n° 14057 | Fiche technique | 62509 caractères | 62509Temps de lecture estimé : 34 mn | 17/09/10 corrigé 12/06/21 |
Résumé: Anne-Sophie prend deux filles en stop... | ||||
Critères: ff jalousie dispute voir exhib cunnilingu 69 mélo -amourcach -amourdram | ||||
Auteur : Adrien Envoi mini-message |
VENDREDI APRÈS-MIDI
Anne-Sophie était contente de sortir d’Arras et d’approcher de l’autoroute. Elle avait quitté son appartement du XVe arrondissement le matin même à 6 h 30. Il était presque 18 h et il lui fallait encore compter deux heures pour y retourner.
Elle avait l’habitude de ces longues journées. Son métier de visiteuse médicale, qu’elle exerçait depuis six ans, était ainsi fait : des heures passées en voiture et dans des salles d’attente.
Heureusement c’était vendredi ; demain son réveil ne sonnerait pas.
Il faisait nuit depuis longtemps. Le vent qui avait soufflé toute la journée avait fini par amener la pluie.
Quand elle arriva au péage elle fut contrariée de voir que la voie automatique était obstruée par un crétin qui avait voulu l’emprunter sans y être abonné. Il était descendu de sa voiture et ne comprenait visiblement pas pourquoi il ne trouvait pas la fente d’où le ticket était censé sortir.
Il n’y avait qu’une voiture dans la file voisine, elle la suivit. Quand sa voiture se trouva sous l’auvent le bruit de la pluie sur la carrosserie cessa et elle ouvrit sa vitre. Le froid était encore plus vif qu’en ville et le vent plus fort.
Deux filles faisaient du stop juste à côté du distributeur de tickets.
Elles étaient trempées et sans doute frigorifiées. Bien qu’elles se trouvaient sous l’auvent du péage, le vent poussait la pluie vers elles et leur parapluie était en trop mauvais état pour être efficace.
Anne-Sophie prenait rarement des auto-stoppeurs mais elle fut touchée par ces deux filles si attendrissantes dans l’éclairage cru de ce lieu de passage.
Elle prit son ticket et le coinça dans une rainure du tableau de bord. Elle ne remonta pas sa vitre et avança lentement jusqu’à la hauteur des filles.
Celle des filles qui était la plus proche du bord de la voie lui répondit :
Elle plissait les yeux et tentait de protéger son visage de la pluie et du vent.
Aussitôt les filles ramassèrent leurs sacs. Anne-Sophie leur dit de les mettre dans le coffre. Le conducteur du véhicule suivant trouvait sans doute que cela était trop lent et le faisait savoir par des coups de klaxon hargneux.
Les deux filles ouvrirent les portes droites de l’Audi d’Anne-Sophie. C’est celle à qui elle avait parlé qui s’assit à l’avant.
Puis, après avoir cherché comment poursuivre le dialogue, elle dit :
Anne-Sophie remarqua que la fille à côté d’elle semblait à l’aise, ouvrant sa veste et ébouriffant ses cheveux courts pour commencer à les sécher, mais que l’autre fille, à l’arrière, bougeait peu et ne disait rien.
La conversation s’engagea à nouveau entre Anne-Sophie et la fille assise près d’elle. L’autre restait silencieuse. Anne-Sophie se demandait ce qui avait pu pousser ces deux jeunes femmes à faire du stop à cette heure indue dans le mauvais temps. « Après tout, se dit-elle, ça ne me regarde pas »
Quelque part dans l’Oise les panneaux annoncèrent une station dans laquelle Anne-Sophie s’arrêta. La pluie tombait toujours mais le vent était beaucoup moins fort ; l’auvent les mettait à l’abri.
Tenant le pistolet à gazole elle regarda les deux filles s’éloigner vers la boutique.
Son plein terminé elle se rendit elle aussi dans la boutique et, après avoir payé son gazole, elle retrouva les filles près des machines à café. Pour la première fois elle put réellement les voir.
Celle qui parlait le plus avait les cheveux bruns coupés court, la peau mate et les yeux marron en amande. Elle était mince et devait avoir dans les 25 ans. En tout cas elle était un peu plus âgée que l’autre qui semblait à peine sortie de l’adolescence avec ces longs cheveux châtains sur un visage un peu plus rempli. Anne-Sophie remarqua ses grands yeux bleus. Leurs vêtements étaient du même style : jean pour les deux, veste de cuir pour la brune, doudoune pour la châtaine.
Elles étaient installées à une de ces tables rondes et hautes qu’on ne trouve que dans ces endroits et la fille aux cheveux longs, encore humides, serrait un gobelet blanc pour se réchauffer les mains.
Elle mit les pièces dans la machine : cinq ou six pièces et pas de rendu de monnaie. Le gobelet tomba. Anne-Sophie se dit que c’était sûrement par manque d’argent que la fille n’avait rien voulu prendre.
Un nouveau silence s’installait.
Les deux filles se regardèrent. Comme à chaque question la brune Sonia répondit :
Anne-Sophie sortit son portable de son sac et le lui tendit.
Elle prit l’appareil et quitta la table. Elle déambulait lentement le long des machines à café mais ne semblait pas converser.
Camille reprenait des couleurs et, pour la première fois, elle parla spontanément :
Sonia revint à la table l’air dépité et rendit le portable.
Les yeux de Camille s’emplirent de larmes mais elle les retint.
Le silence se fit jusqu’à ce qu’Anne-Sophie donne le signal du départ.
L’ambiance fut plus lourde dans la voiture. À hauteur de Roissy, Sonia demanda si elle pouvait à nouveau utiliser le portable. Elle tomba sur une boite vocale mais ne laissa pas de message. Elle se retourna vers Camille et lui adressa un sourire désolé.
L’idée de les inviter chez elle germa alors dans l’esprit d’Anne-Sophie. Elle chercha Camille dans son rétroviseur. Elle croisa son regard mais celle-ci baissa les yeux. Elle fut convaincue qu’elle devait proposer son aide :
Comme toujours, ce fut Sonia qui répondit :
L’enthousiasme de Sonia n’était pas feint. Elle se retourna vers Camille qui souriait enfin.
VENDREDI SOIR
L’appartement d’Anne-Sophie était situé dans un immeuble moderne situé à deux pas du parc André Citroën. Il comprenait peu de pièces mais chacune de taille respectable : la plus grande faisait salon et salle à manger, dans lesquels donnait directement une cuisine américaine. Une large porte donnait sur une chambre. Il était décoré avec beaucoup de goût.
Elle expliqua à ses invitées qu’elle vivait là depuis trois ans, autrement dit, depuis son divorce.
Sonia et Camille semblaient gênées d’être là, pour les mettre à l’aise Anne-Sophie leur dit sur un ton enjoué :
Les filles convinrent qu’elle avait raison et toutes les trois se mirent d’accord sur des pâtes ; des spaghettis à la carbonara.
Avant de se mettre à cuisiner, Anne-Sophie se rendit dans sa chambre pour quitter son élégant tailleur de femme d’affaires puis, dans un ample peignoir blanc, elle passa à la salle de bains pour prendre une douche. Elle reparut vêtue d’une tenue de sport grise, noire et rouge très tendance. Il ne restait de son look précédent que le carré lisse de ses cheveux blonds.
Sonia l’aida et mit la table pendant que Camille était à son tour à la salle de bains. Elle demanda, par l’entrebâillement de la porte, l’autorisation d’emprunter l’épais peignoir blanc et c’est ainsi vêtue qu’elle revint dans la salle.
Les trois femmes s’attablèrent. Anne-Sophie déboucha une bouteille de vin qui finit de détendre l’atmosphère. Ses invitées lui firent encore de nombreux compliments sur sa gentillesse, qu’elle esquiva en parlant de sa solitude et du plaisir qu’elle avait à les recevoir.
Vers la fin du repas c’est Sonia qui alla prendre une douche pendant qu’Anne-Sophie et Camille débarrassaient la table.
Quand Sonia sortit de la salle de bains elles étaient en train de transformer le canapé en un grand lit dans lequel elle et Camille allaient passer la nuit. Sonia ne portait qu’un petit débardeur gris chiné et une culotte de coton blanc.
Elles parlèrent encore un moment et décidèrent de se tutoyer. Quand Camille montra des signes de fatigue elles décidèrent qu’il était temps de dormir.
Anne-Sophie se retira dans sa chambre qui était séparée de la salle par une double porte coulissante.
SAMEDI MATIN
Il faisait encore nuit lorsqu’Anne-Sophie s’éveilla ; il était 6 h 30. « C’est bien ça, se dit-elle, toute la semaine j’attends le week-end pour dormir et je me réveille presque à la même heure ».
Elle n’en avait pas vraiment envie mais elle se leva pensant pouvoir se rendormir après être allée aux toilettes. Elle ne voulait pas déranger ses invitées et n’alluma pas.
Elle contourna son lit sur la pointe des pieds et fit doucement coulisser un des panneaux de la porte. Elle jeta un coup d’œil dans la salle. Un des côtés de la pièce était une grande baie vitrée donnant sur un balcon. Le store à lames verticales ne stoppait pas complètement la lumière des réverbères de la rue.
Pendant une seconde elle ne comprit pas ce qu’elle voyait : pourquoi Sonia était-elle réveillée, au milieu du lit et entièrement nue ? Pourquoi était-elle si tendue et que regardait-elle avec tant d’intensité ?
Se déplaçant de quelques centimètres Anne-Sophie vit que les cuisses de Sonia étaient relevées et largement ouvertes et que Camille était en train de lui faire un cunnilingus.
La surprise acheva de réveiller Anne-Sophie. Elle n’avait pas remarqué de gestes indiquant que les deux filles étaient en fait un couple. Sans quitter des yeux ce qui se passait à deux mètres d’elle, elle se remémora la soirée de la veille et, décidément, ne trouva rien qui aurait pu indiquer la vraie nature de leurs relations.
Camille était très appliquée et Sonia, qui appréciait, caressait les longs cheveux de son amie en ondulant parfois du bassin. Par moments elle mordait le dos de sa main.
Quelques minutes passèrent ainsi puis Sonia attira Camille à elle vers le haut du lit et les deux filles s’embrassèrent passionnément, chacune activant sa main sur le sexe de l’autre. Camille à son tour réprima des gémissements de plaisir. Sonia se glissa un peu vers le bas du lit et guida le corps et les jambes de Camille pour qu’elle se place sur elle pour un soixante-neuf qui fut d’abord langoureux puis de plus en plus passionné.
Sonia, au-dessous, caressait Camille sur tous les points de son corps qu’elle pouvait atteindre s’attardant souvent sur le creux de ses reins.
Leurs mains gauches se cherchèrent, se trouvèrent et Camille jouit dans la bouche de Sonia.
Elles roulèrent sur le côté et s’embrassèrent une nouvelle fois. Le baiser fut bref. Sonia plaça Camille sur le dos. Elle chuchota à son oreille puis elle rassembla soigneusement ses longs cheveux afin de pouvoir s’agenouiller de part et d’autre de sa tête sans lui faire mal. Elle se pencha en avant pour prendre appui sur les poings et se plaça méticuleusement pour que son sexe effleure la bouche de son amie.
Anne-Sophie voyait le haut du corps de Sonia se découper en ombre chinoise sur les lames du store. Elle était vraiment fine avec une petite poitrine. La bouche de Camille était au contact de la vulve de Sonia. Les mains de Camille caressaient les cuisses, les fesses puis le ventre de Sonia avant de se concentrer sur ses seins.
Anne-Sophie comprit aux ondulations de plus en plus frénétiques de son bassin à quel point Sonia appréciait ; elle se raidit soudain et jouit dans la bouche de Camille.
Quelques secondes plus tard elles replacèrent les oreillers sur le matelas. Elles s’allongèrent côte à côte et tirèrent sur elles la couette qui avait glissé sur le sol. Camille se blottit dans les bras de Sonia qui lui caressait tendrement les cheveux.
Anne-Sophie fut surprise de remarquer que le silence était redevenu total.
Les filles avaient fait l’amour très discrètement mais les mouvements de leurs corps sur le drap, leurs respirations et leurs soupirs, les succions et les baisers produisaient quand même un peu de bruit. À présent, le chuintement ténu des roulements de la porte serait immanquablement remarqué. Elle retourna donc vers son lit sans refermer. Elle se glissa sous sa couette et sa main droite s’insinua d’un geste sûr vers son entrejambe. Son sexe était trempé et il ne lui fallut que quelques minutes pour atteindre l’orgasme. Elle aussi mordit le dos de sa main pour réprimer ses gémissements de plaisir.
Lorsqu’Anne-Sophie s’éveilla pour la deuxième fois il faisait grand jour. Elle entendit quelques chuchotements dans la salle, des pas puis le bruit de la porte d’entrée qui se refermait.
Pendant un instant elle se demanda si les filles n’avaient pas quitté son appartement mais un bruit de draps froissés lui indiqua que l’une d’elles était restée.
Elle se leva et trouva Camille en train de remettre le salon en ordre. Elle portait un string et un tee-shirt court et échancré qui mettait en valeur une poitrine assez opulente.
Machinalement Anne-Sophie lui fit la bise.
Cette dernière phrase fit sourire Anne-Sophie.
Sonia arriva à ce moment et toutes les trois prirent leur petit-déjeuner.
Anne-Sophie redit à Sonia qu’elle avait compris qu’elles étaient en couple.
Un silence s’installa qui fut rompu par Camille :
Suivit le récit de l’histoire des deux filles. L’été précédent, Sonia, qui était au chômage, avait été embauchée pour deux mois comme caissière dans le supermarché dirigé par le père de Camille. Elle avait alors eu une aventure avec la comptable du magasin. Cette histoire avait fini par être connue et s’était mal terminée.
Camille passait elle aussi le mois d’août au magasin, à la comptabilité. C’est ainsi qu’elle entendit parler de Sonia.
Son père s’était vanté d’avoir viré cette « salle gouine » ce qui avait fait beaucoup de mal à Camille car elle se savait homosexuelle depuis longtemps. Elle avait vécu une première aventure avec une camarade de classe et se demandait quand elle pourrait faire une nouvelle rencontre.
Elle eut envie de connaître la fille dont son père parlait.
Il lui fut facile de trouver les coordonnées de Sonia puis d’entrer en contact avec elle.
La suite fut moins évidente ; Sonia avait douté un moment des intentions de Camille.
Leur relation fut longtemps secrète mais le père de Camille l’apprit par une indiscrétion et sa réaction fut très violente. Camille avait alors tenté d’expliquer la situation à sa famille mais rien n’y avait fait. Pour ses parents, Camille n’était pas homosexuelle, elle était une nouvelle victime de la dépravation de Sonia qui se vengeait ainsi d’avoir été virée.
Son père ayant décidé d’éloigner Camille en l’envoyant à l’étranger elle avait fui le domicile de ses parents pour s’installer chez Sonia qui louait depuis peu un studio dans le centre-ville.
Dès lors, Sonia fut victime de harcèlement : coups de fil puis lettres anonymes pour finir par l’incendie de sa voiture – une vieille guimbarde sans valeur. Elle déposa plainte en indiquant qu’elle soupçonnait le père de Camille d’en être à l’origine ce que Camille — qui l’avait accompagnée – confirma. Le policier leur avait dit qu’il le convoquerait.
Le lendemain Sonia fut agressée dans l’entrée de son immeuble. Elle avait réussi à se dégager et à se réfugier chez elle.
Le même soir Sonia et Camille avaient décidé, de façon un peu précipitée, de quitter la ville pour venir à Paris. C’est comme ça qu’elles s’étaient retrouvées au péage.
Sonia racontait cette histoire avec détachement alors que Camille était visiblement beaucoup plus touchée.
Anne-Sophie avait écouté attentivement, sensible à la confiance qu’elle ressentait et respectueuse de leurs sentiments et de leurs personnalités.
Anne-Sophie alla chercher l’appareil dans son sac et le tendit à Sonia en lui disant :
Cette dernière phrase sembla toucher Sonia qui ne sut que répondre.
Ses coups de téléphone étant infructueux, elle décida de sortir pour, selon ses termes, « voir sur place ». Anne-Sophie n’en sut pas plus. Elle leur donna quelques tickets de métro qu’elle possédait — qu’elles acceptèrent — et deux billets de cinquante euros — qu’elles refusèrent.
Elles partirent sur la promesse soit de revenir, soit de donner de leurs nouvelles avant le soir.
Après cela la journée d’Anne-Sophie se passa comme les samedis ordinaires de sa vie solitaire. Elle se rendit dans un centre commercial de banlieue pour y faire ses courses. Il y avait là une grande galerie marchande, elle s’acheta une tenue dans un magasin où elle avait ses habitudes puis rentra dans le XVe. Elle rangea ces courses et essaya à nouveau le tailleur qu’elle venait d’acquérir mais cette fois avec des collants, des chaussures, un sac à main et un long manteau lui appartenant pour s’assurer que l’effet produit était celui qu’elle recherchait. Elle fut satisfaite du résultat et décida de le porter dès le lundi suivant.
SAMEDI SOIR
La nuit tombait, et Anne-Sophie commençait à avoir faim ; elle avait sauté le repas de midi à cause des viennoiseries du petit déjeuner. Elle se demandait ce que Sonia et Camille faisaient. Elle prit un bain puis s’installa en peignoir devant sa télé pour grignoter quelques biscuits de régime. Le téléphone sonna :
Les deux filles arrivèrent ; elles semblaient fatiguées. Visiblement les choses n’évoluaient pas comme elles le voulaient. Elles s’installèrent sur le canapé.
Sonia expliqua qu’elles avaient passé la journée à faire les différents points de chute de ses amies parisiennes mais qu’elles ne les avaient pas trouvées.
La soirée se passa comme celle de la veille : dîner puis conversation mais cette fois, Sonia et Camille ne craignaient plus de montrer la nature de leur relation à Anne-Sophie, se tenant par la main, se caressant du bout des doigts, se faisant un petit baiser de temps en temps.
Le canapé fut à nouveau transformé en grand lit. Camille, exténuée, se coucha et s’endormit alors que Sonia et Anne-Sophie bavardaient encore à la table.
Sonia remarqua qu’Anne-Sophie regardait Camille dormir :
Elles refermèrent les portes coulissantes avant de s’installer sur le lit d’Anne-Sophie.
Elles rirent.
Anne-Sophie avait envie d’en savoir plus sur les sentiments de Sonia envers Camille mais elle préféra rester discrète.
Se fut Sonia qui la prit de court :
La conversation dura jusqu’à une heure avancée de la nuit. Lorsqu’elles se décidèrent à dormir Sonia conclut en disant :
Et elle retourna près de son amie qui dormait toujours.
Sonia s’assit sur le canapé et passa avec douceur la main dans les cheveux de Camille.
Pour toute réponse Camille sortit un bras de sous la couette et attira Sonia pour l’embrasser.
Quand leurs bouches se séparèrent Sonia quitta son débardeur, son jean et sa culotte. Camille, les yeux encore ensommeillés, regardait dans la chambre d’Anne-Sophie qui était plongée dans une obscurité totale.
Sonia se plaça tout près du lit et aida Camille à ôter son tee-shirt et son string. Ceci fait, les deux filles s’allongèrent pour un fougueux baiser. Leurs mains cherchaient mutuellement leurs points sensibles et leurs jambes se mêlaient, chacune voulant frotter son sexe sur la cuisse de l’autre. Leurs ondulations durèrent un moment puis Sonia changea de position. Elle regarda brièvement vers la chambre et Anne-Sophie aurait juré qu’elle lui avait adressé un clin d’œil.
Camille se prêta au désir de son amie qui était de lui faire un cunnilingus. Les cuisses largement ouvertes elle vit la bouche de Sonia se plaquer sur son sexe. Un petit gémissement d’excitation lui échappa et elle lança un regard inquiet vers la chambre. Le plaisir qui montait en elle fut le plus fort ; il lui fit fermer les yeux et sa tête retomba sur l’oreiller.
C’était la première fois qu’Anne-Sophie se comportait en voyeuse. La nuit précédente, elle avait observé les ébats de ses invitées mais c’était le fruit du hasard. Cette fois le hasard n’y était pour rien. Il était clair que Sonia aimait sentir qu’elle les observait. Le fait que Camille ne soit pas consciente de cette situation devait ajouter au plaisir de Sonia mais aussi à la gêne d’Anne-Sophie.
Sonia cessa et elles inversèrent les places. Confortablement adossée, donnant le rythme à Camille du bout des doigts, Sonia regardait avec insistance entre les portes de la chambre. Elle ne pouvait pas voir Anne-Sophie mais elle savait qu’elle l’observait.
Les paroles qu’elle prononça à voix basse étaient quand même parfaitement audibles :
Camille s’interrompit une seconde pour lui faire signe — le doigt sur les lèvres — de parler moins fort mais Sonia reprit :
Elle avait prononcé ces derniers mots en regardant vers la chambre.
Changeant à nouveau de position, les deux filles commencèrent un soixante-neuf.
À la différence de la veille, elles se placèrent en travers du lit. Le sexe de Camille, qui était allongée sur le dos, était exactement en face d’Anne-Sophie qui avait tout le loisir de l’observer. Depuis des mois sa vie intime était un désert et la vision de cette intimité nue, épilée, offerte généra dans son bas-ventre une excitation presque douloureuse.
Un des genoux de Sonia passa au-dessus du visage de Camille et son sexe vint se plaquer sur sa bouche. Une expression de plaisir s’afficha sur son visage et elle tint la position en appui sur le bras quelques secondes.
Elle s’inclina et commença ensuite à lui titiller le clitoris du bout de la langue tout en regardant vers Anne-Sophie.
D’une poussée de la main Camille fit comprendre à Sonia qu’elle voulait plus que ça.
Sonia adressa un petit geste de la main à Anne-Sophie, comme un au revoir, avant de plaquer entièrement sa bouche sur la vulve de Camille.
Anne-Sophie ne voyait plus de Sonia que sa chevelure, sa nuque et ses épaules derrière les jambes écartées de Camille.
Les mains de Sonia caressaient les pieds de Camille. Anne-Sophie comprit que les bruits de succion un peu exagérés qu’elle produisait étaient, eux aussi, un message.
Sans relever la tête, d’un nouveau geste de la main, Sonia fit signe à Anne-Sophie d’approcher.
Cette dernière se leva de son lit et sortit de l’ombre. Elle fit lentement les quatre pas qui la séparaient de la scène.
Dans cette position Camille ne pouvait rien voir et sans doute rien entendre non plus ; son visage était pris sous le bassin et entre les cuisses de Sonia
Anne-Sophie s’agenouilla très précautionneusement et, pour lui indiquer qu’elle était à proximité, elle lui caressa la nuque.
Les mains de Camille étaient sur le dos de Sonia, à trente centimètres de la sienne. Anne-Sophie eut envie de lui révéler sa présence près d’elles mais ne le fit pas.
Sonia releva la tête et offrit à Anne-Sophie sa bouche. Tout le bas de son visage était luisant de l’excitation de Camille.
Pour Anne-Sophie, tout cela avait quelque chose d’irréel. Elle sentait l’odeur, le gout du sexe de Camille sur les lèvres et la langue de Sonia.
Le premier baiser fut léger et Sonia n’en fut pas satisfaite. Elle dégagea son bras droit pour placer sa main sur la nuque, serrer contre le sien le visage d’Anne-Sophie. Le deuxième baiser fut beaucoup plus long et fougueux.
Sonia reprit le cunnilingus quelques secondes puis attira à nouveau le visage d’Anne-Sophie vers le sien pour l’embrasser.
À la fin de ce baiser, la pression de la main sur sa nuque fit comprendre à Anne-Sophie que Sonia la guidait vers le sexe de Camille.
Ce sexe offert à quelques centimètres de son visage faisait terriblement envie à Anne-Sophie. Il lui suffisait de s’incliner un peu pour retrouver le plaisir du contact de sa bouche sur une vulve épilée.
Elle hésita, Camille n’avait pas conscience de sa présence. Voler ainsi un moment aussi intime la gênait.
Sonia le sentit et eut une mimique d’incompréhension et de contrariété.
Elles se regardèrent, Sonia quitta les yeux d’Anne-Sophie pour regarder le sexe de Camille, Anne-Sophie en fit autant et l’instant d’après elle était en train de lui faire un cunnilingus passionné.
Elle n’eut pas conscience du moment où elle avait décidé de le faire ni du moment où elle avait commencé à le faire. Elle se rendit compte qu’elle était en train de le faire.
Depuis plusieurs mois elle n’avait pas fait l’amour et sentir cette palpitation sous sa bouche lui était infiniment agréable.
La présence de Sonia lui revint à l’esprit. Ses scrupules lui revenaient également mais, emportée par l’excitation, elle poursuivait.
Reprenant pleinement conscience de la situation elle perçut à nouveau les caresses de Sonia sur sa nuque.
Unique message pour deux destinataires.
Sonia gémissait et ondulait de plus en plus. Le début d’un râle de plaisir annonça sa jouissance prochaine. La main, jusque-là caressante, saisit fermement la chevelure d’Anne-Sophie pour lui relever la tête. Son râle se perdit dans le violent baiser qu’elles échangèrent.
Quand les dernières crispations de la jouissance s’estompèrent, Sonia lâcha les cheveux d’Anne-Sophie qui reprit aussitôt et avidement le cunnilingus.
Camille, qui venait de recevoir dans la bouche le plaisir de Sonia, eut elle aussi rapidement un puissant orgasme dont Anne-Sophie ne laissa rien perdre.
Sonia et Anne-Sophie échangèrent un dernier baiser puis elle recula vers sa chambre sans faire aucun bruit.
À nouveau un seul message pour deux destinataires : Anne-Sophie, à qui elle fit le geste de patienter et Camille, vers qui elle se retourna pour l’embrasser.
Anne-Sophie replaça ses oreillers et se glissa sous sa couette le plus silencieusement possible. Les seuls bruits qu’elle faisait pouvaient passer pour ceux d’une personne endormie changeant de position.
Placée ainsi, elle n’avait plus qu’une vision partielle de ce qui se passait à côté. Elle voyait les jambes, les fesses, le dos et la nuque de Sonia qui était allongée sur le côté. De Camille elle voyait une jambe, entre celles de Sonia ; les mains, caressant le dos de Sonia et le haut de la tête qui balançait au rythme d’un fougueux baiser à Sonia.
Anne-Sophie en fut frustrée. Ce baiser, reconnaissance du plaisir qu’elle venait d’éprouver, c’est à elle qu’il était dû.
Dans l’état d’excitation dans lequel elle se trouvait il lui était impossible de s’endormir. Elle glissa la main vers son sexe mais finalement renonça à se masturber : Sonia lui avait demandé d’attendre.
Elle entendit quelques chuchotements qu’elle ne comprit pas. Elle était surtout perdue dans ses pensées.
Voir Sonia et Camille faire l’amour sous ses yeux l’avait excitée au point qu’elle avait littéralement perdu le sens des réalités. À présent, elle réalisait qu’elle n’était vraiment pas fière du rôle qu’elle avait joué dans le scénario pervers concocté par Sonia. Cette instrumentalisation de Camille était malsaine et elle y avait participé.
Une heure et quart passa et la silhouette élancée de Sonia se découpa dans l’ouverture des portes de la chambre. Elle se coula avec souplesse et rapidité dans le lit, contre Anne-Sophie.
Joignant le geste à la parole, Sonia glissa sa main jusqu’au sexe d’Anne-Sophie qui se laissa faire sans bouger.
Sonia embrassa Anne-Sophie qui fut vite gagnée par l’envie d’éprouver elle aussi du plaisir. Elle ouvrit largement les cuisses. Les attouchements de Sonia lui firent très vite beaucoup d’effet.
Anne Sophie repoussa la main de Sonia.
Anne-Sophie voulait expliquer ce qu’elle avait sur le cœur mais y renonça et dit simplement :
La respiration de Sonia avait changé, trahissant la colère qui s’emparait d’elle. Elle se leva brusquement et retourna dans la salle. Elle se laissa tomber sur le lit et ôta brutalement l’oreiller de sous la tête de Camille pour le placer sous son dos.
Mal réveillée, Camille se glissa entre les cuisses fuselées de Sonia et exauça son souhait d’être « bouffée ». Pour lui donner le rythme qui lui plaisait Sonia la tenait par les cheveux. Ses gestes étaient loin d’être tendres.
Elle releva les genoux et poussa la tête de Camille vers le bas afin que sa langue s’active sur son anus. Sonia se masturba jusqu’à la limite de l’orgasme ; le sentant monter elle tira les cheveux de Camille pour plaquer fermement sa bouche sur son sexe et y jouir… longuement.
Elle n’avait pratiquement pas cessé de regarder dans la direction d’Anne-Sophie qui, loin de les observer, cherchait dans le sommeil à fuir son dégout.
DIMANCHE MATIN
Anne-Sophie était réveillée mais ne bougeait pas. Elle entendait que quelqu’un s’activait à côté mais prit un peu de temps pour réfléchir aux événements de la nuit.
Elle pensait à Camille, perdue entre sa famille et Sonia ; à Sonia qui n’était au fond qu’une consommatrice qui n’avait sans doute aucun sentiment réel envers Camille ; à elle-même enfin, qui n’avait pas d’excuses pour être ainsi entrée dans le jeu pervers de Sonia.
Pas d’excuses mais une explication : cette fille simple et sincère, mais un peu paumée et prise dans une relation qui la dépassait l’avait émue ; elle était en train d’en tomber amoureuse.
Anne-Sophie sentit une présence à l’entrée de sa chambre ; elle ouvrit les yeux et vit Camille.
Elle tenait un plateau sur lequel elle avait disposé tout ce qu’il fallait pour prendre le petit déjeuner au lit.
Anne-Sophie empila ses oreillers derrière elle et s’installa pour recevoir le plateau. Ce faisant elle remarqua que le canapé avait été replié et la salle entièrement rangée. La baie vitrée était largement ouverte pour aérer la pièce.
Camille posa le plateau sur la couette devant Anne-Sophie et lui fit la bise.
Les événements de la nuit revinrent à l’esprit d’Anne-Sophie ; elle devait la vérité à Camille mais ne trouva pas le courage de la lui dire :
Anne-Sophie but une gorgée de café. Camille alla refermer la baie vitrée avant de revenir dans la chambre.
Camille ne portait que son tee-shirt, court et échancré, et sa culotte. Le courant d’air qu’elle avait provoqué avait fait baisser la température dans l’appartement.
Anne-Sophie fut interloquée par cette demande. Elle venait de mordre dans un croissant ce qui lui permit de masquer son trouble.
Camille se glissa dans le lit et se lova contre Anne-Sophie.
Anne-Sophie déplaça le plateau et se leva. Elle portait une chemise de nuit courte en soie bleu-nuit avec de fines bretelles. Elle sortit d’un placard un élégant peignoir qui, sans être assorti, était de même style.
Anne-Sophie s’assit au bord du lit, sur sa jambe afin de pouvoir se tourner plus confortablement vers Camille. Elle se rendit compte que celle-ci pouvait voir son sexe et ne se privait pas de regarder.
Anne-Sophie se pencha vers elle et lui dit en remontant la couette sur son épaule :
Elle se pencha et déposa un baiser sur sa joue. Cette proximité, ce contact, suscita en elle des émotions intenses. Elle resta ainsi quelques secondes, les lèvres sur sa joue et la main sur ses cheveux.
Camille sortit un bras de sous la couette et la prit un instant par le cou.
Anne-Sophie se releva. Elle sortit un pull fin beige à col roulé, un jean, une culotte et quitta la chambre. Elle prit soin de refermer les portes pour que l’obscurité y soit totale.
Elle déjeuna rapidement, chassant en permanence de son esprit les idées qui lui venaient sur ce qu’elle et Camille auraient pu faire dans son lit. Elle sortit pour aller sur le marché du quartier acheter des produits frais.
DIMANCHE APRÈS-MIDI
Au retour d’Anne-Sophie, Camille dormait toujours.
Elle finissait de ranger ses courses quand Camille arriva, le pas lent et un peu trainant, encore mal réveillée. Elle souriait mais plissait les yeux et se massait le crâne ce qui ébouriffait encore un peu plus ses longs cheveux.
Elle vint directement vers Anne-Sophie et l’enlaça sans rien dire. Elle laissa aller sa tête sur son épaule, soupira et ne bougea plus.
Anne-Sophie lui caressait le dos et déposa un baiser dans son cou.
Pendant que Camille faisait sa toilette, Anne-Sophie réchauffait le poulet rôti qu’elle avait acheté et une boîte de petits pois. Elles déjeunèrent et la conversation tourna autour du travail de visiteuse médicale. Camille conclut en disant que cela lui plairait mais qu’il faudrait qu’elle passe le permis.
En début d’après-midi elle demanda à Anne-Sophie de pouvoir appeler Sonia. Elle n’eut pas de réponse et en était contrariée.
Pour lui changer les idées, Anne-Sophie lui proposa d’aller se balader dans le quartier. Elles allèrent dans le parc tout proche où elles déambulèrent un moment, bras dessus, bras dessous avant de s’installer sur un banc pour un long tête-à-tête.
Elles se racontèrent l’une à l’autre et se découvrirent des goûts communs, surtout en littérature. Camille parla de ses difficultés avec ses parents, de son premier amour. Anne-Sophie parla de son mariage raté et de son travail.
Il faisait beau mais froid et elles allèrent boire un chocolat dans un café proche. Il était bien meilleur que celui du vendredi sur l’autoroute.
C’est le moment que choisit Anne-Sophie pour dire à Camille ce qu’elle avait sur le cœur.
Enfin si tu quittes Sonia je suis là, quoi.
Camille s’assombrit.
Camille ne répondit rien.
Anne-Sophie avait parlé un peu fort ; plusieurs clients se retournèrent vers elles.
Anne-Sophie jeta un billet sur la table et suivit Camille qui était déjà sur le trottoir.
Anne-Sophie expliqua assez brutalement ce qui s’était passé à Camille qui resta muette.
Elle pleurait à grosses larmes. Anne-Sophie la saisit par le bras et la força à se tourner vers elle.
Camille tourna la tête.
Les larmes montaient aux yeux d’Anne-Sophie. Camille la regarda enfin.
Anne-Sophie l’interrompit :
Camille avait écouté la tirade jusqu’au bout. Après un silence elles tombèrent en pleurs dans les bras l’une de l’autre.
De retour à l’appartement, à la nuit tombante, Camille essaya à nouveau, sans succès, de joindre Sonia.
DIMANCHE SOIR
Elles dînaient quand le carillon de l’entrée retentit. C’était Sonia qui arrivait. Elle tenait un bouquet de fleurs et une bouteille de champagne.
Camille se précipita dans ses bras et l’embrassa.
Sonia tendit les fleurs à Anne-Sophie :
Cette nouvelle déchira le cœur d’Anne-Sophie qui réussit à ne rien laisser paraître.
La soirée fut étrange. Les regards échangés étaient souvent lourds de sous-entendus.
Dans les yeux de Sonia, Anne-Sophie pouvait lire quelque chose qui ressemblait à de l’arrogance.
Dans ceux de Camille elle voyait une résignation.
Cela lui était insupportable. Anne-Sophie savait que Camille allait souffrir avec Sonia et cette certitude lui faisait mal.
Elle prit pour prétexte le fait de se lever de bonne heure le lendemain pour aller se coucher tôt. Elle eut encore une fois du mal à trouver le sommeil mais cette fois, c’était par tristesse.
Elle avait bien fermé les portes de sa chambre mais dut quand même enfouir sa tête sous son oreiller pour ne pas entendre les bruits des ébats de Sonia et Camille.
LUNDI MATIN
Vers six heures Anne-Sophie sortit de sa chambre dans le noir. Elle avait tout préparé la veille pour ne faire qu’un minimum de bruit, ne pas avoir à allumer la lumière et pouvoir quitter l’appartement sans éveiller les filles.
Elle s’arrêta quelques secondes pour les regarder dormir. Sonia étendue sur le dos, les bras ouverts. Camille blottie contre elle.
Les vêtements qu’elles portaient habituellement pour dormir étaient en tas dans un fauteuil.
Tout cela était douloureux pour Anne-Sophie mais le plus dur au fond était de devoir laisser partir Camille.
Elle déjeunait, dans le coin de la cuisine opposé au salon, sous l’éclairage d’une petite applique quand elle entendit quelqu’un approcher. Deux mains se posèrent sur ses épaules, une joue se glissa contre sa joue, des lèvres déposèrent un baiser dans son cou.
Anne-Sophie s’était laissé faire sans bouger.
Anne-Sophie prit la main droite de Camille et y déposa un baiser.
Camille se retira vers le canapé. Anne-Sophie déposa sa tasse et ses couverts dans l’évier. En contournant le meuble haut qui servait de séparation entre la cuisine et la salle elle vit que Camille s’était recouchée et que le bras de Sonia se plaçait sur elle.
Son manteau et son sac l’attendaient dans l’entrée. Elle sortit et prit l’ascenseur en évitant soigneusement de croiser son propre regard dans le grand miroir qui en garnissait le fond.
LUNDI SOIR
Anne-Sophie entra dans son appartement. Il était dans un ordre parfait. Sur la table trônait le vase dans lequel les fleurs de Sonia attendaient de faner. Elle emporta le vase dans la cuisine, jeta les fleurs à la poubelle, rinça le vase, l’essuya soigneusement et le rangea.
Elle mit son téléphone en charge. Elle regarda le journal d’appels et retrouva rapidement le numéro du portable de Sonia que Camille avait tenté d’appeler à plusieurs reprises.
Elle effaça l’intégralité du journal d’appels.
Elle regarda autour d’elle, aucune trace ne subsistait du passage dans ces murs de Sonia et Camille. L’appartement lui semblait lugubre.
Elle alla prendre une douche. En sortant de la cabine elle tendit la main vers son ample et épais peignoir blanc. L’image de Camille sortant de la salle de bains vêtue de ce peignoir lui revint en mémoire. C’était il y a trois jours. Il s’en était passé des choses pendant ces trois jours
!
Elle était tombée amoureuse et avait perdu cet amour. Elle enfouit son visage dans l’éponge et respira profondément plusieurs fois avant de se dire qu’elle était ridicule. Elle l’enfila.
Elle alla machinalement dans la cuisine et ouvrit le réfrigérateur mais elle n’avait aucun appétit et rien ne lui faisait envie. Elle le referma.
Elle alla se coucher seulement trois quarts d’heure après être arrivée chez elle.
Le coin d’une feuille de papier dépassait de sous son oreiller :
J’espère que tu ne m’en veux pas. C’est une torture de devoir choisir. Ce que je ressens pour toi est très fort. Tu vas me manquer atrocement.
Camille.
Anne-Sophie fondit en larmes sur son lit. Elle pleura longtemps avant que le sommeil finisse par la soustraire à sa souffrance.
JEUDI SOIR
Anne-Sophie était fatiguée. Son sac à bout de bras trainait sur le plancher de l’ascenseur, elle était appuyée sur la paroi et regardait sans les voir les numéros des étages défiler sur l’écran à cristaux liquides. Depuis quatre jours elle mangeait peu, dormait mal et ne s’intéressait à rien : Camille hantait ses pensées.
La porte s’ouvrit. Anne-Sophie sortit en cherchant dans son trousseau de clefs celle qui ouvrait son appartement.
Lorsqu’elle releva la tête elle crut que son cœur allait exploser de joie.
Camille était là, endormie en travers de sa porte, inconfortablement installée en travers du couloir sur la moquette rase, son gros sac lui servant d’accoudoir.
Les larmes aux yeux, Anne-Sophie se pencha sur elle et caressa ses cheveux ce qui la réveilla.
Les yeux de Camille s’emplirent de larmes quand elle reconnut Anne-Sophie, elle se jeta dans ses bras et se mit à sangloter. Elle articula avec peine :
Elle ouvrit la porte et aida Camille à se relever. À l’intérieur, elles se débarrassèrent et s’assirent sur le canapé.
Blottie contre Anne-Sophie, Camille pleura tout ce qu’elle avait à pleurer. Quand ce fut fini elle essuya ses larmes de la main et les deux femmes se regardèrent.
Elles s’embrassèrent fougueusement.