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n° 13718Fiche technique85496 caractères85496
Temps de lecture estimé : 48 mn
21/02/10
Résumé:  Isabelle et Robert s'aiment et brutalement...
Critères:  fh 69 pénétratio
Auteur : Bertrand D  (Rêveur solitaire)            Envoi mini-message
Rupture

Toute la journée le ciel a été d’un bleu éclatant, la température élevée, tempérée par une légère brise. Une journée idéale passée… au boulot.

Robert ne peut s’empêcher de grommeler dans sa voiture. Il est rentré depuis trois jours, de la plage. Détente, baignade, drague et, ma foi, bon bilan comme dirait son banquier. Baratiner de jolies filles, et surtout la dernière, avec laquelle il a passé une dizaine de jours. Belle, pas emmerdante et de plus elle habite à l’autre bout de la France.

Cet intermède agréable lui avait fait oublier le boulot et surtout Catherine, la secrétaire de la boite. Mais elle a su se rappeler à lui !



Il doit reconnaître, elle est jeune, jolie, gentille, la femme idéale pour faire le bonheur d’un homme, d’accord. Le seul ennui, c’est qu’elle a fixé son choix sur moi. Mais sans me consulter, car moi, je ne suis pas d’accord. Elle me tourne autour en permanence. Par exemple, elle m’a offert des caramels dès qu’elle a su que je les adorais. J’ai été obligé de m’en passer, de lui dire que mon dentiste me les avait interdits pour qu’elle cesse.

D’accord pour coucher avec elle, elle est peut-être bonne, c’est à voir. Mais si je cède, elle me tiendra et pas moyen de m’échapper. D’autant que c’est la nièce du patron et que dans ce cas, ce sera l’alternative : la bague ou la porte, et je tiens trop à cette place !

J’espérais que pendant les vacances elle aurait trouvé un jules. Mais non, elle est revenue toujours décidée à me capturer. Lundi, elle me saute au cou, m’embrasse et m’offre un chalet plein de bonbons :



À vingt et un ans je ne vais pas me mettre la corde au cou ! D’accord, un jour peut-être, mais pas encore et surtout pas avec elle.


Une place dans la rue, à deux pas de chez moi, formidable.

Habiter au quatrième et dernier étage sans ascenseur, tout le monde vous dira que c’est pénible, c’est vrai, mais au moins, on y est tranquille. D’autant qu’il n’y a que deux locataires par palier. J’avais jusqu’à présent comme voisine, une gentille petite vieille de soixante cinq ans. Je la dépannais, lui faisais quelques courses pour lui éviter de descendre inutilement. Je réparais les petites bricoles de son appartement. En échange elle me préparait de petits plats, reprisait mes vêtements : presque une maman. Et surtout discrète ! C’était parfait. Mais elle a eu un malaise le mois dernier en montant : son cœur a fait une pause sur le palier du deuxième. Heureusement la voisine l’a entendu tomber. Son cardiologue lui a interdit les efforts et lui a imposé d’habiter un rez-de-chaussée ou un immeuble avec ascenseur, interdite d’escalier. Il a fallu qu’elle déménage, quitte l’appartement qu’elle occupait depuis plus de trente ans.

Avant de partir, un soir, elle m’a invité à manger, et nous nous sommes dit adieu. Elle va auprès de ses enfants, à plus de trois cent kilomètres, nous ne nous reverrons plus. C’est dommage, quelquefois, quand elle m’entendait arriver, elle m’invitait, sans motif. Nous parlions, buvions le café, elle avait toujours quelques biscuits en réserve.

Maintenant il ne me reste plus que Nicolas… et Christine. Nous étions trois bons amis et avons fait de nombreuses virées. Mais malheureusement elle a choisi Nicolas, ils se sont mariés et elle est enceinte. Certes je suis toujours le bienvenu chez eux, mais ce n’est plus comme avant.

Le dimanche je vais parfois en randonnée, quand la soirée de la veille n’a pas été trop… fatigante. Ou alors ordinateur et bouquins. Parce qu’aller tout seul en boite, ce n’est pas terrible. Et pourtant c’est mon terrain de chasse habituel.


Le logement n’est pas resté longtemps libre. En rentrant, la semaine dernière, j’ai vu le palier encombré de cartons vides. Quelques minutes plus tard, claquements rapides de talons, une femme jeune et sûrement sportive, à la vitesse où elle grimpe. Et j’ajouterai même : avec du caractère.

Avant-hier, on frappe à ma porte. Inutile de se demander qui est derrière. Je m’y attendais un peu et pour une fois j’avais enfilé un survêt correct.



Bonjour, enchanté, entrez donc !

La surprise est agréable ! Oh, pas une fille de publicité, une femme, une vraie, bien à mon goût.



Euh… d’accord, merci, je me change et j’arrive.

Venez comme ça, nous ne sommes que tous les deux, venez. »

Sympa, et décidée. Je la suis, tirant seulement la porte.



Personne ne monte jusqu’ici, et puis, on l’entendrait. »

Elle me fait entrer dans la pièce que la mamé appelait sa salle à manger. Meubles modernes, bien arrangés, mais ce qui m’intéresse ce n’est pas le mobilier, mais plutôt la locataire. Pendant qu’elle me sert, que nous bavardons, je la mate.

Vraiment chouette.

Certes, elle doit avoir pas loin de trente ans, mais a conservé tous ses atouts. Le visage est plaisant avec ses petites fossettes, les cheveux châtains courts, un peu bouclés. Les seins ne sont pas très volumineux mais paraissent fermes dans son polo, au-dessus d’une taille bien marquée, s’élargissant sur des fesses… magnifiques. C’est la partie la plus remarquable de l’ensemble, emballée dans une jupe moulante, s’arrêtant juste au-dessus des genoux.



Elle éclate de rire et dit :



Nous sourions tous les deux, pas de problème, ce n’est pas une pimbêche.

Et ainsi, pendant une demi-heure nous discutons de tout et de rien. Elle est assez discrète, n’indique ni son âge, ni son emploi, fait allusion à ses parents habitant un village assez éloigné, sans en donner le nom.

Adoptant la même attitude, je reste vague, nous verrons plus tard.

Je la quitte un peu à regret, mais c’est pas mal pour le premier jour.


Le lendemain matin, départ comme à l’ordinaire à sept heures et demie. À peine sur le palier, la porte d’en face s’ouvre.



Très bien merci, et vous ?

Ça va »

Nous descendons rapidement, nous séparant sur le pas de la porte.

Ce matin je ne l’ai pas vu. J’aurais bien aimé, ça m’a manqué.


Nom de dieu ! De l’eau qui coule sur les marches de l’escalier. J’ai du oublier de fermer un robinet !

Non, cela ne provient pas de chez moi, ça sort de sous la porte de la voisine ! Et savoir où la trouver ! Une seule solution, couper l’eau de l’immeuble, sinon tout le monde va profiter de l’inondation.

Ça proteste un peu, mais enfin les voisins ont compris l’urgence de la mesure. Pourvu qu’elle revienne vite ! Le gamin du second descend l’attendre à l’entrée pour la prévenir.

Un galop de talons affolés annonce l’arrivée de la responsable. Elle bondit, ouvre la porte qui libère le reliquat d’eau.



J’entre derrière elle, ferme la porte qui cache la trappe de la niche, et coupe l’eau. Puis redescend en vitesse rouvrir le robinet général.

À son arrivée sur le palier, elle m’attend.



Immédiatement, je constate que c’est la machine à laver.



Naturellement, tout va bien, plus de fuite. Simplement, il faudra changer le tuyau, mais d’abord sécher le sol de l’appartement.



De retour en short afin de ne pas mouiller mes vêtements, avec des serpillières. Elle apparaît en minijupe, pour la même raison.

Pendant deux heures, à quatre pattes, nous arpentons le logement, raclant, essorant. À un moment, elle se penche pour essuyer sous le lit, le spectacle est charmant : son cul tend la jupe qui remonte, ses fesses sont bien rebondies. Un instant apparaît même l’éclair blanc de sa culotte.

Je m’arrête admirant le spectacle. Surprise par le silence, elle tourne la tête et comprend immédiatement le motif de l’arrêt. Elle sourit, mais reprend sa tâche, sans un geste pour rectifier sa tenue. Un peu confus de me voir découvert, je poursuis le séchage.

Deux heures après, épuisés, nous nous redressons, les mains sur les reins.



Naturellement c’est faux, il n’y a aucun danger.



Et voilà, je l’ai amené sur mon terrain, je joue à domicile.

J’ajoute à la pizza un peu de charcuterie, quelques fruits. Puis le café.

À onze heures, elle est partie, a déposé un rapide baiser sur ma joue, et, sans me laisser le temps de réagir, s’est échappée en courant, me disant merci.

La soirée a été certes un peu pénible j’ai manqué le match de l’équipe de France, mais ça valait le coup. En principe, je vais tenter ma chance, elle est vraiment sympathique.


Le lendemain matin, Robert se presse, attendant l’heure de départ à l’écoute derrière sa porte voulant la rencontrer, comme par hasard.

Mais c’est sept heures et demie, il faut y aller, tant pis !

À peine est-il sur le palier que la porte d’en face s’ouvre.



Il éclate de rire, réalisant qu’elle a utilisé son stratagème.



Elle sourit à son tour, l’embrasse sur les deux joues.



Tous deux sont descendus rapidement se séparant sur le pas de la porte.



Le soir, à peine arrivé du boulot, il a frappé à la porte en face. Rien, elle n’est pas encore là. À peine a-t-il eu le temps de se changer qu’il entend un claquement rapide dans l’escalier : c’est elle. Un petit coup à la porte, elle ouvre.



Comme elle, il est entré directement. Elle sort de sa chambre, rajustant un polo sur sa minijupe de la veille.



À quatre pattes, il rebranche le tuyau. C’est rapidement fait, mais il reste accroupi, Isabelle passe près de lui et à chaque fois il voit le haut des cuisses, et elle le sait.

Pour atteindre, je ne sais quoi dans un placard haut, elle s’est placée, jambes écartées proche de Robert. Cette pose est soit une invitation, soit une provocation. Saisissant les chevilles des deux mains, il remonte la tête dans le compas ainsi ouvert.



Mais elle ne s’est pas fâchée. Robert a obéi, s’est redressé, s’est placé derrière elle, a posé les mains sur les fesses, soulevant la jupe.



Mais je ne te tiens pas les mains, tu peux travailler »

Chacun a poursuivi ses occupations : cuisine pour l’une, massage pour l’autre. Après quelques secondes, elle s’est retournée.



Ce « d’abord » est plein de sous entendus et de promesses. Le repas s’est déroulé en silence, chacun regardant l’autre, lui souriant, songeant à la suite à donner aux prémices. En esthètes, ils font durer ce temps, sachant bien quelle serait l’issue de la soirée.

En commun, ils ont débarrassé la table, s’installant cote à cote dans le divan.



Elle lui a fermé la bouche d’un baiser voluptueux. Immédiatement il a compris que ce ne serait pas lui qui mènerait la danse. Leurs lèvres sont restées longtemps jointes, les mains d’Isabelle bloquant la tête de son partenaire. Il a glissé les mains sous le polo, trouvant la fermeture du soutien-gorge. Elle a décollé son dos du dossier pour lui faciliter la tâche. Ainsi il a pu atteindre la poitrine libérée. Desserrant son étreinte, elle s’est laissé dépouiller des vêtements qui masquaient son torse. Se soulevant légèrement, elle l’a incité à continuer son agréable travail.

Nue, elle s’est redressée, l’a pris par la main, et comme un enfant l’a amené dans sa chambre. Comme un gosse, elle l’a déshabillé, éprouvant quelques difficultés à descendre le caleçon accroché à un mât bien dressé.

Allongée en travers du lit, jambes pendantes, écartées, elle s’est offerte attendant pour juger de son comportement. Pressé, comme un débutant, cherchant à vite profiter de sa proie, attentionné comme un expert ou tout simplement classique ? Rien. Seulement un regard admiratif qui vaut tous les compliments. Se mettant à genoux, il a posé ses lèvres sur la mousse déjà humide. Lentement la langue a fouillé pour dénicher la petite framboise, l’a nettoyée, chatouillée, pendant qu’un doigt s’introduisait dans la grotte mouillée.

Une légère plainte l’a rassuré, deux mains sont venues se poser sur sa tête pour guider, presser, activer cet instrument de plaisir. La plainte est devenue gémissement, qui s’est amplifié, puis un bref cri, une contraction et une source est venue abreuver la bouche quémandeuse.

Les mains ont empoigné les cheveux et ont remonté les lèvres pour goûter à la saveur féminine. Nouveau baiser, épicé à présent. Entre ses jambes, elle sent l’outil qui va la labourer. Mais Robert est fasciné par ces seins, qui émergent sur ce torse. Il en agace les pointes, avec les doigts, avec les dents provoquant des frissons dans tout le corps.

Elle éloigne la tête, se redresse, amène son partenaire à s’allonger sur le lit. Elle admire alors le sexe dressé, le prend en main, le manipule, penche son visage pour d’abord l’admirer, le lécher, puis l’absorber.

Immobile, Robert apprécie cette caresse merveilleuse, prodiguée par une experte. Il sent monter le plaisir, halète, se dégage de ce délicieux piège. Pas besoin de mots pour qu’elle comprenne qu’il désire une union plus totale.

Mais le bonheur ressenti ne lui fait pas perdre l’esprit. Saisissant sur la table de nuit l’accessoire préparé, elle pare l’outil d’une protection.

Elle grimpe sur la couche, s’allonge sur son prochain amant, mettant en place le sexe dans son antre, se laissant descendre lentement, à fond, jusqu’à ce qu’ils ne forment plus qu’un seul corps.

Immobile, elle attend un peu que se calme le paroxysme du désir de son partenaire. Puis elle commence le balancement, lent, régulier. Robert la laisse mener le jeu un moment. Mais vient le temps où il sent à nouveau la sève monter en lui. Saisissant les hanches féminines, il indique la cadence à sa partenaire. À grands coups elle monte sortant presque l’épée du fourreau pour la renfoncer immédiatement après.

À ce rythme rapide, il ne peut tenir longtemps et bientôt explose, déclenchant un nouveau plaisir chez sa maîtresse.

Ils sont retombés cote encore enlacés, les corps se détachant d’eux mêmes. Silencieux, ils apprécient le plaisir ressenti.



Ils sont allés se doucher puis ont regagné le lit, rien que pour le plaisir d’être ensemble. Pourtant, après un long moment elle lui a dit :



Dépité, Robert n’a rien dit. Il l’a embrassé amicalement puis est sorti tout nu, ses vêtements sous le bras.

Il lui a fallu longtemps pour s’endormir. C’est vrai, il se faisait un cinéma, une femme aussi belle sympathique et experte à portée de main. Pourtant, elle l’a bien prévenu : pas d’engagement, pas de lien. Et il l’a approuvée.

Le lendemain matin il est parti normalement, ne l’attendant pas, sans frapper à sa porte. C’est son intention de lui montrer qu’il lui laisse sa liberté.

Le jeudi soir, quand il l’a entendu rentrer, après un long moment il est allé frapper à sa porte. Elle l’a reçu gentiment, en souriant, l’a embrassé, en camarade.



La réponse évasive d’Isabelle, ne l’a pas surpris, il la pressentait. Comme un jeune, il s’était emballé. Mais c’est une femme mûre qui a de l’expérience. Elle lui précise ainsi que c’est elle qui décidera et quelle sera la nature de nos rapports.


Pour la première fois de son existence, Robert est dubitatif, perplexe. Lui qui tient tant à sa liberté, pense à une seule femme. Et cette hypothèse ne lui paraît plus illogique aujourd’hui. C’est probablement la preuve que je mûris, se dit-il.

À l’entreprise, quand Catherine l’a abordé sur un ton enjoué, il lui a répondu gentiment ; mais devant son air distrait, absent, elle a compris qu’il valait mieux ne pas insister.

Et pour la première fois depuis for longtemps, il est resté solitaire tous le week-end. Lui, l’homme terre à terre, s’est retrouvé rêvant, imaginant des hypothèses folles.


Le lundi soir, c’est elle qui est venu frapper à sa porte.



Il ne voulait pas la relancer, attendant un signe d’elle. Il l’imaginait peut être impatiente de le revoir. Elle est venue, simplement en voisine, en amie.

D’ordinaire, c’est lui qui prépare ses repas, souvent des surgelés. Mais cette fois, il est passé chez le traiteur et a choisi un bon menu. La table a été parée et quand elle a frappé, il était fin prêt.



Le repas a été animé, ils ont beaucoup parlé de cinéma, musique, un peu de politique, mais rien sur leur vie privée. Il a compris qu’elle voulait dresser une barrière.

En prenant le café sur le divan, Robert s’est fait entreprenant.



Une heure a passé sans qu’ils s’en soient rendu compte. L’un contre l’autre ils étaient bien. Et cette intimité, toute amicale, a détendu Robert.

C’est Isabelle qui lui a rappelé l’heure tardive.



Désormais l’habitude est prise, le soir en rentrant, de frapper à la porte d’en face et d’entrer si l’autre est déjà là. Un simple bonsoir, quelques mots. Parfois, ils mangent ensemble, et finissent à cette occasion la soirée par un moment agréable.


Noël approche. Robert comme les autres années, va se retrouver seul, depuis que sa mère est morte il y a trois ans. Quant à son père, il a quitté le foyer alors qu’il avait deus ans. Il ne l’a jamais revu, il serait d’ailleurs incapable de le reconnaître.

Jusqu’à présent, il allait passer la soirée en boite, réveillon, retour souvent accompagné. Cette année, il rêve d’emmener Isabelle avec lui. Et au début décembre, un soir après une étreinte particulièrement passionnée, il en parle à sa partenaire.



Et elle lui montre que, malgré son âge, elle est encore capable de reprendre le combat.


Le mois de janvier a été particulièrement froid. La neige est tombée, bloquant les routes.

Un mercredi soir, Robert est surpris d’entendre frapper à sa porte. Isabelle est devant lui, le visage un peu triste.



Ils ont mangé et après le café se sont installés dans le divan. Robert à compris que la soirée n’était pas à la bagatelle. La tête d’Isabelle est venue s’appuyer sur son épaule. Ce dernier, mal à l’aise a entraîné sa partenaire dans la chambre. Ils se sont allongés cote à cote, tout habillés se couvrant d’un vaste couvre lit.

La tête posée sur l’épaule de Robert, elle s’est serrée contre lui. Sans bruit, elle a pleuré longtemps puis s’est endormie. Il a dégagé son bras ankylosé et a sombré lui aussi.

C’est le réveil qui les a surpris cote à cote. Se redressant sur le coude, il a regardé la tête étonnée de Isabelle, se demandant où elle se trouvait.



Ils ont souri, elle a regagné rapidement son appartement.

Malgré le mauvais temps, Robert est heureux. Elle est restée avec moi toute la nuit, se dit-il. Il est vrai que les circonstances étaient un peu particulières, mais j’aimerais la trouver près de moi tous les matins.


Les routes ont été dégagées et le week-end Isabelle est rentré chez ses parents.

Le lundi soir, en rentrant Robert s’est précipité pour prendre des nouvelles. Elle l’a rassuré sur la santé des siens et par la même occasion l’a invité à manger.

La soirée s’est terminée par une séance très tendre, mais aussi très chaude. Après un moment de tendresse, il s’apprêtait à partir.



Ils sont restés nus, enlacés sous la couette.

Elle s’est réveillée la première, gênée par le contact d’un corps. Elle s’est souvenue de son invitation de la veille.

Elle a décidé de faire émerger son compagnon d’une manière agréable. Se glissant doucement sous la couette, elle a saisi doucement le sexe au repos, lentement l’a pris en bouche. Le léchant comme un bonbon, il a rapidement pris des dimensions telles qu’elle n’a pu tout garder. Alors, consciencieusement, elle a entrepris de procurer un grand plaisir à son amant.

Robert, rêvait que sa maîtresse lui prodiguait une caresse qu’il apprécie particulièrement. Mais le plaisir devenant tellement fort il s’est éveillé, surpris du lieu et surtout du fait qu’il n’avait pas rêvé. Sentant venir son plaisir, il a plongé ses mains sous la couverture pour éviter de souiller sa maîtresse.

Mais, cette dernière, obstinée, a refusé de lâcher le morceau qu’elle avait déniché.

L’explosion inévitable a trouvé un réceptacle à peine suffisant. Pourtant quand la tête féminine est apparue, aucune trace des dégâts provoqués.

Robert lui a prodigué un baiser voluptueux, goûtant pour la première fois son sperme.



Ils ont éclaté de rire, se sont préparés.

Pour plus de commodité, chacun a confié une clé de son appartement à l’autre.

Robert est fou de joie : elle l’a accepté toute la nuit, elle a pris une initiative particulièrement agréable au réveil, et surtout l’a menée jusqu’au bout de cette manière, pour la première fois ! Il voudrait pouvoir coucher, vivre avec elle. Pour la première fois elle a agit en contradiction avec ses principes. Peut-être éprouve-t-elle pour moi le sentiment que j’ai pour elle : l’amour.


Le printemps est assez précoce cette année.

Depuis la nuit torride qu’ils ont partagé, ils ont pris l’habitude, lorsqu’ils mangent ensemble de terminer leur soirée en se prouvant leur amour et surtout de terminer la nuit dans la même couche.

Robert lui a avoué que lui, d’ordinaire si versatile, n’avait plus eu d’autre femme depuis qu’il la connaissait. Cette révélation a amené un grand sourire chez Isabelle. Depuis, rassurée, elle accepte un rapport direct, sans protection.


L’été approche et, comme tout un chacun, ils pensent, chacun de leur côté à leurs vacances. Robert les voudraient communes, mais il sait déjà qu’elle les passera en majorité en famille, loin de lui. Mais vivre quelques jours ensemble l’enchanterait.

Courant juin, lors d’un dîner, d’un air innocent, il a indiqué la date de ses congés, elle lui a indiqué la période des siens.



L’idée de rester séparés tout un mois désespère Robert. Il décide de lui demander de vivre totalement ensemble, de s’unir par la vie, de se marier.

Au retour des fêtes de Pentecôte, après une soirée particulièrement brûlante, tous deux nus, cote à cote, il ose :



Un grand silence, Isabelle se lève sur le coude, le regarde et dit d’un air très doux :



Il est à demi satisfait, il a fait sa demande. Comme il le prévoyait, elle a refusé de s’engager. Toutefois, elle n’a pas rejeté formellement sa proposition.

Pendant une quinzaine de jours, aucune allusion n’a été faite à cette offre. Robert n’ose pas aborder à nouveau le problème. Bientôt le 14 juillet.

Un soir, elle frappe à sa porte :



Il a compris le sens de cette invitation : elle va répondre à son offre, mais dans quel sens ?

C’est un véritable souper fin, la table est très joliment décorée.

La conversation a été animée, mais aucune allusion aux noces possibles.

Ils se sont retrouvés dans le lit et se sont prouvé avec passion leur amour. Enfin calmés, couchés l’un prés de l’autre, après un long silence Isabelle lui a dit :



L’été a été superbe, Robert, contrairement à ses habitudes a renoncé à la plage, est parti à la montagne pour marcher, être au calme et surtout réfléchir. Beaucoup de monde sur les sentiers, des jeunes, plutôt sportifs, en groupe, seuls ou en couple. Des occasions de draguer, mais il n’en éprouve pas le besoin, plongé dans son rêve.

Parfois, il s’arrête pour contempler le paysage, et surtout se plonger dans ses pensées. Un après-midi il est assis, immobile, au bord du chemin. Un « Hello », le tire de son rêve. Deux filles magnifiques sont arrêtées devant lui, il ne les avait pas vues venir.



Il éclate de rire.



Ils sont repartis tous les trois. Arrivés au refuge, il fait bien des envieux parmi les males. Après le repas partagé, ce sont elles qui lui proposent une promenade dans les alpages.

L’herbe fraîche d’un pré les a accueillis. Elles l’on dépiauté comme un lapin, admirant au passage sa musculature, mais surtout son engin de taille respectable. Elles se sont déshabillées rapidement.

Festival de baisers sur la bouche avec l’une pendant que l’autre s’occupe du bas. Puis inversement. Elles l’abandonnent un instant et se font des gâteries, couchées l’une sur l’autre s’embrassant. Il profite du magnifique spectacle des deux culs exposés, les goûtant l’un après l’autre, ses doigts allant dans tous les orifices, les habituels et les interdits sans protestation d’aucune sorte de leurs propriétaires. N’en pouvant plus il vient par-dessus le couple et pénètre un vagin accueillant. Il ne sait lequel, mais connaît un plaisir formidable à le fouiller. Pourtant une main se saisit de son sexe et le place dans un autre logement tout aussi hospitalier. Il est obligé de ralentir car il sent monter sa sève. Ce n’est pas du goût de ses partenaires qui s’emparent à nouveau de l’outil et le guident un peu plus haut, face à l’entrée de service. Il y pénètre sans grand effort. Jamais il n’avait exploré un tel lieu. C’est un plaisir nouveau, différent, mais aussi voluptueux. Tous ces changements de nid l’ont poussé à bout et il se vide dans ce réceptacle.

Constatant que l’outil a perdu de sa superbe, à tour de rôle, l’une s’emploie de la bouche à le ranimer, pendant que l’autre la câline. Ce traitement, la vue de ces deux corps se caressant, a eu un effet revigorant. Celle qui n’avait pas profité du don de sperme vient, face à lui, s’empaler sur la tige dressée. L’autre se place face à sa compagne, l’embrassant et présentant à la bouche de Robert son entrejambe odorant et mouillé.

La bacchanale a duré une partie de la nuit. Ils sont rentrés au chalet, les deux filles encadrant Robert un peu chancelant.

Le lendemain matin, il s’est éveillé alors que le soleil était déjà haut dans le ciel. Tous les randonneurs étaient partis, ses compagnes ayant sûrement jeté leur choix sur une autre victime, probablement consentante.

Il a passé la journée à se reposer au soleil, n’est reparti que le lendemain matin.


Impatient de connaître la réponse à sa demande en mariage, il est revenu trois jours plus tôt que prévu, espérant un retour avancé d’Isabelle. En vain.

Il lui a fallu reprendre le travail. Pas de signe de vie le premier jour, ni le matin, ni le soir. Le lendemain en rentrant, il ouvre sa boite aux lettres, une enveloppe non adressée. À l’intérieur une clé, celle de son appartement.

Stupéfait, réalisant la signification de ce message, il est monté en titubant. Immédiatement il va prendre la clé de sa voisine et tente de pénétrer chez elle. La serrure a été changée.

Affalé sur son divan, il réalise la signification de ce geste : un refus net et définitif au projet matrimonial, le refus de poursuivre leur liaison, le tout, sans un mot d’explication.

Le lendemain matin, il est parti au travail comme un zombie. Et, lui d’ordinaire si prudent et attentif, s’est blessé par étourderie. Grosse entaille à la main, transport à l’hôpital, soins, points de suture, une semaine d’arrêt de travail. C’est Catherine qui l’a reconduit chez lui.


Après cet accident, Catherine, toujours amoureuse, mais voyant sa détresse a repris espoir mais sans toutefois l’importuner.

Robert a cherché à retrouver Isabelle. Son portable est resté muet. Ignorant son lieu de travail, sa profession, le nom du village des ses parents, c’est une tâche impossible. Recherche dans les pages blanches de l’annuaire, sur Internet : rien que dans le département, le nombre de « Martin » est impressionnant, et pourtant aucune « Isabelle Martin ». Son téléphone fixe est probablement sur liste rouge.

Après un mois de vaines recherches, il a abandonné.

C’est un homme d’une cinquantaine d’année qui est venu occuper l’appartement libéré. Discret, il ne dérange pas Robert, à présent taciturne.

***

Quatre ans ont passé, Robert se consacre exclusivement à son travail. Il est tellement sérieux, appliqué et de plus compétent, que le patron lui a accordé une promotion, il participe maintenant à l’étude des commandes, dessinant les pièces qu’il réalise avec ses compagnons à l’atelier.

Le week-end quelquefois il ramène une fille, mais par simple hygiène sexuelle. Catherine commence à reprendre espoir de voir se réaliser son rêve : séduire Robert.


Le soudeur a passé quarante ans dans la boite, aujourd’hui, il part en retraite. Le personnel au grand complet est venu fêter son départ. Une collecte, avec sérieux appoint de la direction, a permis de lui offrir un lointain voyage avec son épouse. Très ému, il remercie tout le monde et invite les participants à trinquer avec lui.

Pour remercier le retraité qui lui a beaucoup appris, Robert accepte de porter de nombreux toasts. D’ordinaire, il boit très peu. En fin de soirée il est affalé sur une chaise, assommé par l’alcool. Catherine, très serviable, profite de l’occasion pour le soutenir jusqu’à sa propre voiture pour le raccompagner. Mais pas question de hisser une charge de quatre vingt kilos au quatrième étage. Elle l’amène chez elle, dans son studio au rez-de-chaussée.

Le lendemain matin, une odeur de café chaud tire Robert de son abrutissement. Il ouvre les yeux, découvrant Catherine en nuisette, lui proposant sur un plateau, une tasse de café chaud et un verre avec analgésique effervescent.

Mécaniquement il avale le remède puis la tasse de café et s’affale à nouveau sur le lit. Elle vient le rejoindre et se serre contre lui.

Il réalise alors qu’il s’est fait piéger d’une manière imparable. Fataliste, il décide de céder à celle qui le poursuit depuis si longtemps.

Le week-end a été merveilleux… pour elle. Lui, s’est laissé manipuler, choyer, soigner. Le soir, quand elle s’est approchée de lui, il a accepté de lui faire l’amour, mais n’oublie pas de se couvrir toutefois. Le manque d’expérience amoureuse de sa partenaire lui a prouvé qu’elle s’était conservé fidèle… par avance ! Mais par contre, pour lui, quelle déception !

Il n’est rentré chez lui que le dimanche soir pour se changer. C’est elle qui l’a conduit, sa voiture étant resté devant l’usine. Et quand elle l’a suivi, il n’a pas osé la repousser. Elle est restée, ils ont fait l’amour, toujours aussi mal.

Le lundi, la face rayonnante de la secrétaire indique à tous qu’elle a réussi son challenge. Désormais, le soir ils partent ensemble vers le studio féminin. En parfaite maîtresse de maison elle lui prépare des petits plats délicieux. Mais après le repas, il ne tente pas de profiter des avantages de sa compagne. De son coté, Catherine ne cherche que rarement à concrétiser son amour. Et c’est de la manière la plus classique, sans prendre aucun plaisir, la présence de Robert suffit à son bonheur. Après le repas, il rentre souvent chez lui, prétextant le besoin de vêtements.


Ils vivent ainsi, à la vue de tous : c’est un couple normal.

Quatre mois ont passé, Robert vient tous les soirs. Pourtant, le voyant de plus en plus distant, désirant le garder auprès d’elle, elle s’offre un jour, dans une nuisette très affriolante. N’ayant pas fait l’amour depuis plusieurs jours, Robert accepte de l’honorer.

Il l’a voulue nue, elle a protesté, mais finalement cédé, se glissant rapidement dans les draps. Il n’a pas éteint la lampe, l’a découverte, puis lui écartant les jambes, a voulu goûter à ce sexe qu’il n’avait jamais vu jusqu’à présent.



Consciencieusement il tente de débloquer sa partenaire. Mais elle est tellement crispée qu’il n’y parvient pas. Écœuré, il remonte vers elle, veut l’embrasser, mais elle refuse énergiquement :



Fou de rage il lui dit,



Elle s’est redressée d’un bond, est partie s’enfermer dans la salle de bain. Robert est partagé entre deux sentiments contraires : le dépit de n’avoir pu se soulager, le fait d’être débarrassé de sa compagne.

En effet, leur couple s’est disloqué. Toutefois, avant de la quitter définitivement, il a tenu à se justifier :



Depuis cette discussion, leurs rapports on changé. Ils ne vivent plus ensemble, mais sont restés amis. Souvent, ils sont amenés à travailler en collaboration et chacun apprécie le sérieux, la compétence de l’autre.


Robert va fêter ses trente ans, toujours seul. Un soir, alors qu’il rêve devant sa télé, le téléphone sonne. Il sursaute, c’est tellement rare que quelqu’un le dérange de cette heure ci.



Intrigué, il ne lui a fallu que quelques minutes pour se rendre chez son interlocutrice. La porte s’est ouverte dès son coup de sonnette, on l’attend. Une femme d’une quarantaine d’année l’invite à entrer.



C’est une enveloppe blanche, tout à fait ordinaire. Il la décachette, une feuille de papier avec l’écriture… d’Isabelle !



Quand tu ouvriras cette lettre, je ne serai plus là.

Ma rupture brutale autrefois, a dû te surprendre et surtout te blesser. Je ne pouvais te donner les raisons de ma décision. Mais maintenant que je suis partie, tu peux connaître la vérité. Brigitte pour qui ne n’ai aucun secret, va tout t’expliquer.

Je t’ai aimé jusqu’à mon dernier jour. Adieu.

Isabelle. »

Foudroyé, il s’écroule sur une chaise. Son hôtesse comprend que le contenu de la missive doit être très important.



Sans un mot, il lui tend la lettre. Un peu surprise elle l’a prend, l’a lit. Elle aussi s’assied, sans un mot.

Pourtant, devant le mutisme de Robert, elle essaye de lui expliquer.



Robert s’est retrouvé chez lui, sans avoir eu conscience du parcours de retour.

Ainsi, elle ne l’avait pas oublié. C’est sûrement un évènement grave qui a imposé la rupture. Mais il ne saura jamais lequel.

Il ne peut dormir. Il réfléchit. Si seulement il pouvait savoir où elle repose, il pourrait au moins, se recueillir sur sa tombe. Il réalise d’un coup : les pompes funèbres ! Puis il chute dans un gouffre noir dans lequel Isabelle l’appelle.

Le lendemain il a téléphoné et déniché l’entreprise qui avait enlevé les corps du lieu de l’accident. S’absentant un moment de son travail, il est allé voir pour demander le lieu d’inhumation d’Isabelle. La secrétaire a d’abord refusé, puis devant sa détresse s’est laisser apitoyer.

Le lendemain étant samedi, il est allé l’après midi, avec un bouquet de fleurs, au cimetière du village d’Isabelle.

Inutile de le chercher, de grands cyprès à la sortie de l’agglomération, seuls arbres parmi les vignes, le signalent mieux qu’un panneau routier.

La porte est entrouverte. Il craignait d’avoir à faire de difficiles recherches. Mais un tombeau avec de nombreuses fleurs signale un ensevelissement récent. Il s’approche. Les rubans ornant les gerbes un peu flétries, le renseignent :



Longtemps, il reste là devant, immobile. Ses souvenirs remontent, il ne peut imaginer ce corps qu’il a tant aimé, brûlé, en décomposition.

Tout à coup, réalisant qu’il était là depuis plus d’un quart d’heure, il se retourne et sort. Une jeune femme le regarde, intriguée par une si longue immobilité. Passant près d’elle, il lui adresse un petit sourire triste, afin de la rassurer.

La vie a repris. Longtemps au fond de lui, il espérait que peut-être un jour il retrouverait Isabelle, qu’ils pourraient à nouveau s’aimer. Mais maintenant c’est fini.

La Toussaint approche, Robert a décidé de revenir sur la tombe d’Isabelle. Cette fois-ci, beaucoup de monde dans le cimetière. Il a pris des fleurs, voulant apporter un témoignage à celle qu’il aime encore.

Il reste un long moment devant le tombeau marqué à présent par une plaque au nom d’Isabelle. Inconsciemment il sent une présence près de lui. Il s’écarte légèrement, un homme d’une cinquantaine d’années vient lui aussi déposer un pot de fleurs. Leurs regards se croisent.



Ils se sont séparés en se touchant la main. Dans l’allée conduisant à la sortie, derrière lui, un garçonnet court également vers le portail. Un jeune adolescent, parvient à l’arrêter. Les autres visiteurs, probablement du village, suivent du regard cet étranger.

Il a regagné sa voiture garée à l’entrée du chemin, mais n’est pas reparti immédiatement. Il est trop malheureux. Pourquoi le sort l’a-t-il séparé de celle qu’il aimait plus que tout ?

Les visiteurs sont nombreux et défilent le long de l’allée. Une silhouette attire son attention : le frère d’Isabelle s’avance accompagné d’une femme et de leurs enfants. Le petit garçon qui courrait dans le cimetière, le jeune homme qui l’a arrêté, de dix huit ans environ et une fille de treize ou quatorze ans. Probablement la famille.

Robert aurait voulu parler avec le frère d’Isabelle, mais il n’a pas osé. D’autre part, il ignore ce qu’elle lui avait révélé des leur relation, elle qui était si secrète.

La vie a repris comme avant. Pourtant Robert est frustré de n’avoir pu connaître le secret d’Isabelle. La seule possibilité d’être informé serait d’interroger la famille. Mais il n’ose pas aller les trouver, craignant de violer leur intimité.

Pourtant un samedi, il décide de retourner au village. L’alibi sera de fleurir la tombe, mais il essaiera de retrouver – comme par hasard - le frère d’Isabelle, de lui parler.

Il s’est garé dans le village, pas très loin du cimetière. Puis, le bouquet à la main, il s’est dirigé vers son but. Si, quelqu’un de la famille me voit passer, peut-être m’abordera-t-il ?

Mais malgré un temps assez long passé devant le tombeau, personne n’est apparu. Tout juste une employée municipale probablement, qui nettoie les sépultures, range les arrosoirs mis à disposition, mais qui ne lui prête pas attention.

Robert est rentré déçu, désespéré même. Personne ne l’a remarqué, à croire que le village était désert. Il est vrai qu’en ce mois de décembre il fait froid et tout le monde reste tapi au coin du feu.

Ce soir, son moral est au plus bas. Comment éclaircir le mystère qui entoure le comportement d’Isabelle, les raisons de son refus de l’épouser. Les yeux sont rivés à l’écran de l’ordinateur, mais il ne le voit pas. Deux jours qu’il est allé là-bas sans résultat.

La sonnerie du téléphone le tire de ses pensées.



Et brutalement il raccroche. Pourtant, il regrette immédiatement son explosion de colère, il comprend que la famille ne peut rien lui dire, si Isabelle s’y est opposé. Et, peut-être, en étant plus diplomate, il aurait peut-être obtenu quelques indices.


La boite aux lettres déborde de publicités. Pourtant il l’a vidée hier ! Nouveau nettoyage, tiens il y a quand même deux lettres : la banque, probablement le relevé mensuel, et une autre avec son adresse rédigée à la main.

La curiosité est la plus forte, il vérifiera les comptes plus tard.

Sur l’enveloppe l’adresse rédigée d’une écriture soignée, quelqu’un d’instruit. Pas d’adresse au verso. Il l’ouvre soigneusement, à l’intérieur une lettre manuscrite.



Vous avez émis le vœu d’obtenir des éclaircissements sur le comportement d’Isabelle Martin. Je puis vous dire qu’elle vous aimait et ce, jusqu’à son dernier jour. Quant à votre séparation, ce sont des circonstances particulières qui l’ont amenée, à contre cœur, à prendre cette décision.

J’espère que ces renseignements vous satisferont. Je ne puis vous en dire plus.

Vous avez menacé d’utiliser les services d’un enquêteur pour obtenir plus de renseignements. Cela causerait beaucoup de tort à notre famille. Toutefois, si vous persistez dans votre désir, je suis prête à vous rencontrer. Dans ce cas là, je voudrais un endroit neutre, d’où je pourrais partir sans problème car je ne vous connais pas. Je ne sais quelle sera votre attitude.

Isabelle Martin. »

Au bas de la page une adresse dans le village.

Qui est cette Isabelle Martin ? Elle parle de « notre famille ». Probablement une nièce d’Isabelle, très proche d’elle. Et pour quelle raison c’est elle qui entre en contact avec moi et non ses parents ? Ma menace d’utiliser un détective a eu au moins un effet positif.

Robert a soigneusement rédigé une lettre fixant rendez-vous dans un café tranquille. Le patron est un copain d’enfance et il dispose de deux salles où se réunissent quelquefois des groupes. Il va le contacter dès demain et lui demandera de lui en réserver une pour samedi vers quinze heures. C’est un moment tranquille dans le bistrot. Mais, comment reconnaîtra-t-il son interlocutrice ?


Depuis dix minutes qu’il est là, Robert discute au comptoir du café avec son copain. Il surveille la pendule, elle lui semble arrêtée.

Pourtant, à trois heures pile, la porte s’ouvre et entre… Même silhouette, bien qu’un peu plus mince et plus grande, même démarche dans son approche. Et surtout un visage, qui bien qu’un peu différent de celui d’Isabelle, lui ressemble beaucoup. C’est une femme assez jeune, une jeune fille même. Elle vient droit vers lui, sans hésiter.



Le ton est sec, froid, hostile même. Pas de formule de politesse, droit au but. Elle doit me détester, pense-t-il. Il l’invite à le suivre dans la salle que lui a réservé son ami.

Il lui demande ce qu’elle désire boire, mais elle refuse. Ce n’est pas bon signe.



Le vendredi 25 juillet 1998, ont débuté les congés d’été pour Isabelle. En arrivant à la maison, elle avait l’air particulièrement heureuse. Nous sommes allées dans sa chambre.



Entendant cela, Robert s’écrie :



Sans un mot, Isa s’est levée, se dirigeant vers la porte. Robert a compris son erreur, il l’a rattrapée, la prenant par le poignet.



La jeune femme tente de se dégager. Il l’a relâche, elle part sans un mot.



C’est totalement bouleversé que Robert est rentré chez lui. Isabelle avait voulu un enfant, preuve qu’elle désirait vivre avec lui, se marier et pourtant, elle l’a quitté ! Qu’a-t-il pu se passer ? Les hypothèses les plus folles lui viennent en tête : a-t-elle eu cet enfant, a-t-elle avorté, l’a-t-elle perdu ?

La soirée a été un enfer et pour supporter le mal qu’il avait, il a pris la bouteille de whisky et il a bu, bu encore. Et le trou noir.

La sonnerie stridente du téléphone l’arrache à un cauchemar dans lequel Isabelle, son enfant, sa famille, tous le poursuivaient en criant. Instinctivement il tend la main pour saisir l’appareil, mais ne trouve qu’une bouteille vide renversée sur la moquette où il se trouve.



Brutalement, tout lui revient en mémoire, sa rencontre, l’annonce d’Isabelle enceinte.



Cette riposte brutale impressionne son interlocutrice. D’ailleurs, réfléchit-il, si elle m’appelle, c’est qu’elle a peur, et qu’elle veut me proposer un marché.



Et brutalement, il raccroche. Elle est piégée, elle a trop peur que je fasse une enquête, pense-t-il. Pourtant, il n’a jamais songé à mettre en œuvre sa menace. Il veut à tout prix connaître la vérité sur cet éventuel enfant, mais par des moyens pacifiques.

Une nouvelle sonnerie du téléphone le tire de ses réflexions.



J’ai gagné, se réjouit-il, mais je vais rester silencieux cette fois-ci.

À l’heure pile indiquée, on frappe à la porte : c’est elle.



Il l’invite à entrer d’un geste de la main, lui indique un fauteuil, mais ne dit rien. C’est la tactique qu’il a décidé d’utiliser : elle veut le silence, elle l’aura.

Cette tactique la surprend, la désarçonne. Elle ne sait comment attaquer. Elle reprend enfin le récit de la veille.



Non m’a-t-elle répondu, je vais épouser son père. »

Alors là j’ai hurlé, effrayant mes grands parents au rez-de-chaussée. Je lui ai dit que j’allais me tuer, que je ne ferais plus rien à l’école. Puis je suis allé me réfugier dans ma chambre, verrouillant la porte. Isabelle m’a supplié de l’écouter, mais je criais plus fort qu’elle.

Elle m’a laissée, pensant que la nuit me calmerait. Le lendemain quand elle a essayé de me parler, je n’ai pas voulu ouvrir. Tous, à tour de rôle ont tenté, mais rien n’a pu me convaincre. Et pendant quatre jours, je suis restée bouclée, ne sortant en cachette que la nuit pour aller dans la salle de bain. Mamé me déposait mes plats préférés devant la porte mais je ne les touchais pas.

Le cinquième matin, Isabelle est venue et à travers la porte m’a parlé. Le ton avait changé, calme, froid.



Sur le coup j’ai été heureuse, j’avais gagné. Mais au fond de moi-même j’ai subitement compris que j’avais perdu un peu de son amour. J’ai ouvert, me suis assise sur le lit. Elle a pris la chaise, s’est mise en face de moi.



Que pouvais-je dire ? J’ai accepté.

Robert est né le 27 mars 1998. Je voulais le détester, mais je craignais qu’Isabelle me délaisse. J’ai d’abord simulé de l’intérêt pour lui, mais rapidement je l’ai aimé.

L’année de mes seize ans, mes notes de classe ont fléchi. Rien de catastrophique, j’avais la moyenne, mais je n’étais plus dans la tête de la classe. Quand est arrivé mon bulletin, Isabelle m’a demandé pour quelle raison je ne travaillais plus aussi bien. J’ai essayé de dire que j’étais amoureuse, mais que j’avais une bonne moyenne. Mais elle s’est mise dans une colère folle, m’indiquant qu’elle aussi avait été amoureuse et que j’avais refusé de la comprendre. Elle m’a rappelé le contrat que nous avions passé.

Je me suis remise au travail sérieusement, mais je vous ai recherché pour que vous mettre en contact avec elle, vous vous seriez mariés et j’aurais été tranquille. Je suis venu vous épier : je vous ai vu au bras d’une femme, son bonheur était évident, vous aviez oublié Isabelle et refait votre vie.

J’ai donc renvoyé mon amoureux, fermé mon cœur à toute sollicitation et repris la tête de la classe.

À partir de ce moment là, avec Isabelle et Robert, nous avons formé un trio très soudé… jusqu’à sa mort.

Ce jour là, Isabelle était partie faire des courses à Montpellier avec son amie. Le soir, j’étais dans la chambre de Robert et nous travaillions à ses devoirs. J’ai entendu sonner, des personnes sont entrées et il y a eu du remue-ménage. Mais je n’ai pas bougé. Après le départ des visiteurs, on m’a appelé, me demandant de descendre seule. Et là, j’ai appris la nouvelle…

Mais comment annoncer à Robert que sa mère était morte ? On m’a chargé de le faire. Ce fut effroyable et pendant une semaine, tous deux, nous n’avons pas bougé de ma chambre, je ne suis pas allé à l’enterrement. On nous montait la nourriture, Robert couchait dans mon lit, gémissant et pleurant dans ses cauchemars.

Et depuis, il est toujours avec moi.

Voilà l’histoire de votre fils. »

Robert a suivi ce récit avec beaucoup d’émotion. Mais malgré le silence d’Isa, ne dit mot. Elle laisse planer le silence deux minutes. Mais cette attitude la déroute.



Un peu surprise par cette réaction, elle accepte un verre d’eau et attend.



Effrayée par les paroles prononcées d’un ton froid et glacial, elle est sortie rapidement.

Robert a regretté de s’être laissé emporter par sa colère. Son désir est légitime, mais il comprend Isa.

Il faudra que je m’habitue à ce nom, car je crois que nous serons amenés à nous confronter encore. Il est vrai qu’elle a perdu sa mère, qu’il ne lui reste que son frère et elle craint que je lui enlève. Je comprends son attitude, elle malheureuse, mais pourtant je veux connaître mon fils, le rencontrer. Il nous faudrait arriver à un arrangement.

Il a décidé de réfléchir quelques jours avant de s’adresser à un avocat.


Trois jours plus tard, le téléphone a sonné dans la soirée. Robert espérait qu’elle rappellerait car elle a vu sa détermination et craint sa réaction.



Les formalités ont demandées plusieurs mois : reconnaissance à la mairie, attestations etc. Mais un notaire s’est chargé de toutes les démarches. Robert a ainsi appris qu’Isabelle travaillait dans cette étude et que Brigitte, sa copine morte dans l’accident, était la fille du notaire. Il a su aussi que Isa faisait était en fac de droit et prendrait ensuite l’emploi de sa mère.

Mais pour l’instant, s’il a pu avoir des photos de son fils, il ne l’a pas encore rencontré. C’est cet après-midi qu’Isa doit le lui amener, chez lui. Tout est prêt pour l’accueillir, du moins dans l’esprit de Robert.

Et comme à l’ordinaire, c’est à l’heure très précise qu’elle a frappé à la porte. Elle est entrée, poussant devant elle un gamin, le visage inexpressif, regardant cet inconnu qui était son père. Ne voulant pas l’effaroucher, Robert lui a tendu la main et dit « bonjour ». Il a tendu la sienne et répondu de même. Isa observait leur comportement et a paru soulagée.

Robert a tenté d’engager la conversation avec son fils, difficile. Heureusement que sa sœur intervenait pour faciliter le contact. Le plateau de gâteaux a éveillé un intérêt, vite rejeté, dans les yeux du gosse. Il a fallu que sa sœur insiste pour qu’il se décide à en choisir un et à accepter une boisson.

Mais le temps passant, l’atmosphère devenait pesante, plus rien à se dire. Vingt minutes plus tard, Robert a décidé de les libérer.

Au moment de se séparer, le père s’est incliné, a tendu la main. Isa s’est penché et a dit quelques mots à l’oreille de son frère. Celui-ci a avancé sa joue. Robert ému a déposé un baiser. « Au revoir papa » a-t-il murmuré.

Bouleversé, le père a levé la tête et adressé un sourire reconnaissant à Isa. Et ils sont partis.

Le soir même, il a appelé Isa sur son portable.



Chaque semaine, le vendredi soir, Robert prend des nouvelles de son fils. Isa fournit tous les renseignements. Il sent qu’elle attend le coup de fil et qu’elle a préparé tout ce qu’elle a à dire. Mais toujours aucune prévision de visite.


Un vendredi, alors qu’il était arrivé depuis peu, le téléphone a sonné. Au bout, une voix d’enfant.



Ça y est, il s’est décidé à venir, c’est formidable, il m’aime !


Robert ne cesse de regarder la pendule, mais ce n’est pas encore l’heure. Ça y est, le les entend dans l’escalier.



Robert tout heureux, embrasse son fils mais ne comprend pas, ce n’est pas la date de sa fête. Puis tout à coup réalise : c’est la fête des pères !

Timidement, le petit a tendu une enveloppe à son père. Il l’a ouverte aussitôt, s’attendant à trouver un dessin enfantin. Non, c’est une bague déformée, probablement par le feu, la bague qu’il avait offert un jour à Isabelle. Elle la portait encore lors de l’accident.



Le petit Robert a raconté les faits principaux de sa semaine. Il avait préparé ce qu’il avait à dire. Mais son père lui demandant des précisions, il s’est détendu, a oublié ce qu’il avait appris. De temps en temps le petit se tournait vers sa sœur comme pour demander son approbation. Elle approuvait, il était heureux.

Devant l’assiette de gâteaux, il n’a pas hésité aujourd’hui, variant son choix. Sa sœur l’a tempéré, pour sa santé, mais aussi par jalousie, voyant son frère s’éloigner d’elle. Et elle a sonné l’heure du départ, le ramenant à la réalité. Robert n’a pas protesté. Maintenant il va falloir se battre contre elle, qu’elle accepte de me le laisser. Ce sera dur !


En six mois, le petit Robert n’est venu que trois fois voir son père. À chaque fois son ange gardien était là, voyait l’intimité qui se développait entre eux deux. Le père remarquait les crispations sur le visage d’Isa chaque fois qu’ils plaisantaient et riaient ensemble.

Le vendredi soir, son fils prenait le téléphone des mains de sa sœur et commentait lui-même ce qui lui était arrivé dans la semaine. C’était un moment merveilleux pour eux deux. Mais le rappel des devoirs sonnait la fin de la récréation. Robert s’abstenait de protester, ne voulant pas braquer la jeune fille contre lui, elle aurait pu avoir des réactions dangereuses pour les relations avec le petit.


Un matin, Robert a été appelé pendant qu’il travaillait, par Catherine, on le demandait au téléphone, c’était urgent. Le directeur de l’école de Robert au bout du fil l’informait que son fils avait fait une chute et qu’il s’était probablement fracturé le bras. On l’avait transporté aux urgences de la ville.

Sans même prendre le temps de se changer, Robert a rejoint l’hôpital. Son fils lui avait dit qu’Isa partait en stage pour la semaine, qu’il était chez son oncle. On avait prévenu ce dernier, mais le petit avait demandé que l’on prévienne aussi son papa.

Rien de vital, mais tout de même une fracture du radius et cubitus du bras gauche. Il a pu voir son fils et lui parler… À l’hôpital il a rencontré la tante. Il l’a rassurée, il s’occuperait du gamin.

Robert était catastrophé par l’accident de son fils, mais heureux d’autre part, que dans sa douleur, il ait songé à lui. Il est resté près de lui tout le jour et n’est parti que quand il a été endormi.

Dans la journée, il a trouvé un moment pour appeler Isa sur son portable, lui faire part de l’accident et la rassurer, il s’occupait de tout. Elle voulait revenir de suite, mais Robert l’a convaincue de finir son stage, il s’occuperait de son frère. Il a volontairement utilise le mot « frère » afin de montrer qu’il considérait ce lien comme important.

Robert a obtenu sans peine une semaine de congé. Son fils est resté deux jours à l’hôpital, puis on l’a autorisé à le ramener chez lui. La joie du petit Robert était extraordinaire : passer plusieurs jours avec son père, sans le contrôle de sa sœur.

Un soir, ils sont allés voir la famille, première occasion de retourner au village pour Robert. Il a été surpris de l’accueil amical qu’il a reçu : le malentendu était dissipé et maintenant il était vraiment considéré comme le père.

Le reste de la semaine a été un bonheur partagé pour les deux Robert. Certes, les devoirs ont été faits afin de ne pas prendre de retard, mais il y a eu de longs moments de jeux et surtout de discussion. Ils ont échangé leurs souvenirs d’Isabelle.

Plusieurs fois par jour, le téléphone sonnait. Le petit riait, il savait que c’était sa sœur qui s’inquiétait. Mais rapidement elle a admis cet arrangement. Elle a annoncé son retour pour le vendredi soir afin de rentrer chez eux. Robert l’a invité à venir manger le soir, avant de repartir.

Les retrouvailles entre les deux enfants ont été plus que chaleureuses. Isa s’était beaucoup inquiétée, elle retrouvait son frère, blessé certes, mais très heureux, lui racontant tous les évènements de la semaine.

Après manger, le petit a donné des signes de fatigue et a demandé à aller s’allonger dans sa chambre. Isa voulait partir, mais il a refusé, invoquant une trop grande fatigue.

Il a été décidé qu’il passerait encore une nuit ici.



o-O-o-




Ce sera à toi de choisir ! »

Dans les couloirs de la maternité, le jeune Robert se pose des questions : la fille de son père, c’est sa sœur. Oui, mais la fille de sa sœur, c’est sa nièce.



o-O-o-



Car tout a basculé rapidement.

Le soir du retour d’Isa, après que le jeune garçon soit allé se coucher, les deux adultes ont longuement discuté sur le sort de l’enfant. Le débat a été d’abord assez âpre, puis les esprits se sont calmés et un véritable dialogue s’est établi pour assurer le bien de l’enfant. Puis, la conversation…

Le lendemain matin, le petit Robert est entré dans la chambre de son père. Il a allumé la lumière. Les deux adultes se sont réveillés brusquement. Isa a remonté le drap sur son torse nu.



Les deux adultes ont éclaté de rire et se sont embrassés.

Il n’y a plus eu de dispute pour la garde de l’enfant. Les adultes avaient d’autres sujets à l’esprit. C’est l’enfant qui semblait être la seule tête raisonnable de la famille.

Et deux ans plus tard, Anne est là.