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Temps de lecture estimé : 14 mn
12/02/10
Résumé:  Jean lève le voile sur une partie de son passé.
Critères:  fh couleurs couple voyage amour odeurs cunnilingu pénétratio jeu -aventure -amourdura
Auteur : Jean Balun            Envoi mini-message

Série : Lydia ou la tentation de Saint-Jean

Chapitre 04
Kinshasa - Kaboul

Résumé : Jean et Lydia viennent de se retrouver à Kinshasa. Jean a été accueilli à bras ouverts par le père de Lydia. Mais visiblement Jean traîne derrière lui un passé un peu trouble. Après une soirée quelque peu mouvementée, nos amoureux rentrent au bercail. Jean reprend son récit.



Nous rentrons à la maison, tendrement enlacés. Les brumes de la nuit ne se sont pas encore dissipées, dans nos têtes. Les perroquets gris du Gabon traversent le ciel teinté de rose et poussent leur cri tonitruant. Ce sont les derniers instants de fraîcheur avant les assauts du soleil qui va bondir au-dessus de l’horizon. La brièveté de l’aurore équatoriale ne cesse de m’étonner.


Je marque une pause à proximité du mur d’enceinte pour admirer la bougainvillée aux inflorescences mauves qui le recouvre. Très décorative, cette plante aux redoutables épines décourage les intrusions. C’est bien plus joli que du fil de fer barbelé.



À regret, j’interromps ma contemplation. Je suis bien. Je regarde Lydia, m’amuse de son impatience.



Et Lydia de courir en me tirant par la main jusqu’au portail gardé par le zamou, le gardien.



Je m’attarde encore un peu pour contempler le jardin où le frangipanier en fleur rivalise de beauté avec un jacarantha aux grappes mauves. Au fond, un majestueux manguier et un avocatier, surchargés de fruits, ploient leurs branches. Plus près de la maison, une petite fontaine où un petit oiseau à la gorge bleue s’ébroue.


Je m’arrache à ma rêverie pour rejoindre Lydia qui m’attend sur le perron. Dans son regard, je lis de la tendresse pour son indécrottable poète, et une petite lueur taquine.


La cuisinière, déjà à ses fourneaux, prépare le déjeuner : même le dimanche, monsieur le Conseiller se lève tôt. Nous nous attablons pour déguster un bol de chocolat chaud avec des belles tranches de pain tartinées de beurre salé. Un délice.



Quelques instants plus tard, je rejoins ma chambre, suivi de près par Lydia. Après une douche bien chaude – je parle de l’eau, car la fatigue n’incite pas aux galipettes – nous nous rejoignons dans le grand lit bleu. Lydia pose sa tête sur ma poitrine.



Après quelques heures de sommeil agité où se mélangent passé et présent, Lydia et le Kasaïen, Massoud et Pierrot, je me réveille en sueur, le cœur battant. Elle, toujours pelotonnée sur moi, dort paisiblement. Je me calme au rythme de sa respiration. Je me peux m’empêcher de caresser ses cheveux crépus. Ma main glisse sur son dos – Dieu, que j’aime sa peau couleur de chocolat, souple et lisse – s’attarde sur ses hanches avant de s’échouer sur sa cambrure, aussi agréable à toucher qu’à regarder. Ses jambes enserrent ma cuisse et sa toison me chatouille. Ce qui attise mon désir, qu’elle ne peut ignorer, placée comme elle est.



Et je replonge dans un sommeil cette fois sans rêve, dont je sors étreint d’une sourde angoisse, d’un sentiment de perte. Lydia n’est plus là ! Je balaye du regard la chambre, vide. Je suis seul. Son contact me manque.



Elle s’approche de moi en roulant des hanches, les yeux brillant d’excitation. Je ne puis me retenir et l’attrape au milieu de la chambre, une fragrance de cannelle et de vanille taquine mes narines. De la main, elle me repousse :



Elle s’est couverte de crème de la tête aux pieds, la petite perverse…


Je commence par lui lécher les oreilles, puis le cou, lui arrachant des gloussements :



Puis je m’agenouille et, partant de la cheville, je monte le long de son mollet, contourne le genou, me glisse entre ses cuisses, puis dévie vers la hanche, délaissant l’entrejambe, malgré l’invite de son compas ouvert. Je renouvelle l’opération plusieurs fois. Je la sens frémir, l’entends soupirer de plus en plus vite, de plus en plus fort. D’abord la jambe gauche, puis la droite, sont ainsi débarrassées de cette crème au goût suave, mais indéfinissable, sans lien avec son parfum. À chaque fois, je m’échoue sur son aine, en effleurant presque sa petite motte, la laissant languissante. Je me fais violence pour ne pas plonger sur ce joli fruit rose et brun, palpitant et luisant de crème et de cyprine.


Je m’attaque ensuite à ses bras, puis à son visage, je butine ses yeux, son front, son nez, le menton, savoure ses joues, évite sa bouche, malgré ses protestations, ses menaces, ses prières.



Sa petite toison est lavée, lissée avec soin. Surtout résister à l’appel de son petit bouton dressé, à la senteur musquée, entêtante, qui couvre celle de la crème ! Héroïque et stoïque, je remonte vers le nombril légèrement proéminent, que je laisse propre comme un sou neuf. Tout son ventre est devenu le terrain de jeu de ma langue, de ma bouche. Elle n’a pas réussi à s’en mettre sur le dos, ouf !


Je la pousse vers le lit, la couche en arrière, les pieds toujours posés au sol.


Maintenant, le plat de résistance avant le dessert, je récure rapidement le haut de sa gorge, puis le pli sous ses seins, je les contourne, les cerne. Je décris des huit, passe de l’un à l’autre, Lydia gémit de plus en plus, s’agite, je dois lui tenir les mains pour l’empêcher de m’imposer le chemin de ma bouche.


Enfin, le téton du sein gauche est en vue, je l’évite, marque de la pointe de la langue l’aréole chocolat foncé. J’attaque l’autre colline. Lydia commence une danse de Saint-Guy, essaie de m’échapper, me traite de pervers.


Quand enfin je me jette sur ses tétons dressés que je torture d’un ballet lingual endiablé, un grognement de satisfaction lui échappe :



Maintenant pour terminer mon repas, un joli abricot au sirop, que je déguste délicatement, d’abord les grandes lèvres, puis les nymphes roses et nacrées, la crème a déjà disparu. Lydia est devenue fontaine de vie et de miel. Je me concentre sur sa grotte, la lèche, la gobe, la mange, la pénètre. Je remonte vers le clitoris frémissant, veux marquer un arrêt, mais ses mains impatientes que j’avais lâchées m’agrippent par les cheveux. Puisqu’on m’y oblige, contraint et forcé, je m’exécute, tète, suce, lèche la petite tige : ça a l’air de lui plaire.



Des deux mains, elle m’attire à elle, m’embrasse à pleine bouche, tandis que sa main s’empare de moi et me guide vers son fourreau. Je m’enfonce avec délice dans un océan de volupté. Comment fait-elle pour que tout en elle soit douceur ? Ses mains : douces et enveloppantes comme du duvet, sa bouche en pétales de rose, sa conque de velours où je me noie…


Je suis submergé par une émotion inattendue, des larmes coulent sur mes joues :



Je vais et viens langoureusement en elle, je lui mordille les tétons, les oreilles, le cou. Ses gémissements m’encouragent. J’accélère le rythme, alternant coups profonds et coups superficiels.


Soudain elle s’accroche à moi et bascule sur le côté, pour finalement me chevaucher.



Tandis qu’elle malaxe mon sexe de l’intérieur, elle se penche au-dessus de moi. Ses seins taquinent mes tétons. Le fruit de ses lèvres charnues dépose sur mon visage des baisers légers comme des papillons. Ses mains glissent sur mes cheveux, sur ma nuque, sur mon torse.


Nos respirations deviennent courtes, hachées. La sueur perle sur nos peaux. Je n’ai jamais ressenti une telle sensualité. Je sens que je viens, lentement, inéluctablement. Je sais qu’elle m’attend – c’est le monde à l’envers. Quand j’explose en elle à longs jets, elle part dans un long cri modulé, puis s’effondre sur ma poitrine, haletante, apaisée.


Le souffle court, je lui dis à l’oreille :



Et le sommeil nous emporte vers un jardin de roses, de vanille et de cannelle.



***************



Vers treize heures, nous émergeons péniblement. Je suis tellement détendu que j’ai de la peine à me lever. Nous nous traînons jusqu’à la douche. Nous nous savonnons l’un l’autre, en nous embrassant et je la serre dans mes bras tendrement d’abord, puis passionnément, l’étouffant presque.


Comblés et repus, la démarche incertaine, nous gagnons la salle à manger pour le repas de midi. Nous mangerons à trois : l’épouse du Conseiller est kibangiste et le culte de cette religion dure tout le dimanche, du matin au soir.


Le père de Lydia arrive peu après nous, un sourire indéfinissable sur les lèvres, le regard pétillant de malice.



Le rappel de mon état-civil a l’effet d’une douche froide.



Pour la fille, ce fut un flop monumental. Mais avec le père, ce fut un coup de foudre humain et humaniste. Il me fit des descriptions enflammées de ce pays magnifique, de ses habitants rudes et fiers, me montrant des centaines de diapositives.

Les vacances suivantes, je partais le rejoindre là-bas. C’était l’époque des batailles de Kaboul, Massoud venait d’être démis de son poste de ministre de la défense. Pierrot le connaissait et voulait absolument me présenter à lui. Je n’étais pas très chaud de rencontrer un de ces chefs de guerre qui ensanglantaient le pays. J’imaginais un géant brutal et inculte, hirsute, bardé de cartouchières. Au lieu de cela, je fis la connaissance d’un homme mince, élégant, raffiné même, souriant, au regard pénétrant, brillant d’intelligence, portant une fine barbe, un treillis militaire et cette coiffe typique des montagnards afghans.

Était-ce mon statut d’occidental, l’amitié de Pierrot ? Toujours est-il que Massoud me prit en sympathie et depuis lors je passai toutes mes vacances en Afghanistan dans la vallée du Panshir, suivant Ahmad partout, souvent près des combats, mais jamais armé. En 2001, je me mariai et ne pus le rejoindre, sinon j’aurais probablement été présent et partagé son destin lors de l’attentat qui lui coûta la vie. Ironie du sort, les assassins portaient des passeports belges et étaient tunisiens comme ma femme… Depuis je n’y ai plus jamais remis les pieds.



La discussion continue à bâtons rompus durant le repas, puis au salon. Confortablement installés, Lydia et moi dans un canapé, son père trônant dans son fauteuil tribal, nous échangeons nos points de vue sur la religion, la philosophie, la politique, la vie en Europe… Les heures passent, rythmées par le tic-tac de la vieille horloge.


Bientôt, c’est l’heure du thé. La cuisinière apporte un plateau garni de biscuits, d’une théière fumante et de trois tasses en porcelaine blanche ornées d’un liseré doré.


Le thé n’est pas encore versé que la porte s’ouvre avec fracas, laissant passage à Madame. Elle rentre étonnamment tôt du culte, ce dimanche. Très agitée, essoufflée, elle nous regarde, puis apostrophe ma douce :



Lydia s’est levée, furieuse, son teint a viré au gris, comme de la cendre. Elle va répliquer quand son père l’interrompt et invective son épouse :



Tête basse, mais visiblement courroucée, elle passe devant nous, lance un regard mauvais à mon ange et s’éclipse dans ses appartements.



Lydia lance un regard suppliant à son père.



Le patriarche prend une profonde respiration, cherche ses mots, puis se lance :



Parmi les sociétés secrètes du Congo, celle à laquelle appartiennent Lydia et sa mère, celle des « sorcières de Kibombo », est parmi les plus anciennes, les plus mystérieuses et paradoxalement les plus connues. Composée uniquement de femmes, guérisseuses, jeteuses de sorts, expertes dans l’art de l’amour, son pouvoir est transmis de mère en fille aînée.

Un lien subtil relie toutes ces femmes, jeunes et vieilles, comme si un même savoir les habitait, comme les éléments d’un même corps. Personne ne peut contrer leurs charmes, celui qui porterait la main sur l’une d’elle connaîtra un sort aussi tragique qu’inéluctable : la morsure du mamba noir, aussi venimeux que le cobra ; elles peuvent transformer l’homme le plus sage en un pantin fou de désir. Mais celui qui aime l’une d’elles, et en est aimé en retour, jouira de la protection de toute la communauté, jusque dans la diaspora.


Il marque une pause, ferme les yeux quelques instants, puis reprend :



Le 3615 est trop animé et je n’ai pas envie qu’on prenne Lydia pour une belle de nuit. Je décide d’aller souper à la Résidence 165 sur le boulevard du Trente Juin, un complexe hôtelier situé du même côté que le 3615, mais quelques kilomètres plus loin en direction de N’Galiema. J’en apprécie la terrasse couverte : un vaste plancher ciré, une cascade dans un coin et surtout de hauts murs, garants de calme et de discrétion. Ici, ni marchand ambulant ni demoiselle à l’affût. De vraies tables avec nappe, un service simple et professionnel, une cuisine délicieuse et raffinée, je recommande, publicité gratuite !


Lydia ne connaissait pas l’endroit et est positivement impressionnée.



Je ne relève pas.


Le repas se passe comme un rêve, le plaisir d’être ensemble, des mets succulents et de la Tembo, une bière brune du Katanga, au fût, bien glacée pour arroser le tout. Lydia me raconte son enfance à Kindu, ses grands-parents à Kibombo, son adolescence et ses études à Kinshasa.



Nous rentrons à la maison relativement tôt. Demain, la réalité me rattrape. Allez, ne pas penser à ce grand tour qui reste à niveler. Ce soir est encore à nous. Nous faisons l’amour doucement, tendrement et sombrons dans le sommeil sans même nous en rendre compte.



(à suivre)