Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 13337Fiche technique20496 caractères20496
Temps de lecture estimé : 12 mn
21/06/09
Résumé:  Si les toilettes des femmes avaient été nettoyées à un autre moment, alors, l'histoire n'existerait pas.
Critères:  fh copains vacances toilettes fellation nopéné -prememois
Auteur : Lise-Elise  (Voyageuse occasionnelle)            Envoi mini-message
Merci, Julie

Il faut que je le dise. Que quelqu’un le sache. Que la terre entière le sache ! Je suis trop heureux pour le garder pour moi. Je pianote nerveusement mon téléphone. Appeler Jérôme ? À cette heure-ci, aucune chance qu’il réponde. Et puis… non, plutôt…


Je griffonne. Non, non, n’importe quoi. J’efface du doigt, enfin j’essaye : c’est le stylo qui m’a servi à écrire sur le CD que j’ai gravé pour Tantie, c’est indélébile. Le rayer ? Finalement non, après tout, c’est vrai. C’est juste que… J’ajoute rapidement deux lignes en dessous de la première. Je me reboutonne, pousse la porte, et rejoins Julie.


Elle me tend un café. Elle est sereine, détendue, presque autant que moi. Elle dit :



Je la regarde, un instant, avant de comprendre et d’acquiescer. Elle demande encore :



Je fais non, de la tête. Je sais qu’elle déteste conduire la nuit. Et puis, là, dans une heure, une heure et demie, on est arrivés. Je devrais bien tenir jusque là…


On se réinstalle dans la voiture. Elle cherche une station de radio, tombe sur de la house et laisse comme ça. Elle baille.



J’ai un petit sourire.



Elle se tortille un peu sur le siège, règle l’assise, retire ses chaussures. Elle replie un peu ses jambes, cherche une position confortable et, sans doute, la trouve. Quand je la regarde à nouveau, elle dort.


Je me concentre un peu pour garder mon attention sur le morceau d’autoroute qu’éclairent mes phares. Mais le peu de circulation ne mérite pas que je m’y consacre totalement. La respiration régulière de Julie, son parfum, léger, dans l’air, c’est de toute façon trop pour ne pas faire dévier mes pensées.



Julie est un petit bout de femme, vif, rieur, avec les cheveux en pétard et des fesses qui donnent envie d’y poser la main. Elle n’a pas froid aux yeux, ni ailleurs, d’ailleurs. Elle a déjà, en plein cours, soulevé sa jupe à deux mains pour montrer à un ricaneur que sa culotte n’était pas en polaire. Elle croque les hommes comme des cerises, en crachant les noyaux. Et moi, dans son sillage, je m’en désespère et m’en émerveille. Bref, je suis amoureux.


Il y a quelque chose d’un peu étrange, quand on se retrouve, comme moi, in love d’une fille qui est votre antipode. Elle est déterminée, sérieuse, volontaire, mais aussi d’une insatiable gourmandise, alors que j’ai, en toute circonstance, tendance à préférer la facilité et mes petites habitudes. Elle se moque de moi mais, bizarrement, m’a inclus dans son paysage. J’avais tout fait pour ça, mais cette réussite m’avait semblé de bon augure.


Le problème, c’est qu’être le « bon copain » d’une fille avec qui tout le monde finit, un jour où l’autre, par coucher, ça n’a pas que des avantages. Outre les qualificatifs de tapette dont quelques-uns m’affublent, je me rends bien compte que pour Julie je deviens jour après jour un peu plus invisible. Familier, certes, mais comme un verre à dent ou un coussin. Celui qu’elle appelle à deux heures du matin pour la dépanner après un plan foireux, ou avec qui elle révise son anglais. Pour tester les capotes à la fraise ou l’amour dans l’eau, elle appellera quelqu’un d’autre. Ça me frustre autant que ça me soulage


Je fais un calcul. Idiot ou pas, à vous de voir, mais comme la durée moyenne d’une relation pour Julie est de 72 heures, ma prudence a des airs de sagesse. Julie veut tout essayer. Les hommes, les positions, les fantasmes. Il ne me reste donc qu’à être attentif, et ne pas louper l’instant où elle voudra tenter une relation stable.


Avec moi, de préférence.


En attendant, j’occupe le terrain.


C’est ainsi que je lui avais proposé de passer trois jours avec moi chez ma marraine. Elle se plaignait de devoir rester dans ses neuf mètres carrés réglementaires pour le pont du premier mai, et moi je savais que Tantie m’accueillerait les bras ouverts, accompagné ou non. Le bocage normand n’avait jamais eu tant de charme. Pour Julie, il avait des airs d’Eldorado.


J’avais un peu insisté au téléphone :



J’avais même ajouté, pour faire bonne mesure :



Les mimiques amusées de Tantie à notre arrivée me montrèrent combien j’avais loupé mon coup. Mes intentions étaient transparentes. Pour ma marraine au moins.


Mais voilà, j’avais Julie à moi, trois jours. Pour moi et moi seul, la fermette normande de Tantie ayant l’avantage insigne d’être dans une zone non couverte par les opérateurs de téléphonie mobile. Ce que la femme de mes pensées constata en arrivant, avec un peu de fatalisme. Et sans s’y attarder.



Éberlué, je la vis se précipiter sur la clôture, dévorant des yeux les placides normandes qui paissaient tranquillement.



Et voilà que je découvrais que Julie, ma Julie, n’avait jamais fichu les pieds à la campagne, ce qui est un comble quand on habite Amiens.



Je lui dénichai une paire de sabots, histoire qu’elle ne ruine pas ses ballerines, et je filai illico chez le voisin : bien qu’il ait quatre ans de plus que moi, on pouvait dire qu’on avait gardé les cochons ensemble. Au sens propre.

Je connaissais la ferme mieux que ma poche, j’y avais joué à cache-cache pendant toute mon enfance. Julie était fascinée : les lapins, les poussins, les vaches, le tracteur, la moissonneuse batteuse, le grenier à foin, la laiterie, tout ça lui paraissait incroyable. Plus incroyable encore, Jean-Bat’, me voyant dans la cour, me demanda de lui donner un coup de main pour ajuster le semoir :



Installé dans la cabine, je manœuvrai le tracteur pour le placer juste en face du vérin. Ce fut l’affaire de dix minutes, mais je sentais ma cote monter en flèche.



L’après-midi passait à toute vitesse : pendant que Julie câlinait les bestioles, j’avais tout le loisir de la regarder. Elle était comique, presque, avec son débardeur, son petit gilet, son mini short et les sabots de Tantie. Ses jolies jambes étaient maculées de terre, de petits bouts de paille s’accrochaient à ses vêtements. Je lui brossai la manche, d’un revers de main :



Elle était presque contre moi, je pouvais sentir le léger parfum de café que son haleine portait encore. Un mouvement et je l’embrassais… mais…



Voilà, l’instant était passé. J’avais loupé cette chance. Une de plus…


On passa une heure peut-être, au soleil, à parler de copains d’enfance, et puis Marie se dirigea vers l’étable. La traite commençait.


Je laissais Julie assommer Marie de questions, connaissant la patience de celle-ci. La mère de Jean-Bat’ avait répondu aux miennes, bien avant. Ça la faisait sourire, de voir ce petit bout de femme poser des questions aussi simples. L’installation s’est modernisée, mais le système reste le même… Juste qu’aujourd’hui, plus besoin de porter les bidons, les tuyaux vont directement dans la cuve.

Marie nettoie le pis, tire quelques jets de lait, branche l’aspiration et fixe la cloche. C’est extrêmement rapide. Julie, d’une petite voix, demande :



Dans les mains tannées de Marie, celles de Julie semblent de porcelaine. Elles s’amusent et je les regarde. Mouvement de recul de Julie quand elle touche le pis, et puis la tension, aussi : c’est énorme, une vache, et si…

À la troisième, Julie a compris le truc. Marie la félicite.



En revenant vers chez Tantie, Julie s’étonne :



Je geins sourdement quand je comprends sa comparaison.



Julie qui m’enlace, qui me frôle, qui m’embrasse dans le cou et qui se moque de moi, comment voulez-vous que je m’en sorte !


Je la traîne dans le bocage, insiste pour qu’on regarde les étoiles :



Je lui file mon pull quand elle frissonne, l’enroule de mes bras pour la réchauffer, et la laisse trémousser son petit derrière contre la bosse qu’elle sent bien, la gredine. Ça l’amuse. Sans arrière-pensées.


Julie dans mon lit, habillée, refaisant le monde avec sa tête sur mes genoux. Julie en pyjashort le matin, ses jolies jambes nues jusqu’à presque apercevoir… et moi qui m’étrangle pour ainsi dire avec mon café au lait.



Julie avec une moustache de lait qu’elle efface d’un revers de langue, Julie qui s’étire au soleil, demande si on peut se baigner dans la rivière – non, pas vraiment –, Julie qui pousse la confidence…



Et moi qui passe du froid au chaud, de l’extase au scepticisme, et qui goûte à l’enfer et au paradis dans le même lieu.


Et Tantie qui s’amuse, me fait des clins d’œil, propose une partie de jeu de l’oie.



L’avantage du jeu de l’oie, c’est qu’on n’a besoin d’aucune concentration. Je peux respirer Julie, la contempler tant que je veux, battre la campagne…



Les trois jours filent. Le temps de refaire les valises, à peine ! Tantie me file vingt euros pour nous payer le péage. Je sais que c’est inutile de refuser.


Dans la voiture, Julie bavarde. Je suis plus taciturne. Les trois jours sont passés et, bien sûr, rien ne change. Je reste le super-bon-copain, c’est ce que je veux, aussi, mais…



Une pierre dans mon jardin. Pas de mal à me situer, moi, le quasi-puceau, avec une aventure de vacances au compteur… La découvrir, petit à petit, la contempler, la caresser sans fin, et puis…



Je m’accroche à mon volant, stoïque. Moi aussi je voudrais tout essayer, mais avec elle. Enfin, presque tout…



Comme je les comprends.



Je la regarde. Je regarde la route, il y a un camion, devant, merde !



Penser à la route. La route.



Ça…



Tant qu’à faire de passer pour un mufle, autant me couvrir, si elle plaisantait.


Prendre la bretelle, ne pas déraper, la main moite sur le levier de vitesse. À cette heure tardive, l’aire de repos est déserte, à part quelques routiers qui discutent entre deux camions. Envie de parler à voix basse soudain, et la lumière agressive des néons n’y change rien. Julie elle-même a cessé de bavarder. J’ai un regard vers les machines à café, mais Julie passe devant sans ralentir.

Espoir insensé que ce ne soit pas anodin pour elle, non plus. Elle s’engouffre dans les toilettes « handicapés » et, comme j’hésite, elle se retourne, en tenant la porte.


Envie de fondre sur elle, de la prendre dans mes bras, mais non. C’est un jeu. Juste un jeu. J’accroche mes mains à mes passants de ceinture, qu’elle ne voit pas qu’elles tremblent. J’ai passé la porte, elle me regarde, appuyée négligemment sur le lavabo, un sourire en coin sur les lèvres. Je ne sais pas ou me mettre : est-ce qu’elle se fiche de moi ?



J’ouvre de grands yeux, et puis… Oui, bien sûr.



Sur quel pied danser ? Est-ce qu’elle attend une initiative ? Qu’est-ce qu’elle veut ?

Elle fixe effrontément ma braguette, et je commence à me sentir vraiment à l’étroit. Elle sourit plus franchement, et je me détends un peu.



Et puis, pendant que je m’adosse au mur :



Elle plaisante ? J’ai la gorge trop nouée pour répondre, alors je hoche la tête. Ça me rassure un peu de la voir moins sûre d’elle.

Elle s’agenouille à mes pieds, j’ai envie de la relever, non, ce n’est pas ça que je veux, mais…

Elle déboucle ma ceinture. Ouvre les boutons, un à un. Caresse doucement par-dessus mon slip, et je frémis parce que je sais, pourtant, qu’elle préfère les boxers. Mais ça n’a pas l’air de l’arrêter. Je regarde son visage. Elle semble totalement absorbée, dévorant des yeux ce qui n’est pour l’instant qu’un morceau de tissu tendu par mon excitation. Son doigt qui va-et-vient le long de mon sexe tendu l’électrise. Je frissonne, tressaille. Julie suspend son geste, le reprend, et s’amuse des réactions qu’elle provoque.


Non. Pas s’amuse. Elle semble fascinée par ce qui se passe devant elle, par les mouvements involontaires qu’elle fait naître. Elle prend son temps. Et moi, petit à petit, je m’abandonne au plaisir qu’elle provoque.

Elle saisit l’élastique à deux mains, descend le sous-vêtement en prenant soin de dégager le gland. Elle parle, d’une voix un peu voilée :



Je me décolle du mur, baisse mon pantalon aux genoux, mon slip également. Je dois avoir l’air ridicule, mais Julie ne semble pas s’en rendre compte. Je n’ai pas envie de me battre avec mes lacets, alors je reste comme ça. À vrai dire, je n’ai envie de rien, sauf qu’elle continue.


Son doigt revient. Elle s’arrête, sort une langue pointue, et humidifie son index. Un frisson me parcourt des pieds à la tête. Elle reprend ses caresses, légères, puis appuyées. Je ferme les yeux. J’ai l’impression que le sol tangue sous mes pieds, la tête qui tourne. Je suis au bord de la jouissance, elle n’a pas encore commencé.


Je rouvre les yeux, contrôle mon souffle, et fixe le décor pour revenir sur terre. Comme si elle m’entendait penser, elle s’arrête, se recule. Je croise son regard. Mélange de gravité et de gourmandise. Je ne me savais pas si désirable.


Une goutte de désir roule le long de mon sexe. Julie la cueille. Elle lèche, à petits coups précis, d’abord la tige, puis plus haut. Je gémis quand elle s’attarde sur le frein. Elle s’en éloigne, à mon soulagement. Je n’ai pas envie que ça s’arrête si vite.


Elle s’interrompt à nouveau, reprend ses caresses. Puis, sans prévenir, m’embouche. Là encore, je me sens partir. Presque. Mélange indescriptible de tension et de plaisir. Mais cette fois-ci, elle ne me laisse pas en paix. Sa langue court le long de mon sexe, ses lèvres m’enserrent, la chaleur me confond. Je ne vois plus que ses cheveux, son visage entier penché vers mon sexe, vers mon plaisir…


L’aiguillon de la jouissance me transperce à nouveau, je retiens le geste réflexe de coller mes mains sur sa tête, cherche à me dégager, lui éviter ça, mais c’est inutile, elle ne s’éloigne pas, s’avance, au contraire, accompagne mes soubresauts, et ne s’écarte qu’une fois la tempête apaisée.


Je suis vidé.


Je me rhabille, lentement, un peu sonné. Julie, d’une petite voix, me demande si ça ne me dérange pas de sortir, parce qu’elle a une envie pressante. Je sors, dans un état second. Rentre dans les toilettes des hommes, pour me passer de l’eau sur la figure. J’ai l’air à la fois fatigué et serein, dans le miroir. Je vais pour sortir, mais me ravise : autant me rajuster confortablement. J’entre dans une cabine ouverte, histoire de faire ça discrètement.



Julie dort, à côté de moi. On devrait arriver dans une demi-heure, je pense. La déposer chez elle, et puis, rentrer.

Je repense à mon inscription « Elle a tout avalé – Merci, Julie, pour cette bonne pipe ». Je la trouve un peu puérile. Je me demande ce que Julie en penserait.






Les toilettes des femmes étaient en nettoyage, sinon je n’aurais jamais vu cette inscription…