n° 13993 | Fiche technique | 7853 caractères | 7853Temps de lecture estimé : 5 mn | 10/08/10 |
Résumé: Un retraité branle un sourd-muet au fond d'un parc. | ||||
Critères: hh hplusag jardin hsoumis nopéné exercice portrait | ||||
Auteur : Idéfix Envoi mini-message |
Écrit pour une dame…
Voilà, je suis le branleur…
À deux titres.
Premier titre : même si j’ai fait illusion durant cinquante ans, ma carrière au bureau des Consignations n’aura été qu’une pantalonnade. Sauf le minimum syndical, je n’ai rien foutu de toute ma vie. Toute mon intelligence fut investie dans l’art et la manière de faire croire que je travaillais ferme. D’accord, je n’ai bénéficié d’aucune promotion mais je n’ai jamais, non plus, reçu le moindre blâme, et je touche ma retraite pleine et entière ! Certes j’aurais pu me consacrer à une autre activité, que j’aurais aimée, mais voyez-vous, il aurait fallu pour cela que je prenne des risques.
Le statut de fonctionnaire me convenait si bien…
Second titre : tous les soirs je branle Teddy, le sourd-muet. Cela se passe au fond du jardin public, dans le bosquet de bambous derrière la haie de charmille. Nous nous retrouvons à la tombée de la nuit, sur un tronc d’arbre couché au sol, lui venant par la porte de la rue Couchetôt, toujours ouverte, et moi par celle de l’avenue Patras, jamais fermée… Pas un mot n’est échangé, puisque Teddy est sourd-muet. Il est prévenant et a disposé des plaques de carton d’emballage sur le bois pour que je ne risque pas de salir mon pantalon. Nous nous asseyons côte à côte. D’abord je lui caresse l’intérieur des cuisses, et si ma main remonte trop vite à son gré vers l’entrejambe, il la saisit et la ramène fermement sur sa cuisse. Je la caresse doucement, par mouvements tournants. Mais j’ai très envie de remonter plus haut, de sentir le sexe encore légèrement gonflé mais déjà déployé.
Bientôt, avec son aide, le pantalon puis le slip sont baissés, et je passe la main sur son sexe : il repose de biais sur le ventre, le gland n’est pas encore décalotté. Je m’en saisis avec douceur, de la main droite (elle branle mieux que la gauche, nous avons vu cela à l’usage) et je branle, d’abord avec lenteur. Parfois, de la main gauche, je caresse aussi les couilles, qui sont de belle taille, et rouges. Teddy a une belle bite et apprécie mes allers et retours sur son membre. Ledit membre se rigidifie peu à peu et j’entreprends alors de décalotter le gland. C’est un beau spectacle : il est d’abord plus gris que violet mais peu à peu prend de la couleur.
Teddy a renversé la tête en arrière et, par grognements et incitations manuelles, m’incite à branler plus vite. Ce que je fais. J’accélère crescendo et je regarde alternativement le visage de Teddy et sa bite. Teddy a le regard fixe et la bouche ouverte. Puis des spasmes agitent son ventre, des tremblements secouent ses jambes, son corps entier se raidit, j’accélère encore et encore. La bite dure et chaude dans ma main, toute vibrante, éjacule enfin, par saccades. Sa jute blanche et grise coule sur mes doigts, son ventre.
Elle ne gicle pas, non, elle ne fait pas de jets. Il en coule quoi ? Trois dés à coudre tout au plus. Pendant que la jute s’écoule, je ralentis la cadence et je branle encore doucement, pendant quelques secondes. Mais déjà il fait mine de se dégager, prend dans la poche de son anorak des serviettes en papier, m’en tend une. À regret, je lâche sa bite et essuie mes doigts. Je peaufine l’essuyage avec une deuxième serviette, pendant que Teddy, après avoir fini le nettoyage des poils pubiens et de la peau, remballe son outillage devenu flasque, mais encore déployé. Nous nous levons. Il fait mine d’articuler : « Merci ! ». Nous nous serrons la main et chacun, sans un mot, part de son côté.
Teddy a pris son plaisir, je m’interroge sur le mien car je n’ai même pas bandé.
Au début de notre relation, Teddy aurait souhaité que je le suce, mais je n’ai pas voulu. Dès le premier soir, il s’était jeté à genoux devant moi et, en un tour de main m’avait débraguetté, extrait la bite du slip et m’avait embouché comme un affamé, aspiré et sucé avec une telle frénésie que j’avais été pris aussitôt de violents tremblements de tout le corps, accompagnant une sensation violente, indescriptible, insoutenable, des couilles et de la queue. Surpris par ma réaction, il avait aussitôt arrêté, s’était relevé, et je l’avais alors branlé debout… Par la suite, il n’avait plus été question de sucer mais Teddy a essayé à plusieurs reprises de me branler. Je l’en ai dissuadé : ses doigts rêches sont désagréables sur ma peau sensible et, au fond, je n’en ai pas envie. Je me demande pourtant si je n’aurais pas envie de sucer une belle bite, d’un homme plus ragoûtant que Teddy, un homme qui aurait de la conversation et avec qui je pourrais nouer une complicité plus élaborée. Je me demande si un 69 entre hommes ne me tenterait pas. De toute façon, je n’en puis essayer avec ma femme, qui ne me laisse jamais aller promener ma langue dans son entrecuisses mais qui, parfois, consent à me tailler une petite pipe… oh, jamais très longue, jamais très jouissive (et pourtant elle s’applique… mais justement, elle s’applique !).
Ainsi va ma vie de retraité des Consignations, et ses misérables secrets.
Plus tard…
Le branleur va toujours au Parc, le soir, mais le branlé n’y vient plus. La dernière fois qu’il l’a vu, le branlé avait beaucoup maigri et semblait anxieux.
Depuis le début de leur relation, son désir était non seulement de sucer mais de se faire enculer, ce que le branleur ne lui a jamais accordé.
Maintenant le branleur ne branle plus personne et se demande, sans émoi aucun, ce que le branlé a pu devenir. Est-il sidaïque et mourant ? Saura-t-il jamais ce que sera ou ce que fut sa fin ? Dans leur relation muette jamais il n’y eut place pour la magie de l’amour, quand elle seule nous sauve de la sous-animalité pulsionnelle…
Mais nos pulsions doivent trouver un exutoire, sauf à nous détruire ou du moins nous amoindrir. D’aucuns affirment que nous pourrions les transformer… ? Je ne sais…
Encore plus tard…
Le branlé est revenu, il semble aller mieux mais, est-ce parce que j’ai rencontré cette dame, cette artiste véritable qui m’a confié lire Bukowski chaque soir avant de s’endormir ? Je n’ai plus envie du tout de branler Teddy. Le soir, au Parc où je vais toujours, il se place sur mon chemin : à son regard implorant, je réponds par un petit signe de tête, amical, et je continue mon chemin, sans détourner la tête.
Beaucoup plus tard…
Se promenant hier, à la nuit tombante, l’ex-branleur a constaté avec un étonnement amusé que le branlé s’était trouvé un autre branleur. Loin de jouer les voyeurs, l’ex-branleur a quitté la place dès qu’il eut décrypté le ballet qui se jouait au cœur du bosquet de bambous, soulagé de n’avoir plus à croiser le regard demandeur de son ex-branlé.
Ainsi va la vie, qui se ressemble s’assemble… Et nos désirs muets, aussi profondément soient-ils enfouis sous le masque social quand ils s’écartent de la norme, sont sans cesse à l’affût et finissent par trouver leur accomplissement dans une réciprocité plus ou moins précaire. Pauvre harmonie des êtres inaccomplis, silencieux et furtifs dans leurs plaisirs dérobés au sein d’un monde d’indifférence… mais surveillé par la vigilance jalouse des frustrés, des haineux de tout genre !
Le bouc émissaire n’est pas mort, il est une queue de branlé : par à-coups convulsifs, elle remue le corps du monde.