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n° 14176Fiche technique58174 caractères58174
Temps de lecture estimé : 33 mn
07/12/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Elisa, étudiante en 3e année de médecine, débute une histoire avec son chef de service sur fond de BDSM.
Critères:  fh hplusag jeunes profélève médical travail amour fsoumise hdomine lingerie fellation anulingus préservati pénétratio fsodo coprolalie sm attache fouetfesse piquepince -f+prof -fsoumisah
Auteur : Ponderosa            Envoi mini-message
Élisa

1er jour de service


Les gens passent et repassent et je suis à peine réveillée. Il y a du monde dans un hôpital, beaucoup de monde, et je suis petite au milieu de la foule. Un peu passe-partout, habillée brouillard, en gris, une écharpe me camouflant le bas du visage. Il fait si froid dehors, je me sens fragile, prête à éclater en mille morceaux comme un glaçon qu’on jetterait sur le sol. Pourtant je n’en ai pas l’air. Il fait aussi froid dans ma boîte crânienne que derrière ces portes coulissantes.


Après m’être frayée un chemin, j’atteins finalement l’escalier pour rejoindre le 2e étage et la radiologie. Les autres sont déjà là et le stress se fait sentir. Je sais que, comme moi, ils se demandent à quelle sauce ils vont être mangés. Le chef de service (Monsieur G.) vient à notre rencontre ; il est ponctuel, nous n’avons pas l’habitude. Il se présente, établit la répartition des groupes et garde trois étudiants dont je fais partie. Il nous demande nos prénoms (ça non plus nous n’avons pas l’habitude), et les retient. Une explication du déroulement du mois qui va suivre et une matinée à regarder une angiographie plus tard, nous sommes libres. Je me sens seule.




2e jour de service


J’arrive difficilement à m’extirper de la couette ; j’ai encore travaillé trop tard la veille. Machinalement, j’appuie sur le bouton de la cafetière et commence à me préparer. Le blizzard dehors me mine le moral et je ne sais par quel mécanisme je trouve le courage de sortir, prendre le volant et rouler vers le bas de la ville.


Une fois sur les lieux, je dois demander mon chemin pour retrouver la salle d’hier. Même programme que la veille, la semaine va être longue à ce rythme-là… Nous sommes derrière une vitre et nous attendons debout, toute la matinée, que quelque chose se passe (les opérations des radiologues nous sont trop éloignées pour distinguer quoi que ce soit, et quand bien même ce serait possible, ils n’ont pas le temps de répondre à nos questions). Le service est grand, et je n’ai pas aperçu le chef ce matin. Dommage, il avait l’air gentil.



11 h 26


Je ne me sens pas très bien. Avant de m’effondrer comme il m’arrive souvent, je me rends aux vestiaires et m’assois le temps que ça passe. Une des filles de mon groupe m’a suivie et me demande si tout va bien ; j’ai à peine le temps de répondre, M. G. entre et semble atterré de nous voir là :



Son ton est glaçant et je me demande s’il attend vraiment une réponse.



Ma camarade, visiblement pas à l’aise face aux conflits, a les larmes aux yeux.

Il me regarde.



Et il s’en va.


Je suis effarée. Pas même la possibilité d’un brin d’explication. Ce stage commence à me courir sur le système, et dieu sait s’il m’en faut pour m’énerver… Étrangement, la seule chose qui me vienne à l’esprit est pourquoi il a retenu mon prénom ? On ne retient jamais mon prénom. Nous terminons donc cette matinée à l’arrière-goût amer et rentrons chez nous. Je rumine tout l’après-midi, je revois ce que j’aurais pu lui dire, ce que j’aurais dû lui dire, et me résous finalement à oublier cet incident.




3e jour de service


Je préférerais me reconvertir en ce poulpe qui devine les futurs résultats de match de foot que d’y retourner. Forcément, cerise sur le gâteau (ou plutôt ventouse sur le céphalopode), à cause des grèves de transport, il y a un monde pas possible sur le trajet. J’hésite à sauter par la fenêtre de la voiture en route, puis arrive finalement au stage, comme une fleur, avec quarante minutes de retard. Pas le temps de mettre les sur-chaussures que déjà je suis convoquée (apparemment M. G., cet éminent médecin, n’a que ça à faire de ses journées).



À ces mots, je me mets à rire bêtement. Il me regarde, pantois. C’est nerveux, je ne peux pas m’en empêcher dans ces situations, surtout dans un tel concours de circonstances. Mais je ris plutôt pour son acharnement sur nous, étudiants, sur qui les personnes de son rang déploient tant d’énergie (inutile). Visiblement leur seul moyen de se défouler. Son regard s’obscurcit avant qu’il lance un claquant :



Sans broncher, je m’exécute. Sans rétorquer, je m’aplatis. Bien entendu, ce docteur est introuvable et je vois déjà la bulle apparaître sur mon carnet de stage. Redoublement. Repayer une année de loyer, ma famille qui ne comprendrait pas et les reproches qui fuseraient.


Heureusement, ledit personnage apparaît et c’est avec la voix flanchant que je m’adresse à lui. Une bonhomie apparente masque en fait son dédain le plus profond pour les autres, je le sais parce qu’après avoir esquissé un sourire, il regarde mon statut sur ma blouse et se reprend. Je lui tends le mot.



Demi-tour, me voilà repartie pour cinq minutes de marche à travers le service. Et évidemment, M. G. n’est plus dans son bureau. Je décide donc d’aller en salle, où je retrouve Mylène et… lui, derrière la vitre, en train de poser une voie veineuse. Il me regarde. Une fois, deux fois… je m’avance donc et lui transmets l’information.



Bon, ce n’est pas que je suis une petite-nature, mais à ce moment-là, j’ai du mal à réprimer mes larmes. Un grand souffle, et je pense à autre chose…


La matinée est terminée. Il y a eu un problème avec le patient, deux heures de plus ont été nécessaires. J’ai faim et je recommence à avoir la tête qui tourne. Munie de mes dernières forces, je retourne à son bureau pour enfin lui apporter la réponse qu’il attendait. J’ose lui demander si tout s’est bien fini lors de cette dernière opération. À ma grande surprise, il a l’air touché que je m’y intéresse.



Pas le temps d’acquiescer que je me retrouve étalée de tout mon long (dans d’autres circonstances, j’aurais beaucoup rigolé si quelqu’un avait eu la présence d’esprit de dire « un médecin, vite ! »). Je lui explique comme je peux que c’est juste un malaise vagal ; il me relève les jambes, me fait asseoir un peu après et me propose un sucre. Il me regarde reprendre des couleurs et sourit :



Ça le fait rire cette fois-ci. Je vois les points remonter sur mon carnet, je devrais utiliser cette astuce plus souvent à l’avenir. Il s’approche, s’agenouille devant moi et prend mon pouls. Et là, chose que je ne m’explique pas, il pose sa main sur mon genou et fait jouer son pouce. Il a l’air de réfléchir, je ne lui fais pas noter le geste. Puis il se relève et retourne à son bureau.





4e jour de service 1er jour sans y aller à reculons


Je pense toute la matinée à ce lit qui m’attend et m’imagine me vautrer dedans, quitte à rentrer en hibernation jusqu’à Pâques.



10 h 45 – même lieu, mêmes protagonistes.


Mes jambes ne me tiennent plus et je cours donc vers le Graal des étudiants (un lit de camping, oui, juste ça). Les jambes en l’air contre le mur, je me remets en tête la scène d’hier. Les éléments s’imbriquent et je me mets à penser que peut-être je plais à cet homme… pourtant ça ne colle pas. Il a la quarantaine, un physique commun avec toutefois un certain charme, il est médecin, sûrement marié, bien qu’il n’ait pas d’alliance (peut-être la retire-t-il pendant son service). Je ne vois pas ce qu’il pourrait me trouver, je ne suis pas la plus jolie et j’ai l’âge d’être la baby-sitter de ses enfants.


Certaines fantasment sur les hommes plus âgés, le côté rassurant… mais ça n’a jamais été mon cas. Pourtant, l’idée d’avoir une aventure qui ne doit en aucun cas se savoir me trotte dans la tête. Jamais je ne le ferais, mais là, sur ce lit… J’ai envie. Toujours les jambes en l’air, j’en profite donc pour m’adonner à mon plaisir favori… la porte est fermée, le lit ne se voit pas de l’entrée et j’ai quelque temps devant moi (je n’ai parfois besoin que de deux minutes). Les yeux clos, je l’imagine là, devant moi, plein d’envie, une main enserrant mon cou pendant qu’il mobiliserait toute son énergie dans ses baisers. Pas des baisers d’ailleurs, mais plutôt une pulsion animale. Des crocs qui se referment sur moi comme une bête féroce dévorerait sa proie. Il me tirerait les cheveux pour mieux atteindre ma…


Un bruit.


Je me retourne d’une vitesse fulgurante. Je suis cette antilope qui déploie tous ses sens pour percevoir où se cache le tigre. Là en l’occurrence, le tigre est en face de moi, et il n’a pas l’air de plaisanter. Si je pouvais mettre en pause cette scène, j’éclaterais de rire, appellerais toutes mes amies pour leur raconter et appuierais sur play pour affronter plus détendue la sentence. Mais mon monde n’étant pas franchement compatible avec la réalité, je dois me prendre de plein fouet ce que j’imagine être la plus humiliante des situations.



Mes sangs sont tellement glacés que je ne comprends même pas ce qui est en train de se passer. J’ai à peine eu le temps de sortir ma main du pantalon.



Tiens, le temps passe plus vite quand on est en extase.



En rentrant le soir, je pense aux possibilités qui auraient pu se produire. J’ai peut-être manqué quelque chose de fort, mais je me vois mal dans ce rôle de stagiaire lubrique. J’ai toujours fait ça avec des personnes que j’aimais, le dernier m’a d’ailleurs laissé des marques et les mois qui ont suivis n’ont pas été très roses (je suis encore en période de « deuil »), alors me laisser tenter par mon supérieur… non, ce n’est vraiment pas mon genre.




5e jour – Qu’est-ce qui est mon genre après tout ?


Devant la glace ce matin, une seule idée m’anime : retrouver des forces et tourner la page. D’ailleurs le temps a l’air de partager mon avis, le soleil s’est paré de ses plus beaux atours pour charmer la ville. Je la vois d’une autre façon, les toits racontent des histoires et je me plais à les deviner. Chaque appartement recouvre son secret, et le mien s’est soudain chargé du sien. Plus de temps à perdre, je m’habille… Changeons un peu les habitudes et sortons les vêtements de « grandes occasions » (c’est-à-dire qui ne voient jamais le jour). Chemise rayée verte qui me va très bien au teint, pantalon noir, boucles d’oreille, maquillage. J’ai presque oublié l’usage du mascara…


Devant sa porte, je prends une grande inspiration et décide de, pour une fois, évoluer sans filet. Je frappe, il me fait entrer.



Sa remarque, tranchante, paradoxalement m’enivre. Une parole de moi aurait été superflue, j’avance donc vers lui d’un pas décidé. Il a compris.



Il se lève, plante ses yeux dans les miens, et vient m’immobiliser d’une main les poignets derrière le dos. Il avance son visage et se place au niveau de ma nuque. Je l’entends à peine murmurer.



Je déglutis, ses paroles ont un effet dévastateur sur moi. Je sens mes jambes se dérober et je n’ai qu’une envie : qu’il ne cesse de me susurrer de telles paroles. Je ferme les yeux et penche la tête sur le côté, lascivement, sans me rendre compte que mon esprit a quitté mon corps depuis déjà un certain temps. Il en profite pour poser ses lèvres sur ma peau complètement offerte à lui. Il reste ainsi, la bouche entr’ouverte, la langue à peine sortie. Il la déplace le long de mon cou et en profite pour me mordiller légèrement… puis me dévorer carrément.


Mes jambes cèdent sous le poids du désir et il retient ma chute, l’accompagnant pour se retrouver à genoux avec moi. Sa main libre passe dans mes cheveux. Je le sens agripper les racines tandis qu’il continue ses morsures, sur mes oreilles, mes joues, mes lèvres… Il se sert de cette prise pour guider ma tête du côté opposé à ses baisers, la faisant ainsi tourner à sa guise pour mieux pouvoir se repaître de ma chair. Son emprise est totale et je suis au bord de la perte de connaissance.


Il stoppe net. Je l’entends se relever et bouger sa chaise.



Il ne fallait pas me le dire deux fois, je place ma main et reprends, comme hier. Il se lève, déboutonne mon pantalon et me l’ôte. Je sais qu’il est resté à côté et qu’il regarde la scène attentivement.


Instinctivement, j’ai fait le choix d’une petite culotte avec des fleurs dessus… je suppose qu’il apprécie. J’écarte les jambes et me laisse complètement aller. La caresse de mon clitoris devant ce presque inconnu ne met pas longtemps à avoir raison de moi, je suis sur le point de jouir. Je ressors ma main, me calme pendant qu’il s’approche et ouvre petit à petit mon chemisier. De ses deux mains, il découvre en grand mon buste. Il attend quelques minutes comme ça, à m’observer reprendre petit à petit le rythme sous le fin tissu, les yeux toujours fermés.


Du bout de ses doigts, il baisse mon soutien-gorge pour mettre à nu mon sein droit. Il mouille son majeur et fait le tour de mon téton dressé, délicatement, puis joue avec pour m’entendre gémir encore plus. Je refais une pause, ouvre les yeux et débarque enfin. Il palpe maintenant à pleine main l’objet de son désir, je le regarde faire et ça a l’air de lui plaire. Sa bouche investit la mienne avant de tourner sa langue autour de mes bouts de chair brûlants. La caresse qu’il prodigue à mes seins est des plus sensuelles, et c’est moi qui prends l’initiative de libérer l’autre trop longtemps contenu dans son enveloppe. M. G. me saisit le poignet fortement, et d’une façon un peu brutale, me retourne sur la moquette. Son autre main descend ma culotte. Une claque retentit. Je n’ai pu me retenir de gémir, et une deuxième tombe, encore plus violente que la précédente, je réprime un cri.



Il m’aide à me relever, me somme de ne pas remonter mon sous-vêtement, et me prend sur ses genoux alors qu’il s’assied sur le lit. Mes fesses lui sont offertes, et je devine qu’il n’en perd pas une miette. Les claques laissent bientôt la place à des caresses ; d’abord très fermes, elles se font plus douces et plus précises. Il en profite pour me les mordiller. Une dernière fessée et il les prend maintenant à pleines mains dans le but de les écarter… Je suis une fontaine, j’ai bien peur d’avoir taché son jean, et le doigt qu’il introduit dans mon intimité glisse comme dans du beurre. Il le ressort, puis le rentre encore plus profondément… mes gémissements semblent l’exciter.


Il me tire soudain les cheveux et me force à ouvrir la bouche pour sucer son doigt, c’est la première fois que je me goûte ainsi. Une autre claque avant de lancer :



Et de m’écarter à nouveau les fesses. Je sais ce qui m’attend ; il utilise son majeur pour lubrifier mon petit trou. Ces cercles qu’il impose autour me font gémir de plus belle, mais pas autant que lorsqu’il le rentre petit à petit.



Sur ces mots, j’explose. La décharge orgasmique me fait tomber à terre, je n’ai jamais joui aussi intensément. Il le remarque et sourit tout en me caressant le dos. Je frissonne sous ses doigts et sous ses ongles lorsqu’il me griffe légèrement, la caresse prodiguée est délicieuse… Il vient alors s’allonger sur moi, d’un genou m’écartant les jambes pour placer son sexe contre le mien. Je le sens grandir sous le jean, ce qui ne tarde pas à me redonner envie.


J’ai tellement hâte qu’il me prenne que je me déhanche pour augmenter son excitation. Je pense à la scène qui est en train de se dérouler et la trouve carrément vulgaire, moi de vingt ans sa cadette, la culotte baissée, ondulant sous cet homme qui affectionne tant les fessées. Il place mes deux mains paume contre terre, et commence un lent va-et-vient. D’abord superficiel, il ne tarde pas à prendre de l’ampleur pour mimer parfaitement le coït. N’y tenant plus, il se relève, part chercher un préservatif et revient se positionner au-dessus de mes fesses. L’angle n’est pas assez ouvert à son goût, retenu par la culotte qu’il se hâte d’enlever pour en faire un bâillon idéal. Il prend soin d’humidifier encore ces fesses qu’il va prendre, en se servant de sa queue pour étaler mes sécrétions. Il s’empare de mes cheveux pour s’enfoncer profondément, lâchant un râle de plaisir.



Ses gestes ne suivent pourtant pas ses mots et c’est avec la plus grande douceur qu’il entame une longue série de coups de reins. J’ai toujours apprécié la sodomie et j’ai la chance d’avoir en face de moi (ou plutôt en moi) un adversaire redoutable. Il n’hésite pas à accompagner sa pénétration de morsures légères à la nuque, redoublant ainsi chez moi la fréquence des frissons et des gémissements amortis par le tissu.


La séance d’échauffement étant terminée et me devinant assez préparée, je me fais maintenant démonter le cul. Cette soumission est tellement intense, tellement aboutie, que j’en oublie le lieu, les circonstances, les personnages ; je ne suis plus que son objet rempli de désirs. Il s’acharne sur moi en y allant de plus en plus fort, agrémentant la chose de quelques claques bien placées. Je libère ma main gauche et la glisse sous mon ventre pour me caresser.



Et de concert, nous partons dans une délivrance des plus violentes.


Je ne me rappelle plus ce qui s’est passé ensuite, peut-être sommes-nous restés là quelques instants, à profiter tout simplement. Les secondes ont sans doute été des minutes, toujours est-il que seul le tintement des cloches de l’église nous a renseignés de l’heure qu’il pouvait être. Après cette période de flottement, nous avons repris nos esprits et je sais qu’il est longtemps resté sur moi à me caresser les cheveux, le dos, les cuisses… Ses baisers ont parcouru mon corps et je n’ai pas cherché à retenir mes gémissements de bonheur.



Son sourire rayonnant traduisait un plaisir manifeste.



Je fondais sous son charme et aimais voir que la complicité se poursuivait après les ébats. Un clin d’œil et des tonnes de baisers plus tard, nous voilà rhabillés et prêts à nous quitter. Il me prend une dernière fois dans ses bras, dépose ses douces lèvres sur mon front et me libère. J’esquisse un sourire dans le couloir en partant.




Samedi – Dans le train


Levée aux aurores et excitée de rentrer enfin à la maison, retrouver mon lit douillet et surtout, surtout, ne plus être réveillée en pleine nuit par des soûlauds qui braillent des chansons paillardes sous mes fenêtres. Je suis de bonne humeur et ça se voit, le type en face ne me quitte pas des yeux depuis le début du trajet. Il me sourit même. Je le sens hésiter lorsque le train marque l’arrêt de la prochaine ville, puis il descend, peut-être sans avoir eu le courage de me parler.


Remettant mes écouteurs, je choisis des chansons entraînantes et me remémore la journée d’hier. Des images obscènes me parviennent comme un boumerang. La voix orgasmique de Trent Reznor confère à mes indécentes pensées une nouvelle dimension ; je me sens bouillir, j’ai envie de savourer cette passion jusqu’à l’ivresse. Dans cette douce rêverie, je me projette dans son bureau dans les tenues les plus excitantes. Pas nécessairement en jupe courte et talons hauts, je privilégierais plutôt la suggestion que le déballage vulgaire de la marchandise ; il ne s’agit pas de Rungis. Une jupe au-dessous des genoux et un petit chemisier, des bas, un joli soutien-gorge dentelle aux lacets bleus, et ce que je considère comme le summum de l’érotique : une absence de culotte, string ou autre tanga qui laisse présager une étreinte sauvage au détour d’un couloir.


La coupure de son du mp3 indiquant la fin de la batterie me ramène à des préoccupations plus prosaïques ; le train vient d’entrer en gare. Je prends mes bagages et me fais accueillir comme tous les week-ends par mon frère adoré. Nous rentrons à la maison et c’est avec joie que je retrouve le cocon familial. Mon père est aux fourneaux, mon autre frère râle devant la télé et le chat regarde le hamster couiner. J’adore cette ambiance…


La fin de semaine se déroule ainsi, paisiblement, je révise les derniers cours et me fais charrier par les deux grands benêts. À table, ils accordent (pour une fois) leur violon et conviennent du fait que j’ai l’air changée. « Plus rayonnante », « moins bougonnante ». S’ils savaient…




Dimanche – Fin d’après-midi


L’heure du départ a sonné. L’aîné décide de me raccompagner pour m’éviter le train, je sens que quelque chose se mijote (il préfère toujours geeker que de mettre un poil d’orteil dehors).



Mon studio semble bien triste sans cette agitation que j’affectionne tant. La soirée se déroule lentement avec un petit film, mais toutes mes pensées sont rassemblées autour de la journée du lendemain…




6e jour


Comme prévu, je monte d’un cran dans la séduction et enfile de jolis bas ourlés de dentelle, une jupe sage qu’on aime relever pour découvrir des fesses dans un shorty noir galbant parfaitement la silhouette. Il va faire très froid dehors mais j’accepte de subir ce temps hostile si ça peut me rendre plus agréable à ses yeux…


Je salue tout le personnel en entrant en salle et rejoins mes amies. Un arc électrique me parcourt l’échine lorsqu’il fait son apparition. Je le vois tout à coup sous un autre jour ; lui qui semblait si distant, si caustique, se révèle être un beau mélange de poigne sur un fond de douceur. Par poigne, j’entends domination sexuelle… cette idée me fait frissonner… Il jette un coup d’œil sur l’ensemble des personnes réunies (c’est-à-dire une dizaine) et s’arrête le temps d’un battement de cil sur moi. La scène semble suspendue et un regard de connivence s’établit. Ça y est, j’ai envie de lui…


Ce matin pourtant, pas le temps de chômer, mon médecin satyre ne peut se permettre une escapade charnelle avec l’étudiante. Je dois patienter jusqu’au déjeuner pour lui rendre visite, quitte à voir mes amies partir bien avant moi. Je fais mine de les suivre et pénètre dans son bureau. Je n’ai encore jamais eu l’occasion de l’explorer ; je profite donc de cet instant pour remarquer qu’il n’y a aucun cadre avec une potentielle photo de sa femme, ce qui pour être honnête, me réjouit sacrément. Soudain, une main m’agrippe la taille. Cet homme évolue décidemment à pas de loup.



Il me passe devant, se baisse et tire de son sac à dos… un collier. J’ai déjà vu ce genre de « parure », c’est un accessoire de soumission, un collier de chien. Il y a même un anneau pour y accrocher une laisse.



Je relève alors mes cheveux tandis qu’il fait de moi sa soumise, tel un adoubement… Il y accroche une laisse, d’ailleurs plus un joli bout de tissu, et baisse son pantalon. Son sexe est déjà à moitié tendu et, fidèle à mon rôle, je détourne le regard et me tiens sagement là, jusqu’à nouvel ordre. Il semble apprécier la situation et ne presse pas les choses, contemplant sûrement son nouveau jouet. Au bout d’un moment, il tire quand même sur la laisse, me prie de relever la tête et dépose son membre sur mes lèvres. Je n’ouvre pas la bouche le laissant ainsi parcourir son contour, et pose mon regard droit dans le sien.



Toujours plongée dans ses pupilles, je n’esquisse pas le moindre mouvement. La perspective d’une punition me rend folle.



J’affronte une nouvelle fois son regard sans ciller. Ma rebuffade ne l’amuse plus et il me serre à présent le nez. Si je ne veux pas suffoquer, j’ai plutôt intérêt à coopérer. Prenant une grande inspiration, il tire de plus belle sur la laisse et enfonce son sexe jusqu’à la garde. Je suis étonnée de ne sentir aucune nausée, ce doit être grâce à l’apnée. Il ressort et je m’apprête alors à prodiguer une fellation appliquée. Ma langue joue avec son gland, tourne autour dans le plus doux des ballets, salive de déguster cette chair si tendre et si sensible. Il me caresse les cheveux en guise de contentement. Je quitte cette partie pour le prendre entièrement en bouche, le sucer avidement jusqu’à en être rassasiée. Ce moment n’arrive bien entendu jamais.


Je suis là, à genoux, mains dans le dos, à satisfaire cet homme. Il m’arrête, arrache plus que déboutonne mon chemisier et me met les seins à l’air avant de planter à nouveau sa queue au fond de ma gorge. Ne tenant plus vraiment, il attrape mes cheveux et me baise littéralement la bouche. Ce que j’aime ça… Il finit par sortir pour terminer de se branler au-dessus de ma langue. Le clapotis rapide que fait sa bite sur moi est un de mes bruits favoris. Penchant sa tête en arrière, je le sens se crisper pour finalement déverser des grandes giclées de sperme. Il se renfonce, m’obligeant ainsi à avaler la quantité importante de semence. Je nettoie son sexe luisant et lui remonte le jean. Il se met à rire, un rire de bonheur post-coïtal.


Je partage ce moment en le regardant tendrement dans les yeux, il se met à ma hauteur et couvre mon visage de baisers. Ceux sur le bout du nez sont les plus mignons, sur le front les plus protecteurs, et sur les lèvres… les meilleurs. Il se relève et éclate de rire quand il voit que je suis complètement bloquée à terre, mes jambes étant bien trop engourdies pour aller où que ce fût.



Sa proposition me remplit de joie et j’accepte avec grand plaisir sa demande, avec déjà la hâte que cette journée touche à sa fin…



Aux alentours de 17 h


Après avoir sérieusement rangé ce qu’on pourrait appeler communément un appartement mais qui ces derniers jours ressemblait plus à un bordel en sortie d’autoroute (manquait plus que la lanterne rouge au portillon), je sors les dernières armes en choisissant une robe simple, généralement appréciée pour sa finesse dévoilant les formes. Une natte, un peu de parfum, et je suis prête à recevoir mon bel invité. Il est ponctuel et apporte même une petite surprise : des chocolats et… du coca. Je le regarde d’un air interrogateur, me disant en mon for intérieur qu’il est bien loin des hommes dans les films qui offrent une bouteille de vin. Il a deviné mon désarroi :



Je lui assène un coup sur l’épaule et le traite de canaille. Nous avons déjà mangé chacun de notre côté et n’avons plus qu’à nous allonger sur le lit. Il a apporté un vieux film avec Tony Curtis ; ne connaissant pas cet acteur, il me prend dans ses bras et m’explique longuement pourquoi il en est fan. Je bois ses dires comme paroles d’Évangile. Il sent bon et son étreinte est rassurante, je me laisse aller et pense que oui, peut-être, je commence à tomber amoureuse. Je reste en admiration devant son si joli sourire, et ce regard amusant. Il ne tarde pas à le remarquer et nous nous embrassons, laissant Tony seul à son script.


Je me place à califourchon sur ses genoux et possède pour la première fois les rênes de la situation. Je peux à loisir lui caresser les cheveux, profiter de ses lèvres, les lécher, les mordiller, passer à son cou. La douceur de la robe ne le laisse pas indifférent et il fait ainsi jouer ses mains sur tout mon corps. Je resserre mes jambes autour de sa taille, ressentant alors les moindres reliefs de son pantalon à travers la culotte. Mon excitation grandit et je commence à onduler du bassin : mon sang bouillonne et j’aimerais qu’il relève encore plus ma robe pour déclarer l’assaut. J’aimerais qu’il me retourne et fasse tomber sa main sur moi, comme la première fois. J’aimerais qu’il me reprenne sauvagement…


Ma fougue semble trouver son interlocuteur : il défait les lacets de ma robe, dégageant ainsi ma poitrine. Nous respirons fort, la tension sexuelle est à son maximum ; plus question de se retenir de quoi que ce soit, nous ne sommes plus à l’hôpital. Pourtant, nous tâtonnons, prenons notre temps pour nous délecter de chaque nanoseconde qui s’écoule. Il embrasse mon décolleté, mes seins à travers la dentelle bleue, semble mordre la peau mais sans vraiment y planter les crocs. Je le regarde faire, hypnotisée. Il dénude mes épaules, enlève les bretelles pour enfin accéder à ma zone la plus érogène. Ma poitrine est à l’air, il me palpe longtemps, mimant un trajet entre mon cou et mon ventre.


Je raffole de ses mains expertes qui mettent mes sens en émoi, je lui prends alors la nuque et dirige sa bouche contre mon sein. Il ne tarde pas à sortir la langue pour déguster mon téton dressé et en arrive même jusqu’à la mâchouiller, à le téter. Ma tête bascule en arrière, mes mouvements de bassin s’amplifient. J’arrête la scène pour m’allonger sur ses cuisses, réclamant ouvertement une bonne fessée. Il descend ma culotte, je suis déjà trempée, mais ne me la met pas dans la bouche cette fois-ci. Il écarte, triture, claque la chair, je gémis.



Il dit ça juste pour m’attiser encore plus, il sait combien ses mots font effet.



J’en frissonne. J’ai longtemps réfléchis à ce que pouvait être ce dont il parlait la dernière fois, destiné à me punir. Il se lève et saisit l’objet. Je grince des dents. À genoux, la poitrine découverte, il me suce à nouveau les tétons pour les faire pointer et ainsi mieux faire tenir les pinces. Il me lance une œillade, semblant en pleine réflexion, et resserre l’étau par la mollette. Une décharge électrique m’anime lorsqu’il les referme sur moi, c’est douloureux, ça m’en tirerait presque une larme et pourtant, je me sens encore plus désirable. Il me prend par la nuque et m’embrasse à pleine bouche.


Le mal s’arrête étrangement, sûrement parce que je m’habitue aux sévices. Je prends sa tête entre mes mains. Son côté dominateur prend alors le dessus et avec toute sa poigne il m’agrippe les mains dans le dos en me jetant à quatre pattes. Après m’avoir copieusement fessée, il sort son sexe et je le sens se masturber entre mes lèvres, ce qui, de fil en aiguille, me masturbe aussi… Je n’ai jamais été autant enfiévrée, je mouille abondamment et suppose même que ça coule le long de mes cuisses. Le temps de prendre son temps est révolu, et je comprends par son changement de cible qu’il va me sodomiser. Cette fois-ci, il force un peu l’entrée, ce qui m’arrache un petit cri.



Je suspends ma respiration et laisse les sensations d’introduction forcée se muer en plaisir. Il crache à l’entrée, s’en lubrifie le sexe et s’enfonce. Il s’aide de quelques va-et-vient pour disparaître totalement pendant que je me caresse frénétiquement. Ayant passé le stade douloureux, je commence à en demander plus. Je m’empale alors seule sur sa queue, d’abord lentement puis, sous l’effet de la surexcitation, bouge à m’en défoncer le cul. Lui, il m’attrape la main libre pour la mettre dans mon dos et ainsi avoir une prise. Il accélère la cadence :



Il agrémente ses paroles de petites claques, de tirages de cheveux… Il enfourne son doigt dans ma bouche et j’ai l’impression d’être la dernière des catins. Adorable sensation. Je m’étale sur le lit pendant qu’il s’affaire à me remplir. Les coups de reins se font plus rapprochés et il se sert de la couette pour étouffer un long râle de jouissance. Quant à moi il y a longtemps que j’ai joui, plusieurs fois même. Il reste comme ça, allongé sur moi à me câliner les cheveux. Il prend mes mains dans les siennes et dépose des baisers là où il y a un coin de peau. Millimètre par millimètre, il recouvre ainsi mon corps encore tout tremblant. Il se retire, nous passons à la douche et nous mettons sous les draps.



Je m’exécute et me blottit contre lui. Après un long câlin, le sommeil finit par avoir raison de nous et nous nous endormons là, serrés l’un contre l’autre.




Les jours de stage qui suivirent ressemblèrent aux précédents, ponctués cependant d’épisodes chargés en énergie sexuelle dévastatrice. Nous ne repassâmes pas de nuit ensemble mais je venais souvent le voir dans son bureau en fin de soirée, comblant notre désir contenu de la journée. Il m’invita deux fois au restaurant et je fus ravie de voir que nous nous entendions à merveille, sur tous les plans. Un mois se déroula ainsi, un mois d’observation que je redoutais tant au départ. J’eus la même note que mes camarades sur mon carnet.


J’abordais le stage suivant avec beaucoup moins d’appréhension, et me rendais, à l’occasion, dans son service le matin pour lui prodiguer quelques caresses envoûtantes. Je sentais qu’il s’attachait de plus en plus à moi, ce qui était, bien entendu, réciproque. Il ne cessait de m’appeler par des noms gentils et quelques fois nous restions juste dans les bras l’un de l’autre, sans aucun débordement. Il m’avait fait sienne par le collier et je ne voulais plus répondre à d’autre ordre que le sien. Un soir où il avait fini tard, je l’attendais sur ce fameux petit lit, en sous-vêtements.



Nous avons alors fait l’amour tendrement, sans écart d’agressivité. Je prenais à présent la pilule, surpassant ainsi la barrière du préservatif.



Il sortit une photo de sa poche, d’un adorable petit chalet.





1er jour, à l’aube d’une nouvelle relation – Dans la voiture



Je me sens vraiment bien avec cet homme, il a de l’humour, il est tendre mais sait se montrer autoritaire aux moments propices. Nous arrivons dans cette petite ville de montagne, pittoresque, chaleureuse, mais je clame quand même mon mécontentement en voyant la station de ski, dénaturant complètement le paysage. Ces bungalows de proximité, dans le style des années 70, me font penser à ces vieux films d’horreur où le tueur choisissait toujours un groupe d’étudiants reclus dans une de ces cabanes. J’essaie d’ôter comme je peux cette vision de tête dans le frigo alors que M. G. emprunte un petit sentier éloigné de tous ces parasites. Au bout, dans la neige, le chalet de la photo. Je m’attends à voir débarquer Bambi et Pan-Pan sur une chanson de Blanche-Neige. Cette gourdasse aux oiseaux qui gazouillent n’apparaissant pas, nous entrons.


Il fait chaud, il y a déjà des bûches dans la cheminée et le lit de la chambre est de taille monumentale. Il invite même à la débauche. Nous prenons un chocolat chaud et il m’invite à me mettre à l’aise. Je sors une nuisette que j’ai achetée, la revêts et attends ses prochaines injonctions. Des notes de musique retentissent… ça sent mauvais.



Oulah ! Je vois une vague de panique déferler sur moi. Ma façon de danser peut s’assimiler aux gesticulations d’un chat venant de se faire coincer la queue dans la portière.



Plus moyen de reculer. Le tout est de ne pas faire de gestes trop brusques, il ne s’agirait pas de casser un vase ou de mettre mon poing dans l’œil de mon partenaire, comme la dernière fois. Je me lance… La musique s’y prête bien, assez rythmée tout en étant langoureuse. Je me déhanche petit à petit, faisant attention à ne pas m’y prendre trop mal. Je détache mes cheveux, joue avec, les fais voler, l’effet a l’air d’opérer. Je le fixe, l’air mutin, et me risque même à une pirouette. Aucun mort n’est à déplorer, je m’en sors plutôt bien. La chanson se termine, tout s’est passé comme papa dans maman (ouf) ; je le rejoins pour un enlacement dans les règles de l’art. Nous quittons le salon pour la chambre où il m’allonge sur le lit. Il relève ma nuisette.



Il me place sur le ventre et attache mes mains aux barreaux. Il se sert d’un coussin pour me relever le bassin, et j’écarte les jambes de manière ostentatoire. Il observe le tableau (je ne le vois pas) puis part chercher quelque chose. Je redoute la suite. Tous mes muscles se contractent lorsque j’entends comme un coup de fouet dans l’air.


À ce moment-là, je ne sais s’il s’agit d’une badine, d’un martinet, ou d’une cravache, mais quel qu’en soit l’outil, j’en crains l’usage. Très vite, je comprends qu’il va s’y prendre avec précaution, mettant le temps qu’il faudra pour m’habituer au nouveau jouet. Il débute la séance par une légère tape sur les fesses, première d’une longue série. Il alterne petites claques et empoignades sauvages, et dégaine enfin l’objet. Je crois qu’il s’agit d’un martinet. Ses essais sont gentils, ne font pas mal, et c’en est limite agréable.


Soudain, un coup plus fort retentit. Je hurle sous l’effet de la surprise et, il faut le dire, de la douleur. Il baisse alors un peu en intensité et réitère le geste. Il grogne des insultes qui ont raison de moi, je le sens s’embraser. Au bout d’un moment, je deviens insensible aux coups de fouet, hors ceux qu’il assène plus fortement. Il arrête à temps, avant que je n’aie vraiment mal et enchaîne par de douces caresses et quelques morsures. Il me lèche certaines parcelles, je me tortille sous la chatouille, puis, avec délice, il aventure sa langue à l’orée de mon petit trou. La sensation me surprend, c’est en fait divinement agréable ! Moi qui avais toujours refusé de le recevoir ou de le dispenser… me voilà conquise. Il offre à cet endroit la plus délicieuse des caresses, tour à tour léchant, lapant, suçotant, croquant le fruit interdit. Il n’hésite pas à accompagner l’acte par un ou deux doigts dans mon intimité trempée.



Il délaisse un peu cette tanière pour aller s’occuper de mon clitoris, arrêtant l’exploration pour libérer sa langue et me raconter des choses obscènes. Il sait que j’en perds mes moyens.



Un troisième doigt rejoint ses congénères, je ne réponds plus de rien.



Un quatrième doigt me pénètre alors. C’est un peu douloureux mais avec la lubrification exagérée de l’antre, il rentre sans problème.



Il me détache et je dois m’y prendre avec une extrême douceur si je ne veux pas partir trop vite. Les scènes qui suivent s’enchevêtrent mais possèdent le même fil conducteur : l’assouvissement d’un besoin bestial. Il me baise la bouche, se branle au-dessus de mon visage, entre mes seins, investit un peu ma chatte avant de s’allonger pour la recevoir, dégoulinante. Je suis à califourchon sur lui, rythmant le cunnilingus de mes mouvements de bassin. Je me frotte carrément sur lui, au bord de la jouissance. C’est en levrette qu’il me défonce une dernière fois avant d’exploser en cœur, éreintés.


Comme à son habitude, il reste longtemps étendu dans mon dos, à apposer ses lèvres un peu partout sur mon corps encore brûlant. Je lui dis combien il a été sublime et au creux de mon oreille, il me dépose un doux : « Je suis fou de toi… ». Heureusement que le matelas est là pour me retenir, j’aurais défailli si ça n’avait pas été le cas. Malheureusement, je suis trop paralysée pour répondre quoi que ce soit. Est-ce que je pense la même chose ? Oui. Est-ce que c’est trop tôt pour le dire ? Je n’en sais rien. De toute façon, le temps de me faire toutes ces réflexions et je dépasse le moment où il aurait été judicieux de répondre. Tant pis, je crois qu’il a saisi.




Samedi – Sur les pistes


J’ai une allure approximative et ma façon de skier est des plus improbables. Lâcher cet obèse qui chante nu en play-back du Katy Perry sur internet aurait abouti au même résultat. Lui au moins, il a le sens de l’autodérision. En attendant le tire-fesses, alors même que nous sommes à l’arrêt, je tombe droit comme un i sur cet enfant hollandais. Évidemment, tout le monde rit à gorge déployée pendant que le malheureux s’extirpe tant bien que mal de sous la bête. Je me répands en excuse, la dignité est sauve (ou presque). Je loue le moment où mon compagnon propose de rentrer pour manger un petit quelque chose (ce qui, il faut l’avouer, est la raison principale du pourquoi je suis venue). Tel Gargantua dans une boutique de nougats, je ne laisse rien filer. Tout ce qui est sucré, chocolaté, crémé, demi-écrémé, passe forcément par mon gouffre hyperphage. La dignité n’est plus, au diable la dignité !


La soirée s’achève ainsi gentiment entre franche rigolade et instants plus romantiques. Nous ne faisons pas l’amour cette fois, mais la tendresse est là.




Dimanche


J’accepte de lui faire plaisir en rechaussant ces engins de Satan, et nous partons en fin d’après-midi, un petit pincement au cœur de quitter cet endroit féerique.


Chacun rentre chez soi et je lui promets de passer le voir le lendemain. En arrivant, je déballe mes affaires et y trouve un mot, glissé entre deux pantalons. Laconique, il me réchauffe le cœur en un éclair de seconde : un « Je t’aime » simple, explicite, sans fioriture, qui me transperce de part en part, sur un bout de papier blanc. J’affiche un sourire niais tout le reste de la soirée.




Lundi – Réveil difficile


J’émerge laborieusement, mais le petit mot d’hier me revient vite en tête et l’amorce de la matinée paraît tout de suite moins ardue. Peut-être pourrais-je lui faire une surprise en l’attendant dans son bureau ce matin, pour lui avouer à mon tour mes sentiments. Non. Je juge préférable d’attendre avant de me lancer. Il ne faut pas aller trop vite dans ces circonstances au risque de s’y casser les dents. Je me retiens donc de lui rendre visite (ce qui m’est très pénible) et reviens chez moi encore plus surexcitée.


Je me prépare pour l’après-midi où nous avons un cours sur l’interprétation d’une image IRM, par le doyen de la faculté. Ne pas louper ça. J’y retrouve mes amis et m’assois au bout de la rangée, laissant une place pour mon sac. La salle est comble, les cours du doyen sont toujours très appréciés. Une fille que je ne connaissais pas (étant nombreux dans la promotion, il y a encore beaucoup de personnes dont je n’ai jamais vu le visage) entre et demande à s’installer à côté de moi.



Sa question m’agace un peu vu que c’est un cours pour 3e année et que rares (voire inexistants) sont ceux qui viennent là « juste pour voir ».



Je lui souris pour ne pas paraître trop bêcheuse. Sans doute veut-elle simplement engager la conversation. Je poursuis :



J’ai du mal à contenir un sourire.



Justine (son prénom est marqué sur son classeur) n’a pas le temps de répondre que le professeur entre dans la salle. Tout le monde semble surprit, ce n’est pas le doyen. M. G. déclare :



L’assemblée est sous le charme. Il fait le tour du monde qu’il y a et pose son regard sur moi. Je ne laisse rien transparaître, lui non plus, sauf lorsqu’il regarde ma voisine, où il semble visiblement irrité. Je ne comprends pas trop, le cours débute.



Justine est apparemment très loquace, et je n’ai pas forcément envie qu’elle continue.



Cette fille étant manifestement plus pourvue de diarrhée verbale que de tact, je souffle en guise d’agacement. Bien sûr, elle ne remarque rien. M. G. continue de lancer des coups d’œil inquiets vers nous.



Je n’en revenais pas. J’étais totalement abasourdie par sa stupide déclaration. Je comprenais maintenant pourquoi je ne la voyais jamais et qu’elle s’asseyait seule, elle ne devait pas plaire à beaucoup de monde. J’avais envie d’hurler, de pleurer, de rentrer chez moi et de rester sous la couette à déverser ma haine et mes larmes qui n’auraient cessé de couler. Mais là, je devais me retenir.



M. G. interpellait cette fille que j’avais maintenant en horreur.



Je n’avais pas quitté des yeux Justine depuis sa déclaration, et j’entendis la voix de mon amant lointaine, éclatée. Je me retournai alors vers lui. Nos regards se fondirent l’un dans l’autre et il ne mit pas longtemps à comprendre ce qui était en train de se tramer. Je poussai vivement ma voisine et sortis de l’amphi, pétrifiée. Les autres avaient sûrement compris que je partais suite à sa remarque, vu qu’il n’avait pas dit de nom précis.


Je restai un long moment dans le froid sur les marches, n’ayant la force à rien. Je fixais le vide, pensais à un écran blanc. Puis toutes les images me revinrent en tête, la rencontre, la première fois, la nuit passée ensemble, le ski. Je décidai de me lever et, au radar, de me diriger vers l’arrêt de bus le plus proche (ma voiture étant en panne depuis un certain temps). Ce n’est qu’arrivée chez moi que j’ouvris les vannes. Un flot de larmes s’écoula, et rien ne semblait le contenir. Je crois à ce jour que je n’ai jamais eu aussi mal. Dans tous nos rapports il y avait une notion de dominant / dominée, avec ce que certains appelleraient volontiers des humiliations (je ne considérais pas cela comme tel) mais c’était aujourd’hui que se jouait ma plus grande humiliation.


Le lendemain, je m’inscrivis au programme de cours à l’étranger. Je partais deux jours plus tard pour les États-Unis. Mes proches ne comprirent pas ma décision, mais me laissèrent le champ libre, heureux que je prenne un nouvel envol. Là-bas, je reçus un colis en provenance de France. Une lettre, une cassette.



Ma chérie


Je suis vraiment désolé que les choses aient tourné ainsi. Je ne sais pas si tu accepteras mes excuses mais sache qu’elles sont sincères. Je suis marié mais les relations avec ma femme sont compliquées, pour l’instant nous sommes séparés. Je ne t’en ai pas parlé parce que je ne voulais être qu’à toi, sans autre pensée que celle-là. Tu es un grand bol d’air frais que j’aurais aimé garder. Justine était une erreur. Il y en a eu d’autres, c’était après la rupture douloureuse d’avec ma femme. Ta douceur, ta tendresse, parfois ta maladresse ont fait table rase de mes expériences passées, et je donnerais tout pour que ça continue encore maintenant. J’ai appris ton départ et en ai été très affecté, réponds-moi et je viendrai te rejoindre.

Je t’aime ma Lisa, reviens-moi…



Je démarrai la cassette. Une mélodie en sortit. C’était Élisa, de Serge Gainsbourg. Je pleurai.


Jamais plus je ne le revis.