n° 14213 | Fiche technique | 45549 caractères | 45549 8234 Temps de lecture estimé : 33 mn |
06/01/11 corrigé 12/06/21 |
Résumé: Où l'on ira vivre dans l'intimité des dieux de l'Olympe pour que soit rétablie la vraie de vraie Vérité Historique sur les raisons vraiment véridiques de la guerre de Troie. | ||||
Critères: #théâtre #historique #fantastique f h fh ff fffh ascendant freresoeur nympho campagne collection dispute voir exhib fellation cunnilingu 69 pénétratio zoo | ||||
Auteur : Hermes2011 (Des petits enfants d'Ubu) Envoi mini-message |
Concours : Pièce de théâtre |
Venez, vous dont l’œil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
D’un jug’ment qui fit tant de morts.
Sur Rêvebébé, elle se passe
Et vous allez vous régaler
Lecteurs, voici les mots qui passent
Vous n’allez pas vous ennuyer !
L’action se situe sur le mont Pélion. On vient de célébrer le mariage de Pélée et Thétis devant une assemblée de dieux, déesses, demi-dieux, nymphes, ondines,… (figurants en nombre variable suivant les moyens de la production).
Le décor représente la campagne avec quelques bouquets d’arbres. Le plateau est entièrement dégagé, à part un gros rocher au centre.
Ouverture du rideau
Comme dans toute réunion mondaine, des groupes se sont formés pour « papoter ». Des nymphes circulent avec des plateaux de friandises et de nectar.
Scène 1 – Jupiter et Junon sont en avant-scène et discutent :
JUNON, (avec une fausse tendresse) – Alors mon Jupinou, ça te plaît ?
JUPITER, (Après un coup d’œil circulaire inquiet et à mi-voix) – Combien de fois t’ai-je dit de ne pas m’appeler comme ça en public…
JUNON, (avec jubilation) – Pardonne-moi mon ami, mais de te voir verser ta petite larme, c’était si attendrissant…
JUPITER, (tendrement) – On l’a quand même élevée, cette petite…
JUNON, (brutalement, le regard jetant des éclairs) – Oui… Et tu l’as sautée combien de fois ?
JUPITER, (décontenancé) – Mais… mais… jamais ! Je ne suis pas fou… pas avec cet oracle qui dit que son fils détrônera son père ! (reprenant de l’assurance) Et puis, est-ce une façon de parler à son mari ? au Dieu des Dieux… !
JUNON – Ahh ! tu t’es trahi ! S’il n’y avait pas eu cet oracle… tu l’aurais fait ! Tu l’aurais sautée…
JUPITER – Mais non, ce n’est pas ce que j’ai voulu dire…
JUNON, (avec une mauvaise foi évidente) – C’est pourtant bien ce que j’ai entendu…
JUPITER – Voyons ma Juju, ne cherche pas la bagarre, tu sais bien que c’est toi la plus belle.
Il se penche sur elle, l’embrasse sur la bouche et lui pelote un sein. Junon se laisse embrasser mais, d’une claque sur la main, fait cesser la caresse.
JUNON – Espèce d’obsédé ! Pas ici, voyons… (elle aperçoit Minerve, plus loin qui les regarde avec insistance) Tiens, regarde, Minerve a l’air de s’intéresser à nous…
JUPITER – Ah, bien sûr, Minerve… Ça m’était sorti de la tête… C’est vrai, elle veut me parler.
JUNON – Je vais vous laisser alors… Oh, mais t’as vu son allure ? Casque, cuirasse et sa lance… alors que tout le monde est habillé cool…
Junon s’éloigne en ricanant. Minerve s’approche.
Scène 2
MINERVE, (avec raideur) – Merci de me consacrer un peu de temps, ô Dieu des Dieux.
JUPITER – Oh ma Mimi, on est entre nous, tu peux m’appeler papa…
MINERVE, (toujours coincée) – Bien papa. Je voulais te parler de Vénus.
JUPITER – Qu’est-ce qu’elle a encore fait, celle-là !
MINERVE – Ne me dis pas que tu n’es pas au courant… Vénus avec Mars… son frère… tout l’Olympe est au courant et en fait des gorges chaudes.
JUPITER – Ah, ça ? (sourire coquin) Bah, c’est l’affaire de Vulcain. Si ce cocu de gnome n’est pas capable de retenir sa femme, que veux-tu que j’y fasse ?
MINERVE – Mais papa, l’exemple ! Tu n’imagine pas la mauvaise image qu’ils donnent… surtout aux mortels ! Je te rappelle que je suis la protectrice des foyers…
JUPITER – Oui, ma fille. Et tu prends ton rôle très au sérieux, mais peut-être un peu trop… Détends-toi un peu, voyons… Regarde comment tu es… raide, bloquée, complètement coincée. Alors que tu es si belle ! la plus belle de toutes, qui sait ? Trouve-toi un homme, ma fille ! dieu ou mortel et amuse-toi… comme ta sœur…
MINERVE – Ah non, papa ! Tu le sais, je suis vierge, j’en suis fière et je compte le rester.
JUPITER – Et alors ? Tu n’as pas qu’un seul trou. Pour ton image, tu veux en garder un… soit ! mais tu peux t’amuser avec les autres. Réfléchis-y ! Va, maintenant.
Minerve s’éloigne, l’air pensif. Jupiter va rejoindre les invités en fond de scène.
Scène 3 – Approchent Vénus et Mars. Vénus n’est « vêtue » que d’un léger voile transparent ; Mars la serre langoureusement contre lui.
VÉNUS, (passant la main sur le ventre de Mars) – Contiens-toi, mon amour. Moi aussi j’ai envie que tu me baises, mais tu vois bien, ici ce n’est pas possible. On m’a même fait savoir que Vulcain s’était caché dans le coin pour me surveiller…
MARS – Ah, Vénus, comment veux-tu que je ne rende pas hommage à ces seins magnifiques… Et, tiens ! Rien que d’en parler, ils se tendent de plaisir.
VÉNUS – Arrête, tu me fais mouiller.
MARS – Fais voir !
VÉNUS, (claquant la main de Mars qui s’aventure) – Mais arrête !… C’est pas étonnant que tu sois fâché avec tous les dieux. Apprends donc à te tenir.
MARS, (qui prend brutalement Vénus dans ses bras, l’embrasse à pleine bouche puis l’entraîne vers les coulisses) – Viens ma Vénus, je ne tiens plus. Viens que je te baise…
Scène 4 – Une sourde explosion fige tout le monde sur scène. Arrive Éris, ne portant qu’une cape sur sa nudité. C’est une femme laide, grimaçante, aux seins flasques et à la toison pubienne clairsemée qui cache difficilement deux lèvres flétries. Elle brandit une pomme en or, regarde tout le monde en ricanant et crie d’une voix éraillée :
ÉRIS – Vous avez… heu… oublié… de m’inviter à la noce ! Mais j’apporte quand même un cadeau… Cette Pomme d’Or, (elle hurle) POUR LA PLUS BELLE D’ENTRE VOUS… Hé hé hé hé… (ricanement sinistre)
Avec solennité, elle pose la pomme sur le rocher, à la vue de tous, puis disparaît. Tous se « réveillent » et discutent. Au milieu du brouhaha, on entend :
JUNON – Mais, c’est moi, la plus belle…
MINERVE – Mais non, voyons, c’est moi !
VÉNUS, (secouée d’un fou rire) – Ah, ah, ah, vous êtes drôles… La plus belle, c’est moi. Y a pas photo !
En criant, elles sortent de la foule et viennent au centre près du rocher. Commence une bagarre : Junon attrape les cheveux de Vénus, qu’elle tire pour la mettre à genoux, Minerve serre le cou de Junon qui lance de grands coups de pieds dans le ventre de Minerve. Vénus réussit à mordre le bras de Junon qui la lâche avec un cri de douleur.
Des dieux se précipitent et séparent avec difficulté les trois furies (des coups de pied mal placés en font plier quelques-uns).
S’avance Mercure qui annonce, de sa voix tonitruante :
MERCURE – Du calme ! du calme ! Allons, mesdames, un peu de tenue que diable – si je puis dire… Puisque vous n’êtes pas d’accord entre vous, je vous propose un vote. Nous sommes ici presque tous présents. Expliquez-nous, montrez-nous pourquoi nous devrions voter pour vous et puis nous élirons la plus belle.
Étreinte par Jupiter, Junon a repris son calme et sourit avec supériorité. Dans la bagarre, sa tunique s’est déchirée laissant apparaître un sein altier et la naissance de son entrecuisse.
JUNON, (d’une voix ferme et grondante) – Mais il n’y a pas besoin de vote. Ce serait faire injure à Jupiter, le Dieu des Dieux. S’il m’a choisie comme épouse, c’est que, sans conteste, c’est moi qui suis la plus belle !
Minerve qui s’est débarrassée de deux hommes qui la tenaient rajuste sa tenue. Vénus, totalement nue, dans les bras de Mars qui lui pelote les seins, se caresse l’entrejambe en poussant des gémissements discrets. Dans l’assistance, des hommes se masturbent en regardant la scène.
MINERVE – Allons, ne plaisantons pas, Jupiter ne pouvait me choisir puisque je suis sa fille. (Raclements de gorge et rires étouffés dans l’assistance.) Ma beauté est sublime, je suis le symbole de la pureté et je suis toujours vierge…
VÉNUS, (l’interrompant) – Arrête ! T’es tellement belle que personne n’a voulu de toi !
MINERVE – Salope !
VÉNUS, (durement) – Tais-toi ! Regarde tous ces hommes qui se masturbent, c’est sûrement pas pour ta froideur, ni pour les charmes déjà bien usés de la mémé là-bas…
Hurlements d’une partie de la foule outrée. Les déesses échappent à leurs gardiens et recommencent le pugilat. Des bouts de vêtements pleuvent. Quand Mercure intervient à nouveau, elles sont nues toutes les trois.
MERCURE, (d’une voix tonnante qui arrête tout) – C’est fini ! Rien ici ne pourra vous départager. (S’adressant à Jupiter) Ô Dieu des Dieux, reconnais que la situation est sans issue… Il faut trouver un arbitre ailleurs… Ici, tout le monde est de parti pris, (souriant) même toi !
Je propose que l’on fasse appel à un mortel. Je connais un type qui a feuqué tout ce qui était feuquable sur terre. Pour s’y connaître en beauté, il s’y connaît ! Acceptes-tu que l’on fasse appel à lui ?
JUPITER – Va mon fils et, pour le plus grand bien de l’Olympe, résous ce problème qui me noue les tripes…
Rideau
Sur le mont Ida, le décor montre l’intérieur d’une cabane de berger.
Scène 1 – Pâris, le berger, est en train de prendre du bon temps avec Blanchette Seguin, sa chèvre favorite. (Le rôle est tenu par une comédienne déguisée en chèvre).
PÂRIS – Ah, ma Blanchette, que tu es bonne…
BANCHETTE – Bêêêê… Muummmm…
On frappe à la porte. Précipitamment, il s’écarte de mademoiselle Seguin qui se sauve à l’extérieur. Un magnifique athlète, nimbé de lumière se tient sur le seuil. Pâris est stupéfié.
PÂRIS – Qui es-tu ?
MERCURE – Je suis Mercure, dieu de l’Olympe, envoyé de Jupiter. Mortel, j’ai à te parler !
PÂRIS, (se redressant, bombant le torse) – Tu veux accompagner mon âme en enfer ? L’heure est déjà venue ?
MERCURE – Mais non, couillon ! Pas du tout. Les dieux ont décidé de te confier une mission !
PÂRIS – À moi, pauvre vermisseau ?
MERCURE, (en ricanant) – Ne sois pas si modeste. Tu es connu à l’Olympe pour feuquer tout ce qui bouge : chèvres, bergères, princesses, doyenne de l’humanité, et d’autres encore. Tu veux que je te dresse la liste complète ? Tu as même poussé le vice jusqu’à fourrer de ta semence un mille-feuilles que tu as offert à ta sœur Cassandre et qu’elle a gloutonnement dévoré, d’après la rumeur. C’est justement ton talent pour toutes ces choses qui m’a fait penser à toi.
PÂRIS, (avec une révérence narquoise) – Les dieux me font beaucoup d’honneur. Et je dois feuquer qui ?
MERCURE – Qui te parle de feuquer ? Quoique, à la réflexion… Non, tu dois départager trois déesses en décrétant laquelle est la plus belle.
PÂRIS – Pardon ? C’est tout ? Mais vous autres, les dieux, n’en étiez-vous pas capables ?
MERCURE – Pas d’insolence, minus à pinces. Mais je te réponds non, car cela se serait terminé en pugilat et la paix doit régner sur l’Olympe. Aussi Jupiter m’a-t-il chargé de confier cet arbitrage à un mortel de mon choix ! Et j’ai l’impression qu’avec toi, on ne va pas être déçu du voyage.
PÂRIS, (s’inclinant à nouveau) – Ordonne et j’obéis.
MERCURE – Tiens, voilà une pomme d’or. Tu la remettras à celle des trois déesses qui te semblera la plus belle.
PÂRIS – Choisir la plus belle entre trois déesses ? Comme ça, sur un coup d’œil ? Je m’interroge : mon seul regard suffira-t-il à forger mon jugement ? Mes yeux peuvent être abusés…
MERCURE, (surpris) – Qu’entends-tu par là ?
PÂRIS – Un renfort tactile ne serait-il pas le bienvenu pour une tâche aussi délicate ?
MERCURE, (qui éclate de rire) – Un quoi ? Un renfort tactile ? Ben mon cochon, tu ne perds pas le nord. Si ça t’amuse, oui je te l’accorde, tu as le droit de disposer de leur académie à volonté et à discrétion. Elles t’obéiront en tout…
PÂRIS – Encore une question, si je puis me permettre : qui sont-elles, ces déesses ?
MERCURE, (toujours hilare) – Valeureux Pâris, tu as touché le jackpot ! Il y a Junon, épouse et sœur de Jupiter, Minerve, la fille de Jupiter et enfin Vénus, femme de Vulcain qu’elle cocufie de façon éhontée avec ce pithécanthrope de Mars. Tu vois, rien que du beau monde.
PÂRIS, (ébahi) – Junon ? Minerve ? Vénus ? Et quand dois-je commencer ?
MERCURE – Tout de suite, crétin. Il n’y a pas de temps à perdre. Elles sont dehors, je les appelle. Et prends tout ton temps. Je reste à proximité. Je vais poursuivre, avec mademoiselle Séguin, l’échange intellectuel que tu avais entamé avec elle. Ah, encore une chose : celle que tu choisiras t’offrira un cadeau. Pour ma part, je suis chargé de t’offrir l’immunité face à l’Olympe, quel que soit ton choix. Mais cette immunité ne couvre pas les insolences et blasphèmes que tu pourrais prononcer.
Mercure sort. On entend sa voix héler les trois divinités. Il revient, accompagné d’elles. Il annonce :
MERCURE – Voilà, mes sœurs, voilà le mortel qui vous jugera. Il remettra la Pomme d’Or à l’une d’entre vous. C’est elle qui sera élue la plus belle et cela fera taire votre querelle, Jupiter le veut. Je vous rappelle que vous avez accepté le principe de ce jugement. Je précise aussi : il a tous les droits sur vos corps. Ce sera une expérience nouvelle pour vous : goûter du mortel…
Mercure sort en refermant soigneusement la porte et Pâris se retrouve seul, face aux déesses immobiles… Les lumières de la scène s’éteignent progressivement.
Scène 2 – Toujours dans la cabane de berger de Pâris. Dans la pénombre, Pâris somnole sur sa couche lorsque des coups sont frappés à la porte. Les lumières reviennent. Pâris n’a pas le temps de se relever, la porte s’ouvre et Cassandre, sa sœur, entre en coup de vent. Il se frotte les yeux pour se réveiller, tandis qu’elle se précipite sur lui et l’embrasse.
CASSANDRE, (follement, totalement joyeuse, exubérante) – Ah, mon beau Pâris ! Ce que raconte l’Olympe, est-ce bien vrai ?
PÂRIS – Quoi ? De quoi me parles-tu ? L’Olympe ? Mais, qu’est-ce que tu sais de l’Olympe ?
CASSANDRE – Les cieux bruissent des rumeurs les plus folles, les dieux sont en émoi ! La nouvelle s’est répandue sur la terre comme une traînée de foutre, les nymphes en remplissent forêts et ruisseaux, tout le monde ne parle plus que de cela !
PÂRIS, (ahuri) – La nouvelle ? Quelle nouvelle ?
CASSANDRE – Mais voyons, mon Pâris, ne fais pas ton modeste.
Elle s’assied sur la couche à ses côtés et se serre contre lui.
Tu as feuqué les trois déesses et rendu le jugement de la pomme !
PÂRIS – Quoi ? Cela se sait déjà ?
CASSANDRE, (toute joyeuse) – Oui, et tu vas tout me raconter. Cela m’exciiiiite !
PÂRIS – Soit, je veux bien, mais tu enlèves d’abord ta main de ma cuisse, et tu laisses mes dessous en paix. C’est une manie, chez toi !
Il se lève pour échapper à la main baladeuse et se campe face elle.
Mercure est venu me trouver alors que j’étais occupé à soigner une chèvre…
CASSANDRE, (sarcastique) – Oui, je vois le genre de soins !
PÂRIS – Si tu m’interromps tout le temps, il me sera difficile de poursuivre.
CASSANDRE – C’est bon, je me tais ! Parle, ô mon frère chéri !
PÂRIS – Il m’a dit que j’avais été désigné par l’Olympe pour remettre une pomme d’or à la plus belle des trois déesses qui l’accompagnaient. Il m’a même précisé que je pouvais disposer d’elles à ma guise si cela pouvait m’aider à forger mon jugement.
CASSANDRE – Après la chèvre, les juments…
PÂRIS – Oh, je t’en prie, Cassandre…
CASSANDRE – Pardon, mon amour de frère !
PÂRIS – Elles sont donc entrées dans mon antre modeste. Ah, Cassandre, si tu savais ! Quelles splendeurs ! J’en fus pétrifié d’admiration. Je te le dirais ainsi :
Je les vis, je rougis, je pâlis à leur vue.
Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue.
Mes mains ne bougeaient plus, je ne pouvais parler,
Je sentis tout mon vit et durcir et brûler.
CASSANDRE – Et en alexandrins, excusez du peu ! Tes splendeurs, ce n’étaient pas plutôt de vulgaires salopes !
PÂRIS – Cassandre ! Comment peux-tu parler ainsi de déesses ! Elles étaient… elles étaient… magnifiques ! Aucune nymphe, aucune mortelle ne saurait leur être comparée.
CASSANDRE, (bondissant sur ses pieds) – Tu m’as déjà vue, moi ? Et dévêtue ? Dois-je…
PÂRIS – Non ! Non ! Surtout pas ! Tu dois juste te taire ! Je continue. Elles me fixaient avec leurs yeux de diamant. L’une d’elles, Junon, prit enfin la parole et m’apostropha en me demandant de me décider au lieu de rester planté là, comme une vieille souche. Je leur demandai de me pardonner, mais qu’il m’était impossible de mener ma mission à bien, si elles restaient telles qu’elles et je leur dis :
Il vous faudrait abandonner vos voiles,
Que je puisse vous admirer à poil.
Les vêtements ont ceci de trompeurs
Qu’ils peuvent souvent induire en erreur.
Eh bien, Cassandre, tu ne me croiras pas, elles n’hésitèrent pas un instant. J’ai eu, je le jure, les yeux du loup de Tex Avery, lorsque chaque corps se découvrit.
CASSANDRE – Et alors, tu les as sautées, ces pétasses ?
PÂRIS – Attends, tu vas trop vite ! Je les ai d’abord soigneusement observées. Malgré cela, je n’aurais su désigner la plus belle. Je suis trop consciencieux dans ces choses-là, tu le sais bien, il me fallait d’autres critères.
CASSANDRE – Ouh là là ! Je te vois venir…
PÂRIS – Enlève ta main de ma ceinture, s’il te plaît… Où en étais-je ?.. Ah oui, d’autres critères. Je me suis approché de Junon. J’ai fermé les yeux pour laisser mes mains recueillir, sans les corrompre par des images, les plus justes impressions en parcourant son académie. Sous mes doigts, ses tétons ont durci instantanément. Je l’ai sentie frémir, puis elle a commencé à se trémousser lorsque j’ai atteint la grotte divine. Je lui ai savamment caressé le bouton d’amour, sa vallée est devenue fontaine. Je l’ai guidée vers ma couche tout en continuant ma caresse. Elle palpitait comme une chevrette en rut. Je l’ai couchée sur le dos et j’ai libéré mon gigantesque bâton de berger… Elles en ont eu le souffle coupé !
CASSANDRE – Ton bâton de berger ? Si énorme ? Fais voir ! Si ! Si ! Fais voir !
PÂRIS – Cassandre, non ! Enlève ta main ! Tu es ma sœur ! Ce serait inconvenant. Et recule un peu, ne te colle pas à moi !… Je l’ai donc couchée sur le dos puis lui ai écarté les cuisses pour l’hallali. Elle, elle avait baissé ses paupières, mais j’ai pu au passage saisir les regards des deux autres. Tu aurais dû voir leurs yeux exorbités devant mon engin. Et elles ont commencé à se caresser. Pour ma part, je me suis enfoncé dans le ventre de Junon comme un bûcheron dans un rayon de miel. Chacun de mes coups lui arrachait un cri. Quand j’ai accéléré, ce fut un hurlement continu. Dehors, le troupeau de chèvres a dû se disperser de frayeur ! Je lui ai lâché ma semence en jets puissants. Elle se cabra dans tous les sens, en hurlant des obscénités divines. Puis elle s’apaisa enfin et me dit, avec un gentil sourire, que je feuquais mieux que Jupiter.
CASSANDRE, (complètement excitée) – Hein ? Ça, faudra que je voie !
PÂRIS – Que tu voies quoi ? T’es pas folle ? Je suis ton frère ! Et puis, t’as jamais feuqué avec Jupiter, tu ne pourrais pas comparer. Cassandre, s’il te plaît, arrête ces idioties. Et, encore une fois, recule !
CASSANDRE – Pardon, mon Pâris chéri, pardon… Mais continue. T’as feuqué les deux autres ?
PÂRIS – On y vient ! Ce fut ensuite au tour de Minerve. Elle était encore en train de se caresser. Mais elle cessa et recula à mon approche. Elle me dit fermement qu’elle était vierge et voulait le rester. Elle laissa mes mains explorer sa sublime anatomie tandis que je la rassurai : son fruit défendu ne connaîtrait pas l’assaut du bâton de berger. Cela sembla la soulager de sa crainte initiale mais n’altéra en rien le plaisir que mes attouchements lui procurèrent.
CASSANDRE, (les yeux brillants) – Mais tu lui fis quoi, alors ? Raconte, ça m’exciiiiite !
PÂRIS, (outré) – Ah non, Cassandre, tu ne vas pas commencer à te branler devant moi ?
CASSANDRE – Soit, j’arrête, mais je suis comme Charlotte, je pense que ça fait du bien… Bon, j’écoute.
PÂRIS – J’ai quand même tenu à comparer son bouquet final à celui de Junon. Je me mis à genoux devant elle et lui fis minette. Par Jupiter, elle apprécia, toute vierge qu’elle fût. Mais le plus ahurissant, c’est que, de concert, Junon fit de même avec Vénus. Rends-toi compte de la scène : deux des déesses, cuisses légèrement écartées, le pubis en avant, immobiles comme des statues, en train de se faire brouter la prairie des délices ! Ah, quel dommage que le caméscope ne soit pas encore inventé !
Vénus rejeta plusieurs fois la tête en arrière, la secouant de tous côtés et poussant des jappements et des glapissements stridents, tant Junon savait y faire. Mais ce fut Minerve qui craqua la première. Un tsunami de plaisir l’emporta dans une danse folle. Puis elle s’effondra à mes genoux et, sans crier gare, saisit mon bâton qu’elle engloutit dans sa bouche pour lui infliger un va-et-vient digne de Pan. Mes mains se crispèrent sur sa chevelure pour accompagner le mouvement. Je me lâchai au plus profond de sa gorge, elle avala tout sans que la moindre goutte apparût sur ses lèvres. Vierge, peut-être, mais gourmande salope quand même !
CASSANDRE, (impatiente) – Et Vénus ?
PÂRIS – Ah, Vénus… Ah, Vénus… Minerve venait à peine de me pomper, que Vénus poussa un hurlement de plaisir qu’on dut entendre jusqu’à l’Olympe. Lorsque Junon la lâcha, elle se roula par terre, et moi, je me précipitai sur elle. De toutes les trois, s’il en est une que je voulais feuquer, c’était bien celle-là ! La violence de mon assaut aurait pu s’apparenter à un viol, mais c’est plutôt moi que cette divine nymphomane violait. Sensations indescriptibles. Je pourrais en parler pendant des heures et la bibliothèque d’Alexandrie ne suffirait pas à en archiver le compte-rendu. Et pendant que je chevauchais la déesse, Junon et Minerve se pratiquaient un superbe soixante-neuf.
CASSANDRE, (les yeux brillants) – Un soixante-neuf ? C’est quoi ? Il faudra que tu me montres, mon Pâris.
PÂRIS – Hors de question ! Tu es ma sœur, et d’ailleurs, c’est le plaisir des dieux ! Revenons-en à Vénus. T’aurais dû voir ça ! Elle a joui plusieurs fois comme une folle, ensuite, elle s’est dégagée pour me prendre dans sa bouche.
CASSANDRE – Dans sa bouche ? Mais ça, moi aussi je peux te…
PÂRIS – Toi, rien du tout ! Elle, oui, mille fois oui ! Je n’ai jamais connu de sensation aussi sublime ! Aucun mot ne saurait décrire un tel océan de volupté. Je n’ai pu, je l’avoue, résister longtemps. Je lui ai mis toute la sauce dans la gorge. C’était comme si tout mon être se vidait, se vidait dans un bonheur insoutenable.
CASSANDRE – Et ensuite, mon frère adoré, as-tu procédé au jugement ? Qui as-tu choisi ? À qui as-tu donné la pomme ?
PÂRIS – Je l’ai donnée à Vénus ! Je ne saurais affirmer que c’était la plus belle,
Mais saurais-tu pourquoi j’ai pris Vénus ?
Parce que c’est elle qui le mieux suce !
CASSANDRE – T’a-t-elle récompensé ?
PÂRIS – Oh que oui ! Elle m’a promis l’amour de la plus belle femme de la terre ! Elle m’a promis l’amour de la belle Hélène ! Et je ne vais pas me priver de la feuquer, celle-là ! Il paraît que c’est une vraie blonde et donc qu’elle ne brille pas par… mais que c’est la meilleure feuqueuse de toutes les mortelles !
CASSANDRE, (tétanisée) – Hélène ? Hélène, as-tu dit ? Non, Pâris, non mon frère chéri, ne fais pas ça ! Ne fais surtout pas ça !
PÂRIS – Et tiens donc, pourquoi ?
CASSANDRE, (à genoux devant son frère, suppliante) – Tu sais que les augures me parlent. Ils ne se trompent jamais. Ils annoncent qu’il en résultera un grand malheur ! Un immense malheur ! Pâris, je t’en supplie, ne fais pas ça ! Hélène est un démon, la feuquer déclencherait une guerre épouvantable !
PÂRIS – M’en fous, je fais l’amour, moi, pas la guerre !
CASSANDRE – Mais surtout pas avec Hélène ! Si tu veux feuquer, feuque-moi ! Je suis toute à toi ! Je te donne mon cœur, je te donne mon âme, je te donne mon corps, je serai tienne, je serai chienne.
PÂRIS – Mais Cassandre, tu es complètement folle !
CASSANDRE – Oh oui, je suis folle, je suis folle de toi ! Je le suis depuis ce jour béni où tu m’as offert ce mille-feuilles au goût divin. Et depuis ce jour, je suis comme la feuille morte emportée par le vent des passions que tu as déchaînées en moi. Il n’y a plus que Pâris dans mon esprit et Pâris dans toutes les fibres d’un corps affamé de toi !
PÂRIS – Cassandre arrête ! Et sache-le : je ne te toucherai jamais, tes rêves et tes désirs sont vains !
CASSANDRE – Et pourquoi donc, mon frère adoré ?
PÂRIS – Justement parce que je suis ton frère et que l’inceste est interdit !
CASSANDRE – Interdit ? Interdit par qui ? Par l’Olympe ? Tu te fous de moi ? T’as déjà vu, à l’Olympe, qui couche avec qui ?
PÂRIS – Non ! Pas interdit par l’Olympe, mais par la Charte de Revebebe.
CASSANDRE – Revebebe ? C’est quoi, ça ? Une marque de couches-culottes ?
PÂRIS – Qu’est-ce que tu racontes comme idiotie ! Revebebe c’est notre avenir, c’est l’avenir de l’Homme. Comment peux-tu blasphémer à ce sujet ! Revebebe a une Charte qui interdit, entre autres, l’inceste. Ses correcteurs sont les gardiens du temple et il ne fait pas bon les contrarier ! C’est des teigneux ! J’en connais une, par exemple, oh nom des dieux… une harpie ! Tu passes illico au pilori ou à la poubelle !
CASSANDRE – C’est ton dernier mot ?
PÂRIS – Oui Cassandre ! Je ne coucherai jamais avec ma sœur, et tu pourras conclure : je ne coucherai pas avec toi.
CASSANDRE – Même pas derrière le rideau ? Le public de cette pièce ni les correcteurs n’y verront rien !
PÂRIS – Même pas ! Fous-moi la paix avec tes divagations hystériques. Si tu veux te faire sauter, va voir le dieu Pan : il a un bâton comme le tronc d’un chêne centenaire !
CASSANDRE – Ah, puisqu’il en est ainsi, je te maudis ! Fous le camp, salaud je ne veux plus te voir ! Va rejoindre ta pétasse grecque.
Pâris sort de la cabane. Cassandre est à genoux, en pleurs, la lumière diminue peu à peu tandis que Cassandre se parle :
Sois sage, ô ma douleur, et tiens-toi plus tranquille.
Tu réclamais son dard, que nenni, c’est fini.
Quelle obscure raison retient cet imbécile ?
Mon rêve le plus cher est à jamais terni.
La lumière s’éteint totalement, puis se rallume brusquement, éclatante. Cassandre est debout, le poing vers le ciel, et hurle sa colère dans un cri immense :
CASSANDRE – Vengeance !
Rideau
Scène 1 – Le tribunal de l’Olympe. Les dieux sont réunis. (Leur nombre est à la discrétion du metteur en scène). Ils sont assis selon une ligne qui coupe la scène en diagonale. Ainsi le public pourra-t-il voir l’accusé et les dieux de trois-quarts. Jupiter préside.
JUPITER, (d’une voix tonnante) – Que l’on fasse entrer l’accusé !
Pâris arrive alors sur la scène, en pleine lumière. Il dévisage d’abord les dieux puis se tourne vers le public
PÂRIS – Brrr, tous ces dieux ! Mais, qu’est-ce qu’ils me veulent ?
JUPITER – Pas d’aparté, mortel, et fais face aux dieux ! (Pâris s’exécute) Sais-tu pourquoi tu es ici, convoqué devant notre divin tribunal ?
PÂRIS – Je n’en ai pas la moindre idée, j’ignore ce qui me vaut de paraître devant vous.
JUPITER, (prenant les autres dieux à témoins) – Il ignore ? Mais on va te le dire ! Mercure, lis l’acte d’accusation.
MERCURE – Le mortel Pâris, ici présent est accusé d’être à l’origine de la guerre de Troie !
PÂRIS – Qui ? Moi ? Non mais, ça va pas ?
JUPITER – Comment ça, ça va pas ? T’as vu la connerie que t’as faite ?
PÂRIS – Je ne vois pas quelle connerie j’ai pu faire, mais je vois surtout que les droits de la défense sont bafoués et que je n’ai pas d’avocat.
JUPITER – Ben voyons ! Choisis-toi donc un avocat, tu peux prendre qui tu veux !
PÂRIS – Je requiers l’assistance de Blanchette Seguin !
Stupéfaction chez les dieux, puis éclat de rire général.
JUPITER, (courroucé) – Tu nous prends pour des truffes ? Ce genre d’attitude insolente risque fort de se retourner contre toi. La sentence pourrait s’en ressentir. Mais puisque tu l’as désignée, qu’on la fasse entrer.
Blanchette Seguin pénètre dans le tribunal et se place à côté du prévenu.
JUPITER – Comment t’appelles-tu ?
BLANCHETTE – Bêêêê… Bêêêê !
JUPITER, (furieux) – Par l’Olympe, ça commence mal !
Mais soudain, Blanchette aperçoit Mercure, parmi les dieux. Elle bondit de joie :
BLANCHETTE – Oh ! Mercuuuuure ! T’es là aussi ? Quel plaisir de te revoir ! Tu m’as laissé un si bon souvenir ! Bisouuuuu ! Ah que j’aime le Brahmapoutre quand il me met tout son foutre !
Tous les dieux, interloqués, se tournent vers Mercure qui pique du nez et un fard.
JUPITER – Quoi ? Toi, Mercure ? T’as fait ça ? Et en plus, tu lui as accordé le don de la parole. Mais tu as aussi et certainement oublié de lui gonfler les neurones ! Je t’avais pourtant bien recommandé plusieurs fois d’éviter ce genre de dérapage ! Bon, tant pis ! C’est fait, c’est fait ! Continuons. Relis l’acte d’accusation.
MERCURE – Le mortel Pâris, ici présent est accusé d’être à l’origine de la guerre de Troie ! Et donc de tous les malheurs qui en découlent. Des héros fameux tués, disparus à jamais, la zizanie chez les dieux, le bordel chez les demi-dieux, et tous ces mortels blessés et morts par milliers… Des villes en ruines, des vies ruinées, des malheurs à n’en plus finir et pour plusieurs générations.
PÂRIS – Je réfute absolument cette accusation. Je me suis contenté de ce qui me fut promis en échange d’un service que j’ai loyalement rendu : recueillir l’amour de la plus belle femme du monde. Ni plus, ni moins.
JUPITER – Recueillir l’amour ? Et sans doute un peu plus que moins ? Nous prendrais-tu pour des disciples de Platon ? Tu l’as bien feuquée, Hélène, non ?
BLANCHETTE – Pourrais-je intervenir, ô juges ?
JUPITER – Oui, tu peux. (À voix basse à l’adresse des autres dieux) Aux abris !
BLANCHETTE – Bêêêê… Bêêêê… Mon client n’est pas responsable du crétinisme gélatineux de Ménélas. Vous connaissez l’adage :
On ne le répétera jamais assez :
JUPITER – Stop, chèvre ! C’est son droit, à Ménélas, de n’être pas content. C’était son droit aussi de n’être pas cocu !
BLANCHETTE – Bêêêê… Justement ! Content, il devrait l’être, puisqu’il est cocu. Parce qu’être cocu, c’est rassurant !
JUPITER – Rassurant ? Par l’Olympe, explique-toi !
BLANCHETTE – Bêêêê… Rassurant parce qu’il fait partie d’une multitude. Idem pour les cons, d’ailleurs. Chantons tous en chœur :
JUPITER – Stop, chèvre ! Arrêtons ces futilités débiles qui déshonorent ce tribunal.
Quels que soient les arguments présentés par la défense, le prévenu Pâris aurait pu tuer dans l’œuf cet enchaînement tragique. Il aurait pu éviter de provoquer la guerre de Troie et son cortège de drames. Et c’est bien cela que nous lui reprochons !
PÂRIS – Eh tiens-donc ! Comment aurais-je pu ?
JUPITER – En renonçant à coucher avec ce démon d’Hélène.
BLANCHETTE, (bondissante) – Bêêêê non ! Renoncer à feuquer ? Jamais ! Enfin pas moi ! Chose promise, chose due, chose permise, chose dure… Durex lex, sed lex !
PÂRIS – Renoncer à feuquer Hélène ? Et pourquoi donc ?
JUPITER – En feuquant Cassandre au lieu de feuquer Hélène ! Tu n’y perdais pas au change, imbécile ! Celle-là, t’as pas besoin de lui expliquer le mode d’emploi ! Elle démarre au quart de tour et met le turbo ! T’as loupé quelque chose, pov’con !
PÂRIS – Ne me dites pas que cette salope est venue cafarder chez vous ?
JUPITER – Si, justement, et c’est là que nous avons pu mesurer l’ampleur du drame et l’étendue de ta sottise ! Et c’est cela qui provoque l’ire de l’Olympe ! Et je te signale qu’on ne parle pas ainsi de sa sœur : t’es pas dans ta cité, ici.
BLANCHETTE – Bêêêê… mais alors, c’est un inceste ! Et ça, c’est strictement interdit.
Tous les dieux se regardent, abasourdis, puis éclatent de rire.
JUPITER, (encore hilare) – Interdit ? Et par qui ?
PÂRIS – Par la Charte de Revebebe.
JUPITER, (interloqué) – La quoi ?
PÂRIS – La charte de Revebebe. C’est un temple où s’écrit la condition humaine, celle des mortels qui n’étant pas pénétrés de pieux sentiments, préfèrent s’allonger sur des pieux pour faire joujou avec leur pieu.
Ils ont des chiens de garde très vigilants qu’il ne fait pas bon contrarier. Ils ont sur les écrits une autorité et un pouvoir que tout l’Olympe réuni n’a pas. Ils sont redoutables !
J’ai essayé d’entrer dans leurs bonnes grâces mais jusqu’à présent, tous mes textes y furent refusés.
Et pourtant, de beaux textes. Je pense à :
Mais surtout, surtout pas d’inceste. Je me souviens d’un texte qui m’était cher, et qui fut refusé par un certain Ysengrin Amoudre :
Moi, c’est le rêve de ma vie, je veux être publié sur Revebebe !
Aussi, je ne pouvais pas, je ne peux pas, je ne pourrai pas feuquer ma sœur. Maintenant, décidez de ce que vous voudrez.
BLANCHETTE – Bêêêê… Et je signale au tribunal que Mercure a promis à Pâris l’immunité face à l’Olympe. Je demande la relaxe de mon client, en rappelant aussi que Marco Polo est arrivé à pied de la Chine et que la menthe de Cassandre a un goût de fiel. J’ajoute enfin que le Pont-Neuf fait soixante pieds et que pour se rendre à Beaumont-le-Vicomte, les déesses ont le choix dans la date. J’en ai terminé.
JUPITER, (se tournant vers Mercure) – T’as fait cette promesse ? Crétin ! (Puis se tournant vers Pâris et Blanchette) Foutez-moi le camp tous les deux, je ne veux plus vous voir !
BLANCHETTE, (en sortant) – Mercuuuuure ! Bisouuuuu !
Jupiter se lève, et arpente la salle du tribunal devant les dieux assis. Puis s’arrête et ordonne :
JUPITER – Convoquez-moi illico tous les correcteurs de Revebebe ! Ça va chauffer !
Noir.
Scène 2 – Les lumières se rallument. Un groupe de gens habillés de façon contemporaine se trouve sur la scène devant l’assemblée des dieux juges. Ils ont l’air ébahis, éberlués et se frottent les yeux ; ils chuchotent entre eux, se demandent où ils sont, s’ils ne rêvent pas.
JUPITER – Silence, mortels, et tournez-vous vers moi… Vous êtes convoqués devant le tribunal de l’Olympe pour être jugés comme il se doit. Minerve, procède à l’appel des prévenus ! À l’énoncé de votre nom, répondez « présent », que je vous repère !
MINERVE, (très militaire) –
– Gandalf le Belge
– Mufti SanG (prononcer Mufti sans G)
– La Brûlante
– 7Assez
– Ysengrin Amoudre
– Les Sucettes
– Lsd des Cigognes
– Syringa la Mauve…
À l’énoncé de son nom, chacun (e) a répondu machinalement « Présent », sauf pour Syringa la Mauve. Après un silence, on entend une voix dire : « Retardée par une correction qui n’en finit pas ».
Gandalf le Belge cherche à interrompre l’appel, Minerve le fusille du regard, Gandalf se tait.
– PasTouche…
– Le Cor…
– Pat l’Ancienne…
– Nelonile la Nouvelle…
– La Tombe…
GANDALF, (qui revient à la charge) – Mais, c’est une plaisanterie ? Jugés ? Quelle est cette mascarade : jugés de quoi ?
JUPITER, (l’interrompant) – Tais-toi, mortel ! Tu le sauras assez tôt. Tout le monde est là, sauf Syringa. (À ses assesseurs) Faut croire qu’elle fait tout pour se faire remarquer celle-là ! (À tous) Greffier, procède à la lecture de l’acte d’accusation.
MERCURE, (avec une perruque de juge anglais) – Les ci-nommés, tous correcteurs sur Revebebe, par leur acharnement à défendre la charte de Revebebe, sont à l’origine de cet affreux massacre que l’on a nommé la guerre de Troie, où tant de héros fameux comme Achille, Hector et bien d’autres, ont perdu la vie… Pour la populace, ça passe, mais pour les héros, tolérance zéro !
MUFTI – Voyons, soyons raisonnables. Il y a certainement une erreur quelque part. (se tournant vers les correcteurs) On est en pleine uchronie, là ! (s’adressant à Jupiter) Nous venons du XXIe siècle, comment voulez-vous…
JUPITER – Silence, mortel ! Le délit est particulièrement grave. Et pour respecter vos droits de prévenus, nous vous avons nommé un avocat d’office et sur mesure ! (Jupiter ricane) Que Blanchette Seguin entre !
MUFTI, (pouffant de rire) – Ne me dites pas que c’est Blanchette ? La Blanchette d’Alphonse, ce baudet de Daudet ? Mais… mais si ! Je rêve ?
BLANCHETTE – Bêêêê… (puis, brusquement) Mercuuuuure ! Oh Mercuuuuure ! Bisoooooous ! Que de Neptune, la foudre requinque ton foutre !
7ASSEZ, (ahuri, comme les autres correcteurs) – Et en plus, elle parle ?
BLANCHETTE – Bêêêê… Mais oui, chers correcteurs, je parle ! Comme vous êtes beaux en vrai ! Et toi… c’est toi, Brûlante ? C’est bien toi ? Ah si tu savais comment Barbare, notre mâle dominant, devient fou dès qu’on parle de toi ! Après ça, on y passe toutes ! On t’en est bien reconnaissantes…
BRÛLANTE, (émerveillée) – Elles y passent toutes à cause de moi ?
BLANCHETTE – Bêêêê… Soyons sérieux, c’est le tribunal de l’Olympe. Mais vous verrez, c’est marrant quand même ! Mais ne dites jamais « hein ? » ! Car, écoutez bien :
Douze fois « hein » ne font pas un alexandrin
Et d’ailleurs l’alexandrin est un vers dangereux
Car un alexandrin peut en cacher un autre.
JUPITER, (consterné, se tournant vers Mercure) – À ce point-là ?
MERCURE, (accablé) – Oui, hélas…
LES SUCETTES – Fouchtra ! Mais on est où, là ? Ch’est cha notre avocate ? Cha tient du gag ! Et au nombre de pieds, y’a pas de quoi en prendre un cheul !
JUPITER – Oui, suffit, chèvre stupide. Et toi, accusé, silence ! Lequel d’entre vous est Ysengrin Amoudre ?
YSENGRIN – C’est moi. Que me veux-tu ?
JUPITER – C’est bien toi qu’as mis un refus d’édition à un texte de Pâris, le berger à la verge légère ?
YSENGRIN – Oui, sans doute, et je crois me souvenir que je les ai tous refusés ! Tous hors Charte ! Scato, viols, chantage, j’en passe et des moins reluisants. Je n’en évoquerai qu’un seul :
JUPITER – Et parmi ceux que tu as refusés, il y avait bien un texte intitulé :
YSENGRIN – Oh oui ! Et comment qu’on l’a viré : du pur inceste ! Hors Charte à fond la caisse !
MUFTI – Complètement ! Je l’ai lu aussi. Nous sommes tous solidaires de cet acte de salubrité publique !
JUPITER – Toi, c’est Mufti SanG, n’est-ce pas ? Et tu veux nous faire la morale, à nous les dieux ? Vermisseau ! Toi dont le génie Zabouc ne cesse de déraper lamentablement, tu ferais mieux de commencer par balayer devant ta porte !
Arrive Syringa la Mauve. Elle rejoint le groupe des correcteurs.
SYRINGA, (essoufflée) – Ah vous êtes là ! (elle regarde autour d’elle et découvre le tribunal) Gnuu ?.. Aaaaaaaaaaaaaaaarghhhhh !
PAT L’ANCIENNE – Chut ! Ça discute…
LA TOMBE – N’empêche, et ne t’en déplaise, Jupiter, à Terre, nous respectons la Charte qui bannit l’inceste. Et tu sais ce qu’elle te dit, la Charte ?
JUPITER – Nous avons des points de vue olympiennement différents sur ce problème ! L’ennui, pour vous, c’est qu’à partir de ce dernier refus, Pâris traumatisé, et fou d’angoisse à l’idée de n’être jamais publié sur votre Revebebe n’a plus voulu coucher avec sa sœur Cassandre, ce qu’il eût fait volontiers avant. (En aparté) Mais quel con ! Mais quel con ! S’il savait ce qu’il a loupé !
LE COR – Et alors ? On y est pour quoi, dans ce mélodrame à la mords-moi le nœud ?
JUPITER – Ô colère divine, il faut que je me calme ! Je vais vous expliquer ! Vous avez commis le crime de le convertir à votre maudite Charte ! Cassandre, l’avait pourtant informé de tous les malheurs qui atteindraient l’humanité s’il feuquait ce démon d’Hélène. Cassandre lui a proposé de la feuquer, elle, à la place d’Hélène. Et l’imbécile a refusé, à cause de cette charte, avec les conséquences que l’on sait. C’est vous, oui c’est vous tous qui êtes responsables de ça !
BLANCHETTE – Bêêêê… Et le mille-feuilles ? Pâris a fourré sa semence dans un mille-feuilles que Cassandre a dévoré goulûment. Y’avait pas du Cupidon, derrière tout ça ? Elle est devenue instantanément amoureuse folle de Pâris. On pourrait appeler ça un coup de foutre ! Et ça, c’est peut-être de la faute aux correcteurs et à la Charte, hein ?
MERCURE, (embarrassé) – Chèvre stupide, ne complique pas les choses !
BLANCHETTE – Bêêêê… Quoi ça ? Chèvre stupide ? Tu ne me tenais pas ce langage, sur le Mont Ida ! Tu veux que je raconte à tout le monde ? Tu veux que j’en parle, du viagra, au dix-septième coup ? Tu veux que…
JUPITER, (précipitamment) – Tais-toi, tais-toi, chèvre, tu nous éloignes du sujet ! Et nous n’allons pas tergiverser longtemps. Je vais donner la sentence.
BLANCHETTE – Quoi ? Sans que la défense ait pu plaider ? On est à Facholand, ici ?
JUPITER – Bon, soit, mais fais vite.
BLANCHETTE – Regardez-les, ô tribunal, ces figures innocentes, légitimement étonnées et ulcérées du mauvais procès qu’on leur fait. Regardez-les ! Regardez Lsd cul de Cigogne,…
LSD – Ho ! T’aurais pas brouté du hasch, toi ? Tu pourrais pas te passer de cul, un moment ?
BLANCHETTE – Bêêêê… ne m’interromps pas, cosaque des charrues ! Le laboureur s’empresse, il mène au champ ses bœufs, dans les sillons qu’il laisse, il siffle un air joyeux. Bêêêê… Je continue :
Regardez, ô juges !
Regardez Gandalf le Belge, celui dont le fouet n’est jamais au repos. Il est mortel et, faut-il le préciser, c’est pour ça qu’elle est morte, Adèle !
Regardez 7Assez, qui garde une dent bien acérée cachée derrière ses fanons.
Regardez Ysengrin Amoudre qui corrige, corrige ! À… à… à… la queue leu-leu…
Regardez PasTouche, avec ses menottes. Ainsi font, font, font les petites marionnettes…
Regardez Les Sucettes : elle est à lui cette chanson, lui qui corrige sans façon…
Regardez Le Cor qui, des auteurs, sonne si gaiement l’hallali, la la la.
Regardez aussi Syringa la Mauve, la fleur parmi les fleurs, rose de confusion, lys dans la vallée… (Telle une rose qui éclot sur la couronne des pines)
SYRINGA – Gnuuuuuuuuuu ?
BLANCHETTE, (reprenant) –
Regardez Pat l’Ancienne, bonne pâte levée à la correctine.
Regardez Nelonile la Nouvelle, du sang nouveau, il était temps ! Il était temps ?.. il était temps petit navire, il était temps petit navire…
Regardez Mufti, le grand sage de Jérusalem-en-Bourgogne, qui sait conjuguer « j’expire » à tous les temps et tous les modes.
Enfin, regardez La Brûlante, la délicieuse, la tendre enfant. Qui ne s’attacherait à elle. Tant d’innocence dans son regard, tant de charme dans sa personne, tant de vertus, tant de…
JUPITER – Hé, bon ! Ça suffit ! Tu veux en venir où ?
BLANCHETTE – Bêêêê… à la relaxe ! La relaxe pure et simple ! Ils sont tous innocents ! Ce n’est pas comme cette Jeanne d’Arc que l’on a dit morte en sainte alors qu’elle a péri avec le feu au cul !
JUPITER – La relaxe ? Hors de question ! Mais, peut-être, si je devais en gracier une, ce serait La Brûlante. Et encore, pour des raisons… euh… hautement spirituelles et humanitaires ! Elle est… Aaaah… elle est… ! (se reprenant) Les correcteurs, je les condamne pour l’éternité à ne pouvoir s’exciter que des exploits sexuels des autres et à l’enfer éternel des fautes d’orthographe ! À partir de ce jour, plus jamais ils ne recevront un seul texte sans faute !
Il lève son marteau pour ponctuer le verdict et… sourde explosion qui fige tout le monde. Apparaît Éris, cette fois-ci habillée en bourgeoise coincée.
JUPITER – Éris ? Que viens-tu faire encore ?
ÉRIS, (sur un ton déclamatoire) – Oui, c’est moi, Éris, la Discorde, mais désormais, on m’appelle la Morale Bourgeoise. Dans ce procès, Jupiter, tu ne peux être juge et partie, c’est donc moi qui vais rendre le verdict. Il sera sans appel !
Vous, les dieux, libertins, menteurs, violeurs, incestueux, je vous condamne à l’oubli : plus personne ne croira en vous, vous ne serez plus que des personnages de contes pour les enfants et quelques érudits.
J’ai dit !
Quant à vous les correcteurs, je ne peux rien faire contre le cochon qui sommeille dans l’âme humaine, je ne puis vous empêcher d’exercer vos talents sur des écrits aussi abjects que répugnants, je vous condamne donc au secret, à vous cacher derrière des barrières infranchissables aux mineurs et qui préviennent aussi les âmes pures de vos obscènes occupations.
J’ai dit !
Sur ces dernières paroles, brutalement noir total.
Rideau qui se ferme
L’obscurité reste complète un instant puis un projecteur s’allume et trace un cercle lumineux sur l’avant-scène.
En coulisses, on entend un brouhaha de discussion puis des voix se détachent et deviennent compréhensibles.
UNE VOIX – Ah mais non ! Ça ne peut pas se terminer comme ça…
UNE VOIX FÉMININE – Rhaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaa !
UNE AUTRE VOIX – Et notre avocate, qu’est-ce qu’elle fait ?
LA VOIX FÉMININE – Gnuuu ?
TOUTES LES VOIX – Blanchette ! Blanchette !
Blanchette apparaît en pleine lumière.
BLANCHETTE – Bêêêê… Je vous entends mes chéris. Il n’y a plus d’Olympe ! Plus de Mercure ! (snif !) Plus de mont Ida !
Mais il y a toujours cette affreuse Morale, cette mal baisée…
(s’adressant au public en criant) Y aurait-il un volontaire pour une œuvre de salubrité publique ?.. Non ? Vraiment ?
(se retournant vers la coulisse) Et chez les correcteurs ?
UNE VOIX MASCULINE – Tu crois pas qu’on est déjà assez punis ? T’as pas un copain en manque… ?
BLANCHETTE – Ahhh ! Si Pâris n’était pas disparu !… Mais… Attendez ! Dans ma Provence natale, j’ai un copain qui m’attend, dans la montagne. Comme Pâris, lui aussi est prêt à sauter sur tout ce qui bouge…
Eh oui ! Vous allez voir, comment le loup, il va la baiser, la sodomiser et la bouffer, votre Morale… Ouah ha ha ha…
Éclat de rire général.