n° 13543 | Fiche technique | 8492 caractères | 8492Temps de lecture estimé : 6 mn | 27/10/09 corrigé 31/05/21 |
Résumé: Comment l'informatique complique nos relations. | ||||
Critères: fh telnet humilié(e) jeu humour -internet | ||||
Auteur : Samuel Envoi mini-message |
Ils s’étaient rencontrés sur le site Quoimagueule.com. Une fraîcheur juvénile avait teinté leurs premiers dialogues :
Puis Roland s’était fait plus pressant :
Et Roland avait envoyé une superbe photographie qu’avait prise de lui sa belle-sœur alors qu’il était en plein travail pendant un barbecue. On le voyait saisir à pleines mains les saucisses et les chipolatas, un torchon sur l’épaule, sous le regard admiratif d’un gamin en trottinette rouge et d’un chien toute salive dehors. On sentait combien Roland avait du charme et une virilité qui ne demandait qu’à s’exprimer si les circonstances s’y prêtaient. Quelques jours plus tard, le dialogue reprit :
Il faut dire que Roberte avait envoyé une photographie décorative où elle était bien mise en valeur. Elle s’était prise elle-même dans sa chambre devant sa coiffeuse. Elle avait soigneusement bouclé sa chevelure léonine, mais c’est vrai qu’elle n’avait pas pensé à gonfler un peu les poumons. Mais le couvre-lit d’un rose vif et superbe, sur lequel étaient précautionneusement posées des poupées en véritable porcelaine auraient dû attirer l’œil de son amoureux et lui montrer qu’il avait affaire à une future femme de goût. De fait, Roberte se demandait s’il avait reconnu en arrière plan le poster de Mike Brant ou s’il était complètement inculte.
Un jour, devant son écran, Roland fut surpris par une initiative de la jeune femme :
Bref, nos tourtereaux s’entendent assez bien, mais cette communication par clavier interposé commence à leur peser. Pourtant Roberte ne se résigne pas et elle veut en savoir plus sur son chevalier servant avant de le rencontrer physiquement. Elle insiste et le dialogue devient plus intime.
Et c’est avec ce simple stratagème que Roland réussit à savoir où se trouvait la maison de sa promise. Il arriva avec un gros stylo à encre noire. Et il prit un immense plaisir à écrire sur la peau satinée de sa bien-aimée : TROU À PRENDRE. Il hésita même à mettre le pluriel à trou, mais il ne se souvenait plus très bien des règles de grammaire. (Ne fallait-il pas un x à trou ?) Puis il dit à Roberte qu’il fallait donc s’employer puisque c’était écrit : à prendre. Elle demanda s’il s’agissait toujours du même jeu et il la rassura. Je passe sur les détails d’une scène d’amour romantique à souhait. Et quelques jours plus tard, la conversation électronique reprit :
Effectivement, Roberte devait passer une visite médicale pour commencer un nouveau travail. Elle y alla, rouge comme une tomate. Le jeune médecin examina d’abord la poitrine avec un certain plaisir. Puis il lui demanda de se déshabiller. Roberte resta inerte, comme un mannequin de cire. Il insista, et elle se résolut à se dévêtir en faisant entendre d’immenses soupirs. Le médecin resta interloqué à son tour quand il découvrit l’inscription et il se persuada que cela avait été fait à son intention. Elle essaya bien de lui expliquer, mais elle s’embrouilla. Autant elle était à l’aise à l’écrit, autant elle avait toujours été calamiteuse à l’oral. Elle était trop timide. Et ce qui devait arriver arriva… Le pire, c’est que cela se reproduisit dans la même journée à la piscine avec un nageur un peu curieux et à la plage avec un nudiste culotté. À peine rentrée chez elle, Roberte fit chauffer le clavier :