n° 13320 | Fiche technique | 22609 caractères | 22609Temps de lecture estimé : 13 mn | 06/06/09 |
Résumé: Dans un couple, l'un au moins doit être fidèle, de préférence l'autre. | ||||
Critères: fh hh hbi jeunes inconnu boitenuit amour jalousie fellation cunnilingu anulingus | ||||
Auteur : Skyways Envoi mini-message |
Épisode précédent | Série : A Trip To Nowhere Chapitre 03 / 03 | FIN de la série |
Cela aurait dû être une journée comme les autres. Daniel avait une séance photo et ne devait rentrer que très tard dans l’après-midi. Quant à moi, mon patron m’avait laissé la journée libre juste après midi, le restaurant se vidant de plus en plus. Heureux d’être rentré plus tôt, je m’étais précipité vers mon appartement - notre appartement en réalité - bien décidé à préparer le repas de ce soir, histoire de faire plaisir à Daniel.
Je m’affairais dans la cuisine, à la recherche de quelque chose de potable, lorsque j’entendis un cri.
Un cri aigu, féminin.
Mon cœur s’arrêta de battre. C’était un cri de plaisir. Venant de la chambre.
Comme au ralenti, je me dirigeai vers le couloir, les cris s’amplifiant petit à petit. La porte était entrouverte.
Ma bouche s’ouvrit d’effroi mais aucun son n’en sortit.
Là, sur le lit - notre lit - une femme, les jambes écartées d’une manière obscène, agrippait les cheveux de son amant, occupé à lui lécher le bas-ventre.
Ce n’était pas que son amant, c’était mon Daniel.
Et je voyais tout. La manière dont sa langue venait frotter contre son sexe humide, ses lèvres brillantes de jus, lui taquinant le clitoris. Son pénis érigé qui venait se frotter contre les draps, ses longs doigts d’artiste qui s’accrochaient aux cuisses tremblantes de la femme. Elle haletait de plus en plus.
Le pire dans tout cela était que je ne la comprenais que trop bien. Daniel avait toujours été doué avec sa bouche. Il disait que je l’avais bien entraîné. Il disait…
J’aurais dû partir mais une force inconnue me poussait à rester. Rougissant de honte, je dus admettre qu’une partie infime de moi voulait voir jusqu’où ils iraient. Si Daniel allait prendre son pied comme il le prenait avec moi. Ce n’était pas moi en face de cette porte, cela ne pouvait être moi. Le vrai moi aurait dû défoncer la porte, arracher les cheveux de cette fille et jeter Daniel à la porte.
Alors, pourquoi regardais-je Daniel remonter le long du corps fuselé de la fille, prendre ses seins à pleines mains, les presser l’un contre l’autre ? Je ne réagis même pas lorsqu’il enfila un préservatif. Le voir rouler le long de son pénis était très familier pour moi. Trop familier.
Horrifié, je sentis ma verge gonfler dans mon pantalon, se frotter désagréablement contre mon jean. Ma main gauche vint se coller à mon érection, exerçant une pression exquise, tandis que ma main droite se plaqua contre ma bouche, m’évitant ainsi de produire le moindre son, le moindre cri, le moindre sanglot. Du bout des doigts, je pouvais sentir la chaleur irradier de mon visage.
Il la pénétra durement. Il ne prit même pas la peine de la laisser s’ajuster comme il le faisait avec moi. Avec un plaisir pervers, je me rendis compte que pas une fois, il ne l’avait embrassée. Il ne semblait pas se soucier de son plaisir, ses coups de butoir étaient vigoureux, rapides. La fille semblait aimer ça, néanmoins. Elle gémissait, proférait des obscénités à l’oreille de Daniel.
Lui, gardait les yeux fermés, sa mâchoire était crispée par l’effort.
Je le trouvais beau. Je l’avais toujours trouvé beau et touchant lorsqu’il me faisait l’amour.
Mon pénis était douloureux, mais pas autant que mon cœur lorsqu’elle se mit à crier son prénom.
Je lâchai une plainte pathétique.
Tout s’enchaîna alors très vite : Danny se redressa, les yeux ronds de stupeur. La fille cria d’une voix perçante. Je relâchai la prise que j’avais sur mon sexe et sur ma bouche.
Je m’enfuis à toutes jambes, le cœur en miettes.
***
Pendant dix jours, je me réfugiai chez une amie à moi, ne sortant que pour aller au travail ou l’aider à faire des courses. J’avais éteint mon portable, personne ne savait où je vivais. Je ne voulais plus entendre parler de lui. Je ne pouvais même pas supporter qu’on prononce son prénom. Une seule question me trottait dans la tête inlassablement : pourquoi ?
Notre relation durait depuis trois ans, et j’avais bêtement pensé que tout se passait pour le mieux. Nous avions nos disputes bien sûr, mais nous réglions toujours nos problèmes sur l’oreiller. Le sexe était génial, à chaque fois. Il adorait me prendre en photo, me disant qu’il ne voulait pas oublier tel ou tel moment. Il m’avait même offert un album photos avec les plus beaux clichés qu’il avait faits de moi, de nous. Ma préférée était celle qu’il avait prise après que nous ayons fait l’amour toute la nuit. J’avais les traits tirés, les yeux fatigués et malgré cela, on pouvait voir sur mon visage à quel point j’étais comblé.
Tout se passait pour le mieux, alors pourquoi ?
Daniel me retrouva au bout de deux semaines. J’ouvris la porte, l’air résolu. J’attendais des explications, pas des excuses.
Il baissa les yeux sur son pantalon rapiécé, sa chemise tachée, et passa une main dans ses cheveux sales.
Sa nonchalance me tapait sur les nerfs. Je m’en voulais de le trouver sexy, même comme cela.
Ses yeux brillèrent de colère, sa bouche se mit à trembler.
Je n’eus pas le temps de finir ma phrase. Il me plaqua contre la porte et m’embrassa rageusement. Je tentai vainement de m’arracher à son étreinte. Il tenait mes poignets fermement entre ses larges mains.
Je le haïssais sur le moment. Je ne voulais même plus d’explications, je voulais juste qu’il s’en aille loin de moi.
Il garda le silence pendant un interminable moment. Cette mascarade devait prendre fin.
Sa voix était agressive, comme s’il était normal qu’il soit en colère contre moi.
Tout au fond, je savais que c’était contre lui-même qu’il hurlait.
Il lâcha sa prise et je tombai à genoux, le cœur et le corps meurtris. J’aperçus vaguement au-delà des larmes les traces rouges qu’il avait laissées sur mes poignets.
Je ne l’entendis même pas claquer la porte d’entrée. Quelques minutes plus tard, je reçus un message de lui, me disant que je pouvais reprendre notre appartement, parce qu’il s’en allait.
***
Énervé, frustré, humilié, je décidai d’aller au End-Up ce soir-là. J’avais besoin de musique, de plusieurs verres de vodka. Je voulais danser toute la nuit et oublier ce crétin de Daniel.
Du moins essayer.
Je mis le jean le plus serré que je possédais, ainsi qu’un tee-shirt encore plus moulant, parce que même si je ne l’aurais avoué pour rien au monde, je voulais aussi apercevoir le regard appréciateur des mecs présents en boîte. Juste histoire de me dire que je pouvais encore plaire, que je n’étais pas le genre à être baisé puis jeté.
Je me coiffai avec style. Tant pis si Daniel m’avait trompé, il ne savait pas ce qu’il avait raté. Tel un mantra, je répétai cette phrase mille fois dans ma tête, et à chaque fois elle sonnait faux.
Je déchantai, sitôt arrivé au End-Up. Nous étions jeudi, la boîte était quasi-déserte. Une dizaine de gars dansaient pitoyablement, sur un rythme « techno » horrible qui me donna vite la migraine.
Je me dirigeai vivement vers le bar, j’aurais peut-être plus de chances avec la vodka. Malgré le peu de monde, le barman prit un temps fou à prendre ma commande.
Mon regard dériva vers l’autre côté du comptoir. Un homme y était assis, le visage impassible. Je me frottai les yeux des deux poings. Non, je ne rêvais pas. Il était vêtu d’un costume très élégant, avec la cravate et tout le tralala. La seule fois où j’avais porté un costard remontait à bien loin, pourtant je me souvenais encore du contact désagréable du tissu contre ma peau, de l’inconfort que j’avais ressenti. Au contraire, lui semblait tout à fait à son aise.
Il arborait une barbe de plusieurs jours, sur sa mâchoire forte. Ses pommettes étaient hautes et bien dessinées. Ses cheveux blond cendré coupés courts et son nez aquilin lui donnait un air altier.
En y regardant de plus près, je ne voyais pas cet homme habillé autrement qu’en costume.
De même, il n’avait rien à faire dans cette boîte, sa présence était totalement incongrue.
Il redressa ses épaules voutées, et son regard vint croiser le mien. Il esquissa un pauvre sourire, auquel je ne répondis pas. Au lieu de quoi, je me levai en évitant de réfléchir à mes actes. Je balançai doucement les hanches, en essayant de me rappeler les techniques de drague. Cela faisait des années que je n’y avais plus pensé. Avec Daniel, tout venait naturellement. Je n’aurais jamais dû le prendre pour acquis.
Je fis abstraction de la pression que la peine exerçait sur mon cœur et soutins le regard de l’inconnu.
C’est avec une légère excitation que je vis une lueur amusée naître dans ses yeux. Je m’assis sur le tabouret à côté de lui, et pris grand soin à effleurer sa jambe de la mienne.
En vérité, elle était plutôt pathétique ; la nervosité la rendait trop haut-perchée. Il ne sembla pas s’en rendre compte cependant, et j’en fus heureux.
Pendant un instant, je ne répondis pas. Au contraire de la mienne, sa voix avait quelque chose de très suave, de très sensuel. Il faudrait qu’il m’apprenne deux/trois petits trucs.
Mortifié, je me rendis compte que je regardais, la bouche grande ouverte. J’avais déjà envie de lui.
À force de rester cloîtré à la maison, j’avais oublié qu’un homme pouvait être aussi beau, aussi magnétique. Non, décidément, je ne comprendrais jamais les hétérosexuels, pensai-je.
Honteux d’avoir formulé ma pensée à voix haute, je baissai la tête. Respirant un bon coup, je réfléchis rapidement à quelque chose qui pourrait me faire reprendre contenance. Je l’examinai à nouveau, lui avec sa superbe cravate, sa chemise blanche immaculée, et ses beaux yeux pétillants, puis j’observai la piste de danse où quelques malheureux continuaient de gesticuler.
Je le regardai du coin de l’œil en me mordillant les lèvres.
***
Nous prîmes un taxi, nous nous affalâmes sur la banquette arrière tout en nous embrassant furieusement. Le chauffeur poussa un grognement dégoûté.
Je m’en foutais royalement. Je ne me rappelais même pas lui avoir donné mon adresse.
Arrivés à destination, mon futur amant se détacha de moi et lui tendit un billet de 200 euros. Ses yeux s’agrandirent autant que les miens.
Je ne fis aucun commentaire cependant, me contentant de lui attraper la main et de le conduire à mon appartement.
Je le poussai sans ménagement sur le canapé, le chevauchant aussitôt. Il eut un hoquet surpris en sentant mon érection contre la sienne. Ma bouche plongea à nouveau vers la sienne, goûtant avec la langue cette nouvelle saveur, celle d’un nouvel homme. Je le trouvai délicieux. Un mélange de whisky et de quelque chose de plus sucré, quelque chose qui n’appartenait qu’à lui. Nos langues entreprirent un ballet langoureux, nos lèvres ne se touchant presque plus. Je voulais qu’il ait ma saveur dans sa bouche, je voulais qu’il me sente.
Mes hanches se mirent à bouger doucement contre lui, et un gémissement enfla de sa gorge. Mes doigts s’accrochèrent à sa cravate et tentèrent vainement de la dénouer. Riant doucement, il s’écarta de moi et entreprit de l’enlever lui-même, avant de l’envoyer valser à l’autre bout du salon.
Je le fis taire d’un baiser. Mes hanches continuaient d’onduler contre lui, de plus en plus fort, avec plus d’insistance. Je fis passer mon tee-shirt par-dessus ma tête, et ses lèvres vinrent frôler ma nuque. Je poussai un gémissement embarrassant. Sa barbe grattait délicieusement contre ma peau à vif. Cela allait laisser des marques, il allait marquer mon corps.
Je m’agrippai à lui tandis qu’il poursuivait son exploration. Le bout de sa langue traça un chemin de ma clavicule à ma bouche, en passant par ma pomme d’Adam, qu’il mordilla légèrement.
Ma main gauche libéra l’emprise qu’elle avait sur son épaule et glissa lentement le long de son torse. Je détachai sa ceinture et agrippai son sexe fièrement dressé, sentant son pouls battre dans ma paume.
Il enfouit sa tête dans mon cou et laissa s’échapper une plainte, son souffle rauque tout contre ma peau. Je le branlai doucement, recueillant du bout des doigts quelques gouttes légèrement collantes.
Ce moment exquis me parut durer des heures. J’aurais pu me contenter de cela pour toute la nuit. L’avoir dans la main, tout près de moi, fermement sous mon emprise.
Il mordit un coin de ma nuque et je souris, faussement résigné. Il avait besoin de plus que cela.
Mon sang se glaça.
Ma chambre. Celle que je partageais avec Daniel. Celle où il avait couché avec une autre fille, celle où un inconnu s’apprêtait à me faire l’amour. Il dut percevoir mon trouble, car il se recula lentement de moi et me fixa des yeux. Ma tête se baissa aussitôt et quelques mèches de cheveux vinrent voiler mon visage.
Ses mains se plaquèrent contre mes reins.
Sa voix résonnait d’inquiétude. C’était quelqu’un de bien, à n’en pas douter. Je pouvais le remercier de sa gentillesse et le laisser s’en aller, ou bien je pouvais le garder avec moi, même si ce n’était que pour cette nuit. J’aurais plusieurs heures pour le remercier d’être là. Daniel était parti lui, et je n’étais pas sûr d’avoir envie qu’il revienne. Je maîtrisai mon tremblement.
Ses mains descendirent plus bas et vinrent s’accrocher solidement à mes fesses. Il me souleva, et mes jambes vinrent agripper ses hanches pour plus d’équilibre.
J’étais content d’avoir changé les draps, car lorsque ma tête vint heurter les oreillers, seule mon odeur s’éleva du lit.
Je retirai mon pantalon et regardai au pied du lit mon bel inconnu retirer sa chemise, bouton par bouton. Il était tellement concentré sur sa tâche qu’il ne se rendait même pas compte à quel point je le trouvais adorable. Adorable et séduisant.
Je le vis sourire et sentis ses mains douces remonter le long de mes jambes, prendre en leur sein mon sexe, comme si c’était un oiseau blessé. Ses belles mains laissèrent la place à sa bouche exquise, à cette cavité aussi chaude et soyeuse que profonde.
Je n’avais même pas assez de souffle pour gémir. Ma tête me tournait tant j’haletais.
Et sa bouche qui parlait trop se remit aussitôt à sa tâche, aspirant ma verge, taquinant mon gland avant de le sucer fort. Il m’arracha des cris et puis des larmes, quand sa langue vint trouver mon orifice. Il le lécha du plat de la langue, par grands coups délectables. Je n’étais plus qu’un désordre pantelant. J’avais l’impression de voir tout à travers un voile, et il me fallut un moment pour me rendre compte que des larmes m’obscurcissaient la vue.
J’étais au supplice, partagé entre mon cœur brisé et le plaisir inouï que m’infligeait cet inconnu.
Sa langue était devenue un dard qui entrait et sortait de moi, dans un baiser totalement obscène et envoûtant.
Pendant une fraction de seconde, une seule, j’imaginai Daniel me prodiguant cette caresse.
Mon orgasme explosa du plus profond de mon corps et vint s’étaler sur mon ventre frémissant.
Honteux, j’attrapai un oreiller et le plaquai sur mon visage.
Il allait partir maintenant, se demandant pourquoi il était venu ici, se demandant ce qui clochait chez moi. Il faudrait que je pense à lui demander la réponse.
Mais non, la porte ne claqua pas, et j’entendais encore son souffle irrégulier non loin de moi.
Il tenta de retirer l’oreiller, mais je m’y agrippais fermement.
Alors je me laissai faire, délicatement il ôta l’oreiller, et ses doigts vinrent balayer quelques mèches de cheveux de mon visage. Sa main s’attarda contre ma joue.
Mes yeux s’agrandirent de stupeur.
Une larme m’échappa. Son regard ne lâchait pas le mien, je m’y accrochai avec force. C’était le regard d’un homme brisé, comme moi. Je n’arrivais pas à croire que je n’y avais pas fait attention plus tôt.
Cela faisait longtemps qu’un homme ne m’avait pas regardé de cette façon. Daniel y compris.
Je me mis de côté et il vint s’installer dans mon dos, son souffle dans mon cou. Il fit passer son bras le long de ma taille et se plaqua plus étroitement contre moi.
Il bandait encore. Ma main gauche vint chercher son pénis, comme elle l’avait fait dans le salon.
Je n’étais pas obligé mais j’en avais envie. Mes doigts le caressèrent jusqu’à ce que je sente son liquide chaud couler contre mon dos. La chambre embaumait le sexe et la tristesse de deux âmes perdues.
Il soupira, et reprit :
Il réussit à m’arracher un rire, qui résonna gaiment dans la pièce. J’étais content qu’il soit resté. Je le lui dis.
Je fermai les yeux en attendant le sommeil. Mon souffle se fit plus régulier, mon cœur plus léger. Il battait à nouveau normalement du moins.