Après ces émotions, qui apparemment l’ont bien calmée, on se fait un dernier brief comme promis. Chacun est équipé du sac de week-end préparé par l’autre, Tiphaine commence :
Alors, elle me détaille ses mensurations. Je note sur mon petit calepin. N’étant pas spécialiste de la question et sans avoir récemment offert de lingerie ou d’autres vêtements féminins, les chiffres sont pour moi un peu abstraits. Sans surprise, le soutien-gorge m’apparaît dimensionné.
Entendre cette description par ma voix qui sort de mon corps m’apparaît complètement surréaliste, j’y crois pas. Zut ! on a oublié un caméscope, voilà le moment d’anthologie qui s’envole !
Elle rit aussi, puis me regarde d’un air songeur.
On finit nos sacs et on se dit que pour les trousses de toilettes, on peut bien garder nos dentifrices.
Mais non, je suis bête : le rasage !
On continue en essayant de faire le tour de la question. Et pour pisser tu t’essuies avec du papier ? Quand une femme a envie d’aller aux toilettes, c’est irrépressible ? Et si on bande, on peut ? Ça n’en finit pas, il y aurait de quoi écrire un bouquin. D’ailleurs, il y en a peut-être. Mais sans doute pas aussi riches en détails techniques. Éjaculer, ça fait mal ? Tu dors à poil ? On s’en fout ! Thé ou café ? Euh…
Il faut absolument qu’on disparaisse pendant ce week-end prolongé. Pas de contact avec les connaissances, même au téléphone, c’est presque impossible d’avoir une conversation sans faire d’impair.
Bon, on garde nos appartements quand même, c’est plus pratique, sauf pour les fringues. Et puis s’échanger nos appartements, on trouve ça un peu trop intime, quand même ! Par contre, faut se passer les voitures, il y a trop de gens qui les connaissent sur le campus.
Voilà, tout est au point, on n’a rien oublié. On ferme le labo, chacun son sac puis on quitte le bâtiment pour s’engager sur le parking. C’est quasi désert, normal pour un vendredi soir. Pas un pet de vent, c’est un grand calme qui nous entoure et ça tombe bien. L’odeur de feuilles mortes nous enveloppe.
C’est une fraîche nuit étoilée, la vague de froid annoncée n’est pas encore là. Parfois, on bosse tellement qu’on ne voit plus rien, on ne vit plus. Pour reprendre pied, le mieux, c’est la nature. Le parking du dernier bâtiment qu’est notre labo est cerné par les bois, sorte de clairière dans la forêt. La nuit sans lune laisse place aux étoiles. Y en a tant que ça ! me saisit toujours la surprise à ce moment-là. Alors, je me sens vivre et recouvre, comme après une longue absence, une connexion avec l’univers dont je suis une infime partie. Sur le moment, je me sens différent. Maintenant il y a une bonne raison.
On ne se parle pas car tout est dit. Chacun dans ses pensées, on essaye d’entendre nos corps pulser ou quelque chose comme ça. Nos démarches sont empesées, presque maladroites, comme semble parfois la foulée d’un nain. Qui nous verrait pourrait croire que l’on redécouvre la marche, après une journée de vélo, un mois d’hibernation ou deux semaines de navigation.
L’apprentissage des corps ne fait que commencer.
Les voitures nous attendent sagement. Je songe, en souriant, que les bagnoles ne s’apercevront de rien, facile comme premier test ! Une fois dans nos véhicules respectifs, on s’installe et on fait le petit tour d’inspection des commandes, cérémonial habituel lorsqu’on se fait prêter un véhicule. J’insère la clé et démarre, vroum, c’est quand même impressionnant cette folie, me dis-je alors. J’ai pas eu à toucher au siège ni au rétro : très pratique !
Je me vois, enfin, l’autre disons, quittant le parking au volant de ma voiture, un petit signe d’adieu, et voilà.
C’est fait.
***
Me voilà dans mon appartement, vautrée sur le canapé. Marrant, les escaliers en courant. Avec la forme physique de Tiphaine, je ne me sens pas essoufflée, non, ce n’est pas cela. J’avais juste moins la caisse, moins de puissance pour galoper sur les marches. Et ces gros seins, c’est chiant, ça se balade, on est presque déséquilibrée quand on court. Heureusement que Tiphaine m’a mis un soutien-gorge de sport dans son sac. « Tu vas voir, ça serre fort, mais c’est normal. »
Je me tâte un peu, ayant l’étrange plaisir mélangé d’aimer peloter une poitrine tout en sentant celle-là caressée. L’impression est trouble. Il est plus de deux heures du mat et je commence à piquer du nez, mais j’ai trop envie de me faire des trucs.
Arrivée dans la chambre, je mets un coup de lumière tamisée, je me demande pourquoi, puis je m’assois sur le lit, en face de la glace de l’armoire.
C’est dingue l’effet que ça me fait. Je n’ai pas envie d’aller me faire enfiler – par qui d’abord ? - ou de me faire draguer par une tendre minette. Pas pour le moment. Non, là, ce qui me fait drôle, c’est de me regarder dans la glace et de trouver que j’ai envie de moi. J’ai envie de m’occuper toute seule, de ne m’offrir à aucun regard, sorte de narcissisme envers ce corps de femme. Je me demande encore ce que je vais faire.
Je mets un peu de musique calme et commence à danser lentement sur le lit, m’agitant de trémoussements suggestifs, j’imite alors les simagrées que faisait Tiphaine en attendant le transfert. Je commence à m’étourdire dans une spirale positive d’excitation visible qui m’enflamme.
Le pull et la chemise s’envolent, puis, cessant la danse, je suis prise d’une excitation frénétique pour me dévêtir, comme ça me prend parfois avec une copine, quand les deux tourtereaux prennent feu en même temps. Dans un flash, je me demande alors comment il fut possible que nous n’ayons pas pratiqué ces jeux ensemble avec Tiphaine. Tout ce temps perdu !
Je m’assois, haletante, écrasée de fatigue, par le stress de ces dernières semaines, le contrecoup du transfert. Je m’interroge un instant sur la part mentale et la part chimique du stress, puis me dis qu’en l’état, ce n’est pas identifiable. Et puis, Tiphaine a vécu les mêmes pressions que moi ces derniers temps. L’esprit scientifique revient au galop, voilà qui est bien débandant je dois reconnaître. Je m’aperçois combien il fait frais dans l’appartement et me glisse vite sous la couette, pour me mettre en boule en attendant que ça chauffe.
Je cherche une position. Sur le coté, un sein affaissé sur le drap, l’autre alangui sur le premier, oui, voilà une position reposante. Je remonte les genoux pour adopter une position fœtale, et glisse une main entre les cuisses. Je relâche tous les muscles de mon corps, frotte un peu la toison par de petits mouvements de cette main prisonnière.
Toute la pression de ces derniers mois de folie se détend. C’est bon, je m’endors…
À suivre.