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Temps de lecture estimé : 45 mn
02/05/09
corrigé 12/06/21
Résumé:  Après une opération au cerveau, un homme se trouve pourvu d'un don fantastique.
Critères:  fh couple médical fellation cunnilingu fantastiqu -h+medical
Auteur : Louvilneau  (Introduire le fantastique dans la vie courante)            Envoi mini-message
Les pensées d'autrui

Je m’appelle Victor Debucq mais tous ceux qui m’aiment m’appellent Vic. J’ai 56 ans et je suis marié depuis 34 ans à Sophie que j’aime profondément. Nous avons quatre enfants maintenant tous autonomes. Je suis professeur dans un lycée technique.

Après plus de deux années de bouleversements divers dus à la ménopause de Sophie et au départ du petit dernier, tout allait pour le mieux dans notre couple. Nous avions retrouvé la sérénité et même, au-delà de la tendresse, un renouveau de sexualité dans notre amour.


C’est arrivé un mardi soir. J’étais rentré fatigué d’une suite de conseils de classe, épuisants de cas difficiles, et je me détendais, avachi devant la télé, en attendant le repas du soir.

Quand, tout à coup, je ressens une violente migraine. Je veux me redresser pour aller prendre un cachet mais ma jambe gauche se dérobe sous moi. Je retombe à grand bruit dans le fauteuil et Sophie, alertée, accourt pour voir ce qui se passe.

J’ai des difficultés à ouvrir la bouche. Je vois double, mon œil gauche semble avoir pris son autonomie !

Sophie est affolée. J’essaye péniblement de balbutier :



Je l’entends parler au téléphone. Le ton est pressant mais elle a réussi à se maîtriser et ses indications sont claires.


Je n’ai pas perdu conscience, mais la suite des événements est un peu nébuleuse dans mon esprit.

L’auscultation du médecin, la sirène de l’ambulance, l’arrivée à l’hôpital, tous les examens… tout cela se mélange comme sorti d’un mauvais rêve.

Je me souviens quand même du médecin urgentiste : un jeune homme brun au teint blafard qui me disait :



Je suis incapable de dire où j’ai passé la nuit mais j’ai dû dormir abruti par des somnifères. Sophie n’a pas eu le droit de rester avec moi.


Je n’ai aucun souvenir de l’opération. On m’a dit que j’avais passé quelques heures en salle de réanimation puis que l’on m’avait transporté dans une chambre.


À mon réveil, Sophie est à côté de moi. Dès que j’ai ouvert les yeux elle s’est levée et m’a embrassé en m’effleurant les lèvres.

Ce simple contact m’a laissé une impression étrange : tout à coup Sophie m’est apparue nimbée d’une lumière très douce de couleur chair nacrée et j’ai entendu comme une superposition de voix incompréhensibles mais toutes remplies, m’a-t-il semblé, de soulagement et d’amour.

Cette hallucination n’a duré que le temps du baiser et je l’ai vite oubliée pour répondre aux questions de Sophie et d’une infirmière qui venait d’arriver dans la chambre.



Je soulève la main facilement.



Là encore, je bouge mes doigts sans problème.


Et les tests ont continué : tous mes membres fonctionnent et obéissent au cerveau, mes yeux suivent correctement les doigts que l’infirmière fait aller lentement d’un côté à l’autre de ma tête.


Sophie rayonne de bonheur… et moi donc !

J’ai alors voulu me redresser mais, d’une main ferme, l’infirmière m’en a empêché.



Durant tout le contact de sa main, j’ai encore eu cette impression de halo, bleu pâle cette fois-ci, et j’ai cru entendre au travers d’un brouhaha :


« … il ne faut pas qu’il bouge ; c’est beaucoup trop tôt… »


Encore une fois, étant sans doute toujours sous l’effet de tranquillisants, je n’ai pas réagi.


En sortant l’infirmière appelle ma femme et elles discutent quelques instants à voix basse près de la porte.

Sophie revient à côté de moi.



Je ferme alors les yeux et murmure :



Je sens Sophie se lever et placer doucement son fauteuil contre le lit, puis elle me prend la main dans les siennes.


Immédiatement, derrière mes paupières baissées, m’apparaît cette magnifique couleur nacrée ; en même temps je perçois la cacophonie de nombreuses voix qui, toutes, parlent en même temps, tout à fait comme dans une salle de spectacle juste avant l’ouverture du rideau.

Un peu moins surpris que la première fois, j’essaie de comprendre ce qui m’arrive. Dans ma torpeur, je ne bouge pas, j’attends.


De plus en plus détendu, j’écoute et je réussis à séparer les voix les plus « présentes ».


« … Oh mon Vic, repose-toi mon amour. Ça a dû être dur… »

« … on dirait que l’opération a vraiment réussi. Quelle chance on a… »

« … est-ce que ça va encore durer longtemps ? Quand est-ce que l’on va pouvoir rentrer à la maison ? … »


Emportée par la fatigue, Sophie se met à sommeiller. C’est vrai que ce fut très dur pour elle aussi : attendre sans savoir, c’est souvent plus douloureux que subir.

La couleur nacrée s’assombrit peu à peu et vire au rouge pâle. Les voix redeviennent incohérentes ; je m’assoupis aussi.


Une voix très claire me réveille. J’ouvre les yeux pour voir qui parle. Personne…

La tête de Sophie est sur le lit, entre ses bras. Ses mains entourent toujours la mienne mais elles sont totalement relâchées. Sophie dort profondément.


Et je réentends la voix :


« … Oui, ce soir c’est moi qui commande ! Toi, tu te laisses faire… »

« … oh ! le joli petit escargot… je l’avais jamais vu si petit, si mignon… »

« … pourvu que l’opération ne l’aie pas rendu impuissant ! … »

« … hum ! Attends, ma bouche va te réveiller… »


Et je vois la bouche de Sophie esquisser le mouvement de téter.

Je réalise enfin que j’« entends » le rêve de Sophie. Je suis abasourdi !


Le mouvement de ses lèvres a sans doute été suffisant pour la réveiller. Elle relève la tête, voit que j’ai les yeux ouverts et alors me sourit tendrement. Elle me dit tout doucement :



En même temps, j’entends au fond de ma tête :


« … Oh oui, je t’aime, tu ne pourras jamais savoir combien je t’aime… »


J’ouvre la bouche pour lui expliquer tout ce que je ressens quand la porte s’ouvre devant le professeur D. et toute sa cour d’assistants et d’étudiants.



Il se tourne vers Emmanuelle, l’infirmière de tout à l’heure :



Je reprends la parole :



À ce moment-là, il s’est retourné vers les étudiants et a commencé un cours sur l’opération qu’il avait pratiquée.


Emmanuelle est sortie puis revenue avec l’un de ces petits récipients fermés d’un couvercle avec une mini tétine.

Elle sourit à Sophie, s’assoit sur le bord du lit et me présente la tétine.

Je bois à toutes petites gorgées. Quel bonheur ce petit filet d’eau dans ma bouche desséchée ! Et puis, d’un geste presque maternel, elle pose sa main gauche sur mon front.

Immédiatement, le voile bleu réapparaît :


« … il n’a pas de fièvre… »

« … mais quand l’autre emmerdeur va-t-il quitter la chambre ?

Il pourrait faire ses cours ailleurs que chez mes malades… »


Moi, je la regarde droit dans les yeux. De magnifiques yeux sombres, presque noirs, remplis de vie.


« … quels beaux yeux il a… »


Ses lèvres esquissent un sourire. Le bleu tourne au rose :


« … il est bien conservé pour son âge, s’il me le demandait, je ne dirais peut-être pas non… »


J’ai du mal à garder mon sérieux, je lâche la tétine :


« … bon ! Ça y est, il a fini… »



Elle se tourne vers Sophie :



Et elle sort. Pris par mes pensées (par ses pensées…), je ne m’étais pas rendu compte que le professeur était déjà parti, entraînant tout son petit monde.


Sophie me sourit :



Ça me fait plaisir de la voir retrouver son humour et se détendre. Elle a dû avoir très peur…

Je ferme les yeux à nouveau. Elle se lève et me dit :



C’est le moment de faire le point : je viens de subir une opération du cerveau qui semble avoir réussi. À part une lourdeur due sans doute à l’anesthésie, je n’ai plus mal nulle part ; tout mon corps fonctionne parfaitement.


Mais il y a un « plus ». Cette impression que j’ai de percevoir les pensées des personnes qui me touchent. Est-ce une hallucination ou une réalité ?


C’est décidé, pour le moment il vaut mieux ne rien dire. Si ça se savait… plus personne ne voudrait m’approcher ! Ma vie pourrait devenir un enfer.


Là-dessus, j’ai dû m’endormir.


C’est cette troublante lumière nacrée qui m’a réveillé. Sophie est en train de m’embrasser délicatement sur le front.



« … Ça me fait mal au cœur de le laisser tout seul… »


La lumière vire au bleu :


« … en rentrant, je vais prendre un bon bain. Ça va me délasser

mais avant, il faut que je m’arrête au supermarché :

il faut des packs d’eau, des produits pour le lave-vaisselle… »


Elle coupe le contact en se redressant.

Je la regarde tendrement et je lui dis :



Maintenant j’en suis sûr, ce sont bien ses pensées que je capte. Et la couleur doit avoir un rapport avec l’état d’esprit de la personne. À étudier…

Pour le moment je suis seul. Je n’ai pas le droit de bouger et je n’ai pas l’intention de braver les consignes.

Je ne sais pas l’heure qu’il est ; on a retiré ma montre, il va falloir que je la réclame : j’aime bien savoir où j’en suis quand je me réveille.


Le couloir qui mène à ma chambre doit être assez long car j’entends au loin des conversations de femmes affairées et des bruits métalliques. Il doit certainement s’agir de la distribution du repas du soir.

Je vais donc voir du monde ; attendons !

Les bruits se rapprochent, on frappe :



C’est une jeune femme d’origine antillaise, avec un petit accent charmant :



Et elle sort en chantonnant.


Quelques instants après, une autre jeune fille apparaît toute guillerette avec un bol.



Elle va dans le placard et revient avec une sorte de dossier sans siège.



Ce qui fut dit fut fait. Dès que j’attrapai son cou je la vis dans un nimbe orange-rouge et j’entendais :


« … Sacré Éric, qu’est-ce que tu ne me fais pas faire !…»

« … Hier tu me demandes de ne rien mettre sous ma blouse, et tu n’es même pas là… »

« … Attention, j’ai le bras du monsieur qui m’écrase le sein droit… »

« … Ah ! Il me regarde drôlement. Il a senti… »

« … sais-tu, mon cochon, que ça me fait de l’effet ?… »

« … Éric, si c’est ça que tu voulais, c’est gagné ! … »



Dommage, ça commençait à devenir croustillant. Si je n’avais pas « entendu » tout cela, sans doute que je ne me serais rendu compte de rien. La blouse verte n’est pas transparente et la poitrine bien ferme tremble peu.

En observant bien, sous prétexte de lire son nom sur son badge – Kitty, aide-soignante – je remarque deux petites pointes qui essaient de percer l’étoffe.


Elle me donne le bol et une cuillère :



Cuillère après cuillère je vide tranquillement le bol. Je devais avoir faim car ce simple bouillon me semble être un nectar.

Mais, bien avant la fin du bol, une sensation nauséeuse me monte dans la gorge. J’arrête de manger. Non ! Je ne vais pas vomir ! Ouf ! Ça se calme.

Maintenant, c’est ma tête qui tourne ; je tends le bras pour poser le bol sur la tablette à côté du lit, je rate mon coup et le bol tombe par terre. Il n’est pas cassé mais tout le reste du bouillon s’est répandu sur le sol. Je vais tomber, j’ai le réflexe d’attraper la sonnette et d’appeler.


Kitty arrive en courant :



Elle m’attrape, voile violet et :


« … Zut, quelle conne ! Pourvu qu’il dise rien… »

« … tout ça pour aller me faire un doigt, vite fait dans les toilettes, en pensant à Éric… »

« … j’étais excitée… »

« … je vais rester un peu avec lui… il a l’air sympa… »



Elle revient presque tout de suite et s’assoit à côté de moi.



Elle rougit un peu et sourit :



Je lui tends la main ; elle la prend doucement. C’est maintenant une couleur orange qui prédomine :


« … il est sympa le papy, j’aurais bien aimé avoir un papa comme ça… »


Je lui dis :



« Ah ! Il est gonflé ! Je ne peux pas lui mentir, il a bien senti… Je vais piquer un fard… »



« … s’il savait comme c’est excitant.

Là, sous ma blouse, je me sens encore plus nue que sous la douche.

Je suis toute remuée… »



« … Tiens, excite-toi là-dessus, mon bonhomme… »

« … Oh ! je suis vraiment trop conne ! C’est un malade, il faut qu’il se repose et je suis là à l’exciter… »

« … Kitty, ma fille, reprends-toi et calme-le gentiment… »


Elle lâche ma main, me sourit avec tendresse :



À la fin de ses pensées, je suis passé par toute une série de couleurs : de l’orange c’est passé au rouge puis au violet et enfin au bleu.

Je commence à avoir quelques points de repère : orange-rouge = sexe, bleu = boulot, violet = colère ? (pas vraiment sûr) et chair nacrée, ma Sophie et tout son amour.

Je constate aussi que non seulement je perçois les pensées, mais aussi les sensations. Tout à l’heure, quand elle pensait à sa nudité je sentais vraiment le frottement du tissu sur les pointes de seins et aussi un trouble confus dans le bas-ventre.


Il faut que je me calme. Je suis en convalescence, il faut éviter de bouger.


Ah ! Qu’est-ce que ça va être quand je vais faire l’amour !


Voilà la femme de ménage qui arrive avec son chariot. Elle doit en avoir gros sur la patate ! Elle ne lève pas la tête, fait son boulot, range ses outils et s’en va sans dire un mot. Quel travail ingrat !


Et revoilà Kitty qui me met deux gélules dans la main et me donne un verre d’eau pour les avaler. Elle me soulève mais je suis trop absorbé pour « écouter » ses pensées.


Peu de temps après, je m’endors…


C’est le raffut d’une machine de nettoyage dans le couloir qui me sort du sommeil. Il fait déjà plein jour – c’est vrai, j’ai oublié de dire que l’on était au mois de mai –, il est donc plus de 6 h. Je n’ai pas vu la nuit passer.


Je me réveille l’esprit clair et j’ai l’impression d’être en pleine forme ; les événements de la veille me semblent lointains et j’ai du mal à y croire…


Après le nettoyage du couloir, c’est le chariot du petit déjeuner. Je m’assois tout seul, sans problème, bien calé avec mon oreiller. Avec beaucoup de patience j’arrive à beurrer les deux biscottes que l’on m’a servies et à répartir la confiture de fraise du petit pot en plastique sans en mettre partout. J’avale le tout avec un énorme appétit. Le café me semble délicieux.


On débarrasse, je me rallonge. Humm ! Je me sens bien…


Mais je gamberge, j’ai de plus en plus de mal à croire aux sensations que j’ai eues hier : certainement des hallucinations dues à l’anesthésie. De toute façon, c’est impossible ! La transmission de pensées n’existe pas, ça se saurait !


Toc ! Toc ! Deux jeunes femmes en blouse blanche. Pas de fantasme, elles ont bien des sous-vêtements !



Sans attendre ma réponse, on me met au bras le garrot gonflable du tensiomètre et, dans l’oreille, une sorte de téléphone portable : le thermomètre. Ça gonfle, ça clique, ça bipe…



Et elles repartent, le sourire toujours collé aux lèvres. À aucun moment l’une ou l’autre ne m’a touché. Je reste dans l’expectative…


Zut ! J’ai oublié de leur demander si je pouvais me lever. Il faudrait que j’aille aux toilettes. Hier Sophie m’a passé un urinal. Il est là, à côté du lit mais ce matin, ce n’est pas vraiment ce qu’il me faut. Ça me gêne de sonner pour demander le bassin, alors que je me sens très bien.


Tant pis, je me lève. J’essaie de rester bien détendu, de n’avoir que des gestes lents.


Je porte une sorte de chemise en non-tissé bleu, ouverte dans le dos. En dessous, je suis totalement nu, c’est bien pratique pour les toilettes ! Mais pas très seyant pour recevoir des dames…


Je n’ai pas présumé de mes forces. Tout se passe bien. J’en profite pour me passer un peu d’eau sur la figure et pour me coiffer.

Et c’est tout frais que je retourne dans mon lit.


Le problème à l’hôpital, c’est de passer le temps. La télé, non, vraiment pas ; surtout le matin ! Il n’y a pas de radio dans la chambre et je n’ai rien à lire… Il va falloir que je téléphone à Sophie de me rapporter un ou deux polars et quelques revues…


On frappe. C’est Emmanuelle avec l’une des deux jeunes femmes de tout à l’heure qui tire un chariot couvert de boîtes et de flacons :



Je lui explique mon embarras de tout à l’heure et puis aussi ma pleine forme. Elle sourit :



Elle regarde sa compagne :



Je m’accroche à son cou, comme avec Kitty, mais elle a des cheveux mi-longs qui m’empêchent de toucher sa peau. J’ai une vague impression de bleu mais rien de plus… Je n’ai vraiment pas de chance ce matin !


Toutes deux se rincent les mains avec un antiseptique et Élodie enfile des gants stériles. Emmanuelle fait le tour du lit et regarde sa compagne retirer l’espèce de filet qui retenait mon pansement. Elle se penche en avant pour mieux suivre les gestes d’Élodie et pour ce faire, elle appuie ses deux mains sur le lit.


Comme si j’étais un peu affolé, je lui prends le poignet. Immédiatement le brouhaha de ses pensées me parvient. La couleur est indéfinissable, sautant sans arrêt du bleu à l’orange avec des éclairs de jaune et de vert. Il faudra que j’y réfléchisse plus tard.


C’est assez confus, les pensées défilent à toute vitesse et sautent du coq à l’âne :


« … on va pouvoir faire confiance à Élodie, elle s’y prend bien!… »

« … non, mais… ce grand bonhomme qu’a peur d’avoir mal… »

« … et puis, hier soir Xavier, qu’est-ce qui lui a pris ?… »

« … Attention ! Surveille bien Élodie… »


Je sens que la plaie est à l’air et qu’Élodie la tamponne tout doucement. Je ne vois rien de ce qu’elle fait. Je serre un peu le poignet. Le regard d’Emmanuelle se tourne vers moi :



« … il est sympa… quels beaux yeux il a ! … »

« … pourquoi Xavier s’est-il saoulé en regardant son foot ? … »

« … j’aurais dû rester avec lui… mais le foot, beurk ! … »

« … qu’il est mignon ce monsieur… et douillet, comme tous les hommes… »

« … mais il a l’air tout doux lui… »

« … non mais Xavier qu’a voulu me violer quand il s’est couché ! Il puait la bière… »

« … j’ai bien fait de me débattre… »


Elle sourit.


« … je l’ai fait tomber du lit… »

« … quelle gueule il avait ce matin quand il s’est réveillé sur le canapé… »

« … Holà Manue, pense un peu au boulot… »


Elle pose une fesse sur le lit et regarde Élodie qui continue à s’occuper de moi.

Elles échangent quelques paroles sur la façon de plier les compresses sur les pansements.

Emmanuelle a pris ma main et l’a posée négligemment sur sa cuisse.


« … il a l’air vraiment très gentil, on aurait bien envie de le câliner… »


Encore un sourire :


« … oh, la tête de Xavier tout à l’heure… il devait avoir sacrément mal aux cheveux… »

« … j’ai accepté ses excuses mais il ne faut pas qu’il recommence ! … »

« … c’est la première fois mais y a intérêt à ce que ça soit la seule ! … »

« … mais le monsieur… il caresse ma cuisse ! … »

« … gonflé ! Mais je l’ai un peu cherché… »


Elle me bloque la main.


« … ça suffit ! Ça commence à me faire de l’effet… »


Et puis avec un regard complice et un vrai sourire, elle pose ma main sur le lit et interrompt le contact.

Elle se lève et aide Élodie à mettre en place le bonnet-filet qui tient mon pansement.



C’est Élodie qui pose une bouteille d’eau à côté de moi et me donne un combiné sans fil :



Sophie est toute surprise de m’entendre. Je lui demande ce dont j’ai besoin : mes affaires de toilette, tee-shirt et caleçon pour être un peu plus à l’aise dans la chambre et de la lecture. Elle m’explique qu’elle a réussi à s’arranger avec son patron qui la libère pour toute la fin de la semaine.


Et la journée se passe sans événement notable. Le train-train hospitalier, puis la longue visite de Sophie avec son amour (couleur nacrée), ses préoccupations journalières (bleues et vertes) et tous ces petits riens qui remplissent la vie.

La visite du professeur D. n’apporte rien de nouveau sinon que, si tout se passe bien, je pourrai sortir après-demain samedi. Sophie rayonne de joie et se fait gronder gentiment par le professeur parce qu’elle s’est jetée à mon cou :



Elle rougit puis blanchit de peur rétrospective. Le professeur la rassure : je ne suis pas fragile à ce point-là, mais il faut quand même me ménager.


Le soir, tôt, je m’endors comme une masse et je me réveille deux heures après !

Plus moyen de me rendormir. Je lis longuement. J’allume la télé… Rien n’y fait.

Je me tourne, me retourne, m’énerve…

De guerre lasse, je sonne pour demander un cachet pour dormir.


L’infirmière de nuit arrive. C’est une grande femme, la quarantaine, avec une figure lasse. Je lui explique mon cas et elle me répond qu’elle va chercher ce qu’il me faut.

Elle revient après quelques minutes, me tend une gélule et me verse un verre d’eau :



Je commence par m’excuser de la déranger en plein milieu de la nuit.



Sans même attendre ma réponse, elle prend le fauteuil, le retourne pour que l’on puisse se voir en face et s’assoit à côté de moi.


Elle a l’air épuisée, des cernes bleuâtres entourent ses yeux et sa peau est grise, blafarde. Elle me sourit mais son sourire est rempli de chagrin. Elle s’accoude sur le lit et je peux lui prendre la main.


C’est un déferlement. Dans une lumière jaune sale, presque caca d’oie, un embrouillamini de pensées fulgurantes. Il me faut quelques instants pour reprendre pied et essayer d’y voir clair. En même temps, de façon presque autonome, ma bouche avait dit :



C’est bizarre d’entendre ma voix en écho dans son esprit. Je perçois sa réponse avant qu’elle ne la prononce :



« … et depuis, il glande… il cherche plus… »


Éclair jaune vif (jalousie ?) :


« … et là, je suis sûre que Jean-Marc est avec la voisine… »

« … il me regarde même plus… »

« … c’est vrai que je suis moche ! … »


Un silence. Il ne faut pas que ça se prolonge :



Tiens, j’ai formé des élèves dans ce métier !



Elle me montre son badge :



Je lis : Mélanie Thuyez, infirmière.



Elle regarde mon nom sur la fiche au mur et je perçois tout un mélange de pensées. Je ne saisis pas tout :


« … Debucq, oui je me souviens qu’il en parlait… »

« … comme c’est drôle… »

« … et ce connard qui couche avec cette salope de voisine… »

« … je vais devenir folle… »


Il faut que je coupe ces pensées le plus vite possible :



En effet, l’un des professionnels chez qui je place des élèves en stage m’a téléphoné la semaine dernière pour me demander si je connaissais un ancien élève à lui conseiller…



Je suis toujours surpris d’« entendre » ses paroles avant qu’elle ne les prononce.


« … qu’est-ce qu’il est gentil… »

« … comme il a l’air mignon… »

« … qu’est-ce que je pourrais faire?… »

« … il est là, allongé. Il peut pas dormir… »

« … et si je lui faisais un petit câlin ? … »


Avec un sourire intérieur, ses pensées tournent un instant autour du câlin qu’elle pourrait me faire.

Je la regarde. Elle est belle malgré sa fatigue et ses yeux brillent d’espoir. Je ramène sa main sur ma poitrine et je la serre à deux mains.



Elle me fait une bise sur la joue, remet le fauteuil en place et sort. Je m’endors enfin…


Le lendemain, c’est la routine de l’hôpital qui recommence. Heureusement que je sors demain !

Je revois Emmanuelle et Élodie pour le pansement et puis tous ces gens qui passent pour le ménage, les repas et tout le reste.


À 13 h 20, voilà mon Jean-Marc qui arrive avec un grand sourire :



Il esquisse un geste vague.



Je lui explique comment le hasard d’une insomnie nous a mis en relation. Il me raconte alors ses dernières années de vie professionnelle et puis tous ses déboires depuis son licenciement économique.


Il s’est assis sur la chaise, au pied du lit. Il est trop loin pour que je puisse le toucher.


Je lui parle enfin de la conversation téléphonique que j’ai eue la semaine dernière et je l’incite à aller se présenter le plus vite possible si ça l’intéresse. Il connait bien la boîte en question, et ça l’intéresse !


Il n’était pas loin du découragement total :



Il me regarde de travers, rougit et secoue la tête :



Les gens honnêtes ne savent vraiment pas mentir !



Il me le tend :



Bien sûr qu’il est d’accord ! Au téléphone, je tombe tout de suite sur le chef d’entreprise qui me dit qu’il n’a toujours trouvé personne et que ça l’arrangerait bien si mon « client » pouvait venir tout de suite ; il ne bougeait pas de l’après-midi.

Je recommandais Jean-Marc en faisant mousser ses nombreuses qualités (devant lui, comme cela ça l’obligerait à aller de l’avant !).

Je raccroche après les congratulations d’usage.



Il me remercie chaudement et me tend la main.


C’est la première fois que je capte les pensées d’un homme. Ça a une couleur, un « parfum » différent. Non, les couleurs sont les mêmes mais plus affirmées, plus « pétantes ». À cet instant c’est un bleu bien franc que je vois. Les pensées sont claires et linéaires : il cherche comment me remercier, il réfléchit à l’itinéraire le plus simple pour aller à son rendez-vous puis à ce qu’il va dire. Mais il me lâche avant que j’en sache plus.


Au cours de notre conversation, sa figure s‘est transformée et c’est tout joyeux qu’il quitte la chambre en me remerciant encore.


Quelques secondes plus tard, c’est Sophie qui arrive :



J’explique à Sophie tout ce qui s’est passé ; elle me fait remarquer que, même à l’hosto, il fallait que je m’occupe de mes élèves ! Mais elle est contente que j’aille de mieux en mieux.


Je me lève, m’habille et nous descendons à la cafétéria pour prendre un café.


Je n’ai plus aucun symptôme. Plus de mal de crâne, plus de tête qui tourne, plus de nausées et j’ai même retrouvé un solide appétit !


De temps en temps, je prends la main de Sophie rien que pour percevoir cette lumière nacrée qui la nimbe. Je capte quelques pensées mais je n’y prête plus beaucoup d’attention. Ce sont souvent des pensées toutes simples, triviales : la vie de tous les jours mais aussi le bonheur de savoir que je vais bien et que je rentre demain à la maison.


L’après-midi se passe ainsi tranquillement. Sophie me quitte.

En l’embrassant, je me rends compte que mon absence lui pèse, surtout sensuellement. Nous ne sommes plus des jeunes mariés mais nous dormons toujours l’un à côté de l’autre et les petits câlins de tous les jours nous sont devenus nécessaires.


Après mon repas du soir, je rêvasse en attendant que Mélanie prenne son service. J’en arrive même à fantasmer sur ses dernières pensées qui m’avaient marqué la nuit précédente.

Quelle pourrait être ma réaction si elle entreprenait le petit câlin auquel elle pensait ? C’est une belle femme, avec une sacrée silhouette ! Et mon petit démon me souffle que ce ne serait pas vraiment tromper Sophie que de me laisser faire une petite gâterie…

Pour mettre fin à ces divagations, je prends un bouquin et je me plonge dans une sombre histoire de serial killer.


Il est 22 h 15 quand elle passe la tête à la porte, me sourit puis rentre et vient m’embrasser :



Comme si j’allais dormir ! Je n’ai plus du tout sommeil ! Elle est ravissante. Elle n’a pas encore enfilé sa blouse et elle porte une petite robe d’été toute fraîche avec un décolleté très prometteur.


Je me replonge dans mon polar mais mon esprit vagabonde pas mal et j’ai beaucoup de mal à suivre une intrigue bien compliquée.


J’ai dû dormir un peu. Quand j’entends le frôlement de la porte qui s’ouvre doucement, il est minuit et demie.

C’est elle qui passe la tête. Elle me voit les yeux ouverts et entre. Je me redresse et tapote le matelas à côté de moi. Elle vient s’y assoir en riant.


J’ai l’impression que ce n’est plus la même personne qu’hier soir. Sa figure est détendue et elle s’est légèrement maquillée. Ses cheveux auburn sont tirés en chignon et ses yeux pétillent.

Je lui dis tout ça en lui prenant la main.


C’est un arc-en-ciel de couleurs vives et joyeuses :



« … j’ai envie de l’embrasser… »

« … tout à l’heure, c’est venu naturellement mais maintenant j’ose plus… »


Je me penche vers elle, pose la main sur sa nuque et l’attire vers moi. Elle ferme les yeux et me tend ses lèvres.


La sensation est extraordinaire : mes lèvres embrassent et, dans mon cerveau, je me sens embrassé. Je ressens le baiser des deux côtés ! Ses lèvres s’ouvrent et sa langue vient me caresser les dents. Je réponds à sa caresse. Notre baiser devient profond, enflammé. J’ai rarement vécu un tel plaisir pour un simple baiser.

Elle m’entoure de ses bras et se serre contre moi.


Je/elle sent sa poitrine s’écraser contre la mienne, la pointe de ses seins qui durcit. C’est dans son esprit que je découvre cette sensation délicieuse car nous avons trop de tissus entre nous deux pour que je puisse le sentir directement.


Je lui caresse le dos, lentement, savamment et nos lèvres se séparent. Je garde une main sur sa nuque pour ne pas perdre le contact mental.



Pendant ce temps son esprit faisait défiler les incidents possibles et se tranquillisait en n’en trouvant pas. Et, en toile de fond, il y avait déjà cette envie profonde, viscérale qui fait serrer les cuisses convulsivement et aussi l’excitation directe des bouts de seins dressés.


Ses pensées explosent en surface, comme des bulles de champagne :


« … comme c’est bon… »

« … il y avait longtemps… »

« … Mélanie, où est-ce que tu vas ? … »

« … comme il est doux… »

« … et mes seins, ils vont exploser ! … »


Je me pousse tout au bord du lit et je la tire pour qu’elle s’allonge à côté de moi. Doucement, je déboutonne le haut de sa blouse.


Elle est là, devant moi avec un joli soutien-gorge de dentelle blanche. Délicatement je pose ma main sur sa peau, au niveau du plexus ; en écho, je ressens la chaleur du contact. L’impression est sidérante : caresser et, en même temps, ressentir la caresse !


En réponse à son appel mental, ma main remonte doucement vers sa poitrine. De la paume de la main j’effleure la dentelle. Je tourne lentement autour d’un sein, glissant sur le bonnet en pressant légèrement. Je fais plusieurs fois le tour puis je monte vers le mamelon turgescent qui cherche à percer le fin tissu. Ce frottement sur la dentelle est délicieux à ma main, mais je sens une légère frustration chez elle. Un peu sadiquement et pour augmenter son désir, je glisse jusqu’à l’autre sein où je recommence la même caresse.


Le plaisir irradie dans tout son corps mais c’est un contact direct qu’elle désire. Elle se tend en arc, glisse ses mains dans son dos et dégrafe le soutien-gorge. Il ne me reste plus qu’à soulever le sous-vêtement pour découvrir sa merveilleuse poitrine.


Ses seins sont petits mais bien marqués, fermes et en forme d’obus. Malgré la position allongée, ils pointent glorieusement vers le plafond.

Leur peau est blanche, très fine et laisse entrevoir par transparence quelques fins vaisseaux bleus. Les aréoles sont petites et très foncées et les tétons, rouge sang, se tendent vers mes lèvres.


Je suis trop occupé à découvrir ces merveilles pour « écouter » consciemment les pensées de Mélanie mais mon corps s’est synchronisé sur le sien et les ondes de plaisir m’envahissent tout comme elles l’envahissent. J’ai le sentiment de me dédoubler.


J’aspire entre mes lèvres son téton droit tandis que, d’un doigt, je parcours très lentement son aréole gauche.

C’est un raz de marée de plaisir qui me traverse. Je n’imaginais pas qu’il puisse exister une telle relation entre les seins et le sexe. J’ai le bas ventre en ébullition ! En même temps que mon pénis s’est dressé, je sens son sexe devenir très présent par sa chaleur, gonfler ? (Une sensation bizarre qui m’est inconnue), se remplir d’humidité. Comme pris par des vagues de jouissance, son ventre se met à onduler sous la blouse et elle serre les jambes pour amplifier son désir.


Je suis en train de vivre deux plaisirs en même temps, c’est fou !


Je mordille à petits coups légers et, à chaque fois, c’est un éclair de plaisir qui lui/me traverse le corps. En contrepoint, je fais rouler l’autre téton entre le pouce et l’index et là, c’est un roulement continu de jouissance qui se propage partout.


Je sens son désir se concentrer de plus en plus sur son sexe. Sans que je cesse de la téter, ma main quitte sa poitrine, descend et atteint les derniers boutons de la blouse que j’ouvre entièrement découvrant une petite culotte blanche coordonnée avec le soutien-gorge.


Ma main va se poser sur son sexe par-dessus la culotte. Ses hanches se soulèvent pour se coller plus étroitement à ma main. Je sens sur les doigts son humidité qui a traversé le tissu. Je donne alors un léger mouvement d’avant en arrière, sans glisser, simplement pour masser son intimité en douceur.


Jamais je n’ai ressenti une telle accumulation de plaisirs. D’un côté mon plaisir d’homme de caresser, de diriger la jouissance d’une partenaire et la sensation d’un sexe gonflé, tendu à l’extrême et, de l’autre, la découverte bouleversante des plaisirs d’une femme au bord de l’orgasme.


C’est absolument affolant et j’ignore si je vais pouvoir longtemps continuer à supporter cela.


À ce moment-là, Mélanie se redresse et, avec autorité, retire la main que j’avais entre ses cuisses.

Perdu dans mon bonheur, je n’ai rien « écouté » de ses pensées et j’ignore ce qu’elle veut faire.



Elle se lève, retire sa blouse puis son soutien-gorge. Avec beaucoup de grâce, elle fait glisser sa culotte à ses pieds, puis remet sa blouse :



En femme organisée, elle range son soutien-gorge et sa culotte dans une poche de la blouse qu’elle laisse ouverte et elle se rallonge en me tendant les lèvres.

Nous nous embrassons passionnément, profondément et aussi avec beaucoup de tendresse.


Sans la lâcher, je bascule mes jambes hors du lit et je me mets debout ; je dispose ainsi de mes deux mains pour mieux la caresser.


Pendant cet intermède, l’excitation presque douloureuse de tout à l’heure est retombée. Mélanie est devenue très sereine. Je perçois chez elle ce plaisir essentiellement féminin de s’abandonner à l’autre en toute confiance, de s’offrir totalement.


Remué par cette découverte, je me redresse et je la regarde.

C’est la première fois que je la vois vraiment.


J’ai gardé sa main droite dans les miennes et à travers elle, je sens le poids de mon regard qui caresse son corps.


Ses yeux sont verts, parsemés de pépites d’or, ils pétillent de joie et d’espoir en me regardant. Sa figure est détendue, les grands cernes d’hier sont maintenant bien estompés. Ses pommettes sont hautes et forment chacune un joli pli mutin ; elles entourent sa petite bouche rieuse comme pour la mettre entre parenthèses.


Comme elle s’est mise légèrement sur le côté, je vois que ses seins ne sont pas du tout petits, comme je l’avais pensé tout à l’heure. Malgré leur volume, ils continuent à résister fermement à la pesanteur. Et, sous mon regard appuyé, les mamelons recommencent à se dresser, comme sous l’effet d’une caresse.


Elle a le ventre bien plat d’une femme sportive et des hanches larges et « moelleuses ».

Au sommet de deux cuisses robustes, son mont de Vénus est couvert d’une toison épaisse et très sombre chatoyante de reflets cuivrés. Ses jambes élégantes sont fines et musclées : elle a sans doute fait de la danse dans sa jeunesse.


Pendant cet examen très rapide, je sentais son plaisir de s’offrir et une fierté certaine de montrer son corps ; il est bien loin le « c’est vrai que je suis moche » d’hier soir !


Après les yeux, ce sont mes mains qui partent en exploration. En même temps, au hasard, je pique des petits bisous sur sa peau : sur l’épaule, sur une côte, sur l’estomac, sur un sein, sur le nombril…


Je découvre alors ce plaisir, souvent méconnu des hommes, des caresses sur tout le corps en dehors des zones érogènes.

Ce n’est pas une vague qui déferle comme tout à l’heure, c’est une marée de bonheur qui monte lentement mais inexorablement. Sans cet « accident » qui me permet de pénétrer les sensations des autres, jamais je n’aurais imaginé l’immense pouvoir de ces caresses.


Cependant, les préliminaires ont une limite. Le désir de Mélanie devient de plus en plus précis. Ma bouche mordille doucement son ventre ; une main titille un sein et l’autre, glissée entre ses cuisses remonte lentement vers sa fourche.


L’attente mêlée d’impatience s’ajoute à son désir.


J’atteins enfin le périnée et mes doigts parcourent ses grandes lèvres en les effleurant. C’est une décharge électrique que je reçois ; tout son corps fait un bond et retombe bien à plat sur le dos.


Au travers de ses poils soyeux, ma bouche déguste son mont de Vénus. Je respire son odeur, son parfum véritable chaud, poivré, très légèrement musqué. Et ma langue part explorer les muqueuses secrètes que les grandes lèvres, légèrement écartées laissent entrevoir.


Je n’ai pas besoin de chercher, je sais, je sens où se situe son petit bouton déclencheur de jouissances. Ma langue l’évite, passe sur le côté des petites lèvres déjà gonflées qu’elle caresse tendrement au passage. Elle continue vers l’entrée du vagin qu’elle explore en provoquant des spasmes incontrôlés dans nos deux ventres !


Je continue mes caresses, de plus en plus appuyées. Je goûte sa liqueur d’amour si parfumée mais je n’ose toujours pas toucher son petit bouton. Vu l’intensité de ce que je ressens déjà, j’ai peur d’une jouissance que je ne pourrais pas maîtriser ; or c’est moi qui conduis le jeu et il faudrait bien que je puisse le mener jusqu’au bout !


Ivre de désir, c’est elle qui m’attrape la tête et dirige ma bouche là où son plaisir va enfin pouvoir exploser.


C’est un immense éclair quand ma langue entre en contact direct avec le petit gland gonflé à l’extrême. Je suis ébloui, presque assommé par la décharge nerveuse. Ma langue le relâche puis, tout de suite, presque involontairement, revient au contact. Le coup est encore rude, mais je commence à m’habituer. Au-delà des flashs aveuglants je commence à percevoir l’orgasme qui monte dans le corps de Mélanie.


Pendant que ma langue poursuit ses titillements, mon majeur puis mon index se sont introduits dans son puits d’amour débordant de cyprine et s’agitent avec douceur. C’est une sensation douce, une impression de plénitude, un contrepoint velouté et grave à l’intensité aigüe du plaisir clitoridien.


Ses hanches se mettent à rouler, ses cuisses se resserrent sur mes joues, son corps se soulève et l’orgasme déferle.

Comme une tornade, il balaye tout.


Pendant un long moment, c’est le néant des sens mais aussi une explosion de bonheur dont on ressort vidé, flasque, rompu !


Tout au moins moi… C’est mon premier orgasme féminin ! Jamais je n’aurais pu imaginer ! J’ai encore tout à apprendre sur les femmes.


Tendrement je la caresse et nous repartons dans un long baiser enflammé.


Au loin une sonnette. On appelle l’infirmière de nuit.


Les femmes sont extraordinaires ; en quelques secondes elle était debout, reboutonnait sa blouse, vérifiait son chignon, remontait une mèche et courait dans le couloir.


Encore bien secoué par l’orgasme que je venais de vivre, je me rallongeais pour l’attendre.


Je rêvassais quand j’ai senti sa bouche sur la mienne. J’ouvre les yeux, elle est là, debout à côté de moi, le regard rempli de tendresse. Elle pose sa main sur ma poitrine :



Je fais passer mon tee-shirt par-dessus la tête et, en me cambrant, glisse mon caleçon jusqu’aux genoux. C’est elle qui prend le relais pour lui faire passer les pieds.


Elle aussi se met à m’embrasser partout pendant que ses mains parcourent tout mon corps. Un délice !

Je ferme les yeux pour goûter mon plaisir et pour mieux me concentrer sur ses pensées. Tout à l’heure, pris par mes caresses et par l’excitation je recevais ses sensations mais je ne faisais aucune attention à ses pensées ; tout le monde sait bien qu’un homme n’est capable de faire qu’une seule chose à la fois !


Et ses pensées me parviennent au travers d’une lumière rouge vif :


« … quel bonheur ! … »

« … mais qu’est-ce qu’il va penser de moi, après ? … »

« … que je suis une pute… faire tout ça alors qu’on ne se connaissait pas… »

« … je ne comprends pas ce qui m’arrive… »

« … j’ai jamais fait ça… »

« … Mmm ! Qu’est-ce que c’est bon ! … »

« … il ne dit rien… »



J’ai l’impression que ses mains et sa bouche sont partout. Ça fourmille dans tout mon corps.


Je découvre qu’inconsciemment, elle se crée son plaisir en imaginant sur elle-même l’effet de ses caresses.


Insensiblement, elle se dirige vers ma verge qui se dresse fièrement. Ses ongles éraflent le scrotum qui se contracte et devient tout dur. Je sens la chaleur de sa respiration sur le pénis puis une multitude de petits baisers pointus qui en font le tour. Le contact de sa langue sur mon gland me fait relâcher en un immense soupir tout l’air que j’avais bloqué inconsciemment dans mes poumons.


Je la sens excitée par cette réaction. Elle me prend entre ses lèvres et sa langue virevolte. La superposition de mes propres sensations et de ce qu’elle ressent : la douceur et le goût de ce gland qu’elle flatte avec tendresse, tout cela m’amène au bord de l’explosion.

Elle le sent et comprend qu’elle est trop rapide.

Elle relâche le gland, pose la tête sur mes cuisses et mordille la peau du scrotum qui se détend. Tout doucement, elle prend chaque testicule dans sa bouche et le fait rouler avec sa langue, sensation à la limite de la douleur mais tellement exquise ! Puis elle remonte sur la hampe et, finalement, fait glisser toute la verge dans sa bouche.


Mes dimensions honorables mais malgré tout assez modestes lui permettent de l’enfourner presque totalement.


Encore une fois, je vis cette double sensation de pénétrer jusqu’au fond de sa gorge et de sentir ce petit pieu envahir toute sa bouche. Elle commence un lent mouvement de va-et-vient et je lis en elle sa volonté de m’entraîner jusqu’à la jouissance complète.


Celle-ci monte doucement. Je m’entends souffler bruyamment. Sa langue s’active de plus en plus vite. Ça y est, j’explose !


À travers elle, je goûte mon propre sperme, cette amertume un peu sucrée qu’elle avale avec délice.

En même temps que mon orgasme, j’ai senti chez elle un plaisir intense qui lui a fait serrer les cuisses et vibrer tout son corps. Elle me lèche doucement et accompagne tendrement la détumescence.


Elle me sourit et vient s’allonger à côté de moi.


Nous nous embrassons et je la caresse tendrement. Je vois ses pensées redevenir bleues. Elle regarde sa montre :



Elle rit et continue :



Elle ajoute brusquement en rougissant :



Et, voyant que je ris aux éclats :



Je suivais sans effort le cheminement de ses pensées :



On s’embrasse encore longuement puis elle s’en va.


Quelle drôle de situation ! Même moi je me suis lancé tête baissée dans cette « folie ». Pas un instant je n’ai songé aux conséquences qui pourraient en découler, pour elle comme pour moi. Mon nouveau « pouvoir » et l’appel des sens ont été plus forts que la raison. Et c’est tant mieux !

Nous n’avons fait de mal à personne et nous nous sommes fait beaucoup de bien. Vive la vie !


Là-dessus, je m’endors comme une masse. C’est la dame du petit déjeuner qui me réveille. Il me faut quelques minutes pour émerger ; je n’ai pas dormi longtemps !


Je fais une bonne toilette pour me réveiller entièrement puis c’est le pansement. Élodie est hilare : elle raconte à Emmanuelle comment, tout à l’heure, elle a pris ma tension et ma température sans que je me réveille.


Elles m’expliquent que la plaie est très belle et que, puisque je rentre chez moi, elles vont la laisser à l’air.

Il faudra faire retirer les fils dans une huitaine de jours. Mais, dès demain je pourrai prendre une douche en faisant attention de ne pas trop mouiller la plaie.


Avec deux miroirs, elles me montrent la cicatrice au-dessus et en arrière de l’oreille droite : je suis surpris, elle est toute petite, moins de deux centimètres et ne va plus se voir dès que mes cheveux auront repoussé.


Emmanuelle m’explique que je vais pouvoir sortir un peu avant midi. Elle repassera juste avant avec tous les papiers. Elle me demande aussi si je veux une ambulance. Je la remercie : c’est ma femme qui va me ramener.


Après leur départ je téléphone à Sophie pour lui demander de venir me chercher à onze heures et demie. Elle saute de joie.


Je range toutes mes affaires et me replonge dans mon polar pour attendre le départ.



oooOOOooo



Nous voilà à la maison.

À la sortie de la voiture la fatigue m’a fait un peu tituber. Sophie m’a vite pris le bras mettant cela sur le compte de l’opération. Je m’écroule dans un fauteuil :



Je songe à tout ce qui m’est arrivé depuis quatre jours. L’accident vasculaire, l’opération, mon nouveau « pouvoir » et Mélanie. Que d’événements, quels bouleversements !


L’hôpital m’a signé un arrêt de travail de huit semaines. Je suis donc en vacances jusqu’en septembre. Pas de corvée d’examens cette année, quelle chance !

Malgré ma fatigue je bouillonne de projets d’aménagements pour notre maison. Toutes ces petites choses que l’on remet de mois en mois sans pouvoir s’y mettre.


Et mes nouvelles capacités, il va falloir que j’analyse cela, que je m’habitue, voire que je m’entraîne pour les développer.


Une délicieuse odeur d’oignons frits arrive de la cuisine, j’en ai l’eau à la bouche. À l’hôpital, la nourriture n’était pas mauvaise mais plutôt insipide. On s’y nourrit, on ne mange pas.


Sophie vient s’assoir sur l’accoudoir de mon fauteuil :



Elle se penche et regarde ma cicatrice :



Elle m’embrasse. Quel bonheur : douceur de ses lèvres, suavité de cette couleur nacrée qui m’envahit. Je suis à nouveau au paradis. Et elle me quitte, dresse le couvert et nous mangeons.

Après le repas je vais m’allonger sur notre lit pour faire la sieste et je m’endors presque instantanément.


C’est sa douce lumière nacrée qui me réveille. Elle m’embrasse sur le front.



Véronique est notre troisième enfant et elle habite tout près. Elle est mariée à Jean-Philippe qui est entrepreneur en maçonnerie et ils ont un garçon : Hugo.


Je me lève, un peu abruti. Sophie est à côté de moi prête à me rattraper.



Je me passe de l’eau sur la figure, me donne un coup de peigne et les rejoins.

Véronique me prend par les épaules et me détaille ; enfin elle m’embrasse.


J’ai le temps d’« entendre » :


« … il n’a même pas pris un coup de vieux… »

« … il a quand même l’air fatigué… »

« … ouf ! Il est revenu… Maman va être plus tranquille… »



Je tourne la tête pour lui montrer :



Ça, c’est tout Véronique. Depuis toute petite elle a voulu qu’on lui raconte tout, qu’on lui donne tous les détails.


C’est ce que j’ai fait en omettant bien évidemment certains « épisodes » plus ou moins scabreux.

Autour d’une tasse de thé, préparée par Sophie, je les ai bien fait rire en narrant certaines petites anecdotes concernant l’hôpital et son personnel.


De temps en temps Sophie me donnait la main et, à chaque fois, je replongeais dans la douceur de son amour.

Véronique est sur le départ :



Sophie la raccompagne jusqu’à sa voiture. C’est déjà la fin de l’après-midi.

Je vais mettre un CD, des sonates de Beethoven, et je m’installe avec mon bouquin dans un fauteuil.

La vie est belle…


J’entends Sophie qui s’active dans la cuisine : elle doit préparer le repas du soir. Elle arrive à la porte :



Nous mangeons puis j’aide Sophie à débarrasser et à charger le lave-vaisselle.


Nous nous asseyons devant la télé pour regarder le journal : depuis quelques jours j’avais complètement perdu contact avec les infos. C’est toujours la même succession d’attentats, de crise financière, de prises de position, de catastrophes…

Ah ! On peut louper quelques épisodes, on ne perd pas le fil du récit !


Sophie se lève :



Dès que je l’entends dans la chambre, je rejoins la salle de bains pour me laver les dents et me rafraîchir le corps. Elle est déjà sous la couette quand je rentre dans la chambre. Je finis de me déshabiller.

Depuis notre mariage nous dormons toujours nus tous les deux.


Elle soulève la couette pour que je me couche et l’envoie à nos pieds.



Ça me rappelle son rêve à l’hôpital. Elle a dû fantasmer dessus pendant mon absence.


J’ouvre les bras et elle vient se coller contre moi. Je sens la chaleur de son corps, la douceur de ses seins et, dans le nimbe nacré, qui devient de plus en plus rouge, je perçois son désir de se fondre en moi, de marier chacune de ses cellules avec chacune des miennes.


Elle m’embrasse. Ses cuisses viennent enserrer les miennes. Je sens la pression qu’elle exerce sur son clitoris et le début du plaisir qui commence à l’envahir.


Et puis elle se soulève à quatre pattes et sa bouche se promène sur mon corps : le cou, les épaules. Elle vient lécher mes aisselles puis redescend sur ma poitrine.

Là, elle se recolle contre moi. Ses pieds dépassent du lit mais elle a coincé mon genou gauche entre ses cuisses et pendant qu’elle me mordille les tétons, elle presse son sexe sur ma rotule en ondulant du bassin.

Elle veut que son plaisir monte en même temps que le mien mais tient à en garder la maîtrise totale.


Chaque petit coup de dent qu’elle me donne résonne en elle et, en synchronisation, je sens ses mamelons qui durcissent. Elle essaye de ne penser qu’à mon plaisir et espère arriver à le rendre aussi intense que celui que je lui donne habituellement.


Il faut dire que, par nature, elle est plutôt passive. Moi, étant très actif, je ne lui ai pas souvent laissé l’initiative de nos caresses.


L’impression est attendrissante, à la sentir appliquée comme cela, je me retrouve une trentaine d’années en arrière, au tout début de notre union, lorsque nous découvrions nos corps.


Je lui caresse le dos et descends sur ses côtes pour attraper ses seins mais ils sont plaqués contre moi. Quand elle se soulève, je réussis à les prendre mais elle repousse mes mains :



Elle me caresse le torse et l’abdomen avec ses seins. La sensation est délicieuse ! Sa poitrine n’a plus l’arrogance de la jeunesse mais elle reste toujours ferme. Sophie n’a rien à envier à bien des femmes beaucoup plus jeunes, nous en avons encore fait l’expérience cet été sur une plage quand, faisant du sein nu, elle avait été le point de convergence des regards excités de certains hommes et envieux de quelques épouses.


Arrivée sur mon sexe tendu et dressé, je l’« entends » rire intérieurement : elle repensait à son rêve de l’hôpital et s’amusait de la différence.


Consciencieusement, elle entreprend une fellation. C’est très agréable mais il lui manque l’imagination, ce petit grain de folie qui transforme une caresse banale en délire des sens. Sophie n’a jamais vraiment aimé ça ; elle ne se force pas, non, mais elle exécute sans âme. Sans doute qu’elle n’aime pas le goût de mon sperme et que ça la bloque un peu.


Mais il y a tant d’amour, tellement de désir de me donner du bonheur que ce manque de « technique » m’est indifférent et que je sens l’excitation monter rapidement en moi.


Elle le sent aussi et sa bouche me quitte. Elle se rallonge sur moi et m’embrasse furieusement. Elle a besoin d’être pénétrée, c’est devenu son idée centrale.


Elle s’accroupit au-dessus de moi et, doucement, elle s’abaisse pour m’enfoncer en elle.


C’est une double explosion de jouissance que je ressens.


Ce qu’elle n’excelle pas à faire avec sa bouche, elle l’exécute comme une championne avec son périnée.

C’est chaud, ô combien ! Ça glisse, ça enserre, ça enveloppe, c’est une caresse profonde, vivante, vibrante. Et en elle, c’est la félicité : elle est remplie, comblée. Elle se sent « complète ».


Un plaisir total l’envahit. C’est presque mieux qu’un orgasme violent, c’est du bonheur à l’état pur.


Ses yeux se ferment, elle savoure !


Puis elle commence à se balancer, me faisant glisser à l’intérieur de son fourreau.


Je ne puis rester passif : mes mains effleurent les tétins roses que se balancent en rythme devant moi. Elle sursaute de plaisir. Un éclair de jouissance la fait vibrer tout entière.


Mes mains sont partout : ses seins, ses hanches, ses fesses. Elle vibre de plaisir.


Ça y est, elle a perdu le contrôle conscient de son corps. Son esprit n’est plus que lumière dorée, entrecoupée d’éclairs éblouissants. Elle ne pense plus, elle goûte, elle savoure, elle vit.


La position me permet d’aller taquiner son clitoris et, de l’autre main, d’aller exciter son anus qui se relâche et dans lequel j’introduis doucement une phalange mutine.


Elle n’y tient plus, et moi non plus. Nous explosons tous les deux d’un orgasme d’une rare violence qui nous jette essoufflés l’un contre l’autre.


Elle pleure de bonheur, nous rions, nous gémissons de plaisir rétrospectif.


Nous ne nous sommes toujours pas séparés et son bassin continue de balancer pour profiter de mes derniers spasmes. Enfin, après un long moment, le plaisir retombe doucement et les corps se détendent.


Nous sommes allongés dans les bras l’un de l’autre. Nous sommeillons. Nous allons dormir…


Après tous ces événements, nous nous sommes enfin retrouvés. Elle a exorcisé toutes les peurs des jours précédents. Nous allons reprendre une vie « normale ».


Dans la béatitude de l’après-coït, je repense à Mélanie. Je sais que je vais la revoir.

Elle ne remplacera jamais Sophie que j’aime de plus en plus mais je pressens que j’aurai besoin des jeux sexuels avec Mélanie pour éviter de tomber dans une routine qui risquerait, à la longue, de détruire notre couple.






Ami lecteur, cette chronique te parait certainement incroyable et fantastique. Comme tu as raison !


Et pourtant, si c’était vrai…


Crois-tu qu’un être doté d’un tel don irait l’avouer, même à ses proches ? Surement pas !

N’as-tu jamais été surpris par des coïncidences bizarres, des intuitions qui se révélaient exactes contre toute logique ?

Et si ta femme, ton mari, ton ami(e)…