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Temps de lecture estimé : 19 mn
15/09/09
corrigé 12/06/21
Résumé:  Jean et Lydia ont rendez-vous à Kinshasa, mais rien ne se passe comme prévu.
Critères:  fh hplusag douche amour fellation
Auteur : Jean Balun            Envoi mini-message

Série : Lydia ou la tentation de Saint-Jean

Chapitre 02
Kinshasa - Limete

Résumé de l’épisode précédent : Jean a rencontré Lydia, une jeune Congolaise lors d’une foire en Angola et succombe à son charme. Rien de vraiment concret ne s’est encore passé entre eux. Mais ils sont restés en contact et ont convenus de se revoir à Kinshasa.









Me revoici à Kinshasa, ville que j’aime, pourtant aucun monument ne lui confère un quelconque intérêt, sauf peut-être le bâtiment de la Gecamine et la tour de l’échangeur avec sa statue de Patrice Lumumba, le poing levé, et encore. Je m’y sens bien, c’est tout.


C’est une ville tentaculaire, peuplée de huit à dix millions d’habitants, personne ne le sait avec précision ; mais verdoyante, partout des arbres, le long des boulevards, dans les parcelles aux larges dimensions offrent leurs ombres, voire leurs fleurs.


Je viens d’arriver à l’aéroport de N’Djili, dans la moiteur du fleuve tout proche. C’est une sensation étrange, une chaleur d’étuve qui vous pénètre, qui s’insinue partout, qui remonte par les jambes du pantalon.


Sur le tarmac, des avions parqués dans un joyeux désordre, de nombreux appareils russes, vétustes et mal entretenus, affectés aux vols intérieurs : les fula-fulas, les cercueils volants, plus de trente crashes en 2005. Que de souvenirs, cocasses avec le recul, nous y avons survécu, nous pouvons donc en rire…


N’Djili, je l’appelle « l’enfer de N’Djili ». Ici, tout est prétexte pour vous soutirer quelques dollars, j’ai beau y être habitué, savoir comment éviter les pièges où tombent les « nouveaux », je suis sur des charbons ardents, agressif même. Je déteste cet endroit.


Je viens de récupérer mes bagages, après une heure d’attente devant le tapis, dans une salle surchauffée, sans ventilation. Une heure à repousser les avances des porteurs et à admirer de superbes papillons géants aux ailes brunes qui vont et viennent parmi les voyageurs. Spectacle incongru, décalé, tant de grâce dans un lieu si laid…


« Ouf, voilà Nestor ! »


Nestor, c’est notre représentant local. Avec lui, le contrôle des douanes est une formalité : un hochement de tête, une poignée de main, et nous passons sans un mot, sans rien ouvrir. Je préfère : il y en a pour une fortune en outillage et pièces détachées là-dedans.


Ces poignées de main, j’en veux bien tout le temps. Ce qui échappe aux observateurs non-avertis, c’est le petit papier plié qui passe d’une main à l’autre, vert et blanc, avec la mention « In God we trust ».


Je viens souvent ici. Mon territoire, enfin celui du bureau dont je dépends, c’est l’Afrique. Je passe en moyenne de trois à quatre mois par an sur le terrain, pour installer nos équipements et former les futurs utilisateurs.


On nous envie. Nous en avons de la chance de voyager autant, de visiter tant de pays lointains et exotiques… dont nous ne voyons, la plupart du temps, que l’aéroport, l’hôtel, l’établissement du client, l’un ou l’autre restaurant et le trajet y menant. Le reste, c’est douze à quatorze heures de boulot, sept jours sur sept. Pas si idyllique, finalement. Mais c’est assez bien payé, je le concède.


Le « tourisme », c’est quand le client est situé dans un bled perdu, en pleine brousse. Là, je prends mon pied. Et quand je tente de raconter nos « aventures » au pays, tout le monde s’esclaffe :



Et pourtant, je ne raconte pas tout, seulement ce que des occidentaux peuvent appréhender. Même pas la peine d’en rajouter, c’est tellement… incroyable… mais vrai. Ceux qui connaissent l’Afrique profonde me comprendront.


Ma mission est, cette fois, d’installer des machines-outils, un travail technique que je préfère de loin aux tâches commerciales qui m’avaient amené, il y a trois mois, en Angola, à la Foire Internationale de Luanda. Je suis seul. Habituellement, je préfère les missions en groupe, car les soirées sont plus agréables. Mais pas cette fois-ci !


Depuis mon retour de Luanda, j’ai échangé de nombreux mails avec Lydia. Aux hésitations du début, à mes remords d’homme jadis fidèle, a succédé l’emballement du désir. Le démon de midi ? Peut-être. Il est vrai que je suis flatté de séduire une aussi charmante jeune femme. Même si je ne parais pas mon âge, mes cheveux gris trahissent une quarantaine bien entamée.


Nos premiers messages étaient assez « gentillets », parlant d’amitié, de contact à maintenir, pessimistes, sans illusions sur les perspectives d’avenir de ce « nous » balbutiant. Mais le « magnétisme » a été le plus fort : nous avons convenu de nous revoir quand le destin nous pousserait l’un vers l’autre, sans projets à long terme. La nouvelle de ma mission de deux semaines en RDC l’a transportée de joie et, comme elle l’avait laissé entendre dans ses premiers mails, elle a réservé un vol pour Kinshasa; ses deux enfants resteront sous la garde de la cousine qui partage son toit.


Officiellement, elle va rendre visite à son père. Ce dernier, haut fonctionnaire, a mené sa barque au travers des vicissitudes de ce pays, survivant à tous les changements de régime. Lydia est l’aînée des quatorze enfants qu’il a eus de ses trois femmes successives.


Elle arrive deux jours après moi. Nous nous sommes donné rendez-vous au 3615, bar-terrasse à la mode sur le boulevard du 30 juin. La cuisine y est excellente, les prix raisonnables à défaut d’être modérés et le cadre est agréable. C’est aussi le point de ralliement des belles de nuit de la capitale. Mais le client n’est pas importuné, le service d’ordre est impitoyable et la perturbatrice serait immédiatement éjectée – au sens propre du terme. C’est un échantillon de la beauté africaine, des filles de toute la sous-région : Camerounaises, Sénégalaises, Tchadiennes, Burundaises… et pas les plus moches, dans des tenues… à faire loucher un aveugle !


D’habitude, après une journée de travail, je savoure une bière locale, servie en bouteille de septante-deux centilitres (oui, je suis Belge et au Congo, on ne dit pas soixante-douze, non plus !), parfois deux. Mais ce soir, je veux avoir toute ma lucidité et tous mes moyens pour cette rencontre tant attendue. J’ai le trac. Je tue le temps en buvant un coca, même si ce n’est pas l’idéal pour me détendre. Lydia a près d’une heure de retard, si les Mundélés – les blancs – ont la montre, les Africains ont le temps, c’est bien connu…


Enfin la voici, rayonnante, vêtue d’un jean taille-basse et d’un bustier noir mettant en valeur sa poitrine. Elle porte sa perruque à longs cheveux, elle sait que c’est ma préférée. Un peu de fard argenté illumine ses paupières à la limite de ses cils recourbés. Et quel sourire !


Elle se jette dans mes bras, je la serre contre moi. Étreinte qu’elle me rend. Après une seconde d’hésitation, nous nous embrassons sur les lèvres, un petit bécot, notre premier baiser. Je suis sur un petit nuage, comme un adolescent.


Je la mène à notre table, un peu à l’écart, près d’un bouquet de plantes luxuriantes, assez loin des haut-parleurs qui débitent de la rumba congolaise à tout va. Ici, on peut se parler à l’aise.



Nous dévorons avec appétit notre repas : Lydia a commandé un demi-poulet frites et moi, un steak de zébu avec des bananes plantain et bien sûr du pili-pili, sauvage comme je l’aime. Mais c’est elle, des yeux, que je dévore.



C’est vrai que j’ai eu un peu peur ces nuits-là, surtout quand on a heurté un arbre flottant entre deux eaux ! Je craignais surtout que les piroguiers ne devinassent que j’avais plusieurs milliers de dollars sur moi, j’aurais sûrement fini à la baille !



Je sors de ma pochette le cadeau que je lui ai apporté.



Elle se saisit du paquet et, sans l’ouvrir, se lève, se jette sur moi et m’embrasse avec fougue, puis avec beaucoup de tendresse. La chaise tangue dangereusement, mais tient bon. Le contact de ses lèvres pulpeuses est d’une grande douceur, sa langue joueuse se faufile partout, sa salive se mêle à la mienne. D’une main, elle tient ma tête, de l’autre, elle soulève mon polo et pince un de mes tétons.


Les filles de la table d’à-côté applaudissent en riant, brisent l’élan de ma belle qui me sourit, un peu essoufflée.



Et elle le range dans son sac à main, en me faisant un clin d’œil malicieux.


Je regarde mon montre, déjà vingt-trois heures ! Demain à huit heures, Nestor vient me chercher pour me conduire aux ateliers centraux. Je vais encore être frais !


Je prends ses mains en les miennes, elles sont toutes petites, les ongles coupés court et soignés. Je la regarde dans les yeux et lui explique que je vais devoir écourter cette première soirée, car le devoir m’appelle. Un voile de tristesse passe devant ses yeux, puis elle se ressaisit, la Lydia dont le professionnalisme lui avait valu les louanges de toute l’équipe à Luanda refait surface.



La parcelle se situe dans la commune de Limete. Il fait nuit, mais on devine à la longueur du mur d’enceinte que le parc est de belle taille. La maison date du « temps des Belges », le parc est bien entretenu à ce que je peux en voir. Lydia m’introduit dans la maison, frappe à la porte du bureau de son père, m’y fait entrer. Son père, assis à son bureau, lève les yeux vers nous, sourit à Lydia, puis repousse sa chaise et vient me serrer la main. C’est la poigne d’un homme familier du pouvoir, ferme, sans être écrasante. Son regard est franc et direct, c’est moi qui baisse instinctivement les yeux.



Après avoir marqué un silence, il m’indique un fauteuil et demande à Lydia d’aller chercher des boissons. Une fois seul, il se rapproche de moi et me demande à mi-voix :



Je marque un silence.



Lydia entre à ce moment dans le bureau avec les boissons. Pendant qu’elle nous sert, je parcours la pièce des yeux. Elle ressemble à ces bibliothèques dans les manoirs anglais, feutrée, avec des tapis épais, un bureau en acajou, des fauteuils club en cuir brun patinés par les ans, les fenêtres sont occultées par d’épaisses tentures gris-beige aux motifs assez vieillots, des centaines de livres sur des étagères, couvrent le mur en face du bureau jusqu’au plafond, une petite escabelle est posée contre un rayonnage. Des ouvrages anciens et précieux avoisinent des publications récentes, traitant principalement de philosophie et de politique, mais aussi d’économie et de littérature.



Je prends congé du père de Lydia et celle-ci me mène à ma chambre. Une belle pièce aux larges dimensions, avec une cheminée de marbre blanc assez sobre. Toutes les boiseries sont peintes en blanc, la teinte rousse du plancher me fait penser au doussier. Les tentures et les couvertures sont bleu ciel. L’ensemble est à la fois lumineux et apaisant.



Il est une heure du matin, Lydia n’est toujours pas reparue. Je me décide à me coucher, sinon je vais être zombie demain au boulot. Y a pas que la bagatelle, nom de nom ! Le lit est douillet et vaut largement celui de ma chambre à l’hôtel Cana, pourtant très confortable.


Je sens que je m’assoupis lentement. Je repense à cette soirée un peu folle, rien ne se passe comme prévu, mais tout se passe bien, si j’excepte la place restée vide à côté de moi. Je ne comprendrai jamais les femmes. Je ne suis pas le seul, je le sais, mais cela ne me console pas.


Clic !


Je me réveille en sursaut. Lydia vient d’entrer et d’allumer le plafonnier, elle porte une robe de chambre bleu clair en satin. À son cou brille le pendentif que je lui ai offert : une chaînette en or et un brillant serti sur une barrette d’or. Elle me sourit :



Je vois qu’elle hésite, tentée par ma proposition, mais visiblement ne se fait pas d’illusion sur mes réelles intentions.



Elle laisse glisser le peignoir, qui s’étale autour d’elle comme une corolle bleue. Pour la première fois, je la vois nue, enfin presque. Elle porte juste une culotte de dentelle blanche. Exactement celle dont j’avais rêvé à Luanda ! Mon regard se porte d’abord sur ses seins, ils ne sont pas si petits, finalement, bien galbés, le téton assez large, l’aréole brune, presque noire, puis sur sa taille, ses hanches, son petit ventre légèrement rebondi, trahissant ses deux maternités. Elle est bien proportionnée, sa sveltesse est une exception. Je bénis le modèle brésilien qui est la norme en Angola. Si elle avait vécu à Kinshasa, trente ans et deux enfants, vingt à trente kilos supplémentaires auraient quelque peu gâché le tableau. J’aime certaines rondeurs, mais pas celles des déesses de Rubens…


Lydia éteint la lumière, je remets vite mon slip, car je dors nu. Et je la sens se glisser sous les draps et se lover contre moi. Sa peau douce et tiède sent bon le savon, ses cheveux frisés, tout doux, me chatouillent la joue. Ses seins s’écrasent sur mon torse, leur contact me chavire. Je respire profondément pour garder le contrôle. Je bande comme un cerf. Une petite menotte se pose sur ma cuisse, puis remonte et m’effleure en passant pour constater l’ampleur des dégâts.



Je me tourne doucement vers elle, la prends tendrement dans mes bras, l’embrasse et m’endors, apaisé comme un bébé après la tétée.



***



Sept heures, mon réveil sonne.


Oh la la, quel rêve démentiel !

Adieu, la nuit, voici une dure journée qui commence, il faudra bien avancer aujourd’hui, car demain, c’est dimanche, impossible d’accéder aux ateliers. Une journée de perdue ! Quelle manie d’aller tous au culte ! Décidément, ici, la religion est plus que jamais l’opium du peuple…


Un mouvement à côté de moi me fait sursauter, interrompt mes pensées. Lydia est là, ce délire était donc vrai. L’ANR, son père, tout ça !

Mais surtout, elle est là, près de moi, avec son pendentif logé entre les seins. Un bien joli tableau que ma belle dormant avec cette expression paisible, comme un ange tombé du ciel, dans mon lit !


Je résiste à l’envie de la réveiller. Je passe vite dans la salle de bain attenante pour un brin de toilette et me réveiller tout à fait en me bassinant le visage d’eau froide. Puis un fois habillé, je sors de la chambre sur la pointe des pieds.


En bas, une table est dressée. La cuisinière me salue :



Le déjeuner est simple, mais copieux : une omelette aux oignons, quelques fruits et beaucoup de café. Je me sens d’attaque pour une journée de travail, qui me semblera longue, tant je suis pressé de revenir au bercail.


Comme convenu, Nestor vient me chercher à huit heures… quinze :




***



Dix-huit heures, je sors des ateliers centraux, sommairement décrassé. La journée a été difficile, le grand tour m’a donné du fil à retordre, pourtant j’ai rattrapé le retard accumulé cette semaine. Je suis à nouveau sur mon planning, le chronogramme comme on dit ici. Je n’en suis pas peu fier. Nestor m’attend avec sa tête des mauvais jours. Il me dépose devant la demeure du conseiller, mon hôte désormais.



Vite sous la douche, je suis crasseux, puant. Heureusement, je n’ai croisé personne en entrant, à part le boy qui a ouvert la porte.


Avec sa carrure de débardeur, il ne doit pas être seulement portier, probablement garde du corps, ANR ? Allons bon, je deviens parano, maintenant !


Je me prélasse sous le jet d’eau chaude, me délectant des fragrances fruitées de mon gel douche. C’est un de mes moments préférés de la journée, avec la première gorgée de bière marquant le début de la soirée. La douche est un grand espace carrelé de ce vert émeraude typique des années soixante, aménagé dans un coin de la salle de bain. L’eau tombe à même le sol en légère pente et disparaît par un large sterput, un petit seuil l’empêche d’inonder le plancher de la chambre.


Soudain, une petite diablesse me saute dessus, cherche à me faire tomber, me chatouille en riant comme une enfant. Je l’attrape et la maintiens contre moi. Je voudrais la soulever comme un sac de patates, mais je m’en abstiens par crainte de glisser. Elle est nue…


La sentir, chaude et palpitante, tout contre moi, avec ses cheveux mouillés plaqués sur la tête, provoquent une modification anatomique prévisible, et surtout visible. Ses petites mains partent en exploration, caressent, tiraillent, soupèsent, ses doigts fourragent dans ma toison. Elle lève la tête vers moi et me confie :



Tenant toujours mon sexe entre ses mains, elle répond :



Et joignant le geste à la parole, nullement gênée par l’averse d’eau chaude, elle décalotte le gland avec lenteur, y pose ses lèvres, suçotant, léchant. Puis elle le gobe, joue avec sa langue, ses joues, son palais. Mes mains se sont posées sur sa tête, accompagnent le mouvement sans le forcer. Cette caresse que j’aime tant, si parfaite, si douce, me met dans un état second, j’ai fermé les yeux, mes jambes fléchissent, mon cœur s’emballe, mes tempes battent. Sa bouche monte et descend en cadence, de plus en plus bas. Ses mains accompagnent la danse de ses lèvres, font rouler les testicules dans leur poche. Je perds la notion du temps, je sens comme un vertige, la montée inéluctable de la sève.



Au contraire, les mains se font plus taquines, la langue entame un ballet affolant, et le mouvement de retrait s’accompagne maintenant d’une savante succion. Un fourmillement monte dans mes jambes, atteint mon ventre et c’est l’explosion. Lydia tète avidement ce sperme qu’elle goûte pour la première fois.




Dans quelle aventure me suis-je embarqué ? Le petit flirt sans conséquence de Luanda m’avait placé au bord de la pente glissante. Maintenant je glisse, je glisse, et je ne vois pas le fond !


Et si, d’aventure, quelqu’un veut me retenir, me tendre une main secourable, je l’étripe !





(*)

ANR : Agence Nationale de Renseignements : services secrets de RDC, redoutables et redoutés.

RDC : République Démocratique du Congo