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Temps de lecture estimé : 16 mn
04/03/10
Résumé:  Tranche de vie d'un homme âgé, confronté à un tournant important et tenaillé par le démon de midi.
Critères:  fh hplusag voisins fellation pénétratio humour -occasion
Auteur : Annie-Aime  (Nostalgie des printemps joyeux)      Envoi mini-message
Le retour du printemps

Qui suis-je ? Un vieux bouc. La vue d’une silhouette féminine m’émeut de manière éhontée. Je ne pensais pas que cela puisse encore m’arriver.


Ne vous méprenez pas, j’ai eu mon heure autrefois, du vivant de ma femme, puis ma compagne aimée s’en est allée et je me suis éteint. Éteint, c’est le mot. J’ai négligé mes affaires et mes amis, préférant mener une existence solitaire ponctuée de visites sur la tombe de mon épouse trop tôt disparue. C’était hier, avant-hier ou il y a longtemps, je ne sais plus, en tout cas avant que ma fille ne me convainque de la rejoindre pour l’aider à s’occuper des gamines, mes petites filles Sandra et Manon son ainée.


Ma fille Sophie est confrontée à la maladie du siècle. Elle divorce. Je suis avec elle pour l’aider à passer le cap difficile. Je m’occupe des fillettes, et la semaine je les conduis et les récupère à la maternelle. Par la même occasion, j’en fais autant pour Karine, la petite de la voisine. Un rehausseur de plus… Ne cherchez pas, je me remémore seulement le casse-tête pour caser les aménagements de sécurité sur la banquette arrière de ma bagnole.



ooo000ooo



Le retour de sève m’a pris par surprise, je ne l’ai pas vu venir. Comment pouvais-je imaginer ? Avant cette résurgence, mon abstinence ne me pesait pas. Je n’avais nulle envie, nul désir. Faut dire que les mémés que je connais en Auvergne n’ont pas trop ce qu’il faut pour susciter tant d’exaltation. De toute façon, je n’avais pas le nez tourné vers le marivaudage et j’aurais sans doute poursuivi une existence d’ermite émasculé si ma fille ne m’avait tiré de mon trou.


Ma vie chez ma fille est radicalement différente. Au fil des jours, la pétulance citadine perfuse en moi un poison insidieux. D’abord je ne vois rien, je ne sens rien, puis je suis déjà hautement contaminé quand je m’avise qu’une fièvre inédite s’est emparée de mon esprit. Les lumières de la ville m’hypnotisent. Les magasins me fascinent. La foule m’étourdit. La jeunesse me réjouit. Les excentricités m’enchantent. Quant à l’école…


Que dire de l’école ? J’y prends des habitudes. Les maîtresses me connaissent, les jeunes mamans me saluent, parlotent avec moi. Les papas aussi mais ceux-là sont plus rares. Ce bain de jouvence régale mon humeur. Je me surprends à espérer mes rendez-vous biquotidiens avec une impatience incongrue.


Vous ne comprenez pas ? Allez donc à l’entrée des maternelles à l’heure de la rentrée des classes, ou à la sortie si ça vous chante, c’est pareil dans les deux cas : un festival. Le défilé ne dure pas longtemps mais il vaut le détour. Je n’ose pas écrire que chaque instant est un égal ravissement mais c’est presque ça. Rares sont les jeunes mamans qui n’ont pas un avantage à faire valoir. Si ce n’est l’élégance, c’est l’audace d’une coupe, la délicatesse d’un trait, la sensualité d’une courbe, la grâce d’un geste ou n’importe quoi qui porte attirance. Allez-y ! Allez sur le terrain, vous comprendrez ces mille choses qui me réjouissent. Ces mille choses qui me redonnent goût à la vie et mille autres encore qui nourrissent mon espérance en l’avenir du pays.


Certaines jeunes femmes combinent les atouts. Les pures beautés sont cependant fort rares mais de temps à autre une déesse surgit, chez laquelle l’harmonie est telle que vous ne pouvez en détacher les yeux, et vous maudissez les cieux, l’univers et la terre entière de n’être pas parmi les privilégiés qui ont le droit de lui baiser les pieds. Chaque fois que les circonstances, la chance, le destin ou quoi que ce soit mettent une de ces divines créatures sur mon chemin, ma journée s’en trouve durablement enluminée.


Vous ne comprenez toujours pas ? Tant pis ! N’empêche que les frémissements du printemps deviennent chez moi chaque jour plus manifestes. Les symptômes s’amoncellent. Je me gave de ces frimousses resplendissantes que la jeunesse illumine d’une aura si particulière. Une silhouette gracieuse m’attendrit plus que de raison. Les courbes voluptueuses me troublent à un point que je ne saurais dire. Les voix à tonalité féminine me font immanquablement dresser l’oreille. Et quel bonheur quand d’aventure je capture, ne serait-ce qu’un instant, l’attention d’un regard velouté, joliment fardé !


Il y a aussi Barbara. Plus toute jeune la belle et douce Barbara. Moi non plus. Je me languis de mieux la connaître. Que ne ferais-je pour la voir sourire ? L’âne ou la roue, c’est égal, tout ce qui a l’heur de lui plaire. J’ai l’intuition que nous pouvons être amis.


Autant de débordements bien inhabituels chez moi. C’est grave, docteur ? Peut-être devrais-je consulter ? Mal dans ma tête, mal dans mon corps. Une sorte de démon de midi brouille mes neurones autant que mes entrailles. N’est-ce pas risible à mon âge ? Je le sens dans mon corps, dans mes chairs, dans mes tripes.


Pour la première fois depuis des lustres, je me fais plaisir : juste une branlette. C’est rapide, c’est bon, c’est juteux. Je souille la baignoire. J’ai honte. Je rince et rince encore, convaincu que mon infamie pourrait décaper l’émail. Ce premier pas prélude au suivant. L’effervescence m’habite. Elle ne me lâche plus. La force du désir anesthésie ma conscience, brise ma volonté, égare ma raison, touille ma tripaille. Je ne maîtrise plus rien. J’abhorre mon inconduite. Le péché m’asservit. J’ai peur, j’ai peur de moi.



ooo000ooo



Un soir, Marlène m’appelle à l’aide. Je l’aime bien, Marlène. Un beau brin de fille, esthéticienne de son métier, divorcée depuis peu, certes évaporée mais si sophistiquée, si élégante et sexy en diable. Je ne sais si elle a jamais concouru pour un titre de beauté. Le ferait-elle que je lui voterais à coup sûr une place sur le podium.


D’une certaine manière, Marlène fait partie de la famille. C’est l’amie de Sophie. C’est notre plus proche voisine. C’est la mère de Karine, la fillette que je conduis à l’école avec Sandra et Manon. C’est quoi encore ? Ah oui ! C’est chez elle qu’on va voir si nous manquons de sel, de poivre, de beurre, de lait ou de pâtes ou je ne sais quoi encore. Et réciproquement. Je ne peux rien refuser à Marlène.


Une fuite dans la cuisine. Je bricole. C’est pas trop mon truc. Je fais comme si. J’y suis affairé quand le timbre de la sonnette grelotte. Quelqu’un ! Sens en éveil. L’éclat de l’altercation m’affole. J’accours. Je m’interpose. Des cris, un mauvais coup, un seul. Je suis ébranlé, ensanglanté, arcade ouverte. Lui se taille, claque la porte. Marlène me secourt. Affolement, les urgences, trois points de suture, l’œil qui enfle et mal au crâne.


Lui, le cogneur, l’agresseur, c’est l’ex-mari de Marlène. Marc, qu’il s’appelle, mais sincèrement j’en ai rien à foutre et vous aussi.


Marlène ? Ah, Marlène… Pourquoi m’a-t-elle embrassé ? Qu’importe, elle l’a fait. Une première fois aux urgences. Et à nouveau au retour, chez Sophie, cette fois de façon moins fugace. Les deux fois sur les lèvres à la mode américaine. C’est loin d’être des galoches et sans doute plus que des bisous mais je ne démêle plus vraiment tant mon esprit fiévreux leur donne un retentissement exagéré.


Je n’ai pas dormi, ressassant et ressassant encore la question. Pourquoi ? Pourquoi m’a-t-elle embrassé ? Au matin, ma tête est lourde d’utopies et du manque de sommeil. Le miroir me renvoie l’image d’un homme hagard, le visage mangé par la barbe. L’ecchymose prend une tournure fort peu sympathique.



Sur ces entrefaites, Marlène rapplique avec sa gosse. Simple routine mais les bisous sont plus affectueux que d’habitude, du moins c’est ce que je ressens. Elle s’enquiert de mon état, examine mon œil. Je n’entends plus rien que mon cœur qui bat la chamade. Ses lèvres sont à deux doigts des miennes. Je hume son parfum. Je respire son haleine. J’ai tellement envie de la prendre dans mes bras. La tête me tourne. Je bats en retraite. Je bats ma coulpe. Je ne suis qu’un imbécile. Un imbécile, un imbécile…



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Alors Marlène ? Ben rien. L’illusion d’une ouverture s’enracine doucement. Je brûle de m’y engouffrer. Encore faut-il une opportunité.


Et Barbara ? Ben toujours pareil sauf que son image s’estompe doucement. Je me réjouis de la voir chaque matin et le soir aussi. Le rituel est immuable, exalté dans l’esprit, platonique dans le trait. Mais cela ne dure qu’un instant, oublié sitôt passé. C’est plus une habitude qu’un sujet d’actualité. Je n’ai plus ce désir qui me portait à rêver et languir pour Barbara. Marlène a pris sa place dans mes pensées. Ben oui, ma jeune et bouillonnante voisine enflamme mes fantasmes, ravigote mes branlettes solitaires. C’est en pensant à elle que j’essore mon effervescence.


L’exercice devient quotidien et de préférence au retour des courses. Ah, ces courses, du vivant de mon épouse je les abhorrais. Je ne déteste plus mais cela reste un moment que je redoute car l’épreuve exacerbe mes mauvais penchants. Je me retrouve piégé dans des filatures pas possibles, le regard rivé sur un beau cul. J’évalue. Je compare. À mon sens aucun n’égale celui de Marlène mais je n’en suis pas moins excité comme un jeune chiot.


J’ai de la répugnance à me laisser aller ainsi mais c’est plus fort que moi. Je rentre au bercail dans un état pas possible. Le recours à la masturbation est inévitable. C’est la seule façon d’apaiser mon exaltation. Je n’en suis pas fier.



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Mon embrasement pour Marlène ne dure pas. La perte de mes illusions ne va pas sans douleur. Je vous conte mon épreuve. Je meurs ce jour où Sophie annonce avoir débauché deux collègues. Comment ? J’en sais rien. Pourquoi ? Ça je l’apprends assez tôt. Honte sur moi ! Je la hais. Je hais ma fille. Je hais cette entremetteuse.


Suis-je transparent ? Faut croire. Personne ne fait attention à moi. Ça discute ferme. Celui-ci je me le réserve, celui-là si tu veux, et ceci et cela, et patati et patata, et quoi encore ? Mais oui, je sais, ils sont sensass. Ils sont super. On ne peut pas rêver mieux. Sophie est aux anges. Marlène est ravie. J’en crève, j’en bave, j’enrage. La bile me dévore les tripes. Je souffre en silence.


L’organisation est sans faille. L’apéro, le resto, la boîte, la suite… Ah la suite…


J’ai aussi mon rôle. Devinez quoi ? Je garde les gamines. Et ce n’est pas tout : on me chasse de mon canapé-lit au prétexte qu’il est réquisitionné en vue d’y dresser le QG pour conduire l’assaut avec les amuse-gueules, sans parler que le cas échéant cela peut faire une excellente base arrière pour… la suite.


Autrefois, on avait des pudeurs, on respectait les anciens. Maintenant, les jeunes vous font des confidences, vous content leurs espoirs, leurs désirs, leurs… Qu’ont-elles besoin de me confier tout cela ? Tous mes espoirs à moi sont morts. Je suis KO debout, abasourdi, assommé, malheureux comme les pierres, pitoyable à chialer… Je meurs… À petit feu et en silence.


Comment vous dire ma détresse ? Je suis chez Carrefour quand je crois être chez Leclerc. Je prends des nouilles quand je cherche du beurre. Pire même, je reste parfaitement de marbre en croisant des nanas superbandantes alors qu’il y a peu je leur aurais collé au train jusqu’à plus loin encore que le bout de la terre. Quant au plaisir solitaire, j’ai laissé tomber. D’ailleurs, c’était plus du tout un plaisir mais une course d’endurance. Ça devenait éreintant. Pas marrant, quoi !


Le soir du jour J, on nous exile, les fillettes et moi, direction l’appart de Marlène. Un exil doré, vin fin, foie gras pour moi, douceurs et tutti quanti pour tous mais exil quand même. Les libations terminées, je mets mes fifilles au lit – un conte, un jeu, des câlins, des bisous, bisou, bisou, encore… La foire ! C’est pas gagné le dodo, à trois dans la même piaule. L’autre chambre c’est pour moi, et quand je peux j’y vais direct car je n’ai pas le cœur à regarder la télé. Vais-je chialer ? M’apitoyer sur mon sort ? Possible, un peu, puis je trouve enfin le sommeil. Un sommeil lourd plombé par le chagrin et l’alcool.


Pour sûr, mes cauchemars puisent dans la panoplie sadomasochiste. Le Christ sur la croix ? C’est moi ! Les mains et les pieds ensanglantés, cloué sur mon gibet, j’assiste impuissant aux ébats de Marlène. Elle fornique sous mes yeux. Elle hurle, gémit, râle, jouit et crie son plaisir. Je ne distingue pas les traits du mec mais ce que j’en vois me suffit. C’est un athlète, un étalon. Il œuvre et besogne. J’écume et fulmine. On va se battre. On se bat… Je me réveille en nage. Une jeune femme me secoue.



J’émerge. Je reconnais la sœur de Marlène pour l’avoir croisée deux ou trois fois. Une originale attifée de manière excentrique, genre punk. Je ne me souviens plus de son prénom. Le lit est défait. Mon sexe joue le bouffon sous son chapiteau.



Pas assez rapide ! La donzelle n’a pas les yeux dans sa poche.



Là, c’est un peu trop pour moi. J’imagine que j’ai l’air éberlué.



Question romantisme, j’ai connu mieux. J’ai l’impression de discuter affaires avec une pute, sauf qu’à ma connaissance ce n’est pas une pute mais la petite sœur de Marlène et qu’elle est jeune, mignonne et diablement sexy. Il s’en passe des choses dans ma caboche et en bas aussi. L’offre ne me laisse pas de marbre. C’est plus fort que moi. L’espoir me remplit d’allégresse. Sans doute que la joie me transfigure, dévoilant mon sentiment, toujours est-il que la frangine se met en besogne sans plus attendre. Sa main se faufile sous le drap, dans le pyjama, vérifie la vigueur de mon érection, caresse le gland puis commence à me branler.



Elle serait sans doute étonnée si j’avouais la vérité. Il y a des lustres que je n’ai pas fait l’amour avec une femme. Trois… quatre ans peut-être, je ne sais plus. Qu’importe ! J’oublie les années infernales, J’oublie le diable, j’oublie Marlène aussi bien que Barbara, j’oublie mes soupçons putassiers, j’oublie tout pour ne plus penser à rien d’autre qu’à… Un éclair fuse, je me souviens de son prénom, on l’appelle Béa, diminutif de Béatrice.


Là ! Je vous jure, j’ai trente ans de moins. J’aurais bien forcé la note et prétendu quarante mais pour le coup je passais sous la barre fatidique. J’imagine mal me rajeunir au point d’être mineur, des fois que chez RVBB ils se méprennent. Va savoir ! Ils ne badinent pas sur ce sujet. Je voudrais pas me retrouver en relégation, hors charte comme ils disent.



ooo000ooo



Béa n’a guère plus d’une vingtaine d’années mais elle est indéniablement sûre d’elle-même, énergique, tout à fait conforme à sa réputation. Marlène la dit volontaire et fantasque, collectionnant les aventures. Ce n’est pas pour me déplaire. C’est le gage d’une relation éphémère. Je conjecture sur mes turpitudes à venir avec d’autant moins de remords


La donzelle ne perd pas de temps, ôte son blouson tape-à-l’œil, retire ses bottes de sept lieues et entreprend de se défaire de son collant coloré. Le tissu à rayures roses fluo glisse sur les cuisses galbées, dénudant une chair laiteuse. La chipie ne porte rien sous son collant. Elle est nue sous son tutu vaporeux. L’impudique me fait face, jambes légèrement écartées, exhibant ses trésors sans vergogne.


De ma place, j’ai une vue superbe sur son sexe. Je bée d’admiration, subjugué face à la toison en bataille, face aux lèvres charnues, face à l’appel du diable, conscient de mon propre désir. Je ne me souviens plus de la dernière fois que j’ai vu un minou d’aussi près, peut-être à la télé ou en vidéo, mais là… un vrai de chair et de sang, plein de mystères. Je perds la raison et bande si fort que j’en ai mal à la panse.


La jupette, la ceinture, le tee-shirt, les chaînettes, les bijoux puis une rapide toilette, autant d’étapes qui jalonnent encore mon attente. Je n’ai pas d’impatience. Je suis sur mon nuage et me demande si tout ceci n’est pas un rêve. Je plane. J’attends.


Béa est infiniment plus belle sans sa bimbeloterie et tous ses attifements. Sa peau est d’une blancheur uniforme presque translucide, délicate. Elle est à moins de deux pas, silhouette svelte, seins menus, taille élégante, hanches sensuelles. Les derniers pas… Je m’émerveille… ce ventre délicieusement ballonné, la cuisse exquise, le triangle émouvant et ce cul, Seigneur ! Béa se glisse sous le drap, se love contre mon flanc, glisse une main dans mon pyjama, s’empare de ma bite à son zénith et recommence à me branler.


Je n’ai jamais été un foudre de guerre. Ce n’est pas à 57 ans que je vais me reconvertir. Je laisse ma partenaire conduire les opérations et surfe sur la vague de mon plaisir tandis qu’elle me déshabille et embouche mon sexe. Un plaisir parfaitement égoïste mais je suis bien incapable de la moindre initiative.



Tu parles ! La dernière capote que j’ai enfilée, c’était en mai 1981, le jour de l’élection du Président Mitterrand.



Je suis largué, prisonnier dans l’œil du cyclone.



N’a-t-elle pas dit qu’elle est clean ? Ai-je encore ma raison ? M’est avis qu’il ne faudrait pas pousser trop loin l’analyse. Il n’y a pas longtemps l’idée de jouer avec la mort m’aurait séduit. Aujourd’hui, je ne crois pas que j’aspire à mourir mais une pulsion de vie née dans mes tripes est assez forte pour me pousser à faire n’importe quoi. J’ai tellement envie. J’ai supplié Béa et à mon tour donné mes assurances. Tu parles ! Qu’a-t-elle à craindre d’un fossile ?


Béa rigole un bon coup puis me reprend en bouche. Un paradis ! Bientôt ma sève bouillonne. Je tente de la prévenir de l’imminence de l’explosion. Elle persiste, accélère, broie mes couilles, torture ma verge, martyrise le gland. Je lâche tout, pas foutu de me retenir davantage, râlant, gémissant, crispant mes muscles une dernière fois à l’apogée de ma félicité avant de m’abandonner à la sérénité.



Elle s’essuie d’un revers de main, se repositionne contre mon flanc et me donne à nouveau ses lèvres à embrasser tandis que sa main joue avec ma bite. Le baiser aromatisé s’éternise, son sein caresse ma poitrine, son ventre presse ma hanche, sa main persévère mais mon pénis reste désespérément flaccide. J’ai envie mais mon désir est plus cérébral que physique.


Béa persiste, manipule, triture. J’ai honte de mon impuissance. Je me concentre, contracte mes muscles. Libido paresseuse ? Physiologie fatiguée ? Je désespère, prie et, miracle ! l’ébauche d’une nouvelle érection pointe le nez, grossit, s’affermit, pavoise. Ma partenaire a tôt fait de me chevaucher et d’engloutir mon pauvre vit dans son antre béant.


Je ne sais pas si j’ai du plaisir. Je m’effondre dans une brèche spatio-temporelle et resurgis de temps à autre complètement lessivé, haletant, en nage, à bout de force. Je suis sur le point d’éjaculer mais n’y parviens pas. Je reste suspendu à l’explosion qui ne vient pas. Cette attente sur le fil du rasoir est extrêmement douloureuse. Tout mon être est tendu à mourir. Il me faut aboutir. Je mobilise mes dernières forces et défonce à grands coups de reins ce vagin enchâssé sur mon vit. Béa accompagne ma frénésie, tortille du bassin. Enfin ! La délivrance, un pétard mouillé, une pichenette de rien du tout, deux ou trois gouttes tout au plus. Rien d’extraordinaire ! C’est même plutôt raté mais je ressens néanmoins un soulagement indicible. Le réconfort se répand dans tout mon corps.


Béa n’a pas joui, je le sens, je le sais. Je culpabilise. Je m’en veux. Elle s’affale sur mon torse, repose ainsi un moment puis se dresse, rassemble ses affaires et file à la salle de bains. Quelques minutes après, elle est pimpante et prête à partir.



La demande me titille quelque part. Je ne me soumets pas sans arrière-pensée à ce genre de prestation tarifée. Je possède un peu moins d’une centaine d’euros en petites coupures. Je partage et offre la moitié à Béa.



J’ai la désagréable impression de me faire arnaquer. Ce n’est pas tant l’argent que la manière qui m’agace. Cette façon cavalière qu’elle a de me mener par le bout du nez m’irrite souverainement et mon incapacité à y répondre dignement m’énerve encore plus. D’un seul coup, je sens le poids des ans. Je capitule faute de courage et parce que je ne veux pas passer pour radin et je me dis que tout compte fait la prestation vaut sans doute plus que cela.



La requête me prend par surprise. Ma réponse est tout à fait ridicule mais c’est la seule façon que j’imagine pour refuser ou en tout cas ne pas accepter, sans la froisser. Je n’envisage pas une seule seconde d’y donner une suite favorable. À ce prix, le tarif de la passe est carrément prohibitif.



Lâche ! Je suis lâche. À quoi sert-il de différer mon refus ?


Béa enfile son blouson.



Du grand art, surtout pour gâcher mon plaisir. La main sur le bouton de la porte d’entrée, Béa se retourne une dernière fois.



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Autant l’avouer, le lendemain je lui donne son chèque. Je ne me sens pas capable de l’affronter. Nous n’avons pas fait l’amour. Je n’ai pas voulu et n’en ai plus du tout l’envie depuis que je sais à quoi m’en tenir avec elle.


L’après-midi de ce même jour, alors que j’attends les fillettes à la maternelle, Barbara, la maîtresse de Manon, m’apostrophe.



Rien d’anormal. Il n’est pas rare que l’école sollicite des accompagnants bénévoles pour assister les professeurs dans le cadre des sorties pédagogiques. Pour Barbara, je suis toujours volontaire.



Le malin joue-t-il aux dés ou bien ce coup du destin ressort-il d’une action concertée par l’être suprême, cher à J. J. Rousseau ? M’en fous ! J’entends le souffle du vent, le gazouillis des oiseaux, le chant des sirènes et la promesse de bonheur à portée de main.