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n° 14164Fiche technique42115 caractères42115
Temps de lecture estimé : 24 mn
01/12/10
Résumé:  Ma femme me trompe, elle fait mon bonheur !
Critères:  fh couple extracon cocus fépilée coiffure amour vengeance voir fellation cunnilingu 69 pénétratio -amourdura -extraconj
Auteur : Duroc      
La rue

En créneau, je garais la voiture de l’entreprise devant la banque. Contre la voiture qui me précédait, un couple faisait ses gammes. De dos, je voyais un corps de femme en robe légère qui ondulait de droite à gauche sous les mains adroites posées dans le creux de la taille. Les doigts épais pianotaient sur les zones sensibles, inspiraient à la croupe un mouvement de balancier. La tête frisée était rejetée en arrière et accueillait la bouche qui l’embrassait. Ce mouvement projetait en avant le bassin collé au ventre de l’homme. Celui-ci en avait profité pour insinuer une jambe entre les genoux de sa partenaire. Elle semblait plaquer son sexe sur le haut de la cuisse masculine et l’y frotter au rythme du déplacement latéral de ses fesses. Le tableau cru était à la limite de la décence. Ce dandinement sur la cuisse de l’homme, dans la rue, devait en exciter plus d’un. Cloué sur mon siège par l’ahurissant spectacle érotique, je sentis moi-même un début d’érection. Il était passé quatorze heures. Les passants se retournaient en souriant, mais rien ni personne ne dérangeait ce baiser prolongé.


Le visage de l’homme m’était inconnu, les grosses mains qui donnaient le roulis à l’abdomen féminin, là directement sous mes yeux, tenaient ferme une proie volontairement soumise à ce balancement. Croupe et hanches partaient à droite puis à gauche. Parfois déséquilibrée, la femme retrouvait son équilibre en s’accrochant d’une main à la nuque de l’homme et en levant un pied pour le replacer un peu plus à l’extérieur. À la faveur du changement, le genou de l’audacieux progressait et favorisait le frottement de la vulve sur son pantalon de jean. C’était un ralenti de slow, sur trottoir, d’un sans-gêne stupéfiant. La silhouette féminine ressemblait fortement à celle d’une personne connue. Je décidai d’échapper à l’influence de la scène sur mes sens. Le claquement de la porte de la voiture les surprit. Toujours enlacés, ils séparèrent leurs bouches.



Je me dirigeais vers la banque, leur tournant le dos. L’énoncé de l’adresse me cloua sur place. La voix ne pouvait me tromper, la silhouette était la seule à laquelle je ne pouvais pas penser, le 3 rue Mozart: c’était l’adresse de ma maison. Je me retournai. La femme qui s’éloignait en se tortillant sur ses hauts talons, c’était ma femme ! Oui, mon Émilie. Son compagnon passa à côté de moi et s’arrêta devant la devanture de l’opticien. La vue des montures devait calmer le bouillonnement de son sang. D’un geste discret et rapide, il remit les choses en place et s’en alla.


Qui était ce type qui se permettait une pareille familiarité avec ma femme ? Qui était l’inconnu avec lequel ma femme se laissait aller à un tel abandon, en pleine rue, devant autant de témoins ? Et demain, à l’abri des regards, chez nous, ils ne se gêneraient pas pour faire mieux ou pire selon le point de vue.

Je la croyais en train de diriger son salon de coiffure. J’étais à mille lieues d’imaginer qu’elle pût s’exposer en public dans les bras d’un étranger. Voilà pourquoi je n’avais pas mis de nom sur ce corps qui se trémoussait de façon aussi impudique devant moi. Jamais je n’aurais supposé… En public, ma femme se conduisait comme une chienne en chaleur, sans souci pour sa réputation. Depuis quand était-elle exhibitionniste ? Avait-elle fait un pari ? Que penseraient ses clientes ? On allait jaser. C’était comme si je portais, inscrit en lettres de feu sur le front : « Cocu »

Sans réfléchir, je suivis l’inconnu. Il marchait comme un homme pressé. À trois cents mètres de là, une femme bien en chair lui tendait les bras. Visage rougeaud et jovial, c’était la bouchère. Il s’arrêta, l’enlaça et se livra à la répétition de la scène précédente. Ou presque, car il y avait une importante différence de gabarit entre les deux femmes. La mienne plutôt élancée et mince contrastait avec cette silhouette rondouillarde. Cette fois le genou ne franchissait pas le passage plus resserré entre des cuisses certainement plus volumineuses. Mais le jeu de mains respectait la même stratégie et le déhanchement suivit immédiatement, presque obscène sur ce trottoir, à la vue des passants. La bouchère était veuve et semblait se moquer du qu’en dira-t-on. Son défunt n’en souffrait pas.



Incroyable, ce démon mettait le feu dans les boutiques de la ville.

Mon homme reprit son chemin. Il finit par s’arrêter devant un immeuble de trois étages. Il appuya sur une sonnette du milieu. Une femme apparut à une fenêtre :



Il s’engouffra dans un couloir sombre. Je lus son nom: Marcel Ontel. J’aurais aimé en savoir plus. Marcel sortit avec une bicyclette et roula vers le centre.

Je sonnai. La même voix agacée demanda :



J’arrivai sur le palier et découvris une nouvelle surprise.



Après des années, je me retrouvai en face de mon premier amour. Laure, la quasi fiancée. Depuis l’âge de quatorze ans nous étions amoureux, inséparables. Nous avions découvert ensemble le baiser, les caresses timides, les premières audaces. J’avais vu pousser sous mes mains ses jeunes seins, connu les premiers émois charnels. Nous nous étions juré un amour éternel. Quand nous étions séparés, nous nous donnions rendez-vous dans l’étoile polaire. Elle m’avait montré comment était faite une fille en écartant le tissu de sa culotte ou en déboutonnant sa blouse de coton. Je l’avais vue passer au rouge quand j’avais appuyé mes caresses. Elle avait voulu vérifier qu’une verge enflait dans les doigts d’une fille. Les poils de son pubis avaient poussé avant les miens. Par étapes nous avions tout appris du corps de l’autre. Notre curiosité repoussait les interdits. Son clitoris avait aimé mes doigts, avait pris du volume au toucher et Laure avait fermé les yeux, au bord de l’extase. Ses premiers soupirs de bonheur avaient été le cadeau de mes 17 ans. Restait à nous connaître au sens biblique du mot. Ah ! Amours de jeunesse.


Pour son dix-huitième anniversaire, je l’avais emmenée au bal sous chapiteau dans un village voisin, à vélo. J’étais allé lui acheter une boisson. À mon retour, elle avait disparu. Elle n’était pas sur la piste, elle n’était pas attablée, je cherchais à l’extérieur. Son vélo était toujours à côté du mien. Un copain me dit l’avoir vue se diriger vers une deux-chevaux. Je cherchai encore et aperçus une deux-chevaux. La carrosserie était animée, secouée en roulis et en tangage. Sur le siège arrière, je reconnus la tache claire de la robe de Laure. Elle avait enfourché les cuisses d’un homme, montait et descendait comme sur les chevaux de bois, les bras enroulés autour de son cou, la tête penchée sur son épaule, visage tourné vers l’extérieur, bouche ouverte sur un souffle court, yeux exorbités, soudains fixes quand elle me vit collé à la vitre. Elle avait promis, je serais le premier et le dernier, elle serait à moi, rien qu’à moi. C’était pour cette nuit. Depuis des semaines je patientais. L’amour allait nous unir en secret mais pour la vie. Maintenant, là, elle me fixait, hagarde, mais continuait son manège, soulevée et abaissée par la vigueur des deux mains plaquées sur ses hanches. Elle me fixait, incapable de se dégager, le visage déformé par la douleur ou le plaisir, grimaçant, des larmes plein les yeux. Je partis en courant, sautai sur mon vélo.


Plus tard, je refusai de lui adresser la parole, elle pleura, je l’oubliai. J’ignorais ce qu’elle était devenue. Elle était devant moi. Le temps avait guéri la blessure. Nous nous sommes gentiment embrassés sur les joues. Elle me fit entrer. Elle était caissière de grande surface, avait voyagé dans la région, avait divorcé et vivait en concubinage avec un garçon boucher prénommé Marcel. Elle venait de le chasser au travail : il avait un poil dans la main et préférait chasser les filles plutôt que découper des pièces de viande. J’aurais pu confirmer. Elle n’avait pas de chance avec les garçons et regrettait l’erreur de jeunesse qui nous avait séparés. Nous avons évoqué l’heureux temps. Jamais elle ne pensait à moi sans regrets. Je sus qu’elle avait accepté de voir la fameuse voiture, qu’elle avait été troublée par le baratin de ce beau parleur et qu’il avait profité de sa naïveté pour lui ravir sa virginité, avant de disparaître comme il se doit. Elle connaissait le salon de coiffure d’Émilie, appréciait l’originalité des coupes de mon épouse et me félicita d’être l’époux d’une aussi jolie personne. Émilie avait plus de chance qu’elle.



Notre baiser n’avait rien de comparable aux embrassades dont je venais d’être le témoin.

Laure n’entendit plus parler de produits d’entretien et dut se demander ce qui m’avait conduit à elle.


Ce soir-là, je fus le mari parfait. Gentil, à l’écoute. Émilie se plaignit de clientes qui avaient oublié l’heure des rendez-vous, je m’indignai avec elle. Je lui fis des compliments sur sa bonne mine. Malgré des contrariétés, elle savait garder sa bonne humeur. Je lui trouvais même un air plus heureux que d’habitude et m’en réjouissais. Je l’accompagnai à la salle de bain, lui frottai le dos, lui fis un massage des pieds fatigués par la station debout, frôlai intentionnellement les parties intimes, exploitai l’excitation provoquée par Marcel, la conduisis au lit dans les meilleures dispositions. J’étais persuadé de remporter une victoire définitive sur Marcel si ma bonne humeur apparente s’accompagnait de prouesses sexuelles.



Pas besoin de beaucoup d’imagination pour savoir d’où venait sa gaieté. Si elle avait su à propos de Marcel et de sa patronne. Lui révéler l’existence d’une rivale pourrait lui faire renoncer à son écart programmé ou, au contraire, la lancer dans une compétition acharnée et pourrait me faire passer pour un cafard. D’un air dégagé, je lançai:



Devant sa réaction gênée, j’ajoutai :



Soulagée par l’énoncé de l’identité des amants, Émilie garda pourtant une ombre dans les yeux. Je plaisantai sur le manque de tact de gens aussi dénués de savoir vivre. Je m’amusai de la mauvaise réputation des intéressés et des cancans qui se répandaient inévitablement dans une petite ville. Émilie approuvait mes propos et trouvait scandaleuse l’attitude de la veuve joyeuse.



Je venais d’arranger un peu la vérité, d’inventer les réactions de témoins qui ne m’avaient pas adressé la parole, de décrire mon concurrent sous les traits les plus sombres. Qu’en resterait-il demain à 14 heures ? Émilie savait se tenir : je l’avais constaté en ville ! Je devais me montrer sous mon meilleur jour, si je voulais, sans conflit, ramener ma femme à la raison. Hélas, le cœur a des raisons que la raison ne connaît pas et le sexe est encore plus déconcertant que le cœur, selon les plus optimistes.


Je déployai tous les moyens qu’un bon amant utilise pour combler sa maîtresse. Je l’amenai à désirer l’union, à la réclamer. Mes mains, mes doigts, ma bouche, ma langue caressèrent, chatouillèrent, creusèrent. Émilie se tordait de plaisir, roucoulait, s’ouvrait, m’appelait. Marcel l’avait mise en condition, sa vulve avait enregistré des signaux forts, ils avaient imprégné son cerveau et accéléré son temps de réponse aux stimuli. Et je les multipliai, ces fameux stimuli. Je stimulai par frottement des parois internes du vagin, je croquai un clitoris déjà énervé par la jambe du boucher, je stimulai la rose pastille, je mordillai la pointe des seins déjà durcie. Enfin j’accordai les cordes sensibles du violon miauleur: je la pénétrai, limai comme un fou, la tournai et retournai, la fis gémir, crier de plaisir.


Elle se donna, se servit. J’eus droit à des mots d’encouragements puis à des paroles flatteuses. Quelle chance elle avait de m’avoir épousé. Ce n’était pas le moment de cesser. Je redoublai d’efforts, chatouillai, défonçai. Une deuxième charge la fit délirer. Rarement elle s’était montrée aussi chaude, aussi assoiffée d’orgasme. Son vocabulaire m’étonna :



Je la connaissais plus réservée. Avait-il suffit d’un baiser sulfureux sur ce trottoir pour la transformer en furie sexuelle ? Avait-elle puisé dans le répertoire de films érotiques ou de revues pornographiques cette façon inhabituelle d’exiger sa satisfaction ? Marcel en était à ses débuts : elle avait dû lui communiquer son adresse. Ce ne pouvait pas être son langage. Était-il le premier ? Un autre avait-il enrichi son vocabulaire ? Et ce déchaînement, presque étonnant chez une femme pourtant loin d’être une sainte-nitouche, m’avait charmé avant de devenir effrayant par sa démesure. Repue, elle s’endormit bien vite. À qui rêvait-elle ?


Le matin elle me répéta combien elle m’aimait, me prépara mon petit déjeuner et m’expédia au travail, embrassé, caressé, câliné comme un époux de fraîche date. N’eût été ce que j’avais vu et entendu, je me serais félicité d’avoir éloigné le danger. Mon patron m’accorda un congé pour l’après-midi. Ma demande exceptionnelle tombait à un moment de moindre charge. Habituellement Émilie prenait un repas léger au salon de coiffure, pour conserver une ligne enviée de ses clientes. Je rentrai à la maison, vidai ma gamelle et attendis l’heure du rendez-vous


Émilie entre, monte à l’étage. Au bruit de ses talons sur le parquet, je suis ses déplacements. Elle s’attarde à la salle de bain, l’eau coule, un léger nuage de parfum de luxe descend vers la cave où je me terre. Sa présence à cette heure dans notre maison aurait de quoi surprendre en temps ordinaire. On sonne.



C’est le boucher qui parle. Il s’est arrêté au pied de l’escalier pour clamer son admiration.



Je mets ma main sur ma bouche pour ne pas éclater de rire.



Il gravit les marches trois par trois, s’arrête. Silence. Long silence. J’ouvre, je me penche: ils sont sur le palier, dans l’attitude où je les ai vus hier dans la rue. Il ne s’est pas déplacé pour parler littérature, il est déjà dans le vif du sujet. Bouquet dans une main, Émilie ne résiste pas à la pression du genou pressé de l‘ouvrir. Les cuisses s’écartent, le pied avance, le ventre se pousse contre la jambe. Quelle impatience !



Elle se dirige vers la cuisine, il la suit une main sur l’épaule, l’autre sur l’arrière-train dans un geste possessif. Émilie glousse, réclame un peu de patience.



Ils quittent la cuisine et entrent dans la chambre à coucher sans hésitation. Le temps est compté et l’envie est pressante. Ils se déshabillent en marchant, sèment leurs vêtements.



Elle doit avoir la bouche pleine, ne répond pas.



J’en apprends de belles sur ma femme! Il est des questions que je n’ai jamais posées. Marcel est direct, ça plaît aux femmes sans doute.



Après tout ce qu’elle a pris hier soir, elle repart au quart de tour. Ma parole, elle assure 7 sur 7 et 24 sur 24. Je suis près de la porte. Elle est tournée vers la fenêtre, il est collé à son dos et me présente ses fesses poilues. À grands coups de boutoir, il lui explose le sexe. Fesses en l’air, le vagin rempli par un gourdin que je ne vois pas ou presque, elle résiste aux chocs puis sa tête rejoint ses avant-bras sur le drap. Il est fort, violent, pressé. Elle s’accroche au drap, pince le matelas pour ne pas partir vers l’avant. Du bras gauche Marcel la maintient en place, de la main droite, il torture un sein ou écrase le clitoris.



Il souffle bruyamment. Les bruits des respirations se mêlent, de plus en plus forts, de plus en plus irréguliers.



Effectivement, elle en veut ! Certes, je ne suis pas aussi brutal. Trop de délicatesse est nuisible. Je vois ce qui lui manque, la leçon n’est pas perdue. Ce soir, je vais imiter son étalon !



Un rustre, je n’avais pas exagéré. Ça doit plaire à certaines femmes. À toutes ? Qui pourrait me renseigner, un sexologue ?



Et moi, je file. J’en sais assez. Mari cocu, mari déçu. Cinq années de mariage apparemment heureux viennent de voler en éclat. C’est triste, mais c’est la cruelle réalité. Malgré tout, je vais tenter de recoller les morceaux. Sans grand espoir de succès. Cette femelle enragée, mise en garde hier, vaut-elle la peine de verser des larmes. Le boucher, dans le feu de l’action, en connaisseur, l’a traitée de belle vache, de grosse cochonne. Elle n’a pas protesté. Sa conduite ne le lui permet pas.


Elle semble aimer les coups de boutoir et les flatteries de ce niveau. Cette révélation me chagrine presque plus que mon cocuage après autant d’années de vie commune. Je ne suis pas snob, mais il y a des limites. Cette femme respectable a perdu son charme. Je l’aimais belle, passionnée, douce, avenante, distinguée. Un braquemart l’a mise en folie. Si elle trouve plus gros, plus long et plus vigoureux, que deviendra-t-elle. Mais qu’elle n’espère pas me voir mourir de chagrin comme le mari de la bouchère. J’aime trop la vie. Elle m’a trahi, je la quitte sans regret. Depuis hier j’ai revu mon étoile.


L’un des clients de l’entreprise de sanitaire et chauffage cherche un locataire pour un appartement de type trois. Il accepte de me le louer à partir du premier officiellement. Je lui ai raconté mon infortune, il m’a consolé : « toutes des sal…, sauf ma mère ». Si je veux, je peux l’occuper dès demain. J’ai les clés.

Je me rends à la grande surface, passe à la caisse de Laure. Elle débauche à 17 heures. Nous nous arrêtons dans un bar.



Elle a vu l’appartement. Elle m’a embrassé chastement, comme jadis, est restée longtemps contre moi, s’est mise à pleurer comme une mioche, m’a ému aux larmes.



Nous sommes « chez nous », sans meubles. Le baiser debout nous enchante. C’est bien mon amour d’autrefois, je reconnais, sa salive, sa douceur. Elle est tendre, fond en bouche. Elle est plus en chair, mais son corps maintenant dénudé est émouvant et beau. Peu à peu nous retournons aux temps heureux de notre adolescence. Nous avons vécu, nous avons mûri, nous retrouvons nos rêves. Et nous les accomplissons. Le parquet reçoit nos corps. Laure m’accueille en elle avec infiniment de tendresse, je la possède en douceur, nos cœurs sont remplis d’allégresse. L’éjaculation nous surprend. Laure ne me repousse pas, je ne me retire pas : c’est un acte complet, plein d’amour, sans calcul, sans crainte : nous nous aimons, nous faisons l’amour, tout notre corps et tout notre cœur participent aux retrouvailles dans cette première grande fête des sens libérés. Émilie m’a rendu ma liberté sans le vouloir. Sa partie de jambes en l’air après l’affront public du baiser dans la rue a servi de déclic à mon audace. Je l’avais aimée sincèrement, elle a tout cassé. Cet amour est mort. Vive l’amour.


Je suis encore marié. Émilie est épuisée par le travail et veut se coucher sans regarder la télé. Je devrais comprendre. Mais je ne comprends pas. J’insiste, parce que, contrairement à elle, je sais que c’est la dernière fois. De la salle de bain au lit, je colle, j’attrape un sein, pince une fesse, passe une main entre les jambes. Elle aimerait résister; son vagin se souvient encore d’hier soir, dit-elle. Elle ne peut pas invoquer la copulation brutale de l’après-midi ! Je m’étonne :



Émilie rit de la mauvaise plaisanterie. Marcel a moins marqué ses mâchoires que ses muqueuses vaginales. Elle aimerait les préserver en vue de la rencontre prévue demain avec l‘amant viril pense-t-elle. Je dirais bestial, il se prétend taureau ! Elle se jette à pleine bouche sur mon membre. Heureusement que Laure n’a pas exagéré. S’il s’agit d’éviter une pénétration douloureuse en travaillant avec les lèvres et la langue, je réplique de la même façon, je suce et mordille longuement les abords, fais entrer deux doigts et les secoue vivement. Ça fait : switch, swouitch, suitch, swittt, ffuit. La mouille les entoure, produit ce bruit de glissement dans un liquide. Les fesses montent, retombent. Elle supplie, je suis sans pitié, mes doigts accélèrent, ma langue frotte, le clito rougit sous les suçons. Elle se tord, fait des bonds, s’effondre enfin emportée par un violent orgasme. Ça fait un moment qu’elle a lâché mon pénis, pour clamer son plaisir montant mais contrarié par ses excès du jour.



Elle peut toujours espérer !



Elle fronce ses sourcils si soigneusement dessinés.



Cette fois j’envoie trois doigts, de quoi la combler autant qu’un Marcel épanoui. Quand un bras fatigue, l’autre reprend l’activité, et le pouce inoccupé s’agite sur le clitoris de plus en plus sensible. Émilie supporte difficilement le déferlement de secousses et de caresses. D’une hanche à l’autre elle bondit, comme un poisson tiré de l’eau. Elle gémit, crie, supplie d’arrêter. Je choisis ces supplications pour la pénétrer une dernière fois. J’y mets toutes mes forces, la pénètre avec rage et crie comme Marcel.



Ses yeux s’arrondissent, mais un premier orgasme lui fait oublier la grossièreté ou le rapprochement possible avec elle, oublie avec qui, avec quoi. C’était sa dernière chance de comprendre que je savais.

Je ne suis plus moi, je suis déchaîné, hors de moi. Je martèle, martèle, martèle encore. Je dure, je force, je l’éreinte, je suis une machine, je suis un piston, je n’ai plus de cœur, je n’ai qu’un but, lui montrer que j’avais les ressources d’un Marcel, même si je lui avais montré plus de considération et de respect. Elle a préféré brutalité et grossièreté : j’en étais capable, elle le saura. Mais nos goûts et préférences divergent, je l’ai appris et j’en tire les conséquences.


Je laisse à Marcel l’enseignement sublime et délicat de la sodomie. À chacun sa spécialité. Émilie souffre de constipation chronique. Je sais, il n’est pas élégant de le révéler. Mais le détail a son importance. Marcel soignera un jour ses hémorroïdes s’il lui fait l’honneur de l’épouser. Qui casse paie ! Voilà les pensées qui m’habitent alors que je fournis un dernier effort. Et quand vient le spasme, je me cramponne, reste planté dans la chaleur de la gaine irritée et verse ma dernière contribution au fond de ce vagin auquel je fais mes adieux secrets. Elle n’a plus la force de protester, ni de courir au bidet. Peut-être gardera-t-elle de moi un souvenir vivant. Peut-être le doute sur l’origine de son enfant satisfera-t-il sa notion élastique de la fidélité conjugale. Marcel lui a promis une charge formidable. Je peux dormir. Demain sera une journée lourde de conséquences.


Je fais valoir mes droits à RTT. Mon patron veut en savoir plus. Il comprend que je n’aurai pas l’esprit au travail. On retardera un chantier. Maître Konsta, huissier de justice, consent à venir à mon domicile pour un constat d’adultère à midi trente.


J’ai utilisé un crédit pour acheter l’indispensable. Laure m’accompagne. Nous avons déménagé l’essentiel de ses papiers et ses vêtements pendant que Marcel travaillait en boucherie la viande de vache. J’annonce à Laure ce qui nous attend.



Aïe. Comment la rassurer ? J’aurais dû prévoir cette réaction.



Émilie est arrivée, Marcel la suit de près. Ils montent immédiatement. En silence nous sortons par le garage pour accueillir l’huissier. En sa compagnie nous entrons et avec précaution nous ouvrons la porte de communication.



Je crois ne pas être totalement étranger à son état. Et l’autre doit en tirer gloire.



Il va découper sa vache sur le billot !



Elle ne précise pas pourquoi. On ne dévoile pas ses petites infirmités du premier coup. Ça pourrait faire fuir le candidat.

Ils se dirigent vers la chambre à coucher. L’huissier fait signe d’attendre : il veut un constat bien ficelé, peu importe l’orifice, les prendre vraiment en flagrant délit, en pleine action, au moment où les coupables sont psychologiquement les plus fragiles.

Il va être servi. Le spectacle va avoir lieu.



Et va que je te pousse.

Le train est parti, il prend de la vitesse. C’est un express. La bielle s’emballe, Émilie fait le sifflet.

Le chauffeur charge le four et crie qu’il fait chaud. Émilie tire le signal d’alarme, mais le convoi lancé n’obéit pas à ses supplications. C’est un train fou.


L’huissier nous fait signe de le suivre. Difficile métier. L’habitude des interventions ne l’empêche pas de ressentir des émotions. Laure de l’index désigne la bosse de son pantalon et retient un fou rire.


Dans un cri de plaisir mêlé de douleur, Émilie s’envole, le coq pousse son cocorico et maître Konsta fait irruption en se présentant d’une voix de stentor. Marcel reste planté dans Émilie, freins bloqués. Laure hurle de colère feinte, insulte Marcel, envoie des claques de théâtre. L’huissier lui ordonne de se calmer. Je prends un air désolé. Enfin Marcel roule sur le dos, étendard dressé vers le lustre, gras de sperme. Émilie hébétée reste cuisses ouvertes tandis que se referme le trou noir de son sexe maculé. L’huissier officie. Sacré Marcel, c’est vrai qu’il est bien monté. Les petites lèvres toutes rouges s’en souviendront



L’huissier se marre. Laure aussi. Je joue au mari consterné, au cocu humilié, impuissant, désolé.



La présence de l’huissier a réveillé sa mémoire, elle mesure lentement les conséquences de la situation.

Marcel a signé et part en grommelant. C’est pas de sa faute si elles sont toutes folles de lui. Laure cache sa joie, l’huissier reluque la poitrine de la désolée.


Mon bonheur est ailleurs. Nous raccompagnons l’huissier jusqu’à sa voiture. Il bande le malheureux.


Une autre vie commence.