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Temps de lecture estimé : 34 mn
17/03/10
Résumé:  Clémentine était en train de me faire un de ses gros câlins comme elle les affectionne quand un éclat de voix lui fit tourner la tête.
Critères:  fh amour revede -amourcach
Auteur : Patrik  (Carpe Diem Diemque)            Envoi mini-message
Clémentine



Juste une histoire simple et une simple histoire…



Clémentine était en train de me faire un de ses gros câlins comme elle les affectionne quand un éclat de voix lui fit tourner la tête. Je n’aime pas beaucoup être interrompu ainsi en plein vol mais la violence des grands était assez inhabituelle pour qu’on puisse s’inquiéter quand même un peu…



Le grand chauve se lève d’un bond, le maigre blond s’encastre dans le fauteuil bancal, prêt à subir l’assaut. Les deux hommes se regardent intensément ; dans son coin, la jeune femme aux longs cheveux, la mère de Clémentine, n’ose pas intervenir. Le silence est pesant, lourd. Moi, je fais toujours un câlin dans les bras de Clémentine, mais ce silence qui s’éternise ne me dit rien qui vaille ! Après de longues secondes, celui qui est debout parle d’une voix contenue :



Le grand chauve s’approche dangereusement du fauteuil défoncé dans lequel le dénommé David est toujours en position de défense.



David sent que la question n’est pas anodine, que Richard est sérieux. Très sérieux, trop même. Il veut en avoir le cœur net, il demande alors :



David le sait très bien : Richard pourrait sans problème jouer professionnellement au rugby, tant sa carrure est impressionnante. Quant à lui, il est parfait dans le style musico rachitique, cinquante kilos tout mouillé ; c’est d’ailleurs ce qu’il est, un artiste maudit, un bassiste sinistrement incompris. Et cette tournée aux States est une aubaine, mais pas question de s’encombrer ! Surtout s’il y a des groupies en vue ! Je commence à connaître mon gugusse !


Pour le moment, Richard semble être à deux doigts de péter un plomb, et ça peut faire du dégât. Face à lui, je vois distinctement les rouages du cerveau du père indigne fonctionner à pleins tubes.



La main géante de Richard empoigne le col du T-shirt de David. Sans effort apparent, le chauve te soulève le père indigne comme une plume et l’approche de son visage :



Clémentine, habituée aux éclats de voix pour un oui ou un non de son père, me fait un gros bisou. J’aime ses gros bisous, même s’ils sont souvent trop baveux ! Mais là, je m’inquiète quand même. Dans son coin, sa mère, une pauvre fille qui n’a pas vraiment eu de chance dans la vie, reste prostrée, totalement dépassée par les événements. Pourtant, il y aurait de quoi à y redire : ces deux hommes sont en train de discuter sans elle de l’avenir de sa fille.



La jeune femme semble sortir de sa torpeur, elle tente d’intervenir :



L’immense Richard lâche sa proie qui s’affale, flasque, dans le fauteuil, puis il se penche vers la jeune femme lui désignant un David assez craintif.



Là, David essaye de mettre son grain de sel. J’ai toujours pensé qu’il était masochiste, là, j’ai confirmation.



David baisse la tête, rageur. Laura est complètement perdue, elle tripatouille ses longues mèches, signe chez elle qu’elle perd pied. Moi, la situation me convient, je ne compte plus les coups de pied que j’ai pu recevoir de cette rock star en herbe (tiens, là, je me risquerais bien à un petit jeu de mot, mais passons) !



Le géant pose délicatement ses mains sur les frêles épaules de la jeune femme, il lui sourit :



C’est alors que l’autre crétin prouve à nouveau qu’il est décidément masochiste :



Paf ! J’ai déjà vu des baffes magistrales dans ma vie, mais là, je jurerais que c’est Obélix qui vient de flanquer une mandale à un frêle romain. C’est tout juste si David ne ricoche pas au plafond ! Moi, ça m’amuse ! Je pourrais le faire que je crierais :




--ooOoo-—



Deux heures plus tard, pile poil, je suis dans les bras de Clémentine, elle-même dans les bras de sa mère, dans la voiture de Richard, direction chez lui. J’aime sa maison, un plain-pied, pas très grande mais agréable à vivre, avec un jardin devant et derrière. J’y suis déjà allé ci et là, Richard s’occupant bien de sa presque fille…



Richard coupe sa phrase d’un simple geste :



La jeune femme se réfugie dans le silence. Il préfère alors ne plus rien dire et de se concentrer sur la route. Quelques minutes plus tard, la voiture s’arrête. Oui, c’est bien la maison en question, je la reconnais sans problème, d’autant que nous y sommes venus, il y a moins d’un mois.



Oui, je sais, ma Clémentine, c’est la maison où tu aimes aller, je l’ai reconnu avant toi. Pimpin ! Vous parlez d’un nom ! Mais c’est celui que m’a attribué ma copine ! De plus, elle prononce ça souvent à la limite du « pépé », moi, si jeune ! Pimpin, je vous jure ! Bon, je sais, j’aurais pu tomber plus mal. Mais quand même, Pimpin…


À peine la porte ouverte que Clémentine se précipite vers SÀ chambre. Richard en a quatre, dont une transformée en bureau. Si j’ai bien compris, cette maison vient de ses parents disparus trop tôt. Ce n’est pas ultra grand (je l’ai déjà dit, il me semble) mais il y a tout de même de la place car c’est bien aménagé. La cuisine est assez grande, la salle à manger serait un peu plus spacieuse que ça serait mieux. Mais bon, je ne vais pas trop chicaner…


Clémentine adore sa chambre, faut dire que, comparé à ce qu’elle avait à l’appartement, il n’y a pas photo ! Tiens, je parle déjà au passé… Une mignonne chambre de quatre mètres sur trois environ, avec une fenêtre qui donne sur le jardin et ses arbres, ça change du béton de l’immeuble d’en face !


Le soir tombe vite, je suis au lit avec Clé. Il fait calme ici, pas de voisin hurleur, de bruit pétaradant, tout au plus, le bruit du vent dans les feuilles. Même si la porte de la chambre est fermée, j’entends parfaitement ce que les grands disent, j’ai une très bonne ouïe !



La jeune femme s’agite (je parie que ses yeux lancent des éclairs) et rétorque de suite :



Là, plus rien. En tendant l’oreille, j’entends des petits bruits étouffés ; il ne me faut pas dix secondes pour identifier des pleurs. Je me demande bien comme se comporte ce géant de deux mètres de Richard face à la petite chose frêle et peu épaisse qu’est Laura, un mètre cinquante cinq à tout casser.


C’est alors qu’un éclair me traverse l’esprit : mais si, je peux ! Je l’ai déjà fait auparavant, il suffit que des coopérateurs (si je puis m’exprimer ainsi) soient dans la pièce que je désire visionner. Or, ça tombe bien, je pense qu’il y en a au moins deux ou trois par là-bas.


Un simple effort de volonté, une bonne concentration, et hop, c’est comme à la télé. Le seul problème est que je suis en caméra fixe : pas moyen de modifier le champ de l’image. Mais bon, c’est mieux que rien !


C’est bien ce que je pensais : la mère de Clé est en pleurs, elle craque sans doute, des mois, des années à écouler. Mais là où je me suis planté, c’est que Richard la console dans ses bras et ne semble pas du tout gêné, ni embarrassé. Il a tout du grand frère d’ailleurs. J’aurais plutôt imaginé autre chose. Bah, on ne gagne pas à tous les coups. Néanmoins, le meilleur dans l’histoire est que Clémentine est sortie de son cagibi ! Elle sera nettement plus heureuse ici que là-bas. Et pour ça, je ne pense pas me tromper…


Bon, je laisse passer un peu de temps, il y a des scènes que je n’aime pas trop regarder. Je suis peut-être voyeur dans l’âme mais il y a des limites. Alors j’attends, j’essaye de me souvenirs de diverses choses. Il me faut bien constater que les meilleurs moments sont liés à cette maison et certainement pas à l’appartement. C’est un fait indubitable…


Je reviens à mes moutons – pardon – à mes deux adultes. Ah, on dirait que j’arrive pile poil au bon moment. Il n’y a pas à dire, je suis bon dans ce genre de choses. Et même ailleurs…


Écartant ses longues mèches d’un geste gracieux, Laura lève la tête vers son hôte :



Elle se lève, passe devant Richard, puis soudain, arrivée à la porte du salon, elle s’arrête, se retourne et dit :



Les jours passent, Clémentine s’adapte très vite à sa nouvelle vie. La maison se remplit petit à petit de jouets et de peluches, il y a en a partout, dans toutes les pièces, même aux toilettes ! Hier, Richard avait préparé des bagages pour les mettre dans sa voiture, la petite avait d’abord fait la tête. Puis elle a vite compris que ce n’était pas les siens, qu’elle restait là, sur place, dans la maison. À genoux devant elle, sa mère lui avait expliqué que Richard devait partir assez loin pour son travail. La fillette avait protesté, elle ne voulait pas que son parrain s’en aille, ce qui avait beaucoup attendri le géant chauve qui n’était pas très loin.



Puis elle était repartie jouer. Laura s’était sentie toute chose. Elle avait frémi lorsqu’une large main s’était posée sur son épaule…



--ooOoo-—



Ça va faire bientôt un peu plus d’un mois maintenant que la maison n’est plus vide, surtout avec les nouvelles peluches ; tout va bien, l’été s’approche doucement, tout ce petit monde est souvent dehors, dans le jardin. Clémentine s’amuse dans la pelouse sous l’œil de sa mère qui, au passage, est en tenue plus que décontractée, c’est le moins que je puisse dire ! Je dirais même que ce sont plutôt ses longs cheveux qui cachent quelque chose, que son débardeur ! Richard, de par sa haute stature, doit avoir actuellement une certaine belle vue… D’ailleurs, ces derniers temps, une bonne semaine à présent, j’ai remarqué que Laura n’hésitait plus beaucoup à se balader dans la maison en tenue particulièrement légère, surtout à l’approche de la nuit, ou au sortir de la salle de bain…


Il fait bon en ce début de week-end. Clémentine s’amuse à courir après tout ce qui vole ; elle n’en a pas fini ! Laura épluche une orange qu’elle divise ensuite en quartiers, sa fille adore ce fruit. De son côté, après avoir rangé ses outils de jardinage, Richard, canette en main, regarde les deux femmes.


Je ne sais pas pourquoi mais il y a quelque chose de tendu dans l’air. Il n’y a qu’à voir les regards dérobés des deux grands. Quand lui regarde, elle rougit ; quand elle regarde, il détourne la tête pour regarder ailleurs. Pour l’instant, l’un boit et l’autre en a fini avec son fruit.



Je me demande comment une si petite fille peut engloutir en moins de quelques secondes une orange si grosse ! L’après-midi s’écoule lentement, entre les rires de la fillette et les « un pas en avant et un pas en arrière » des grands… Tant pis pour eux ; moi, je profite de la chaleur du soleil !


Je sens bien qu’il y a toujours quelque chose dans l’air. Clémentine part coucher, avec moi, bien sûr ! Elle ne tarde pas à s’endormir, inconsciente de la tension entre les deux grands. Pour moi, il en va tout autrement, je sais que je serai aux premières loges de l’affrontement qui se prépare. Un quart d’heure plus tard, c’est Laura qui entame la partie :



Elle se dirige vers le salon, ça me convient mieux, je n’en perdrais pas une miette dans cette partie de la maison, j’y existe en au moins dix exemplaires. Richard s’exécute, il s’assied sur le bord d’un fauteuil, tandis que Laura s’empare du canapé.



Soudain, Laura s’interrompt, elle regarde fixement Richard :



Richard se lève et commence à tourner en rond dans le salon :



Laura se lève d’un bond et lance :



De part et d’autre de la table basse du salon, les deux grands se taisent et se regardent les yeux dans les yeux. La tournure des événements me plaît bien, mais j’ai quelques appréhensions sur le bon déroulement de la suite, je suis en plein dans un de ces moments magiques où tout peut arriver, le meilleur comme le pire… il suffit qu’un seul mot, d’un seul geste pour que tout bascule… Et moi, hélas, je ne peux rien faire… rien…


C’est Richard qui reprend le service dans cette partie spéciale de tennis ; enfin, c’est l’image que je m’en fais. Sa voix est sourde, il cherche à établir ses certitudes :



Je suis bien calé, juste au bon endroit pour admirer le spectacle. Décidément, les grands font toujours des circonvolutions, plutôt que d’aller droit au but. Je sens que ça carbure à fond la caisse sous le crâne chauve, et pas qu’un peu. C’est à nouveau Laura qui lance la balle, et après, on me dira qu’une femme, c’est le sexe faible ! Ben voyons !



Un silence, le géant a les bras ballants, comme assommé, le regard vague. Décidément, les adultes ne savent pas appeler un chat un chat. Enfin, tout au moins, ces deux adultes-là. Dix secondes, peut-être quinze. Laura demande presque timidement :



Le géant secoue la tête, la jeune femme le regarde intensément. Maintenant, je sens que c’est Richard qui est bien parti ; il me le confirme tout de suite :



Encore du silence.


Richard se gratte la tête tout en contournant la table basse. L’air décidé, il pose ses mains sur les bras de Laura. Je songe qu’il pourrait la soulever comme un rien ; toujours ce contraste entre ces deux adultes : la petite chose fragile et le grand machin baraqué.



L’attitude du géant change doucement, il semble se décontracter peu à peu :



Richard resserre plus encore ses larges mains sur les bras de la jeune femme, certains de ses doigts posés sur l’arrondit des épaules. Il reprend d’une voix étrange :



Un énorme silence. Moi, j’attends, tranquillement calé dans le vaste canapé avec mes autres coopérateurs. Dommage que je n’ai pas une boîte de pop corn en main…



Tête baissée, Laura sent ses jambes se dérober, il la retient ; elle s’assied au bord du canapé. Elle tremble légèrement, il ne sait pas quoi dire, il enlève ses mains puis il s’agenouille face à elle. Elle lève la tête :



Sa phrase reste en suspens car la jeune femme lance ses bras autour de son cou et l’embrasse. Happy end, je suis content ! Bon, je ne sais pas si je vais rester là, à regarder leurs mamours… Quoique, ça pourrait être instructif !



--ooOoo-—



Au petit matin, vers neuf heures, Clémentine se réveille.



Je lui réponds à ma façon. Elle regarde les murs autour d’elle, visiblement, elle est contente. Tant bien que mal, elle se met debout sur le lit afin de regarder par la fenêtre. Dehors, il y a déjà du soleil et même des oiseaux sur la pelouse. Elle pousse un petit cri de contentement. Avec précaution, elle descend de son lit, elle m’empoigne par la même occasion. Avec un air sérieux, elle ouvre sa porte puis se dirige en trottinant vers la chambre de sa mère. Elle ouvre de grands yeux ronds quand elle découvre que le lit est vide, et surtout, même pas défait.



Elle fronce des sourcils et part directement vers la cuisine. Personne. Elle regarde dans la salle à manger, puis dans le salon. Toujours personne. Boudeuse, me traînant par un bras (et pourtant, moi, je n’y suis pour rien), elle va dans la salle de bain. Personne non plus. Elle met ses petits poings contre ses hanches, intriguée et perplexe. Moi, je pendouille lamentablement le long de sa jambe. Elle repart alors vers dans le couloir, elle passe près de la porte de la chambre de Richard, celle-ci est légèrement entrouverte. Elle s’arrête sur place. Les yeux grands ouverts, elle entre dans la chambre et découvre sa mère et son parrain endormis dans les bras de l’un de l’autre. De surprise, elle me laisse tomber au sol. Puis elle s’approche du lit pour mieux voir. Souriante, Laura est blottie contre la large poitrine de Richard, ses longs cheveux éparpillés sur le torse volumineux, leurs deux respirations sont apaisées, calmes, sereines.


La fillette sourit radieusement, puis elle ressort en chantonnant.


Peu de temps après, elle revient dans la chambre de Richard avec deux tartines maculées de chocolat à tartiner. Sans précaution particulière, elle en pose une sous le nez de sa mère et l’autre sur le torse de son parrain. Réveillés en sursaut, les deux adultes ouvrent les yeux, contemplant une fillette barbouillée de chocolat sous leurs nez.



Laura a un léger mouvement d’hésitation, elle ne sait pas comment se comporter face au fait que sa fille l’ait surprise au lit dans les bras de Richard. C’est vrai qu’elle dormait tout simplement, mais n’empêche que la situation reste quand même gênante. De plus, pas de secours à attendre de son amant, il agit comme si de rien n’était : il mange la tartine, tout en évitant de se mettre trop de chocolat sur les doigts.



Et Laura mange sa tartine tant bien que mal, sous l’œil attentif de sa fille. À peine la dernière bouchée avalée, la petite demande :



Clémentine désigne Richard du bout du doigt, puis questionne :



La fillette regarde fixement sa mère qui ne sait plus où se mettre. Puis sur son visage se dessine un large sourire :



Richard se penche vers la fillette, il lui tend les bras, elle se jette dedans, toute joyeuse. Il la soulève au-dessus du lit, elle gazouille tout en battant des pieds et des bras, comme un petit oiseau. Peu après, Clémentine vient se nicher entre les deux adultes, ronronnant des tas de « mama » et de « papa ». De temps à autre, Laura essuie fugacement une petite larme. Même s’il ne le montre pas, Richard est ému, il s’abstient d’ailleurs de parler pour ne pas révéler une voix enrouée…


Moi, je suis resté à l’entrée de la chambre, lâchement abandonné, mais au vu des circonstances, je lui pardonne sans problème.


Puis les jours sont passés, les semaines, les mois, Clémentine grandit parmi ses peluches, sa maman, son papa et, bien sûr, moi, l’unique. Une petite famille ordinaire, soudée, vivant sous le même toit douillet, loin des tourments extérieurs. Un peu beaucoup rose bonbon, mais ma petite Clé aura tout le temps quand elle sera plus grande de se frotter à un monde cynique, froid et calculateur. Pour l’instant, elle vit toute heureuse dans son petit monde clos et confortable, et elle s’endort chaque soir avec une histoire de son papa, et un gros câlin de sa maman, à moins que ce ne soit l’inverse.


Et bien sûr, toujours avec moi !



--ooOoo-—



Un grand lit sans dessus-dessous, des draps totalement défaits, deux corps repus. Le soleil filtre à travers les volets, illuminant doucement la pièce. La tête sur le ventre de son amant, ses cheveux épars, elle se tourne vers lui :



Elle tend d’un seul coup ses deux bras vers le plafond :



Il secoue la tête tout en soupirant : irrécupérable !


Puis, avec un grand sourire, tendrement, il caresse les longs cheveux, la douce joue. Quelques secondes d’éternité passent… Les yeux au plafond, il constate :



Elle pouffe, tout en lui frôlant la cuisse de ses ongles :



Il se redresse prestement, puis agilement se couche à moitié sur sa compagne :



Elle n’a pas le temps d’en dire plus, il l’embrasse fougueusement. Elle sait qu’elle va vivre à nouveau ce merveilleux moment où elle s’abandonne sereinement et totalement à un homme, son homme.


Oui, totalement…


Le soleil filtre de plus en plus à travers les volets, la chambre est baignée de lumière. Deux corps en sueur, elle sur lui, la tête sur ses cuisses, les bras en croix.



Elle commence à taquiner de ses ongles le sexe repus de son homme. Bien qu’il ait déjà donné plus d’une fois ce matin, celui-ci commence à reprendre du poil de la bête.



Et elle continue son petit manège ; elle adore le pouvoir qu’elle possède sur cette chose molle qui durcit peu à peu, irrésistiblement. Son Richard est proportionné de partout, et ce qu’il a entre les jambes n’est pas une mince affaire. D’ailleurs, la première fois qu’ils avaient fait l’amour, elle avait eu une certaine appréhension. Mais il s’y était pris avec tant de douceur qu’elle fut surprise de l’accueillir sans résistance en elle malgré le calibre. Depuis, elle raffole d’être ainsi comblée, remplie, envahie, parfois saturée, mais tellement heureuse.


Doucement, la tige de chair s’érige, les veines se dessinent petit à petit sous la fine peau délicate, tandis que le gland sort de sa cachette. Lentement mais irrémédiablement, les doigts fins caressent voluptueusement leur proie, celle-ci palpite délicatement. Un doigt plus taquin ou vicieux que les autres s’amuse à explorer la base du frein, soulignant les chauds reliefs.


Puis d’autres ongles voraces impriment leurs marques sur la tige palpitante et tiède, cherchant à conquérir son volume, à tester sa résistance, sa consistance. Alors s’amorce un lent mouvement de va-et-vient, d’abord imperceptible, puis de plus en plus marqué, un déplacement fort, puissant, serré.


À présent mouillé de salive, le doigt taquin caresse l’arrondi du gland, le lustrant, le polissant, délicatement, subtilement, tandis qu’un pouce câline sa base. Ludiquement, un ongle pervers s’amuse à entrouvrir le méat, comme pour aller l’explorer plus intimement encore.


Ce petit jeu continue de longues secondes, très voluptueuses, puis une bouche chaude décide d’engloutir le sommet de cette tige de chair palpitante. Une langue soyeuse cajole sensuellement une cime arrondie, tandis que, plus bas, une main s’active encore plus, impérieuse, exigeante.

Une dernière lècherie charnelle et sensuelle, un dernier long suçon vicieux et humide, une tige chauffée à blanc, puis le jaillissement final, une interminable délivrance dans un grand râle de plaisir étouffé.


D’autres petites salves tièdes, des lèvres toujours soudées à cette tige qui frémit, frissonnante, un grand corps qui se relâche, une langue qui caresse toujours et encore, cueillant tout, récoltant les moindres parcelles, les moindres miettes, afin de tout prendre et de ne rien laisser…



--ooOoo-—



Laura prend sa fille sur ses genoux :



Richard intervient :



La principale concernée, Laura, tente de reprendre la main :



La fillette aborde un sourire radieux, puis d’un seul coup, elle s’assombrit :



Lentement, le géant chauve s’agenouille puis courbe la tête pour être à la hauteur du visage de sa fille :



Le géant chauve rit de bon cœur :



Richard capture la fillette dans ses larges mains, la décollant des genoux de sa mère un peu dépassée. Il l’installe confortablement dans ses bras, Clémentine, ravie, se laisse faire.



Et il l’embrasse.


Puis les semaines passent, le ventre de Laura s’arrondit de plus en plus. Un beau jour, une échographie montre qu’il n’y a pas qu’un seul heureux événement, mais deux. À la nouvelle, Richard est d’abord ahuri puis il sourit, radieux. Puis d’un coup, il s’inquiète de savoir si sa toute petite Laura saura résister à pareil épreuve !



Puis quelques semaines plus tard, Clémentine apprend qu’elle aura à la fois une petite sœur et aussi un petit frère. Ça lui convient très bien !


Clémentine dort déjà avec moi depuis longtemps. Laura, telle une toute petite enfant, est sur les genoux de Richard.



Richard tend la main vers la bouteille, et sert les deux verres :



Pour toute réponse, il l’embrasse tendrement puis passionnément. Heureuse, elle se laisse aller…



--ooOoo-—



Clémentine se penche sur les berceaux transparents de la clinique. Elle écarquille les yeux, fait la moue et déclare :



Elle relève la tête, un peu dubitative, puis se repenche sur les berceaux :



Et elle le prouve durant les mois et les années qui suivent. Moi, doucement mais sûrement, je déserte peu à peu son lit. Puis un beau jour, Clémentine me fait trôner à la place d’honneur de sa chambre, entre lit et bureau. Les jumeaux grandissent sous l’œil amusé et protecteur de la grande sœur.


Sauf quand ils font irruption dans sa chambre ! Alors, là, je peux vous garantir que ça hurle bien !


En parlant de hurler, Laura a mis un peu la sourdine. Ces deux-là, malgré les années, y vont toujours aussi de bon cœur, et leur chambre ressemble plutôt à un vaste champ de bataille qu’à un paisible dortoir ! Et plus les années passent, plus Laura devient coquine, et Richard qui assume et assure très bien !


Clémentine a toujours su que David existe. Parfois, de temps à autre, rarement, une carte postale très mal écrite lui arrive. Elle reçoit régulièrement avant tout le monde tous les nouveaux titres de celui-ci. Elle les écoute, comme c’est le cas aujourd’hui.


Elle sort de sa chambre, ouvre le frigo pour se servir à boire. Un peu inquiète, sa mère lui demande :



Laura n’en saura pas plus.



--ooOoo-—



Une nouvelle journée, calme et paisible, en ce samedi après-midi. Richard est sur l’ordinateur. Laura est dans le couloir, assise par terre, en train de trier divers livres.



Laissant les livres au sol, elle se lève précipitamment et se rue dans le bureau :



Elle lit à son tour le message sur l’écran, bouché bée.



Et elle se jette sur la vaste poitrine de Richard.



Elle pleure toujours contre lui :



Il s’arrête net : sur le seuil du bureau, une préado le dévisage :



Une expression indéchiffrable sur son visage…



--ooOoo-—



Un parc au soleil printanier, une fillette, un père biologique qui revient d’un lointain continent. Inquiets, Laura et Richard sont restés en retrait, tandis que les jumeaux jouent dans le jardin d’enfant, à deux pas. L’air charmeur, sûr de lui, David s’approche d’elle, fier de sa notoriété acquise, de sa célébrité enfin venue et confirmée :



Il écarquille les yeux. Il reprend alors :



Elle le toise du haut de ses douze ans :



Toujours inquiets, Laura et Richard s’approchent un peu. Clémentine regarde David droit dans les yeux et lui assène :



Il accuse difficilement le choc. Figés, les trois adultes sont ébahis, mais à divers titres. David riposte :



Elle continue de le toiser :



Et elle lui tourne définitivement le dos :



Puis elle se colle à lui.


Figé sur place, David voit alors partir loin de sa vue une famille comme il en existe tant d’autres. Une famille dans laquelle existe sa fille. Mais définitivement, ce ne sera pas sa famille.


Alors, lui aussi s’éloigne, avec le vague sentiment d’avoir complètement raté quelque chose…