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13/11/09
corrigé 12/06/21
Résumé:  Initialement prévu pour participer au concours SF, mon clavier s'est égaré pour accoucher d'une série en neuf épisodes. C'est l'histoire d'un vaisseau dans l'espace et de ses passagers. Ce premier épisode est en quelque sorte l'entrée...
Critères:  fh voir sf
Auteur : Domi Dupon  (Homme de moins en moins du bon côté de la cinquantaine)            Envoi mini-message

Série : Mission "Survival"

Chapitre 01 / 09
Episode 1: Le commencement du début

ÉPISODE I


Le commencement du début




12 août 2098, an 82 de l’Empire, 7 h 30 P.M.T., quelque part au-delà du Système Solaire.



Heinrich Zeldon était câblé et ventousé sur tout le corps, prisonnier d’une espèce de sarcophage translucide, seul son bras droit possédait quelque autonomie.


Progressivement, le fil des événements lui revint. Il se trouvait à bord d’un foutu vaisseau spatial qui se dirigeait vers Proxima du Centaure. Multivac (petit nom qu’il avait donné au computer central en souvenir d’un auteur de science-fiction du XXème siècle) le sortait de l’hibernation chimique dans lequel il était plongé depuis six mois (si tout avait fonctionné correctement).


Durant deux semaines, il effectuerait les contrôles de routine et quelques tâches de maintenance primaire que Multivac ne pouvait accomplir. Des trucs comme changer les sacs de poubelles s’il y en avait eu à bord.


Le computer le ranimait en fait principalement pour qu’il régénère son corps. En théorie, le voyage aller devait durer cinq ans. Les grosses têtes qui avaient pensé les explorations craignaient que leurs corps ne soient plus très opérationnels si, périodiquement, ils ne le remettaient pas en condition. Alors tous les semestres, retour à une réalité éveillée pendant quinze jours, ponctué d’exercices physiques divers, de pointages des listings, de lecture des commentaires laissés par la machine et de quelques travaux d’entretien du navire. Un toctoc impérieux contre la paroi de son cercueil le tira de ses réflexions.



P…, il avait oublié c’tte connasse de Susan.

Mais pourquoi avait-il accepté ?

Les psytech avaient doctement affirmé que tous les tests confirmaient qu’ils avaient des profils psy complémentaires, qu’ils formeraient une équipe épatante.

Pour s’être plantés, ils s’étaient plantés ! Elle avait pourri la vie de leur quatuor dès le premier jour de vol en les ramenant à tout instant dans les chemins de l’orthodoxie. Il avait accueilli avec soulagement la mise en sommeil. Mais cette quinzaine, il serait seul avec elle.



Quand faut y aller… Il appliqua sa paume sur le loquet électronique. Le ciel du sarcophage disparut dans la paroi emportant avec lui câbles, ventouses et autres diableries. Sœur Susan n’allait pas être contente. Il était entré en léthargie quelques minutes après elle. Et, avec la complicité de Gladys et Danilo, leurs deux équipiers, il lui avait préparé une mauvaise farce.



Joignant le geste à la parole, elle s’approcha.

Elle le vit… nu.

Elle se liquéfia le temps que les informations parviennent à son cerveau.

Puis la baffe partit.



Il se leva, sans aucune ankylose musculaire comme s’il s’était couché la veille. Efficaces leurs dopes ! Il passa l’intégrale d’intérieur qu’il avait soigneusement rangée dans le casier au-dessus de sa coque de sommeil.


S’il se pointait nu sur le pont-salon, il la sentait capable de l’émasculer.



*********************



Flashback 1 : 15 juin 2096, an 80 de l’Empire, salle 118, Centre Spatial Empire Européen, Aachen



Ben voyons, c’tte curaillonne romaine ! Romaine et black, il fallait le faire.


Qu’elle fût choisie lui avait paru évident. Elle connaissait par cœur les sourates de la bible de Saint Ahmed, prophète de l’U.S.D. (Un Seul Dieu), église née de l’alliance des chrétiens et musulmans intégristes, devenue église d’État en 2048 sous le règne de Jean 1er.


Un visage austère aux traits pas réellement négroïde qui aurait pu être gracieux si un sourire l’avait parfois éclairé. Des cheveux crépus, des yeux noirs, des joues d’ascète, des lèvres même pas pulpeuses. Le corps toujours dissimulé par des nippes informes qui gommaient entièrement sa silhouette. Excepté son visage et ses mains, il n’avait jamais vu la moindre parcelle de sa peau. Et comme Charia oblige, ils ne pratiquaient pas les activités sportives en commun… Par dérision, il l’avait baptisée « la belle Italienne ».


Probablement, une fidèle du régime qui avait postulé par conviction.



Une toute autre personnalité !


Il avait sympathisé avec cette petite parisienne d’origine asiatique âgée d’une trentaine d’années. Délurée, souvent sarcastique, toujours souriante, l’opposée de Sœur Susan.


Une silhouette longiligne, éclairée par des fringues de couleurs vives, moulant son corps juvénile à la limite de ce que permettait la loi. Impossible d’ignorer sa quasi absence de poitrine, ni ses yeux verts en amande. Elle se promenait volontiers bras nus et découvrait, avec quelque indécence, ses chevilles qu’elle avait admirablement galbées.


Elle avait rejoint le projet pour fuir la pression religieuse de plus en plus contraignante dans l’Empire. Cette désignation lui fit plaisir.



Venant de la région Portugal, Danilo, avec ses trente-huit ans, faisait figure de vétéran parmi les postulants.


Teint très mat, yeux sombres, de petite taille, (tous les stagiaires étaient sveltes et de petites tailles), mais dressé sur ses ergots, il en imposait. Très discret, limite « taiseux », mais excellent médiateur, il était apprécié de tous. Un choix presqu’évident.


Il n’en restait plus qu’un à sortir du chapeau.



Sur le cul ! Il faisait partie des élus ! Il ne donnait pas un kopeck de ses chances.


Il avait posé sa candidature parce qu’elle lui évitait une probable et longue condamnation pour comportement déviant. Tout ça parce que, un an auparavant, un groupe de Gardiens de la Norme avait déboulé dans la chambre où il batifolait avec deux copains. Par chance, le sociopsy qui l’avait interrogé dans la mosquéglise d’Uppsala lui avait glissé que son profil correspondait à celui recherché par le C.S.E.E. Ça ou risquer dix ans de rééducation et d’abstinence totale, pas franchement d’alternative. Impossible de se masturber dans ces camps où des cams « intelligentes » signalaient la moindre velléité d’attouchement.



Après avoir prononcé ces derniers mots, le sociopsy se rassit. Son rôle s’arrêtait là. Tandis que les éliminés sortaient dans un silence consterné, les heureux élus n’osaient manifester aucun sentiment.


Demeuraient dans la salle, les quatre futurs spationautes et, assis derrière une grande table, un quintet de grosses têtes dont Cléo Sander-Farrell, grosse tête parmi les grosses têtes. Une femme à ce poste-là, dans cette période qui les reléguait naturellement aux tâches ménagères, il fallait qu’elle ait un sacré QI. Elle avait aussi un sacré cul dont elle exhibait volontiers les formes. Mais pas touche, zone interdite.


Elle quitta son siège, passa devant la table à laquelle elle s’adossa. Elle prit la parole :



Problème avec C.S.-F. : elle adorait s’entendre parler. Elle pérora ainsi plusieurs minutes avant d’arriver à l’essentiel.



Gladys, Danilo et lui échangèrent des regards inquiets tandis que la belle Italienne, à l’évidence, en approuvait chaque mot. C’était quoi l’arnaque ? On leur avait fait miroiter un grand voyage dans l’espace.


Semblant lire dans ses pensées, C.S.-F. enchaîna :



Cette annonce le scotcha à son siège. Il constata un effarement analogue chez ses petits camarades. Même Sœur Susan avait abandonné son sourire extatique.



Heinrich ne put s’empêcher :



Déjà, il décrochait. Elle avait sans doute une grande intelligence, mais l’option pédagogie n’y figurait pas. Soporifiques, seul adjectif possible pour qualifier ses phrases interminables. Toutes ses explications à la « mords-moi le nœud », il s’en battait, son siège était fait : il partirait. D’autant que la présence de Gladys lui ouvrait d’agréables perspectives.


Le discours de la prof ne le branchait pas, mais sa plastique…



Outre sa fonction, son 1m80 en imposait. Lui, avec ses 165 cm, se sentait minuscule. Admirablement proportionnée, les austères blouses blanches du Centre ne parvenaient pas à cacher ses formes surtout qu’elle oubliait souvent d’en agrafer correctement les scratches.

Ses jambes longues comme un jour sans pain, ses seins qui ne tiendraient pas dans les mains d’un honnête homme le mettaient en émoi.

Sans oublier, ses cheveux roux bouclés qui encadraient une frimousse à la peau laiteuse exhalant la sensualité.


Il s’était branlé plusieurs fois en forniquant avec elle dans ses fantasmes.



Comme d’hab, elle était limite exib.


Pour la circonstance, elle portait une jupe qui découvrait partiellement son genou et un strict chemisier blanc à l’ancienne où, par mégarde il va sans dire, les deux derniers boutons n’étaient pas attachés. Si elle s’était promenée ainsi habillée à Uppsala, les gardiens de la Norme lui auraient obligeamment fait un brin de conduite jusqu’à la mosquéglise la plus proche.



Le Suédois, très concentré sur ce que laissait voir le col ouvert de l’oratrice, sursauta à l’énoncé de son nom. Levant les yeux, il croisa le regard glacé de C.S.-F.

Oup’s, pas bon ça !

Mais elle continua imperturbable.



Impec, il allait pouvoir récupérer et il aurait moins de temps à supporter l’autre malade de la foi. Par contre, cette brave prof omettait de parler du voyage retour.



Ils n’eurent pas besoin de deux heures. Sander-Farrell ne s’était pas encore assise que déjà Susan manifestait son acceptation, suivi de près par Danilo. C.S.-F. leur fit immédiatement signer leur contrat. Heinrich attendit un peu feignant une profonde incertitude. Montrer trop d’enthousiasme ne lui semblait pas forcément un bon plan.


Seule, Gladys affichait quelques signes d’hésitation. Durant plusieurs minutes, il observa l’évolution de sa réflexion aux mimiques qui animaient son visage. Elle intercepta son regard. Il y lut une question : « Tu y vas ? ». Liait-elle sa décision à la sienne ? Intéressant. Il lui répondit d’un hochement de tête positif.


Jugeant qu’il avait assez tergiversé et estimant que Gladys ne s’engagerait pas la première, il se rendit à la table :



La dernière phrase prononcée avec une ironie mordante lui signifiait qu’elle avait parfaitement compris le bluff de sa pseudo réflexion.



Elle se pencha vers lui. Ce geste intentionnel (?) fit bailler exagérément son décolleté. Heinrich ne put se défendre de… Le spectacle en valait la peine : le soutien-gorge à armature avait du mal à contenir les globes récalcitrants.


Avant qu’elle ne se relève, il devina, plus qu’il ne vit, deux demi-aréoles très brunes tranchant avec la blancheur opaline de la peau. Au moment où sa main se referma sur la feuille, il croisa son regard.


Ce qu’il y vit le troubla quelque peu.



*********************




12 août 2098, an 82 de l’Empire, 8 h P.M.T., quelque part au-delà du Système Solaire.


Susan savait qu’il avait raison : il n’y aurait certainement pas de voyage retour. Mais quel porc ! Cette plaisanterie minable ! Elle le haïssait. D’autant plus qu’elle n’avait pu repousser la tentation. Elle avait regardé. Des sexes d’hommes, elle n’en avait pas vu beaucoup.


D’ailleurs, à part celui de feu son mari… Elle avait trouvé celui du blond Suédois, mollement pelotonné sur son abdomen, mignon, attendrissant… et plus conséquent que le seul qu’elle ait connu. Elle se serait donné des baffes. Elle le maudissait encore plus pour ce bref instant de faiblesse.


Il l’insupportait depuis leur première rencontre au Centre. Sûr de lui, imbu de sa personne, il n’était pour elle qu’effets de muscles et réflexions indécentes. La disparition de sa longue chevelure blonde après l’épilation totale l’avait réjouie. Il avait l’air franchement ridicule sans son invariable catogan.


Elle devait reprendre son sang-froid. Elle avait rejoint le pont-salon, centre de vie du vaisseau. Assise devant la console, elle consultait nerveusement le fichier journal écrit par Gladys et Danilo qui étaient restés opérationnels jusqu’à ce qu’ils atteignent les limites du Système Solaire.


Le pont-salon, appellation vieillotte se référant aux paquebots du XXème siècle, un peu ridicule pour une pièce d’environ 30 m². Pièce de la communauté où ils mangeraient, travailleraient, se distrairaient. Les parois en vrai faux bois, le sol recouvert d’une moelleuse moquette donnaient une illusion de confort, de chaleur.


Poste de commandement du Nicolas 1er, bien qu’il n’y ait pas grand chose à commander, les grosses têtes y avaient regroupé des matériels aussi divers que le PersonalMedic réglé sur leurs métabolismes, le CompuCook qui les nourrissait et un RobMed qu’ils espéraient inutile.


Y étaient installés les terminaux informatiques qui leur permettaient de gérer le vaisseau. Gérer, un bien grand mot. En fait, le capitaine du bâtiment était Multivac. Loin des images d’Épinal du cinéma, nul panneau aux innombrables boutons, cadrans et autres écrans, seulement trois moniteurs, trois claviers et quelques curseurs. Plus aurait été inutile puisque presque tout fonctionnait par commande vocale.


Elle sentit sa présence derrière elle. Sa peau se hérissa. Il se posa sur le siège à la gauche du sien.



Comme il se penchait pour lire sur l’écran, l’épaule d’Heinrich effleura la sienne. Elle eut un sursaut de recul.



Elle chassa vite le sourire qui naissait à la commissure de ses lèvres. Il avait de l’esprit et de l’à-propos. Elle ne devait pas se laisser prendre à son jeu. Ces quinze jours allaient être abominables.


Laissant leurs différents de côté, ils visionnèrent les messages vids émis depuis la Terre. Ils découvrirent, celui reçu dix-huit jours plus tôt, avec un petit pincement au cœur. Le dernier en provenance de la planète mère. Désormais trop loin et surtout, se déplaçant à trop grande vitesse, ils n’en recevraient plus. L’empereur Louis-Nicolas 1er leur délivrait, en personne, un discours d’encouragement qui fit ricaner Heinrich au grand dam de Sœur Susan.


Ensuite, ils épluchèrent les notes laissées par leurs camarades. Rien d’original. Le détail des messages envoyés au Centre. Les comptes-rendus de leurs interventions de maintenance. Exclamations admiratives et commentaires « bateau » sur ce que « personne n’avait vu avant eux ». Pas vraiment poètes, ni l’un, ni l’autre.


Plus intéressantes, les notes techniques. Le vaisseau accélérait légèrement plus vite que prévu, tout en restant dans les prévisions des grosses têtes. Au moment de leur mise en sommeil, le vaisseau atteignait une vitesse égale à 10% de la vitesse luminique. Multivac expliquait le delta dans le calcul de la vitesse par une connaissance exclusivement théorique du vide intersidéral.


Sinon aucun fait marquant. Seul dysfonctionnement : la déprogrammation du CompuCook. Durant deux jours, ils avaient mangé des « trucs » pas identifiables, mais qui ne leur avaient causé aucun trouble.


La matinée avait passé très vite. Il était presque 13 heures quant ils finirent d’analyser les quelques cent-cinquante pages de rapport. Travailler avec cet homme se révélait plutôt plaisant. Son humour rendait les sujets ennuyeux presqu’attrayants. Plusieurs fois, elle avait souri. Elle en avait oublié sa rancœur. Du moins jusqu’à ce qu’apparaisse à l’écran la dernière page du rapport, composée d’une seule ligne :


« Pour Heinrich : on s’est bien envoyé en l’air ! Partout où on pouvait ! Bon courage ! »


Gladys, cette fille de Satan. Tout à fait son style ! Susan sentit la chaleur envahir ses joues. Partagée entre la honte et la fureur. La honte à la lecture de ces propos obscènes. La fureur pour ce que sous-entendaient les deux derniers mots.


Elle savait qu’ils se moquaient tous les trois de sa bigoterie, de sa pruderie. Jamais devant elle, jusqu’à aujourd’hui. Elle se devait d’être forte pour son pays et pour Le Dieu. Le voyage allait être son chemin de croix. Tentation. Tentation. Vade Retro Satanas ! Elle sentait son corps bouillir. Ses désirs malsains s’étaient réveillés dans la station lunaire. Elle était coincée, sans aucune possibilité de fuite, seule avec un homme, cet homme…


Sa foi résisterait-elle ?



*********************




Flashback 2 : samedi 8 février 2098, an 82 de l’Empire, Station lunaire « Isaac Asimov »


Gladys, passée avant elle, lui avait affirmé avoir « trouvé ça très sexy ». Susan ne voyait pas ce qu’il pouvait y avoir de « sexy » dans un acte purement hygiénique.


Cependant la remarque l’avait perturbée. Son trouble augmenta quand la tech lui demanda de se déshabiller entièrement. Aussi loin qu’elle remontât dans ses souvenirs, depuis sa puberté, personne, excepté son mari, ne l’avait vue nue. Les interventions chirurgicales bénignes qu’elle avait subies n’avaient jamais nécessité d’interventions humaines : un RobMed avait suffi.


Le comportement très neutre, très professionnel de l’opératrice la rassura. Au centre de la pièce trônait un appareil qui s’apparentait à un de ces vieux scanners qu’elle avait vu dans de vieux documentaires en deux dimensions.


La tech lui demanda de s’allonger sur la table. D’abord sur le dos. Elle lui plaça un masque qui lui recouvrit une partie du visage :



Le « scanner » entama son déplacement longitudinal. De menus picotements titillèrent le dessus de ses pieds à l’endroit où les rayons agissaient. Pas déplaisant du tout. Elle se demanda qui avait râlé pour quelques poils. Réponse évidente : ce mécréant d’Heinrich. Étonnant que le professeur lui ait cédé. Enfin, ce n’avait guère d’importance.


Tard dans la nuit, une navette les avait déposés sur la station lunaire « Isaac Asimov » en compagnie du professeur Sander-Farrell. Leur journée avait commencé à 14 heures, heure de Paris. Ils l’avaient consacrée à régler divers problèmes d’intendance. Après l’épilation, ils devaient avoir un dernier briefing avec le professeur puis quartier libre. Le dimanche et le lundi seraient réservés à l’installation dans le vaisseau. Et mardi, cap vers les étoiles !


Les rayons frappaient maintenant le haut de ses cuisses, puis son pubis. Les picotements n’étaient plus simplement agréables, ils affolaient son ventre. Elle comprenait la réflexion de Gladys. Sauf qu’elle ne trouvait pas ça « sexy », mais démoniaque. Elle tenta de prier, mais la bête l’habitait. Des contractions incontrôlées échauffaient son bas-ventre. Une humidité révélatrice souillait son entrecuisse. Elle aurait volontiers sauté de la table si elle n’avait pas craint d’être ridicule. Heureusement ce supplice trop agréable ne dura guère qu’une minute.


Amarrés à la station, il ne restait que six vaisseaux. Celui de la République de Chine et celui de l’Océanie avaient quitté la station depuis plusieurs jours. Ces vaisseaux ne ressemblaient en rien à ceux véhiculés par l’imagerie populaire : on aurait dit de gros champignons. Le chapeau hébergeait hommes et computers tandis que les éléments propulseurs occupaient tout le pied.


Ceux de la Grande Russie et des États-Unis d’Amérique du Nord impressionnaient par leur taille, comparable à celle d’un immeuble de plusieurs étages. Leurs équipages comptaient plus de dix membres. Celui de l’Empire, baptisé Nicolas 1er en honneur du premier Empereur, ressemblait plus à un pavillon de banlieue.


Toute à ses réflexions, elle ne se rendit compte que l’anneau avait fini son parcourt seulement quand la tech lui ôta son masque.



L’opération se renouvela, mais à partir de sa tête. Cette fois quand l’anneau arriva au bas de ses reins, elle était dans l’attente. Elle avait beau se maudire, en appeler à Saint Ahmed, elle désirait ressentir de nouveau ce délicieux frisson.


Sans qu’elle en eût pleinement conscience, son corps se livra à la machine. Elle s’ouvrit sous le rayonnement. Ses jambes s’écartèrent offrant son anus, son sexe moite à des radiations qui lui prodiguaient d’invisibles caresses. Son œillet palpitait, son vagin se contractait convulsivement, sa liqueur sourdait hors de sa vulve. À l’insu de son plein gré, un orgasme la secoua.


La machine, indifférente, descendit le long de ses cuisses, la laissant pantelante, morte de honte. Elle se sentait coupable de cette jouissance. Pourvu que la tech ne se soit aperçue de rien et surtout ne la dénonce pas.


L’épilation terminée, le «scanner » effectua un dernier passage rapide en mode douche sèche. À son grand soulagement, il fit disparaître toute trace de sa mésaventure. Elle se rhabilla promptement refusant le passage devant la glace proposée gentiment par la tech.


Son calvaire n’était pas encore fini. Regagnant ses quartiers, des plaintes provenant de la cabine du professeur Sander-Farrell attirèrent son attention. Elle allait frapper à la porte quand elle s’avisa qu’elle était entrebâillée. Elle la poussa. Ça partait d’un bon sentiment.


Vision dantesque ! Le professeur, assise sur la table, jambes ouvertes, mains plaquées de part et d’autre, étreignant le métal, dépoitraillée, tête rejetée en arrière, regard au plafond. À genoux entre ses cuisses, un homme, nu, la tête collée à son ventre. Homme qu’elle identifia immédiatement comme Heinrich.


Pour la seconde fois de la journée, la bête la posséda. Au lieu de s’enfuir, elle resta plantée. Sa vulve s’humidifia.

Yeux rivés sur cette tête qui s’agitait, sur cette poitrine aux tétons arrogants que des spasmes de plaisir soulevaient.

Oreilles saturées tant par les gémissements du professeur que par les bruits de succions produits par la bouche de l’homme sur le sexe féminin.

Ses narines, pareillement, subissaient l’attaque des effluves mêlés de sueur, de cyprine et autres senteurs aphrodisiaques.


Retrouvant un peu de lucidité, elle sortit de la pièce en reculant escortée des soupirs allant crescendo du digne professeur Sander-Farrell. Elle referma silencieusement le sas, se précipita dans sa cabine, se jeta sur sa couchette où elle éclata en sanglots. La crise de nerfs approchait à grands pas.




À SUIVRE


ÉPISODE 2


Le mitan du début