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n° 13921Fiche technique70156 caractères70156
Temps de lecture estimé : 41 mn
29/06/10
Résumé:  On a une tradition, dans la famille : les vacances en Bourgogne. Papa et maman ont une bicoque là-bas, où on logeait jadis les bêtes au rez, les proprios à l'étage et les mouches partout. Ne reste aujourd'hui qu'une bande d'idiots...
Critères:  f ffh jeunes alliance vacances forêt voir exhib noculotte fmast préservati pénétratio -humour
Auteur : Mirtylle  (Desbois Mirtylle)            Envoi mini-message
Moule à beaufres



Je n’aurais pas dû dire ça, mais ça m’a échappé. À vrai dire, ça me brûlait une langue que je n’ai jamais pu tenir.

Dans la demi-seconde suivante, rien qu’en voyant le gars se retourner une nouvelle fois, et ses copains avec lui, je comprends que j’ai gaffé. J’aurais dû les laisser me regarder et se bidonner sans moufter ni ouvrir ma trappe.



Du coude, il cogne son pote assis à côté de lui.



Ils se mettent à rire tous les trois.



Nouvelle rigolade pendant que je me tasse dans mon coin, sur la banquette arrière du bus, rêvassant vaguement par la fenêtre.



J’aurais sans doute mieux fait, oui ! Ils continuent à se marrer tous les deux, puis le troisième, le plus grand qui n’a encore rien dit, juge bon d’intervenir :



Ce que je redoutais : le grand est encore pire que les autres. Faussement gentil pour en rajouter une couche. Pascal. Je grave son nom, sa voix et sa face de raie dans un coin de ma mémoire, à toutes fins utiles, pendant qu’il se tirebouchonne avec ses potes, puis je regarde à nouveau défiler les murs de la ville.



Pascal. Le plus grand des trois. Le plus âgé, aussi. Et le plus con, sans doute, parce que les deux autres ont l’excuse de leurs quinze ou seize ans ; tandis que lui, il en fait bien trois ou quatre de plus. Il pourrait se creuser pour trouver lui-même des feintes au lieu de répéter celles qu’il a entendues dans des films.

« Pauvre con ! » je me dis en moi-même en serrant les mâchoires. « Pauvres cons ! » j’ajoute encore pour encourager ma bile. « Quel courage, aussi. Ils ne sont que trois, alors que moi je suis si nombreuse ! »

Je me souviens, en descendant du bus, de m’abstenir désormais de glander à la sortie de l’école « en attendant le suivant ». Je prends le premier qui passe, déjà suffisamment en retard pour que je ne me cherche un prétexte à le manquer. D’ailleurs, une fille de quinze ans ne doit pas s’attarder après les cours. Avec tous les obsédés qui peuplent les rues…








Plus d’une heure trente que je m’emmerde ferme dans cette soirée en attendant le moment où Colette aura quelque chose de plus intéressant à faire que me chaperonner. C’est à peine si j’ai obtenu le droit de m’enfiler un Breezer pêche entre deux limonades.

Toujours pareil : « Tu peux sortir, mais avec ta sœur. » Tout ça parce qu’elle a dix-neuf ans et moi dix-sept et demi.


Heureusement, quand mon garde-chiourme s’en va se trémousser sur la piste avec Paul, son nouveau flirt qui vient de la rejoindre, j’en profite pour me faire servir en douce une boisson plus valorisante. C’est ma presque copine Sarah qui se charge de l’intendance. Elle est moche, Sarah, mais elle est majeure et ses vieux la laissent sortir, dans l’espoir sans doute de s’en débarrasser au plus vite.


Trente minutes plus tard, la voie est libre et je peux m’éclater un peu. Colette et Paul ont disparu quelque part au-dehors pour une séance de pelotage. C’est du moins ce que j’imagine. Je m’active sur la piste dans l’espoir de mettre le grappin sur un mec présentable. J’évite ceux que je connais, pas trop nombreux puisque la fête n’est pas organisée tout près de chez moi. Je me faufile pour me trémousser en rythme près d’un beau blond, mais une sorte de char d’assaut maquillé comme l’as de pique vient interposer sa paire de gros nichons avec des airs de propriétaire, alors je n’insiste pas. J’arrive devant un autre type pas trop mal, mais j’ai à peine le temps de lui faire mon plus charmant sourire qu’il se tire vers le bar en hélant un copain qui se fait servir une chopine. « C’est ça, casse-toi, pédé ! » me dis-je pour me consoler.


Je glisse vers un petit groupe — trois gars, deux filles — et parviens à m’imposer quelques instants avant que le DJ n’entame une série de frotting blues crapuleux. Deux des mecs plongent vers leur nana et je tente ma chance avec le troisième : sourire engageant, déhanchement et cambrement coquins pour mise en avant de mes œufs au plat parfaitement moulés par le soutif push-up dernier cri acquis en me saignant sur mes dernières étrennes. Le type essaie de se défiler – je me demande bien pourquoi ! – mais je l’agrippe ferme pendant qu’il regarde par-dessus mon épaule comme s’il cherchait quelque chose. Il finit par me saisir la taille. Les couples sont serrés, il fait sombre et je me pousse un peu contre lui.


Deux slows et demi plus tard, Cyrille, vingt ans et toutes ses dents, me roule une pelle baveuse aux relents de bière blonde et de tabac brun et je suis la plus heureuse des filles : j’en ai agrafé un ! Et pas mal fichu, ce qui ne gâte rien !

Mon plaisir est toutefois de très courte durée car ma chaperonne surgit soudain, mine de croque-mort et cheveux en bataille, en me jetant un impératif :



Je tiens fermement Cyrille par le bras pendant que Colette le jauge, l’œil sévère.



Je lance vers mon nouveau copain quelques regards suppliants. Il finit par appuyer timidement mon appel à l’indulgence.



On va quand même s’asseoir à table et deux heures plus tard on est toujours de la fête. Ma sœur m’agace pourtant prodigieusement à tenir la chandelle. Je pense d’abord que c’est pour me surveiller, mais petit à petit j’en viens à me demander si elle n’essaie pas de me casser mon coup. Elle n’arrête pas de minauder devant Cyrille, de tripoter sa chaînette dans l’échancrure de son chemisier puis de la relâcher négligemment pour que les deux médaillons qui pendent au bout aillent tinter au-dessus de ses nichons taille B ; et quand je lui parle de Paul pour faire diversion elle fait la gueule de quelqu’un à qui on essaierait de servir un poisson pourri.

La fouteuse de merde tente même de m’emprunter mon mec pour une danse, mais je ne m’en laisse pas compter !


À deux heures du mat’, Cyrille me roule une ultime galoche avant de mettre les bouts avec la tire de son père, non sans avoir déposé une grosse bise sur la joue de Colette – très près de la bouche me semble-t-il – et noté accessoirement mon numéro de téléphone.



Nous lui faisons signe de la main toutes les deux, puis nous rentrons avec la vieille caisse de Colette, celle que Patricia, notre sœur aînée, lui a refilée quand elle a pu s’en offrir une moins pourrie.







Celui qui vient de me dire ça, c’est cet enfoiré de Cyrille, vingt ans et demi et encore toutes ses dents – à titre provisoire parce que j’attends l’occasion de lui en péter méchamment deux ou trois – et que cette salope de Colette n’a pas manqué d’inviter à ma fête d’anniversaire.

Depuis qu’il sort avec elle, c’est-à-dire trois jours après m’avoir signifié mon congé et quatre après m’avoir roulé la première pelle à la soirée dansante, il me toise avec condescendance. Condescendance ! S’ils restent ensemble, ces deux-là, c’est ce qu’ils risquent de nous faire ! Qu’est-ce qu’ils croient ? Que six mois après les faits je vais leur accorder la prescription ?

Bien sûr, j’ai rapidement joué le rôle de celle qui pardonne, mais qu’ils n’imaginent pas que j’en oublie certaines choses pour autant !


Cyrille m’effleure les joues de sa petite moustache en me souhaitant hypocritement beaucoup de bonheur pour mes dix-huit ans puis s’éloigne dans une bouffée d’after-shave, non sans avoir essayé de froisser ma crinière bouclée avec une de ses sales pattes. Ce débile me prend probablement pour son clebs. C’est vrai que j’ai envie de mordre.


Et pour commencer, je n’aime pas qu’on m’appelle « tête à noeuds ». C’est un surnom pas bien méchant que j’ai l’habitude d’entendre depuis bien des années, mais dans la bouche de certains – de lui, par exemple –, ça me hérisse.

Maman m’avait un jour exposé la raison de cette particularité capillaire, unique dans la famille.



Ça avait eu l’air de la faire réfléchir, mais elle avait instantanément trouvé l’explication :



Elle oubliait de dire qu’après deux filles, Papa et elle auraient souhaité un garçon. Et paf ! Une fille. Une comme moi. Un lion manqué, quoi ! Après ça, je suis rudement contente qu’ils aient arrêté les frais, parce qu’une troisième sœur, ça m’aurait trop chagriné ; et un frère, je n’y comptais pas.


Je regarde Cyrille qui s’éloigne et s’en va retrouver Colette. En plus de « tête à noeuds », ce couillon s’est avisé un jour de m’appeler « Clarence ». Et ça, c’était trop. Il a dû voir à ma tête que j’étais prête à sortir mes griffes, et il ne s’est plus aventuré à recommencer. Une lionne qui louche, c’est toujours mieux qu’un crétin borgne !

Parce que j’ai tout entendu, à l’école, et « Clarence » faisait partie des sobriquets dont on osait jadis m’affubler. Pourtant, je ne louche pas tout le temps. C’est juste les émotions qui font que, parfois, j’ai un œil qui prend le train et l’autre qui reste sur le quai.



C’est Sarah. Elle est là avec un gros bouquet de fleurs et un paquet qui doit contenir des disques. Une bonne copine, Sarah. Elle est venue avec Bouboule, son mec. Il s’appelle Gérard, mais moi je l’appelle Bouboule. Ça vaut tous les discours.


Quelques copains et copines s’ajoutent à ceux qui sont déjà arrivés. J’espère quand même passer une chouette soirée. Avec de beaux cadeaux. Dix-huit ans, ça ne se fête pas souvent.


Avant d’aller essayer de m’amuser, je pense à Patricia qui a eu l’excellente idée de ne pas être là. Elle compte se marier l’été prochain avec le mec qu’elle nous a présenté au printemps, peu après que Colette m’eut fait sa vacherie. Et quel mec !

Quand il a fait son entrée, il était comme tous ceux de sa race : pas rassuré par les circonstances. Papa l’a jaugé d’un œil sévère et Maman d’un air bienveillant. C’est à peine s’il m’a regardée, mais moi j’ai tout de suite remarqué que quelque chose clochait. C’est en connectant sa tête avec son prénom qu’un vieux tiroir s’est ouvert soudainement dans un recoin obscur de ma cervelle : face-de-raie ! Pascal face-de-raie ! L’enfoiré de l’autobus ! Je n’avais pas oublié ! Lui, par contre, n’a pas eu l’air de me remettre, mais ça viendrait sans doute plus tard…








On a une tradition, dans la famille : les vacances en Bourgogne. Tous les ans, au mois d’août, on se tape la Bourgogne. Papa et maman ont une propriété là-bas, avec annexes et dépendances. Une de ces anciennes bicoques où on logeait le bétail au rez-de-chaussée et les patrons à l’étage. La chaleur montait, les odeurs flottaient, les mouches volaient, mais personne ne s’en plaignait.


Maintenant, il n’y a plus de bétail. Ne demeure qu’une bande d’idiots qui occupent tous les coins possibles et imaginables, plus ou moins inconfortablement aménagés, mais on s’en accommode parce que ce sont des vacances à la campagne et que ça nous change de la ville. Et puis, c’est pas cher.

J’ai déjà essayé de me défiler, mais sans trop insister. Ces dernières années, je n’y reste pas tout le mois parce que fin août, j’ai souvent des examens à préparer et c’est un bon prétexte pour rentrer plus tôt. Maintenant que je suis en passe d’atteindre mes vingt ans, je pourrais dire « niet » et aller où je veux, mais c’est vrai que ça leur fait plaisir, à papa et maman, d’avoir toute la famille autour d’eux pendant au moins une semaine.


Chaque couple a son coin : les parents à l’étage et moi ma chambre sous la toiture, une chambre que j’occupe seule à présent puisque mes soeurs sont mariées. Les lits sont encore là, mais je préfère le mien. Un caprice. Un lit à baldaquin qu’on avait acquis pour une croûte de pain l’année de mes seize ans et qu’on avait transbahuté là-haut en suant comme des bœufs et en s’écorchant les doigts dans la cage d’escalier.


On a aménagé pour Patricia et Pascal le rez-de-chaussée où logeaient autrefois les bestiaux : un trois-pièces aussi bas de plafond que mon beau-frère et aux minuscules fenêtres aussi avares en lumière que ma sœur en affaires.


Finalement, Colette et Cyrille, qui n’ont plus un radis après leur voyage de noces du printemps et l’achat à crédit de leur nouvel appartement en banlieue, ont été tout heureux de se laisser offrir une quinzaine d’air campagnard dans l’annexe dont on avait viré l’auge à cochons et les cages à lapins. Ils ont leur living là-bas et leur chambre juste à côté où ils accèdent par une porte basse. Les chiottes et la salle d’eau sont encore à aménager dans un coin qu’on rognera sur la grange et le garage. En attendant, les ablutions des tourtereaux sont tolérées chez Patricia.


Nos parents et moi, on est les mieux logés. Le séjour est correct, la cuisine bien équipée et la salle de bain pas trop moche. J’ai pas de mari, pas de petit ami, et tant que ce sera comme ça, j’aurai ma piaule dans les combles et accès à la meilleure partie de la bicoque. Cool !


Ces dernières années, je passais les vacances à rôder au camping voisin : dix minutes de bicyclette pour y descendre, vingt-cinq pour en remonter. Quelques copains et copines y revenaient chaque été et j’arrivais toujours bien à m’offrir un flirt. En plus, il y a une piscine, une cafèt’ et quelques jeux. Mais cette année, « je ne le sens pas », comme on dit. Le vélo traîne dans un coin du garage, le ping-pong ne me tente plus et les ablutions dans une piscine avec des gamins qui braillent autour de moi ne font plus partie de mon monde. C’est sûrement parce que j’aurai vingt ans dans quelques jours. Je me dis juste que je descendrais bien à la cafèt’, mais le courage me manque pour en remonter en poussant sur des pédales. Moralité : je ne fous rien.


J’ai arrangé un petit coin dans le pavillon de jardin, entre la tondeuse à gazon et les manches des outils : une caisse en bois pour poser mon coke zéro et mon combiné radio/CD, une chaise longue à l’entrée et une pile de bouquins dans une boîte en carton. Et qu’on me fiche la paix.


Ce matin, les femmes – entendez « ma mère et mes soeurs » – sont en mission ravitaillement. Moi, j’ai poliment décliné l’invitation. Mon père est parti en quête de nouveaux piquets pour la clôture, laissant à mes beaufs le soin d’arracher ce qui reste des anciens et de les entasser en bout de terrain.

Le soleil est déjà haut et j’imagine à quel point les deux gaillards doivent suer. Je quitte ma position de repos et m’en vais flâner de leur côté.



Ils me jettent des regards torves mais continuent à balancer les piquets, dans de grands craquements de bois brisé et un nuage de poussière.



Je m’esquive sous des yeux encore plus noirs et me dirige vers la maison. Le soleil tape dur, et je n’ai pas envie de grimper à l’étage, alors je contourne le coin de la bâtisse, du côté du petit potager, ouvre un robinet dédié aux corvées d’arrosage et bois dans mes mains en coupe. L’eau fraîche me goutte du nez et dégouline sur mon menton, mais ça fait du bien. Je répète l’opération, sentant la flotte ruisseler dans mon cou.


À ce moment, je suis prise d’un léger remords. C’est vrai que les deux zigues doivent crever la dalle, à arracher les piquets. Je tourne un peu à la recherche d’un récipient mais, n’en trouvant pas, je me décide à grimper dans la cambuse de mes parents, où je m’offre encore un grand verre d’eau, puis je redescends avec un seau à légumes que je m’en vais remplir au robinet du potager.

Au moment où je me retourne, le récipient plein presque à ras bord heurte quelque chose qui se met à brailler une série de jurons.



La flotte lui a un peu rincé les jambes, laissant de belles traînées grisâtres dans les poils couverts de poussière, et lui assurant un joli bain de pieds dans ses Adidas. J’essaie de stabiliser ma charge.



Je suis en train de me dire que c’est sans doute un peu vrai, mais pas longtemps parce que Cyrille balance un coup de pompe dans le fond du seau. Résultat : il grimpe en l’air et son contenu m’arrose de la tête aux pieds.



Il s’arrête, essoufflé par sa colère et l’effort qu’il vient de faire et regarde en silence les effets de son geste. Je reste immobile, trop estomaquée pour répondre, l’eau coulant de mes cheveux bouclés dans mes yeux et sur mes joues. La brute ! L’ignoble brute ! Ça m’apprendra à vouloir lui rendre service ! Nous nous défions sans mot dire. Je suis sûre de loucher et certaine qu’il le remarque, mais il n’ose pas m’appeler « Clarence » en sus de « tête à noeuds ». Il est là, bouche ouverte, l’air idiot, à me regarder de haut en bas et de bas en haut. D’ordinaire, je le trouve pas mal fichu, mais là, il a juste l’air d’un con.


C’est à l’instant où je baisse les yeux vers mes vêtements pour constater l’ampleur des dégâts que je m’aperçois que je pourrais, dans cet état, jouer les candidates à un concours de « Miss tee-shirt mouillé ». À tout berzingue, je tourne les talons et file vers la maison, gagne rapidement l’étage et m’enferme dans la salle de bain. Pendant de longues secondes, je reste là, haletante, le dos à la porte et m’efforçant de reprendre mes esprits.


Lorsque j’émerge enfin du brouillard de colère qui m’enveloppait, c’est pour m’en aller contempler mon reflet dans le miroir du lavabo. Mon tee-shirt trempé me colle à la peau, soulignant sans équivoque les rondeurs de ma poitrine d’où saillent deux pointes sombres particulièrement suggestives. Voilà pourquoi Cyrille me regardait de cette façon !


Je promène les mains sur le coton frais et alourdi par le liquide, empaume mes seins et ferme un instant les paupières, me repassant le film de cet incident stupide avec mon beau-frère. Un frisson me parcourt le dos. Je me secoue, ouvre les yeux et enlève mon tee-shirt, mon soutif modèle léger, mon short qui est mouillé lui aussi et mes sandales qui ont laissé des traces luisantes sur le carrelage. Mon slip a moins souffert dans la mésaventure, mais suffisamment pour suivre le même chemin.


J’attrape une serviette-éponge et entreprends d’essuyer mes tifs et tout le reste. Mes gestes, d’abord rageurs, se font plus lents et plus doux à mesure que sèche ma peau ; et lorsque j’abandonne la serviette, je suis à peu près calmée.


Je retourne devant le miroir et commence à gamberger. Sans cesse, le regard de Cyrille posé sur moi me revient en mémoire. Je me rappelle notre première rencontre, cette soirée dansante où je lui avais arraché une série de slows et roulé quelques pelles. Et puis la suite : Colette en pétard qui vient s’imposer, puis finit par me piquer mon mec. C’est vrai qu’à l’époque, elle était mieux que moi. Plus grande, plus mûre, plus sûre d’elle et vraiment sans scrupules. Et puis, elle avait dix-neuf ans et une bagnole, et moi seulement dix-sept et demi et pas mal de boutons.


Maintenant, je ne suis pas plus grande, mais j’ai vachement changé. Et Cyrille a dû s’en apercevoir lui aussi. « Le porc, me dis-je. Si Colette savait comment il m’a reluquée… »

Je m’examine encore une fois dans le miroir, essayant d’établir de mémoire des comparaisons avec ma sœur. Je ne suis certainement pas mieux qu’elle, qui est grande, svelte, bronzée, le cheveu lisse et brillant et le regard droit. Je suis différente, et je me dis que c’est ça qui a dû attirer l’attention de Cyrille : la différence. Ma petite taille, mes rondeurs et ma peau qui reste blanche parce que je n’aime pas beaucoup les bains de soleil.

Je secoue ma crinière et Clarence me répond symétriquement dans le miroir. En louchant un peu, certes, mais en m’assurant que ça ne l’empêche pas de voir clair !



Quand les autres rentrent des courses, tout est rangé et je me suis changée. Après le repas de midi pris chacun de son côté, tout le monde sombre dans la béatitude de la sieste. Je passe la mienne dans la chaise longue de mon QG du pavillon de jardin, bercée par la musique d’un CD qui joue en boucle et en sourdine. Personne n’a risqué la moindre allusion à l’incident du seau de flotte, et je ne saurais dire si mes beaufs en ont parlé entre eux. J’ai juste remarqué que Cyrille me jetait des regards plus appuyés mais qui se dérobaient dès que je me tournais dans sa direction.


Ce soir-là, un barbecue collectif est prévu dans la petite cour à l’avant de la maison. Mon père a toujours aimé ça. Il fait brûler des bouts de bois de vigne dans un demi-tonneau bouffé par la rouille et surmonté de deux claies récupérées dans une vieille cuisinière à gaz, avant d’y carboniser des saucisses et des cuisses de poulet. Au début, ça fume beaucoup et comme généralement le vent va dans la mauvaise direction, ça tousse et ça pleure beaucoup aussi. Par la suite, ça sent bon, mais pas toujours. Le poulet c’est dur à cuire et les saucisses, ça se rebiffe.








Ce soir-là, je participe à la préparation du repas. Pas par conviction, mais comme tout le monde s’y colle, je suis le mouvement. En grand spécialiste et au risque d’attirer quelques Canadair, mon père veille sur son demi-fût rouillé et sur ses tronçons de vigne, lançant de vigoureux signaux de fumée à l’adresse du Sitting Bull du village qui a planté sa rôtissoire à merguez sur une colline voisine. Yeux larmoyants et mouchoir de poche à la main, Cyrille assiste le paternel en variant les positions pour souffler sur l’embryon de feu.


Pendant que mes soeurs épaulent Maman en cuisine, je donne un coup de pouce à Pascal pour installer tables et chaises en y passant l’indispensable chiffon. Colette, qui entretient la tonicité de ses mollets en faisant des allers-retours pour amener la vaisselle, profite d’un éloignement momentané de face-de-raie pour m’apostropher rapidement :



Je fais celle qui n’a rien relevé.



Et elle s’éloigne sur cette banderille au moment où Pascal rapplique. Balancer, mes nichons ? Je n’en ai pas la conviction. Du coin de l’œil et en installant les assiettes, je surveille mon beauf qui incline les parasols pour contrer l’éblouissement du couchant. C’est à peine si le gaillard me reluque. Lui et moi, ça ne colle pas trop, alors on s’évite le plus souvent possible. Pourquoi s’intéresserait-il à moi ?


Je pense soudain à Cyrille qui tousse près du barbecue. Plusieurs fois dans l’après-midi, il m’a regardée bizarrement et je suis certaine que l’incident du seau de flotte sur mon tee-shirt y est pour quelque chose. C’est sans doute davantage en songeant à lui que Colette m’a fait cette remarque acerbe. Je suis persuadée qu’elle peine à oublier que son mec a été — très brièvement — le mien avant de devenir l’homme de sa vie, et que ça doit discuter ferme de temps à autre dans son ménage.


J’en finis avec les couverts puis m’en vais prudemment dans les parages du fumoir. Mon père termine d’agiter une pelle à poussière devant les braises puis la passe à Cyrille.



Je le vois qui fait deux pas et se baisse pour récupérer les claies. Il les tend à mon père par-dessus le demi-fût. J’en profite pour agiter la petite pelle de haut en bas. Mes seins suivent la cadence sous le tee-shirt et devant les yeux de Cyrille, juste avant qu’il ne les ferme sous l’assaut de la fumée.



Je rends l’objet de ventilation à mon beauf et m’éloigne d’un pas rapide. Inutile de rester dans les parages si je veux épargner à mes cheveux le privilège de sentir le jambon fumé. En sautillant, je grimpe les escaliers, jetant vers le bas des coups d’œil attentifs. Je croise Colette qui me lance un regard peu amène au-dessus de son chargement d’amuse-gueules. Soumise à ce traitement, c’est vrai que ma poitrine balance un peu, mais elle s’est déjà bien stabilisée lorsque j’arrive dans la cuisine.



Elle s’empare d’un plateau et disparaît vers les escaliers. Ma mère me désigne la boîte en carton qui attend sur la table.



Au moment où je vais m’exécuter, elle s’approche de moi et me dit à voix basse :



Elles se sont donné le mot, ma parole ! Oui, ça doit être ça : Colette a pleurniché !



Maman baisse encore la voix.



Elle a pris un ton de confidence, en souriant d’un air triste. J’ai toujours été sa préférée : la plus petite, la plus jeune, celle qu’il faut protéger. Et puis, aussi, de ses trois filles je suis celle qui lui ressemble le plus. Je m’abstiens néanmoins de lui demander si ma sœur a émis des doléances à mon sujet. Maman n’aime pas qu’on se chamaille et ne fera rien pour envenimer les choses. Je prends donc le BIB de vin rouge et regagne le rez-de-chaussée.


Je suis occupée à me battre avec le trou dans le carton, essayant d’en extirper l’embout verseur, quand Pascal juge bon d’intervenir :



Je lève les yeux. Mon beauf me regarde bizarrement, avec une lueur vicelarde que je ne lui connaissais pas. Décidément, c’est le jour ! Il est vrai que son haleine dégage une odeur anisée qui ne laisse pas de doute sur le fait qu’il s’est offert un ou deux apéros d’avance. Fatalement, ça chasse les inhibitions ! J’en suis d’ailleurs à me demander si l’autre n’a pas ouvert sa grande gueule en lui racontant tout l’épisode du seau d’eau !



Et je le laisse tripoter sa vache à vin. Si ça lui donne des idées, tant mieux pour lui !



Je me tiens à carreau pendant le repas, parlant peu et buvant encore moins, mais je ne manque pas d’observer discrètement les attitudes des uns et des autres ; et si ma sœur aînée reste calme et digne comme à son habitude, Colette me paraît excessivement nerveuse, renversant même son verre. Éclaboussé, Cyrille se lève en maugréant et s’en va changer de vêtements pendant que je ris sous cape.



C’est clair : elle me surveille. Placé à côté d’elle, juste en face de moi, Cyrille n’a pas cessé de me reluquer en douce et elle n’a pas manqué de le remarquer. À ma gauche, Pascal ne lève pas le nez de son assiette, attitude trop discrète pour être honnête. Depuis l’autre extrémité de la table, Maman me lance un regard en forme de supplique. En soupirant, j’avale un morceau de saucisse à demi carbonisé. Décidément, Papa ne s’améliore pas !

Sans doute pour se faire pardonner autant que pour détendre l’atmosphère, il offre une tournée de rouge dans l’enthousiasme presque général.








Le lendemain, je paresse au lit jusqu’à l’heure du déjeuner. J’apprends alors que mes deux beaufs ont fait pareil en hommage au défunt BIB de rouge, laissant à mon père le soin d’assurer la pause du matin au chantier de remplacement des piquets de clôture.

Pascal et Cyrille, coupables de lâcheté devant l’ouvrage, promettent d’en mettre un coup dans l’après-midi. Au soleil, ce sera coton ! Au moment où ils s’apprêtent à partir, je leur conseille d’emporter une bonne provision d’eau.



Je me vautre à l’ombre à l’entrée de l’abri de jardin pour bouquiner à l’aise sur fond de musique planante, et près de deux heures passent avant que Maman ne vienne se rappeler à mon bon souvenir.



Mais le regard suppliant de Maman suffit à me faire craquer. J’obtempère en arrachant mes quelque cinq kilos de charge et nous nous quittons devant mon port d’attache. Je n’ai accompli que quelques pas lorsqu’une idée vacharde vient m’assaillir. Je tente de la chasser, mais elle insiste, alors j’amorce un demi-tour prudent qui me ramène dans l’abri de jardin. Là, je déboutonne ma petite blouse à manches courtes et l’enlève le temps de me débarrasser de mon soutif que je planque dans un coin. Je la remets ensuite, mais en me la nouant sur le ventre. Il n’y a pas de miroir, mais j’imagine sans peine le tableau que je peux offrir. C’est autre chose que le tee-shirt large de la veille !


En me dirigeant vers le bout du terrain, je me demande si je n’exagère pas un peu. La chaude caresse de l’air sur ma peau, les petites vibrations qui agitent l’extrémité de mes seins sous le fin tissu de ma blouse et la sensation de quasi-nudité m’émoustillent.

Lorsque j’arrive, mes beaufs en font des yeux comme des soucoupes ! Pour se donner une contenance, Cyrille ironise :



Ils sont couverts de sueur, torse nu et poussiéreux. Je pose ma charge au sol en me baissant lentement. À croupetons, je leur offre une vue plongeante sur mon décolleté, pendant que je fouine dans les sacs. J’en sors deux bières glacées.



Je les quitte et me dirige vers un bouquet d’arbres qui borde la propriété. De là, un sentier descend vers un ruisselet juste bon à s’y tremper les pieds à condition que l’été ne soit pas trop sec. En marchant sous les feuillages, j’ai encore en tête l’image de mes beaufs avec leurs yeux de merlans frits. Je suis sûre d’avoir fait mon petit effet, et j’en souris béatement. Me balader comme ça n’est vraiment pas dans mes habitudes et je découvre soudain l’attrait qu’on peut exercer sur les mecs rien qu’en s’exhibant un peu pour les aguicher, même si on n’est pas miss monde. Moi-même, je suis loin de mon état normal. Je me sens toute chaude et la température extérieure n’y est pas pour beaucoup !


Je m’arrête et m’assois au pied d’un arbre. Adossée au tronc, je pose l’occiput contre le bois rugueux et ferme un instant les yeux. Du bout des doigts, je frôle les bords de ma blouse toujours nouée sur mon ventre, juste au-dessus de mon nombril. J’ai envie de sentir la caresse de l’air sur ma peau, je joue avec le noeud, mais n’ose pas me dénuder. Je finis par glisser une main sous ma chemise. Mes seins se sont affermis et je reste un moment à les palper, découvrant à quel point l’afflux de sang en a durci les tétons. C’est dingue ! J’étais loin de prévoir qu’exciter autrui exercerait sur moi le même effet, sinon pire !


Je me fige soudain en entendant un craquement de bois. J’observe les alentours, mais ne vois rien d’anormal. Était-ce un pied écrasant une branchette morte ? Quelqu’un m’aurait-il suivie ? En pensant à « quelqu’un », j’imagine l’un ou l’autre de mes beaufs – ou les deux – planqué là, à mater. Quelques secondes d’immobilité encore, puis je me détends. Mais je ne suis pas sûre qu’il n’y ait personne. Au contraire : je suis persuadée qu’on m’observe. Qui ? Cyrille ? Il en est bien capable ! Et Pascal face-de-raie… Pourquoi pas lui, avec ses yeux fuyants ? Fuyants quand on le regarde, je veux dire. Je ne suis pas dupe de la manière qu’il a de m’espionner à la dérobée.


Petit à petit, l’idée de faire comme si je n’avais rien perçu d’anormal fait son chemin sous ma crinière. Ma main reprend son manège sur ma poitrine. Mes beaufs veulent se rincer l’œil ? Eh bien qu’ils le fassent ! J’éprouve de plus en plus de plaisir à me peloter les nichons sur et sous la blouse. Cette fois, j’y mets les deux mains et savoir qu’on m’observe décuple mon excitation. J’hésite encore à dénouer les pans du vêtement, mais je me décide à descendre vers mon short pour en défaire les boutons. Le relâchement du tissu autour de ma taille me donne la sensation de me dénuder, même si je ne laisse presque rien voir.


J’essaie de prendre mon temps, mais en réalité j’ai une envie folle de tout arracher, mais ce ne serait pas convenable. Mes mains finissent par se partager le boulot, l’une sous la blouse, l’autre dans la culotte. Je mouille comme une petite cochonne, et me branler comme ça en pleine nature sous les regards discrets d’un ou deux mateurs me met dans tous mes états. Que ces mateurs soient mes beaufs n’y change rien, bien au contraire ! Je les imagine la bouche entrouverte, la sueur au front, la gorge serrée, essayant de contrôler leur souffle pour éviter de faire le bruit qui pourrait m’effaroucher. Ils doivent être là, à bander comme des boucs en rut.


Du bout de mes doigts tremblants, je finis par m’attaquer au noeud de ma blouse. Je ferme les yeux, tête et dos appuyés au tronc d’arbre. Le noeud résiste, mais je n’ai pas envie d’y envoyer ma deuxième main, trop affairée dans mon entrejambe. Des élancements brûlants montent à l’assaut de mon ventre tandis que mes doigts se trempent de mouille, et la lutte que soutiennent les autres contre le tissu rétif accentue mon excitation. J’imagine que, non loin de là, quelques boutons de braguette cèdent allègrement.


Quand les pans de la blouse se rabattent enfin, je suis au bord de la jouissance. J’ouvre les paupières, baisse les yeux vers ma poitrine offerte sous l’ombre des arbres. Pourquoi mes seins me paraissent-ils soudain si gros, si provocants ? Je les caresse des deux mains, agace les tétons du bout des doigts. Entre mes cuisses, le feu gronde. J’ai pourtant abandonné d’un seul coup les titillements de mon clito, mais le plaisir vient tout seul. Les yeux à nouveau fermés, paumes serrées sur mes nichons, le bout de la langue humectant mes lèvres entrouvertes sur un souffle haletant, je jouis comme une folle. Dans ma culotte, le jus coule en abondance, faisant écho aux giclées de sperme qui doivent maculer à présent quelque part l’humus du sous-bois.


En reprenant ma respiration et mes esprits, j’ai soudain le sentiment d’être une cochonne. Une cochonne qui se donne en spectacle et qui y trouve un plaisir sans nom.


Plusieurs minutes s’égrènent encore avant que je ne me décide à me resaper. J’ai entendu d’autres branches craquer, à proximité, mais je n’en ai cure. Le ou les voyeurs sont partis, peu soucieux de se faire surprendre, et je leur laisse amplement le temps de s’éloigner.


Lorsque je choisis de m’en retourner vers la maison, j’évite de rebrousser chemin. Je longe le ruisselet, large à peine d’une vingtaine de centimètres à cet endroit et en cette saison, et sors du sous-bois quelque part dans le bas du village. J’aime autant rentrer par là.


Avant de quitter l’abri des arbres, j’ai rectifié le plus soigneusement possible ma tenue. La proximité des maisons m’incite à m’abstenir d’afficher un look olé olé. J’ai donc abandonné l’idée de nouer à nouveau ma blouse, préférant en refermer les boutons. Ce n’est pas terrible, car elle est froissée dans le bas, mais qu’importe ! C’est plus discret comme ça.


En marchant, je sens l’humidité de ma culotte et de mon short poissés à l’entrejambe, mais ça ne doit pas se remarquer. De toute façon, le chemin est désert. Il fait chaud, les gens se sont réfugiés à l’intérieur. La seule personne que je rencontre est un Anglais rougeaud, en vacances là avec sa femme, et qui travaille dehors à débroussailler le pourtour de sa bicoque laissée à l’abandon pendant plusieurs mois. Faut bien être Anglais pour rester comme ça en plein soleil, quitte à se retrouver avec un teint de brique ! Il arrête de bosser et s’appuie sur sa faux pour me regarder passer.



Je pense à nouveau à mes deux beaufs. Eux aussi, ils bossent en plein soleil ! Mais eux, ils doivent s’être offert une petite pause !








Le lendemain, je furète à gauche et à droite, mine de rien et rien à foutre. Assurément, mes deux beaufs me regardent de manière de plus en plus étrange, et je me demande si je n’exagère pas un peu. Mais les exciter en m’exhibant est un jeu pour lequel je commence à nourrir une certaine addiction. Je me fais néanmoins violence et évite cette fois de me balader sans soutif dans les alentours de la maison. Maman m’en sait gré et je ne veux pas irriter davantage Colette et finir par attirer également sur moi les soupçons de Patricia.


Lorsque je décide de m’en aller faire une menue promenade, je choisis soigneusement pour l’annoncer à ma mère un moment où Pascal et Cyrille sont dans les parages, histoire de les mettre discrètement au courant. Je m’éloigne ensuite en prenant tout mon temps, rassemblant dans un petit sac à dos mon baladeur MP3 et ses écouteurs, mon appareil photo numérique, une bouteille d’eau et quelques biscuits. En tenue légère mais non équivoque – jupette en jean, tee-shirt et tennis blancs – je quitte innocemment la maison en passant par la cour et descends dans le village. Je n’y rencontre cette fois personne, et ce n’est que lorsque j’arrive à l’orée du bois que je sens un frémissement d’impatience me gagner. Un rapide coup d’oeil en arrière m’apprend que je ne suis pas suivie de manière visible, mais ce n’est pas une révélation. Je ne m’attends pas à ce qu’« on » me file le train sans prendre un minimum de précautions.


Une fois à l’abri des regards sous le couvert des arbres, je dépose en vitesse mon sac à dos, le temps de dégrafer mon soutien-gorge et de l’y fourrer, puis je me prépare à me remettre en marche. Ma poitrine nue sous le tee-shirt s’octroie ses libertés, et rien que penser à ce jeu stupide auquel je me livre suffit à m’émoustiller. Pour peu, je me déshabillerais !


Je fais quelques pas en me persuadant d’éviter l’exagération, mais une deuxième envie me démange à laquelle je ne résiste pas. Après un nouveau coup d’œil aux alentours, je glisse les mains sous ma jupe et me débarrasse de ma petite culotte, qui file rejoindre mon soutif dans le sac. Tranquillement, je descends dans le bois, enjambe le ruisselet et décide de grimper de l’autre côté, où s’amorce un sentier. Mes fesses nues sous la jupette me donnent un sentiment d’indécence, mais un observateur éventuel n’y verrait rien. Je m’immobilise dans la pente, adossée à un arbre comme si je me reposais quelques instants, et j’en profite pour scruter les environs à la recherche d’une présence humaine. Rien. Si quelqu’un m’a suivie, il se montre discret.


Je reprends ma lente progression et parviens à un endroit où s’amorce un second et étroit sentier que je sais se terminer en cul-de-sac dans une petite clairière. Lorsque je débouche dans ladite clairière avec l’intention de m’y installer – les postes d’observation difficilement décelables ne doivent pas manquer aux alentours –, je suis tout à coup surprise d’y trouver quelqu’un !


La femme qui est adossée à un gros rocher, les fesses sur une couverture étalée sur le sol, tourne immédiatement la tête dans ma direction :



Zut ! Voilà une chose à laquelle je n’avais pas pensé. J’hésite un instant : le sentier se termine là. Si je fais demi-tour, je donne l’impression de m’enfuir. Si je continue tout droit, je m’enfonce dans un sous-bois broussailleux.



Le type apparaît, de l’autre côté de la grosse pierre. En short, torse nu, teint de brique. L’Anglais ! L’Anglais et sa nana ! Qu’est-ce qu’ils foutent là ? Les paniers et le matériel sur la couverture me renseignent sur leur intention de pique-niquer.

Je salue le gars, qui me fait signe d’approcher.



Je fais quelques pas hésitants.



Je regarde la femme qui vient de parler. Elle me sourit d’un air navré et moi je me sens complètement à côté de mes pompes.



Il farfouille dans un box isotherme et en sort une bouteille.



Je vois difficilement comment je pourrais refuser sans passer pour une mal embouchée, alors je décroche mon sac à dos et m’agenouille sur le bord de la couverture. Ma jupette remonte dangereusement sur mes cuisses, mais si je m’asseyais ce serait pire. Je reste là, bien droite, pendant que le type débouche la bouteille et remplit les verres. Ce sont des godets en plastique transparent, à pied, pas idéaux pour déguster un grand cru, mais en pique-nique avec un petit blanc frais, c’est déjà mieux qu’un verre à dents Tupperware.



Ce n’est pas une question. Je hoche la tête et prends le gobelet qu’il me tend.



En buvant, je les détaille discrètement par-dessus mon apéro. Il est grand, plutôt costaud, la bonne trentaine sans doute et légèrement bedonnant. Cheveux et yeux clairs, pattes d’oie quand il sourit et apparemment pas embarrassé par les coups de soleil qui ornent ses épaules. Sa femme est mince et brune, visage agréable aux traits réguliers. Son teint déjà bien hâlé annonce qu’elle a dû prendre la précaution de s’offrir quelques séances de solarium avant de franchir la Manche.



Je hoche la tête.



Je me sens mal à l’aise. J’ai envie de partir, mais je ne veux pas être impolie. Je suis en train d’imaginer que si l’un ou l’autre de mes beaux-frères m’a pistée, il devrait arriver sur les lieux. Ou être déjà là, peut-être, à nous espionner.


La position sur les genoux n’est pas très confortable, mais je n’ose basculer de côté pour m’asseoir de peur de montrer mes fesses ou mon entrejambe. « C’est malin ! » me dis-je en sirotant mon petit blanc pendant que mes hôtes bavardent. « Hier je m’exhibais sans complexes devant mes couillons de beaufs, et aujourd’hui je perds tous mes moyens devant deux inconnus ! » Je mesure la distance qui peut exister entre s’amuser à émoustiller deux grands nigauds et essayer d’échapper aux regards appuyés de ce couple de touristes britanniques.


Parce que pour me regarder, ils me regardent ! Ils me parlent du pays, de la bicoque qu’ils retapent tranquillement, du soleil et des vacances, mais les yeux du mec qui se baladent sur mes vêtements et s’imaginent sans doute se glisser par-dessous me rappellent follement ceux du loup de Tex Avery ! Quant à sa gonzesse, elle me sourit d’un air qui me semble moqueur et je me demande bien pourquoi. Ce n’est pas parce que je n’ai pas de soutif, puisqu’elle non plus n’en porte pas. Elle est fringuée comme je l’étais la veille : short, pieds nus dans des sandalettes et petite blouse nouée sur le ventre. Un hasard ?


Norman insiste pour remplir mon verre. J’arrête son geste en cours de route : une demi-dose suffira.



Elle a lâché ça d’un ton détaché, mais je remarque qu’elle m’observe attentivement malgré tout. « Il m’a aperçue là-bas, lui ? » me dis-je. Où ? Et quand ? Je me rappelle être remontée par le village et avoir salué Norman au passage, pendant qu’il fauchait les mauvaises herbes devant sa bicoque.



Ma main tremble légèrement quand elle approche le verre de mes lèvres.



Cette fois, je me sens défaillir. L’Anglais me regarde toujours en souriant aimablement, mais je ne suis pas dupe. Les allusions sont claires. Ce serait donc lui, mon voyeur de la veille ?



Je dois être rouge jusqu’à la racine des cheveux ! Norman se met à rire, puis se veut rassurant :



Je ne parviens pas à articuler un seul mot. De ma main libre, je tire sur ma jupe. Je me sens tout à coup si nue. Je devrais peut-être m’enfuir ? Le type incline la tête :



Quelqu’un d’autre ? Mais pourquoi ? J’arrondis les yeux, feignant de ne pas comprendre.



Et merde ! Dois-je avouer à ce mec que je mouillais comme une folle en croyant allumer mes beaufs ?



« Comme ça ? » D’un coup de menton, il attire mon attention sur sa femme. Je la découvre vautrée contre son rocher, les yeux clos, une main sous sa chemise et l’autre dans son short. « Et merde ! me dis-je. Je suis tombée sur des dingues ! Des obsédés ! »



Je n’oserais pas dire le contraire, de toute façon, mais c’est vrai que Mary offre un tableau touchant. Apparemment, toute à son trip, elle ne se soucie pas de nous. Je vois ses mains s’activer sous ses vêtements. J’étais comme ça, moi aussi, devant son mec ? Je fais mine de vouloir me lever, mais Norman me lance un geste impératif.



Je demeure à genoux, hésitante.



Je vide mon godet de chardonnay et le laisse rouler sur le sol. J’en ai déjà bu bien assez. Mon attention se porte vers l’Anglaise, dont je perçois la respiration un peu précipitée. Elle remue la tête, les yeux fermés. Elle se donne en spectacle devant son mari, mais aussi devant moi, qui ne suis qu’une inconnue pour elle. Je me revois la veille après-midi, pareillement occupée. Suis-je une cochonne ?


Norman me fait des gestes, mais je ne veux pas faire ce qu’il demande : aller dénouer la blouse de sa femme. Il est dingue, ce type ! Qu’il fasse donc ça lui-même ! Je le vois se déplacer en douce, s’asseoir près de Mary et tendre les doigts. L’Anglaise gémit quand son homme lui libère sa poitrine, menue mais ferme, entièrement bronzée.


Deux minutes plus tard, la nana soulève les fesses pour aider son jules à la débarrasser de son short et de son slip, et la voilà à poil en train de se laisser papouiller sous mes yeux. De temps à autre, il y en a un des deux qui me jette un bref regard assorti d’un sourire. Bon. Manifestement, ces deux allumés ont envie qu’on les admire. Bah ! Si ça peut suffire à leur bonheur…


Les petits cris d’extase de Mary et sa manière d’offrir son corps à la caresse peuvent être un peu forcés, mais je dois reconnaître que c’est plutôt excitant à mater. Par contre, bien que ce ne soit pas nécessairement bruyant, je commence à jeter des regards inquiets autour de moi et surtout vers l’entrée de la clairière : et si quelqu’un surgissait ? J’imagine les tronches de mes beaufs tombant sur le tableau, et ça me fait marrer. Qu’y pourraient-ils ? Je présume qu’ils seraient beaucoup plus embarrassés que ce couple occupé à forniquer en pleine nature.


Et moi ? Ça ne m’embarrasse pas ? Maintenant, Mary a quitté son rocher et Norman son short et son slip, et ils sont bien en route à baiser devant moi. Il s’est couché derrière elle sur la couverture et, appuyé sur un coude, s’assure de temps à autre que je les regarde faire. Qu’attendent-ils ? Que je me branle en les reluquant ? Que je prenne part à leurs ébats ? Norman est occupé à ramoner sa femme à grands coups de bite, et je me dis que les cris de jouissance qu’elle pousse vont finir par attirer du monde, d’autant qu’il s’y met lui aussi petit à petit avec des « oh, yeah ! oh, God ! » qui en disent long sur le plaisir qu’il prend.


J’ai envie de me relever et partir, mais je me vois mal le faire sans leur dire merci pour l’apéro et sans les vexer. Je reste donc bien sagement en place, attendant qu’ils en terminent avec leur cinéma. Pour tuer le temps, je glisse une main sous ma jupe et constate ce que je pressentais. « Cochonne ! » me dis-je. Mais tant qu’à faire…


Je me surprends à écarter doucement les cuisses pour faciliter l’accès de mes doigts à mes points névralgiques. Ma jupette ne cache presque plus rien, mais je n’en conçois aucune gêne. Mes doigts s’activent, mon autre main remonte sous mon tee-shirt. C’est à peine si je me soucie encore des deux Anglais et de leurs ébats. J’entends juste leurs gémissements et les grivoiseries bilingues qu’ils lancent pour s’encourager et, manifestement, m’exciter davantage. Je bascule sur la couverture, ferme les yeux et me caresse sans la moindre honte. Au point où j’en suis…


Mon tee-shirt est à présent roulé sous mon menton et, comme la veille près du ruisselet, je me laisse aller à mes penchants nouvellement révélés. Deux doigts dans la fente, pendant que j’empaume mes seins l’un après l’autre. Moi aussi, je gémis. On me regarde ? On m’entend ? Et alors ?


Je sursaute lorsqu’une main vient se poser sur moi. Ouvrant les yeux, je rencontre le sourire de Mary, puis fais connaissance avec sa technique de pelotage de nichons. Elle se penche et m’embrasse les tétons. J’adore ça. J’ai des frissons partout. Je tourne la tête. Où est Norman ? Il est assis, il nous regarde. La menotte de Mary glisse sur mon ventre, rejoint la mienne un peu plus bas et je lui laisse bientôt la place. Elle sait y faire. Je m’abandonne. En moi, une voix me gronde : « cochonne, petite cochonne ». Je ne l’entends déjà plus pendant que je jouis, arc-boutée sur mes talons et soulevant le bassin à la rencontre de la caresse. Oui, je suis une petite cochonne !


Mary s’écarte et j’essaie de recouvrer mes esprits. Quand Norman s’approche, l’air interrogateur, je me crispe, balançant entre l’envie qu’il me prenne et mes scrupules à m’offrir à cet homme que je connais à peine. Rassurant, il exhibe un grand sourire et un préservatif, alors je cède. Je le veux en moi. J’ai chaud. J’enlève mon tee-shirt et fais glisser ma jupette pendant que Mary enfile le bout de latex à son mari. Elle dirige ensuite elle-même le sexe de Norman vers le mien. L’homme est couché derrière moi. Il me pénètre doucement, par petites poussées, comme s’il craignait de me faire mal. Que s’imagine-t-il ? D’un seul coup de reins, je l’accueille. À fond. Puis je m’immobilise et resserre mes muscles. Ça me fait du bien de sentir cette bite plantée en moi. Puis je donne le signal. Norman s’active, saisissant ma hanche à pleine main pour soutenir la cadence.


Mary s’en mêle. S’occupe de mes seins, de mon ventre. Je me laisse faire, profitant du plaisir qu’ils me procurent. Je n’ai nulle honte, nul remords.



Il a le nez dans mes cheveux. Mes boucles ne le gênent pas. Il s’imprègne de leur odeur et je sens son souffle saccadé près de mon oreille. Sa bite me ramone vigoureusement. Elle glisse dans mon fourreau trempé, je vais à sa rencontre, plus loin, plus fort. Je pense à mon corps qui vibre, à la chaleur qui monte à ma gorge, aux frissons qui envahissent mes reins.



Cet homme ne manque pas de tonus. Je l’encourage :



Il va me faire jouir, le bougre, bien que je me demande ce qu’il a voulu dire par « lillbitch ». Faudra que je potasse mon anglais ! Je suis maintenant coincée entre lui et sa femme, qui s’est allongée devant moi pour m’embrasser et me caresser les seins. J’ai de l’électricité dans le corps. Comment puis-je m’abandonner ainsi ? J’ai un dernier sursaut de lucidité, je me traite à nouveau mentalement de cochonne. De grosse cochonne. Puis de petite salope. Mais avant d’en arriver à des mots encore plus flatteurs, je cesse de gamberger. Je ne pense plus à rien, à rien d’autre qu’à mon ventre qui n’en finit pas de jouir.


Un peu plus tard, tandis que je récupère, Norman ne demeure pas inactif. Il a enlevé son préservatif et, en levrette, est reparti à l’assaut de sa femme. Quelle santé ! Quelle différence entre cet homme et les quelques gamins que j’ai connus auparavant ! J’en frémis encore.

Pour ne pas être en reste, je m’approche d’eux, viens à mon tour caresser Mary. Elle approuve. Ses cris de plaisir remplissent une nouvelle fois la clairière. Je ne peux m’empêcher de sourire. Je n’espère pas vraiment qu’on nous regarde, mais je reconnais que ça ne me dérangerait pas outre mesure.


Norman se retire, grogne, tend son sexe dans ma direction. Timidement d’abord, puis plus franchement sous les encouragements de l’Anglaise, je m’en empare. Ma main monte et descend, et Norman grogne à nouveau, balance des trucs en anglais – probablement des grivoiseries. Mary vient poser les lèvres sur la bite de son mari. Je veux le lâcher, céder la place, mais la femme retient ma main, m’invite à poursuivre mon mouvement. « Oh, God ! » s’exclame derechef notre partenaire. Et il jouit à longs jets sur la joue et l’épaule puis dans la bouche de sa nana, pendant que je m’écarte pour éviter de recevoir du jus dans les mirettes, mais tout en continuant à le branler plus lentement.


Nous nous écroulons sur la couverture où nous reprenons notre souffle sous la caresse du soleil. Nous faisons un sort à la bouteille de chardonnay et, à ma grande surprise, mon hôte en exhibe une seconde. « Tudieu ! » m’exclamé-je mentalement. « Il prévoyait une véritable beuverie avec sa gonzesse ! » C’est vrai que nos ébats m’ont donné soif. Je ne doute pas un seul instant que même – et surtout – sans ma présence, ils avaient planifié cette séance de sport. « Ça justifie certaines précautions ! »


Ils sont si gentils ! On bavarde, on rigole et je les trouve tellement sympas ! Je décline quand même poliment leur offre de partager leur repas, surtout que le blanc est épuisé et que Norman décide de s’attaquer au rouge, un truc où je vois « nuits » sur l’étiquette. C’est probablement à siroter le soir, mais ils ne peuvent pas résister, ces ivrognes de rosbifs ! « Sapristi ! Ils étaient chargés comme des baudets ! » me dis-je effarée. En ce cas, ils ont foutrement raison de consommer, ce sera moins lourd au retour.

J’enfile jupe et tee-shirt, ramasse mon sac à dos et, après les avoir remerciés chaleureusement en leur disant merci pour leur accueil et promis de leur rendre bientôt une petite visite, je me lève debout.


Malgré l’après-midi presque terminé, il fait encore très chaud. Le soleil a dû me taper un peu sur le crâne, parce qu’en me relevant, j’ai soudain un vertige passager de faible durée. Aimable, Norman me soutient de peur que je tombe ou ne m’étale.



J’espère qu’il ne me prend pas pour une gourde. Ce n’est pas parce que j’ai eu chaud sous le soleil et que mes jambes sont un peu flageolantes en raison de la séance agitée qu’on s’est payée que je ne suis plus capable de retrouver mon chemin. Je m’éloigne sur un dernier salut et, visiblement, ils me voient disparaître dans le sentier. Pendant la descente en légère pente, je remarque que les arbres sont particulièrement nombreux cet après-midi. Déjà l’heure de pointe ? D’ailleurs, il y en a un qui essaie de me couper la route et ce n’est que grâce à la vivacité de mes réflexes que j’évite l’accident, les deux mains en avant.



J’éprouve un peu de peine à enjamber les deux ruisseaux. La fatigue me joue des tours. Je fais un grand pas mais, vicieusement, la flotte change soudain la direction de sa ligne de trajectoire et je mets un pied dedans.



Je secoue mon tennis mouillé et entreprends l’ascension du sentier qui grimpe en montant de l’autre côté. Je transpire si abondamment, sous cette chaleur, que je suis tout en sueur. J’ai dû prendre une insolation à me balader tête nue et sans chapeau. Fourbue, j’arrive enfin à la maison. Mes beaufs sont dans la cour. Ils jouent à la pétanque dans les graviers.



J’entends Pascal qui pouffe. Eh ben qu’il pouffe, ce con !



S’ils croient se payer ma tête en jouant avec mes pieds, ils peuvent toujours courir !


Décidément, ce n’est pas mon jour de chance. Quelqu’un a laissé traîner une serpillère devant la porte et je trébuche en me prenant les pompes dedans avant de m’étaler de tout mon long en heurtant l’embrasure au passage. Je braille un bon coup, essaie de me relever puis retombe en glissant à cause de ma chaussure encore mouillée qui dérape. Des gens accourent.



Je sens une patte sur mes fesses, puis quelqu’un dit :



Je gueule derechef, outrée par cette pogne qui vient de se poser sur mon séant :



Et j’aperçois Colette qui retourne une baffe à Cyrille.



C’est précisément à ce moment exact qu’intervient Patricia en s’interposant.



Et j’ouïs un nouveau claquement. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que j’ouïs cet après-midi !


Pendant qu’ils s’expliquent tous en criant comme si je n’étais pas sourde, je m’esquive en rampant par terre sur le sol dallé de carrelages, parce que debout sur mes pieds ce n’est pas possible à cause du tremblement de terre qui agite le corridor et l’escalier de gauche à droite et de droite à gauche et vice-versa. C’est bien le moment ! J’entends soudain la voix de ma mère :



Et c’est en arrivant là-haut tout au-dessus que je gerbe sur les pieds de Maman.