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n° 13278Fiche technique40114 caractères40114
Temps de lecture estimé : 23 mn
04/05/09
Résumé:  Le mot à mot de la découverte d'une femme fascinante, jusqu'à en perdre la voix.
Critères:  f fh extracon inconnu piscine hotel douche amour vengeance contrainte dispute cérébral voir fmast cunnilingu anulingus nopéné jeu humour
Auteur : Olaf      Envoi mini-message
Faites les mots, pas l'amer

Je ne suis ni beau, ni bien bâti. Peut-être l’ai-je été autrefois, mais c’était à une époque où je voulais me faire tout seul, à la force des poignets et de l’esprit. Concentré sur d’autres objectifs existentiels je n’ai pas su profiter de ce dont la nature m’avait doté. Je n’ai pas non plus acquis les règles subtiles des jeux de séduction. D’ailleurs, les filles qui me regardaient avec envie m’inquiétaient, sans même parler de celles qui s’adressaient à moi les yeux dans les yeux. Que d’occasions ratées.


Pourtant, je ne me plains pas. Je m’applique même depuis quelques années à rattraper le temps perdu. Elégamment habillé, il paraît que je présente encore bien. J’irais jusqu’à penser que nu, à la lueur des chandelles, je ne suis pas dénué de charme, ni d’arguments appréciables. Au bord d’une piscine ou à la plage, en revanche, je suis transparent. Personne ne me regarde. Ce qui me laisse le champ libre pour observer comment les humains des deux sexes se séduisent ou se reconquièrent. Il n’est d’ailleurs pas rare que je voie arriver l’instant où ils vont se perdre, après s’être épuisés en vains efforts pour faire renaître le désir, alors que visiblement plus rien ne se passe entre eux. Visiblement pour les autres, évidemment. Quel dommage qu’ils n’aient pas l’idée de faire appel à moi dès les prémisses de la crise. Les ayant observés sans être personnellement impliqué, je pourrais leur apporter des éléments de réflexion, peut-être même de bonnes raisons de se raccommoder.


Cela ne fait pas de moi un voyeur pour autant. Il n’y a rien de pervers dans mon approche. Je regarde simplement ce qu’il m’est donné de voir. Car même si je redoute la confrontation trop directe avec l’autre sexe, je ne me prive d’aucun plaisir. J’aime les femmes, qui me le rendent bien, apparemment.


Ceci dit, j’ai une prédilection pour les endroits ensoleillés lorsque je suis amené à travailler sur un projet professionnel complexe. Je séjourne donc plusieurs fois l’an dans le Sud, à étudier des dossiers et rédiger des articles. Une organisation rigoureuse de mon temps de travail me permet de répartir de manière optimale les périodes de détente, de préférence au bord de l’eau, et les périodes de production professionnelle, en compagnie de mes dossiers et de mon ordinateur portable, à une terrasse de restaurant ou sur le balcon de ma chambre d’hôtel.


Voilà pourquoi je me trouve cet après-midi attablé non loin de la piscine de l’hôtel. Après deux heures d’intense concentration, je m’accorde une courte récréation. J’en profite pour observer mes semblables qui s’ébattent, se séduisent, se désirent, s’éloignent les uns des autres.


Après avoir rapidement survolé ce qui se passe sur la pelouse, mon regard est attiré par une femme que j’ai déjà remarquée hier. Elle était alors étendue sur une chaise longue en compagnie d’un homme, le sien probablement. J’avoue avoir été d’emblée séduit par son corps épanoui, ses seins en particulier. Il est vrai qu’habituellement seuls ceux qui racontent quelque chose m’attirent. Je me découvre même un penchant certain pour ceux qui commencent à perdre un peu de leur ferme insolence. Ils ont des airs alanguis sous la chaude caresse du soleil. Arrivés à pleine maturation, gorgés de toutes les attentions reçues, ils dardent encore fièrement leurs pointes sous le léger tissu qui les protège de mes regards indiscrets. Voilà probablement pourquoi ma préférence va à ceux que de discrets artifices vestimentaires maintiennent encore joliment gonflés, mais qui, une fois en confiance, se détendent voluptueusement entre des mains qui leur veulent le meilleur.


Les premières traces de lassitude que j’ai trouvées sur les seins de la belle m’ont troublé. Elle ne se cachait pas, je l’ai admirée. Elle s’est amusée de mon émotion lorsqu’elle m’a repéré, regardant par en dessous, puis haussant discrètement les épaules, l’air de dire « eh oui, c’est la vie ! Merci de votre regard attentif, il fait du bien ».


Ce matin, elle m’a adressé spontanément la parole lorsque je me suis approché du buffet où elle se servait son petit déjeuner. J’étais habillé, donc redevenu visible. Elle avait échancré sa blouse juste ce qu’il fallait pour que son homme y plonge les yeux entre deux tartines beurrées. Mais cela ne lui a pas remué les sens. Plus rien d’elle ne semblait capable de remuer quoi que ce soit en lui. Elle faisait pourtant preuve d’une louable constance dans ses efforts de séduction à son égard.


Nous avons échangé quelques considérations sur les œufs à la coque. Ça n’a l’air de rien, mais ce n’est pas anodin de débattre avec une jolie femme du temps de cuisson idéal pour obtenir le moelleux sensuel du jaune d’œuf. La voyant d’aussi bonne humeur devant le buffet, j’ai supposé qu’elle voulait apporter les œufs à son homme. Que la nuit passée entre ses bras rendait nécessaire cet apport protéinique, relevé d’une bonne dose de poivre.


En fait, il n’a même pas fini de déjeuner en sa compagnie, et c’est elle qui a mangé les œufs refroidis. Il avait apparemment des dizaines de kilomètres à parcourir en vélo, ou je ne sais quoi de bien plus important que de passer du temps à la contempler. Se sentant délaissée, elle a choisi de passer la matinée à la piscine. Sur le même transat qu’hier.


Je profite de l’occasion pour admirer sa silhouette et ses gestes élégants. Perdu dans mes pensées, je la contemple pendant de longues minutes. Jusqu’à ce que je réalise à quel point je manque de discrétion. Effrayé à l’idée de l’avoir importunée, je baisse le regard sur mon travail lorsqu’elle se lève pour aller faire quelques brasses. Je ne peux toutefois me retenir d’apprécier à la sauvette les émouvants frémissements de ses seins à chaque balancement de la marche.


Quelques instants plus tard, je suis désagréablement surpris par la pression de deux mains trempées et froides sur mes épaules. Je sursaute sous cet assaut inattendu et me retourne pour voir qui en est la cause.



Surpris et irrité d’avoir été abordé de manière aussi cavalière, qui plus est dans un français approximatif, je me sens obligé de remettre les choses à leur place, aussi maladroitement qu’un galopin pris en faute.



Je suis complètement abasourdi. Contrairement à ce que j’avais imaginé en entendant son accent, cette femme maîtrise parfaitement le français. Elle maîtrise aussi le discours amoureux avec une assurance peu commune. Il lui a suffi d’une phrase pour me mettre en position d’infériorité. Ce qui ne m’empêche pas de ressentir une intrigante montée de désir à son égard.



Sans me laisser le temps de donner mon avis, elle m’invite à la suivre et me guide à travers les couloirs de l’hôtel, jusqu’à sa chambre. Un instant, j’ai peur de tomber dans un guet-apens et m’attends à voir débouler son partenaire l’arme au poing. Pressentant mon trouble, elle précise qu’il est absent jusqu’à ce soir, pour une longue randonnée avec des amis. Avec un naturel désarmant, elle me tourne alors le dos, retire sa robe, dégrafe son soutien-gorge, et s’allonge sur son lit.



Devant un tel chef-d’œuvre, je serais prêt à signer n’importe quoi. Même en allemand, et sans traduction. Elle n’est pas seulement belle, elle est…



Il se produit alors quelque chose d’extraordinaire. Sa manière de s’offrir et son désir d’entendre ce que provoquent en moi ses charmes dévoilés, me transforment. Elle veut mes mots, mes perceptions les plus intimes, je les lui offre, en commençant par le détail de ce que j’ai ressenti en la découvrant lascivement allongée hier, puis en la regardant marcher. Je lui parle de mon attirance pour ses mamelons raidis, de mon envie de les faire rouler entre mes doigts, de les torturer jusqu’à ce qu’elle se mette à gémir et demande grâce. Ou qu’elle me supplie de continuer. Ou les deux, tant les sensations se mélangent indistinctement à ce stade.


Puis viennent spontanément mes interrogations et mes délires les plus secrets sur sa somptueuse poitrine. Mis en confiance par son abandon, je ne filtre rien. Tout y passe, des émois saccadés du potache pour ses aréoles sombres et le profond sillon qui sépare ses seins, aux envolées lyriques de l’amant accompli, décrivant ses troublantes collines et leur parfaite adéquation avec la forme de mes mains.


Elle m’encourage par des sourires ou des clins d’œil complices, prenant visiblement plaisir à ce partage inhabituel. Elle change aussi de position, de manière à mettre l’un ou l’autre aspect de sa ravissante plastique en valeur, avec une maîtrise consommée de l’art de la séduction. Sans crainte d’être jugé pour mon attention soutenue, je la caresse du bout des mots, qui franchissent avec une étonnante facilité la barrière de mes lèvres. Notre échange est hautement excitant, même si tout contact physique en est proscrit.


Progressivement, un désir d’un genre nouveau monte en nous. Nos corps, loin d’être frustrés par le manque de contact physique, s’adaptent et prennent plaisir à ce nouveau jeu. Libérés du poids des gestes, nous arrivons à percevoir quelque chose de différent l’un pour l’autre, plus raffiné peut-être que le désir physique, un moyen de découverte d’une qualité et d’une intensité inconnues.


Cela ne dure toutefois pas. Visiblement troublée par ce que sa nudité réveille en moi, elle s’abandonne plus ouvertement à mes caresses verbales. Des frissons d’excitation commencent à parcourir sa peau, son ventre montre quelques signes d’impatience. Je tente d’inverser les rôles pour calmer le jeu. Pour entendre par ses mots ce qui se passe en elle.



Comme des êtres primitifs, nous nous mettons alors à jouer avec ces sons érotiques, ces onomatopées du désir primaire pour le corps de la femme.



Je ne suis pas sûr que le sujet soit moins troublant, tant ce blason du corps féminin est pour moi une source inépuisable d’inspiration. Celui de Meike est plat et musclé, sans doute par une pratique sportive régulière. Mais tout en cette colline délicieusement dessinée invite à y poser la tête. Si elle m’y autorisait, je commencerais par écouter longuement la vie qui palpite en elle.



Elle a fermé les yeux, sa respiration est plus rapide, le haut de sa poitrine et ses joues rougissent. Elle passe de plus en plus souvent la pointe de sa langue sur ses lèvres. Mes mots se limitent aux chastes caresses qu’elle a imposées, mais ce troublant jeu de séduction lui fait intensément partager mon envie d’elle, exacerbée par la lecture de ses charmes. Son esprit n’est plus seul comblé par mon regard concupiscent. En initiant un tel échange, elle a sous-estimé à quel point cela peut devenir physiquement troublant de « faire les mots » avec une personne parlant le même langage érotique.


Alors son corps se rebelle, il se languit des caresses qu’évoquent les mots, il veut que soit comblé le manque insistant, il veut la fulgurante et irrésistible bouffée de chaleur au creux des reins. Un instant je sens Meike hésiter, prête à s’emparer de mes mains pour évacuer ses tensions intimes. Mais, plus forte que je ne l’imaginais, elle se ravise et se contente de laisser glisser sa propre main le long de son ventre. Les paupières closes, elle parcourt sur sa peau un chemin connu d’elle seule, menant de l’arrondi de ses seins, qu’elle frôle délicatement au passage, jusqu’à sa vulve qu’un minuscule sous-vêtement cache encore à mes regards. Les souvenirs de fougueux ébats avec des amants attentifs viennent certainement attiser son envie. Trop fière pour transgresser les limites qu’elle a elle-même fixées, elle ne se résout pourtant pas à recevoir d’un autre ce que son homme lui refuse. Malgré ma présence, son plaisir restera solitaire.


Dans mon esprit excité par cette scène irréelle, enfiévré par la beauté de ce corps en désir, d’autres mots coulent en une longue et silencieuse litanie. Il suffirait d’un signe de Meike pour que je les laisse s’échapper de mes lèvres et ajoute l’effleurement du verbe à celui des caresses. Mais elle semble être entrée dans une bulle de bien-être où je n’ai plus ma place. Sa manière de me laisser la contempler jusque-là vaut n’importe quel remerciement. Je crois lui avoir fait les mots comme elle le désirait, il est temps de me retirer, gonflé de désir certes, mais respectueux des règles du jeu.


ooo000ooo


Je la revois à la piscine le lendemain matin, à nouveau allongée à côté de son compagnon. Je dois impérativement avancer dans mon travail et préfère me tenir éloigné du couple. Rien ne vient donc troubler ma concentration, jusqu’au moment où, à la faveur d’une courte pause, je regarde dans leur direction. La perfide teutonne à profité de la course du soleil et du jeu des ombres sur son bronzage pour changer peu à peu de place et, finalement, se rapprocher de moi. D’où je suis, ou plutôt de l’endroit où je me retrouve selon sa volonté, mon regard ne peut que se poser sur ses cuisses et son entrejambe.


Commence alors un étrange manège, au cours duquel elle s’applique en apparence à attirer l’attention de son homme, tout en me donnant à intervalles réguliers de quoi nourrir mon imaginaire. Suivant la position qu’elle prend, elle arrive dans le même mouvement à offrir son visage, ses seins et son ventre à son homme, tout en me laissant entrapercevoir son anatomie intime.


Meike espère-t-elle que, piqué par une pointe de jalousie, son partenaire se décide à devenir plus entreprenant, ou prend-elle plaisir à exciter deux mâles d’un même balancement des hanches ? Sublime femelle ou fieffée salope, elle seule connaît la réponse. Devrais-je pour autant me retenir de poser les yeux sur ce qu’elle me dévoile ? S’il était un peu plus attentif, son amant remarquerait ce qui se trame. Et, s’il répondait à ses avances, je détournerais immédiatement la tête pour les laisser à leur bonheur.


Dans une tentative désespérée de le conquérir, elle se tourne maintenant vers lui, écarte un peu plus les cuisses, redresse son torse et s’offre ouvertement à ses regards. Voire plus, tant il ne semble tenir qu’à lui de profiter de tout ce qu’elle lui promet. Il s’obstine pourtant à ignorer ses ouvertures et finit par la quitter, après un baiser distrait, pour aller rejoindre des amis en train de jouer au beach-volley.


Ce que je lis alors sur le visage de Meike m’attriste profondément, mais je m’abstiens d’intervenir lorsqu’elle se lève quelques minutes plus tard et quitte la piscine, dépitée. À quelque chose malheur est bon, sa retraite précipitée me permet de mieux me concentrer sur mon travail.


Elle en décide autrement. Peu avant midi, je sens soudain une présence juste derrière moi, puis deux bras posés sur mes épaules.



Pour la deuxième fois, elle m’entraîne impérativement dans son sillage. Je commence par la suivre en direction de sa chambre, puis me ravise et l’emmène dans la mienne. Je m’y sentirai plus à l’aise, sans crainte de voir son homme nous interrompre. Tant qu’à sauter le repas de midi, autant que ce soit pour nous attabler longuement devant ses friandises intimes.


Sans perdre de temps, elle se déshabille, cette fois-ci entièrement, et s’allonge sur le ventre. Au menu dos, chute de reins, fesses et cuisses. Mais rien que pour faire les mots, bien entendu… Sauf que là, ce ne sont pas de simples fesses qui sont soumises à ma concupiscence, mais de parfaits hémisphères, dessinés selon le nombre d’or. Une perfection anatomique sur laquelle j’hésiterais en temps normal à poser les mains, à supposer qu’elle m’y autorise, tant je ne voudrais pas en perturber la sublime harmonie. Un arrondi exceptionnel à n’aborder que par des guirlandes de baisers, un sillon infiniment troublant à contempler dans le plus profond respect, un évasement sans pareil, à caresser longuement du regard, tout en bénissant le Créateur.


Cette vision du côté pile de Meike est d’autant plus émouvante, que je ne me suis pas privé de la regarder marcher ces derniers jours, et que ses mouvements harmonieux ont déjà abondamment excité mes rétines. Après avoir contemplé le bas de son dos, l’arrondi de ses hanches, le balancement de ses reins, quelle découverte de pouvoir profiter à loisir de ses fossettes, de ses rondes-bosses et des délicats clairs-obscurs qu’elle me dévoile.


Etrangement, alors qu’elle est intégralement nue sur mon lit, je me surprends à la reconstruire comme elle s’est montrée ce matin, couverte d’un léger deux-pièces, qui, il est vrai, mettait plus en valeur qu’il ne cachait ses trésors. Contemplant le sillon fessier de Meike, je revois la fine bande de tissu s’enfoncer entre ses deux globes charnus, et effleurer à chaque pas les renflements de sa féminité. J’imagine le chemin qui mène de la plage de lumière du bas de son dos à la nuit moite et chaude de son intimité, dont je connais déjà par cœur l’émouvant dessin.


Je suis censé lui offrir le jeu des mots. Mais face à ce cul somptueux, ces hanches larges et cette chute de reins sculptée par une intense pratique des mouvements de l’amour, je me retrouve muet d’admiration. Inversement, mon sexe se tend bruyamment dans le silence de cette découverte intime.


La fine mouche ne manque pas de réaliser que quelque chose est en train de se transformer en moi. Comme si elle n’attendait que cela, elle se tourne sur le côté et découvre mon état, les yeux grands écarquillés. Je m’attends à la voir réagir furieusement. J’ai trahi la règle première de notre convention, il serait légitime qu’elle s’en offusque et me remette en place vertement. Je redoute même de la voir quitter précipitamment ma chambre. Il n’en est rien. L’hommage semble lui plaire.



Elle se lance alors dans une description de mon anatomie qui dépasse tout ce que j’aurais pu imaginer de sa part. Sous des dehors réservés, cette femme est un pur volcan, son imagination bouillonne des pensées les plus folles. Quelle différence entre sa manière de faire les mots, et la mienne, que je m’efforçais de garder romantique !



Les yeux brillants, elle fait une courte pause. Puis, contrairement à ce qu’elle avait exigé, elle s’autorise à joindre le geste à la parole et se met à me déshabiller tout en décrivant à haute voix chaque découverte.



Entièrement nu sous son regard gourmand, je me sens trop bien pour répondre à cette question somme toute purement rhétorique. Je la laisse poursuivre sur son agréable lancée.



Tout en récitant sa mélopée sensuelle, elle caresse les lieux décrits, met en émoi chaque centimètre carré de ma peau, voltige d’un bout à l’autre de mon corps entièrement soumis à son bon plaisir. Son envie ainsi déclamée est si communicatrice qu’elle fait d’emblée monter mon excitation à son maximum. Comme une femelle en chaleur, elle me met en rut, me pousse à la saillie, seule issue à cette manière débridée de faire les mots.


Succombant elle-même à la violence de ses envies, elle me donne finalement en un tour de main l’explosion de plaisir qui lui manquait tant depuis quelques jours. Je m’abandonne à sa dextérité, et me laisse faire jusqu’au jaillissement final, dont elle contemple le déferlement d’un air mi-amusé, mi-attendri, une main profondément enfouie entre ses cuisses, le souffle court, le regard chaviré.



Elle dépose un très léger baiser sur mon membre encore tressaillant, puis sort de ma chambre, en dégustant ostensiblement l’épaisse giclée qui recouvre ses doigts.


Ooo000ooo


Je suis contrarié de ne pas voir Meike au bord de l’eau le lendemain matin. C’est mon dernier jour dans la région, il est temps de retrouver une manière plus orthodoxe de travailler. J’ai passé une partie de la nuit à réfléchir à une éventuelle suite à donner à cette étrange relation et j’aurais besoin d’elle pour y voir plus clair. Son absence ne m’étonne cependant qu’à moitié. L’hypothèse d’une discussion orageuse entre elle et son homme me perturbe même fortement et m’empêche de travailler. Je renonce rapidement, et préfère aller régler les formalités de départ plutôt que travailler dans le vide.


Je la découvre assise dans le hall de l’hôtel, la mine défaite, les yeux gonflés et rougis.



Sa détresse me fait complètement craquer. Impuissant à lui offrir mieux, je la prends entre mes bras. Elle se serre de toutes ses forces contre moi. Son étreinte se relâche dès que je pose mes lèvres contre son cou, le nez dans ses cheveux.



Comme mue par une nouvelle énergie, elle se redresse et m’entraîne en direction de ma chambre. Là, elle met d’autorité la pancarte « ne pas déranger » à la poignée de la porte, et nous enferme à double tour. Paralysé à l’idée de faire un faux-pas, je me contente de l’observer.



La voir se déshabiller avant de se faufiler sous la douche me donne un coup de fouet salutaire. Je l’imite et la rejoins dans l’étroite cabine où une eau bouillante inonde déjà son corps nu. Nous nous serrons l’un contre l’autre sous le jet dru. Nos corps réagissent immédiatement à cette étreinte, nos lèvres se cherchent, nous nous unissons dans un long, un très long baiser. Puis elle prend mes mains entre les siennes, les contemple longuement, parcourt du bout des doigts mes lignes de cœur, de vie, de chance ou de je ne sais quoi d’autre, avant de déposer un léger baiser sur chaque paume.



A nouveau, elle se jette corps et âme dans un long baiser, comme si ma bouche pouvait devenir source de rédemption. Sauf que son âme vient d’être malmenée et que son corps est meurtri. Quelle caresse lui offrir sans heurter sa sensibilité par mon impatience ? La seule chose que je sais, c’est qu’un sagouin lui a « fait l’amer jusqu’à la lie ». Cela peut tout vouloir dire. J’ai peur de réveiller un traumatisme en frôlant une écorchure, ou de ne pas être assez attentif à un geste de refus au passage de mes doigts sur une déchirure invisible.


Je commence par le plus simple, et prends tout mon temps pour la savonner. Guidées par les réactions de Meike, mes mains courent sur sa peau, se faufilent sous ses bras, le long de son torse, jusqu’à son ventre. Puis, espérant avoir lavé tout souvenir de l’autre, je m’agenouille devant elle. Comme ses hanches paraissent fines et légères entre mes larges mains. Mise en confiance, elle vient à ma rencontre. Elle me guide même, pour mieux m’indiquer où poser ma bouche, plus loin, encore plus loin….


Comme un chien fidèle, je lèche consciencieusement ses plaies. Un liquide gluant et acre se met à couler sur ma langue. Meike contracte son ventre pour en expulser tout ce qu’il a dû recueillir contre sa volonté. Lorsqu’elle se sent libérée, elle me saisit sous les bras et m’aide à me relever. Elle remplit alors sa bouche d’une large rasade d’eau, pose ses lèvres contre les miennes et instille sa salive en moi.



J’expulse un long jet fait d’un obscène mélange de sperme, de mouille et d’eau. Elle essuie mes lèvres de sa main, remplit sa bouche, puis la mienne d’une autre rasade. À nouveau je crache le venin. Trois fois d’affilée, elle rince ma bouche et en extirpe toute trace de la pollution nocturne.


Ce rituel purificateur nous met en transe. Mon cœur bat à tout rompre, des larmes se mélangent aux gouttes qui coulent sur les joues de Meike. Nous nous embrassons, nous nous caressons, nous nous serrons l’un contre l’autre avec l’énergie du désespoir.


Après un regard particulièrement intense, Meike finit par me tourner le dos, reins cambrés, cuisses écartées. En d’autres circonstances, je ne résisterais pas à cette invitation à me glisser entre ses fesses. Mais en ce moment, tout en elle donne une autre signification à ce geste. Je m’agenouille et enfouis mon visage entre ses somptueux hémisphères. Délicatement, du bout de la langue, je commence à parcourir ses trésors saccagés. Un gémissement de douleur accompagne mes premiers baisers. Hier encore, le même hommage lui aurait arraché un cri de plaisir. La différence est si ténue entre le soupir d’impatience, le cri de plaisir et le gémissement de douleur…


Je réalise à quel point nous avons maintenu une distance protectrice entre nous par nos jeux de mots. En partageant maintenant l’amer avec moi, Meike m’offre son absolue confiance, sa totale nudité. À ce stade d’intimité, les mots ne servent plus à rien, ils ne sont que barrière. Il faut le langage du corps, les élans de l’âme, les crispations de la volupté pour se comprendre. Il faut se déshabiller des mots et des phrases qui ne rendent jamais tout à fait compte de la réalité de l’essence amoureuse et sa perfection.


Meike se détend peu à peu. Elle se laisse même longuement câliner, avant de me reprendre entre ses bras pour de nouvelles ablutions. Trois fois elle éjacule sa salive dans ma bouche. Trois fois je crache le fiel. Malgré la retenue dont je voudrais pouvoir faire preuve, je suis submergé par l’intensité sensuelle de ce bouche à bouche. Hommage incongru, mon membre se dresse triomphalement, comme un index vengeur tendu contre celui qui vient d’abuser d’elle. Elle pose ses yeux sur mon sexe bandé, puis le recouvre tendrement de ses mains.



Elle s’empare alors une dernière fois de ma bouche, longuement, profondément, intensément. Désarmé par sa spontanéité, je deviens incapable du moindre son, comme si elle venait de tarir à jamais la source de mes mots, tout en déposant en moi le germe d’un nouveau langage amoureux. Si c’est par elle que je dois me métamorphoser, apprendre à aimer vraiment, je saurai être patient.


Je la laisse sortir de la douche, s’habiller à la hâte et quitter ma chambre, sans la retenir. Longtemps après son départ, un courant d’air me fait réaliser ma nudité et ma solitude. Je lui ai offert mes mots, elle m’a donné sa parole. Son entrée fracassante dans ma vie instaure un silence assourdissant au plus profond de moi. Pour longtemps, sans doute. Cela ne dépend de toute façon plus de moi.


Grand merci à Louise Gabriel pour avoir accepté d’enrichir ce texte de toute la poésie de ses mots de femme.