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Temps de lecture estimé : 18 mn
11/01/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Sophie, prise au piège d'un désir étrange – Un rêve érotique qui, paradoxalement, est aussi une délivrance – Mauvaise rencontre dans les bois...
Critères:  #drame #fantastique f fh fplusag jeunes cousins bain douche revede fmast pénétratio
Auteur : Divine      Envoi mini-message

Série : L'accident

Chapitre 05
Tout feu, tout flamme

Résumé des épisodes précédents :


Sophie Hash, une enseignante de vingt-huit ans, échappe par miracle à un terrible accident de voiture. Sans l’intervention d’un pompier volontaire, Marc Ginest, elle aurait péri carbonisée. Deux semaines après l’accident, Sophie retrouve par hasard son sauveur dans la médiathèque de Lancroix, dont il se trouve être le nouveau bibliothécaire. Ce trentenaire au physique attrayant lui propose un dîner, qu’elle accepte avec joie. Lors de cette soirée, elle tombe définitivement sous son charme. Marc la ramène chez elle sans pour autant en profiter pour initier le rapprochement qu’aurait souhaité la jeune femme.


Sans nouvelles de Marc, Sophie met un mouchoir sur sa fierté et le recontacte une semaine plus tard pour un apéro. Le pompier lui propose alors de lui faire découvrir la région, lors de ses randonnées du week-end. Sophie accepte avec joie – l’occasion de se rapprocher de Marc ? Leur première virée à pour cadre le lac des Bouillouses, dans le Capcir. Tandis que le fringuant pompier s’adonne à son loisir favori, la pêche au coup, Sophie se retrouve, de fil en aiguille en train de se caresser. Elle se fait surprendre dans cette position délicate par le cousin de Marc, un étudiant prénommé Thomas, tombé sur eux par hasard. Au grand désespoir de Sophie, Thomas semble avoir tout vu…


Très sensible aux charmes de l’enseignante, l’adolescent se laisse tirer les vers du nez par Sophie, qui apprend ainsi ce qui est arrivé l’été précédent au lac de Matemale – les circonstances de l’étrange noyade de Manon, la fiancée de Marc. Un jeu érotique initié par la jeune femme se met en place entre Thomas et Sophie. Celle-ci s’échauffe peu à peu, au point de ressentir une attirance proprement surnaturelle pour l’ado, au moment de rejoindre, seule, sa tente pour la nuit…




Il faisait nuit noire dans la petite tente. Les yeux grands ouverts, pelotonnée dans mon sac de couchage, mes mains bien à l’abri entre mes cuisses, je ne dormais toujours pas. Ça faisait plus de deux heures que j’écoutais siffler le vent dans les branchages. J’essayais de ne plus penser à Thomas, luttant contre ce désir inhumain qui m’avait enflammée comme une allumette embrase une traînée d’essence.


Malgré tous mes efforts, la fournaise dans mon buisson bouclé n’avait pas décru. À la place de mon chaste abricot pulsait un animal sauvage, hors de contrôle. J’avais l’impression que je devenais dingue, que j’étais coupée en deux. D’un côté, la logique, mon attachement à Marc, toutes mes valeurs ; de l’autre, « ça », ces pulsions lancinantes, diaboliques. Depuis que l’étudiant m’avait touchée, je ne m’appartenais plus.


La « déflagration » Thomas n’avait pas fini de se répercuter en moi. Cet embrasement démentiel ne se préoccupait que de sa satisfaction immédiate, soit un rapprochement rapide entre mes parois intimes, hyperlubrifiées, et la virilité conquérante de l’ado. À ma grande honte, la différence d’âge, le spectre des relations élève-professeur – fermement prohibées par l’éducation nationale, tout ce qui aurait dû me détourner de lui, participait à la luxure joyeusement débridée qui avait pris possession de ma chatte.


Aucune caresse n’arrivant à me calmer, la paix du corps ne semblait pas à portée de main, m’ôtant tout espoir de fermer l’œil à court terme. J’étais obnubilée par la présence de l’ado dans la tente d’à côté. Entre lui et moi, moins de trois mètres. Et un pompier. Mon pompier, qui ne pouvait rien faire pour le feu me dévorant.


« Mon » pompier ? À cet instant, mes sentiments pour Marc Ginest avaient été engloutis par ce maelström de sensations charnelles, d’exigences impérieuses, convergeant à mon corps défendant vers Thomas. Pourtant, Marc avait tout de l’homme idéal, il représentait à mes yeux ce que j’avais toujours recherché dans une relation : la tendresse, la complicité, la stabilité, la respectabilité… bref, la promesse d’un amour ne demandant qu’à éclore, si possible avec un grand « A ». Face au désir incompréhensible qui m’avait asservi, ces attentes semblaient à présent bien ternes. Si au moins cet appel frénétique avait pris Marc pour cible ! J’en aurais chialé…


Un simple contact avec l’étudiant m’avait transformée en véritable nymphomane… Que se passerait-il la prochaine fois qu’il poserait la main sur moi ? S’il essayait de m’embrasser, d’aller plus loin, m’y opposerais-je ? Je ne me faisais aucune illusion, je lui céderais. Je le savais comme une droguée sait qu’elle ne résistera pas à la tentation d’un nouveau shoot. Je répondrais à son baiser, à ses avances, quelle qu’elles soient. Malgré toute ma détermination je n’aurais plus qu’une envie, être à lui, à son entière disposition, prête à le combler et à assouvir tous ses fantasmes.


Cette évocation, tout à la fois terrifiante et excitante, de ce que risquait de devenir ma vie sexuelle fit jaillir des images obscènes dans mon esprit. Et merde ! Je ne pus retenir mes doigts. Ils se propulsèrent d’eux-mêmes plus haut entre mes cuisses, vers mon intimité douloureuse à force de caresses. Essayant de contenir mes gémissements, je me fis jouir une énième fois.


Épuisée, je m’endormis enfin dans les lourdes fragrances de plaisir piégées par la toile de l’igloo.



--oOo--



J’étais allongée sur le ventre, à même le matelas, les poignets et les chevilles attachés aux montants d’un lit en fer. Aucun drap ne couvrait ma nudité. Au contraire, un édredon glissé sous mon bassin exposait en toute impudeur mes fesses et ma chatte. Deux hommes se tenaient aux côtés du lit, nus également. À ma droite, contemplant ma vulve entrouverte, Thomas se masturbait. À ma gauche, bras croisés, Fred me toisait, imperturbable malgré sa formidable érection.


Leurs regards convergents sur mon intimité offerte en décuplaient l’embrasement. Une torture contre laquelle je ne pouvais rien. Ignorant mes demandes impérieuses, mes mimiques implorantes, aucun des deux mâles ne semblait vouloir agir. J’avais beau me contorsionner, contracter les muscles du périnée jusqu’à faire palpiter mon anus, ils ne bougeaient pas. Tirant sur mes liens, je n’arrivais qu’à m’entailler un peu plus les poignets. Je ne pouvais ni me détacher, ni les obliger à me prendre. Ce manège dura une éternité. Je finis par crier grâce.



Un troisième homme s’approcha. Il s’assit sur le bord du lit et posa une main fraîche sur mon front. Levant les yeux, je vis qu’il s’agissait de Marc.



Des larmes de rage et d’incompréhension roulaient sur mes joues. Marc se contenta de caresser mes cheveux sans répondre.



Il perdit contenance. Je crus qu’il allait me gifler. Au lieu de ça, il posa avec douceur sa paume sur mon épaule.



Je sentis sa paume descendre lentement, rejoignant ma colonne vertébrale, effleurant ma peau, la caressant avec la légèreté d’un papillon. Une chaleur croissante irradiait de ses doigts. Je fermai les yeux, me concentrant sur sa main qui se déplaçait enfin vers mes zones érogènes en état de panique. Frissonnant d’anticipation, j’attendais que ses doigts en râteau atteignent mes reins, glissent vers mes fesses, en flattent la rotondité pulpeuse.


C’était trop long, trop crispant. J’agitai mon cul de façon obscène pour qu’il accélère, que l’on passe enfin aux choses sérieuses. J’en rajoutai côté sonorisation, gémissant comme une véritable actrice porno, avant de tourner la tête en rougissant. Il parut enfin capter ce que je voulais, car ses attouchements se firent plus précis.


Un index s’immisça entre mes globes, flattant mon anus. J’agitais mes reins au rythme de sa caresse, geignant doucement. Mon tortionnaire plongea alors deux doigts réunis entre mes grandes lèvres, poignardant ma chatte bouillonnante. Une sorte de courant irradiait de sa main, électrisant mon bas-ventre. Ses doigts fouisseurs me firent jouir en quelques allers-retours à peine. Je criai mon plaisir, tremblant de tout mon corps avant de m’abattre sans force sur le matelas, terrassée un incroyable orgasme vaginal.


Peu à peu, le froid retomba sur moi comme un linceul. Le rêve m’échappait, bulle de savon éclatant sur un sol trop dur. Il faisait toujours nuit noire. Je palpais la surface glaciale autour de moi, faisant rouler les cailloux emprisonnés par la toile. Ma main rencontra soudain une texture chaude et ferme, palpitante de vie. Un torse musclé. Un homme, tout proche, osant à peine respirer. Lequel des deux cousins était-ce ? Je laissai glisser mes doigts le long de ce corps au repos, jusqu’à atteindre un sexe qui était loin de l’être. Je le branlais doucement, sans un mot. Il y eut un soupir, et une main empauma mon sein.



J’enjambai mon partenaire, avant de m’accroupir au-dessus de lui, frémissante. Abaissant mon pubis vers sa queue bien droite, je m’empalai d’un seul mouvement de bassin. J’étais bien assez lubrifiée pour ça, et surtout trop désireuse de le sentir au fond de moi pour lui laisser la moindre chance de s’échapper. Marc ou Thomas ? Repoussant cette question, je chevauchai ce corps inconnu avec toute la rage et la brutalité du manque. Tant que je me faisais du bien, ça ne faisait aucune différence.


Mon esprit refusait de savoir, mais mon corps ne pouvait se tromper… Cette nuit-là, Thomas Ginest me baisa trois fois. Je ne le laissai en paix qu’à ce prix.



--oOo--



Le lendemain, je me réveillai seule, avec l’impression d’avoir rêvé.


L’arrivée du jour avait chassé cet état d’excitation surnaturel, laissant place au malaise et à la culpabilité. Tout aurait été plus simple si Thomas n’était pas venu me rejoindre sous la tente. J’en arrivais presque à souhaiter qu’il ne se soit rien passé entre nous…


J’avais provoqué l’ado sans la moindre honte, usant de tous mes atouts de femme pour le séduire. Puis je m’étais donné à lui, encore et encore. Thomas m’avait procuré un plaisir fou, des orgasmes incroyables, chacun plus fort que le précédent. Et maintenant, voilà que j’avais des vapeurs en songeant à son âge ?


« Le meilleur moyen de résister à la tentation, c’est d’y succomber », me consolais-je, rejoignant ainsi le rang des pécheresses citant le grand Oscar Wilde comme d’autres réciteraient des Notre Père… Pensais-je sincèrement ce que je disais ? En quoi cette incantation – galvaudée par la télé réalité de troisième zone passant l’été sur TF1 – justifiait-elle mon inconséquence ?


Je traînais plus que de raison dans mon sac de couchage, retardant le moment de sortir de la tente. Je dus me rendre à l’évidence : je n’avais aucune envie d’affronter le regard de Marc, encore moins d’afficher ma relation avec son cousin. Pourquoi étais-je si mal à l’aise ? Parce que Thomas et moi avions passé une bonne partie de la nuit à faire l’amour ? Ou bien parce que Marc était au courant, vu qu’on avait baisé sans la moindre discrétion ? Et puis merde, je n’avais pas à me justifier ! Ni Marc, ni moi, n’étions des gamins. Thomas était majeur après tout. De surcroît, ce n’était pas mon élève…


Il y avait autre chose pour que je sois culpabilisée à ce point. L’attirance que j’éprouvais pour mon pompier ? Une attirance dont j’espérais toujours qu’elle se transformerait en « relation amoureuse », au premier signe de réciprocité ?


Je tendis l’oreille. Pas un bruit. Ma montre étant restée dans mon sac-à-dos, à l’extérieur, je ne savais pas quelle heure il était. Plus que temps de se lever, vu la moiteur régnant sous la toile. M’habillant rapidement, je dézippai l’ouverture de l’igloo et sortis. Le soleil était très haut dans le ciel. Je mis une main en visière pour me protéger de la lumière crue. Assis sur une pierre, un homme dont je ne percevais que la silhouette me tournait le dos.



L’étudiant s’était esquivé sans un au revoir. Sitôt baisée, sitôt oubliée ? Cette éraflure à mon amour-propre ne m’empêchait pas de voir le côté positif des choses. Ça convenait parfaitement à mon envie de discrétion. Ainsi, aucun de nous n’aurait à supporter l’inconfort d’un huis clos, forcément désagréable.


Je décidai de classer les événements de la nuit au rayon « folie passagère ». Une impulsion déraisonnée, violente, inexplicable, qui m’avait poussée à me donner sans tabou à un mec de passage. Il ne me restait plus qu’à tirer un trait sur Thomas et à reprendre mon rôle de femme responsable, d’enseignante respectable, à qui l’on avait confié deux classes de terminales. Point à la ligne, fin de l’histoire !



Les éléments nous chassant du paradis… Le genre de déconvenue programmée, de petit malheur inévitable tout à fait dans l’ordre des choses. Après être montée aussi haut, il me fallait bien redescendre. J’acceptai avec un sourire le sandwich fatigué que me tendait Marc, le faisant passer avec le contenu insipide de ma tasse fumante. Je me sentais aussi vide que lasse.


Marc était un point d’ancrage dans cette mini déprime, une bouée de sauvetage à laquelle j’aurais pu tenter de me raccrocher. Mais j’avais trop de fierté pour ça. Lui aussi, sûrement…



--oOo--



Le pompier avait raison, encore une fois. Après trois heures de marche, les averses nous sont tombées dessus. Un déluge glacé, juste au moment où nous croisions un ruban d’asphalte perdu dans la montagne. Mon coupe-vent, trop léger, prenait l’eau. Je claquais des dents, en attendant l’automobiliste providentiel qui accepterait de nous descendre au village.


Notre patience finit par être récompensée. Au bout d’une demi-heure, une vieille 4L fourgonnette s’arrêta à notre hauteur. La première bagnole sur cette petite départementale depuis que nous l’avions rejointe… À l’intérieur, deux types me dévisageaient. Des gitans. Mal rasés, la dégaine de bandits de grands chemins. Sans aucune gêne, ils reluquaient mes seins, moulés par le poncho transparent. Je croisai les bras sur ma poitrine. Si Marc n’avait pas était là, je n’aurais jamais envisagé de monter avec eux.



Un frisson me parcourut. Mauvais pressentiment. J’avais envie de prendre Marc à part, de lui dire ma crainte, le convaincre d’attendre la prochaine voiture. Mais, sous le regard intimidant des deux gitans, je n’osais pas. Je m’installai donc à l’arrière de la fourgonnette avec mon pompier, sur un lit de vieux journaux et de chiffons sales.


Après quelques couinements rageurs et divers craquements de levier de vitesse, la 4L se mit en branle. Depuis notre place inconfortable, nous n’avions qu’un vague aperçu du paysage. La route défilait lentement à travers le pare-brise moucheté d’impacts verts et rouges. Je ne savais même pas dans quelle direction nous roulions. Ma tête dodelinait au gré des cahots ; je me sentais fatiguée, tellement fatiguée. Et ce trajet, qui n’en finissait pas…


Une secousse plus forte que les autres m’alerta. Nous avions quitté l’asphalte et roulions sur un chemin de terre mal entretenu, à l’ombre d’un sous-bois. Une pierre griffa le bas de caisse, envoyant des vibrations maléfiques jusque dans mes dents. Dans un tremblement de bête à l’agonie, la carriole s’immobilisa dans une clairière. Je dévisageai Marc. Lui aussi était surpris. Que se passait-il ?



Sans daigner répondre, le gros type basané derrière le volant ouvrit sa portière et entrepris de s’extirper de son siège. Il n’y parvint qu’avec difficulté, tant il était gêné par son ventre. Son comparse, plus fin et plus rapide, ouvrait déjà l’une des deux portes arrière de la fourgonnette. Je retins un cri. Le type nous braquait avec une arme, un flingue qui me paraissait démesuré.



Le type ne laissa pas le temps à Marc de finir sa phrase. Tel un crotale, il se pencha en avant et frappa de toutes ses forces mon compagnon à la tempe, avec le canon de l’arme. Le pompier s’écroula comme une masse.



Marc gisait inconscient sur le plancher de tôle, une estafilade sanglante lui barrant tout le côté du visage. Il respirait encore. Faiblement. J’étais abasourdie, révulsée, terrifiée. Le gitan ne me laissa pas le temps de sortir de mon état de choc. Il m’empoigna par le bras et m’entraîna hors de la voiture. J’essayai de me débattre, de griffer mon agresseur. Une claque magistrale me cueillit par surprise, faisant danser des flashes dans mon champ de vision. Je perdis connaissance à mon tour.


Quand je rouvris les yeux, j’étais entièrement nue. Allongée sur le sol boueux, on m’avait lié les mains dans le dos. Les deux voyous me lançaient des regards haineux, mais la folie dans leurs yeux ne masquait pas leur concupiscence à mon égard. J’étais certaine qu’ils allaient me violer. Je cherchais Marc du regard, mais ne le vis pas. Il n’était plus dans la fourgonnette. Une peur horrible me tordait le ventre. Plus encore pour le pompier que pour moi.



Sûrs d’eux et de leur force, ils se mirent à rire. Des rires gras, tonitruants. Ils étaient l’incarnation du mal. Le plus gros fit un signe à l’autre, qui partit chercher quelque chose dans la voiture. Il revint aussitôt, portant un énorme jerrycan. Je n’eus pas le temps de me poser de questions, le type m’aspergeait d’essence, des pieds à la tête. Je me mis à gémir, terrorisée. Il n’était plus question de viol, mais de meurtre ! De mon assassinat !


Dans un ralenti de cauchemar, le gros sortit un énorme zippo rutilant de sa poche. Il l’ouvrit, faisant jaillir une flamme jaune. Je commençai à les supplier à toute vitesse… Il ricana, avant de balancer le briquet dans la flaque d’essence qui m’entourait. Le feu prit comme une explosion. Mon corps s’enflamma aussitôt. Je hurlais de douleur, mais il n’y avait personne pour m’entendre…



--oOo--




Nous étions à l’entrée de Lancroix. La pétarade du moteur s’interrompit sur un dernier hoquet asthmatique. Le silence qui suivit me parut presque irréel. Marc sortit le premier du véhicule, prenant mon sac avec lui. Je m’étirai avant de descendre à mon tour, chancelante, comme vidée de mes forces par ce mauvais rêve. Je faillis m’étaler en posant le pied par terre. Sans même lâcher les sacs, le pompier me rattrapa tout en souplesse, m’entourant d’un bras protecteur.


Quand mes seins s’écrasèrent sur son buste, je ressentis à nouveau cet étrange spasme dans le bas-ventre. Une chaleur intense, pénétrante, plus douce que celle qui m’avait poussée vers Thomas. Mi-rêveuse, mi-hagarde, j’enlaçai Marc par le cou. Je me sentais mollir sous les assauts de ce désir soudain, prête à tomber. Le pompier avait deviné mon trouble, il me lâcha presque aussitôt. Le besoin de maintenir le contact était trop fort, quasi viscéral ; ignorant délibérément son geste, j’avançai mes lèvres entrouvertes vers sa bouche si désirable, comme hypnotisée. Au dernier moment, Marc esquiva mon baiser en détournant la tête. À regret, je laissai retomber mon bras.


Les deux gitans n’avaient rien loupé de la scène.



Et sur un dernier éclat de rire, ils nous laissèrent au bord de la route, s’éloignant dans un nuage de fumée bleue.


Une peur irrationnelle m’envahit. Je fus saisie par la brièveté de l’existence, l’omniprésence de la mort ; nos limites humaines m’apparaissaient soudain dans toute leur horreur. Marc et moi devions nous aimer avant qu’il ne soit trop tard ! J’avais envie qu’il m’enlace pour éloigner cette angoisse morbide, j’avais besoin du refuge de ses bras pour me sentir vivante.


Que m’arrivait-il ? D’où me venait cette faiblesse ? Je n’étais plus une petite fille, recherchant l’image rassurante du père ! Essayant de me raisonner, je mis ce besoin exacerbé, cette anxiété subite sur le compte de cet horrible cauchemar. Il y avait cependant quelque chose que je ne pouvais nier, et qui n’avait rien à voir avec l’endormissement ou la fatigue. J’étais bel et bien tombée amoureuse de Marc Ginest. Je le voulais tout à moi, et cela ne me laissait qu’une seule possibilité. Le séduire, lui aussi…


Non ! Je ne pouvais pas faire ça ! Comment le prendrait-il, si je me conduisais avec lui comme je l’avais fait avec Thomas ?


Marc ne me laissa pas l’occasion de tester les armes de ma féminité sur lui. Perdu dans ses pensées, il me raccompagna jusqu’à chez moi sans un mot. Son silence nous séparait aussi sûrement qu’un abîme. À quoi songeait-il ? À ma nuit avec son cousin, évidemment. J’imaginais les doutes planant dans son esprit. Même si j’en crevais d’envie, c’était le pire moment pour me jeter dans ses bras…


Arrivée devant mon chalet, je lui proposai de venir se réchauffer autour d’un broc de chocolat chaud. Il me scruta d’un air incertain, avant de refuser mon invitation :



Avant que je ne puisse trouver un meilleur prétexte, Marc me fit deux bises et s’en alla, me laissant seule.


Je refermai la porte derrière moi, posai mon sac dans l’entrée et restai là, debout, incapable de réagir. Après cette accumulation de hauts et de bas, mes nerfs lâchaient. Je ne savais plus quoi faire, submergée tout à la fois par l’envie de me battre et de laisser tomber, je me sentais minable. Salie par ma conduite de cette nuit. Ridicule d’avoir tenté d’embrasser Marc. Honteuse qu’il m’ait repoussée. Dans le même temps, une insoutenable frustration me mordait le ventre.


Abandonnant mes vêtements au hasard de mes pas, je me dirigeais vers la petite salle d’eau. L’esprit ailleurs, j’ouvris en grand le robinet de la douche et me glissai sous le jet. Immobile dans les volutes de vapeur, je levai le visage vers les tresses liquides qui m’enveloppaient de leur chaleur bienfaisante. Je baladai ensuite le pommeau de douche sur tout mon corps pour chasser les raideurs et les courbatures de cette première virée en montagne.


Obnubilée par l’appel sensuel ressenti au contact de Marc et Thomas, je me caressais sans même y prêter attention, me remémorant le bref écrasement de mes seins contre le torse du pompier ; mes mamelons durcirent aussitôt et une lourde moiteur envahit mon sexe.


Quand j’éprouve des envies sous la douche, j’ai souvent recours au même rituel érotique. Après avoir ajusté le jet réglable pour obtenir un flux étroit et compact, je le pointe vers ma chatte, le promenant avec douceur de bas en haut et de haut en bas. Sous la pression, ma vulve se déplie comme une corolle de fleur. Je sens alors gonfler mes petites lèvres, qui sortent lentement de ma fente tandis qu’une fournaise m’engourdit le ventre. Quand je suis suffisamment préparée, je focalise le jet sur mon clitoris. Je n’ai même pas à me toucher pour me faire jouir.


À cet instant, je revivais le rêve de cette nuit, repensant au réalisme étonnant des caresses de Marc, à la sensation de ses doigts envahissant mon cul, fouillant ma chatte. Le flux ondoyant et précis ne me suffisait plus. Fléchissant légèrement les cuisses pour mieux m’ouvrir, je tournai à fond le mitigeur, hoquetant sous la pression du geyser qui m’écartelait le con. Mes doigts investirent l’anfractuosité couleur corail de mon vagin et le petit bouton mauve de mon anus. Dans mon esprit, le visage de Thomas remplaça celui de Marc.


Un spasme me fit tressaillir. Je m’appuyai contre la paroi pour ne pas tomber, secouée par un violent orgasme. Avant de ressortir de la cabine, les jambes tremblantes, je me fis jouir une deuxième fois. Il me fallut cinq bonnes minutes pour me calmer.


Thomas. C’était à lui que je pensais, lorsque j’avais redoublé mes caresses. Décidément, l’ado refusait de quitter mon esprit…



[A suivre]