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Le miroir

Elle entre dans cette immense pièce vide… Elle visite cette maison en recherche d’un nouveau domicile, on lui a laissé les clés à l’agence. Elle a vu la grande cuisine claire et vaste, suivi un hall qui menait à cette chambre, conçue comme un salon, avec la place d’une cheminée et de grandes baies vitrées donnant sur le jardin…

Et puis elle voit ce miroir, immense et magnifique, bordé d’un cadre tarabiscoté doré, avec de petites moulures qui l’entourent finement. Fascinée par la beauté de ce cadre si original, elle s’approche. Le miroir est parfaitement propre, poli à l’extrême, il brille et reflète tous les détails de cette grande pièce.

Elle s’approche, ses pas résonnant sur le parquet poli…

Elle s’approche encore plus près, elle se regarde de tout près avec attention… Cette silhouette élancée, cette allure sauvage et farouche, ces yeux un peu mornes assombris par la tristesse, ces longs cheveux foncés, un peu emmêlés qui, mal coiffés, lui donnent un air perdu…

Perdue elle l’est , se dit-elle en suivant du doigt le dessin de son visage sur le miroir, en réfléchissant sur sa vie actuelle, ce manque de repères, plus de famille, de couple, de travail, il faut qu’elle se reconstruise… Un nouveau départ…

• — Oui, un nouveau départ ! dit-elle à voix haute…

Une ombre a bougé, dans le miroir, comme si quelque chose était derrière elle, elle se retourne : rien, ce devait être un changement de lumière reflété dans les fenêtres… Pourtant elles laissent passer une lumière normale, pas un nuage dans le ciel aujourd’hui. Elle se regarde à nouveau, scrutant cette femme qu’elle ne reconnaît plus, qui est-elle ? Est-elle belle avec cette bouche trop grande, ces yeux enfoncés, ce menton qui ne lui a jamais plu ? Elle regarde son corps, elle est prise d’une envie bizarre subite, elle se déshabille rapidement, se retrouvant nue devant le miroir… Elle se regarde, se retourne pour voir ses fesses, caresse son corps comme si elle le découvrait…

Elle sent un souffle dans son dos, comme s’il venait du miroir… Elle se retourne rapidement, elle y voit une onde vibrer, comme une vague frémissante… Étonnée, elle approche la main, qui s’enfonce comme dans de l’eau… Elle la ressort, l’examine parfaitement sèche, mais… plus belle, la peau comme rajeunie, vivifiée…

Elle approche du miroir l’autre main, l’y enfonce et la ressort avec la même impression, ses mains semblent nettement plus douces et soignées. Amusée, elle y enfonce une jambe, puis l’autre, les deux reviennent de son côté, affinées…

Elle est si tentée, elle aimerait oser, pourquoi ne pas passer tout son corps et devenir plus désirable, heureuse… Avoir un nouveau départ vers une vie plus satisfaisante… Elle se trémousse pour mettre un sein en contact du miroir ; elle rit toute seule de se voir ainsi cambrée les fesses en l’air, et son téton s’approche doucement du cadre, elle avance le torse, son sein disparaît dans cette eau mystérieuse et mouvante…

Elle sent une caresse, comme une bouche qui doucement a embrassé cette pointe de sein… Effrayée, elle le retire aussitôt. Elle se recule et regarde ce miroir étrange. Que se passe- t-il ? Quelle est cette magie surnaturelle ?

Elle tourne un peu dans la pièce, nue et impudique, elle n’a plus envie de ses habits qu’elle regarde à peine, elle est fascinée par ce miroir, elle ne peut résister à l’envie de sentir cette si douce sensation sur son sein…

Cela fait tellement longtemps qu’elle n’a pas ressenti un baiser si sensuel, si érotique… Elle revient au miroir, elle avance son sein avec tant d’élan que l’autre sein et tout son ventre passent dans le miroir… Elle s’arrête, s’appuyant au cadre pour ne pas tomber, elle sent aussitôt cette merveilleuse sensation, une bouche sur son sein, une main ou des mains sur son ventre, qui la caressent avec douceur et sensualité, explorant ses petits recoins, sa hanche qui frémit, descendant jusqu’à sa fine toison, l’effleurant pour y faire naître de petits frissonnements de plaisir, son pubis qui vibre de désirs, son antre qui devient liquide…

Elle joue à avancer ou reculer, elle devine un souffle chaud, des mains grandes et fortes, des lèvres brûlantes qui parcourent les parties de corps qu’elle laisse passer dans ce miroir magique… Elle devient mutine et se retourne, montrant ses fesses et les approchant par mouvements improvisés. Le plaisir devient intense, les mains sont habiles et exigeantes, elles investissent son antre et son étoile, elles massent ses fesses et caressent ses hanches en revenant entre ses cuisses, quel délice…

Elle devient chaude et brûlante, elle danse sur une musique imaginaire et se rapproche par saccades, parfois une main qu’elle sent prise et léchée dans une bouche avide, parfois un pied qu’elle sent caressé par des doigts agiles qui remontent jusqu’à sa vulve qu’ils effleurent ardemment, parfois sa croupe qu’elle sent empoignée…

Elle est très excitée, elle n’a plus peur, elle ose le suprême défi : passer dans le miroir sa bouche pour échanger un baiser merveilleux, torride et langoureux ; elle sent une langue vive et chaude brûler la sienne, des lèvres si douces, si fortes, des mains la tenir par la nuque, l’attirer… Elle se recule, effarouchée…

Elle regarde autour d’elle… Elle marche de nouveau dans la pièce, elle est dans un état émotionnel très perturbé, elle ne sait plus rien ; elle se regarde si belle tout à coup, ses cheveux ont pris de l’éclat, sa peau est satinée, son ventre paraît plus ferme, elle est femme et femelle, féminine et sexuelle…

Aimantée par ce miroir magique, elle se rapproche à nouveau, guettant les ondes concentriques qui l’animent… qui l’attirent… qui l’appellent…. Elle avance à pas prudents, elle tend les bras et les enfonce dans le miroir. Elle sent un corps d’homme, nu et puissant, qui l’attire à elle… Elle l’embrasse passionnément, quel bonheur de se sentir désirée, si passionnément aimée, elle donne, se donne, elle se libère, se lâche, relâche, s’abandonne…

Elle sent tout son corps contre elle, son sexe appuyé contre son pubis prêt à la pénétrer, doux et dur, elle frémit, gémit, sourit…

Elle s’appuie contre lui, il l’emmène dans son monde, fait de lumière et d’ondes, la portant pour mieux l’étreindre , avec force et tendresse, avec animalité et virilité, il l’embrasse, l’embrase et la couche, sur ce lit de sable, la gardant là auprès de lui, pour la faire jouir et mourir de plaisir, leurs bouches liées, leurs sexes réunis. Commence la danse éternelle et magique des opposés assemblés, d’un sexe dans son antre, du mélange des eaux et des peaux, des odeurs de plaisirs et du jouir.

De l’autre côté du miroir, ce grand miroir immense et magnifique, bordé d’un cadre tarabiscoté doré, avec de petites moulures qui l’entourent finement, posé contre le mur, devant lui sur le sol, gisent quelques vêtements, posés là, par terre, sans vie…