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n° 13606Fiche technique25626 caractères25626
Temps de lecture estimé : 15 mn
13/12/09
Résumé:  Après avoir raté son suicide à cause d'un phantasme charnel, Sorman décide de tenter une expérience. Il se lance le défi le plus téméraire qui soit, touchant au coeur du seul point d'attache qu'il lui reste avec l'existence.
Critères:  h fh bizarre amour -coupfoudr
Auteur : Philipum      Envoi mini-message
Salamandre



Les salamandres rampèrent sur quelques centimètres, étonnées. Réalisant enfin qu’elles étaient bel et bien libres, elles filèrent se cacher dans les hautes herbes.


Sorman prit la route du retour. Étonnant comme toutes ces choses insignifiantes qu’il laissait derrière, comme les salamandres par exemple, pouvaient s’avérer si essentielles à sa propre existence.


La vie de Sorman s’était soldée par un échec. Elle avait pourtant pris un bon départ : écolier doué, Sorman avait entrepris des études de biologie, puis il s’était spécialisé dans ce qui l’avait passionné le plus : la zoologie. Après avoir défendu une thèse de doctorat sur les rites sexuels des salamandres noires, il s’était retrouvé au chômage. Personne ne voulait plus financer ses travaux de recherche sur les amphibiens ; il lui restait cependant un débouché professionnel possible, l’enseignement, mais cette perspective le terrifiait. Il éprouvait une angoisse pathologique envers le jugement des autres. La simple idée de devoir prendre la parole au sein d’un groupe de plus de deux personnes le faisait suer à grosses gouttes ; se retrouver face à une classe entière lui paraissait au-dessus de ses forces.


Sa dépression durait depuis presque un an. Vers la fin de ses études, son travail l’avait tellement accaparé qu’il avait négligé ses amis et cessé de chercher à joindre ses proches. Il ne supportait pas sa mère, qui ne trouvait rien de mieux à faire que se lamenter de ses choix professionnels, et le comparer sans cesse avec son frère cadet devenu apprenti vétérinaire, à l’avenir si prometteur. Il s’était peu à peu abandonné aux mondes virtuels et imaginaires des jeux d’ordinateur et des romans. Il ne refaisait surface que pour manger, dormir, se laver et se masturber. Ces activités basiques étaient devenues si machinales qu’il les effectuait sans y porter attention, toujours plongé dans un autre univers.


Depuis trois jours, il avait brutalement délaissé les jeux et les livres. Se sentant aussi creux qu’une vieille coque d’escargot, il avait décidé de mettre fin à cette vie vide de sens. Il commença par évacuer complètement son appartement ; dans le salon, il ne restait plus que le vivarium de deux mètres de long, maintenant déserté par ses salamandres.


La nuit était tombée. En se déshabillant, Sorman songea au fait curieux qu’il ne connût aucun autre animal pouvant se masturber constamment et organiser son propre suicide. Selon la théorie de l’évolution, un tel comportement ne devait pas exister. Mais les hommes ne fonctionnent pas comme les salamandres.


Entièrement nu, Sorman brancha un tuyau au robinet de la cuisine et attacha l’autre extrémité au plafond du salon. Il fit couler de l’eau tiède au débit maximum dans le vivarium. Muni d’une chaîne et de deux cadenas, il s’introduisit à l’intérieur. Il passa la chaîne dans la roue de camion de plus de cent kilos qui avait servi de refuge aux salamandres, l’attacha avec un cadenas, et jeta la clé par-dessus le rebord. Il passa l’autre extrémité de la chaîne autour de son cou, l’attacha bien serré avec l’autre cadenas, et jeta l’autre clé.


Voilà, il n’y avait plus qu’à attendre.


Sorman s’assit dans l’eau tiède, enfonça ses orteils dans le sable, et savoura l’instant. Plus de retour en arrière. Seulement l’eau qui le submerge lentement, l’emportant une fois pour toutes hors de cette morne réalité. Il songea à se masturber une dernière fois, mais à quoi bon ?


L’eau faisait long à monter. Tant mieux. Cela rendait l’expérience encore plus palpitante.


Les salamandres ne peuvent pas se noyer, elles sont capables de respirer à travers leur peau.


L’eau atteignait maintenant le menton de Sorman.


Par la fenêtre, il pouvait apercevoir les appartements d’en face. Une fenêtre était éclairée. Un mouvement.


Avait-il bien vu ?


La jeune femme nue repassa devant sa fenêtre dans l’autre sens. De magnifiques petits seins rebondis. D’habitude, la fenêtre de Sorman était obstruée par le vivarium. Il n’avait pas soupçonné que l’on pût contempler de si belles choses juste derrière !


Zut ! Elle était de nouveau sortie du champ de vision. Sorman essaya de regarder par le côté, mais la chaîne retint son cou. Il devait désormais respirer par le nez.


Elle réapparut, mais vêtue d’une robe de chambre cette fois-ci. Cela ne faisait que mettre en valeur la délicatesse de ses longues jambes. Elle s’allongea sur un lit avec un livre et se cala confortablement le dos avec des coussins. Le tissu glissa, lui découvrant le haut de la cuisse. Se pouvait-il qu’elle ne portât rien dessous ?


Sorman avait prévu, lorsque l’eau le submergerait complètement, d’expirer l’air de ses poumons de sorte à trépasser le plus vite possible. Il se surprit à retenir sa respiration. Il tint ainsi au moins trois minutes, durant lesquelles l’eau monta jusqu’à ses yeux, et la jeune femme changea de position pour se mettre sur le côté, le dos tourné à la fenêtre, révélant de belles fesses toutes lisses. Elle ne portait pas de culotte.


À moins d’être une salamandre, sous l’eau, on n’y voit pas clair. Aussitôt aveuglé, Sorman tira de toutes ses forces sur la chaîne pour se hisser plus haut. Il parvint à soulever la grosse roue de camion : sous l’eau, les objets sont moins lourds. Sorman ne chercha pas à élucider la physique, son esprit était complètement accaparé par quelque chose de bien plus urgent. À peine était-il parvenu à se redresser et à reprendre son souffle qu’il guetta fiévreusement en direction de sa voisine.


Elle était de nouveau allongée sur le dos, mais la robe de chambre était remontée. On devinait une zone sombre au niveau de l’entrejambe. Elle semblait plongée dans son roman, complètement ignorante qu’on l’observait.


Sorman se rinçait l’œil. Son pénis s’était durci et se dressait plus haut à chaque seconde. L’eau également, montait, ce qui l’obligea à saisir la roue entre ses deux bras. Il se tenait à genoux, la roue devant lui. La jeune femme avait replié une jambe et passé une main sur le haut de sa cuisse.


L’eau submergea Sorman une fois de plus. Dans un effort herculéen, il parvint à soulever la roue au-dessus de sa tête. Il campa fermement ses jambes contre les parois de l’aquarium, poussa… et la roue bascula par-dessus le rebord, l’entraînant à sa suite s’écraser avec fracas sur le plancher.


Toussant et suffoquant, à moitié étranglé, Sorman reprit vite ses esprits et se traîna à grand-peine sur le sol de son appartement, à la recherche des petites clés.


Lorsqu’il fut libéré, il se précipita vers la fenêtre et découvrit qu’en face, la lumière avait été éteinte. Tremblant et dégoulinant, il s’agenouilla par terre et commença à se masturber. Il s’imagina sous la jeune femme… il lui caressait les seins, lui saisissait les hanches… la pénétrait… au bord de l’orgasme, la femme se débattit… elle se dégagea, le laissant pantois, fou de désir… elle lui expliqua gentiment qu’elle ne voulait pas que cela se passe si vite… ils se connaissaient à peine… il comprenait, n’est-ce pas ? Ils n’avaient pas encore terminé leur danse nuptiale…


Sorman s’affala sur le sol mouillé.



oooOOOooo



La première chose dont Sorman prit conscience fut une recrudescence de désir. Il était nu et pataugeait dans deux centimètres d’eau. Il se remit à se stimuler. Le désir monta encore et menaça de le submerger ; il tâcha de ne le nourrir que subtilement, se tenant à la limite de l’éjaculation. Les salamandres mâles ne manquent jamais d’éjaculer au moment du dernier stade du rituel sexuel. Mais il n’était pas une salamandre. Une idée le frappa soudain. La veille, il avait frôlé la mort. Il tenterait à présent une autre expérience, celle de ne plus éjaculer. Oui, l’idée était simple, claire, limpide : c’était la seule façon de se sentir vivant.


Sorman se releva brusquement et alla fermer le robinet. Avec des gestes déterminés, il enfila ses vêtements trempés. Des images de la jeune femme lui revinrent. Son sexe se durcit instantanément et il fut pris d’une irrépressible envie de le toucher. Il se caressa à travers son pantalon. N’y tenant plus, il déboutonna le pantalon, sortit son pénis et se massa doucement le haut du gland. Il se massa plus vite, ralentit à nouveau lorsqu’il sentit l’orgasme venir. Il continua ce petit jeu pendant près d’une demi-heure, prenant plaisir à résister à la tentation ; il imagina la jeune femme, ses fesses, ses seins…


La sonnerie. C’était la sonnerie, quelqu’un sonnait à la porte. Sauvé, se dit-il : il allait juste succomber. Il se rhabilla en vitesse et alla ouvrir. Le voisin de palier, voyant de l’eau couler sous la porte, avait appelé les pompiers.



oooOOOooo



Sorman avait mal aux testicules. Cela faisait plus d’une semaine qu’il poursuivait l’expérience : il se masturbait fréquemment, sans jamais aller jusqu’au bout. La frustration se faisait sentir dans tout son corps, de plus en plus violemment. L’envie de suicide l’avait entièrement quitté.


Il avait introduit un matelas dans le vivarium pour en faire sa couchette. Le soir, il guettait avec passion le moment où la lumière d’en face s’allumerait. Il se munissait de jumelles et passait des heures entières à attendre qu’elle apparaisse. En général, pourtant, elle tirait les rideaux avant d’aller se coucher. Un soir, il la vit se déshabiller. Il ne dormit pas cette nuit-là : l’esprit tout empli des images de sa peau nue, délirant à moitié, il s’excita jusqu’à n’en plus pouvoir, pour finalement s’endormir au petit matin dans une torpeur sans rêves.


Aux moments les plus chauds de ses fantasmes, Sorman allumait une petite lampe de néon bleue, s’exhibant nu devant sa fenêtre au milieu de la nuit, le sexe bandé comme un arc.


Il se rendit vite compte que s’il voulait tenir son pari, il lui fallait passer le plus de temps possible à l’extérieur. Il se mit à déambuler sans but dans les rues de la ville. Son attention était alors entièrement fixée sur les passantes et certaines affiches publicitaires. Il classifia les passantes selon deux catégories : celles qui étaient bandantes et celles qui ne l’étaient pas. Mais au bout d’une semaine, il les trouva quasiment toutes bandantes. Il imagina alors une autre classification : celles qu’il aimerait prendre par-devant et celles qu’il aimerait prendre par-derrière. Joli visage aux lèvres bien remplies, en général, par-devant. Fines hanches et fesses saillantes, par-derrière. Mais il n’y avait pas de règle définitive.


Sorman réunit assez d’argent pour aller voir une prostituée. Il en choisit une qui ressemblait à la jeune fille d’en face : athlétique, aux longs cheveux noirs et lisses. Elle était chère, et sa beauté était loin d’égaler celle de la jeune fille, néanmoins il paya et monta dans une chambre avec elle.


Il lui demanda de se déshabiller et passa dix minutes à la contempler et à l’effleurer du bout des doigts. Il lui demanda de le déshabiller lui ; elle s’exécuta. Déjà sans le moindre contact sexuel, il avait du mal à se contenir. Désireuse de satisfaire son client, la femme s’agenouilla et introduisit son pénis sans sa bouche. Pris de court, Sorman eut un mouvement soudain de recul, mais elle insista en prenant ses testicules au creux d’une main. Sentant un peu de sperme remonter, dans un sursaut de panique, il se dégagea violemment, infligeant sans le vouloir un vilain coup de genou à la prostituée. Elle jura, et ce faisant dévoila son dégoût ; cela refroidit complètement Sorman, qui, s’excusant, commença à se rhabiller. Il n’avait utilisé qu’une petite partie du temps qui lui était attribué. Au moment de franchir la porte, il hésita. Sa respiration était irrégulière. Son désir revenait en force. Il s’approcha soudain de la prostituée et sans égard la fit basculer sur le lit. Il se colla contre elle, lui immobilisant les bras. La femme prit peur et hurla. Reprenant ses esprits, Sorman se dégagea, bredouilla à nouveau quelques mots d’excuse et se précipita vers la sortie de l’immeuble.


Après avoir franchi trois coins de rue, il ralentit son allure et tenta de se calmer. Il se demanda s’il ne devenait pas fou. Il rentra chez lui ; ses testicules lui faisaient extrêmement mal. Pris d’un malaise, il s’allongea. Le soir venu, il ne put s’empêcher de regarder du côté de la voisine d’en face. Son sexe se durcit à nouveau et il repartit dans ses délires, passant encore une nuit de tourments interminables.



oooOOOooo



Sorman commençait à prendre confiance et à savoir mieux contrôler son corps. Ses testicules s’habituaient peu à peu à cette constante frustration.


Il expérimenta de nouveaux niveaux de conscience. Nu et allongé sur le dos, dans une immobilité parfaite, il se concentrait sur les muscles des différentes parties de son corps. Le relâchement se produisait par paliers. Il commençait par les extrémités, remontait le long de son ventre, pour finir à la tête ; arrivé là, il était presque hors de son corps, qui était pris de tremblements ; c’était insoutenable, et il réintégrait instinctivement ses sens. Mais après de longues heures de cet exercice, il atteignait des paliers toujours plus élevés ; son sexe se dressait vers le ciel comme pour s’élancer à travers la galaxie. Sa vision s’élargissait à 360 degrés, l’ouvrant à une dimension beaucoup plus vaste qui engloberait tout l’univers. Il se tenait au bord d’un gouffre de néant sans fond.



oooOOOooo



Au début de la cinquième semaine de son expérience, un besoin inéluctable s’empara de Sorman, le rendant incapable de rendre compte de ses propres actes. Il se doucha, se rasa, mit de beaux vêtements. Il lui fallait coucher avec une femme ; au moins toucher une femme… mais il n’alla pas voir les prostituées.


Au lieu de cela, sans savoir pourquoi, ses pas l’entraînèrent vers le casino. Il transforma toutes ses économies en jetons. Il misa, perdit, gagna, misa à nouveau… mais son attention n’était pas sur le jeu lui-même ; il observait les femmes qui se trouvaient là, aux costumes élégants, chapeaux extravagants, décolletés époustouflants, talons hauts et bijoux étincelants. Il en repéra une tout particulièrement, au black-jack. Femme noire habillée de jaune. Ce n’était pas la plus belle ni la plus richement parée, mais elle le fascinait : elle jouait de façon frivole, illuminée d’un sourire rieur. Il s’approcha d’elle.



La jeune femme rit aux éclats, dévoilant deux belles rangées de dents blanches. Après quelques échanges candides sur des thèmes plus banaux, Sorman revint à la charge.



C’était bien trop tard pour les marionnettes ; ils passèrent le reste de la nuit à se promener au bord de la rivière et à se raconter des histoires. Sorman improvisa un numéro avec des rôles d’animaux, qui fit tordre de rire sa compagne. Ils marchaient main dans la main, tout simplement heureux de la compagnie de l’autre. Finalement, Sorman raccompagna Salamandre jusque chez elle et lui déposa un bisou sur la joue, l’invitant galamment au restaurant pour le lendemain. Elle accepta avec un sourire radieux et le quitta d’une petite caresse.


Étrangement, Sorman passa une bonne nuit. Il dormit profondément.



oooOOOooo



Ce qu’il y avait de formidable avec Salamandre, c’est qu’elle ne se prenait pas au sérieux. Pour elle, la vie était une place ludique, et tout était prétexte à rire. En sa présence, Sorman sentait qu’il pouvait se laisser aller sans aucune barrière ; il était capable de débiter spontanément les pires bêtises, ou de sauter soudain sur un muret au milieu de la rue pour faire de grotesques cabrioles.


Un soir, ils étaient assis sur un banc à bavarder, et il s’engagea dans un discours improvisé des plus fantaisistes sur la meilleure façon de cuisiner les scarabées. Pour lui fermer le clapet, Salamandre l’embrassa sur la bouche. Surpris par tant de tendresse, il répondit timidement en lui caressant les cheveux. Ivre de bonheur, il ficha son nez dans le creux du cou de sa compagne et lui murmura qu’il l’aimait.



Elle l’embrassa à nouveau et le serra fort contre elle. Leurs poitrines s’élevèrent à l’unisson ; leurs cœurs s’accélérèrent. Ils se comblèrent mutuellement de caresses jusque tard dans la nuit.



oooOOOooo



Comme il faisait beau et chaud, ils se rencontraient chaque soir. Leurs soirées finissaient toujours par des câlins sur un banc public. La journée, Sorman était au supplice. Salamandre travaillait comme agente immobilière, et à six heures précises, à la sortie du bureau, elle trouvait toujours son amoureux qui l’attendait avec une surprise.


À la fin de la soirée, Sorman la raccompagnait chez elle. Ils se promettaient de se revoir le lendemain et de rêver l’un à l’autre. Une nuit, pourtant, ils ne parvinrent pas à se séparer ; ils restèrent enlacés devant la porte de Salamandre. Peu à peu, ils enfilèrent leurs mains sous la chemise de l’autre, serrèrent leurs bassins très fort l’un contre l’autre… Salamandre gémit finalement dans un souffle :



Elle l’entraîna par la main dans son appartement. Ils s’allongèrent sur le lit et reprirent leurs caresses, plus lentement. Leurs vêtements tombèrent un à un, et ils finirent par se retrouver nus l’un contre l’autre, offerts l’un à l’autre, chacun sentant l’autre l’emplir tout entier de mille délicieuses sensations. Il la pénétra très délicatement, restant à la surface, à l’écoute des moindres nuances de son corps. Tandis qu’elle le tirait à elle, il résistait, tout en parcourant du visage la poitrine de la jeune femme, sentant son sein se durcir sous sa langue. Sans prévenir, il entra soudain plus profondément en elle, lui arrachant un petit cri, puis se retira à nouveau pour continuer avec des mouvements légers. Salamandre sentit peu à peu le plaisir la submerger. Elle poussa des cris d’extase de plus en plus hauts. Inexorablement entraîné par l’orgasme de sa compagne, Sorman se contraignit au dernier moment à ne plus la pénétrer de son pénis et introduisit un doigt pour la faire jouir. Il continua à lui caresser le dos bien après qu’elle se fut endormie ; en fin de compte, il s’endormit lui aussi.


Au milieu de la nuit, Sorman se réveilla et sentit avec délice le corps de Salamandre contre lui. Son désir remonta en flèche ; il se serra plus fort contre elle et lui caressa les hanches. À moitié endormie, elle le laissa faire lorsqu’il la reprit. Cette fois encore, il se retint juste à la limite de l’éjaculation. Après cela, il ne parvint plus à se rendormir, mais ne se lassa pas de la contempler et de parcourir ses formes encore et encore, de ses doigts et de ses lèvres.



oooOOOooo



Sorman avait tout le temps envie de faire l’amour. Lorsqu’il s’unissait à Salamandre, cela durait des heures : ils s’adonnaient aux jeux érotiques les plus abracadabrants, prolongeant indéfiniment la conclusion. Salamandre avoua ne s’être jamais sentie autant désirée auparavant. Elle remarqua aussi, en riant, que c’était pratique de ne pas avoir besoin de moyen de contraception.


Les jours de semaine, Salamandre n’invitait pas son amant chez elle, car elle devait se lever tôt le matin pour aller travailler. Un vendredi soir, après une longue semaine et de longs préliminaires, Sorman s’apprêtait à s’emparer avec passion du corps nu de sa bien-aimée, lorsqu’elle le retint :



Suffoquant, Sorman fit un effort démesuré pour se concentrer sur ce qui sortait de la bouche de Salamandre et non la bouche elle-même.



Sorman avança une main vers le sein de Salamandre, mais elle la saisit.



Ils s’enlacèrent.



oooOOOooo



Sorman était mort d’angoisse le soir de sa première représentation publique, dans une petite salle de maison de quartier. Il avait monté lui-même son spectacle de toutes pièces en moins de trois semaines : une fois mis en branle, son projet s’était fait dans une fièvre créatrice, un formidable foisonnement d’idées, et avait abouti à ce premier spectacle basé sur des jeux de masques aux têtes d’animaux.


Le trac était insoutenable. La salle se remplissait, principalement d’amis et membres de la famille de Salamandre, mais aussi de quelques curieux. Elle lui fit un tendre bisou et lui souffla « bonne chance ». Aussitôt franchi le premier pas sur scène, Sorman se métamorphosa et commença sa danse rythmée de gloussements du coq. Le tout ne lui sembla durer que quelques instants ; après la pièce, il entendit avec ébahissement des louanges sur des choses qu’il avait faites et dont il ne gardait pas le moindre souvenir.



oooOOOooo



Un mardi dans la nuit, vers les deux heures du matin, Sorman fut réveillé par la sonnerie du téléphone et étonné d’entendre une petite voix plaintive et familière à l’autre bout du fil.



Sorman s’habilla en vitesse, le cœur battant la chamade. Qu’est-ce qui lui prenait à sa petite Salamandre ? Ce n’était pas habituel.


Arrivé devant sa porte, il n’eut pas le temps de frapper : elle ouvrit et se jeta dans ses bras. Il la serra contre lui et lui caressa le dos, murmurant des paroles douces et réconfortantes. Elle n’était vêtue que d’une légère robe de nuit.


Ils s’embrassèrent passionnément et se retrouvèrent allongés sur le tapis du salon. Tel un grain de pissenlit au milieu d’un typhon, Sorman fut emporté dans un tourbillon de volupté.


Il ne revint à ses sens qu’au lever du jour. Ils étaient nus au beau milieu du salon. Sorman alla chercher une couverture et s’installa tout près de Salamandre, savourant sa merveilleuse odeur, prenant soin de ne pas la réveiller. Il éprouvait pour elle un amour sans bornes.


Il avait éjaculé… en elle…


Bonne chance, petite semence !