– M’man ?

– Oui, ma petite Isis, qu’y a-t-il ?

– Arrête de m’appeler comme ça, m’man ! J’ai dix-huit ans, je suis plus ta petite Isis.

– Qu’y a-t-il, ma chérie ?

– Pfff… Bon, tu veux bien que Zayna vienne à la maison, ce week-end ?

– Ta copine Zayna ? Mais je croyais que vous vous étiez disputées ?

– Non, c’était rien du tout ; c’est arrangé. Alors ? Tu veux bien ?

– Je suis d’accord, mais vous devrez veiller à ne pas faire de bruit, ton père a beaucoup de travail, tu le sais.

– Non, t’inquiète pas, on sortira pas de ma chambre… On a largement de quoi s’occuper.

– Je ne veux pas que vous invitiez de garçons !

– Pas besoin… j’ai Jo.

– Hmmm… Je me demande si on a eu une bonne idée, de t’offrir ce Jo…

– Bon, alors, c’est d’accord ?

– **soupir** Oui…

***

– Chéri !

– Oui ?

– Je sais que tu as beaucoup de travail, mais j’aimerais te dire un mot en particulier.

– Excusez-moi, mes chers amis et conseillers, vous voulez bien nous laisser un instant seuls, mon épouse et moi ? Je vous remercie. Qu’y a-t-il, ma chérie ?

– C’est au sujet d’Isis.

– Isis ? Qu’a-t-elle encore fait ?

– Non, rien. Mais c’est que je m’inquiète à son sujet. Elle passe les trois quarts de son temps enfermée dans sa chambre, à jouer avec ce robot qu’on lui a offert. Je ne sais pas si nous avons bien fait de lui…

– Mon amour, ne t’inquiète pas ; tu sais bien que tous les adolescents sont comme ça : ils s’enferment des heures durant, avec leur musique, leur internet, leurs jeux vidéos… Quant à ce robot… je préfère ça que des garçons sortis d’on ne sait où…

– Oui, mais elle ne s’en cache même plus ; ce week-end, elle invite une copine, elles ne vont pas arrêter de l’utiliser toutes les deux.

– Mais non, elles vont y jouer une heure, ensuite elles feront autre chose… Et puis Jo ne sert pas qu’à ça, à t’écouter on dirait que ce n’est qu’un vulgaire vibromasseur.

– Attends, tu te souviens des dernières statistiques que nous avons relevées sur Jo ? Soixante dix-huit pour cent ! Tu te rends compte ? Soixante dix-huit pour cent du temps d’utilisation consacré à…

– Oui, oui, je sais, ne t’énerve pas. Il faut bien que jeunesse se passe…

– Alors c’est tout ? Ça ne te fait rien d’autre que ça ?

– Excuse-moi, ma puce, mais j’ai beaucoup à faire…

– Tu ne te consacres plus du tout à ta famille ! C’est tout juste si tu nous accordes quelques instants chaque jour…

– Madame, excusez-moi, je vais devoir vous demander de sortir ; une communication de la plus haute importance du Secrétariat des Nations Unies.

– Pffff !

– Excuse-moi, mon amour ; nous trouverons un moment pour discuter tout à l’heure. Alors, Higgins, qu’attendez-vous ! Passez-moi la communication !

***

– Bonjour madame !

– Bonjour Za… Mais ! Tu es venue dans cette tenue ?!? Tes parents t’ont laissée sortir comme ça ?

– Euh… c’est que… j’arrive de chez un copain…

– Entre vite ! Tu vas prendre froid ! J’ai vraiment du mal à me faire à vos styles vestimentaires…

– Tenez, m’dame, je vous ai apporté ça ; Isis m’a dit que ça vous ferait plaisir…

– Ah… euh… hmm… c’est… c’est gentil, mais comment te dire… c’est un peu…

– Tenez, prenez-le ; et essayez-le, vous ne serez pas déçue ! Isis est dans sa chambre ?

– Euh… oui…

– Je monte la rejoindre. À tout à l’heure !

***

– Tiens, t’as qu’à poser tes vêtements sur le lit.

– Regarde ce que j’ai apporté.

– C’est quoi ?

– Une carte pour Jo. L’extension « Jungle Force ». Il paraît que l’installation est un peu longue, mais que ça vaut bien le coup…

– Et ça, c’est quoi, au fond du sac ?

– Ça ? Un harnais super-sensitif…

– Ah tu en as trouvé un ; fais voir…

– Tiens. Pendant que tu le mets, je vais installer l’extension. Tu permets que je ferme l’option « cuisine » ?

– Mm… c’est pour les stats ; mes parents crisent parce que j’utilise que l’option « sexe ». Où c’est que tu accroches ça ?

– Attends, j’arrive, j’finis ça… Voilà… Bon, alors ? Eh ben ça y est, t’as réussi… Bon, alors, après, tu clipses l’embout là.

– T’en as pas de plus gros ?

– Si, regarde dans le sac.

– Ah ouais ! Quand même !

– Non mais celui-là il faut pas le mettre, à moins de t’attaquer à ma grand-mère…

– Ouais, tu m’étonnes ! Tiens, si je mets celui-là, ça va ?

– Ouais, attends, je vais t’aider. Là… Oui, voilà, faut le coincer là, et puis pousser un peu… jusqu’au clic… Voilà !

– Et ensuite, alors, comment tu fais, pour les branchements ?

– Les capteurs, tu les mets là et là, comme ça… les électrodes, ici, et là…

– C’est un peu chiant, ces fils…

– Oui, mais franchement, ça vaut le coup. Tiens, regarde, tu sens, là ?

– Hmm ! C’est curieux… J’ai l’impression que… que c’est…

– Tiens, et si je fais ça, avec ma main, comme ça…

– Hmmmm… Ah ouais, on sent carrément !

– Attends…

– Aaaahahhhaaa ! Ouaaaiiiss ! Hmmmm ! Putain ! Je sais pas s’ils ressentent ça pour de vrai, mais c’est bon ! Aaaahhh ! Ouiii ! T’arrête pas, continue !

– Ben c’est que ça fait mal aux mâchoires, t’as vu la taille de ton machin ?

– Tiens, tourne-toi, et penche-toi en avant, je vais m’occuper de toi, tu vas voir…

***

– Toc ! Toc ! Toc !

– Hmmmmm !

– Madame, c’est votre… Oh, excusez-moi, madame !

– Non, non, Higgins, ne vous en faites pas, c’est de ma faute ; j’aurais dû faire ça ailleurs.

– …

– Higgins ?

– Euh… Ex… Excusez-moi, madame. Je ne voulais pas…

– N’en parlons plus. Vous vouliez me voir ?

– Euh… Oui, mais… enfin, c’est… c’est votre mari qui m’envoie, madame.

– Ah oui ? Il vous envoie me satisfaire à sa place ?

– Je vous demande pardon ?

– Non, rien. Qu’y a-t-il ?

– C’est… euh… au sujet du bruit que font votre fille et ses amis, là-haut.

– Il faut bien que jeunesse se passe…

– Comment ?

– Vous répondrez à mon mari qu’il faut bien que jeunesse se passe.

– Bien… Comme vous voudrez… Alors, je vous laisse ; excusez-moi encore…

– Higgins, attendez !

– Oui, madame ?

– Fermez la porte et approchez !

– Mais… euh… je ne voudrais pas…

– Je ne vous fais pas envie, Higgins ?

– Euh… C’est-à-dire que…

– Regardez… je ruisselle de désir…

– Mais… votre mari…

– Ne vous inquiétez pas, il est bien trop occupé… il a beaucoup de travail…

***

– Aaaaaahhhaaaaa ! Ouiiiiiii !

– Hmmmm ! Ooooohhh !

– Mise à jour terminée.

– Aaahhhaaattends, attends, je vais essayer un truc…

– Oh putain c’est trop bon !

– T’as du lubrifiant ?

– Ouais attends…

– Là, voilà… Tu vas voir, j’sais pas si tu vas résister ; Jo en « Jungle Force » d’un côté, ton harnais de l’autre…

***

– Je vous espérais plus endurant, Higgins…

– Je suis désolé, madame, mais vous êtes tellement… Euh…

– Tellement quoi ?

– Tellement… Euh…

– Tellement salope ?

– Oui, c’est ça… Tellement que c’est dur de résister…

– Bon, vous pouvez m’envoyer mon mari, Higgins ? Dites-lui que c’est urgent…

– Ha ha ! Oui, j’y cours, madame !

– Pfff ! Quel crétin ! Alors, où est-ce que j’ai mis le gode de la petite ? Ah, le voilà ! … Hmmmm !

– Higgins m’a dit que tu voulais me voir, chérie ?

– Ouiiii, viens me baiser, vite ! J’ai trop envie de toi !

– Oh, pupuce, c’est vraiment pas le moment, là…

– Si tu me prends pas maintenant, je saute sur le premier mec qui passe !

– Écoute, je n’ai vraiment pas le temps de jouer ni de supporter ton petit chantage. Si tu peux vraiment pas te retenir ni te finir toute seule, tu n’as qu’à emprunter Jo.

– Hein ? Mais je ne veux pas d’un robot ! Je veux un homme ! Un vrai !

– Eh bien je peux t’envoyer quelqu’un, si tu veux ; mais là, le monde a besoin de moi. À tout à l’heure, ma puce. Je t’envoie Higgins.

– Non ! Pas Higgins !

– ?

– Laisse tomber, va sauver le monde…

– Bon… Et s’il te plaît, demande à Isis de faire un peu moins de bruit ! Je ne sais pas combien ils sont là-haut, mais ça fait un potin du diable !

– Deux… Juste deux…

– De quoi ?

– Non, rien…

– Bon, j’y retourne.

***

– Bon, ça avait l’air de te plaire…

–Ouaouuuuhh ! J’ai jamais ressenti un truc pareil ! Quelle intensité !

– Ben en tout cas moi j’ai jamais entendu quelqu’un crier aussi fort… Tes parents vont devenir dingues.

– On s’en fout, de mes parents…

– Je peux t’emprunter Jo ?

– Ouais, vas-y. Tu veux le harnais, aussi ?

– Ça dépend de toi ? T’es prête à repartir pour un tour ?

– Ouais, je crois…

– T’es une acharnée du cul, toi, hein ! Bon, vas-y, fais voir.

– Tiens, fais gaffe aux fils…

– Ouais… Voilà…

– Attends, par contre, moi tu m’en mets une plus petite, hein…

– Ben vas-y, prends celle que tu veux.

– ** Grincement de porte ** Salut les filles…

– M’man, merde ! Tu pourrais frapper, quand même !

– Je ne vous dérange pas trop ?

– Ben… Euh…

– Hmmm, Zayna, tu en as un bel engin…

– Isis, y a ta mère qu’est en train de péter les plombs…

– Maman ! Qu’est-ce que tu fous !

– Fais-moi jouir, Zayna ! Fais-moi hurler comme vous avez hurlé tout à l’heure !

– Putain, m’man, tu fais chier !

– Regarde comme je mouille, Zayna…

– Maman… Tu es ridicule…

– Eh, Isis, fais voir l’embout que je gardais pour ma grand-mère…

***

– Eh, p’pa ! Y a m’man qu’est à poil dans ma chambre en train de se faire sauter par Zayna…

– Euh… Ma petite Isis, je préférerais vraiment que tu frappes avant d’entrer dans mon cabinet. Et j’aimerais aussi que tu ne te promènes pas toute nue dans la maison.

– T’as entendu ce que j’ai dit, p’pa ?

– Oui, oui, j’ai entendu ; c’est bien normal que ta mère prenne un peu de bon temps… mais j’ai vraiment beaucoup de travail, là. On parlera de tout ça tout à l’heure…

– D’accord… Et vous autres, là, ça choque personne ?

– Ma chérie, sois gentille, laisse-nous travailler, tu veux ? Higgins, raccompagnez-la…

– Ça va, ça va, je connais le chemin !

– À tout à l’heure, ma chérie.

– Ah, autre chose, p’pa ; j’ai besoin d’aller faire une ou deux courses en ville, mais avec tout ce qu’on entend, il vaudrait mieux que je sois escortée…

– Oui, tu as raison, c’est mieux. Attends… Higgins, faites envoyer un de mes gardes du corps pour ma fille.

– Je serais plus rassurée avec trois, p’pa…

– Tu crois ? Bon, soit… Higgins, trois gardes du corps pour accompagner ma fille en ville.

– Plus un chauffeur, p’pa… Merci. Je les attends au salon…