n° 13141 | Fiche technique | 25826 caractères | 25826 4573 Temps de lecture estimé : 19 mn |
04/02/09 |
Résumé: Sachant la situation éphémère, il convient d'en profiter un maximum avant de réintégrer ses pénates. | ||||
Critères: #humour #fantastique fh ff | ||||
Auteur : Jeff169 Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : L'échange Chapitre 03 / 03 | FIN de la série |
Résumé de l’épisode 1 : Chercheurs au laboratoire de neurobiologie expérimentale du Professeur Leschtein, Tiphaine et Jeff se sont lancés dans une expérience infernale : échanger leurs corps en transférant les esprits d’un cerveau à l’autre. Après un transfert réussi dans le plus grand secret – personne d’autre n’est au courant - chacun est rentré chez soi pour s’endormir rapidement, épuisé par la fatigue de l’opération. L’échange ne doit durer que trois jours et les polissons se sont accordés pour s’amuser un peu et même beaucoup, plutôt que de multiplier les tests cliniques : on n’a qu’une vie !
Résumé de l’épisode 2 : Jeff ayant été récemment largué par Laurence pour une femme, il lui prend l’idée saugrenue d’aller voir Laurence alors qu’il habite le corps de Tiphaine, sûr de l’effet produit sur quiconque par la belle. Ce qui devait arriver arriva, c’est une passion torride qui unit les deux jeunes femmes au premier coup d’œil. Après cette première nuit chaude du samedi, le deux filles se retrouvent au café en attendant la séance de cinéma.
***
Dans le bar, on se regarde en rigolant. Et hop, un demi pour ces demoiselles, en attendant la séance. On a les yeux qui se caressent, c’est doux, bien chaud et les regards glissent, comme nos corps quand on est toutes mouillées. On rigole, parce qu’on se souvient que pas plus tard qu’hier soir, on se demandait l’une et l’autre si on allait oser un petit bécot, comme ça pour rien.
Finalement on s’est câlinées sans retenue et c’est le contraste qui nous fait rire. C’est ça qu’est bien : pas de retenue, pas d’enjeu, pas de calcul, non, on veut juste se lâcher et se donner tout plein d’amour et voilà. En fait, c’est l’idée qu’on réagit de la même façon, qu’on a les mêmes élans, les mêmes doutes puis les mêmes certitudes, qui nous lie à ce point. Pas besoin de discuter à n’en plus finir sur nos idées générales, nos idéologies, notre histoire, non. On a envie l’une de l’autre, et surtout, au-delà de nos corps, on bouge en même temps, à l’unisson, on a les mêmes goûts, on parle pareil et ça c’est géant !
J’ai à un moment une idée, un désir inouï : de faire faux bond à Tiphaine, de pas lui rendre son corps, rien que pour rester avec Laurence, comme ça. Impossible évidemment, pas question ! Et je n’en ai pas vraiment envie, juste le désir, maintenant, ce n’est pas pareil.
Je ne pouvais pas lui dire que j’avais filé dans des magasins de moto à commander des pièces, ni que la tante imaginaire qui avait permis de machiner le week-end n’existait pas. Quoique, quand on trame des mensonges, faut toujours un fond de vérité, et j’ai entendu parler d’une tante parisienne de Tiphaine. Sait-on jamais qui rencontrera qui un jour ?
Maintenant, on se tient les mains en se regardant dans les yeux. Elle me plait toujours autant, les lèvres charnues de sa petite bouche sensuelle m’excitent quand je repense à combien elle m’a câliné cette nuit. Quand j’y songe, c’est la première fois que Laurence jouit comme ça dans mes bras, ça perturbe un peu mon ego de mec quand même.
Là, je plonge son visage dans ma touffe et lui caresse le clitoris, voilà qu’elle se met à gémir sans retenue !
Elle me regarde de ses yeux brillants comme si j’étais le Père Noël et voilà que ça recommence, je sens qu’elle me fait mouiller. C’est pas possible cette nouvelle manie. Avant je ne bandais pas comme ça, à tout bout de champ. Il va falloir que j’ai une conversation avec Tiphaine, qu’elle me dise franchement si c’est dans ses habitudes d’être comme ça !
***
La salle de cinoche est au trois quarts vide. Ça arrive, lors d’une reprise. Forrest Gump, quand même ! Mais c’est peut-être normal pour la première séance du dimanche après-midi.
Laurence est en jogging. Elle qui est tout le temps décontractée, le dimanche, c’est pareil. De grosses tennis montantes, le jogging gris qui lui moule bien ses petites fesses. Elle a un collant dessous, a-t-elle répondu quand je lui ai demandé si elle avait pas froid. Au dessus : tee-shirt, pull ample et gros anorak molletonné.
J’ai une jupe en velours, couleur marron, teintes chaudes pour l’hiver. Finalement, je me suis résolue à quitter les fringues unisexe, mais je ne me sens pas trop à l’aise. Heureusement que les bottes assorties n’ont pas trop de talon. J’ai mis mes nouveaux sous-vêtements, il me vont comme un gant, mais ce coup-ci on pourrait dire comme un bonnet. En tout cas je plais bien à Laurence et c’est le principal.
Au Vietnam, Forrest se conduit en héros, Laurence pose sa tête sur mon épaule, on se serre pour se tenir au chaud, les mains mêlées, planquées sous les anoraks posés façon couverture pour grand-mère.
Au moment où Forrest est présenté au président des États-Unis, je glisse ma main entre ses jambes, m’insinue entre le collant et le jogging, bien au chaud et songe que la température va monter.
Au moment où une tempête fait rage et coule tous les crevettiers, sauf celui de Forrest, ma main s’enhardit pour me glisser sous les couches de tissu, pour s’insinuer au milieux des poils lissés, tassés par les vêtement. J’avance très lentement pour ne pas tirailler la forêt, je me pose en douceur près du petit bouton, le voilà, doucement, on ne bouge plus, la tempête est finie, tout est calme.
Forrest Gump court à n’en plus finir au travers des États-Unis. La main réchauffée de Laurence s’insinue sous ma jupe, sous ma culotte, ouille, ça me tire un peu les poils, et voilà : elle pose son doigt sur mon petit bouton, au millimètre près.
Plus tard, Forrest est millionnaire car son associé, le lieutenant Dan, a investi dans une société de fruits et légumes : Apple Corporation. Laurence écarte un peu les jambes et pose sa main sur la mienne, celle qui se réchauffe dans ses poils.
On est bien comme ça, sa tête penchée sur mon épaule. J’ai l’index au chaud, juste sur son petit bouton, sans bouger et elle c’est pareil. On n’a pas besoin de remuer, de gigoter, tout va bien et Forrest va avoir un bébé.
Plus tard, Forrest dit à une vieille dame :
Toujours sans bouger, nos doigts posés sur nos petits boutons, on sent comme une vibration, un micro-courant électrique, une connexion.
Plus tard, les lumières s’allument, nos mains se retirent tout doucement, s’extrayant en douceurs de forêts.
J’ai envie de frotter mes poils dans les siens.
On sort du cinéma. Il fait encore plus froid que tout à l’heure, presque nuit, le vent s’est levé. Les enseignes luisent comme les phares des voitures. J’aime les reflets de couleur qui dégoulinent partout, puis on manque de se casser la figure en glissant sur les feuilles. Ça nous fait rire, on se tient fort, on ne peut plus se lâcher.
Bien installées au fond, près d’un radiateur, là où il fait chaud, on se penche l’une vers l’autre pour se rapprocher les visages, je prends ses mains dans les miennes pour les réchauffer. Je les caresse doucement, je les serre, toujours les yeux dans les yeux, on se met à parler de choses et d’autres pendant que nos mains se tripotent.
Je me demande alors si « Forrest Gump » est un film plaisant plutôt aux mecs qu’aux nanas. Le garçon arrive :
Au bout d’un moment, je commence à jouer avec ses mains en les malaxant. Ça y est, je sais ce dont j’ai envie. Sa petite main, ses jolis petits doigts aux ongles si courts, j’ai envie de sa main. Ça me prend comme ça, me surprend. Après m’être dit que c’est vrai, en tant que nana, après l’expérience de la nuit dernière, c’est clair que je serais homo et les queues, on s’en passe très bien. Mais après quelques heures de galipettes, j’ai bien eu cette envie ; être pénétrée. Et puis, c’est bien la peine de vivre cette expérience pour en rester là.
On a maintenant les mains chaudes, depuis le temps qu’elles se tripotent. J’en serre une dans les miennes, joins ses cinq doigts en pointe, comme on demandait aux élèves, en des temps anciens, de tendre les doigts afin qu’ils prennent un bon coup de règle sur ceux-ci. Je les tiens orientés vers moi, les observe, puis, avant de m’approcher pour les baiser, je regarde Laurence, pour voir si elle comprend mon manège. Elle semble comme retenir son souffle, je vois ses narines qui frémissent et son regard qui se trouble – on pense la même chose – ça la met dans un drôle d’état.
Elle me regarde d’un air fasciné, alors que je continue à jouer avec ses doigts. D’un même mouvement, je baisse la tête et approche sa main vers ma bouche. J’englobe les doigts de mes lèvres pulpeuses, les humecte de la langue, puis les serre un peu, résiste, tout en tirant sa main vers moi, comme voulant forcer le passage à l’intérieur de la bouche. Je me prête ainsi à penser que ces doigts ne vont pas glisser sans peine. Ensuite, brutalement, j’enfourne les doigts plus profondément, en ouvrant la mâchoire, desserrant mon étreinte et libérant le passage dans la bouche béante.
Je ne cherche pas ses yeux, pour qu’aucun regard n’interfère avec notre manège. Puis, il faut bien arrêter un moment, je retire sa main, et de la même façon que lorsque c’était rentré, la bouche s’oppose au mouvement par un effet de succion tout en serrant à nouveau ses doigts de mes lèvres. Un léger schlip bruite doucement l’affaire et nous éclatons de rire toutes les deux, bien contentes de notre manège.
On sait bien ce qu’on fait. J’ai envie pour cette nuit de cette façon. Ce qui me plait, ce n’est pas tant qu’elle accède à ma demande, mais plutôt que cette idée semble la mettre dans un état d’excitation avancée.
Les chocolats chauds arrivent. Heureusement que nous sommes planquées au fond du bar pour se livrer à ces petits jeux indécents. Ça sent fort le chocolat et ça me rappelle comment les odeurs de la nuit dernière nous ont enivrées.
Le temps d’agiter nos petites cuillères dans les bols, voilà qu’à son tour elle me prend la main pour jouer avec. J’ai comme une moiteur dans le dos maintenant qu’il commence à faire chaud. Elle approche ma main, pour engloutir le pouce et le sucer longuement.
Voilà qu’elle reste songeuse un moment. Moi aussi, je pense à ce week-end prolongé qui passe si vite. On sirote toutes les deux nos chocolats par cuillerées, j’aime bien quand ça dure longtemps, elle aussi.
Pour rentrer, on marche plus vite qu’hier, faut dire que cette fois il fait vraiment froid. La nuit est tombée complètement pendant qu’on sirotait non chocolats et qu’on s’amusait à des jeux de coulissements humides pour doigts agiles. Il y a une sorte de vent froid du nord qui charrie des flocons fondus. On se les prend dans la tronche alors que les mains sont au fond des poches et que les têtes tentent de rentrer dans le cou façon tortue tout en s’inclinant vers le bas, évitant aux visages d’être fouettés par le blizard.
***
Sur le lit, dans la chambre surchauffée par le renfort du petit radiateur électrique, après un quart d’heure de mamours et papouilles variées, j’en ai trop envie. Je me mets sur le dos, relève et écarte les cuisses, l’attire à moi en lui prenant une main.
Je dégouline suite à ses caresses appliquées. J’amène ses doigts vers mon visage, elle s’avance en se prêtant au jeu, je salive largement cette main en essayant de la rentrer complètement dans la bouche. Alors elle s’allonge sur le flanc, love son visage dans mon cou en mêlant nos poitrines, puis sa main descend et s’approche de ma chatte frémissante.
Puis on éclate de rire toutes les deux, ce qui rompt un peu la tension érotique, c’est quand même bien.
C’est étrange cette situation, il y a quelques années, quand je l’ai déflorée, c’était le contraire. Je ne sais pas si j’en ai une grosse et me moque un peu de ce genre de considérations. Laurence, menue, aux hanches fines, bien que musclée et charnue, Laurence est si étroite ! On avait mis du temps la première fois. Je lui demandais si elle voulait qu’on le fasse une autre fois. Non, vas-y, continue. Je sentais que ça rentrait pas comme une lettre à la poste. Ça m’excitait quelque part, cette comparaison morphologique, ma queue de la même taille que ses fins poignets.
Son bras glisse vers l’intérieur de mes cuisses. Les doigt tendus fouillent doucement, trouvent l’entrée. J’écarte les jambes, pour l’inviter, je retiens mon souffle, me détends. Deux doigts commencent, rentrent tout de suite. Ces doigts fins glissent en frottant à peine. Après le renfort des deux autres, les quatre se fraient un passage. De quelques mouvements forts, je sens son pouce qui, à l’extérieur, presse le clitoris. Elle continue ainsi, longtemps, je commence à me liquéfier.
Plus tard, ressortant presque tous les doigts, elle replie le pouce pour le joindre aux quatre autres. Je sens à son souffle accéléré, comme si cela lui fait encore plus d’effet à elle qu’à moi, que l’idée même de pratiquer cette pénétration la met dans cet état incroyable, comme si elle allait jouir sans même être caressée. Elle relève la tête et on se regarde dans les yeux malgré la pénombre. Sa main entière force le passage qui petit à petit s’ouvre. Je la sens pousser, elle veut m’empaler de sa main qui me pénètre, phalange après phalange. La main s’engouffre, elle me fourre alors de son avant-bras puis remue en battant doucement contre le fond. Comme le souffle coupé, ma respiration prend le rythme de ses allers et retours.
Je suis complètement trempée, ça coulisse facilement. J’accentue la rencontre en balançant mon bassin d’avant en arrière, amplifiant le mouvement, allant au-devant du bras, puis reculant les fesses lors du reflux. Proche de défaillir, je tourne mon attention vers sa jouissance, porte alors une main entre ses cuisses. Elle écarte les jambes et s’allonge sur ma paume, renforçant la pression, puis se met à accentuer ses mouvements qui se font plus forts. Bientôt, nous crions toute les deux, un spasme inouï me surprend, sa main ne peut plus bouger, comprimée par les contractions. J’ai l’impression de m’évanouir.
***
Le lendemain, le beau temps est revenu. Je me prépare à monter dans la petit voiture.
C’était trop bien, mais les meilleures choses ont une fin. J’ai rendez-vous ce soir avec Tiphaine pour récupérer mon corps. Le Professeur n’a pas beaucoup apprécié qu’on prenne en même temps un congé, nous, ses deux piliers ! De là à ce qu’il nous soupçonne de combler un retard en mécanique des fluides… S’il savait les heures sup qu’on a faites !
Laurence est dans mes bras, elle se cramponne, je n’arrive pas à décoller, à trois pas de la voiture de Tiphaine qui n’a toujours pas de PV. La météo sans doute ! Je suis déjà nostalgique et j’ai bien compris que c’était pas ma queue qui pourrait l’émouvoir. Est-ce qu’on pourra se revoir et devenir amis ? Drôle de question, en tout cas je sais qu’elle m’appellera un jour pour me demander des nouvelles de Tiphaine.
Parce qu’on a été clair tout à l’heure dans l’appartement. Elle a sa femme comme elle dit, et moi, j’ai inventé un régulier pour Tiphaine, bien en mal de pourvoir lui dire la vérité. Donc adieu, pas de regrets, mais on a toutes les deux le cœur gros.
Schmic, schmac les petits bisous. Ça y est, elle a les yeux qui brillent et puis moi aussi. Elle n’aurait jamais dû me raccompagner en bas. Je saute dans la voiture, vroum, un petit signe de la main et c’est parti. Voilà que je pleure, c’est con un corps de gonzesse quand même, c’est pas possible !
Sur la route, je me demande si lorsque je serais vieille - enfin vieux - je piquerais le corps d’un jeune homme vigoureux pour un transfert définitif. Pas sympa comme blague quand même. Envers un épouvantable repris de justice alors. Pour le moment, le transfert permanent n’est pas viable. Le cerveau semble partir en quenouille au bout d’un moment, c’est pourquoi nous devons réintégrer dès maintenant nos enveloppes. Peut-être qu’on pourra mettre ça au point un jour.
Je continue de songer aux possibilités fantastiques en faisant l’essence à la station de la route nationale. La CIA mettrait un pognon fou ! J’imagine : pour retourner un agent, quoi de mieux que de remplacer son esprit par celui d’un loyal fonctionnaire assermenté. On cultiverait des embryons pour… eh bien pour atteindre l’immortalité peut être, pas très éthique tout ça…
Le type me sort brutalement de mes rêveries.
J’observe le jeune homme, probablement un étudiant, c’est un beau métis, grand, un visage d’ange, un air avenant.
Une fois rentré ses grandes cannes dans la petite voiture de Tiphaine, on chemine doucement et je commence à divaguer. Oui. Non. Et puis les mecs, non quand même, non. Qu’est-ce qu’il est mignon faut dire, et si grand. J’ai quand même bien le feu au c… c’est pas possible ! Il faut que j’en touche deux mots à Tiphaine. Je viens à peine de me sentir si déchirée de quitter Laurence, alors…
Intérieurement je me dis qu’enseignante chercheuse, ça fait un peu trop « tête justement.
Je pense à la sensualité du bois, il doit avoir des mains habiles. Alors bon, pas de problème : il n’est pas sur le secteur, il risque pas de rencontrer Tiphaine un jour. En plus, je repense au fait – nos tests l’ont prouvé – qu’il n’est pas sain de reproduire l’expérience, donc, ce corps de femme, à tout jamais… alors je sais pas ce qui me prend mais je pose une main sur sa cuisse.
Je stoppe sur le bas côté en faisant le freinage de ma vie. Il part en claquant la portière après m’avoir gratifiée d’un magistral « connasse ! » Bon, voilà, quelle conne, je sais pas ce qui m’a pris, il a raison. Je ferais mieux de me rentrer chez moi. Un bon bain en attendant le rendez-vous avec Tiphaine. Qu’est-ce qui s’est passé ? Peut être que tout le monde n’a pas l’esprit tourné comme moi, perturbé par cette escapade confuse. Ou alors il est gay ? ou religieux pratiquant et « pas avant le mariage », ça existe ? Déjà marié alors ? si jeune, pas possible. En tout cas, c’est bien le premier mec qui n’est pas ébahi par Tiphaine, j’aurais pu être plus fine quand même, mais c’est la route que je regardais.
***
Sous les lumières blafardes du labo, je me réveille plus ou moins ahuri, comme la dernière fois.
Ça y est, je me retrouve. Je vois Tiphaine, son corps, celui que je connais si bien maintenant. J’ai une sensation bizarre au bas-ventre, tout cet attirail qui prend de la place quand même, ça pendouille, c’est pas très beau ! Je cours vers le peignoir de bain, subitement pudique comme la première fois, les foulées m’ont rendu cette sensation de téton léger !
Je m’enveloppe en regardant Tiphaine qui s’approche de ses affaires d’un pas animal puis, reprenant possession de tout mon sang, je bande. Encore ! faut te faire soigner mon pauvre, je me sermonne moi-même. Le gland turgescent me fait super mal. Je me souviens de n’avoir eu qu’une fois cette sensation. C’étais en abusant vraiment de mon corps, en baisant toute la nuit. Dans une forme qui ne m’est pas coutumière, et que je classerais dans le type peine-à-jouir, obtenu par juste un peu trop d’alcool.
Je me remémore tout cela en deux secondes, sentant les pulsations de mon cœur au bout du gland qui me lance façon pinçon. Je sors :
Je m’inquiète un peu en me demandant si, outre la petite cousine, elle s’est tapé des « filles troublantes », comme elle m’avait confessé une fois ses appétits, ou si elle s’est enfilé des mecs, bref si elle a été se promener dans le quatrième arrondissement. En tout cas, j’ai pas mal au cul, c’est déjà ça ! Je me mets alors subitement à me demander si une fille, dans le cas de Tiphaine, empruntant mon corps, aurait l’envie d’enfiler des mecs. Il est bien temps que je songe à ça, quel naïf je fais quand même !
Je tourne mon regard vers elle et je comprends bien qu’elle aussi reprend possession de son corps, elle goûte les sensations, écoute les signaux.
Elle se met à farfouiller doucement sous son peignoir puis d’un air accusateur lance :
J’ose rien répondre, n’étant pas bien au fait qu’une femme puisse sentir combien elle s’est fait… ennoblir les jours précédents, à part que depuis hier, je dois reconnaître que je préférais être debout qu’assise.
Ce que je sais, c’est que ces évocations me font marrer, bander de plus en plus fort, et je sens combien mon gland est irrité, fatigué d’avoir tant limé ces derniers jours. C’est un peu comme « me fais pas rire, j’ai une côte cassée ! », mais là c’est : « Cachez vos appâts madame, j’ai la turgescence en rubéfaction… »
Puis sans prévenir, je sens comme une perte inouïe la fin de cette expérience. Le peignoir de bain sur le dos, je n’ai pas envie de me rhabiller. Je l’observe, et constate qu’elle me regarde, probablement dans les mêmes dispositions, me dis-je alors. Je n’ai pas envie que ce corps s’en aille, se rhabille, s’éloigne, me quitte.
Ça me manque, de caresser mes gros seins, de sentir entre les jambes mon petit bouton, ce bâton de dynamite, de me sentir dégouliner, d’offrir cette humidité accompagnant l’amour. De ne plus pouvoir endosser ce corps à jamais, voilà qui me paraît être une sorte de perte définitive.
On s’avance alors l’un vers l’autre, puis, tous près, nos deux peignoirs tombent en même temps d’un mouvement d’épaules. Alors on s’agenouille puis s’allongeant sur le dos, doucement, elle m’entraîne en elle, sans que l’on dise un mot.
Pourtant on y va doucement.
Puis, je bouge à peine :
D’ailleurs, après ces trois jours, on n’a pas envie de s’agiter, de remuer, ni même de jouir. Non, on est tellement fatigués que ce n’est pas impérieux. Seulement, ces corps, on avait trop envie de les garder un peu, alors autant les emboîter tout de suite ! Après quelque temps ça va mieux, c’est maintenant doux, reposant, j’ai enfin trouvé mon havre.
On se regarde tous les deux comme terrassés d’une surprise inouïe, ce n’est pas cela qui était prévu !
Au labo, nous ne nous sommes pas fait la cour, trop contents de préserver cette fragile amitié qui peut naître entre un homme et une femme. Nos jolis minois respectifs nous permettaient des plaisirs renouvelés, alors, pas de besoin à combler entre nous. Maintenant, c’est différent, avant même que nous puissions nous demander si nous avions un sentiment amoureux, nos corps ne peuvent plus se passer l’un de l’autre.
La douce étreinte continue, allongés sur les peignoirs. D’une façon que j’ai rarement pratiquée, nos infimes mouvements ne sont pas destinés à provoquer la jouissance, non, c’est différent, c’est une pulsation, comme un battement de cœur, une vie propre, nous ondulons à peine d’avant en arrière comme si c’était la seule façon d’être.
Fin