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Temps de lecture estimé : 17 mn
05/05/09
Résumé:  Je connais Dominique depuis environ six mois, depuis qu'elle a emménagé dans la maison des vieux cons derrière chez nous.
Critères:  fh cérébral revede fellation pénétratio -journal -voisins
Auteur : Zébulon            Envoi mini-message
Dominique

Je connais Dominique depuis environ six mois, depuis qu’elle a emménagé dans la maison des vieux cons derrière chez nous. Ces deux-là, personne ne les a regrettés quand ils sont partis en retraite sur la Côte d’Azur il y a quatre ans. C’était un vieux couple sans enfants, sans joie, aigris par la vie, toujours prêts à dire du mal de tout le monde. Le genre de propriétaires à la porte desquels les enfants ont peur d’aller frapper pour récupérer leur ballon tombé dans le jardin. Heureusement à cette époque nos enfants n’étaient pas nés, ils n’ont pas eu à subir leurs méchancetés.


Depuis, les vieux cons louent leur maison pour arrondir leurs retraites. Ils n’ont jamais remis les pieds ici. Ils traitent tout par courrier avec leurs locataires, et c’est tant mieux. Il y a d’abord eu un jeune couple très sympa qui est resté trois ans, le temps pour eux d’acheter un terrain et de faire construire leur maison. Ils sont partis juste après nous avoir annoncé qu’elle était enceinte. Et ensuite Dominique, célibataire, sans enfants. Cette maison n’aura donc jamais connu de petites têtes blondes jusqu’à présent, je trouve ça triste. Une maison sans enfants c’est un peu comme une marionnette inanimée ou un manège qui ne tournerait pas, ça manque de vie.


Au début, nos relations ont été de simple courtoisie, un bonjour quand on se voyait de jardin à jardin. Et puis au fil des jours elles sont devenues plus proches. Elle est au chômage et je suis en congé parental, nous sommes donc toutes les deux à la maison toute la journée. Nous avons le même âge, à un an près. Les autres voisins sont des couples plus âgés ou des retraités. Notre rapprochement était naturel. J’ai commencé par l’inviter à venir prendre un café pendant la sieste d’Enzo le matin, quand elle remontait d’être allée chercher son courrier. Au début je la hélais quand je la voyais passer puis l’habitude s’est prise et elle s’est mise à venir directement pour notre rendez-vous de onze heures.


J’avais besoin de parler à quelqu’un et d’entendre d’autres conversations que celles qui tournent autour des enfants. Clara a trois ans et on vient de fêter le premier anniversaire d’Enzo. Je me suis arrêtée de travailler à sa naissance et j’ai prolongé depuis mon congé d’un an. Mais l’inactivité commence à me peser. J’ai besoin de voir autre chose que l’univers de la maison, des couches et des biberons. Je n’ai pas fait des études pour être femme au foyer ! Clara va maintenant à l’école le matin, ce qui fait que quand Enzo fait sa sieste matinale j’ai enfin un moment rien que pour moi, pour souffler et faire ce que je veux.



Alors avec Dominique, que je taquine en l’appelant Dédée eu égard aux initiales de son nom, Dominique Dubois, on parle de tout et de rien pendant mon heure de récréation. C’est surtout moi qui parle, elle est beaucoup moins bavarde que moi, ou plutôt elle n’a pas trop le temps d’en placer une. C’est comme si tout un flot de paroles était resté bloqué dans ma gorge depuis le début de mon pouponnage et qu’elle avait dynamité le barrage. Elle doit parfois avoir l’impression d’être la ville de Fréjus recevant la déferlante de Malpasset !


Avec Dédée, j’ai l’impression de revivre un peu ma vie de célibataire. Les conversations débridées entre copines, les fous rires, les potins sur les people, les évaluations de tenues vestimentaires, les échanges sur les garçons. Quoique sur ce dernier point je la sente toujours un peu en retrait. J’ai l’impression qu’elle n’est pas très expérimentée. Je me suis même déjà demandé si elle n’était pas toujours vierge. C’est peu probable, plus personne n’est vierge à trente-deux ans de nos jours !


Nos rendez-vous de onze heures ont peu à peu évolué vers de l’utilitaire pour moi. Je lui ai demandé de faire la baby-sitter le temps que j’aille faire des courses ou que je me rende chez le coiffeur. Elle passe très bien avec les enfants. De son côté, elle recherche leur contact. C’est naturel, à son âge une femme sans enfants est forcément titillée par le désir de maternité. Qu’on le veuille ou non, nous sommes toutes tributaires de notre compte à rebours. Il est une chose de ne pas vouloir d’enfants, c’en est une autre de ne plus pouvoir en avoir. Je ne connais pas une femme autour de moi qui, la trentaine franchie, n’ait pas commencé à y réfléchir.


Ce « célibataire revival » a ranimé en moi l’envie de sortir, de sentir le regard des hommes sur mon corps, d’accrocher au passage une paire d’yeux sur mes hanches. Mais mes hanches ne sont plus ce qu’elles étaient, malheureusement ! Clara et Enzo m’ont laissé en souvenir de leur passage quelques kilos, disons, superflus. Je me suis donc inscrite à un cours de gym et de musculation. Dédée a eu la gentillesse de bien vouloir m’accompagner, bien qu’elle n’en ait pas besoin, elle. Elle est baraquée, un peu du genre nageuse de l’Est, mais en plus gracieux quand même.


J’ai la chance d’avoir un mari adorable. Nicolas est ce qu’on appelle un papa moderne. Il s’occupe des enfants, il prépare les biberons, il change les couches, une vraie perle ! Quand il arrive le soir je lui passe le relais, c’est lui qui prend en charge nos bambins. Il m’a proposé de rentrer plus tôt de son travail le jeudi soir pour que nous puissions aller toutes les deux au cours de gym.


C’est ce que nous faisons depuis deux mois maintenant. Deux heures hebdomadaires d’efforts intenses, pour moi en tout cas, qui n’ont pas encore donné un résultat suffisamment satisfaisant pour que j’offre ma silhouette aux regards concupiscents. Il va falloir que je travaille un peu plus mes abdos-fessiers pour oser sortir. Et pourtant j’ai hâte.


J’ai très envie de retrouver l’insouciance de mes virées estudiantines du jeudi soir, de pouvoir déguster en même temps qu’un cocktail l’effet que je fais sur les hommes. Et je sens que Dominique compte sur moi pour l’accompagner, pour l’aider peut-être à surmonter sa timidité envers la gent masculine, en tout cas pour mettre de l’huile dans les rouages de sa séduction.


Quand elle m’a parlé de son projet de vacances, je l’ai encouragée dans son choix d’un hôtel-club en Tunisie. Passer une semaine au soleil en formule all inclusive, se relaxer au bord de la piscine en soignant son bronzage, c’est le meilleur moyen de faire des rencontres. Surtout que tous les célibataires y vont pour ça ! À des milliers de kilomètres de son quotidien, on se sent pousser des ailes, on repousse les limites, on fait des choses que l’on n’oserait pas en temps normal.


Et puis, regarder les brochures d’agence de voyages avec elle m’a permis de m’évader un peu aussi. J’ai rêvé en regardant les photos de plages de sable blanc, de transats au bord de l’eau bleue, de chambres à la décoration exotique. Qu’est ce que j’ai envie d’une semaine de vacances au soleil, seule avec Nicolas, sans rien d’autre à faire que s’aimer et buller !


Je suis allée voir sur internet les tarifs des séjours. Ce n’est pas donné mais on pourrait se le payer, quitte à sacrifier quelque temps autre chose. Les tarifs varient beaucoup d’une semaine à l’autre. En choisissant bien sa période, il y a moyen de ne pas trop débourser. Pas comme Dédée, elle a pris la semaine la plus chère. En partant la semaine suivante elle aurait économisé presque vingt pour cent, surtout qu’au chômage elle ne doit pas rouler sur l’or, et que la disponibilité n’est pas un problème pour elle. Quand je le lui ai fait remarquer, elle n’a pas voulu démordre de ces dates-là. Bon, après tout, c’est son argent, elle en fait ce qu’elle veut !


Cela fait deux jours qu’elle est partie se dorer au soleil et draguer le mâle bronzé. Elle m’a confié ses clefs avec mission d’actionner les volets et de relever son courrier, pour faire croire que la maison est toujours habitée. Les vieux cons feraient une attaque s’ils apprenaient que leur maison a été fracturée par des cambrioleurs. Leurs voisins seraient alertés par l’odeur au bout de quelques jours, les pompiers découvriraient leurs corps décomposés gisant sur le sol de la cuisine. L’idée n’est pas pour me déplaire, loin de là, mais la première victime serait quand même Dominique et ça je ne le souhaite pas.


J’ouvre sa boite aux lettres pour y découvrir deux lettres. Deux factures, une de la compagnie d’électricité, l’autre de celle du téléphone. Cela me rassure, nous ne sommes pas les seuls à ne recevoir que ce genre de courrier ! Les deux adresses mentionnent « Monsieur Dominique Dubois ». C’est incroyable l’arrogance masculine du système ! Sous prétexte qu’une personne porte un prénom mixte, c’est forcément un homme ! Il faudrait que ces messieurs de l’administration entrent dans le vingt et unième siècle et réalisent que des demoiselles peuvent prendre des abonnements à leur nom, et pas à celui de leur père ou de leur mari. Je ne suis pas spécialement féministe, mais ce genre de chose a le don de m’irriter.


Je pose les courriers sur le petit bureau placé devant la fenêtre. Il y a là un fatras inextricable de papiers posés en vrac sur le plateau, à tel point qu’on ne voit même plus le bois dans lequel est fait le meuble. C’est dommage, c’est une jolie pièce d’ébénisterie qu’elle a sûrement dû dénicher dans une brocante. Si elle avait des enfants, elle serait obligée de ranger tout ce bazar, sous peine de retrouver des petits bouts de papier déchirés éparpillés dans toute la maison. J’ouvre la fenêtre pour aérer, car les maisons ont vite fait de sentir le renfermé quand elles ne sont plus habitées.


Tout à coup la sonnerie du téléphone me fait sursauter. J’hésite à décrocher. Pour dire quoi ? Que Dominique est en vacances et qu’il faut la rappeler la semaine prochaine ? Si son interlocuteur ne le sait pas, c’est que ce n’est pas un proche, donc c’est surement un de ces appels publicitaires qui nous pourrissent la vie. Tiens d’ailleurs, à la réflexion, je ne sais rien de ses proches. Elle ne m’a jamais parlé de ses parents, je ne sais même pas si elle a des frères et sœurs. Si elle ne m’en a pas parlé, c’est probablement que la conversation n’est jamais venue sur le sujet.


Un deuxième bruit m’extirpe de mes pensées. C’est le répondeur qui se met en marche. Une voix synthétique et monocorde débite le message d’accueil, terminé par le bip habituel. Par curiosité je m’immobilise et tends l’oreille.



Le choc me coupe le souffle. Nom de Dieu, Dominique est lesbienne ! Ça alors ! Je n’ai rien vu, je ne me suis doutée de rien ! Ah mais, je comprends mieux pourquoi elle n’est pas à l’aise avec les hommes ! Ah, la cachottière, elle aurait pu me le dire, quand même ! Oh, putain, mais je me suis mise à poil devant elle dans les vestiaires du club de gym ! Elle a dû bien se rincer l’œil, la Dédée !


La pièce est soudain traversée par un violent courant d’air, suivi par le bruit caractéristique d’une fenêtre qui claque. Zut, j’avais laissé la porte ouverte. Je me retourne pour verrouiller l’espagnolette. Les papiers posés sur le bureau ont volé et sont maintenant dispersés sur le parquet.


Je m’agenouille pour les ramasser un à un. Il y a vraiment de tout là-dedans, des factures, des prospectus, des invitations dans divers magasins, des rappels d’impôts locaux et même une feuille de soins dûment remplie. Je ne sais pas comment elle gère son budget, mais chez moi c’est le genre de papier qui ne traîne pas. Elle n’a plus qu’à l’envoyer à la Sécu pour être remboursée, mais non, la feuille reste là et l’argent dans les caisses de l’État.


Je remets les papiers en une pile bien ordonnée sur le bureau. Le courant d’air aura au moins servi à ça, elle trouvera sa maison mieux rangée en revenant qu’elle ne l’était quand elle est partie.


Je regarde la pièce d’un œil nouveau. C’est idiot, savoir que Dominique n’est pas la personne que j’avais imaginée change ma vision de son intérieur, comme si on avait appliqué un nouveau filtre sur l’objectif de l’appareil photo. Je suis dans la maison d’une lesbienne. Cela me fait tout drôle, je ne me sens pas à l’aise. J’ai l’impression d’avoir été prise en flagrant délit de vol. De viol, plutôt. J’ai d’un coup le sentiment de violer son intimité. Mon malaise devient de plus en plus grand, bien que je n’aie rien fait de mal.


Je sors précipitamment, comme une voleuse, et je rentre à la maison. Ouf ! Enzo n’est pas réveillé ! Je me sers un café et m’assois à la table de la cuisine. Dominique est lesbienne ! Mes pensées partent dans tous les sens, mon esprit galope pour revoir les évènements à la lumière de ce nouveau jour.


Je comprends mieux sa distance quand je parlais des hommes. Ce que j’avais pris pour de l’inexpérience n’est en fait qu’un manque d’intérêt. À la réflexion, je comprends qu’elle ne m’ait rien dit. Il n’est pas facile d’arriver et de dire « salut, je m’appelle Dominique et je suis lesbienne » ! Les gens ne sont pas tous égaux devant l’homosexualité. L’homophobie est encore un sentiment largement répandu. Elle a besoin de mieux me connaître avant de me faire ce genre de révélation.


C’est pour cela qu’elle ne m’a jamais parlé de ses parents ! Elle a dû faire son coming out et ils l’ont répudiée, reniée, bannie. Elle a été obligée de tout quitter pour recommencer une nouvelle vie là où personne ne la connaît.


Mais quels sont ses sentiments pour moi ? Jusqu’à présent je la considérais comme une bonne copine. Partage-t-elle cet avis ou m’envisage-t-elle comme une possible conquête ? Non, c’est idiot, elle ne prendrait pas le risque de perdre sa seule amie alors qu’elle essaie de rebâtir sa vie.


Elle est homosexuelle, c’est son droit le plus strict. Je ne vois pas en quoi cela devrait me poser un problème. Je vais juste éviter de l’aguicher en me mettant nue devant elle, on ne sait jamais.


Quelque chose me trotte dans la tête… Une espèce de petite lumière rouge clignotante que je n’arrive pas à fixer des yeux. Une idée fugace que je ne réussis pas à saisir.


Des pleurs retentissent dans le baby phone. Il est temps pour moi de remettre ma cape de Super Maman, de voler au secours d’Enzo et d’aller chercher Clara à l’école. La journée va passer vite.



000



Je me réveille en sueur. J’ai fait un cauchemar, un horrible cauchemar.


J’entre dans la maison de Dominique. La porte d’entrée donne directement dans sa chambre. Elle est allongée sur le lit, nue. Elle me sourit amoureusement et me fait un signe du menton pour me désigner son bas-ventre. Elle écarte les jambes. Je vois son sexe.


Dominique a disparu. Je suis debout devant une forêt d’immenses arbres noirs dépourvus de feuilles dont le tronc s’incurve au sommet. Je me retourne pour découvrir une colline de forme allongée dont les flancs montent en pente douce. Je gravis la pente et monte sur le point culminant. La terre se met à trembler sous mes pieds. Sous mes yeux horrifiés une faille apparaît qui sépare la colline en deux sur toute sa longueur. Les bords de la fissure continuent de s’écarter. Je me penche pour en voir le fond. Une rivière y coule, faite d’un liquide épais à apparence visqueuse. Les rives s’animent, se mettent à trembler de plus belle, s’étirent vers le haut et jaillissent de chaque côté de la dépression.


Je réalise que je suis sur le sexe de Dominique, un sexe immense dont la fente est longue de plusieurs fois ma taille. Le monticule sur lequel je suis juchée prend brusquement de l’altitude. Je suis déstabilisée, je perds pied et je tombe dans le précipice. Mes bras battent l’air pour trouver un point d’accroche. Mes mains saisissent quelque chose, ma chute s’arrête. Une onde de plaisir parcourt mon bas-ventre. Je lève la tête. Je suis accrochée au clitoris.


Je regarde la rivière qui s’écoule sous mes pieds. C’est un torrent impétueux qui se précipite vers l’extrémité opposée. En plissant les yeux je distingue tout là-bas le tourbillon d’un maelström. Le flot tombe en cataracte dans le gouffre du vagin ! Le niveau monte, vient me lécher les pieds. Mes épaules me font mal, mes muscles sont endoloris, je suis à bout de force, mes mains glissent sur l’arrondi du clitoris, je lâche prise. Je tombe dans la rivière. Je bois la tasse, j’en trouve le goût agréable, mon ventre irradie de chaleur. Je refais surface pour voir les rives défiler sous mes yeux. Je cours à ma perte, je vais chuter dans le gouffre, je suis prise dans le tourbillon, le trou noir m’engloutit… Je me réveille.


Nicolas dort paisiblement à mes côtés. J’ai la main entre mes cuisses, je sens distinctement que ma culotte est mouillée. Je me suis caressée en pensant au sexe d’une femme ! Non ! Ce n’est pas possible, je ne suis pas lesbienne ! Je suis hétéro, hé-té-ro ! J’aime les hommes et je vais te le prouver, Dédée. Tu ne m’auras pas ! Il me faut un homme, tout de suite ! Nicolas !


Je glisse sous la couette pour le réveiller comme il aime que je le fasse. Délicatement je fais glisser son caleçon pour dégager l’objet de mon désir. Regarde, Dédée, une bite ! Je vais la sucer, la faire grossir, la faire durcir, parce que j’aime ça ! Je prends le petit bout de chair flasque dans ma main, je lui appose de petits baisers mouillés sur le bout, je le masse doucement. Je le sens gonfler un peu. Nicolas ouvre les yeux, encore à moitié endormi, et affiche un sourire radieux quand il me découvre au chevet de son attribut.


L’érection devient franche, je tiens désormais une belle grosse queue bien dure dans ma main. Je l’engloutis dans ma bouche, je me mets à la sucer frénétiquement, comme si ma vie en dépendait. J’aime sentir ses reliefs sur ma langue, suivre le parcours sinueux de la grosse veine pour atterrir sur la surface lisse du gland et ensuite replonger de plus belle vers le bas.


Mon ventre est brulant maintenant et me fait douloureusement sentir son vide abyssal qui réclame d’être comblé. Ma bouche abandonne son office et je me positionne à califourchon sur Nicolas. Regarde, Dominique, regarde ! Regarde cette belle queue, cette bite, ce pénis, ce braquemart, ce chibre, cette verge, ce sexe d’homme ! Je vais l’enfoncer en moi parce que j’aime ça ! Je ne suis pas une gouine, non !


Je descends doucement le bassin pour venir poser mon orifice béant sur l’extrémité turgescente. J’aime ce moment, la présentation de l’offrande à la foule fanatique. J’aime le faire durer, faire saliver mon ventre un peu plus dans l’attente de la libération. Je n’y tiens plus, j’en ai trop envie ! Je descends d’un coup. L’invasion brutale se répercute dans chacune des cellules de mon corps, les faisant vibrer à l’unisson de la symphonie du plaisir.


Tu la vois, Dédée ? Elle me pénètre, je l’engloutis tout entière, elle vient frapper le fond de mes entrailles. Ce n’est pas un viol, non, ou alors c’est moi la violeuse. C’est bon, mon Dieu que c’est bon ! Je ne vais pas tenir longtemps. Nicolas non plus. Je sens son dernier baroud d’honneur, son raidissement supplémentaire caractéristique. Il éjacule dans un long cri. Les vibrations de son membre précipitent mon plaisir, je me laisse aller à l’orgasme à mon tour.


Nicolas affiche un sourire béat. Il n’a probablement rien compris à ce qui lui est arrivé et je ne vais pas éclairer sa lanterne. Je l’embrasse et je me retourne pour me rendormir. Je suis satisfaite, je suis bien une hétérosexuelle.



000



En couchant Enzo pour sa sieste, je repense aux évènements de cette nuit. Comment une femme peut-elle se priver du plaisir de la pénétration ? Nous sommes faites pour que notre ventre soit empli. Le clitoris donne un plaisir intense, certes, mais ignorer le vagin c’est tirer un trait sur toute une formidable gamme de sensations complémentaires. Non, c’est impossible qu’une femme puisse délibérément sacrifier cette partie du solfège.


Elle doit avoir un godemiché ! C’est cela, bien sûr ! Elle n’aime pas les hommes, leur contact, leurs caresses, leur sexe. Mais elle aime être pénétrée. Elle le fait à l’aide d’un ersatz, tout simplement.


C’est l’heure de ma mission quotidienne, cela tombe bien. Voyons, où cacherais-je ce genre d’objet ? Dans la table de nuit, évidemment. Dans mon chevet il y a mes mots croisés et ma pilule. Elle n’a pas besoin de pilule, elle ne risque pas de tomber enceinte ! J’ouvre le tiroir du petit meuble. Pas de godemiché, ni rien qui puisse servir au même usage. Pas de pilule non plus, comme prévu. En revanche, il y a plusieurs boites du même médicament.


Le nom en est imprononçable, mais il est écrit quelque chose en dessous : Traitement alterné à base d’œstrogène et de progestérone.


Œstrogène, progestérone ? Que peut-elle bien faire avec cela ? Un traitement pour la fertilité ! Elle suit un traitement pour devenir fertile ! Elle veut une grossesse !


Mais comment va-t-elle faire ? Comment une lesbienne peut-elle tomber enceinte ?


Le séjour en Tunisie ! Elle est partie là-bas pour trouver un donneur de sperme ! Elle va faire l’amour avec plusieurs hommes inconnus en espérant être fécondée. Une banque de sperme améliorée en quelque sorte puisqu’elle pourra choisir le donneur. Et elle sera sûre de cette façon de ne pas être embêtée par le géniteur, qui ne saura jamais qu’il est devenu père.


Cela explique son acharnement à partir cette semaine et pas une autre. Ce sont les dates de son ovulation qui ont dicté son choix, pas son portefeuille. Elle a tout prévu, elle est sacrément maligne.


Je me sens envahie d’un immense respect à son égard, teinté d’un brin de compassion. Il faut un énorme courage pour entreprendre quelque chose comme cela. Et dire qu’il y a quelques heures je l’accusais presque de vouloir me séduire. Je suis toute honteuse. Que suis-je à côté d’elle ? Une femme banale qui mène une existence banale, rien de plus.


Je regagne la maison pour reprendre le cours de ma vie si commune.



000



Je n’arrive pas à dormir. Je pense sans arrêt à Dominique. Que pourrais-je faire pour l’aider ? J’ai envie d’alléger le poids sur ses épaules, de lui simplifier la vie autant que je peux. Pauvre femme, le destin l’accable. L’opprobre jeté sur elle par ses parents à cause de son homosexualité, l’exil, le désir d’enfant contrarié par la stérilité, le traitement contraignant, le stratagème qu’elle a été obligée d’élaborer. Elle doit se sentir seule, désespérément seule. Je serai à tes côtés, Dominique, quoi qu’il arrive. Tu pourras toujours compter sur moi.


Et voilà que le fantôme de mon idée revient me hanter. Il y a quelque chose dans un coin de mon esprit qui m’appelle, qui veut me signaler sa présence. Mais plus je me concentre, plus ce quelque chose m’échappe, tel Tantale qui voit les fruits s’éloigner quand il tend la main pour s’en saisir. C’est agaçant. Il ne faut plus que j’y pense si je veux réussir à m’endormir.



000




Depuis qu’il est passé du biberon à la cuiller, les repas sont une galère. Monsieur ne veut rien manger. Cela fait bien un quart d’heure que j’essaie de lui faire avaler son diner. Nicolas me regarde avec une mine déconfite. Clara, elle, a déjà tout englouti et elle est en train de narguer son frère en lui brandissant sous le nez son yaourt au chocolat.


Tout à coup, la lumière jaillit dans mon esprit, comme l’invisible filament d’une ampoule qui devient aveuglant quand on appuie sur l’interrupteur. J’en laisse tomber la cuiller qui projette sa purée petits pois-carottes sur le carrelage. Je me lève d’un bond, attrape les clefs au passage et sors en lançant « je reviens ! » à l’adresse d’un Nicolas médusé.


J’arrive, essoufflée d’avoir couru trop vite, à la porte de la maison de Dominique. Mon cœur bat la chamade. Je dois vérifier, il faut que je vérifie. J’entre et me rue sur le bureau. La pile de papiers est toujours là où je l’ai posée. La feuille de soins est sur le dessus. Je m’en empare.


Mon sang se glace. Ma mémoire ne m’a pas trahie, mon subconscient ne m’a pas trompée. C’était donc vrai, c’était donc bien ça cette idée lancinante !


Comment est-ce possible ?


Il doit y avoir des preuves. Il y a forcément des preuves. Et elles sont forcément ici. J’entreprends une fouille en règle de la maison. Je la passe au peigne fin, ne laissant aucun recoin inexploré. Un douanier à la recherche de cocaïne ne ferait pas montre de plus de zèle.


Je finis par le trouver, soigneusement caché derrière une pile de vieux vêtements. Le dossier est là, devant moi. Il est épais de plusieurs centimètres.


Je m’assois sur le lit pour en entreprendre la lecture. Elle ne fait que me confirmer ce que j’avais déjà deviné. Certains détails m’échappent du fait du jargon médical et de l’espagnol que je ne maitrise pas bien.


Je referme le dossier et le remets exactement à sa place. Elle ne doit pas savoir que je sais.


Je m’allonge sur le lit et je ferme les yeux. J’ai besoin de réfléchir. J’ai besoin de tout remettre en ordre. Mais plus que tout j’ai besoin d’y voir clair dans mes sentiments.



000



Tout est limpide maintenant. Tout s’enchaîne, tout s’imbrique parfaitement.


Christine, sa rupture brutale, le trou de six mois entre sa disparition et son arrivée ici, les ponts coupés avec son passé, son manque d’assurance avec les hommes, son amitié avec moi, la civilité sur les adresses, sa carrure, le traitement d’œstrogènes et son numéro de Sécurité sociale. Dominique n’est pas lesbienne, oh non !


Elle rentre dans trois jours. Ma décision est prise. Je sais ce que j’ai à faire.


Je vais l’aider à être une femme.