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n° 13970Fiche technique16013 caractères16013
Temps de lecture estimé : 10 mn
04/08/10
Résumé:  Un veuf sauvé de sa déprime par une pétulante femme de ménage.
Critères:  fh hplusag pénétratio -consoler
Auteur : Gaspard
Blanche Lenoir

Depuis des semaines, la Bretagne se parait des atours de la méditerranée ! Le mois de juin probablement le plus ensoleillé depuis plus de dix ans, et juillet qui continue sur la lancée…


Et de plus en plus, ma vie partait en lambeaux. Jamais je n’aurais dû revenir ici, dans cette maison du bonheur passé.


Sept ans déjà que ce chauffard m’avait enlevé ma douce, mon aimée. Sept ans sans envie, sans but, à l’exception de mes petits enfants, malgré la gentillesse de mes brus et de mes fils. Sept ans à s’abrutir de travail, à rester performant, propre, efficace ; puis l’anniversaire fatidique : « cher collaborateur, il est venu le moment de faire valoir vos droits à la retraite… »


Plus envie de rien.


Pourtant je reviens vers cette maison qui riait même sous la pluie, cette maison que nous avions voulue, bâtie puis aménagée pour recevoir nos amis, nos enfants ou pour venir « seuls à deux », comme disait Marie. Je reviens vers mes souvenirs, mon locataire m’ayant rendu les clés au printemps. Je reviens vers mes souvenirs et mes souvenirs m’assaillent !


Le garde-meuble a, certes, restauré le décor, le soleil rentre à toute heure dans cette pièce qui a plus de fenêtres que de murs. Le jardin est beau, les camélias ont bien poussé ; mais il manque ce rire cristallin, il manque les vêtements abandonnés aux quatre coins de la maison, les mille flacons de la salle de bains, les strings qui sèchent sur le fil à linge, il manque ses seins fermes, ses petites fesses rondes toutes bronzées, il manque la vie, la vie de Marie, à mes côtés pendant plus de trente années.


Plus envie de rien.


Et ce réfrigérateur qui est vide ; il faut bien manger un peu ! Je traîne ma carcasse jusqu’au marché de Concarneau où nous allions chaque vendredi, et je la revois dévaliser les étals de lingerie, les tas de petites robes, et les déballages de maillots de bains qu’elle achetait consciencieusement chaque année pour n’en jamais porter puisque nous fréquentions la plage naturiste de Keranouat.


Je l’ai devant les yeux descendant vers la mer en se déhanchant avec juste ce qu’il faut de provocation puis sortant de l’eau en courant pour faire balancer ses seins, nue, bronzée, parfois plus nue que nue, car souvent elle se faisait épiler le pubis, ce qui était très peu courant dans les années 80. Elle s’allongeait près de moi, à me toucher, me demandait si je l’aimais salée, je goûtais ses seins, j’étais aux anges.


Immanquablement venait la cérémonie de la crème solaire, les seins, les cuisses et le ventre puis : « tu veux bien m’en mettre sur le dos ? » ; le dos, les hanches les mollets puis bien sûr, les fesses et mes doigts glissaient dans son sillon cherchant les lèvres, son clitoris. Elle se tortillait faussement fâchée : « on va nous voir, il y a des gens, arrêêêête ! » Oh, c’était bon !


C’est alors qu’une voix enfantine derrière moi :



Je lève les yeux pour voir de qui il s’agit, et le regard de la maman du bambin ne me laisse pas de doute, le Monsieur c’est moi : cette magnifique jeune femme au regard patricien, cheveux tombant sur les épaules et robe paysanne chic s’exclame, méprisante :



Un éclair de lucidité me fait sortir du semi-coma où je me complaisais depuis des semaines : je reconnais cette jeune femme, c’est Émilie le Gwenn, j ‘ai fréquenté autrefois la maison de ses parents à Port-Manech, j’ai même le souvenir de l’avoir emmenée pour une promenade en bateau, voici des années, et elle ne me reconnaît pas…


J’ai supprimé tous les miroirs de la maison tant me torturait le souvenir de Marie qui passait de longs moments à faire son inventaire. Inventaire, cela consistait pour elle à se mettre nue devant une grande glace et à étudier de près sa propre anatomie. Tout était jaugé : les seins, « tu ne trouves pas qu’ils tombent un peu depuis quelques mois ? » Les fesses, « tu vois bien qu’elles sont trop grosses » ; le ventre et les hanches, « je dois absolument me mettre au régime ! » Et pourtant, ce qu’elle était belle ! ventre plat, hanches formées, fesses rondes et fermes, seins toniques insensibles à la pesanteur vu leur taille raisonnable, et de ses inventaires je ne perdais pas une miette, la rassurant, la câlinant ; oui elle était belle dans sa maturité, oui j’aimais son visage d’ange, non elle n’avait pas beaucoup changé depuis notre première étreinte, oui je l’aimerai toujours !


Plus de miroirs à la maison, depuis trois mois je n’ai plus d’image de moi. Il est temps de rentrer, mais il faut que je me voie avant. Il me revient que le port de plaisance propose des blocs sanitaires peu surveillés, j’arrive à me glisser discrètement vers un miroir et ce que j’y découvre me stupéfie. Ce ne peut être à moi, ces cheveux longs et gras, cette barbe blanc-gris toute emmêlée, ce teint pas frais, ces lunettes ravaudées d’un morceau d’adhésif.


Où est-il le Docteur en sciences physiques, ancien directeur de recherches en supraconducteurs, si soucieux de sa personne ? Disparu semble-t-il ! Ce ne peut être à lui cette bedaine forgée à coups de saucisson-vin rouge, lui qui fréquentait assidûment les salles de gym. Et à qui appartiennent ces pieds douteux, chaussés de sandales éculées ? pas à celui qui chaque matin prenait le temps d’astiquer ses Church jusqu’à se voir dedans. L’évidence me cingle : obsédé par mon deuil, je suis devenu asocial, sale, un clochard comme l’a décrété cette petite peste.


Honteux, je reviens à la maison, et je cherche dans le grand classeur le dossier ménage. Je retrouve le nom de la société de services qui venait pour l’entretien courant de la maison et lui téléphone derechef. Oui ils se souviennent bien de moi, oui ils emploient encore Madame Thérèse qui venait régulièrement. Je me rappelle cette Antillaise au sourire éclatant et au cœur d’or qui acceptait même de venir préparer des repas créoles quand nous recevions des amis ; rendez-vous demain 9 heures.


Pour la première fois depuis si longtemps, j’ai envie de quelque chose : redevenir un peu moi-même. Il n’est que 21 h, mais je suis épuisé, je vide la bouteille de vin rouge dans l’évier puis me jette tout habillé sur le lit et sombre dans un sommeil que je n’ai pas connu depuis des années.


La cloche de la porte me réveille, j’ai dormi 12 h ! Je vais ouvrir à Madame Thérèse qui n’en croit pas ses yeux : je suis, bien sûr, encore plus fripé qu’hier, et pas plus lavé, pas eu le courage. Passée la stupéfaction, elle se lance dans une diatribe fleuve : que ce n’est pas possible de se laisser aller comme ça, que j’ai l’air d’un clochard (tient, elle aussi), qu’une si belle maison dans cet état c’est une honte, que cela sent mauvais et qu’elle n’aura pas trop de la semaine et que si Madame Marie revenait, elle serait trop fâchée… et que d’abord, elle allait commencer par me laver, moi !


Vaincu par cette énergie, je me laisse faire, et me retrouve nu dans la baignoire étrillé, frotté, pansé comme un vieux canasson, mais le contact des mains féminines n’éveille rien qu’un peu de bien-être : je sens le propre, me dit-elle en me bouchonnant avec la serviette.


Puis elle passe au plan 2, me met d’autorité un balai entre les mains :



Vers 11 h, elle me tend une liste de courses avec un péremptoire :



Message reçu, désormais on redémarre à l’eau et au jus de fruits ; dans le supermarché en réunissant les bonnes choses qu’elle m’a commandé, je me prends à rêver à un vrai repas, l’idée de ce bien être prochain ne me paraît pas incongrue, et je me dis que Marie serait horrifiée de ma déchéance.


Tout cela va trop vite, et c’est les larmes aux yeux que j’arrive à la maison. J’explique tout en vrac à Madame Thérèse : l’incapacité à faire mon deuil, la solitude qui me taraude, le vide de ma vie.

Elle me prend alors la main, m’assied d’autorité sur une chaise, puis juste devant mes yeux enlève son corsage, dégrafe son soutien-gorge, libérant deux seins magnifiques, puis murmurant presque :



Puis avec une infinie douceur, elle attire ma tête entre ses deux trésors et me berce doucement comme elle pourrait le faire à un enfant en disant à voix douce :



Je me laisse aller, c’est vrai, elle sent bon, mélange vanille cannelle, avec un rien de poivré, elle est douce, trop douce… mes mains montent pour caresser ses seins, elle me rappelle à l’ordre d’une légère tape du bout des doigts :



Elle s’empare d’un panier, y jette pain, beurre, tomates et me lance :



Me prenant la main, elle m’entraîne vers sa voiture, cinq minutes plus tard, nous voilà à Keranouat ; pas un chat à cette heure ! Avec un naturel désarmant, elle se débarrasse de ses vêtements et court vers la mer, y plonge tête première puis à grands signes m’invite à la rejoindre ; hésitant au début, je me laisse faire, après tout ne m’a-t-elle pas vu nu en me décrassant ce matin. Nous jouons dans l’eau fraîche, comme deux enfants qui s’éclaboussent en riant, ce rire me réchauffe, me revigore : j’ai faim.


En croquant mon sandwich en face de cette femme superbe, assise jambes écartées, ne cachant rien de son pubis glabre ni de ses seins généreux, qui tout naturellement me pèle des fruits, alors qu’elle était seulement censée faire mon ménage, le vertige me reprend, j’ai l’impression d’un retour au jardin d’éden.


Je commence une phrase par un cérémonieux : Madame Thérèse…qui provoque chez elle un rire spontané qui fait tressauter ses seins, puis souriant de toutes ses dents :



Puis elle se raconte un peu, son enfance dans les îles, le retour en métropole et la maigre pension militaire de son père, mais aussi la découverte émerveillée de la Bretagne ; ce sale type en qui elle avait cru et qui l’a fait trimer dans sa crêperie pendant deux ans et couchait avec toutes les serveuses ; puis les ménages chez les riches qui lui permettaient de vivre décemment, ses 42 ans, sa solitude qu’elle trouvait injuste tant elle avait de choses à donner.


C’était bon de l’entendre, c’était beau de la voir nue au naturel sans fausse pudeur ni exhibitionnisme, je n’avais plus envie de m’apitoyer sur moi-même. Je la trouve si belle qu’une érection subite vient me surprendre. Elle s’en rend compte et s’exclame :



Mais la douceur de ses yeux dément cette réprimande.


J’ai envie de Blanche, de ses seins fermes et opulents, de ses fesses cambrées, de ses jambes longues, de sa peau dorée mais je me tais, nous rentrons.


De retour au bercail, elle attaque en chantant le nettoyage de la terrasse sud, il est 14 h 30 et le soleil donne à plein, elle ôte son paréo en continue sa tâche en tenue d’Ève. Je tente de nouveau ma chance mais un :



Comment vous la décrire ? 1 m 70, sûrement une poitrine de 90, naturelle se posant légèrement sur le torse, des hanches à faire damner un saint, un corps mince teinte caramel, tonique, musclé, un visage à peine marqué par le temps et des yeux qui me font fondre de tendresse. Sa nudité tranquille me ravit, elle croit utile de s’en justifier :



Puis vers 17 h :



Une heure, à peine le temps de la coquetterie, je trouve un pantalon clair, une Lacoste bleu marine, un coup de peigne, la voilà qui sonne puis entre, chargée de casseroles, vêtue à la créole, ses cheveux serrés dans un fichu de madras, elle est magnifique !


Vite à la cuisine pour mettre à réchauffer accras et boudin créole, et toujours aussi spontanée, elle s’avance vers moi pour déposer un baiser sur mes lèvres et me murmurer à l’oreille :



Mieux qu’une permission, c’est une invite, et cette fois elle laisse mes mains vagabonder sur son corps, explorer ses seins, ses épaules, remonter sa robe et commencer à fouiller entre ses lèvres. Elle m’entraîne vers les matelas de jardin et s’offre sans retenue. Elle me laisse la pénétrer et commence à onduler du bassin tout en contractant les muscles de son vagin autour de ma verge puis, haletante, s’engouffre dans l’orgasme tout en criant en créole, et je la suis bien vite au septième ciel.


Encore sous le choc, j’entends un hurlement :



Que vous dire de plus de mon retour à la normale ? Bien sûr, pour éviter la contrainte des heures ouvrables, je lui ai demandé de prendre un congé sabbatique. Elle vit dans la maison qui réapprend doucement à sourire, quand je lui parle de Marie, elle vient près de moi, me câline et m’écoute.


Ah, j’allais oublier, ce vendredi, j’ai rencontré Émilie le Gwenn, elle m’a reconnu, m’a demandé de mes nouvelles, mais n’a pas bien compris pourquoi je la remerciais si chaleureusement. Tant pis pour elle !