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Temps de lecture estimé : 23 mn
02/03/09
Résumé:  Je croise une épouse insoupçonnable au sortir d'un hôtel. Je n'en reviens pas, mais c'est elle qui me reviendra...
Critères:  fh amour revede voir fellation cunnilingu pénétratio
Auteur : Lacducoucou  (Humble)            Envoi mini-message
La belle Hélène

« … POUSSER LA PORTE DU JARDIN D’ESMÉRALDA »


En hommage à cette superbe phrase extraite de la comédie musicale Notre-Dame de Paris :


« … ô laisse-moi rien qu’une fois, pousser la porte du jardin d’Esméralda. »


Elle constitue à elle seule un fabuleux raccourci et une superbe suite poétique à l’escalier si prosaïque de Clémenceau.







Ce mercredi-là, je ramène Sauveterre, l’audit envoyé par la maison-mère, à la gare de TGV dans la bourgade voisine, à une vingtaine de kilomètres. Comme j’ai le temps, je l’accompagne sur le quai et lui tiens compagnie jusqu’à l’arrivée du train pour Paris. Il m’en remercie avec effusion. Pas de quoi, j’avais reçu des consignes précises : se mettre en quatre pour ce monsieur. Le patron de notre usine n’est pas stupide : du rapport de Sauveterre peut dépendre pas mal de choses pour nous autres, péquenots de province. Le train démarre, et je regagne ma voiture garée sur le parking de l’hôtel de Paris, juste en face de la gare, lorsque je m’arrête, pétrifié. Hélène Domieux sort de l’hôtel au bras d’un monsieur distingué, dans la cinquantaine, dont je puis jurer qu’il n’est pas son mari. Impossible de les éviter. Je me reprends et m’oblige à croiser la belle Hélène en n’y laissant rien paraître, comme si nous ne nous connaissions pas. Son regard m’accroche, me semble-t-il, une fraction de seconde, mais sans que j’en aie la certitude. Elle continue sa route en affichant le même parfait détachement que moi. En ouvrant la portière de ma voiture, je la distingue encore de loin, en train de recevoir une chaste bise sur chaque joue. Chaste ? Pour tromper l’ennemi, peut-être ? C’est bien le moment de sauver les apparences…


Sur le chemin du retour, je ressasse l’idée et n’en reviens toujours pas ! Madame Domieux, l’irréprochable épouse, surprise en fin d’après-midi, au bras d’un séducteur sur le retour, au sortir d’un hôtel de la ville voisine ? Impensable ! J’ai dû rêver ! Rêver non sans pincement au cœur, un gros pincement de jalousie. L’inaccessible Hélène m’a toujours fait flipper ; et je ne suis pas le seul, tant s’en faut. Qu’un illustre inconnu ait pu décrocher la timbale face à nous tous, et à ma petite personne en particulier, me laisse un goût amer. À la limite, je me sens plus cocu que le mari…


Hélène Domieux ? C’est une belle femme dans la trentaine, mariée, sans enfants. Elle doit donc avoir le temps, elle, de s’envoyer en l’air l’après-midi – pardon, Hélène, je suis méchant –, mais reconnaissons-le, elle a des arguments à faire-valoir qui suscitent de l’enthousiasme chez les messieurs et beaucoup moins, curieusement, chez leurs dames… C’est LA femme que tout le monde admire. Une jolie silhouette, un corps souple, des formes pleines et épanouies. Des cheveux clairs légèrement bouclés qui tombent sur les épaules, et des yeux, de si beaux yeux ! Pas bégueule pour un sou, elle rayonne de gentillesse et de fraîcheur. Elle ne cherche jamais à se mettre en avant, elle est un modèle de discrétion, mais attire l’attention où qu’elle se trouve, fut-ce à l’occasion d’une soirée d’entreprise ou d’une fête caritative.


Dans une petite ville, les gens se fréquentent et se connaissent presque tous. Ce qui demeure une énigme, dans notre microcosme, c’est comment cette perle d’Hélène a pu épouser un… disons le mot : un pareil pignouf – pignouf en trois lettres, précisons-le. Pour ma part, je m’en remettrais à Victor Hugo, dans La Légende de la nonne : « On voit des biches qui remplacent leurs beaux cerfs par des sangliers, enfants voici les bœufs qui passent, cachez… ». Son Ménélas, à Hélène, est une sorte de rustre, grande gueule, lourd et autoritaire à souhait. Il dirige le poste de responsable de la production dans la boîte où je travaille. Soyons juste : il a la réputation d’être efficace, et il l’est, je le sais. Mais à quel prix pour l’entourage ? On l’appelle BDD, alias Brut De Décoffrage, et c’est encore gentil. J’occupe moi-même le poste de directeur du labo de recherche, nos contacts sont fréquents, sans que j’aie le moins du monde à me plaindre de lui.


Mon grand copain, au boulot, c’est plutôt Mansour, directeur du service informatique, mon Iranien favori. C’est un gars d’une intelligence rare et d’une ouverture d’esprit remarquable avec lequel je partage beaucoup, et surtout une admiration sans limites et sans équivoque – ou plutôt : très équivoque… – pour la belle Hélène. Nous sommes de ceux qui se damneraient à invoquer Lucifer pour qu’il nous laisse « rien qu’une fois, pousser la porte du jardin d’Esméralda »… Il nous arrive de nous cotiser en aparté pour entretenir notre fantasme. Aucun propos macho, bien sûr, mais une volubile admiration, nourrie par une saine, juste et robuste concupiscence pour la femme d’un autre. Hélène ! Que de cœurs tu affoles dans ton sillage ! Mieux vaut que je m’arrête là… Et que demain, cette rencontre fortuite me soit sortie de l’esprit.


Demain, après-demain, et voici la fin de la semaine. Malgré le temps pluvieux, ou justement à cause de lui, je savoure le début du week-end au bureau, bien au chaud dans mon petit pavillon, collé à l’ordi. Quelques jours ont passé depuis que j’ai ramené Sauveterre à la gare. J’ai complètement oublié l’épisode Hélène. Je n’en ai même pas parlé à Mansour.


Le « drelin-drelin » de la sonnette m’arrache à l’écran. J’arrive à la porte sans parvenir à identifier mon visiteur à travers la vitre perlée. J’ouvre. Mon visiteur est une visiteuse. Et pas n’importe laquelle : Hélène Domieux ! Je suis pris de court. Mes pensées s’entrechoquent, mon sang « berlificote » (À lire vite).



J’en bafouille :



Je biaise, pour me donner le temps de remettre mes pensées en place :



Elle me suit au salon, je la débarrasse de son imperméable et l’invite à prendre place sur le canapé. Je suis impressionné et timide. Elle, chez moi ? Je m’assois de l’autre côté de la table basse. Elle s’accorde quelques secondes, puis se lance :



Je suis horriblement gêné.



Elle insiste :



Hélène, pourquoi viens-tu me retourner ce fer-là dans la plaie ? À moi de m’accorder une pause. Je réfléchis à toute vitesse et prends la décision qui s’impose :



Elle me rabat, en plantant son regard dans le mien.



Je frémis. Tu es folle : tu ne dois surtout pas me mêler à ça ! Et cesse de me fixer comme ça, tu vas me transformer en pétard de Nouvel An chinois !



Son culot me cisaille. J’hésite, puis implicitement, j’avoue :



Une pause. Hélène, tu veux me faire crever de frustration ? Je concède, pour chasser le silence :



Elle éclate de rire :



Elle en vient enfin à ce qui doit la préoccuper :



J’inspire profondément, et lâche tout à trac :



J’ajoute :



Son soulagement est visible. Elle me regarde comme le Bon Dieu. Pas comme ça, Hélène, pas comme ça ! Derrière le Bon Dieu se cache le Diable !



Mon ego en prend en coup. Il ne faudrait surtout pas qu’elle me remette une louche de cette soupe-là, car elle ferait de moi le loup de Tex Avery ! Hélène, tais-toi ! Au contraire, elle en rajoute :



Interloqué :



Péremptoire :



Ah ! le con ! Le con que je suis ! J’éclate de rire. Elle lève les sourcils.



Elle rit également et me renvoie, avec une pointe d’humour, d’un air faussement outragé :



Je lui rends son rire, puis me lève. Pour moi, l’incident est clos, la messe est dite. On n’en parle plus.



Elle plante de nouveau son regard dans le mien, quelques secondes, elle me jauge. Pas ce regard-là, Hélène, je t’en supplie, ne me regarde pas comme ça ! Tu es la lumière, je suis le papillon.



Je reprends ma place en face d’elle, le café fume, le sucre fond, et le soleil s’est installé au plafond de mon petit salon. Je ne puis détacher mes yeux de ce miracle débarqué chez moi à l’improviste. Merci, Lucifer ! Elle m’apparaît encore plus belle parce que je l’ai pour moi tout seul. Quelle classe ! Un impeccable chemisier blanc sur une admirable poitrine bien ronde, une jolie jupe noire, sans un pli et largement (trop ?) fendue sur le côté, qui laisse deviner des jambes superbes, et rehausse une indéniable touche sexy.


Mon regard fait alors une découverte. De la façon dont elle est assise face à moi, sur le canapé bas, l’extrémité de sa jupe ne peut couvrir ses genoux relevés, ni dissimuler à mes yeux « l’ombre soupirante, le creux révélateur, où l’œil va s’abreuver d’ineffables douceurs ». Il m’est impossible, dans la pénombre trouble, de ne pas distinguer sous sa jupe le triangle blanc de son sous-vêtement. Pire : il m’est impossible de regarder ailleurs.


Mon café – ça ne peut être que lui ! – me liquéfie les neurones. Du coton, je l’espère, du coton ! Il n’y a que le coton de vrai ! La petite culotte de coton blanc, c’est ma madeleine de Proust. Elle me rappelle un flot d’images et d’émotions intenses. Elle fait renaître la nostalgie d’une époque révolue, celle des premiers émois, quand nous jouions au docteur avec les petites voisines, dans les granges ou derrière les buissons du fond du jardin… Ou encore, cette scène, gravée à jamais dans ma mémoire : l’amie de maman, assise à la cuisine, la fois où je cherchais une bille sous la table, et que j’ai mis si longtemps à retrouver…


Rester impassible tourne au supplice. Le cardiologue va m’engueuler. J’entends déjà ses éclats de voix derrière les toc-tocs de mon cœur. Une fugitive pensée pour Mansour : il aurait donné tout l’or du monde pour partager mon mirador et le point de vue sur la belle biche. Mais là, Mansour, tu comprendras que je te chasse, et de mon esprit, et du mirador…


Il faut que je me secoue, que je prenne une décision. Moi qui considérais, l’instant d’avant, que la messe était dite, je jette mes bonnes résolutions aux orties : Lucifer, c’est pas de ma faute, tu m’as donné ton feu vert. Et je relance la machine, poussé par une force irrésistible :



Elle relève la tête, surprise :



Puis rajoute :



Sa réponse me cloue le bec :



Coup de tonnerre dans un ciel sans nuage. Elle, l’étoile ? M’avoir repéré, moi, le vermisseau ? Et elle connaît mon prénom ? Mais c’est Byzance ! Une irrépressible joie de gamin me submerge, elle s’en aperçoit, son visage devient sourire :



Quelle mémoire ! Et j’ai eu cette audace ? Je ne m’en souviens plus. Et qu’est-ce qu’elle a dit, là, au juste ? Qu’elle y « repense souvent » ?



Réplique immédiate :



Alors là, Hélène, que de temps perdu !



Elle, énigmatique :



Je me tais. Je réfléchis, je réfléchis encore, je réfléchis encore plus, puis je ne réfléchis plus ! Alea jacta est. Je repousse ma tasse, et me lève. Elle me regarde m’approcher, intriguée. Je lui tends mes mains, elle m’accorde les siennes et je l’aide à se relever. Nous sommes debout, face à face, nos mains ne se quittent pas. Nos yeux non plus. Un moment de silence où seuls les regards se parlent.



Elle rapproche doucement son visage du mien. Dans un murmure, yeux fermés, elle s’abandonne :



Que tes lèvres sont douces, que ta bouche est chaude. Elle l’entrouvre, nos langues se rencontrent et s’activent. La fièvre monte sur le champ. Le baiser se fait brasier. J’accentue ma pression. Elle passe ses bras autour de mes épaules, se serre encore plus et je sens le bonheur de sa poitrine s’écraser contre mon torse. Nous passons une bonne minute ainsi, soudés l’un à l’autre. Puis reprenons notre souffle. Un sourire réciproque et l’émerveillement de la découverte. Hélène ? C’est bien toi que j’ai dans mes bras ?


Elle ne dit mot. Elle me fixe toujours, puis ses paupières se ferment, et elle couche sa tête contre mon épaule. Elle me serre de toutes ses forces, en silence. Je lui caresse le dos. Il doit être à l’autre bout du monde, l’imbécile qui se plaint d’avoir perdu celui de la clarinette.



Un « oui » timide me répond.



Le tutoiement est un pas supplémentaire vers la pente savonneuse. J’adopte les deux, le « tu » et la pente :



Elle relâche sa pression, me dévisage et repart d’un petit rire :



Elle m’obéit, silencieuse. Je n’ai pas à la mener loin, la porte est ouverte. Sur le seuil, je regarde la chambre, puis la regarde, elle :



Je la fais entrer, l’amène au bord de mon grand lit conjugal de célibataire. Je prends son visage entre mes mains, lui colle un baiser d’oiseau sur les lèvres et murmure :



Le velours de sa voix :



Je la pousse doucement contre le lit auquel elle tourne le dos. Elle s’assied sur le bord. Je pose mes mains sur ses épaules et l’invite à s’allonger sur la couette. Elle reste étendue, ses pieds touchent le sol. Elle ne bouge plus. Je me redresse – Hélène, Hélène, si tu savais combien de fois j’ai rêvé à pareil moment. Elle me regarde, les yeux mi-clos, lèvres entrouvertes. Elle attend.


Je me mets à genoux et la déchausse. Je caresse l’extérieur des chevilles et paumes ouvertes, remonte doucement sur cette ligne de crête. Je passe sous la jupe, Hélène ne se rebiffe pas. Mes mains arrivent aux hanches et les englobent. La peau est lisse, le galbé parfait d’un corps consistant et chaud. Je m’attarde sur ses hanches, avant de revenir aux genoux. Et remonter, derechef, doigts et pouces bien écartés, mais cette fois-ci à l’intérieur de ses cuisses tendres qui s’ouvrent autant que la jupe le permet. Mes doigts arrivent à son slip. Elle tressaille. J’effleure, je frôle, j’exerce des pressions ; d’un doigt, je griffe la culotte le long du sillon, puis je serre les lèvres l’une contre l’autre à travers le tissu en les roulant pour coincer le bouton caché sous les chairs. Il s’échappe, je le reprends, je le stimule à nouveau.


Hélène se tortille et geint. Mes mains retournent vers le zip de sa jupe et je la lui enlève avec fébrilité. Son corps est une invite. Une taille fine, des hanches bien dessinées, un ventre rond qui mène au bombé voluptueux du mont de Vénus, colline magnifique que le tissu de sa culotte épouse parfaitement et met d’autant en valeur. Ma tête plonge, je mordille. Ah ! Le coton ! Il a un goût divin, une senteur enivrante. Mon Esméralda a fermé les yeux. Je la vois, les bras en croix sur le lit, qui commence à serrer de plus en plus fort la couette entre ses doigts. La fièvre monte encore d’un cran. Je continue à la mordiller, à la mettre en transe.


Lorsque je la sens au bord de l’explosion, je me relève un peu pour mieux savourer le tableau qui va s’offrir à moi. Du pouce et de l’index, je saisis sur chaque hanche l’élastique de la culotte et délicatement, la tire vers le bas. Je découvre d’abord le haut de la toison châtain clair, elle est fine et soyeuse. Je marque la pause pour faire durer le plaisir. Je veux figer à jamais les images et l’émotion que me procure cet effeuillage. Je tire un peu plus et m’apparaît en entier son trésor, « le fruit d’Ève fendu » aux lèvres déjà perlées. Enfin ! Enfin, le voilà, le jardin d’Esméralda ! Le temps s’arrête à l’horloge de Lucifer.


Hélène resserre un peu ses jambes pour me permettre de glisser la culotte à ses pieds. Des deux mains, j’ouvre ses genoux et mes lèvres entament un envoûtant pèlerinage. Elles vont de l’une à l’autre cuisse en explorant chaque parcelle de peau veloutée, lentement, en picorant, en effleurant, en goûtant. Elles arrivent enfin au promontoire de chair. Je l’agace d’abord avec les dents, puis ma langue descend et remonte sur le sillon moite, s’y insinue. Hélène tressaille à nouveau, son soubresaut écrase son abricot contre ma bouche. Avec les doigts, j’écarte ses lèvres en continuant à lécher de haut en bas. Son fruit est délectable, son bouton durci. Je le titille. Mouvements circulaires alternant avec caresses rapides de la pointe de ma langue.


J’introduis un doigt dans sa caverne trempée, et lui imprime un timide mouvement de piston. Le souffle de mon Esméralda raccourcit, sa respiration se fait sifflante, ses doigts se crispent désespérément sur la couette. J’accélère la cadence. De brèves contractions commencent à agiter son ventre, accompagnées de mouvements saccadés du bassin. Je lui relève les cuisses en les écartant au mieux, ses genoux touchant presque les épaules. Un second doigt puis un troisième viennent rejoindre le premier. Je pistonne de plus en plus vite, de plus en plus fort. Ma langue, mes lèvres et mes dents s’acharnent sur le fruit épanoui. Des tremblements incontrôlés viennent courir sous la peau des cuisses.


Leur étau se referme soudain sur moi. Un flot m’inonde le visage, puis Hélène s’arc-boute, en émettant une longue plainte rauque. Elle jouit avec fureur. La fureur de jouir. Elle reste ainsi tétanisée durant cinq bonnes secondes puis se relâche comme une poupée de chiffon, vidée par le plaisir. Vidée ? Inacceptable ! Je suis dur comme un citoyen de la forêt d’Anduze et, comme on le dit peut-être là-bas, quand le bambou se dresse, la raison s’affaisse. Mes vêtements volent sur la moquette. Je ne suis plus qu’un désir à l’état brut.


Hélène a resserré ses jambes, ce qui ne met que plus en valeur le triangle de chair bombée, entre le haut de ses cuisses. Un vent de folie s’empare de moi. Mes vêtements volent sur la moquette. Hélène m’observe, son regard est fixe. Il y a comme un éclat trouble dans ses prunelles, oserais-je dire une délicieuse lueur de perversion ? Elle se relève en deux temps : sur les coudes, puis assise. Elle enlève son chemisier, mettant sa poitrine en avant, mais je l’arrête lorsqu’elle entreprend la fermeture du soutien-gorge. Ce plaisir-là, je me le réserve.


Elle pose alors une main sur ma hanche, et de l’autre s’empare de mon membre. Son visage se rapproche, ses lèvres s’ouvrent, elle me happe. Cela tourne au merveilleux conte de fées, avec la plus gentille d’entre elles : Lation. (Si, si, lecteur ! Elle existe, je viens de la rencontrer !)


Sa main est douce et ferme, ses lèvres sont une couronne de fleurs et sa langue un pinceau de miel. J’en frissonne. Et plus encore, lorsque sa tête entame un lent va-et-vient sur ma hampe dure. Je pose mes mains sur ses cheveux pour les caresser, avant de descendre vers la nuque et le dos. Une peau de velours et de soie. J’en viens à mon privilège : mes doigts s’attaquent à la fermeture de son soutien-gorge qui s’envole dans la pièce. Mes mains parcourent alors son dos sans le moindre obstacle, jusqu’aux reins et aux hanches. Elles s’aventurent sous les aisselles et s’emparent enfin des seins. Ils sont aussi splendides sous la paume que sous le regard. Chauds, lourds et fermes. Je malaxe les globes consistants et roule entre mes doigts les extrémités durcies. Hélène réagit illico et accélère le mouvement de sa tête sur Anduze. Ouh la la ! Pas si vite, ma belle, hâte-toi lentement !


Elle ne m’entend pas. Sous l’excitation des caresses sur ses mamelons, elle accélère encore. Je sens que je vais perdre mon contrôle et pour éviter l’accident, je me retire précipitamment de sa bouche. Trop tard ! Le chariot de foin se renverse devant la grange. À peine le temps de saisir mon membre, je me répands sur sa poitrine. Hélène reçoit l’hommage sans faillir et se laisse aller sur le dos en m’attirant dans son mouvement. Mes mains fébriles glissent sur la gelée tiède et l’étalent sur sa poitrine, sa gorge et son ventre, jusqu’au pubis. Ses seins se tendent sous la caresse, elle ronronne de plaisir. Mais maintenant, Hélène, que vais-je faire ? Avec ce coup-là, tu m’as fait retomber le pendule de midi à six heures et demie. Suis pas le phénix, moi ! Comment vais-je renaître dans ton ventre ?


Nous nous couchons côte à côte, tournés l’un vers l’autre. Elle se colle brusquement à moi, m’enlace et me serre de toutes ses forces. Peau contre peau. Nos bouches se retrouvent et se soudent. Les langues s’entremêlent, frénétiques. Ma main s’affaire sur sa poitrine, l’autre sur ses reins et ses fesses. Un doigt en parcourt le sillon, marque l’arrêt et repart de plus belle vers les collines et les vallées. Elle relâche un peu son étreinte pour permettre à sa main libre de descendre vers mon ventre. Elle me saisit et se lance dans une exquise sollicitation manuelle. Ses doigts sont partout, insidieux, mais si efficaces. Les choses semblent prendre une tournure inespérée. Y aurait-il du miracle dans l’air ? Je me sens redevenir dur, chose que je n’avais jamais vécue dans un intervalle aussi court. Ne faut-il pas laisser à Sisyphe le temps de remonter son rocher ? Elle doit avoir un fluide ou un feeling extraordinaire. Anduze s’affirme à nouveau fier et conquérant. Elle me sourit avec timidité, mais dans son regard, il y a une mise en demeure femelle et absolue.


Ses lèvres retrouvent les miennes, nos langues s’affairent. Je la bascule doucement et passe sur elle. Ses mains se posent sur mes épaules et les miennes écartent ses deux tendres cuisses qui s’ouvrent au mieux pour m’accueillir. J’écrase mon torse sur ses seins. Je me guide d’une main vers son nid sur lequel j’entame quelques caresses de haut en bas, puis je le pénètre d’un seul coup. « Coïto ergo sum. »


Elle pousse un petit cri aigu et noue ses jambes derrière moi. En pénétrant Hélène, je redécouvre la jubilation d’une première fois. J’entre au paradis. Elle est trempée, son fourreau lubrifié offre une douceur absolue. Mes hanches entament un lent va-et-vient, mais je comprends vite que ce n’est pas ce que veut la dame. Des coups de reins rageurs contre mon ventre m’invitent à accélérer le mouvement. Ses mains ont gagné mon dos et ses ongles me griffent. Sa tête s’agite de gauche à droite, elle gémit par à-coups.


Je lui retire les bras de mon dos et place ses mains sur mes hanches en lui intimant de donner son rythme à elle. Mes hanches suivent fidèlement les pressions qu’elle exerce alors. Petit à petit, elles ne tardent pas à devenir pressantes. Ses doigts s’incrustent carrément dans la chair et le rythme tourne à la frénésie. L’orgasme explose dans un grand cri. Hélène s’agite de tous côtés avec une force insoupçonnée. J’ai peine à la contenir. Elle se relâche enfin, marque la pause, puis m’embrasse passionnément. Je roule sur le flanc en l’entraînant dans mon mouvement. Elle a joui et le spectacle de son plaisir a été divin. Mais moi, j’ai encore des ressources et de l’énergie, avec surtout une idée en tête. Je prends l’un des oreillers, le pose derrière ses reins et bascule à nouveau sur le dos ma belle Hélène. Elle se retrouve couchée sur le dos et fortement cambrée sur le coussin, les hanches relevées, le ventre et le mont de Vénus en avant. Qui pourrait y résister ? Pas la bête humaine que ce spectacle me décuple.


Une sorte de sauvagerie m’envahit. Je l’étreins à l’étouffer. Plus question de suaves caresses, de câlineries délicates ou de tendresses exquises. C’est la fureur du volcan. Mes reins se déchaînent, je la pilonne sans ménagement tout en l’écrasant sous tout mon poids. Jambes à l’équerre et largement ouvertes, elle prend appui sur la plante de ses pieds pour mieux se cambrer encore et tenter de décoller ses reins du coussin. Elle va au-devant du boutoir. Ses gémissements accompagnent chaque coup de bélier. Notre apothéose ne tarde pas, elle éclate de concert. Un fabuleux orgasme la saisit lorsque je me vide en elle. Nous restons un moment soudés l’un à l’autre, puis je la soulage de mon corps en roulant sur le flanc et la tirant contre moi.


La tension se relâche. Une douce sensation d’épuisement nous gagne. Ses yeux interrogent les miens.



Elle, avec douceur, en posant sa tête contre mon épaule :



J’en rougis d’aise et saisis la perche au vol :



Elle rit :



Elle pose la tête sur mon épaule, le moment de sérénité qui suit a une fin, hélas ! Je me lève, elle se lève. Un baiser tendre, une douce complicité.



Nous sommes de retour au salon. Hélène vient de ressortir, rhabillée et pomponnée. Elle reprend sa place sur le canapé. Le temps que je quitte la cuisine avec la thermos de café, que j’en serve, et je m’installe à côté d’elle. Nous nous regardons, il y a du soleil dans nos yeux.

Une courte pause, puis :



Je la regarde, goguenard :



Elle éclate de rire :



J’en suis stupéfié. Mais qu’est-ce que tu me racontes là, Hélène ?



Je m’écarte d’elle :



Je reste abasourdi, n’y comprenant plus rien :



Un sourire tendre se dessine sur son visage. Elle effleure mes lèvres d’un baiser fugace. Hélène, tu as sans doute été une magnifique pucelle, puisque tu le dis ainsi, mais pourquoi me fais-tu un coup pareil ?



L’étonnement me cloue. Elle éclate de rire :



Argument irréfutable. Ah ! Voilà pourquoi il s’est contenté de te faire une chaste bise sur chaque joue !


Pourtant, mes idées continuent à s’entrechoquer. Un point, un gros point, demeure obscur :



Quoique flatté, voire ébloui, je rumine.



Un pauvre sourire et un regard… un regard comme une balise de détresse :



Divorcer ? Une perle comme toi ?



De la détresse, on passe aux larmes. Là, je suis perdu. Hélène, ma tendre, non, faut pas ! Hélène, je suis là, viens contre moi et dis-moi tout, je t’écouterai. Un goût salé sur mes lèvres, je lui embrasse les paupières en lui caressant les cheveux. De gros sanglots l’agitent. Je la laisse pleurer et peu à peu la crise se calme.



Hélène, j’ai encore une question à te poser, tu me pardonneras, mais je préfère savoir.



Elle me regarde, un sourire l’illumine, puis elle rapproche ses lèvres des miennes. Un baiser tendre et doux.



Encore la tendresse et la douceur d’un baiser.



Tu parles, si je veux bien, Hélène !



Je préfère son rire à ses larmes.



Soudain, elle sursaute et consulte sa montre.



Sa démarche me semble un peu précipitée, voire imprudente. Mais BDD n’a jamais fait dans la dentelle. Après tout, c’est son problème.

Dans l’entrée, nous nous faisons face. Elle met ses bras autour de mon cou.



Tes désirs sont des ordres, Hélène.


Je la raccompagne jusqu’à sa voiture, et lui fais de grands signes au démarrage. On se revoit demain. Je me sens gai comme le pinson et léger comme le petit nuage, jubilatoire. Je rentre et j’extirpe une vieille oubliée du tiroir gauche de mon dressoir. « C’est quand il flaire le gogo que le télévangéliste dégaine sa bible » a écrit Jacques Bénigne – quoi, lecteur ? Tu ne connais pas mon ami Bossuet ? – il a écrit ça dans L’Os à moelle. Par respect filial, j’ai eu beau m’y plonger, naguère, je suis resté comme Anne, ma kinésithérapeute : je n’ai jamais rien vu venir. Pardon maman, pardon papa ! Vous m’aviez pourtant bien élevé ! Mais aujourd’hui n’est pas un jour comme les autres. J’ai besoin de m’enivrer de la lumière des mots et de la symphonie des images. Pour cela, il n’y a que le psaume vingt-trois ! Je relis et je m’attendris. Le vieillard céleste doit vraiment m’avoir à la bonne et je dois être son mécréant favori. Il m’a envoyé Hélène. Hélène est ma bergère. Avec elle je ne manquerai de rien. Je me reposerai dans des prairies verdoyantes, et c’est elle qui me conduira au bord des eaux calmes… Sans oublier les eaux agitées ou troubles qui feront également l’affaire.




Lecteur, les meilleures choses ont une fin. C’est ici que se termine cette histoire pour toi. C’est ici qu’une autre commence, pour moi.