Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 13886Fiche technique21071 caractères21071
Temps de lecture estimé : 16 mn
05/06/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Un homme retrouve son amour de jeunesse.
Critères:  fh hagé fagée frousses couple extracon cunnilingu pénétratio mélo -amouroman -couple
Auteur : J.Chee            Envoi mini-message

Concours : Une histoire et une chanson
Quand j'étais à vos genoux





*******




Nicolas nous avait invités dans un restaurant pour que nous puissions enfin rencontrer les parents de Mathilde. Mon épouse et moi-même nous étions ravis de pouvoir enfin faire leur connaissance. Leur histoire prenait bonne tournure, il n’était pas interdit de rêver de mariage et de petits-enfants. C’est donc dans cet état d’esprit que nous sommes arrivés près de la table.



C’est elle ! Putain, c’est elle. Mais qu’est-ce qu’elle fout là ?



Le timbre de la voix de Séverine tremblait très légèrement derrière son assurance.



La sentence était tombée. J’ai tout de suite senti la main de Séverine se raidir dans la mienne. Je n’avais pas besoin de la voir pour savoir qu’elle regardait Mara avec des éclairs chargés de haine dans les yeux.

Je voyais bien que nous n’étions que trois autour de cette table à connaître notre histoire.


Elle n’a rien dit à son mari. Elle n’a pas changé.


Après nous être salués mutuellement et avoir fait connaissance d’André, le mari de Mara, alors que nous étions en train de nous asseoir, Nicolas a demandé :



Je terminais ma phrase en prenant la main de Séverine pour la calmer et pour montrer à tous et toutes autour de cette table que Séverine était la femme que j’aimais. Je ne voulais pas d’esclandre, nous étions entre gens civilisés, la situation était pénible mais ce n’était qu’un mauvais moment à passer. À peine avais-je pensé cela que je me tournais vers Mara. Ce fut le choc.


Mon Dieu, elle est toujours aussi belle !


Ses yeux verts noyés de cheveux roux me ramenaient dans mon passé avec force. Le souvenir de son corps nu et blanc allongé sur le lit, son bijou, un pendentif posé négligemment entre ses seins lourds et sensuels fit accélérer mon rythme cardiaque. J’avais un sacré coup de chaud.

J’étais extrêmement mal à l’aise.

Séverine bouillait de rage.

Mara s’amusait de la situation.

Tous les trois nous nous jaugions, établissant les rapports de forces en présence. Ce petit jeu de dupes se faisait en silence, sous la surface de l’eau, pendant qu’à l’air libre nous devisions tous de manière agréable de nos vies respectives et de nos enfants.


Ce fut au dessert que nos progénitures lancèrent l’assaut. Ce fut Trafalgar avec un seul coup de canon : ils avaient décidé de se fiancer dans l’année, le mariage serait prévu pour dans deux, trois ans au plus. Pour Séverine ce fut le coup de grâce. Je l’ai vue pâlir, comprenant que nous serions amenés à nous revoir.

Revoir Mara, voilà ce qui clochait.

Les embrassades furent glaciales de la part de Séverine et ironiques de la part de Mara. Je ne savais pas sur quel pied danser. Lorsque ce fut mon tour, elle prit mes mains dans les siennes et me dit :



Quand elle me fit la bise sur les joues elle me susurra à l’oreille :



J’en restai comme deux ronds de flan. Elle s’éloigna pour s’accrocher au bras d’André sans oublier de me jeter un regard aguichant par-dessus son épaule. Cela ne voulait rien dire, je le savais, elle s’amusait à m’allumer, par jeu. Toujours la même salope !




Le retour dans la voiture fut glacial. Séverine regardait la ville défiler à travers la vitre. Moi, je conduisais sans y faire attention, perdu dans mes pensées.

L’affrontement eut lieu le soir dans le lit, blottis l’un contre l’autre :



Je me mis à allier le geste à la parole. Ma main parcourait ses courbes généreuses qui faisaient de moi l’homme le plus chanceux du monde depuis qu’elle m’avait offert sa virginité. Elle laissa aller son corps et je sentais sous ma paume les tensions de la journée s’effacer petit à petit.


Nous avons fini par faire l’amour. De manière très douce. Chacun donnant à l’autre son cœur, son corps et son âme. Mais à trop donner sans recevoir le plaisir ne fut pas au rendez-vous ni pour l’un ni pour l’autre. Mais là n’était pas le plus important, nous avions chacun besoin de rassurer l’autre sur nos sentiments respectifs.


Elle dormait doucement, la tête sur ma poitrine, ses cheveux me chatouillaient le nez, mais en aucun cas je n’aurais bougé pour les déloger de peur de la réveiller, mais aussi de peur de perdre la douce odeur de miel qui s’en dégageait. Son corps nu était à moitié sur le mien. Ce poids n’empêchait pas ma mémoire de faire ressurgir des pans entiers de mon existence, que j’avais rangés dans les oubliettes de mon cerveau.


Ce qui était étrange, c’est que ce n’était pas les moments heureux que j’avais vécus avec Mara qui remontaient à la surface, mais plutôt les moments les plus douloureux et les plus pénibles. Quand nous n’étions qu’« amis ». Mais nous couchions tout de même ensemble, quand nous étions tous deux célibataires, histoire de se faire du bien mutuellement. La situation était des plus simples, surtout pour elle, puisqu’elle n’avait pas les mêmes sentiments que moi. Je sortais de nos rencontres comblé comme jamais, mais dès qu’elle trouvait quelqu’un, ce qui lui arrivait assez souvent, trop à mon goût, je devais faire comme si de rien n’était, retourner dans mon rôle d’ami et être le témoin malheureux de son bonheur. Bien sûr, elle ne manquait pas de me raconter dans les moindres détails ce qu’ils faisaient au lit. Elle savait parfaitement que ça me détruisait, mais elle savait aussi que je n’aurais rien fait pour la faire taire de peur de la perdre à jamais. Aujourd’hui encore je ne sais toujours pas comment j’ai réussi à m’en sortir sans me jeter dans le Rhône.

Ce fut donc la tête pleine de souvenirs douloureux que le sommeil me cueillit à la mi-nuit passée.




La vie reprit son cours. Séverine se calma peu à peu en comprenant que Mara avait bel et bien refait surface dans ma vie, mais que nous ne nous verrions que de loin en loin. Il n’y avait pas lieu de s’inquiéter. Moi-même, je m’étonnais de voir que sa réapparition ne m’affectait pas trop. Séverine était auprès de moi, les affaires marchaient bien. Tout redevenait comme avant.

Bien sûr, ce n’était que le calme avant la tempête. Les prémices du drame vinrent avec le coup de fil que je reçus à mon bureau.



Après qu’elle m’eut donné l’adresse du restaurant, j’ai appelé Séverine et bien sûr, elle n’était pas libre. Ce fut donc seul que je me rendis au déjeuner.

Je ne fus pas surpris de voir que Mara m’attendait seule à une table où deux couverts avaient été dressés. Elle se leva et nous nous fîmes la bise avant de nous asseoir.



Le reste du repas ne fut donc que propositions, contre-propositions, aménagement et autres joyeusetés pour que les fiancés déclarent à l’assistance leur amour respectif dans de bonnes conditions. Je fus étonné que rien de notre vie passée ne soit mis sur la table. Mara s’était tenue de manière impériale : aucun regard aguicheur, pas de paroles déplacées.

Le soir quand je fis le résumé du déjeuner à Séverine, elle fulmina de savoir qu’André n’était pas là, mais fut rassurée de voir que Mara n’avait pas fait des siennes.



Il y eut bien sûr d’autres déjeuners avec ou sans André, Séverine, Nicolas ou Mathilde, mais il y avait toujours Mara et moi. Et à chaque fois, il n’y avait qu’un seul sujet de discussion : l’organisation des fiançailles. Séverine et moi-même étions heureux de voir que nos craintes n’étaient pas justifiées.


Le grand jour arriva enfin. Mathilde et Nicolas furent les rois de la fête. Séverine et moi-même étions fiers de lui. Nous étions heureux. Le vin, la bonne bouffe, la musique, les rires étaient au rendez-vous. Tout se passait bien. Mara naviguait au milieu de tous comme la reine du bal qu’elle n’était pas, mais elle avait l’intelligence de ne pas trop en faire pour ne pas éclipser sa fille.


Au cours de la soirée, avec Séverine, tout en nous tenant la main, nous discutions paisiblement de notre avenir sans Nicolas. Il avait depuis longtemps quitté le nid, mais ça devenait officiel. Qu’allions-nous devenir sans lui ? De plus, même si elle ne voulait pas le reconnaître, le cœur de mère de Séverine saignait de ce départ. Venue de nulle part, Mara arriva à notre niveau et se pencha vers Séverine.



En six mois de temps les relations entre elles s’étaient largement améliorées. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elles étaient amies, mais elles n’étaient pas ennemies.

Mara m’emmena au centre de la piste et nous nous mîmes à danser un slow un peu trop sirupeux à mon goût. Du coin de l’œil je vis qu’André dansait avec Séverine.



Cette dernière remarque avait été dite sur un ton joyeux, mais ses yeux laissaient entrevoir une tristesse que je ne lui connaissais pas. Les dernières notes du slow moururent, vite remplacées par un rock, et ce fut à regret, me semble-t-il, qu’elle me laissa la guider vers nos moitiés respectives.




Ce fut un mois plus tard qu’elle m’appela, en pleurs, au bureau. Elle n’allait pas bien. Ses propos étaient presque incompréhensibles. J’arrivai tout de même à savoir qu’elle était chez elle. Ni une ni deux, j’ai foncé et vingt minutes après avoir raccroché, j’étais en train de sonner à sa porte.


La femme qui m’a ouvert m’était inconnue. Il me fallut une demi-seconde pour me rendre compte que c’était Mara. Ses cheveux roux en bataille, ses joues noyées de larmes, son nez dégoulinant de morve, sa bouche crispée dans un rictus de douleur affreux à voir. Elle portait un peignoir à moitié défait, il laissait entrevoir entre ses seins son pendentif. Elle n’était vraiment pas belle à voir. Elle se jeta dans mes bras et pleura de longues minutes sans s’arrêter. J’essayais de la calmer, mais voyant que ça n’avait aucun impact sur son attitude, je la serrai contre moi et lui conseillai de pleurer encore. Petit à petit le flot se tarit et elle commença à reprendre ses esprits.



Sa voix était brisée. Je la reconnaissais à peine.



Elle regarda autour d’elle et se rendit compte de l’endroit ou nous nous trouvions. Elle me fit entrer et nous nous sommes installés sur le canapé où trônait une quantité astronomique de mouchoirs usagés. De là où j’étais j’avais une vue plongeante sur ses seins, son peignoir s’étant ouvert un peu plus, et je pouvais remarquer qu’ils étaient aussi magnifiques que dans mon souvenir. J’essayais de faire abstraction de son corps pour me concentrer sur ce qu’elle me disait. Après moult interruptions dues aux crises de larmes, à l’utilisation de mouchoirs et autres joyeusetés du même genre, je finis par comprendre qu’André l’avait trompée. Ce n’était pas la première fois, mais là il partait avec une jeunette de tente ans sa cadette. Rien de bien neuf dans tout cela, que du pathétique.



La crise de larmes qui suivit dura longtemps. Je l’ai prise dans mes bras. Essayant de la calmer, je lui ai caressé le dos, lui ai embrassé les cheveux. Elle releva la tête, me regarda et m’embrassa. Je fus pris par surprise, en aucun cas je ne voulais l’embrasser. Doucement mais fermement je l’écartai de moi.



Elle se leva de rage et se dirigea vers sa chambre.



Elle se retourna et d’un geste brusque écarta son peignoir pour me montrer ce que je soupçonnais depuis le début : elle était nue.



Son corps avait vieilli bien sûr, mais il était toujours aussi magnifique. Et je ne sais toujours pas pourquoi, alors que ce genre de démonstration dans les films me fait plutôt rire, là je me suis précipité sur elle et je l’ai embrassée. Ma bouche a couru le long de son cou pour s’arrêter sur un de ses seins dont je mordillai le téton, tandis que ma main se chargeait de l’autre en le tordant vicieusement. Son râle de plaisir m’incita à continuer à la maltraiter. Mes mains continuaient leurs jeux au niveau de sa poitrine, mais ma bouche descendait plus bas. Et c’est toujours debout au milieu du salon que je redécouvris le goût de son intimité qui m’avait tant manqué. Son souffle était de plus en plus fort.


N’y tenant plus, je me relevai, l’embrassai à nouveau tout en me débarrassant tant bien que mal de mon pantalon. Une fois libérée, ma verge trouva son chemin sans problème et je la pris adossée à la bibliothèque. Après de nombreux va-et-vient, je me suis perdu en elle dans un cri de jouissance. Je m’écartai et je ne sus pas si elle avait joui ou pas. Elle se dirigea vers moi le sourire aux lèvres et m’embrassa en me murmurant :



C’est là que je retrouvai mes esprits et me rendis compte de la situation. L’analyse que j’en tirai était simple : j’étais dans la merde.



Rectification : j’étais dans la merde noire !



C’était pire que tout.

Ni une ni deux : sur une impulsion, la même sûrement qui m’avait poussé à lui faire l’amour, je me jetai sur Mara et mes mains se resserrèrent sur sa gorge. D’abord elle ne comprit pas, mais très vite ses mains essayèrent de dégager les miennes, sans succès, l’air commençait à lui manquer, elle commença à devenir rouge, à virer au cramoisi. Puis d’un seul coup son corps tomba sans vie.




*******
















Il y a dans ce récit les références à plusieurs chansons. Toutes sont de William Sheller. Certaines ne sont que nommées (« Un homme heureux », « Nicolas »), pour d’autres ce ne sont que des allusions (« La maison de Mara », « Les miroirs dans la boue »).

Toutefois, il y a quand même une chanson qui a inspiré ce texte : « Quand j’étais à vos genoux ».


Je conseille la version Olympiades de 95 qui est une petite merveille (tout l’album vaut le coup, c’est un live de tout premier ordre).