Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 13379Fiche technique10021 caractères10021
Temps de lecture estimé : 7 mn
27/07/09
Résumé:  Ce qui est amusant avec les hommes, c'est qu'ils croient mener le jeu de la séduction.
Critères:  fh hplusag inconnu fdomine voir fellation pénétratio -occasion -lieuxpubl
Auteur : Medigane      Envoi mini-message
Bibliothèque

Cela faisait longtemps qu’il était à la bibliothèque lorsqu’il la vit.


Elle était magnifique. Elle avait des traits purs, le visage fin, la peau laiteuse. Ses longs cheveux noirs étaient négligemment noués en un chignon de fortune, tenu par un crayon. Elle avait de grands yeux bruns, posés sur son livre, qu’elle dévorait avec passion. Ses lèvres s’entrouvraient à mesure qu’elle lisait. S’en rendait-elle compte ? Ce geste inconscient, ainsi que la façon délicate qu’elle avait de tourner les pages le firent craquer. Un afflux de tendresse l’envahit. Mais pas que de la tendresse. Il y avait également de l’admiration pour cette beauté inaccessible, cette beauté de statue de pierre qu’aimait tant dépeindre Baudelaire. Et du désir aussi. C’était dû à cette peau si pâle, si fragile, si fine. C’était dû à ces lèvres, et leur mouvement incessant de chuchotis si excitant. C’était dû à la façon dont elle tortillait l’une de ses mèches le long de son doigt. Et c’était surtout dû, avouons-le nous tout de même, à cette superbe poitrine, magnifiquement mise en valeur par le noir débardeur de la belle apparition. La bretelle de son soutien-gorge dépassait mutinement sur son épaule, et un coin de dentelle se glissait hors du décolleté. C’était bien plus qu’il ne lui en fallait pour l’imaginer en sous-vêtements, splendide, et cette simple idée le mettait dans un état d’excitation qu’il ne connaissait plus depuis son adolescence.


Évidemment c’est ce moment-là qu’elle choisit pour lever les yeux vers lui. Il admirait ses yeux, sa bouche depuis de longues minutes, mais c’est lorsqu’il avait entrepris de mirer ses seins qu’il avait fallu qu’elle le surprenne. Confus, il baissa le regard, et rougit instantanément de honte. Le timide sourire qu’il peinait à cacher témoignait cependant que s’il était honteux de s’être fait prendre, il n’en regrettait pas moins son attitude.


Elle lui sourit en retour.


Elle l’avait vu entrer dans la pièce. Beau, grand, bien bâti, élégant et sûr de lui, il était entré dans la salle et l’avait balayée du regard comme si elle lui appartenait. Ses yeux d’un bleu profond n’étaient que plus séduisants par l’assurance qu’ils exprimaient. C’est ce qui l’amusa lorsqu’elle s’aperçut qu’il la dévisageait. Elle n’avait pas eu besoin de lever les yeux de son roman pour le voir s’éterniser sur elle, la regarder sous toutes les coutures. Alors elle en avait rajouté. Elle avait cligné un peu plus des yeux, pour qu’il remarquât ses longs cils. Elle avait commencé à former sur ses lèvres les mots qu’elle lisait, afin qu’il ne puisse lever son regard de cet autre atout qu’elle savait posséder. Elle avait commencé à passer sa main dans ses cheveux, en sortant cette mèche, qu’elle caressait depuis. Le premier psychologue venu aurait pu être facilement prolixe sur le côté suggestif du mouvement de va-et-vient qu’elle faisait de la main, et de sa façon de tourner autour de la mèche. Elle espérait donc qu’il n’eût pas besoin de traducteur pour que ce geste fasse son effet. Effet qu’elle comptait bien aggraver en se baissant doucement, offrant une vue des plus plongeantes sur sa poitrine généreuse, déjà bien aguicheuse de par la tenue qu’elle avait mise.


Puis, pour enfoncer le clou, et pour vérifier la qualité de son petit numéro, elle leva les yeux vers lui, doucement, l’air faussement surprise de le démasquer. Banco. Il était plongé dans sa contemplation du décolleté. Tous les mêmes. Ça marchait à chaque fois. Ça n’en était presque plus drôle. Sauf que là, elle prenait un malin plaisir à le voir tout penaud. Cet homme si beau, qui était entré en empereur dans la bibliothèque et qui avait tant d’allure et de prestance était devenu un enfant qui s’était fait prendre en train de faire une bêtise et qui baissait mécaniquement la tête de culpabilité, attendant la sentence. Il lui plaisait définitivement, cet homme, qui avait tant de charme et sur qui elle exerçait tant de pouvoir.



Elle fit une moue réprobatrice en le fixant du regard, puis se leva d’un geste impérieux et s’en alla vers un rayonnage. Coupable, il ne savait pas quoi faire. Aller s’excuser ? En profiter pour engager la conversation ? Cet endroit n’était pas fait pour la conversation. Et les circonstances n’étaient pas en sa faveur, il partait avec un a priori de pervers mateur de décolletés, ce qui n’est en général pas un bon a priori. Et pourtant. Pourtant, il y avait eu dans son geste, lorsqu’elle s’était levée, quelque chose. Dans son regard peut-être. Il y avait lu une invitation de sa part. D’ailleurs, elle était partie sans ses affaires. Et sans son livre, elle qui semblait y être si plongée. Il voulait en avoir le cœur net. Il se leva à son tour, et alla la rejoindre dans les rayonnages. Il la chercha quelques instants : la bibliothèque n’était pas des plus grandes, mais elle était allée dans un recoin vide, dont il n’avait même pas pris la peine de regarder le thème des ouvrages.


Elle lui faisait face lorsqu’il arriva. Tout en la cherchant du regard, il avait cherché ses mots, pour trouver comment l’accoster, mais il n’en eut pas besoin. Tout se passa tellement vite. Lorsqu’il fut à sa portée, elle l’agrippa par le col, et, sans un mot, le plaqua contre le meuble, assez violemment. Elle posa ses mains sur son torse, et le caressa fougueusement, plantant ses yeux dans les siens. Les doigts longs et fins de la tentatrice descendirent rapidement le long du corps de l’homme et vinrent attraper son sexe dur à travers l’étoffe du pantalon. Hypnotisé par son regard et par l’irréalité de la situation, il la vit descendre la tête sans jamais le quitter des yeux, tandis qu’elle défaisait la braguette qui le retenait prisonnier. Lorsqu’il sentit la langue venir caresser sa verge, il ferma les yeux de plaisir et bascula la tête en arrière, se coupant de toute réalité physique et s’abandonnant entier à son fantasme.


La fellation qui suivit fut courte mais intense. Elle savait ce qu’elle faisait. Elle prenait encore une fois un plaisir évident à avoir son sexe dans la bouche, le sexe tendu de désir de cet inconnu. Elle aimait le sentir palpiter en elle, vibrer de multiples soubresauts à chaque fois qu’elle le titillait un peu plus. Elle aimait surtout avoir une emprise totale sur lui. Sentir qu’il s’abandonnait à elle, qu’il lui confiait jusqu’à sa plus stricte intimité. Sentir qu’elle avait plus que le pouvoir de vie ou de mort : elle avait le pouvoir de le faire jouir au moment où elle le désirerait, ou de le laisser sans prévenir, l’abandonnant dans une frustration incomparable.


Puis elle sentit qu’il ne pouvait plus tenir. Qu’il allait bientôt craquer en elle, et se laisser aller dans sa bouche. Elle arrêta alors doucement. Non pas qu’elle fût réfractaire à ce genre de laisser-aller, elle y était même assez habituée, et aimait ça. Mais là elle n’aurait pas eu le temps de le « remettre en forme » afin qu’il puisse la satisfaire par la suite. Et elle commençait à en avoir vraiment très envie. Cette envie fut communiquée au monsieur très habilement, par une dernière caresse buccale qui était à la fois un achèvement, et à la fois une relance de son excitation, afin qu’il restât dur et sur le point de jouir alors qu’elle se relevait doucement, retrouvant les yeux de son partenaire, et qu’elle retroussait sa jupe, écartant la dentelle de son string pour y découvrir son sexe impatient.


La réaction ne se fit guère attendre. C’est ça qu’il y a de bien chez les hommes : ils sont prévisibles. Il la saisit par la taille, et, furieux de désir, s’enfonça en elle sans cérémonie aucune. Ce premier assaut était aussi soudain que voulu et une vague de plaisir la parcourut immédiatement, suivie d’une autre et d’une troisième. Elle s’agrippait à ses épaules et y enfonça rapidement ses ongles alors que son homme, sa marionnette, s’était libéré de ses chaînes et ne la possédait que plus fougueusement. Le rythme fut vite trouvé et il était pour le moins rapide. Elle pouvait sentir qu’elle l’avait incroyablement excité et avait l’impression qu’il s’enfonçait à chaque pénétration un peu plus loin. Elle leva ses jambes du sol et vint les placer derrière son dos, encourageant de ses cuisses les va-et-vient, et ouvrant par cette position un peu plus son sexe aux violents coups de pénis. Puis une étonnante réaction en chaîne eut lieu : il vit le crayon dans les cheveux partir à cause de ses coups de bassin répétés, défaisant un peu plus le chignon à chaque fois. C’est cette vision qui déclencha son orgasme à lui, qui en était si proche depuis tout à l’heure. Ses derniers coups, son cri étouffé, et surtout la satisfaction de l’avoir fait jouir déclenchèrent son orgasme à elle, sublime moment de perfection où la notion de pouvoir absolu se conjuguait avec un sentiment d’abandon d’elle-même. Les mains qui se crispèrent sur le dos de l’homme, jusqu’au sang, lui prolongèrent l’orgasme si bien que l’espace d’un instant, l’espace d’une éternité, il s’unirent dans le plaisir.



Toujours sans dire un mot, il détendit tous ses muscles et se retira d’elle, avant de déposer pieusement un baiser sur son front.


Elle, remit ses vêtements en ordre, et refit son chignon avant d’aller récupérer ses cours laissés sur la table. Elle allait être en retard au lycée.


Lui, retourna à sa place, et prépara enfin sa réunion : il aurait tout juste le temps de finir avant d’aller chercher son fils à l’école.