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n° 13920Fiche technique9693 caractères9693
Temps de lecture estimé : 6 mn
29/06/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Une femme et un trou dans le mur des WC.
Critères:  fh toilettes humour
Auteur : Benoit  (Ben)      
Glory hole

Ce n’était pas possible… Assise sur la cuvette des WC, elle avait cru apercevoir… Mais non, ce ne pouvait pas être cela. Quand même, elle ne voyait pas ce que ça pouvait être si ce n’était… Puis, elle se dit qu’elle avait trop d’imagination, de sensualité, d’envies, de fantasmes. Que Marcel ne la comblait décidément pas, qu’il ne comprenait rien à sa mécanique, qu’il s’endormait quand elle commençait à prendre son plaisir.


Mais là, à quelques centimètres de son visage, ce ne pouvait pas être un sexe d’homme. Non, impossible. C’est vrai qu’elle n’avait pas envie de tromper Marcel, parce qu’elle avait eu sa période orgiaque avec des mecs différents tous les après-midi, et des mensonges différents tous les soirs et les mêmes remords tous les jours. Cela avait duré quelques semaines et puis un petit matin, poisseuse de toutes sortes de foutres froids, elle avait décidé que c’était terminé.


Mieux valait l’abstinence, si Marcel n’avait pas plus de temps à lui consacrer, que cette succession de bites tristes, de doigts qui vous pénètrent autoritairement pendant que les yeux matent un autre cul et que les mains s’occupent de canettes de bière ou de verres opaques de whisky.


Souvent pas un mot, rarement autre chose qu’une question du genre : « T’as joui ? ». Tout cela avait cessé net. Sandrine, sa complice en partouze, avait bien insisté, mais rien à faire pour qu’elle revienne sur sa résolution. La Sandrine, comme elle disait souvent, lui en a voulu un moment, parce qu’elle n’avait pas envie de sortir seule, de prendre dans la bouche une pine sans une copine à côté d’elle, d’être sodomisée sans un regard ami.


Alors, depuis des mois, Marcel honorait sa couche de temps à autre, sans passion, sans rage. Et les rêves qu’elle faisait étaient souvent remplis de lits souillés, d’ébats sans retenue, de tenues sans pudeur, d’extases humides. Une fois, elle avait vécu dans le deuxième sommeil du petit matin le fantasme du « glory hole », le trou de la gloire.


Un trou dans un mur et un phallus qui apparaît… Pour elle, c’était l’idéal en quelque sorte. Pas besoin de conversation stérile ou débile suivant les cas, pas besoin même de faire attention à sa plastique, à son maquillage. Inutile de se demander à quel moment se déshabiller. Avant le mec ? Après ? Peu importait. Une queue était là au garde-à-vous, au garde-à-elle. Elle en faisait ce qu’elle voulait.


Une pipe, bien sûr, mais toute autre figure était dans le domaine du possible. Elle se disait aussi qu’elle avait face à elle un membre relativement long ; sinon le pauvre passait à peine la paroi. Elle se souvint que, dans son rêve, elle était allée jusqu’à la sodomie avec ce gland (elle parlait ainsi de l’appendice, non de son propriétaire). Elle s’était réveillée en hurlant son plaisir et sa conviction était telle qu’elle avait eu l’impression d’avoir du mal à s’asseoir tout le reste de la journée.



Mais enfin, là, à ce moment, ce n’était plus un rêve, une vision, un mirage. Ce n’était pas un moulage non plus. Non, non. C’était une vraie verge. Tendue, dressée, veinée, sanguine, vivante. Elle se demandait d’ailleurs comment une queue pouvait être ainsi en érection sans que l’homme puisse voir la femme.

Peut-être était-il aussi imaginatif, qu’il s’excitait à l’idée de la savoir en train d’uriner. Ou avait-il une amie qui l’avait sucé un temps et qui lui caressait maintenant les fesses pour maintenir cette verticalité ?


Ce ne pouvait pas être la simple présence d’un trou; aucun homme ne serait assez tordu pour bander à cette seule vue. Il est vrai qu’il s’agissait du trou de la gloire et « Celui qui aime la gloire met son propre bonheur dans les émotions d’un autre. Celui qui aime le plaisir met son bonheur dans ses propres penchants » a écrit Marc-Aurèle.


Elle approcha la main doucement, caressa l’objet qui se redressa davantage encore. C’était chaud et chaleureux à la fois. Elle sentait les battements des veines. Elle imagina qui pouvait être de l’autre côté du mur. Et si c’était un sale type ou un type sale ? Non, la peau était trop douce. Et puis, cette offrande sans requête, ce don désintéressé ne pouvait venir que d’un être délicat. Parce qu’enfin, elle pouvait très bien ne pas s’en occuper. Et même prévenir les autorités.


Non, elle ne pouvait que faire confiance à quelqu’un qui prenait même le risque d’être mutilé ou blessé. De plus, le satin de la queue lui plaisait infiniment. Alors, elle masturba légèrement l’inconnu, lentement, tendrement. Un frisson parcourut tout son corps.


Elle approcha ses lèvres. D’abord ce fut un simple bisou. Un effleurement des lèvres, un soupir d’aise. Mais la verge vibra à l’unisson. Comment pouvait-on se sentir si bien ensemble en n’ayant en main qu’une si petite partie d’un corps ? Parfois on est complètement nue sur un homme entier, on peut le caresser de la racine des cheveux au noir des orteils et on ne se comprend pas du tout.


Elle pensa que les contraintes développent les sens, les talents. Comme Georges Pérec, qui réussit à écrire un roman en se privant de la lettre « e ». Elle ouvrit la bouche et la fellation commença par un simple humectage du phallus. Sa langue parcourait la fine peau du prépuce et le gland, ne lui offrant pas encore la chaleur d’une bouche.


Bien sûr, elle pouvait faire parler cette queue. Son propriétaire aurait vraisemblablement répondu aux questions. Mais imaginons une voix rauque ou par trop féminine, un timbre à la De Funès, des propos insignifiants et on pouvait envisager la débandade :



Au contraire, le mystère permettait tous les fantasmes. Elle arrondit sa bouche et suça avidement le bel engin. Après quelques minutes goulues, elle sentit la queue prête à rompre sous la succion experte et elle relâcha son étreinte buccale.


Elle se leva de la tinette et essaya de se positionner devant l’objet de ses désirs. Elle s’aperçut que c’était la bonne hauteur pour être possédée ; elle colla ses fesses contre le mur et son sexe encore humide d’urine accueillit avec volupté l’intrus. Elle pensa alors au « Songe d’une nuit d’été » de Shakespeare :


THISBÉ

Ô Mur, que de fois tu m’as entendue gémir

De ce que tu me séparais de mon beau Pyrame !

Que de fois mes lèvres cerise ont baisé tes pierres,

Tes pierres cimentées de chaux et de poils !


PYRAME, (collant ses lèvres aux doigts du mur.)

Oh ! baise-moi à travers le trou de ce vil Mur !


THISBÉ, collant ses lèvres de l’autre côté.

C’est le trou du Mur que je baise, et non vos lèvres.


En effet, il lui sembla que la paroi était bien vivante, qu’elle vibrait, qu’elle participait. En somme, ils étaient quasiment trois; c’était pratiquement une partouze. Elle regretta que la Sandrine ne soit pas là. Elle aurait apprécié, guidé, dégusté. Elle se souvint qu’elles en avaient parlé souvent de ce fantasme :



Elle pensa alors que son partenaire de « gloire » était peut-être un homosexuel. Et c’était une jubilation supplémentaire. Mais alors, il fallait aller jusqu’au bout. La sodomie s’imposait. Elle allait assumer. Elle irait doucement et elle espérait que son amant aveugle l’accompagnerait dans la lente progression.


Effectivement, les deux complices s’entendaient à merveille pour arriver ensemble à un acte réussi dans toute son intensité. Elle était possédée complètement quand on frappa à la porte des chiottes. Distraite, elle dit : « Entrez ! » et un type poussa la porte pour pisser sans même s’intéresser à la scène qu’il avait sur sa droite.


Un type jeune, cadre probablement, angoissé et soucieux de ne pas se faire virer de sa boîte touchée par la crise alors qu’il venait de renouveler son abonnement annuel au Grand Golf de la Vallée de Chevreuse.

Rien ne pouvait le distraire de ses ennuis professionnels.

Son urine coulait avec précipitation.


Ensuite, il confondit la femme sodomisée avec la dame-pipi et la gratifia d’un pourboire de deux euros.

Elle reçut dans le même temps une copieuse décharge de sperme.


Elle se dégagea et reprit une position assise sur le siège des WC.


Le temps de souffler, d’évacuer. La pine avait disparu, mais le plus étrange c’était que le trou n’existait plus. Un vrai tour de magie érotique. Personne ne croira jamais ce qui venait de se passer… Un tour de passe-passe… Passe… Passe… Et déjà du passé…