n° 13719 | Fiche technique | 28771 caractères | 28771 4777 Temps de lecture estimé : 20 mn |
21/02/10 |
Résumé: Wanda et Justine font connaissance au lycée. Elles semblent s'apprécier. Mais Wanda a un intérêt très particulier... Le problème c'est que Justine est issue d'un milieu très catholique à la différence de Wanda... | ||||
Critères: ff | ||||
Auteur : Le Marquis Envoi mini-message |
La famille de la Motte appartenait à une vieille noblesse occitane, mais n’en avait gardé que la particule. Adieu château, domaine, domestiques et privilèges, tout cela était relégué dans le passé, parti avec la Révolution. Dernier vestige, de sa splendeur d’antan était son éducation, son mode de vie, ses croyances, un catholicisme bien traditionnel avec pour passage obligé la messe du dimanche matin et excusez-la du peu, toute en parfait latin…
De l’ancienne richesse de l’époque, la famille avait toutefois pu épargner une petite maison de maîtres de 500 mètres carrés entourée d’un parc boisé d’un petit hectare. Le père de famille, qui lui seul travaillait, faisait carrière dans le commerce international, mais là aussi, les difficultés économiques lui permettait de moins en moins restaurer convenablement la bâtisse.
L’absence cruelle de domestiques ne permettait pas à Jeanne, la mère de famille, d’exercer un métier malgré ses cinq années de Droit qui s’étaient soldées par un début de carrière prometteuse dans le barreau.
Après avoir plaidé pendant deux ans pour un cabinet d’affaires réputé, elle rencontra et épousa Jacques De la Motte pour le meilleur et pour le pire. Le meilleur c’était leur amour réciproque et le pire fut qu’elle dût interrompre sa carrière d’avocate à la naissance de leur premier enfant, Elise. Les trois années suivantes survinrent, d’abord un garçon, Eric, puis une autre fille Justine. À partir de là, la mère de famille, renonça complètement à sa carrière de juriste pour se consacrer aux tâches ménagères, au domaine et à ses enfants.
Le temps passa…
Elise l’ainée, âgée maintenant de 20 ans, était partie faire ses études en Angleterre où son père avait un pied à terre, car il y séjournait régulièrement pour ses affaires.
Eric, ayant pris le même cursus universitaire que sa mère, vivait désormais chez ses oncle et tante à Paris, tout près de la Faculté de droit de la Sorbonne à Paris.
Quant à Justine, âgée de 17 ans, elle n’avait pas encore quitté le cocon familial et ne semblait pas du tout y songer. Elle était en classe de Terminale dans un lycée se trouvant au centre de Montauban à deux kilomètres de leur demeure.
Avec la crise florissante, les difficultés financières se firent plus encore sentir, d’autant plus que les grandes études étaient relativement coûteuses. C’est pourquoi, la famille dût se résoudre à mettre en location trois de ses chambres (la demeure en comptait une dizaine), gîte et couvert compris.
Justine qui n’avait plus ses frère et sœur à la maison en fut ravie, car elle s’y trouvait un peu seule. Le surplus de travail occasionné ne la gênait pas vraiment surtout qu’en contrepartie, elle avait déjà une idée en tête, c’était de proposer l’une des nouvelles élèves de sa classe dont elle commençait à se faire amie, elle se nommait Wanda Shéluna, déjà son nom l’avait subjuguée. Mais son intérêt pour cette jeune fille commença juste avant. C’était le jour de la rentrée. Justine retrouvait la plupart des anciens élèves avec qui elle ne s’était jamais vraiment sentie d’atomes crochus autant côté garçons, que côté filles. Elle avait bien une ou deux copines, mais pas de véritable amie. C’était l’air un peu triste qu’elle retrouva ses anciens compagnons de classe, à tel point qu’arrivant dans les derniers, elle ne chercha même pas à choisir sa place dans la classe pour se rapprocher d’une copine. Elle se retrouva seule dans un bureau à deux places comme quatre ou cinq autres élèves d’ailleurs.
C’est au moment où elle commençait déjà à s’ennuyer des présentations de chacun, que la tornade arriva avec un quart d’heure de retard. C’était elle la nouvelle, Wanda Shéluna, toute de noir vêtue, sombre et mystérieuse. Sans complexe, malgré son arrivée tardive, et sa qualité de nouvelle, elle s’adressa directement au Professeur et se présenta. Elle s’excusa pour son retard dû à son éloignement et à la méconnaissance de la ville. Ce dernier lui demanda de se choisir une place. Ce fut là que la magie opéra, Wanda ne se précipita pas, repérant les places libres et elle n’opta pas pour la plus proche, ni la plus éloignée, sans nul doute elle choisissait sa voisine. C’est en croisant le regard de Justine qu’elle se décida et s’assit à côté d’elle.
Ce matin là, comme par enchantement, Justine retrouva le sourire, surtout lorsque Wanda s’adressa à elle :
Depuis cette rencontre, bien que très différentes, toutes deux se découvrirent des affinités, comme des complémentarités.
Enfin, Justine trouvait en une personne de son âge une véritable amie. Pour les décrire, c’est en opposant leurs dissemblances qu’il était plus aisé de le faire. Autant l’une était brune aux yeux d’émeraude que l’autre était blonde aux yeux d’azur, autant l’une était musclée au teint cuivré, presque athlétique sans pour autant être grande, que l’autre était frêle et fragile à la peau diaphane. Toutes deux ne manquaient pas dans leur genre bien particulier, de charme et de vivacité d’esprit. Dans leurs premiers entretiens, elles se l’étaient démontrées. Une dernière note à souligner, mais non moins importante, l’une paraissait un ange du Ciel, égaré par hasard sur la planète terre, par contre, l’aspect de l’autre semblait trahir des origines de l’Ange déchu avec ses contradictions de beauté tragique et toujours en rébellion contre l’Autorité.
L’adage qui affirmait que les contraires s’attiraient, semblait avec elles être parfaitement respecté.
Dernier détail, Wanda était de dix mois l’ainée de l’amie qu’elle avait choisie, dans moins de deux mois elle fêterait sa majorité.
Quand il fut décidé par ses parents d’utiliser trois des chambres du donjon pour accueillir d’éventuels locataires, l’idée lui vint immédiatement d’en réserver une à son amie en la faisant si possible bénéficier d’une réduction du loyer. Wanda habitait à 50 km au nord de Montauban et il était mal aisé pour elle et sa mère divorcée de faire un tel trajet quotidiennement. Avec l’accord de Wanda, Justine parvint même à négocier avec sa mère le loyer à 300 euros au lieu de 600, si Wanda participait aux tâches ménagères en aidant sa mère. L’affaire, promptement menée, fut conclue, car Justine réussit même à trouver deux autres locataires, une infirmière et une surveillante du Lycée. Ces deux personnes ne prendraient que le repas du soir et le petit déjeuner pour la somme de 650 euros, loyer surévalué par Justine pour compenser la réduction faite à Wanda. Comme il n’y avait là que des filles, Jeanne de la Motte ne demanda pas à les rencontrer préalablement, faisant toute confiance à sa fille. Jeanne avait préféré ne louer qu’à des personnes de sexe féminin pour éviter tout dérapage ou tout malentendu. Pour deux bonnes raisons, elle était une femme mariée dont le mari était souvent absent pour affaires et elle avait une fille de 17 ans qu’elle ne voulait pas distraire de ses études comme de sa bonne moralité. Autant ne pas tenter le Diable !
Etant fidèle et chaste depuis son mariage, Jeanne ne craignait rien de ce côté-là. Tout au plus, il lui suffisait de décourager tout séducteur en mal de conquête, en l’ignorant purement et simplement. Ce qui n’était pas difficile, amoureuse comme elle l’était de son noble de mari. C’eût été plutôt auprès de sa fille dont elle eût craint la proximité masculine ; à son âge il était trop facile de succomber à un séducteur invétéré. Autant ne pas faire entrer le loup dans la bergerie, le monde extérieur était suffisamment dangereux comme ça…
Ce que madame de la Motte n’imaginait pas, c’est que les louves pouvaient être aussi voraces ou même davantage que leurs congénères mâles…
Madame de la Motte venait d’avoir 45 ans, et bien de jeunes femmes auraient aimé avoir son physique et son charme. Voilà pourquoi que dès qu’elle sortait de sa demeure, elle devait savamment manœuvrer pour éconduire la gente masculine de tout âge. Ces messieurs ne semblaient penser qu’à ça en la voyant, alors qu’elle faisait tout pour ne pas éveiller en eux un quelconque intérêt. Même sa façon de s’habiller s’attachait à ne surtout pas mettre en valeur ses jolies formes, un corps plantureux, une croupe à faire damner un saint et à fortiori toute la clique qui venait à la suite, la triste humanité. Son visage était identique à celui de sa fille cadette, avec quelques rides qui tentaient vainement de batailler avec sa grâce et sa beauté. C’est cette dernière qualité, qu’elle essayait avec acharnement de faire oublier, mais difficile pour une catholique traditionnaliste de se décider à se vêtir de la burka…
Le crucifix à l’envers que portait autour du cou Wanda fut la première chose que remarqua Jeanne quand Justine la lui présenta. Son allure gothique ne fit qu’en rajouter, mais il était trop tard d’intervenir pour la mère de Justine.
Comment revenir en arrière maintenant vis-à-vis de sa fille alors que tout avait été négocié et accepté ?
Il lui restait toutefois une chose qu’elle pourrait faire, c’était faire tout son possible pour que sa fille ne fasse pas d’elle sa meilleure amie, comme elle était en passe de le faire, pas même une amie…
Dès qu’elles se trouvèrent seules, Justine subit les premières réflexions de sa mère dans le genre :
Cette nouvelle copine n’est pas une bonne fréquentation pour toi. Je sais que maintenant, il est trop difficile de se dédire, trop de complications, vis à vis de toi et engagement prématuré vis-à-vis d’elle. Nous la considérerons comme une simple locataire et employée à temps partiel. Je pense que tu me comprends.
Ne t’es-tu pas rendue compte que cette fille était tout le contraire de ce que en quoi nous croyons ?
As-tu vu ce crucifix démoniaque ?
Comment as-tu pu amener cette fille satanique dans notre maison ?
Madame de la Motte accusa le soufflet que sa religion et elle-même venait de recevoir. Pour la première fois devant sa fille, elle se retrouva sans répartie. »
Rapidement Wanda s’était rendue compte qu’elle n’était pas en odeur de sainteté auprès de Madame de la Motte. Mais, elle savait qu’elle saurait s’en accommoder. Elle se sentait parfaitement capable de renverser la situation. Sa nouvelle amie Justine lui en avait vite donné les raisons et elle ne s’en étonna pas. Ce n’était pas la première fois que ses tenues et comportement la mettaient au ban d’une Société BCBG et réactionnaire. Elle aimait la provocation et n’en attendait pas moins des gens dits bien-pensants.
Vis-à-vis d’eux, elle avait deux façons de réagir. Ceux qui ne l’intéressaient pas, elle les ignorait ; quant aux autres, elle avait le don de leur faire changer d’avis.
Madame de la Motte faisait partie de la seconde catégorie pour deux bonnes raisons :
Elle était la mère de Justine, sa compagne de classe, pour qui elle avait flashé. Oui, Wanda était du genre à aimer les filles et non les garçons. Dés sa rentrée scolaire, elle l’avait remarquée et l’avait choisie. Le plus dur restait à faire, car elle savait que Justine, bien que très prude, était intéressée par les garçons. Mais, elle ne désespérait pas, sa nouvelle amie l’appréciait beaucoup et dés leur première rencontre, elle aussi semblait l’avoir choisie, du moins en tant que très bonne amie. Tout un travail restait à faire, mais Wanda avait, en principe, un extraordinaire don de persuasion…
La seconde raison était plus embarrassante, d’autant plus que le penchant de Wanda pour Justine était vraiment sincère. Elle ressentait pour elle, certaines prémices que l’on pouvait qualifier d’amoureuses ; son cœur qui battait plus que nécessaire quand elle devait la retrouver, ses poils qui la hérissaient quand quelqu’un s’en prenait pour une raison quelconque à elle, sa jalousie, puis sa poitrine, qui s’oppressait quand elle la voyait ou l’entendait s’intéresser à un jeune homme. Des ingrédients qui ne pouvaient tromper. Donc, Jeanne de la Motte, étant la mère de la jeune fille qu’elle aimait d’amour tendre, avait une place prépondérante dans le jeu d’échec qu’elle entreprenait. Et elle savait là, qu’elle aurait droit à affronter forte partie, le puritanisme religieux…
Et pour ne rien arranger, Madame de la Motte était le portrait craché de sa fille, mais avec le corps plantureux de celui que pouvait avoir une femme mûre. Alors que celui de Justine semblait à peine avoir franchi le début de l’adolescence. Le problème de Wanda c’était qu’elle craquait aussi facilement pour les personnes du genre féminin à ces deux étapes bien différentes de la vie d’une femme, celle de l’innocence, de la floraison de la jeune fille, et celle de la femme mûre et plantureuse, sûre d’elle et des ses convictions. Et particulièrement, ce goût étrange et envoûtant qu’elle avait de circonvenir ce genre de proies, charmer, séduire la première et faire succomber la seconde jusqu’à complète capitulation, surtout s’il s’agissait d’une hétérosexuelle pure et dure.
Justine faisait et ne faisait pas partie de cette première catégorie, en effet, Wanda voulait non seulement la séduire, mais en être aimée comme elle même en était tombée amoureuse.
Jeanne de la Motte faisait et ne faisait pas non plus partie de cette catégorie, tout simplement à cause du lien maternel avec Justine. S’il fallait la faire céder sans la séduire, la tâche serait pour elle difficile, car elle marcherait sur le fil du rasoir et pourrait tomber à son propre piège. Et il n’était pas question qu’une telle chose se produise ! Elle ne voulait pas perdre ses chances avant de commencer avec Justine. Son choix était fait…
C’est au souper du soir que tous firent vraiment connaissance.
D’entrée, Madame de la Motte mettait les cartes sur table, affichant sa profession de foi. Déclarant respecter la libre pensée de ses locataires, elle leur confia néanmoins, que son comportement habituel demeurerait le même et particulièrement à table, non pour faire du prosélytisme, mais tout simplement pour ses propres convictions religieuses et rester elle-même.
C’est pourquoi, comme à son habitude, à table, elle procèderait aux bénédicités d’usage. Elle ne leur demandait pas d’y participer, mais seulement de respecter ces quelques secondes avant de commencer à manger. Par contre, souligna-t-elle, il ne leur était pas du tout interdit d’y participer dés l’instant où leur message s’il n’était une prière demeurait sain et œcuménique.
Madame de la Motte :
Ce que je peux vous dire à mon sujet, c’est qu’il ne faut pas se fier aux apparences et que je sais me tenir… »
Madame de La Motte comprit que Justine était passée par là. Même si tenue et maquillage de Wanda avait toujours tout du gothique, comme par magie, les croix renversées s’étaient retrouvées dans le bon sens. Un détail important qui éviterait les yeux de Madame de la Motte à les redresser et qui par l’occasion, ne révulserait pas ses sens ou même son cœur. La dernière remarque de cette Wanda, qui pourrait être d’ailleurs très jolie fille si elle n’était ainsi accoutrée, dénotait également que Justine l’avait avertie et qu’elle paraissait vouloir s’y conformer.
Tout compte fait le jugement de l’hôtesse de maison avait-il été un peu trop prématuré…
Le sourire en coin que lui jeta sa fille lui fit comprendre que toutes deux venaient de marquer un point en constatant son propre air de satisfaction.
Personne d’autre ne remarqua quoi que ce soit…
Seigneur ! Ce soir, cette maison retrouve un peu de son ancienne animation après le départ de deux de mes enfants et l’absence de mon mari. Je voudrais que vous bénissiez tous vos enfants ici réunis et que se trouver dans la maison de votre servante, soit un nouveau départ dans leur vie. »
Ce fut Justine la plus prompte à prononcer ce mot, peut-être pour éviter que le message ne se prolonge d’avantage. Elle fut suivie par l’infirmière. Les deux autres demeurèrent silencieuses tout ayant respecté silencieusement la minute de méditation…
Mère, fille et Wanda se retrouvèrent toutes trois à la fin du repas pour débarrasser la table, passer un coup d’aspirateur et s’occuper du lave- vaisselle. D’initiative Wanda se mit à laver quelques grosses pièces ou les plus fragiles à la main. L’hochement de tête de la mère de famille qui venait de débarrasser marqua son approbation. Peut-être, cette jeune fille n’était pas si mal élevée qu’elle ne l’aurait pensé. Et sa tenue du soir dépareillait vraiment avec celle du jour.
Comme Justine, Wanda s’était absentée quelques petites minutes et en avait profité pour se mettre en tenue de nuit. Très correcte certes, mais tout de même relativement suggestive.
À la lueur de sa nouvelle tenue, on pouvait constater que le noir et être habillée comme un sac, propre aux gothiques, dénaturaient totalement son esthétique.
Désormais, Wanda avait certes ce même beau visage aux pommettes saillantes qu’accentuaient ses cheveux noirs courts coupés au carré et dont les yeux félins verts dénotaient de son intelligence, mais cette fois-ci, les oripeaux (tels que les voyait l’hôtesse) qu’elle ne portait plus, ne cachaient plus son physique. Un peu plus grande que Justine et surtout beaucoup plus formée. Comme s’il s’agissait de son contraire, sans pour autant qu’il s’agisse là de la beauté opposée à la laideur. Plutôt pourrait-on dire, une beauté ténébreuse et mystérieuse, ainsi qu’une assurance, confrontés à la blondeur, à l’azur luminescent des yeux de Justine, à sa fragilité, qui laissaient transparaitre toute sa douceur et sa candeur…
Wanda n’avait pas vraiment cherché à provoquer, mais quelque part, avait voulu se mettre dans une tenue beaucoup plus décontractée et qui pourrait donner une autre image d’elle-même.
Justine qui venait de passer l’aspirateur, la complimenta sur son joli déshabillé, le comparant à son désespérant pyjama trop unisexe. C’était la première fois qu’elle la voyait autrement qu’en noir et cela la seyait très agréablement, sans pour autant l’adoucir, comme elle lui précisa. Elle n’en devenait que très piquante d’autant plus qu’elle ne s’était pas encore démaquillée…
Wanda fut très flattée de ces remarques, et se félicita intérieurement de s’être changée. Elle avait touché deux fois juste, autant pour la mère qu’elle voulait apprivoiser que pour la fille qu’elle voulait séduire. Elle venait de franchir un petit pas qui pourrait s’avérer dans l’avenir intéressant.
Ayant terminé avant elle, Justine lui demanda de la rejoindre dans sa chambre afin de voir ensemble un exposé qu’elles devaient préparer. Voilà un autre avantage, qu’elle souligna auprès de sa mère, que d’avoir Wanda auprès d’elle. Elles pourraient travailler conjointement leurs devoirs, elle aidant Wanda en Littérature et Langues, et cette dernière en la faisant progresser en Math et en Physique qui étaient ses points faibles.
Jeanne de la Motte et Wanda se retrouvèrent donc une bonne demi-heure à terminer les tâches ménagères. Tout semblait se passer pour le mieux, leur discussion se limitant principalement à leur point commun, l’affection qu’elles portaient à Justine. En même temps, Wanda allait faire passer à son hôtesse la cocotte minute qu’elle venait de finir de rincer et qu’il fallait sécher.
Wanda s’apprêta alors de profiter de son don qu’elle tenait de sa grand-mère, don qui aimait ainsi à sauter les générations. Encore que sa mère, en avait un autre qui était de guérir les brûlures ou « couper le feu » comme disaient les guérisseurs.
Elle soignait ou apportait surtout du soulagement à une personne qui s’était brûlée. Ce n’était pas quelque chose dont Wanda se vanterait auprès d’une catholique intégriste comme le laissait paraitre Madame de la Motte, car sa religion qualifiait les guérisseurs de suppôts de Satan. Ce qui pour Wanda n’avait rien à voir avec sa mère, issue d’une descendance de sorcières qui ne pratiquaient que la magie blanche.
Wanda elle-même en avait hérité, mais elle ne le savait pas vraiment encore, si ce n’est quelques indices qu’elle avait totalement ignorés. L’autre don qu’elle tenait de sa grand-mère était pour elle beaucoup plus intéressant, jusqu’à lui faire oublier combien guérir les brûlures pouvait être enthousiasmant.
Ce soir-là, Wanda décida de tester à nouveau ce pouvoir unique en son genre dont il lui semblait être désormais la seule détentrice depuis la disparition de sa grand-mère.
Elle n’avait qu’à toucher la personne dont elle voulait abattre les résistances. Plus longtemps, sa main restait en contact avec la personne, plus forte en était son influence. Pour l’instant, elle ne pouvait que toucher furtivement et elle verrait déjà l’efficacité de l’effet produit sur Madame de la Motte. La plupart du temps, l’effet se faisait sentir particulièrement sur les personnes pour qui elle n’éprouvait rien de spécial. Les personnes qu’elle aimait, tels les membres de sa famille ou un personne dont elle s’était éprise, réagissaient plutôt négativement ou du moins, l’effet en était presque nul ou beaucoup plus atténué qu’avec des étrangers.
En passant la vaisselle à sécher, Wanda s’arrangea pour asperger sa vis-à-vis et comme si elle agissait par réflexe, frotta de sa main l’eau qui mouillait l’avant-bras de la femme.
L’effet fut saisissant, car Jeanne de la Motte, qui rarement était d’humeur à plaisanter, le prit avec le sourire, comme si elles se trouvaient entre copines. Prenant l’arrosage accidentel comme une farce, Jeanne n’hésita pas, balayant d’un coup de main l’eau qui s’écoulait toujours du robinet et arrosa le visage de Wanda qui pouffa de rire.
Comment ne pas remercier sa grand-mère qui lui avait transmis un tel don ?
Battant le fer tant qu’il était chaud, Wanda n’en restant pas là et à son tour fit de même. Les représailles ne se firent pas attendre, le demi-verre d’eau que prit Wanda en pleine figure, mais surtout qui inonda sa poitrine fit pousser un cri de stupeur à la jeune fille comme à la coupable.
Toutes deux constatèrent alors les dégâts, ce qui empourpra le visage de l’adulte. Le vêtement mouillé rendit complètement transparent le haut du déshabillé révélant deux seins proéminents aux pointes saillantes d’excitation (le simple plaisir de jouer et de parvenir à ses fins). Dans une telle tenue de nuit, Wanda, comme la plupart des femmes, ne portait pas de soutien-gorge…
À son tour, Madame de la Motte eut un curieux réflexe qu’elle n’aurait jamais eu si elle n’avait été sous l’emprise du don de Wanda. Le pire était que sa main agissait hors le contrôle de son esprit qui, lui, réprouvait hautement l’inconvenante attitude. À l’aide du torchon, elle se mit à éponger, mais le mal était déjà fait et rien n’y faisait. Tout au contraire les bouts de seins de Wanda semblaient encore plus ressortir comme s’ils étaient à l’air libre.
Cette dernière demeura passive devant l’initiative. Elle n’avait escompté un tel résultat, certes positif, mais un peu trop à son goût, car elle n’avait voulu seulement que s’attirer les bonnes grâces de la dame. La situation s’était avérée particulièrement excitante et avait éveillé involontairement les sens de Wanda. Ce fut elle qui finit par se détourner, déclarant qu’elle allait se changer que la fraicheur lui donnait des frissons. En réalité, ce n’était pas que la fraicheur qui lui avait donné des frissons, pas que des frissons d’ailleurs à voir l’érection indécente de ses tétons.
Madame de la Motte se maudissait d’avoir agi ainsi sans réfléchir. Qu’est-ce qui l’avait poussée à aller si loin, en se commettant d’abord à ce jeu stupide de gamines, puis pour couronner le tout à tenter d’essuyer les dégâts occasionnés.
Elle avait agi totalement inconsciemment, mais rien ne lui avait échappé. Cette jeune fille avait l’âge de sa fille, mais son corps était déjà développé comme celui d’une femme et ses seins que ses yeux n’avaient pu occulter, n’avaient rien à envier à sa propre poitrine dont elle était si fière, avec autant de volume, bien que ces seins magnifiques, elle ne pouvait que le reconnaitre, étaient en forme de poire à la différence des siens qui étaient aussi ronds que des petits melons…
Mais, comment pouvait-elle avoir de telles pensées ?
Depuis quand s’attachait-elle à remarquer le physique d’une autre personne, même s’il ne s’agissait que d’une femme ?
Le comble c’est qu’elle se sentait coupable, au point qu’elle ne serait pas capable de narrer à son mari ce qui venait de se passer, elle qui lui avait toujours dit tout…
N’était-ce pas là la preuve que quelque chose ne tournait plus rond en elle ?
Arriverait-elle-même à s’en confesser ? Il le fallait pourtant…
À vrai dire non, il n’y avait pas là réellement matière à avoir péché !
Nul confesseur n’aurait à l’absoudre de ce petit écart dans sa vie tracée bien droite, elle venait de s’en absoudre elle-même en disqualifiant sa faute.
Tout en frottant de son torchon toujours la poêle qu’elle tenait en main, et qui était plus que séchée, elle se surprit à regarder la captivante silhouette qui s’éloignait…