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Temps de lecture estimé : 21 mn
04/04/10
Résumé:  Mon chat commence à m'agacer. Je le saisis des deux mains, le soulève, et approche sa petite frimousse à moustaches de mon gros nez. «Alors toi, p'tit moulin à ronrons, t'aurais pas une idée, comment je pourrais me la faire ?»
Critères:  fh jeunes gymnastiqu école train douche voir exhib odeurs fellation pénétratio
Auteur : Philipum      Envoi mini-message
La chatte sauvage

Mes baskets crissent sur le sol plastifié. Non, mon gars, tu ne passeras pas. Il tire. Raté ! Je prends le rebond ; bonne défense. Coup de sifflet. On souffle un peu, se désaltère. Discute tactique. C’est reparti : contre l’équipe quatre.


Le ballon est de notre côté. On a décidé de jouer plus agressif ; je monte directement au panier, espérant les surprendre. Une longue passe pour moi ! Je saute, saisis le ballon au vol. La voie est quasiment libre, juste un défenseur à passer ; tiens, je ne l’avais jamais vue, celle-là ; une feinte et trois pas devraient suffire, du tout cuit. Mon attention s’est attardée une fraction de seconde de trop sur la silhouette devant moi : d’une détente inattendue, rapide comme un serpent, son bras jaillit et vient frapper le ballon avec précision entre mes deux mains ; son autre bras s’empare aussi sec de sa proie déstabilisée. Hors de ma portée, le ballon vole déjà à l’autre bout du terrain.


J’ai perdu une grande partie de ma concentration. Un peu en retrait, je laisse le jeu se faire, sans trop prendre d’initiative. Elle me fascine. Grande, élancée, le regard vif, l’expression alerte. Des mèches de cheveux noirs collent à son front et le long de sa joue. Elle ne conserve jamais le ballon plus de quelques secondes ; à chaque fois qu’elle l’attrape, un petit sourire de satisfaction vient plisser les commissures de ses lèvres, et elle s’en débarrasse aussitôt, soit en le passant négligemment au premier membre de son équipe qui le réclame, soit par un tir au panier approximatif.


Je trouve un coin à l’écart pour mes étirements, tout en continuant à observer cette femme sublime. Son corps souple, assumé, incarné, mû et animé d’une grâce féline, agit comme un implacable pôle d’attraction, exerçant sa force basique sur toutes les charges viriles alentour ; il n’y a qu’à voir l’agitation qu’elle provoque, tous ces mâles en orbite autour d’elle, comme des comètes capturées par le Soleil, dont la queue s’allonge en proportion de l’éclat lumineux. Personne ne semble oser se frotter à elle de trop près, par crainte, sans doute, de se retrouver calciné par l’intensité du contact.



Surpris par cette intrusion dans le cours de mes pensées, je me retourne. Le jeune homme me sourit d’un air complice. Je ne le reconnais pas tout de suite à cause de ses lunettes, qu’il a remises après l’entraînement ; l’instant d’après, je me détends : c’est Raymond, un bon gars, plutôt réservé, un peu grassouillet, assez bon tireur mais s’essoufflant vite si la partie devient trop animée. Je lui rends son sourire.



Il s’interrompt, faisant des gestes vagues de ses mains ; son visage devient rouge comme une pivoine.



Il semble incapable d’aller plus loin. Mort de gêne. Il va falloir lui tirer les vers du nez.



Après quelques regards furtifs alentour l’assurant que personne ne nous épie, il souffle, comme s’il s’agissait d’un aveu primordial :



Cette révélation me laisse sans voix. Nous observons Virgina en silence ; elle est assise à même le sol, ses superbes jambes tendues et écartées devant elle ; son torse est fléchi à l’horizontale et oscille lentement de droite à gauche. J’imagine ces lèvres sensuelles se promenant sur mon sexe. Troublé, je replie mes genoux sur ma poitrine afin de cacher ma subite érection ; au même instant, je remarque Raymond en train de faire exactement le même geste. Nous nous regardons et, de connivence, éclatons d’un rire jovial. Puis, toujours dans la même position, il dévoile une partie de ses fesses, sur lesquelles sont visibles les traces d’anciennes griffures.



Je lève un sourcil de manière interrogatrice. La plupart de nos camarades sont déjà aux vestiaires. Virgina, elle, n’a pas l’air pressé. Raymond prend une longue inspiration.



Nous éclatons de rire. Sympa, ça, qu’il puisse rire lui-même de son expérience tragi-comique invraisemblable. Sans conséquences graves, il faut bien le dire. Je peux m’imaginer que ça a même dû être plutôt agréable, à un moment donné…


Nous la regardons se lever et se diriger vers les vestiaires d’un pas léger et assuré. Tout ce qu’elle fait, elle le fait avec assurance et légèreté, on dirait. Quelle épatante créature !



oooOOOooo



De retour chez moi, je m’affale dans mon canapé. Je fais défiler divers programmes télé devant mes yeux sans y prêter la moindre attention. Les images qui m’emplissent l’esprit sont celles de Virgina. Je l’imagine nue, aguicheuse, s’approchant, prête à bondir. Au moment où je vais céder à mon envie d’enfiler ma main dans mon caleçon, c’est mon chat qui me saute dessus, atterrissant sur mes genoux. Je le caresse machinalement. Il se met à ronronner et à se frotter contre moi.


Je me consume de désir pour cette fille. Si ce nullard de Raymond a pu obtenir ses faveurs, alors moi aussi, je le peux. J’ai un corps bien plus athlétique que lui. Bon, c’est vrai, j’ai aussi un drôle de visage au ton rosâtre, au milieu duquel est planté un nez énorme comme l’Olympus Mons dans les plaines martiennes. Sans parler de mes oreilles, de vrais anneaux de Saturne, qui dépassent de mes cheveux ébouriffés de manière comique. J’aurais dû faire une école de clown, tiens, j’ai le physique pour. Un clown de l’espace… Pas étonnant que je ne me fasse jamais draguer. Je ne drague personne non plus, d’ailleurs : je ne suis pas pressé, je sais au fond de moi que l’amour viendra, en son temps. Et puis, le plaisir solitaire a ses avantages. Je connais mon sexe sur le bout des doigts, chacune de ses envies, ses plus subtiles réactions. Pourtant, je rêve souvent de cuisses chaudes, d’une poitrine sensuelle, de tendres lèvres, du voluptueux partage d’un baiser. Parfois, ce simple besoin charnel se fait pressant. Comme ce soir.


Mon chat commence à m’agacer. Je le saisis des deux mains, le soulève, et approche sa petite frimousse à moustaches de mon gros nez. « Alors toi, p’tit moulin à ronrons, t’aurais pas une idée, comment je pourrais me la faire ? »


Il prend un air courroucé, gigote et échappe à mon emprise. Tâchant de retrouver un peu de dignité, il se lèche minutieusement des pattes avant. « Tu t’en fous, évidemment, de mes histoires de femelles… » Je l’observe encore un moment. Un déclic se fait dans ma tête ; les pièces du puzzle trouvent soudain leur place naturelle. Mais bien sûr ! Virgina fonctionne comme une chatte. Une chatte extrêmement fière, que personne ne sait apprivoiser. Une lionne, que la simple adoration des mâles fait ronronner de plaisir, mais qui ne supporte pas que l’on porte atteinte à son amour-propre en manifestant la moindre tentative d’attouchement. J’ai toujours eu du succès envers les chats car je sais comment m’y prendre : ne jamais aller vers eux, mais les laisser venir ; attiser leur curiosité en s’intéressant à tel petit détail ; les effleurer doucement, distraitement, juste assez pour leur donner envie de caresses ; entretenir leur soif d’attentions, tout en leur donnant une impression de liberté et d’indépendance. C’est exactement ce que Raymond a fait, sans s’en rendre compte.


Je me lève et vais servir à mon chat un bon bol de ses croquettes préférées. Il me pardonne aussitôt ma brusquerie de tout à l’heure. Avec Virgina, cependant, mon petit doigt me dit que je n’aurai pas droit au moindre écart…



oooOOOooo



Deux semaines se sont écoulées. Je suis assis dans le tram à destination de la Place de l’Opéra. Je n’ai fichtrement rien à y faire, ce n’est même pas dans cette direction que se trouve mon domicile ; seulement voilà, j’ai eu le temps, jour après jour, d’étudier les habitudes de la belle et indomptable Virgina. J’ai appris pas cœur son emploi du temps, j’ai calculé qu’elle prendrait ce tram vers dix-sept heures dix, et me voici, l’air de rien, placé deux rangées derrière elle. Je ne sais pas trop ce que j’espère. Qu’elle m’ait remarqué en montant, sans doute ; qu’elle me croie indifférent à sa présence, cela fait partie de ma stratégie ; en tout cas, je peux contempler à mon aise sa chevelure soyeuse d’ébène cascadant sur ses épaules, ainsi qu’une petite partie de sa nuque délicate, et cela me suffit amplement.


Un bonhomme barbu et hirsute, après nous avoir gratifiés d’une musique d’accordéon pleine d’allégresse, passe parmi les voyageurs en faisant cliqueter des pièces dans un chapeau. Arrivé à la hauteur de Virgina, il se penche vers elle et déclare d’une voix gaillarde :



C’est là qu’il fait l’erreur de lui toucher le bras. En un geste fulgurant, elle attrape le chapeau et le lui enfonce sur la tête. Aucune pièce n’est tombée. Le gars reste là, ahuri, son petit accordéon dans une main et l’autre sur son chapeau ; il n’ose pas l’ôter de peur de tout renverser. Lorsque le tram s’arrête, il vacille et manque de valdinguer. Il déguerpit à la hâte, sous les rires étouffés de plusieurs voyageurs. Je suis béat d’hilarité et d’admiration. Elle promène son regard triomphant sur les témoins de la scène, et il me semble qu’elle esquisse un sourire à mon égard. M’aurait-elle reconnu ?


Le tram ne redémarre plus. On nous annonce que la voie est bloquée par une manifestation. Retard estimé à trente minutes. Les portes restent ouvertes. Les voyageurs sortent, laissant le wagon quasiment vide. Virgina est toujours assise ; accoudée au rebord de la fenêtre, elle rêvasse. Il ne lui reste pourtant qu’un seul arrêt à faire pour arriver chez elle ! Je me rappelle ce qu’a dit Raymond : pas pressée pour deux sous.


N’importe quel homme bien dans ses couilles verrait ici l’occasion rêvée pour l’accoster. Pas moi. Pour moi, c’est l’occasion de tester ma tactique. J’ai décidé de mettre la barre très haut, et de partir du principe qu’elle sait pertinemment que je suis assis derrière elle et que tout ce qu’elle attend, c’est un signe ostentatoire de ma part l’assurant sans ambiguïté que, comme tous les autres, je la désire à en mourir ; ce qui n’est pas faux, ceci dit, mais je ne dois surtout pas le lui montrer. Au lieu de cela, je dois feindre le désintérêt.


Je farfouille dans mon sac à dos, faisant exprès des bruits de froissements pour attirer son attention. Arrivés tout au fond du sac, mes doigts rencontrent un petit objet en plastique : un Rubik’s cube, cet espèce de jouet idiot où il s’agit d’aligner des petits cubes de couleurs en faisant pivoter les faces du plus grand cube qu’ils composent. Je me souviens avoir dégotté ça chez mon oncle l’autre jour ; j’ai dû le trimballer depuis sans le savoir. Ce truc est complètement ridicule et ringard ; je décide sur-le-champ qu’il fera parfaitement l’affaire.


Je me mets donc à aligner les couleurs sur mon cube. Sa réaction ne se fait pas attendre : je distingue du coin de l’œil qu’elle s’est tournée vers moi. J’ai une furieuse envie de la dévorer des yeux, son minois aux traits si fins, ses lèvres pulpeuses, son petit menton en pointe, le creux que fait son cou en rejoignant ses épaules ; mais comment la regarder sans qu’elle sente la flamme de mon désir dirigée sur elle ? De frustration, je tourne rageusement mon Rubik’s cube dans tous les sens, détruisant les deux lignes adjacentes de couleur bleue que j’avais minutieusement élaborées.


Elle s’est levée. Elle étire ses bras, longuement, puis son bassin et ses jambes, en s’accrochant aux barres qui courent le long des parois du tram. Elle reste un moment dans cette position, les bras levés, une jambe tendue derrière elle, sa chevelure lui recouvrant le visage. J’autorise aussitôt mes yeux à se braquer sur elle et parcourir ses formes. Ses jambes sublimes sont recouvertes de collants noirs sous une robe moulante couleur noisette qui s’arrête juste au-dessus des genoux. Je suis le tracé divin de ses cuisses et de ses fesses, la cambrure de ses hanches, son ventre parfait surmonté de seins fermes et hauts perchés, d’où s’élancent ses bras délicats. Ma respiration s’est intensifiée ; je suis pris de la folle envie d’étreindre passionnément ce corps de rêve.


Elle s’ébroue, rejette ses cheveux en arrière et se tourne dans ma direction. Juste à temps, j’ai reporté mon attention sur le cube. Il me semble qu’elle me considère franchement, une main sur la hanche, comme pour m’inviter. Mes mains tremblotantes s’affairent frénétiquement. Elle s’approche un peu. Je ne céderai pas. Toujours sans un mot, avec une souplesse toute féline, elle vient s’installer sur le siège libre à côté de moi. Mon cœur bondit lorsqu’elle frotte sensuellement sa joue contre mon épaule. J’ai envie de humer ses cheveux aux senteurs pénétrantes. Au lieu de cela, je parviens à me composer. Je tourne le cube de manière nonchalante. Elle dirige vers l’objet un regard à la fois curieux et dédaigneux. Elle tend une main vers le cube ; je l’éloigne au fur et à mesure hors de sa portée, de sorte à ce qu’elle se penche sur moi, jusqu’à me frôler le visage de ses seins. Je suis en extase ; ses formes, sa chaleur, son odeur, tout m’enivre. Je me risque à lui caresser la cuisse de ma main libre. Rapide comme l’éclair, elle se saisit du cube et reprend sa place sur le siège ; elle l’examine un moment, puis le jette à terre. Elle vient à nouveau se frotter à moi de manière insistante ; c’est tout juste si elle ne se met pas à ronronner ! Sans la regarder, je lui offre une longue caresse, commençant sur le haut de la nuque et finissant vers le bas du dos ; puis je me détourne, croise les bras sur ma poitrine et regarde par la fenêtre. Elle approche son visage tout près du mien. Je sens son parfum grisant, son souffle sur ma nuque, puis ses dents aiguës sur le lobe de mon oreille. Je ferme les yeux, transi d’une brûlante immobilité. Sa main s’est faufilée sous ma chemise ; son contact me fait frissonner tout entier. Je m’immerge dans un bain de délicieuses sensations à fleur de peau. Je deviens tout toucher, tout odeurs, tandis qu’une douce chaleur enfle dans mon bas-ventre.


Je réalise tout d’un coup que le tram a redémarré. Nous sommes entourés de passagers ! Heureusement, personne ne nous regarde ; ils ignorent probablement qu’ils passent à côté d’une scène unique se déroulant au dernier rang. Puis, le tram s’arrête, les portent s’ouvrent. Avec une désinvolture déconcertante, elle se lève et sort silencieusement. Moi, je reste encore longtemps assis au fond du tram, savourant mon état de volupté, captant les dernières volutes de son essence flottant dans l’air.



oooOOOooo



Je lève la tête, de sorte à ce que le jet de la douche me frappe directement le visage. Je fulmine. Plus de deux semaines se sont écoulées depuis l’épisode du tram, et je n’ai pas fait le moindre progrès avec Virgina. Elle hante mes nuits. Je passe mes journées à chercher la situation adéquate, sans résultats. Ce soir même, après l’entraînement, cela m’a paru être l’occasion parfaite : nous n’étions que huit, les autres ayant sans doute choisi de se rendre au festival des Vingt Verres Verts qui fait rage en ce moment au centre-ville. Comme à son habitude, elle s’est attardée plus longtemps que nécessaire pour ses étirements, et bien entendu, j’en ai fait autant, si bien que nous nous sommes retrouvés seuls dans la grande salle de gymnastique. J’ai fait mine de ne pas faire attention à elle ; et pourtant, après une dizaine de minutes, elle s’est tout de même rendue aux vestiaires. Et me voilà à présent seul sous la douche, extrêmement contrarié. Mais qui a dit que les chats avaient un comportement prévisible ?


Je sursaute lorsque j’entends une voix féminine derrière moi :



Je tourne la tête et cligne des yeux, incrédule, devant le spectacle qui s’offre à moi : Virgina dans toute sa splendeur, la moitié supérieure de son corps nu dépassant du mur qui sépare les douches des vestiaires. Dieu, je n’ai jamais vu un sein aussi parfait ! Elle balaie la salle du regard, s’arrêtant sur un flacon de shampooing abandonné sur le petit support d’une douche voisine, et sans hésiter, elle vient se l’approprier.



Elle se tient à côté de moi, impudique, ayant apparemment l’intention de prendre ici sa douche. Sa beauté fulgurante m’éblouit, me fait perdre tous mes moyens, sauf peut-être celui qui se trouve entre mes jambes, d’après la vigueur avec laquelle il s’est redressé. Je me détourne d’elle précipitamment. Maintenant face au mur, je ne vois d’elle que son reflet cruellement déformé dans le métal du robinet de douche ; autant dire, pas assez, mais je n’ose pas la regarder directement. Elle a l’air de se prélasser sous l’eau chaude, tout en se savonnant généreusement. Elle prend tout son temps, évidemment ; et pendant ce temps, mon désir se fait insoutenable.


Je devine dans son reflet ce qui doit être ses seins et son pubis, fièrement tournés vers moi. Je rêve, ou elle s’avance ? Je ne la vois plus. Elle est juste derrière moi. Légères comme des papillons, ses mains pleines de mousse se posent sur mes hanches. Je ferme les yeux. Avec un délice indescriptible, je sens ses tétons exercer une faible pression contre mon dos. Sa main droite glisse lentement le long de mon aine pour saisir délicatement ma verge durcie ; sa main gauche redescend et se faufile entre mes cuisses, accueillant mes testicules dans sa coupe. S’en suit un langoureux va-et-vient de ses doigts magiques rendus onctueux par la mousse, en rythme avec de faible pressions de mes bourses ; le plaisir me transperce, féroce et savoureux, infernal dans son intensité. Son corps vient se coller étroitement au mien. Je n’en peux plus, je brûle de la saisir, de la serrer, la palper ; peut-être est-elle disposée à cela, peut-être me suffirait-il de me retourner pour la prendre, là, sans plus attendre…


Elle a cessé ses mouvements. Je la sens tendue, comme en alerte. Un bruit me fait tressaillir : la porte du vestiaire, des pas qui se rapprochent. Une silhouette se profile à l’entrée de la douche.



Je réalise que je bande comme un mustang et que cela doit se voir à trois lieues à la ronde. Rouge de honte, je me tourne vers le mur.



Il repart aussi vite qu’il est venu. Quel con ce type, il a fait fuir Virgina ! Elle s’est mystérieusement volatilisée. Ou aurais-je rêvé ? Toujours est-il que je n’ai pas droit, ce soir-là, à une nouvelle apparition divine.



oooOOOooo



Le vendredi après-midi suivant, comme à son habitude, Virgina se rend à la bibliothèque de l’université pour y réviser le droit économique. Il est quinze heures quinze ; à cette heure-ci, elle devrait être assise à une table de la section nord-ouest. Or, ayant bien étudié les lieux, je sais que si on passe devant ce petit coin de lecture relativement prisé des étudiants, à droite de l’étagère numérotée K2, on trouve un mince couloir mal éclairé aboutissant, après un nouveau tournant, à un cul-de-sac où un petit fauteuil miteux ainsi qu’une lampe de lecture plutôt antique trouvent à peine leur place parmi des étagères poussiéreuses ne contenant essentiellement que des ouvrages sur la révolution tranquille du Québec dans les années soixante.


Mon estomac est noué, mes intestins contractés au point de m’obliger à faire un détour par les toilettes de la bibliothèque. J’ai un trac pas possible. Pourtant, mon plan est simple à souhait, sans le moindre risque.


Je la vois. Elle est ravissante : des papiers et livres ouverts étalés devant elle, le menton posé sur la paume de sa main, un petit pli de concentration au milieu du front. D’autres étudiants sont installés aux tables voisines. Je m’approche. Je n’ai rien à faire de spécial, juste passer devant elle, mine de rien. Je sais qu’elle s’en apercevra : ses sens sont en éveil en permanence.


Je bouge dans un état second, dans un monde parallèle où les sons sont étouffés, les couleurs trop vives, le temps au ralenti. Je contourne l’armoire K2. Je suis hors de sa vue, dans le passage étroit. Je m’installe dans le fauteuil. Ouf, je respire. Bon, je suppose qu’au terme de cette journée, je saurai tout sur la révolution tranquille du Québec…


Les heures passent. Ce recoin perdu et encaissé de la bibliothèque, sans fenêtre, est déprimant. Pas étonnant que personne n’y vienne jamais. Elle ne viendra pas. Rien que penser à elle me fait bander. Le souvenir de sa main sur mon sexe, c’est en trop : j’ai envie de me masturber comme un beau diable. Non, ce n’est pas trop l’endroit, et puis ce serait dégueulasse. J’en étais où, dans ce putain de livre ? Voilà que j’ai envie de chialer, maintenant ! Et puis merde ; je me lève pour prendre un autre livre, Jean-Jacques Dubeauchamp, encore un inconnu au bataillon.


J’ai soudain le sentiment d’être observé. Dans le couloir, rien ne bouge ; je sursaute en remarquant, à un mètre au-dessus du sol, une paire d’yeux luisants. Elle se tient accroupie dans l’ombre, s’appuyant d’une main sur le rebord de l’étagère. Tandis que mon cœur galope, mon esprit se reprend : je lui lâche :



Je m’empare du bouquin, et me réinstalle tranquillement dans mon fauteuil.


Elle s’avance maintenant vers moi à quatre pattes. Elle n’a jamais été aussi gracieuse, aussi féline, aussi tentante. Arrivée juste devant mes pieds, elle se tourne et se prélasse, allongée sur le dos. Il m’est tout bonnement impossible de ne pas la regarder : en tortillant son bassin, elle fait lentement glisser son pantalon le long de ses cuisses ; ah, ses cuisses ! Elles sont sublimes ! Je vais les lui écarter, lui arracher sa culotte humide…


Non, non, NON ! C’est justement ce qu’il faut éviter de faire ; ne pas la brusquer ; elle est une chatte, une chatte… une chatte en chaleur, certes, mais une chatte sensible, susceptible… Je la veux… Je la VEUX… OK, du calme, j’ai une idée… Oui, cela pourrait marcher !


Avec une douceur fiévreuse, de mes mains tremblantes, je défais les boutons de mon jean ; je le descends juste assez pour faire pointer mon pénis, que je tiens fièrement devant moi et commence à caresser.


Cela a précisément l’effet que j’espérais : elle se redresse et me regarde avec une petite moue. D’un seul geste, elle ôte son pull et le T-shirt qu’elle portait dessous. Elle est maintenant à genoux devant moi, en sous-vêtements. Elle passe sensuellement ses mains le long de son torse. Elle est si belle que je crois mourir de désir. Je me débarrasse à mon tour de mon T-shirt, puis libère un peu plus mon pénis, que je me remets à stimuler. Ne jamais aller vers elle, mais la laisser venir… Attiser sa curiosité en m’intéressant à tel petit détail…


Ses mains redescendent et passent sous sa culotte, qu’elle laisse descendre, découvrant progressivement sa toison intime. Je ne pense pas pouvoir tenir ainsi longtemps. Comment l’étreindre sans la faire basculer, sans nous cogner contre un rebord d’étagère, sans irrémédiablement provoquer son courroux ?


Elle attend. Elle passe sa langue sur ses lèvres. Elle cambre légèrement son bassin. Elle attend que je la prenne. Elle n’attend que ça. Au dernier moment, je réfrène une fois de plus mon élan et reporte toute mon attention sur mon propre sexe, devenu turgescent. D’une détente soudaine, elle l’attrape à la base de ses deux mains ; puis elle s’avance et le lèche plusieurs fois. L’instant d’après, elle me chevauche et me lèche les lèvres. Je suis assailli de sensations extraordinaires : son odeur, tout d’abord, un parfum exquis se dégageant de sa bouche, un nectar de volupté pure que je bois à sa source avec ivresse ; et puis sa peau, d’une douceur impossible, sa peau palpitante contre la mienne, dont j’entreprends d’explorer tactilement la texture et les courbes. Elle est femme, elle est chaude, elle soupire, elle s’ouvre à moi ; je sens, tout contre mon gland, son antre secret aux mille merveilles, délicieusement moite…


Doucement. Tout dou-ce-ment… là… je te sens… ton ventre… ce ventre, n’est-ce pas la plus belle merveille au monde ? Tout en accordant mes mouvements du bassin aux siens, je lui caresse le ventre, ce ventre doux, merveilleux, que je sens bientôt prêt à m’accueillir, là, tout au fond, bientôt, là, oui mon amour…


Je lui saisis les deux seins, encore emprisonnés par le soutien-gorge ; ses tétons sont durs, je les presse, elle gémit, c’est le signal ; je m’élance ! J’entre profondément en elle, un instant de pur bonheur, immédiatement suivi d’un cri strident et une intense douleur derrière les omoplates. Elle se dégage immédiatement. J’ai à peine le temps d’appréhender ce qui se passe ; elle enfile sa culotte, sur laquelle apparaît une tache rouge ; elle remet le reste de ses vêtements, et s’éclipse aussitôt. Je mets un moment à percuter. Alors, Virgina était… Putain de bordel de merde !


Je n’ai plus qu’à me rhabiller. Le contact du tissu sur mon dos écorché est atroce. Le livre, tombé depuis longtemps, gît ouvert à mes pieds ; quelques gouttes de sang l’ont taché. Je le ramasse, le renifle, l’effleure de mes doigts ; finalement, je le referme délicatement et le replace avec révérence sur son rayon. À l’avenir, cela deviendra mon rituel du vendredi après-midi : ouvrir le Jean-Jacques Dubeauchamp à la page cent soixante-deux, le poser sur mes genoux, et méditer un moment, le regard dans le vague.



oooOOOooo



Cette fille est une maniaque : elle les veut tous à son tableau de chasse, absolument tous. Son attitude à mon égard n’a pas tellement changé, si ce n’est qu’elle ne m’accorde même plus l’intérêt de la curiosité. J’ai décidé de reprendre mes bonnes vieilles habitudes et de patiemment attendre l’amour, celui qui se base sur le respect mutuel ; l’épisode Virgina restera une expérience mémorable, que je n’ai aucune raison de regretter.


Maintenant, je l’admire ouvertement. Je ne me lasse pas de la voir faire ses étirements après l’entraînement. Elle s’est bien donnée, aujourd’hui : cela se voit à son dos trempé de sueur, le teint rougi de ses joues, la profondeur franche de sa respiration lorsqu’elle parle et rit avec ses copines. Je remarque un jeune homme, assis en tailleur à quelques pas de moi ; il la regarde aussi, discrètement. C’est la première fois qu’il joue avec nous. C’est peut-être la première fois qu’il la voit. S’il s’y prend bien, il devrait avoir une chance. Je serais drôlement curieux, en fait, de savoir jusqu’où il pourrait aller. Je m’approche silencieusement.



Il me considère sans rien dire, dubitatif, probablement étonné qu’un parfait inconnu puisse si facilement s’immiscer dans le cours de ses pensées. Je me présente et lui serre la main. Quelque chose dans ma remarque semble lui avoir mis la puce à l’oreille, car il demande :



Il me regarde, puis elle, en fronçant les sourcils. Je me penche vers lui et murmure :



Je suis parti pour tout lui raconter ; autant ménager mon effet. Discrètement, je soulève mon T-shirt, dévoilant une partie de mon dos.



Mon ton se fait plus confident, plus grave, à la mesure de ma révélation aussi incroyable que véridique.