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n° 14181Fiche technique24579 caractères24579
Temps de lecture estimé : 14 mn
12/12/10
corrigé 12/06/21
Résumé:  Sans magie, la vie a un goût d'épouvante. (Milena Agus)
Critères:  fh couple amour fdomine hdomine dispute jeu sm fouetfesse init confession -initfh
Auteur : Lily-C      Envoi mini-message
Rouge soi

Rouge soi




Ma rencontre avec Roméo avait été aussi inespérée qu’unique.


Notre première nuit ? Broadway !


Éblouissante et maladroite à la fois, un métissage de découvertes et d’évidences.



Et puis unique, n’est-ce pas toujours ce qu’on dit quand on en pince un peu ?



Rien ne fut simple cependant…. Ouh là non ! Mais c’est le tricot de la vie, comme on dit par chez nous, une maille à l’endroit, l’autre à l’envers.




oooOooo




Au moment de notre rencontre, j’étais une fille un peu perdue, en pleine descente non climatisée. Je me souviens de la perspicacité dont il avait su faire preuve pour me conquérir, au delà du simple fait de me baiser, ce qui avait été déjà fort appréciable pourtant.


Roméo est devenu aujourd’hui l’homme à qui je peux appartenir sans être privée de ma liberté.

Il est celui à qui je peux tout confier si je le souhaite, sans pour autant trahir mes secrets.


Lui, il avait tout compris bien avant moi, sur l’Essentiel, le Maintenant, l’Avenir.


J’ai mis plus de temps, mais qu’importe, hein ?




oooOooo




Régulièrement, je rejoins donc la capitale et ses toits gris-pigeon afin de me jeter dans ses bras. Je connais maintenant le chemin par cœur, la gare et ses marées humaines me sont devenues familières, je m’y déplace désormais avec fluidité, j’ai – et non sans fierté – pris le rythme de la grande ville.


Roméo s’appelle en fait Édouard.


Plutôt grand, brun, charismatique sans être excessivement beau, à mi-chemin entre trente et quarante ans, du genre geek et bobo à fois, il habite un appartement idéalement situé, sous les toits d’un immeuble de sept étages de la rue Notre-Dame-des-Champs, dans le VIe arrondissement de Paris, à quelques pas des Jardins du Luxembourg.



Ouch ! Sept étages sans ascenseur, pas question d’oublier le pain !


La première fois que je suis entrée chez lui, j’étais totalement essoufflée, mes cuisses en feu me signifiaient cruellement qu’il était grand temps que je reprenne le sport. Dans le même temps, mes yeux allaient partout à la fois, jaugeant, jugeant, et découvrant l’univers de cet homme qui avait su me conquérir et me faire grimper jusque-là. Il y avait largement de quoi satisfaire la petite curieuse que j’aime être.



La porte d’entrée donne sur un hall qui dessert à droite une cuisine ouverte sur le salon par un meuble de bar Ikea ; à gauche une salle de bain, petite mais fonctionnelle et surtout fort coquette avec sa baignoire sabot : vintage ?


Bon point, les WC sont séparés, et munis d’une lucarne toute mignonne qui ouvre sur les toits ! Ouf ! Rien ne me tord autant les boyaux que de devoir aller aux toilettes en présence de l’amoureux.


La peur qu’il puisse entendre mon urine heurter la surface émaillée du cabinet, ou pire faire du bruit – comme il arrive à chacun d’entre nous j’imagine quand il s’agit de se délester les entrailles –, me paralyse totalement.


De fait, je me débrouille plutôt pour m’y rendre quand il prend sa douche par exemple.




Ma meilleure amie me raille volontiers à ce sujet :




Elle a tellement raison, on ne peut pas dire de moi que je sois coincée sur ce sujet, j’assume plutôt bien mon humour pauvrement pipi-caca, et au boulot je ne suis pas en reste sur ce terrain-là même… mais… avec celui qui fait vibrer mon cœur, je ne peux pas ! Non !


La simple idée de devoir lui dire « Je reviens, je vais aux toilettes » m’amputerait à coup sûr d’une grande part de mes mystères, et adieu « Belle du Seigneur » et « Bonjour Tristesse ».




Han, non trop la honte !




Je préfère avoir mal au bide et me gaver de gélules au charbon activé que de céder une once de terrain au corps et à sa triste trivialité.


Je veux être sa reine, mais certainement pas sur ce trône-là !


Ben quoi ?


Dans les contes de fées, il n’est dit nulle part que la princesse se rend aux toilettes, que je sache !




oooOooo




Chez lui, on se déchausse avant d’entrer, et mes bottines sont volontiers allées rejoindre la petite étagère prévue à cet effet.



Aaaah chez lui !



51 m² qui m’apparaissent au départ comme bien étriqués pour une fille de la campagne habituée aux logements spacieux. Je vais vite apprendre que pour Paris, c’est non seulement honorable, mais en prime même une véritable aubaine.


Bonus : l’appartement d’Édouard est le dernier de l’immeuble, donc pas de réel vis-à-vis, pas de voisins de palier et pour un peu on toucherait le ciel en se hissant sur la pointe des pieds.



La pièce principale est inondée de lumière même quand le ciel boude le bleu, ce qui semble être l’habitude par ici, et ce grâce à ses trois portes-fenêtres qui regardent au sud et qui ouvrent du sol au plafond, chacune sur un tout petit-petit balcon, envahi de pots et de plantes vertes.



La première chose que j’ai faite, a été d’ouvrir grand une fenêtre, pour me glisser, me couler serpentine entre les jardinières, me frayer un passage dans cette jungle inespérée, et donner enfin un coup d’œil ravi à la rue en bas, qui faisait entendre sa rumeur stressée de klaxons et de véhicules.


Au devant, la vue est dégagée sur les toits de cette ville qui ne dort jamais.


J’étais totalement fascinée.





J’en avais profité pour glousser.


J’avais très envie de lui demander « c’est où qu’elle habite Amélie Poulain ? » tellement c’était Paris là-devant et partout… Je m’étais tue parce qu’il venait de reculer pour me détailler du regard en silence, le sourire en coin.


Ce regard qui disait tout, intense, possessif et qui me chuchotait « sois à moi ».



Ce regard, sésame à nos jeux interdits, prélude au dire et au faire, je le gravais dans l’air du temps, au moment où, me repoussant contre le lit, il m’intimait le désir impérieux que je sois son jouet, un jouet immobile.


Fébrile, il m’avait déshabillée, alternant rage et lenteur comme possédé de l’intérieur par une fièvre exotique. Ses mains pressaient et palpaient mes seins, malaxaient mon ventre, claquaient doucement mes fesses comme pour éprouver leur réalité, sa bouche palpitait à chacune de mes veines.


Je me délectais par avance de ses ordres, ceux-là même qui me mettent en désordre. Je mourais d’envie d’en découdre, de résister, de lui faire mériter mon abandon, qu’il soit le conquérant de ma soumission.



Je rêvais d’être la belle perdante et j’avais l’envie plus grande que la bouche.



Pourtant, curieusement, il ne me faisait pas mettre à genoux la bouche ouverte prête à le recevoir comme d’autres fois, ni ne m’ordonnait de lui ouvrir la braguette, sans les mains. Il ne menaçait pas mes fesses des lanières de son martinet ou du cuir de sa ceinture.

Il ne semblait pas vouloir me contraindre ni par les cordes ni par aucun lien.



Il était comme transformé, illuminé. Un instant j’eus presque peur.



C’est là qu’il me fit l’amour le plus simplement du monde, quelque chose d’organique et de gynécologique à la fois mais bien plus que ça aussi. Notre relation avait à cet instant précis basculé vers la promesse tacite d’un avenir partagé. Le début de l’amour, le vrai, le doux, le dur, le dingue, avec un grand A ?


J’avais peur. Terriblement peur : pour aimer vraiment, ne faut-il pas accepter de tout perdre un jour ? Étais-je prête ?



Les yeux dans les yeux, avec lenteur, chaque mouvement gravé dans nos âmes pour l’éternité, il avait fusionné nos deux cœurs au fond de mon vagin.




Aaah là là…



Paris me rends romantique je crois. Faut que je fasse gaffe à ne pas trop m’enliser dans la guimauve non plus, qui est selon moi, l’élément le plus préjudiciable à une sexualité épanouie.


Oui, j’ai plein d’idées reçues comme ça.




En tout cas, le reste de l’appartement est ce qu’on peut imaginer d’un trentenaire célibataire diplômé de l’X et grand curieux de la vie.


Peu de mobilier.



Un lit posé à même le plancher derrière un paravent aux armoiries japonaises. Un grand tapis persan délimite la partie nuit de la partie jour, quelques lampes ici et là pour assurer l’ambiance lumineuse, une armoire à linge, une chaise où sont déposés quelques vêtements, un placard à bazar, et deux tabourets hauts pour se hisser sur le bar de la cuisine à l’heure des repas ou traîner sur le Mac Book Air.


Pour finir un fauteuil club royalement installé devant l’immense bibliothèque qui grimpe sur tout un mur tel un lierre de papier.


Des livres, des livres, des livres…


Sur la table basse, une théière en fonte et à nouveau des livres, sûrement ceux en cours d’exploration. Nous semblons avoir des lectures communes, j’avais reconnu sous un traité de mathématiques en rapport avec son travail, un titre d’Ogawa et un recueil de poème de Pessoa. Prometteur !



Je me sens bien chez lui, cela conforte mon sentiment premier à son égard. Je me suis certes emballée un peu vite pour lui, mais il me semble que pour une fois le cœur et la raison ont réussi à trouver un chouette terrain d’entente.


Cette rencontre avec Édouard signe pour moi la fin d’une longue époque épique de célibat. Cinq ans sans relation fixe, à papillonner avec légèreté d’un pistil à l’autre.




oooOooo




Célibataire engagée plus par nécessité qu’envie, j’avais vécu cette période comme une sorte de deuxième adolescence, mais avec les pleins pouvoirs supposés dévolus à l’adulte.


Nombreuses sorties, nombreuses amitiés, nombreux amants.


J’avais parfaitement conscience que cette vie de paillettes était superficielle et radicalement éphémère, mais elle était ma carapace, mon casque à pointes.


Mes excès me permettaient d’oublier la fin douloureuse d’une décennie de fiançailles avec l’ex supposé « homme de ma vie ». Les coups de boutoir répétés de mes amants me permettaient de réparer l’orgueil blessé, d’oublier l’amour trompé.


Soigner le mal par le mal, un grand principe d’homéopathie, non?


J’avais donc plongé dans l’automédication avec des doses régulières de Coïtum Extasis 5CH.


Rien de très original dans le fond.


Une fois traversé le miroir, je me retrouvais maîtresse, de la situation ! Devenue l’amante, je n’avais plus rien à perdre et tout à voler. Ce rôle exutoire de pirate de la nuit avait été taillé à la mesure de mes peines, il m’habillait comme une deuxième peau. Je me délectais à déployer mes pièges prompts à égarer l’honnête homme, et à le détourner de la couche conjugale le temps de ME satisfaire.


C’était tellement facile.



Amante exigeante, la moindre tentative de tendresse inutile ou de faiblesse érectile était sanctionnée par un arrêt pur et simple des activités adultères. Pas de pitié pour les éjaculateurs précoces, les érections timides, et les chatouilleux du gland.


Le seul point difficile était d’être parfois témoin des mensonges nécessaires que certains de mes amants bavaient à leur femme pour pouvoir me sauter. Cela me retournait littéralement les sangs.


Je haïssais ces femmes si naïves, moi la première, et jurais qu’on ne m’y prendrait plus. Plus jamais ! Tu parles…



Dans ces moments, la rage s’emparait si bien de moi qu’il pouvait m’arriver de gifler, griffer et même mordre les testicules, le gland tumescent du menteur en le traitant de porc et d’usurpateur. Les paroles humiliantes que je déversais alors sur la chose humaine à mes pieds me galvaudaient et me faisaient sentir puissante et misérable à la fois.



À ma grande surprise, aucun de ceux que j’avais maltraités ainsi n’avait opposé de résistance.


Pire, certains en redemandaient ! Si bien que je m’enhardissais parfois à piétiner sans ménagement leur sexe, jusqu’à exprimer ce jus blanc comme neige dans un concert de cris et de grimaces ridicules.


Je fourrais ensuite rapidement mes pieds l’un après l’autre dans leur bouche, qu’ils léchaient avec une étrange ferveur religieuse pour nettoyer tous ces morts nés tièdes et éparpillés.


Je les jetais dehors dans la foulée, et je les imaginais rentrer chez eux, une jolie maison qui sentirait bon le gâteau au chocolat, et où des enfants joueraient du piano.




Dans ces pensées exterminatrices, je me demandais comment j’avais pu en arriver là.




oooOooo




Justement, quand est-ce que les choses avaient commencé à aller de travers avec le supposé (ex) « homme de ma vie » ?



La seule certitude était que je n’avais absolument rien vu venir.


Une vie de couple normale, on avait réussi à éviter le train-train quotidien, et notre maison à défaut d’être jolie sentait souvent bon le gâteau au chocolat. Il n’y avait par contre pas d’enfants pour jouer du piano.


Il ne voulait pas d’enfants. Aurais-je dû m’en inquiéter ?


Parce que quoi de plus normal, finalement, puisque nous étions jeunes et tout le temps pour y penser, me disais-je pour me rassurer.



Aussi, un peu par peur de le décevoir, un peu par excès d’indécision sur ce sujet, j’avais continué la pilule, consciencieuse, ad nauseum. Les années s’étaient ensuite écoulées égales l’une à l’autre, sans grandes variations.


Et puis un matin, une femme s’était présentée à la porte de notre maison. Je ne sais plus comment elle m’avait annoncé tout cela, mais la conclusion était qu’elle attendait un enfant, un enfant de lui. Ses phrases s’étaient disloquées sans m’atteindre et s’étaient mises à flotter devant moi, irréelles.


Le soir, à son retour du travail, il m’avait trouvé prostrée et glacée devant le foyer éteint. Sans même chercher à nier, à quoi bon ? il s’était contenté de confirmer les faits, avec sa tête de haut en bas et de bas en haut, à la manière des petits chiens en peluche sur la plage arrière d’une voiture.


Il était resté longtemps les bras ballants, indécis sur l’attitude à adopter en pareille circonstance.


Refusant d’autopsier notre lien moribond, je n’avais pas cherché à savoir comment il l’avait rencontrée, ni depuis combien de temps, ni aucun détail. Je l’avais simplement laissé s’en aller, sans pleurer, sans crier, probablement plus par hébétude que par dignité.



Chaos debout ?



Chaque nuit j’étais engloutie par des images maudites, privée de sommeil, je sombrais lentement dans un abîme sans fond.


J’avais commencé à déconner sérieusement à ce moment-là, d’abord en arrêtant la pilule, puis en glissant des coussins sous mon pull « juste pour voir » à quoi j’aurais pu ressembler si j’avais eu un enfant DE LUI dans le ventre.


Il paraît que c’est la plus belle chose qui puisse arriver à une femme, de mettre au monde, d’enfanter, de générer la vie. Il paraît que celles qui n’enfantent pas finissent par devenir aigries et rabougries, comme de vielles sorcières, avec un nez crochu et la verrue poilue au bout.




Chaque fois que mes règles coulaient, j’observais cette déchirure inutile. Je me cognais le ventre avec les poings, je rayais de mes ongles cette chair « désaimée ». Je me griffais jusqu’au sang, exsangue dehors-dedans.


Unique phare dans ma tempête, j’écoutais Bashung en boucle. Encore et encore…



Le souffle coupé, la gorge irritée, je m’époumonais, sans broncher.

Angora montre-moi d’où vient la vie, où vont les vaisseaux maudits.

Angora sois la soie, sois encore à moi…




Le jour où j’appris que leur enfant était venu au monde, ce jour-là, mes règles cessèrent, définitivement.


Une sorte de dépression nerveuse des gonades. Cela arrive, il paraît.


Pendant que les heureux parents pouponnaient et se spécialisaient dans le « areu-areu », de mon côté, pour oublier j’explorais en apnée le monde de la nuit, ses vices, ses cris, ses chuchotis… et noyais mon chagrin, faussement allègre, dans le sexe et ses litres d’eau bénite.


Édouard est entré dans ma ronde dans cette période-là, lors d’une soirée bancale.

Une rencontre inattendue mais qui fut le prélude enchanteur à ce nouveau monde que nous explorons ensemble désormais.



Je me sens beaucoup mieux depuis !



À mesure que l’enfant de l’ex « homme de ma vie » grandit, ma peine si elle n’a pas disparu pour autant, s’amoindrit, se rétracte comme une peau de chagrin, et devient peu à peu le passé.


Je regarde devant. Le plus possible !




oooOooo




Avec Édouard, nous ne partageons pas véritablement ce que nous pourrions appeler une « vie de couple ». Deux fois par mois je le rejoins chez lui à Paris. Le reste du temps, il me rend la réciproque et pose sa valise chez moi.


Ensemble, mais chacun chez soi, nous convient joyeusement. C’est tout !



Grâce à mes gélules de charbon, nos rencontres sont d’un glamour ravageur, nos nuits sont dédiées à une telle luxure qu’elle nous laisse chaque matin la mine hagarde, la voix éraillée (et les voisins du dessous de plus en plus courroucés) ; il n’en reste pas moins que parfois il nous faut bien toucher terre, afin que le mot « quotidien » nous fasse tâter de sa dure réalité. That’s life!



Chez lui, quand j’arrive, tout ou presque est toujours prêt. Il est particulièrement attentionné et redoutablement organisé, ça flatte mon petit côté princesse, en un mot : j’adore !


Chez moi, l’ambiance est un peu plus à la parité. Il y a toujours un truc que je n’ai pas eu le temps de faire. (Comment ça, j’suis mal organisée ?)



Il y a peu, alors que nous étions chez moi, nous nous étions partagé quelques tâches dans l’objectif primaire de retourner vite fait à nos affaires de chambre.

Ce faisant, j’avais réalisé que si nous avions partagé les tâches, je lui en avais attribuée une plus « masculine » et m’en étais en fait octroyé une part plus « féminine »…

En gros il bricolait un meuble et moi j’étais en cuisine…

Bonjour le cliché !



Me voilà soudain de mauvaise humeur, alors que c’était à mon initiative, hein, m’enfin allez comprendre ; j’avais senti la féministe-intégriste en moi me chuchoter des appels à la guerre dans l’oreille :


Gaaaah ! Gaaaah ! Gaaah!



Je m’étais avancée alors à pas de loup jusqu’à sa zone de bricolage, plissant les yeux pour mieux évaluer la situation avant de flairer le mâle : était-il en rut ?

Mû par un quelconque instinct, il s’était retourné vers moi un bref instant, pour me sourire tendrement, avant de se concentrer à nouveau sur le meuble récalcitrant.



Sa position me donnait ses fesses pour cible, parfait ! L’arme bien en main, j’abattis la poêle à crêpes sur ses fesses tendues ! Bimmmm! Paaaaaaaaaaaffff!


Avant de scander fièrement mes slogans, une clameur à moi toute seule :



Travailleurs de tous les pays, qui lave vos chaussettes ?!


Un homme sur deux est une femme !


Les machos aux fourneaux !


Girl power !




Surpris par mes cris autant que par le « bong » de la poêle, il s’était relevé sans véritable hâte (boudiou c’qu’il est graaaand !), m’avait retiré cette foutue poêle des mains (oops l’air vraiment furibard), avant de m’entraîner manu militari jusqu’au canapé.


À partir de là, j’eus beau me débattre et protester, mes fesses récoltèrent les fruits bien mûrs de ma brève carrière d’activiste rebelle, avant de s’exposer uniformément carmines, encadrées par le simple tablier, qui masquait désormais à grand-peine la nudité dans laquelle il m’était échu d’achever – évidemment ! – la tâche précitée.


Tandis que mes joues s’empourpraient d’une douce et délicieuse honte, je sentais ruisseler sur mes cuisses les humeurs tièdes d’un appel à la décadence. Les yeux clos pour savourer au mieux.



J’étais estomaquée.





oooOooo




J’aime infiniment ces heures bleues, où je deviens sienne, obéissante, belle rebelle amadouée, parce que tel est son souhait et qu’il me plaît de l’exaucer. Mais pas seulement…


Nous avons su laisser sur le bord du chemin les illusoires chimères, ainsi nous sommes devenus riches de nos rêves. Je savoure la chance de ne pas devoir composer un de ces labyrinthes complexes dans lesquels on finit toujours par (se) perdre.




Entre lui et moi, il y a ce partage qui s’abreuve à la source du vrai. Ça fleure bon le bonheur, je dirais, mais il ne faut jamais trop s’avancer à dire ce genre de chose, qui sait si trop de bonheur ne risque pas de porter malheur…