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n° 13511Fiche technique8811 caractères8811
Temps de lecture estimé : 6 mn
06/10/09
Résumé:  Homme seul devant un pc
Critères:  h telnet cérébral revede voir exhib hmast nopéné -regrets -masth -internet
Auteur : Centaure le bûcheron            Envoi mini-message
Xavier

« Paris est une solitude peuplée » a dit François Mauriac. C’est une description si forte qu’elle en est troublante. Ce trait de notre société s’applique à nous tous, mais plus intensément encore à quelques-uns de nos congénères…



Xavier est un bel homme de trente-neuf ans, dans la force de l’âge, selon le dicton populaire. D’une stature d’athlète, il arbore une musculature que bon nombre aimeraient présenter. Puissant et viril, il décline les valeurs de l’homme dans sa splendeur et sa magnificence.

Sa vie est morose, limpide, terne comme celle de tant de Français, ou même d’Européens en ce début de siècle, entourés d’individualité et d’indifférence farouches, d’isolement humain, de poncifs amicaux… Bref, comme l’est la vie en général.


Chaque soir, cet homme asphyxié se dirige entièrement nu vers sa fenêtre, son courant d’air pur, son ballon d’oxygène. Il s’évade du gris sur les couleurs de son PC, grâce à MSN, ou Skype et il discute des heures durant par écrit avec des gens inconnus, agréables puisque disponibles, puis ils passent ensemble bien souvent à la conversation à la cam.


Il s’est trouvé un pseudo qui résume tout : « bi-cycle », en raison de sa bisexualité et de sa passion pour les deux roues, avant… Il attire les convoitises.

Grâce à lui, il reste irréel, virtuel pour se protéger, mais cet anonymat l’enferme un peu et le libère tellement aussi. Il se réfugie derrière cela pour se préserver des imbéciles.


Il parle de ce qu’il aime et précisément d’amour. Pourtant c’est un domaine qui lui est lointain, voire étranger à présent. Mais son cœur reste jeune et vaillant, comme avant… Avant…


Chaque jour il entretient son corps qui est resté beau et solide comme avant, quand il était jeune et fringant, quand les femmes le regardaient, chez lesquelles il captait souvent un regard d’envie.


Ah, les femmes ! Dieu sait s’il les a aimées. Quelques fois, il en est conscient, mal ou de façon trop machiste, car il se savait beau, le bougre. Quelques fois, il s’en confie à ses interlocuteurs et fait son autocritique, espérant là corriger les erreurs où s’engouffrent les autres hommes. Mais il n’insiste jamais. Il n’est pas là pour ca ! Il veut simplement JOUIR !


Il était lui aussi, aussi niais. Jusqu’au jour de grand bonheur où il a compris comment Émilie lui avait cerné le cœur et l’âme, avant de les lui crever. Émilie… Émilie qu’il a laissée partir dans un déchirement sans nom, mais… Parce qu’il l’aimait tant…


De temps à autre, il va voir les femmes tarifées. Les sens sont au rendez-vous, mais plus les sentiments partagés. Il aimerait pouvoir serrer encore dans ses bras, puissants d’exercices quotidiens, le corps doux et tendre d’une de ces femmes qu’il admire sur Internet. Il sait qu’il pourrait rendre une femme heureuse, si… Mais ce fameux « si » est là !


Il ne s’accorde plus le droit d’être aimé, et de toute façon il est seul… Il ne s’accorde plus le droit au bonheur et pourtant, il y a droit comme les autres, comme tout le monde, avec la même intensité, la même violence, la même passion… Lui aussi devrait pouvoir partager ses fantasmes, ses pulsions, ses désirs soudains. Lui aussi devrait avoir le droit de lire librement un regard érotique et dévastateur chez une femme… Mais il ne le veut plus. Il ne le PEUT plus.

Alors il se branle chaque soir ou presque devant son écran libérateur, longuement, lentement, sans pudeur ni feinte. Il observe sans scrupules des corps dénudés, ou mieux encore, en pleins ébats, soit sur des photographies de gang bangs charnels, de partouzes infernales, de gros plans vicieux et outrageusement impudiques… soit en matant des vidéos pornographiques qui le transportent où il veut. Il rêve… Il n’en a pas honte non plus. Pourquoi ce sentiment ? L’érotisme est naturel et la jouissance nécessaire. Il aime triquer comme un gamin et se palucher sauvagement, seul mais libre de ses fantasmes.


Plus souvent encore, il passe des nuits à discuter avec ces femmes ou ces hommes qui hantent la toile. Il reste discret sur sa vie. D’abord anodines, les conversations se personnalisent et s’érotisent.

Il aime captiver les femmes par ses mots doux puis pervers, par son humour fin et sa force mentale, avant l’audacieux ; ces femmes elles-mêmes qui passent du personnel au sexuel sans trop de vergogne et que cela excite tant. Il entre joyeusement dans ce jeu trouble et fascinant.

Il aime être maté pour les femmes et les hommes aussi. Les femmes se libèrent, se réalisent, s’affirment, se dévoilent… Les hommes se lâchent. Ils sont beaucoup plus crus dans leurs termes et les gestes et les deux sexes l’excitent beaucoup.

Xavier est devenu bisexuel par la force des choses, mais cela ne le gêne en rien.

Il apprécie tout autant une belle paire de gros seins lourds, à peine libérés de leur soutien-gorge, palpés par les mains douces de la femme sur ses ordres, ou une belle chatte fournie, caressée puis ouverte généreusement par sa propriétaire qui lui pose des questions salaces, l’enjoint à commenter et l’engage à se toucher devant elle… Il aime alors répondre à ces attentes obscènes et lui montrer sa bite bien tendue d’excitation et tout son attirail qu’il sait satisfaisant.


Assis sur son siège, jusqu’à son éjaculation, il balade sa cam sur son membre qu’il secoue vigoureusement, sur son gros gland luisant, trempé de mouille, sous la lampe de bureau qui s’y reflète, il expose ses couilles velues qu’il s’amuse à torturer, à séparer, à tirer pour le plus grand plaisir des deux compagnons d’un soir. Quelques trop rares fois, les femmes acceptent de se goder devant et pour lui, généralement après avoir pompé leur morceau de plastique dans des bruits savamment exagérés, sucé par des lèvres devenues avides. Ah, quel plaisir il a à ce moment à les inciter à fantasmer, leur parler par le biais des micros et les entendre réagir de l’autre côté du miroir. Ses mots sont toujours les mêmes, mais jamais identiques, car les femmes ne reviennent jamais lui rendre visite.


Pour ce qui concerne les hommes en revanche, il a ses fidèles amis de branlette. Bon nombre lui envoient fréquemment des invitations à la cam en raison de son regard vicieux, expert, et de son langage cru qui excite tout le monde (tant le récipiendaire que lui-même, quoique ce ne soit pas trop sa vraie nature)… Internet libère les esprits comme les corps, on le sait tous !

Xavier et son pote se regardent et partagent cette partie de pignolage indécent, aiment à glorifier les bites et autres accessoires virils que chacun vante sous le coup de la bandaison intense. Les mâles ne se retiennent pas. Les poses les plus sordides sont acceptées sans rechigner. Certains se doigtent ou s’enculent devant lui, lui demandent de les traiter en pute, de les insulter, ce qu’il fait sans grande passion mais volontiers, pour amplifier le plaisir de l’autre homme car c’est le jeu, le but ultime… JOUIR FORT !

Il ne compte plus le nombre de queues qu’il a vues. Peu lui importe, en réalité. Il n’a pas vraiment de préférence. Ce qu’il aime, c’est le partage de cet interdit, ce moment de lubricité virile, de communion, dans le plaisir de juter tout son foutre hors de ce corps toujours chaud.


Cependant, il ressent trop souvent ce petit pincement au cœur qu’on appelle jalousie, quand il voit de trop beaux mecs, bien musclés, aux cuisses fortes, aux quadriceps puissants qui entourent une queue magnifiée…


Pourtant lui aussi l’est, mais l’était plus encore avant… Avant…


Les séances durent assez longtemps. Il traîne toujours à se faire cracher et sait retenir son plaisir, pour en vivre l’immense jouissance.

Le foutre vient à chaque fois. Il varie seulement la façon de se répandre. Sur la main, le ventre, les poils, le sol, les doigts, ou autre… Mais il jute fort et en est heureux. Qu’importe s’il faut nettoyer ! C’est le prix à payer !


Puis, calmé, satisfait, il sort de l’ombre son compagnon de vie désormais. Oh, ce n’est pas un être humain, non ! Bien loin de là ! Ce n’est pas franchement un ami. Bien au contraire, même si… Il aurait même aimé ne jamais le rencontrer, c’est un partenaire fidèle mais gênant. Xavier est handicapé à vie, en raison de son accident… Xavier est hémiplégique.