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n° 13939Fiche technique28922 caractères28922
Temps de lecture estimé : 18 mn
16/07/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Un récit pour rêver, pour ressentir....
Critères:  fh jeunes revede voir préservati pénétratio init -amourcach
Auteur : Le rêveur  (juste pour rêver...)      
Justine

J’avais 20 ans. Vraiment pas très beau… Rien de spécial pour attirer les filles.

Pas sûr de moi. Fils de personne. Un père concierge d’un groupe d’immeubles. Où, bien sûr, moi aussi je vivais.


Dans ces petits immeubles, des fils de riches qui draguent des filles de riches…

Et moi rien… vraiment rien fait à 20 ans. Même pas un bisou volé, enfin rien.

Un jour, je tombe sur une fille en train d’embrasser un gars. Leurs parents, je les connaissais bien sûr. Mon père disait qu’il fallait tout leur faire à eux…

Elle a l’air si heureuse de l’embrasser, et moi j’ai tellement envie d’être à la place de son mec… Mais faut pas rêver…


Ils ne me voient pas les regarder… Cette fille est si belle… Belle à ne plus l’oublier…

Mais bon, faut pas rêver. Son mec ; il est bien foutu, et fils de médecin… ça aide…

Cette fille paraît si douce, si sensuelle…

Je me dis que lui il n’y connait rien à la douceur, aux câlins, et qu’elle va être vite déçue…

Je sais, c’est pour me venger… Je le sais. Mais ça fait du bien de rêver…

Je vois ses mains parcourir son dos… puis le bas de ses reins… Elle est en pantalon, il glisse ses mains dans ses poches de derrière… Elle se colle contre lui… ils s’embrassent… Si intensément, si profondément. Ça me fait rêver…


Rien fait jusqu’à 19 ans… maintenant j’en avais 20. Elle, en avait 18. Je l’imaginais si douce et si câline… pas du tout dévergondée. Je me l’imaginais puisque je ne pouvais rien faire d’autre. Elle semblait folle de lui… ça m’arrivera donc jamais…


Je les espionne, je les jalouse…

Souvent je les retrouve, parfois je vole un mot doux, un souffle… Ça me fait rêver…


C’est l’été. Ça aide ça aussi… ils se retrouvent plus souvent. Elle est de plus en plus belle. Comment fait-elle ?

Mais un jour je le vois lui, avec une autre. Je regarde, je m’assure… mais c’est bien lui et ce n’est plus elle. Je me mets à rêver, mais bon, faut pas rêver…


Moi de temps en temps j’aide mon père à sortir les poubelles. À cette époque ce n’est pas les grands bacs de maintenant. Non, c’est des poubelles vite pleines, et même très vite…

Alors ça déborde… ça tombe à côté bien sûr. Comme ce cahier à moitié déchiré…


Je le prends ce cahier. C’est indiscret je sais… mais bon il est jeté. Et je l’ouvre… et je le parcours et soudain un coup dans ma poitrine. C’est son cahier… et c’est de lui qu’elle parle ! Alors je lis et je tourne les pages… et je tourne les pages et je lis… Elle parle de lui… et encore de lui…

Elle parle de son corps, de ce qu’elle ressent avec lui. C’est sensuel, c’est si impudique de la lire ainsi à son insu. C’est un peu la déshabiller… alors j’aime et je continue. C’est son cahier intime… elle l’a jeté parce qu’elle sait pour l’autre fille.


Soudain je me mets à inventer… je ne devrais pas penser à ça. Je le sais bien, faut pas rêver ! Surtout pas de ça !

Je vais lui écrire, je vais prendre la place de ce Sébastien. Elle l’aimera encore, elle m’aimera sans le savoir. Elle l’aime certainement encore, ce cahier déchiré ne veut rien dire…

Elle veut l’aimer encore, elle ne pourra que le vouloir, que me vouloir…


Je sais comment… je sais quand elle a cours, le fils d’un concierge ça sait tout. Je connais son vélo, un mot attaché à son guidon, elle ne peut le manquer…


Je lui dis que je l’aime, mais que je fais semblant d’en aimer une autre, pour qu’on nous laisse tranquilles. Pour qu’on nous oublie, parce que mon père n’aime pas sa famille, elle le sait bien. Elle croirait n’importe quoi, parce que c’est n’importe quoi qu’elle veut croire.

Elle veut rêver ! Même si elle sait qu’il ne faut pas !


Je lui dis qu’on va continuer différemment, comme dans un rêve.

Et moi je sais qu’elle veut rêver… et moi aussi. Je lui donne des détails… et des gestes qu’elle connaît… des surnoms qu’elle aimait. Que moi j’ai lus dans son cahier.


Justine, comme c’est facile de te faire croire… Comme c’est facile de te faire rêver…

Comme tu deviens imprudente, comme tu deviens fragile… Quand tu veux trop rêver…

Et comme moi, je me mens, comme je cherche à me dire que je veux ton bonheur. Et comme je délire, et quelque part j’ai honte mais je veux trop rêver…

Je te dis qu’on va s’aimer différemment. Je te dis que jamais tu ne dois sortir de ce rêve.

On convient d’une boîte aux lettres, dans le placard électrique de l’étage, derrière le compteur… On ne doit pas se parler autrement… Faut que ce soit magique, et toi tu veux rêver…

Je te dis même que tu ne seras jamais certaine que ce soit ton Sébastien. Mais c’est avec ses mots que je te parle, avec les mots de ton cahier ! Je raconte vos histoires, je connais tous vos gestes. Alors je te fais rêver d’un rêve qui pour toi devient réalité, alors tu me fais réaliser mon rêve dans la réalité.

Tu ajoutes des règles, tu te prends à mon jeu. T’en acceptes toutes les règles, t’en désires les enjeux.


Dans l’immeuble où Justine habitait, il y avait une sorte de grenier, enfin, une pièce pour étendre le linge. L’odeur du linge propre, et quelque fois le linge de Justine…

Pendu entre des draps, éclairé d’une lumière tamisée…

Il y avait un grand coffre à linge, j’ai fait un double fond, pour des cadeaux plus gros

Qui n’auraient pas pu être "postés" derrière le compteur électrique.


J’ai fait durer le rêve pour plus de réalité, j’ai aimé ce rêve plus que la réalité !


Mais Justine avait connu les mains de Sébastien, sa bouche et ses étreintes. Un jour elle m’a demandé si dans notre rêve on ne pouvait pas aller un peu plus loin. Les câlins lui manquaient, elle fermerait les yeux, c’est promis. Moi j’ai demandé un peu plus, une cagoule sur la tête. Une cagoule à l’envers.


Justine s’initie au bonheur comme dans la chanson,

Justine obéit…


J’hésite tellement… j’vais tout gâcher, c’est pas possible que ce soit possible… Je lis et relis sa lettre, j’en dors plus. Obsession !


J’voudrais en être sûr, qu’elle le veut, qu’elle y pense… Six mois qu’on s’écrit, qu’on rêve comme des enfants… bien sagement. Mais aussi comme des grands, si intensément !


Six mois qu’à chaque réponse on va un peu plus loin. Dans les mots, dans les sous-entendus…

Puis encore dans les mots, qui entraînent d’autres sous-entendus. Des images se dessinent, des désirs s’y ajoutent… mais toujours rien qu’en rêve.


Justine en veut plus, ou bien Justine a des doutes. Elle veut seulement me piéger, elle a tout deviné. Elle va m’humilier, me ridiculiser, moi le fils du concierge, elle la plus belle des filles, et des filles de riches…


Je tourne et retourne ce dilemme dans ma tête, le cœur battant, la tête qui tourne.

Mais quand dehors je croise Justine, j’oublie toute prudence, je poste un rendez-vous.


J’dors plus la nuit, je rêve d’elle.

Dort-elle la nuit, pense-t-elle à moi, à ce rendez-vous dans le grenier, entre les draps ? Dans l’odeur du linge propre ? Dans la douce lumière des ouvertures du toit ?

On décide de changer de boîte aux lettres, j’en trouve une plus sûre, plus pratique.

J’y allais trop à cette boîte aux lettres, c’est pour ça qu’il fallait en changer.

J’y vais trop, j’attends trop, je rêve trop.


De Justine entre les draps : debout, sage, docile… Les bras le long du corps, comme on a convenu.

Toi, tu ne me toucheras pas, ce sera rien que moi. Mais ça sera intense, encore plus comme ça. Avec tout l’interdit, avec tout le secret, le silence de nos rêves. Je devinerais ce que tu voudras, on ne se parlera pas.


Ce sera demain samedi, minuit. Sois précise.

Tu monteras la première. Tu mettras la cagoule que je t’ai donnée, à l’envers, t’as compris ? Et en plus tu fermeras les yeux, tu verras ça sera mieux.

Attends-moi au fond, à droite, regarde le plan que je t’ai fait. À cet endroit il y a les draps de celle du deuxième, elle vient de les mettre.

Mets-toi juste derrière, et juste devant la lucarne.

Mets les habits que tu veux, je te laisse le choix. Robe, jupe ou pantalon, c’est à toi de choisir.

Mais n’aie pas froid quand même ; c’est juste le printemps… et peut-être qu’on restera longtemps.

Moi je te rejoindrai dans le quart d’heure, c’est pourquoi sois précise. J’aurai une cape sur moi, une cagoule moi aussi, pour le cas où on arriverait ensemble, tu sais que tu ne dois pas le voir ton Sébastien, toi aussi t’es d’accord, que ce soit rien qu’un rêve… Je t’ai pas obligée…



Vendredi soir, ou plutôt samedi matin déjà, deux heures du mat’, je passe par derrière, par le local poubelles, je monte par les escaliers, jusqu’au séchoir, une lampe électrique à la main, puis la caisse, j’ouvre la caisse à linge, soulève le double fond…

Sa réponse, sur un beau papier bleu clair moucheté, c’est oui, c’est d’accord ! Elle dit :


J’ai tellement hâte mon Sébastien, ça fait si longtemps que je l’espérais, et tu as su le rendre encore plus magique ! Merci mon Rêve, et n’aie pas peur, je ferai comme tu me demandes, je tricherai pas, moi aussi j’ai envie que ça reste un rêve, mais en sachant que c’est aussi une réalité, la nôtre ! Je serai à l’heure et en jupe.


Vous voulez savoir ce qu’un garçon ressent dans ces moments-là ? J’peux pas vous le dire… Je sais pas l’écrire… Même si c’est moi qui l’ai vécu.

Ça s’écrit pas, d’abord, ça se vit.

C’est tes mains qui tremblent, c’est ta tête qui explose, c’est dans ton ventre mais pas vraiment ; j’sais pas te dire ; c’est dans le bas de ton ventre oui bien sûr, mais pas seulement. Mais tu t’en souviendras toujours.


Justine, quel pouvoir t’as sur moi ! Comment tu fais, p’tite magicienne ! C’est moi qui me fais prendre, c’est toi qui diriges tout maintenant.

Je croyais te manipuler, faire de toi ce que je voulais, mais non c’est toi qui prends les rênes… qui décides, qui t’imposes… Tu me rends si faible, si impuissant à te résister…

Pourquoi t’as dit : « Je serai en jupe » ?

Alors tu veux quoi ? Que je meurs d’envie ? Ça veut dire quoi ? Qu’attends-tu de ton Sébastien ?

J’ai lu et relu toutes les pages de ton cahier intime, je sais jusqu’où vous êtes allés, jusqu’où ses mains sont allées… Il a pris ta bouche, oui, mais il est resté sage. Jamais sous les habits, c’est toi-même qui l’as écrit. Je sais ses bisous dans ton cou. Je sais comme il mordille tes oreilles. Mais tu dis : « je serai en jupe. »

Je sais ses mains dans les poches de ton pantalon, tout contre toi, mais en pantalon, toujours, et ce soir tu me dis que tu seras en jupe.


Elle est là. Justine est à l’heure. Justine est là, oui. Les bras le long du corps. Les jambes serrées. Derrière le dernier drap, juste devant la lucarne. Et la lumière de la lucarne fait d’elle un ange. Et cette lumière l’habille, ou bien la déshabille, je ne sais pas, je ne sais plus…

Et moi je la regarde, je la contemple, oui c’est un ange… C’est plus qu’un ange, une déesse que j’adore. Et ses bras le long du corps, juste ses mains qui frôlent sa jupe.


Sa jupe, oui c’est vrai que c’est la première chose que j’ai vue, puis son chemisier blanc.

Alors je m’approche. Jamais je ne m’étais encore approché d’une fille pour faire ça.

Je mets sur ses oreilles, par-dessus la cagoule, des écouteurs, et je pose l’appareil par terre.

C’est la musique qu’elle aime, elle est en boucle.

Pour bâtir notre rêve ou pour empêcher qu’elle entende mon appareil photo se déclencher ?

Oui je veux la prendre en photos. D’ailleurs je les ai toujours ces photos…

Bien sûr j’ai fait des photos sous sa jupe, pas les plus réussies d’ailleurs…

Mais elles ont pour moi le goût du fruit défendu, des choses qu’on nous interdit…

Des photos volées… de ce corps offert.


Je reproduis d’abord les gestes de Sébastien, pour la rassurer, pour qu’elle me laisse faire…

Je mords ses oreilles, comme lui, je masse ses épaules. Je parcours son dos. Je passe ma main dans son cou, sous la cagoule, dans ses cheveux. Tout comme son Sébastien, pas plus que lui pour l’instant. Elle a un soutien-gorge, alors sans doute aussi une culotte. À cette époque les filles de son âge ne mettaient pas de string. Oui, je sens les bords de sa culotte sous le tissu de sa jupe, sur ses fesses…


Là je suis derrière elle, comme si j’avais peur de rencontrer son regard. Alors je pose ma tête à la hauteur de son cœur, pour entendre s’il bat aussi fort que le mien. Bien sûr ça me rassure, qu’elle tremble un peu, qu’elle commence à bouger…

Elle accompagne mes mains des mouvements de son corps. Pour moi c’est sa manière de me dire que je peux continuer, puisque dans un rêve , on rêve et on se tait. Mais on ressent plus fort.

Justine ne contourne aucune de nos règles et elle se donne. Ses soupirs m’en disent plus que des mots, elle parle à Sébastien et moi avec mes mains je lui réponds.

Je ne veux ni la décevoir ni la choquer…


Moi aussi je respire plus fort, une respiration est anonyme heureusement…


Justine, jusqu’où veux-tu aller ? Quel voyage est ton rêve ?

Quelle destination as-tu choisie ? Indique-moi le port…

Je me mets à genoux. Oui, Justine, les garçons sont comme ça. Justine, là je ne veux vraiment pas que tu me voies… Justine, peut-être que Sébastien a pu, mais moi là, je ne peux plus.

Mais mes mains ne touchent que tes jambes et le plus sagement possible. Mais tu me réponds en écartant les jambes… Ou bien vraiment je rêve et c’est moi qui invente… Pour une fois mon regard n’est plus où sont mes mains. Mon regard s’est perdu, Justine, c’est de ta faute…

Oui c’est de ta faute, comme pour ce rêve, comme pour ce cahier que tu as jeté.

Qui a fait tout commencer, c’est toi qui l’as jeté…

T’as trop parlé de toi, de ce que tu ressens, de ta féminité, de ta sensualité… Je suis tombé dans ton piège.


Alors je l’ai fait. J’ai ouvert son chemisier, dégrafé son soutien-gorge, descendu sa jupe et baissé sa culotte… à mi-cuisses. Elle n’a rien dit, ses bras sont restés le long du corps.

Elle respirait profondément, elle avalait sa salive… Ses jambes étaient légèrement écartées,

La lumière douce de la lucarne soulignait chaque courbe. Elle avait un corps de toute jeune fille, une poitrine petite encore, de longues jambes… J’aimais sa culotte descendue, à mi-cuisses.

J’aimais imaginer toutes ses émotions, toute cette chaleur, son corps qui dit « oui », sa tête qui ne sait plus…


Justine, ce que tu vis, moi aussi je le vis. Dis-toi que rien n’est interdit, rien n’est sale,

non tu n’es pas une pute, tu es simplement femme. Maintenant tu es femme malgré ton corps d’enfant. Laisse monter le désir, laisse-le t’envahir. Laisse-moi te guider, je te laisserai m’apprendre où, comment, jusqu’où… lentement, doucement, brusquement, violemment…

Je vois que tu te donnes, tout, partout, n’importe où… Tout entière.

Alors, avec mes mains, je te prends. Où passent mes doigts, je sais que je laisse un feu. N’essaie pas de l’éteindre, il te brûlerait demain. Alors laisse mes mains parcourir tout ton corps. Laisse-moi t’apprendre… Je sais que cet instant restera gravé dans ton corps pour toujours.

Même si tu devais avoir dix mille amants, leurs mains ne pourraient t’ouvrir de nouveaux chemins. Je les ai tous ouverts, les plus secrets, les plus fermés, les mieux gardés.


Justine je veux te dire, bien des années après, je me souviens de tout.

De chaque courbe, de chaque creux, de chaque parcelle de toi.

De ton odeur, de ton souffle, des battements de ton cœur, de toi voulant de moi, de moi voulant de toi… De ma gorge sèche et de mes doigts humides, de ma tête qui me tourne, de mes doigts qui se perdent…


Je veux la voir couchée et les jambes écartées. Alors je saisis une couverture sur un des fils d’étendage et je la jette à ses pieds. Je me place devant elle et d’une façon beaucoup plus directe, je porte ma main entre ses jambes. Puis je cherche à descendre complètement sa culotte pour lui ôter.


Elle saisit cette main mal intentionnée et me dit doucement :



Justine t’es magicienne, tu me dis tout, tu me dis rien… Pas ici, pas ce soir… Mais alors tu le veux bien ? Toi aussi tu y penses ?



Deux heures déjà, je dois aider mon père à tailler les haies, d’ailleurs juste devant la chambre de Justine.


Justine je vais t’écrire. Je vais te dire tout ce que tu m’as donné. Vite une réponse, s’il te plaît. Raconte-moi. Dis-moi…


Elle me le dit. Oui. Ces mots me brûlent, me pénètrent. Elle me dit les caresses, elle me dit les frissons. Elle me dit cette main qui trouve sa poitrine. Elle me dit sa culotte, maintenant à mi-cuisses. Elle me dit ce que ça lui fait, d’être nue devant moi. Elle me dit mon regard… qu’elle imagine. Elle me dit jusqu’à mes doigts entre ses cuisses… Elle me dit son cœur qui bat, je le savais déjà.


Justine est dans sa bulle, elle revit tout, elle ressent tout. Moi je l’écoute.

Justine on fait comment ? Maintenant on fait quoi ?


Justine veut dans sa chambre :


Je laisserai la fenêtre ouverte.

Tu sais bien où elle est ma chambre, fais pas comme si tu ne savais pas, quand même ?


Mais alors on attendra beaucoup plus tard, qu’il fasse bien nuit.

Tu mettras du chauffage, ça sera un samedi.


Justine a obéi.

C’est samedi. Elle est là, sur le lit, étendue. Tout était convenu, accepté, voulu…


Tu m’avais demandé de baisser le volet. Je t’avais demandé pour l’halogène. Tu as souri…

Enfin moi, c’est comme ça que j’ai compris, avec les mots de ta dernière lettre.


Justine est là, sur son lit, sous un drap. Sur la moquette sa jupe, son chemisier blanc, ses socquettes. Et puis ce soutien-gorge et cette culotte.


Justine merci. Tu as fermé tes yeux, collé le sparadrap, tu t’interdis de voir. Merci Justine.

C’est d’accord avec moi, la prochaine fois c’est moi l’aveugle, et c’est toi qui me vois.


Enfin… la prochaine fois… avec Sébastien oui, peut être…


Je me déshabille, comme on avait décidé. Alors tu le sais, maintenant je suis nu, complètement. Je suis nu près de toi, alors commence l’ivresse, de ce drap que j’enlève…

Je sais maintenant que souvent le regard de l’autre est un obstacle. Moi je me permets tout, je peux tout regarder, Je sais que tu ne vois pas, seulement tu ressens, alors j’aime tellement être nu, sans honte et sans pudeur. Être nu près de toi, contre toi… si près où je veux.


Et je peux regarder n’importe quelle partie de ton corps. Aussi longtemps que je veux, d’aussi près que je veux, m’attarder…

Alors je me dis : c’est plus grand que dans aucun de mes rêves. C’est plus fort. On a toute la nuit…


Justine on dirait que dans une autre vie. Tu as été garçon, tu bouges et tu montres, tu caches et tu dévoiles. On dirait que tu sais mes envies les moins sages…

Peut être que toi aussi, comme moi, sans ce rêve, pour ta première fois, tu n’aurais pas su donner autant de toi. Autant donner, sans pudeur et sans gêne. Autant recevoir, autant offrir, autant prendre…


Mettre un préservatif, pour la première fois. Jamais j’aurais pu, devant toi, comme ce soir…

Tranquillement, tendre la matière, le placer, l’ajuster. Sentir cette tension, puis cet emprisonnement…

C’est déjà tellement bon…


Puis t’écarter les jambes…


Je me mets debout, à côté du lit, à côté de toi.


Justine moi j’ai besoin de penser à autre chose qu’à ton corps, au moins quelques instants… Alors toi tu te touches, alors moi c’est raté pour me décontracter…

Je me place en tes jambes, debout. Puis je m’appuie sur un bras que je place juste au creux de tes hanches, sur le lit. Alors tu es d’accord, c’est aujourd’hui que tu veux, c’est maintenant… Je voudrais me coucher sur toi, mais je n’ose pas.

Tu vas t’apercevoir… Ce corps n’est pas le sien. Alors ta main donne le départ, tu joues avec ton corps. Sans pudeur, sans retenue. Je me penche un peu plus. Justine on dirait que tu me vois, en tout cas tu prévois tous mes gestes. Ta main quitte ton ventre… Comme si t’en voulais plus encore.


Tu prends avec ta main, et à ton tour tu me touches, tu découvres, du moins tu imagines… et tu te permets tout… Puis tu me colles contre toi, tu m’appuies contre toi, une main derrière mes fesses… Mais Justine tu sens bien que non… je n’ai pas réussi… ne te moque pas… ou bien d’abord tu préfères comme ça ?


Alors je continue à épouser d’abord ton corps de cette manière, et comme tout à l’heure c’était ton doigt, maintenant Justine, tu sais cette partie de moi, qui te frotte et qui glisse entre tes jambes… Je joue avec mon sexe, je découvre le tien… Tu joues avec mon sexe et tu découvres le mien. Finalement c’est si bien cette position…


Puis je fais semblant de me décider, j’avance un peu et je me libère. Justine on dirait que tu as compris comme j’ai besoin d’essayer, de me rassurer…


Puis tu te cambres et tu remontes tes jambes, tu poses tes pieds sur le bord de ton lit. Et tu soulèves du lit tes fesses et tu écartes les jambes.

Je passe une main sous tes reins… Justine excuse-moi mais oui je regarde, je te regarde t’ouvrir, je veux me voir te prendre… Je vois nos corps qui s’unissent… et mon sexe qui rentre…


Tu m’attires contre toi et je perds l’équilibre. Tu me prends derrière la tête et tu trouves ma bouche. Tu aspires ma langue, tu t’empares de mes lèvres. Puis tu oublies toutes nos règles, tu me plaques contre toi. Et tu me fais rouler… alors c’est toi qui imposes ton rythme. Bien plus fort, bien plus fou.

Justine tu savais que je n’aurais jamais osé…


Justine je veux te dire, c’est la peur d’être découvert qui m’a permis de ne pas exploser en toi à la première bascule. Si t’as pu si longtemps me garder en toi et bouger, c’est à cause de cela… Tu vois il est si bien notre rêve… Justine, pour toi aussi !


Je me dis que tu sais, mais que tu veux continuer… Tu veux comme moi, aussi fort… Tu veux et tu te moques de tout, tu ne penses qu’à prendre et à donner. Arrêter, ton corps te l’interdit, alors Sébastien, tu l’inventes.


Alors je me libère, je te donne le plus fort, le plus beau, ce que ni toi ni moi ne saurons oublier. Les secousses de mon ventre, et tes pieds qui se tordent, les secousses de ton corps me font tout oublier. Et ce souffle qui entre et qui sort et qui fait presque mal.

Et ta tête qui bascule… et tes seins qui se dressent quand tu respires trop fort.


Comment tu fais, Justine, une fois t’es assise, une fois t’es couchée, tu glisses et tu bouges sur mon corps empalée. Tu épouses mon corps, je ne peux m’échapper. J’avais tellement peur de ne pas être à la hauteur, tu m’as fait planer sur les cimes du bonheur.

J’ai l’impression que c’est toi qui as su faire de moi ton prisonnier. Prisonnier de ton corps, attaché à ta peau. Avec toi j’ai appris que donner est plus fort que de prendre. Voir ton corps arriver à ce feu qui dévore, te voir perdre ta pudeur, et vouloir tant donner !


Oui mon sexe est en toi, et il bouge dans ton ventre, mais tu es magicienne, et bien plus que moi tu pénètres ma chair. Je croyais que pour l’homme, la jouissance restait qu’entre ses jambes.

Mais non c’est partout, Justine, tout ton être me pénètre, l’odeur de ton corps tout au fond de mon nez. Le goût de ta langue qui remplit toute ma bouche, le toucher de tes seins qui s’imprime dans ma peau.

Chaque endroit de ton corps, pénètre ma mémoire, tant de frissons, tant d’émotions qui entrent dans mon histoire. Justine, c’est toi qui me pénètres, plus profond, pour toujours…


Et pourtant tu sais… C’est pas possible autrement. Tu sais que je ne suis pas ton Sébastien…


Avant toi j’ai pu peut-être penser violer, maintenant je comprends que c’est trop peu vouloir. Je t’ai déshabillée, toi, tu m’as mis à nu ! J’ai reçu en un soir tant de leçons de toi ! Tu m’as dégoûté de l’envie de forcer.


Même une fois marié, j’attendrais son plaisir, et si un jour je ne sais plus, si son corps ne répond plus, j’aimerais mieux seulement la regarder… Justine j’ai cru être rusé, pouvoir, sans ton acceptation, abuser de ton corps. Ton attitude m’a plus repris que des reproches.


J’ai maintenant tellement envie de te respecter, de te remercier. J’ai mis sur toi un masque, tu m’as ôté le mien. Oui, j’ai écarté tes jambes, tu écartèles ma conscience !


Puis tu t’écroules sur moi. Oh non t’es pas trop lourde ! Je sens couler mon sperme du caoutchouc flétri, tout au long de ma cuisse. J’ai peur que tu le vois. Mais reste encore, reste ainsi. Et tu le fais. Merci Justine.


Tu t’apaises en jouant avec nos lèvres. Une de tes jambes glisse le long de la mienne, tu entrouvres tes cuisses et moi je relève ma jambe, elle appuie sur ton sexe, maintenant toi aussi tu me mouilles. Mais surtout n’en aie pas honte !

Alors je contracte mes muscles par moment, pour que, si l’envie quitte ton ventre, ça soit tout doucement… donne-moi du temps… J’aime autant te sentir te détendre que tout à l’heure te sentir t’enflammer.

Tes petits seins sont écrasés sur mon torse. J’ai même peur que ça te fasse mal. Je ne connais que si peu le corps des femmes. À cette époque pas d’internet, pas de classe avec des filles. Juste une sœur, une cousine, une culotte tout au plus. Quelques renseignements volés, pas de rubriques récits érotiques…


Tu es couchée sur moi, je sens que tu t’envoles. Tu es libre Justine.

Libre de m’abaisser, de m’humilier. Libre de te venger de ce fils de concierge… Je sens encore couler entre mes jambes et sur tes draps tout ce que j’ai déversé.

Alors je te fais glisser de mon corps. Je me relève, je me nettoie. Je me rhabille. Toi tu ne bouges pas, étendue sur le ventre, les jambes serrées… le sparadrap sur tes yeux, je crois voir des larmes…


J’éteins l’halogène. Je vais à tâtons à la fenêtre. Doucement j’enroule le volet de ta chambre, j’ouvre la fenêtre, mais tu ne bouges pas…


Merci Justine…


Justine n’a jamais repris avec Sébastien. Mon père et moi avons déménagé.



Bien des années ont passé, mais je vois encore, bien souvent, en entrant dans ma chambre, par terre… Ta culotte, ton soutien-gorge, ton chemisier blanc et ta jupe.

Justine merci d’avoir voulu ce rêve !