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n° 13672Fiche technique38360 caractères38360
Temps de lecture estimé : 23 mn
23/01/10
Résumé:  Parfois, les grands principes ne sont là que pour voler en éclats. Ou se diluer dans les bains d'un hammam.
Critères:  f h hh fhhh hbi hplusag collègues sauna hsoumis fdomine voir hmast nopéné hdanus
Auteur : Olaf      Envoi mini-message
Sauter du phoque à l'âne

Règle numéro une : ne jamais tremper son biscuit dans l’organigramme. C’est ce qu’un copain a écrit il y a longtemps en exergue sur mon cahier de notes perso. Je n’utilise aucune électronique pour stocker mes idées, tout ce qui me passe par la tête arrive dans ce cahier. Je retombe ainsi régulièrement sur cette maxime. Le clin d’œil me fait marrer et depuis, au boulot, j’évite soigneusement les regards trop directs, j’ignore les décolletés et les chutes de reins, je retiens tout geste pouvant prêter à confusion, toute remarque à double sens.


Surtout dans mon nouveau job, commencé il y a quelques mois. De toute façon, il n’y a pas grand risque de tentation, ni de dérapage dans cette boîte. Même si, soit dit en tout bien tout honneur, la cheffe de département serait assez mon genre. Le style gitane, à l’aise dans sa quarantaine bien sonnée, la chevelure aussi noire que le regard, des formes généreuses, une sensualité à fleur de peau, de très belles mains aux doigts longs et fins, un humour incisif.


Hiérarchiquement, entre Barbara et moi se trouve Claude, jeune ingénieur prometteur qui a reçu pour mission de développer un des nouveaux produits de l’entreprise. Nous nous sommes d’emblée bien entendus. Je pige au quart de tour ce qui se passe dans sa tête, il comprend mon mode de fonctionnement plutôt complexe. En plus, j’admire son côté sportif et son élégance naturelle, que je suis loin de posséder.


Donc, jusqu’à maintenant, aucun regret d’avoir pris le risque de changer d’activité à la cinquantaine. Seule ombre au tableau, mon lieu de travail se trouve à plus d’une heure de voiture de mon domicile. Ce qui m’oblige à faire de longues journées en début de semaine, et parfois même à dormir sur place. Claude semble avoir adopté le même rythme de travail que moi. Il n’est donc pas rare qu’on se retrouve en fin de soirée autour de la machine à café à échanger quelques banalités. Juste ce qu’il faut pour se situer sans trop se découvrir. Je n’ai aucune envie de savoir ce qu’il fait en dehors du travail. Et je déteste me sentir obligé de passer mes moments libres à boire des verres avec des collègues. Chacun son truc, une fois passées les portes de l’entreprise.


À l’exception bien sûr de quelques menus services que nous nous rendons en cas d’urgence. Comme l’adresse d’un petit hôtel qu’il m’a refilée, un soir où ma femme est venue me rejoindre sans prévenir. Un truc romantique, qui correspondait exactement à ce dont nous avions besoin pour requinquer notre couple. En retour, je lui ai dégotté une petite boutique, où trouver de quoi se faire pardonner une incartade dont je ne souhaite pas connaître le détail.


Rien de plus naturel, par conséquent, à ce que je demande à Claude l’adresse d’un truc genre bain thermal, où aller oublier la grisaille d’un hiver qui n’en finit plus. Quelques minutes plus tard, j’ai sa réponse sous forme d’un lien sur le site d’un hammam extraordinaire. Le Palais des Mille et une Nuits, évidemment. D’après ce qu’en dit la pub, un dépaysement complet dans le luxe, le calme et la volupté.


Question calme, comme nous sommes un lundi et que c’est le jour du silence dans cet établissement, je ne risque pas d’être déçu. Question luxe, le prix d’entrée laisse supposer le meilleur. Reste à découvrir la volupté. Sauf qu’après avoir lu la description des treize étapes du bain traditionnel, j’en suis à me demander s’ils fournissent un GPS étanche pour s’y retrouver dans le dédale de ce palais aquatique, lorsqu’un nouveau message arrive. Claude me propose de me guider pour la soirée. Une fois n’étant pas coutume, je ne vois aucun inconvénient à profiter de sa connaissance des lieux.


Nous nous retrouvons sur place en début de soirée. Après nous être changés, nous entrons dans la zone humide, vertueusement drapés de notre pestemal. Sans un mot, et à vrai dire sans nous occuper l’un de l’autre, nous laissons nos corps s’habituer à la température du bain de vapeur, tout en nous aspergeant régulièrement d’eau tiède. Un bon quart d’heure plus tard, je passe dans la salle suivante et me frictionne vigoureusement avec le kese de crin. Je plonge ensuite dans le bain chaud pour apaiser mon épiderme mis à mal par ce rituel.


Le corps détendu, je profite de cette étape de repos sous les lambris de la haute salle admirablement décorée, illuminée par des vitraux multicolores. Mon esprit flotte librement, je regarde les couples qui se dévisagent et se frôlent autour de moi. La sensualité de leurs gestes coule en moi. Je me laisse envoûter par leurs élans à peine retenus, leurs parades amoureuses. J’anticipe comme dans un rêve les ébats sensuels qui vont agiter leurs corps et faire bouillir leur sang sitôt qu’ils se retrouveront seuls. Malgré la torpeur qui m’envahit, les rondeurs des femmes ne me laissent pas indifférent. Leurs mamelons raidis au travers du tissu de lin, leurs nuques qu’elles dévoilent en relevant leurs cheveux en improbables chignons, leurs harmonieux gestes de séduction me troublent même sérieusement.


Claude me rejoint et me tire de ma rêverie sensuelle pour passer dans le bain de vapeur aux herbes, suivi d’un gommage doux au savon à l’huile d’olive. Libérés de nos impuretés, nous nous allongeons sur la grande pierre chaude située au centre de la pièce suivante. La musique orientale, les senteurs raffinées et la moiteur qui règnent dans la salle créent une atmosphère reposante. Progressivement, une agréable lassitude envahit nos membres, très proche d’un sommeil réparateur.


Lorsque nous retrouvons un peu de vigueur, nous reprenons notre périple. Une jeune femme au charmant accent moyen-oriental nous propose un massage au rhassoul. Nous lui préférons finalement le bain du sultan, que nous pouvons prendre dans une petite salle réservée à cet effet, seul endroit où la nudité et surtout la parole sont autorisées.


Un serveur discret dépose du thé à la menthe et une légère collation sur une table basse, puis nous laisse entre nous. Je jette mon pestemal trempé dans un coin de la pièce et m’enfonce jusqu’au torse dans l’eau chaude et parfumée. Mon collègue commence par se servir un verre de thé, puis un deuxième, me tournant le dos comme s’il hésitait à me rejoindre. Il finit quand même par se dénuder. Je comprends alors la raison de son hésitation. Une imposante érection orne son bas-ventre, d’autant plus inattendue que je n’ai ressenti aucune attitude équivoque de sa part jusqu’à maintenant.


Une pensée inamicale s’impose à mon esprit « Bordel, c’est bien ma veine ! Dans quelle galère me suis-je mis ? ». Suivie immédiatement par une autre, plus modérée « On se calme, impossible qu’il bande à cause de moi, il doit y avoir une autre explication ! ». Dans le doute, j’attends qu’il réagisse. Se prépare-t-il à faire son coming-out (pitié, pourquoi à moi ?) ou est-il lui-même surpris par cette manifestation intempestive de virilité ? Il ne me laisse pas le temps de désamorcer la situation par une boutade.



En disant cela, je nous vois entrer dans une spirale de non-dits et d’actes manqués dont nous ne sortirons pas sans dégâts. Mais je suis incapable d’inverser le cours des choses. Étrange d’ailleurs comme ce petit afflux de sang risque de tout changer entre nous. Qu’est-ce qui m’empêche de détourner simplement le regard et de faire comme si de rien n’était ? Est-ce la moite sensualité du lieu, un mystérieux effet des parfums, ou simplement la troublante incongruité de cette érection ?


De toute façon, il est trop tard. Je ne peux plus refouler mon envie de toucher, de frôler, de… Pire, je sens que quelque chose se passe en moi, ou plutôt, que quelque chose ne se passe justement pas en moi. Une barrière reste dressée, qui aurait dû se baisser depuis longtemps pour me maintenir dans le droit chemin. Impuissant, sans protection contre une pulsion qui me dépasse, j’entends une petite voix dire que tant qu’à être dans le glauque, autant aller jusqu’au bout.


Alors, je me mets à contempler ouvertement le sexe dressé. Comment ne pas le trouver bien fait ? Comment ne pas en admirer les séduisantes proportions ? Ce membre rigide exprime un soudain désir qui m’est familier, pareil à ce que j’ai jusqu’à ce jour exclusivement éprouvé pour des femmes. La cause de cette réaction est-elle finalement si importante ?


Claude, que notre face-à-face perturbe de plus en plus, n’ose pas entrer dans l’eau. Il préfère s’étendre sur le bord du bassin. Sans quitter sa verge des yeux, je viens vers lui, et, lentement, avance la main. Il ne recule pas. Pas même lorsque je pose mes doigts sur le bout de sa tige. Encouragé par ce discret acquiescement, je commence à effleurer le gland, puis descends le long de la hampe. Un frisson parcourt son bas-ventre, raidit ses tétons. Je le sens hésiter, les muscles tendus, prêt à se rebiffer.



Devant sa crispation, je lui accorde une pause, sans toutefois le lâcher vraiment. Je m’attends à le voir réagir d’un instant à l’autre. Mais il n’en fait rien. Il s’allonge au contraire de tout son long sur la pierre chaude, son sceptre dressé juste à côté de ma main.



Quelques attouchements plus tard, il rend définitivement les armes dans un râle de bien-être.



C’est une grande première pour moi, qui n’aurais jamais pu imaginer effleurer volontairement le sexe d’un homme auparavant. Et me voilà maintenant m’enhardissant à le saisir à pleine main, à le caresser. Sans expérience en la matière, je commence par imiter ce que j’aime qu’une femme me fasse. Mes gestes se révèlent rapidement d’une efficacité redoutable. Sur Claude, d’abord, dont le sexe durcit de plus en plus. Sur moi ensuite, que la scène excite indéniablement.


Je sors de l’eau pour m’accroupir à côté de lui. Posant mes mains sur son corps et son sexe, je le masturbe délicatement. Claude se laisse parcourir, comme le ferait une amante conquise. Ses crispations s’évanouissent peu à peu. Il se résigne visiblement à vivre jusqu’au bout cet échange. Plus je m’active sur les zones que je suppose aussi sensibles chez lui que chez moi, plus il s’offre à moi. Fasciné par le spectacle de ce corps embrasé, j’empaume ses bourses et active mes doigts sur sa tige.


Le sexe palpite contre mes doigts, le sang tape dans le membre raidi. Est-ce donc cela que les filles ressentent à l’instant où elles nous font craquer ? Savent-elles à ces infimes frémissements que notre reddition est proche ? À chaque passage de mes doigts contre le gland, je veille à appuyer un doigt sur le méat qui se dilate de plus en plus. Claude répond par un lent balancement des hanches qui annonce la montée du plaisir. Il est à ma merci, gonflé d’impatience et de désir.


Une étrange sensation de puissance monte alors au creux de mes reins. L’idée de le branler jusqu’au bout me fait bander. Non pas d’un désir homosexuel, mais de mon emprise sur son plaisir. C’est ma puissance absolue en ce moment de fragilité qui m’excite, et qui se manifeste de cette manière animale. Je deviens comme ces singes qui bandent à volonté pour s’imposer au sein du groupe.


Nous sommes maintenant lancés dans une aventure sensuelle sans retour. Lui dans l’impatience de mon coup de main qui le videra, moi dans le plaisir pervers de retarder cette explosion. À chaque fois que je le sens perdre pied, je ralentis mes gestes. Quelques contractions se produisent, mais je ne les laisse pas aboutir. Après plusieurs montées et descentes de plaisir, je décide de mettre fin au supplice. D’une habile secousse, je le laisse s’épancher. Immédiatement, une déferlante s’échappe de ses glandes engorgées. Le canal séminal se distend sous mes doigts. Un cri de plaisir lui échappe alors que d’épaisses giclées poisseuses éclaboussent son ventre. Il halète, son sexe est secoué d’interminables tressautements. Je n’existe plus pour lui. Je peux le regarder jouir, longuement, intensément.


Une forte odeur de sueur et de sperme monte à mes narines. Et moi, que l’idée de toucher un autre homme révulsait il y a peu, je me découvre raide bandé devant le spectacle de ce corps terrassé. Je me redresse alors, le sexe en main. En fermant les yeux, je revois en accéléré les hommes et les femmes qui étaient autour de moi tout à l’heure. Mon cerveau enfiévré leur autorise les gestes qu’ils s’efforçaient de retenir en public. J’entends leurs rires, leurs cris, leurs râles. Les femelles offrent leur béance à qui veut la prendre. Les mâles se succèdent pour les combler. Leur sarabande fait monter en moi des pulsions primitives. Je suis subjugué par la puissance érotique de ces ombres, prêt à entrer dans leur danse, à me soumettre à leurs plus vils caprices.


Dans mon délire érotique, je me vois maintenant vainement dressé sous les quolibets de femmes que je suis incapable de séduire, bousculé par des hommes aux attributs démesurés, qui montent inlassablement à l’assaut de leurs croupes épanouies, dans la plus totale obscénité. Poussé par leurs gesticulations copulatoires, je tombe à genoux. Obéissant à l’injonction d’une femme dont les mamelles somptueuses sont pétries à pleines mains par deux faunes en rut, je répète sur moi les caresses que je viens de prodiguer à Claude. Une vague voluptueuse monte du plus profond de mon ventre. Attirées par mon souffle rauque, des ombres m’entourent et se mettent à cracher leur semence. Je sens couler sur ma peau leur chaude averse séminale, pendant que d’autres satyres continuent inlassablement de couvrir les femelles insatiables. Emporté par cette débauche d’images, j’éjacule à mon tour et inonde de mon sperme le ventre et le torse de Claude.


Il me faut du temps pour me remettre de cette tempête sensuelle. Mon ventre reste longtemps secoué par des spasmes voluptueux. Lorsque je sens qu’une irrésistible torpeur va s’emparer de moi, je me lève et retourne dans le bain. Claude semble lentement sortir d’un cauchemar. Il s’assied, comme abattu par ce qui vient de se passer, cachant sa tête entre ses mains. Les traces de nos épanchements se mélangent aux gouttes de transpiration et de vapeur qui coulent le long de son torse. Il reste immobile, à dégouliner piteusement de foutre et de sueur.



Il s’essuie rageusement et sort précipitamment de la salle d’eau.



Il doit vraiment être perturbé, parce que demain, c’est mardi, son jour de congé ! Je reste encore un moment dans le bain du sultan, histoire de mettre ensemble les pièces du puzzle. Puis je vais m’allonger dans la salle de séchage, entouré de gens qui ne semblent rien remarquer de ma « conversion ». Pauvre Claude, tout a été trop vite pour lui. Pourquoi faut-il immédiatement se rassurer, définir chaque pulsion, les faire entrer dans des catégories bien précises ? Inversement, il a peut-être raison. Et si je n’étais vraiment rien d’autre depuis toujours qu’un gros connard de pédé ?



oooOOOooo



Comme prévu, Claude n’est pas au travail le lendemain. C’est peut-être mieux ainsi. En passant devant son bureau vide, ma dernière question me revient à l’esprit. Aurais-je vraiment viré de bord ? Suis-je attiré par les mecs ? Je regarde autour de moi. Aucun doute, même si le test n’a qu’une valeur limitée, mon regard reste attiré par les filles. Et rien que les filles.


Alors quoi ? Sincèrement, à part le fait d’avoir trompé ma femme, et l’appréhension d’une explication assez compliquée avec elle, je n’éprouve rien d’autre qu’une sourde satisfaction à l’idée de m’être enrichi d’une expérience. Une expérience que je n’ai d’ailleurs aucun besoin, ni aucune envie de renouveler pour le moment. J’en suis là dans mes réflexions, quand un texto de Claude arrive sur mon portable.



Il a petite mine. La nuit a sans doute été longue, à ruminer des interrogations sans réponses.



J’interromps notre conversation au moment où Barbara passe devant le bureau, en lançant comme à son habitude un joyeux « salut, les p’tits loups ! ». Quelques secondes plus tard, elle réapparaît dans l’encadrement de la porte, surprise de voir Claude un jour de congé.



Finaude, elle doit bien se rendre compte que quelque chose ne tourne pas rond. Mais elle n’insiste pas et nous laisse poursuivre notre explication.



Il reste comme suspendu entre deux pensées. Visiblement il cherche quelque chose à quoi se raccrocher. Aucune envie de lui tendre une perche. Ça lui apprendra à mieux gérer ses émotions en public ! Au moment où il sort, il se casse le nez sur Barbara, qui décidément devait flairer quelque chose.



On ne dit pas non, à Barbara. Pas parce que c’est la cheffe, mais parce que sa manière de prendre les gens donne envie de faire ce qu’elle veut. C’est plus que de l’autorité naturelle, c’est un charme particulier auquel il est impossible de se soustraire. Elle donne envie de bosser, juste par son enthousiasme. Nous passons dans son bureau.



On en aurait presque les larmes aux yeux. Enfin surtout Claude, que Barbara ne cesse de scruter, même si son émotion du moment a une autre origine que ces compliments inattendus. Intervient alors une pause qui ne laisse rien présager de bon. Je m’attends à un grand « mais… », juste pour casser l’ambiance.



Et là, contre toute attente chez une battante de ce genre, c’est elle qui commence à avoir les yeux bordés de larmes.




oooOOOooo



Claude ressemble à un veau qu’on mène à l’abattoir, au moment d’entrer dans le hammam. Il en deviendrait presque comique. De mon côté, je me dis que, suivant comment Barbara se comportera, il trouvera peut-être matière à intégrer tout ce qui le taraude. Sauf que nous sommes un lundi, et que nous n’allons pas pouvoir nous parler avant la sortie.


Comme la semaine précédente, après nous être changés, nous entrons dans la zone humide couverts du pestemal traditionnel. Un bon quart d’heure plus tard, Barbara nous fait signe de l’accompagner dans la salle suivante. Là, son linge se dénoue et lui échappe lorsqu’elle passe le gant de crin sur ses jambes. Sans s’inquiéter de sa soudaine nudité, elle se laisse admirer pendant qu’elle poursuit ses soins corporels. Elle est encore plus séduisante que je l’imaginais. Étrange, comme les plus insignifiants détails peuvent soudain prendre d’importance sous l’effet du désir. Comme la couleur changeante d’un mamelon, la manière de cambrer les reins ou encore l’offrande sensuelle des seins peuvent se graver de manière indélébile dans la mémoire érotique, et stimuler encore longtemps le corps et l’esprit.


Barbara pose un regard satisfait sur l’évidente montée de notre désir, avant de replacer le voile de pudeur autour de son corps. Elle n’est pas de celles à qui on dit non. Nous serons son dernier repas. Nous la suivons comme de fidèles gardes du corps jusqu’au bain chaud. Après nous avoir affectueusement embrassés, elle se place entre nous et se met à nous caresser sous l’eau. Je fais attention de ne pas frôler Claude, que je sens de nouveau très crispé, mais les contorsions de Barbara nous poussent l’un contre l’autre. Je commence à me demander combien de temps son manège va rester impuni, quand elle se résigne à cesser ses attouchements pour nous permettre de passer dans le bain de vapeur aux herbes.


Là, enveloppés d’un épais brouillard, nous sommes presque invisibles. Barbara profite d’une absence passagère de visiteurs pour poser nos mains sur son corps. C’est le déclic. Nous commençons à la caresser, pudiquement d’abord. Nous perdons toute retenue dès le moment où elle tend ses seins à Claude, qui ne résiste pas à pétrir à pleines mains la lourde poitrine. Je soutiens Barbara en entourant sa taille de mes bras, mes mains posées sur son ventre. Elle me remercie en me tendant ses lèvres et en écartant les jambes.


Avide de sensualité, comblée de pouvoir profiter des attentions de deux hommes en même temps, elle guide les gestes de Claude sur ses seins, tout en enfouissant une de mes mains entre ses cuisses. Ma queue se dresse contre ses fesses. Flattée de cet hommage, elle se retourne pour me contempler. Puis, prend un peu de recul pour admirer Claude, depuis longtemps dans le même état. À nouveau, mais cette fois par la volonté d’une femme, nous sommes bandés et face à face.


Percevant un début de gêne entre nous, elle prend l’initiative et nous force à nous rapprocher jusqu’à nous toucher, avant de commencer à nous caresser alternativement de la tête à la queue. C’est le moment que des visiteurs choisissent pour entrer dans la pièce. Barbara couvre sa poitrine et son ventre avec le linge de lin, et passe dans l’espace de soins corporels, sans s’occuper des regards posés sur sa croupe épanouie. Connaissant apparemment bien les lieux, elle se glisse derrière un panneau de séparation entre deux cabines. De par sa configuration, l’endroit est pratiquement à l’abri des regards et juste assez spacieux pour que nous puissions nous y réfugier tous les trois.


C’est ce qu’attendait Barbara pour se lâcher. Elle nous embrasse fougueusement, nous dénude, tourne autour de nous comme une toupie pour nous caresser, se serre contre nous, puis s’éloigne à nouveau pour savourer les effets de sa danse lascive. Satisfaite du résultat, elle s’agenouille et commence par se concentrer sur les cuisses et les fesses de Claude, dont elle parcourt les muscles saillants à pleines mains. Sans lâcher ces morceaux de choix, elle se tourne ensuite vers moi pour me permettre de glisser ma queue dans le sillon de ses seins, le temps d’accentuer mon envie d’elle.


Claude ne résiste pas à cette déferlante de sensualité. Il se démène comme un beau diable, caresse, embrasse, lèche, palpe tout ce qui passe à sa portée. Je le soupçonne d’espérer ainsi se garder l’exclusivité sur Barbara, et me mettre sur la touche. Belle joueuse, Barbara lui abandonne son côté face, tout en me poussant à mettre le feu à son côté pile. Je m’attarde sur sa nuque, avant de couler le long de son dos jusqu’à son cul somptueux, qu’elle offre à ma bouche en se cambrant, fesses écartées.


Elle profite de notre excitation jusqu’à la limite du raisonnable. Lorsqu’elle nous sent prêts à tout accepter d’elle, elle s’agenouille face à nous et remonte ses mains jusqu’en haut de nos cuisses, glissant son majeur entre nos fesses. Elle nous tient dès lors comme des marionnettes, et peut jouer avec nous à sa guise. J’essaie de résister. Elle me corrige d’une méchante griffure de l’ongle sur le périnée.


Non loin de nous, des visiteurs se douchent, sans se douter que, juste à côté, une nana tient deux mecs raides bandés à sa merci, ses doigts longs et fins prêts à fouiller leur fondement. S’ils s’aventuraient au-delà de leurs étroites cabines, ils pourraient voir la femme jouer au bilboquet avec ses hommes d’un soir, les rapprocher jusqu’à se toucher par la seule force de ses poignets. Puis, d’une légère injonction des doigts, les inciter à se caresser l’un l’autre.


S’ils se montraient plus attentifs à ce qui se passe autour d’eux, les visiteurs pourraient même entendre les souffles rauques des amants. Mais, trop occupés à se contenter de la sensualité policée prévue par le règlement, les visiteurs ne se hasardent pas hors des chemins balisés. Ils ne sauront jamais avec quelle habileté Barbara est capable de pousser les deux hommes au plus près de la jouissance, tout en les empêchant au dernier moment de se répandre par inadvertance.


L’éjaculation de ses marionnettes, c’est sa prérogative, la clef de son pouvoir. Bien plus que de caresses lascives, elle va jouir ce soir de sa domination sur ses amants en rut, se délecter du plaisir de pénétrer, non de se laisser pénétrer. Sans ménagement, elle augmente la pression de ses doigts entre nos fesses. Nous nous contractons sous l’assaut inhabituel, mais finissons par nous soumettre. Elle s’enfonce alors d’un coup en nous. La douleur est fulgurante. Elle n’en a cure. En quelques secousses, elle atteint ce qu’elle cherche, au plus profond de nos entrailles. Dès qu’elle effleure la glande érogène, nos sexes cabrent, se tendent vainement à la recherche d’un orifice où se répandre.


Ce n’est pas le genre de plaisir qu’elle nous réserve. Elle se contente de lécher nos glands distendus pour nous faire patienter, ne nous autorisant que de très brèves intrusions entre ses lèvres. Lorsqu’elle sent aux mouvements désordonnés de nos hanches que nous perdons le contrôle, elle commence son massage libérateur. Un spasme douloureux fait exploser nos prostates ainsi malmenées, suivi immédiatement d’une gigantesque onde de plaisir. Tétanisés par le mélange de douleur et de jouissance, nous devons nous mordre les lèvres pour ne pas hurler pendant que nous expulsons d’épaisses giclées poisseuses.


Une forte odeur de sueur et de sperme monte à nos narines. Barbara nous regarde longuement jouir. Puis elle ferme les yeux, une main glissée entre ses cuisses. Je m’agenouille derrière elle. Claude me rejoint. Souriante, heureuse d’être arrivée à nous rapprocher de la sorte, elle nous tend ses lèvres, sa nuque, ses épaules, nous laissant découvrir une multitude de surfaces de plaisir sur son corps. Rapidement elle se laisse aller à la douceur de nos caresses, et se met à jouir, étroitement serrée entre nos bras.


Lorsque tout est consommé, elle s’appuie sur nous pour se relever. Elle nous prend par la main pour nous accompagner jusqu’au dernier bain. Là, après une dernière caresse au vu et au su des autres visiteurs, elle s’éloigne, entièrement nue, en nous faisant signe de ne plus la suivre. Ne souhaitant pas rester plus longtemps sous les regards réprobateurs des autres baigneurs, nous quittons le Palais des Mille et une Nuits peu après.


Le lendemain, la sensation du corps de Barbara entre mes mains, l’odeur de sa peau et la troublante harmonie de ses gestes reviennent me hanter dès mon réveil. Au travail, je découvre que mon cahier de notes a été déplacé. Barbara est visiblement revenue après notre soirée au hammam. Mutine, elle a biffé la « Règle numéro une : ne jamais tremper son biscuit dans l’organigramme ». En dessous, elle a écrit de sa belle écriture ronde « Règle numéro deux : s’intéresser aux vraies raisons de son engagement ». Ajoutant encore « Si seulement tu avais mieux regardé autour de toi, plutôt que de suivre le conseil de ton pote, je n’aurais pas eu besoin de toute cette mise en scène pour me glisser entre tes bras ».