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Temps de lecture estimé : 21 mn
07/01/11
Résumé:  Louise part randonner seule à skis. Mais le loup rôde...
Critères:  fh inconnu froid fellation cunnilingu
Auteur : Bouldegom      Envoi mini-message
Louise - La neige

« Complètement dégoûtés du métropolitain, de l’existentialisme, du parlementialisme, du totalitarisme, des sulfamides, de la démocratie, du progrès atomique, des robots, des assurances sociales et du quatrième top, Samovar et Baculot s’enfoncent dans les neigeuses solitudes afin de se retrouver eux-mêmes. »


Samivel – Bonshommes de neige – 1947





Il neige. Une petite neige « froide et désolée », des petits flocons peu serrés qui rebondissent sur mon pull en laine polaire. Il fait un froid de canard, et je connais des canards qui en auraient la chair de poule. J’ai quitté le parking il y a dix minutes, et ma Clio indiquait -8°C+-.


C’est plutôt rare fin mars.

La nouvelle neige fait un tapis de sept ou huit centimètres sur la vieille neige transformée. C’est bien pratique pour passer les « trous » où la neige avait fondu. J’ai graissé les fixations de mes skis qui ne font ainsi pas le moindre bruit, si ce n’est un doux frou-frou (mon Dieu, que c’est doux). En principe, je dois arriver au refuge dans un peu plus de deux heures.


Je m’octroie un grand week-end de rando à skis solitaire. J’ai laissé mes deux petits à Leila et Yves, et comme les prévisions météo ne sont pas fameuses pour ce vendredi et ce samedi, j’ai emmené le deuxième tome des « Enfants de la Terre » de Jean Auel, au cas où je serais bloquée par le brouillard ou le mauvais temps.

J’ai limité mon sac à dos, parce que trois jours de bouffe pèsent bien assez lourd. Donc, pas de sac de couchage, juste un sac à viande en soie pour le confort. De toute façon, il y a beaucoup de couvertures là-haut.


Louise. Je m’appelle Louise, Lou pour les intimes (surtout pas Loulou, pourquoi pas Chienchien ?). Je dois bien vous l’avouer : je suis blonde. Oui, blonde, blonde, avec les cheveux jusque sur les épaules, aujourd’hui réunis en une grosse natte.

Afin de corriger les idées préconçues, je suis psychologue pour enfants avec bac + 6.

En outre, j’avais un bon niveau régional en judo et jiu-jitsu quand je faisais de la compétition. En fait, je suis un garçon manqué. « Vraiment très manqué ! » dirait mon copain Jérôme, qui rajoute : « Avec des petits garçons comme toi, je me sens devenir homo et pédophile ! »


Quoi qu’il en soit, j’aime toutes les activités physiques, je ne raffole pas du lèche-vitrines, je n’hésite jamais à affronter mes peurs et je suis férocement indépendante. Mais ne vous inquiétez pas, quand ça vaut le coup, je sais me déguiser en femme fatale, sapée et (un peu) peinturlurée.


Physiquement, sans être un mannequin, j’ai tout ce qu’il faut, assez jolie fille, un peu sportive. J’ai un petit grain de beauté et une petite cicatrice sur la joue gauche, qui m’ont beaucoup peinée quand j’étais petite et même ado, mais que j’ai appris à aimer.

Il y en a qui pensent que j’ai un grain (un autre !), mais ce sont des méchantes langues (en fait, je n’ai pas essayé).


Mes seins ne sont pas bien gros, mais vu la quantité de lait qu’ils débitaient quand j’allaitais, je n’en veux pas de plus lourds ! Je n’ai pas la toute grande forme, parce que je suis en plein dans mes règles qui me fatiguent toujours un peu, et à cause de la semaine de travail passée avec les enfants, qui me fatigue toujours beaucoup.


Je n’ai peut-être pas la carrure de maman Dolto, ou bien elle était aussi éreintée que moi en fin de semaine ! Malgré tout, ou plutôt à cause de tout cela, je jubile intérieurement de passer quelques jours solitaires dans un cocon enneigé.


J’avance tranquillement dans la forêt. Il n’y a pas la moindre trace de ski, même ancienne. Le silence est profond. Je tire la langue pour essayer d’attraper des flocons, mais ce n’est pas convainquant et ça me fait loucher.


Un écureuil noir traverse devant moi à dix mètres et grimpe sur un mélèze. Je saisis mes jumelles en me demandant s’il m’a vue, lorsqu’il réapparaît sur une branche et se met à décortiquer avec conviction une pomme du mélèze.

Il est face à moi, et je mets un moment à comprendre que ce n’est pas un écureuil-punk, mais qu’il a ramené sa queue en cimier sur sa tête ! Manifestement, il m’observe sans se troubler.

Peut-être racontera-t-il ce soir à ses petits quel drôle d’animal il a observé…


Tout en devenant effectivement un animal, concentré dans deux yeux et deux oreilles, attentif à son environnement, je repense au boulot, aux enfants malades parce qu’on ne leur demande rien, malades parce qu’on ne leur donne pas de règle du jeu, malades d’être surprotégés.


C’est les parents qu’il faudrait soigner. On n’en est plus à l’enfant-roi, on en est à l’enfant-Dieu ! Alléluia !


En même temps, dans un autre coin de ma tête, il y a un compteur qui enregistre chaque pas : un, deux, trois, quatre… Ça m’agace prodigieusement, mais je ne suis jamais parvenue à l’arrêter.

Quatre-vingt-dix-neuf, cent… Là, il y a un déclic qui me fait réaliser la présence du compteur. Je parviens à l’interrompre un moment, mais il ressurgit un peu plus tard.


Le paysage presque tout gris, est d’une beauté émouvante. Ces images en noir et blanc à peine colorisées en teintes pastel parlent directement à ma sensibilité. Tous les reliefs sont adoucis. C’est vrai qu’il y a quelque chose d’éminemment féminin qui me touche profondément.


Quelques traces toutes fraîches marquent le passage d’un lièvre qui faisait des bonds de trois mètres. Il ne doit pas apprécier mon intrusion. Mais je ne l’ai pas vu. Dommage, j’adore cette fourrure très légèrement jaune sur la neige très légèrement violette.


Il y a longtemps que l’itinéraire a quitté le chemin raide mais carrossable en été, et je ne devrais pas tarder à apercevoir le refuge, abrité sous une bosse par là, à gauche. Il est seize heures et il fait déjà bien sombre.

Je suis au niveau de la limite des arbres, qui sont plus dispersés. La neige fraîche est plus épaisse, peut-être quinze centimètres.


Je connais bien l’endroit pour y être venue de nombreuses fois avec mon père, et encore cet été avec le propriétaire pour faire la provision de bois.

Pourtant, je suis surprise lorsqu’il apparaît dans la grisaille. C’est un tout petit chalet en bois, qui me sert de modèle pour la maison du papa ours, de la maman ours et du petit ourson, lorsque je raconte l’histoire de Boucle d’or aux enfants.


La petite colline qui le domine le protège d’hypothétiques avalanches. Il y a plus d’un mètre de neige sur le toit de bardeaux (non, les murs ne sont pas blancs, pourquoi ?).

Devant la porte, pas de bouleau, bien sûr, mais une petite place où on peut manger l’été, puis une pente raide de sept ou huit mètres, puis les pâturages avec quelques mélèzes.

Il n’y a qu’une pièce, avec côté colline une plate-forme en bois avec six paillasses, et côté vallée une grande table devant une grande fenêtre, avec d’un côté un gros fourneau à bois tout rond, et de l’autre un coin cuisine avec un réchaud à gaz à deux trous, un évier et un petit plan de travail.

Le lieu est simple, mais l’isolation est bonne, et la vue sur la vallée sublime (pas aujourd’hui, hélas).


Je dégage un peu la neige devant la porte et j’entre. Il fait très sombre et très froid, avec en plus l’humidité des lieux inhabités. Brrr…

Je balance mon sac au milieu des lits et j’entreprends aussitôt d’ouvrir les volets et de faire un bon feu dans le poêle. À croire que presque personne n’est venu cet hiver, parce que la provision de bois est à peine entamée.

Il y a des chances que je sois tranquille !


Dès que le feu gronde, je remplis une bassine avec une montagne de neige pour la boisson, la soupe, les bouillottes et si possible un peu de toilette, et je rentre mes peaux de phoque pour qu’elles ne soient pas gelées demain.


Je prends ensuite la pelle dans l’appentis et je vais dégager la porte de la cabane WC à une trentaine de mètres. Mon père tenait absolument et à juste titre à ce qu’on utilise les WC, même les jours de tempête.

Il suffit de faire le tour des refuges d’hiver quand la neige fond en avril pour comprendre pourquoi…


La neige fraîche part sans problème, mais la neige transformée est un peu glacée et plus résistante. Je bataille près d’un quart d’heure avant de parvenir à mes fins.


Je viens de changer de tampon, porte grande ouverte, lorsque j’entends une voix mâle appeler :



Non seulement je fais un bond en l’air, ce qui n’est pas commode dans la situation où je suis, mais en plus, je ressens cette vieille crainte du viol.


Je n’ai pourtant pas été élevée dans la crainte des hommes, loin de là, et je suis loin d’être sans défense, et pourtant, à chaque fois que je rencontre un mec dans un coin isolé, il faut que je ressente ça ! Ça m’agace et ça m’indigne, vu que je déteste les stéréotypes (et les nanas qui ont peur de tout).


Je me rhabille le plus vite possible et je réponds :



D’accord, ce n’est pas très original, mais c’est le seul truc qui me vient.


Il est en train de décoller ses peaux. Pas très grand, un peu trapu, la trentaine, comme moi. Aussi noir de poil que je suis blonde.


Il m’accueille avec un sourire charmant, et devant mon air sans doute peu amène suggérant « qui te rend si hardi de troubler mon refuge ? », il dit :



Je ne peux pas m’empêcher de rire, et je lui souhaite la bienvenue. Il est un peu plus petit que moi, avec des cheveux tout ébouriffés et des sourcils qui se rejoignent presque, lui donnant un air rude et sauvage.

Par contre, il a un regard pétillant et amusé qui le rend tout doux. Voilà : un loup en peluche ! Ça nous fait une Lou blonde et un loup noir. On se présente :



Ouf, pas susceptible. Il a fini de ranger ses peaux, et dès que je commence à rentrer du bois pour la nuit, il m’aide gentiment. On s’affaire ensuite à s’installer le mieux possible. Il fait un peu moins froid dedans, mais les gants et l’anorak sont encore bien utiles.

Comme la nuit tombe, j’allume une bougie qui nous fait des ombres de géants.


Il a monté un énorme sac (comparé au mien) et il en déballe une bouteille de vin du Jura, un gros morceau de Comté, et plein de bonnes choses à manger. Avec mes trucs lyophilisés, j’ai l’air un peu benette ! J’ai tout de même un gros sac de pâtes fraîches qui relève mon niveau.

Après inventaire, on décide de faire bouffe commune, ce qui est plus simple… et fort avantageux pour moi !


Comme je voudrais faire un brin de toilette, il m’aide à installer une couverture paravent. Mais qu’est-ce que ça caille ! J’enlève le strict minimum pour laver le strict nécessaire.

Ouf, c’est dur, mais on est tellement requinqué après !


Ensuite, je fais des boutoilles, c’est un truc de mes parents. J’ai monté deux bouteilles en plastique (une me sert de gourde) que je remplis d’eau chaude (bouteille + bouillotte = boutoille) et je les mets dans le lit.

En principe, il y en a une pour les reins et une pour les pieds, mais, grande âme, j’en propose une à Bruno, qui a une gourde classique, et les paillasses sont incroyablement froides.


Notre petit repas aux chandelles avec nos anoraks et nos bonnets est délicieux et nous nous racontons un peu. Bruno travaille à l’ONF dans le haut Jura et passe ses congés dans les montagnes et dans le Sahara. Il connaît beaucoup de choses et il aime les partager sans en mettre plein la vue.


Il y a deux randonnées principales à faire à skis depuis le refuge : une épaule près du sommet du pic des Mounes et le mont des Arbues. On fera le premier demain où le temps risque d’être encore gris et le second dimanche, avec le beau temps, s’il arrive.

On se couche tôt après avoir bourré le fourneau, pour se lever à sept heures.


Je garde mon collant en laine, mes chaussettes et mon pull. Même avec trois couvertures et la bouillotte, je ne transpire pas, tant les paillasses sont froides !

Bruno s’est installé sur celle d’à-côté, apparemment aussi vêtu que moi !

Au bout d’un quart d’heure, il remue encore, et je lui propose de se rapprocher un peu pour se tenir chaud.

En tout bien tout honneur, bien sûr.


Il me rejoint sur ma paillasse, et on s’installe pudiquement dos à dos, sans que nos mains s’égarent. C’est génialement efficace, et un peu faux-cul de ma part. Bon, ce serait encore mieux avec un autre homme devant, mais on ne peut pas tout avoir ! Et après tout, faux-cul ou pas, Bruno a l’air d’apprécier la chaleur (et le moelleux ?) de mon vrai derrière…


Il fait bon. Je suis assise contre le mur sur ma paillasse, et je lis un livre. Le refuge a grandi. Les paillasses sont sur une sorte de mezzanine à plus de deux mètres du sol. Bruno est couché entre mes cuisses nues dans une position tout à fait improbable et il me lèche avec douceur.


Des tas de gens circulent sous la mezzanine et vers la cuisine. Ils ne peuvent pas voir le bas de mon corps et ils me saluent ou me parlent. La langue (de loup ?) qui me caresse les lèvres est immense, pointue et légèrement rugueuse.

Elle s’insinue, me titille le clitoris et virevolte partout sur et dans mon sexe. J’essaye de garder une attitude normale de liseuse sage, tout en répondant aux gens.

J’ai du mal à contenir mon excitation et je jette un coup d’œil entre mes jambes. Le museau de Bruno est tout barbouillé du sang de mes règles ! Attendrie, je dis tout haut « Il est adorable » et j’éclate en mille flocons rouges de plaisir.


L’orgasme me réveille et je ne sais pas trop où je suis. Je me suis tournée en dormant et j’ai passé un bras autour de mon voisin qui dort ou fait semblant. Quel rêve !

Je tâte entre mes cuisses pour vérifier l’absence de fuites. Je me remets délicatement et avec regret dans la position dos à dos. Je m’endors comme une bienheureuse. Il fait encore nuit dans le refuge quand le réveil de mon téléphone joue sa douce mélodie.



Je dois piquer un fard de toute première qualité, mais l’obscurité me protège. J’évite de répondre en lui posant un chaste bisou sur le front et en me levant.


Le temps semble toujours aussi gris, mais il ne neige plus. Les arbres lointains sont des fantômes en négatif, noirs sur le fond gris de la neige.

Nous préparons tranquillement notre petit déjeuner, copieux et riche. Bruno garnit le fourneau qui est encore bien chaud. La température est maintenant agréable, et on peut rester en pull sans claquer des dents. Par contre, dehors, le froid est vif. Pas un souffle de vent.


Une fois équipés, nous démarrons pour les Mounes, avec un sac léger. Je fais la trace dans la poudreuse immaculée. Le jour maintenant bien levé nous fait deviner des petites lacunes azurées au milieu de la grisaille. On sent que le mauvais temps ne se prend plus vraiment au sérieux.

Un peu plus tard, un pâle petit soleil tout blanc se matérialise de temps en temps, créant une lumière blanchâtre sans ombres. Bruno me relaie sans augmenter l’allure, ce que j’apprécie. Nous parlons peu. La beauté du lieu va sans dire…


L’itinéraire est assez facile, avec une pente soutenue, mais peu de passages très raides. Nous évoluons maintenant sur une croupe arrondie qui mène vers le sommet. Le paysage est très limité par les écharpes de brouillard qui se baladent et le plafond nuageux tout proche.

Après deux petites heures de montée, nous atteignons l’épaule près du sommet, où il faut laisser les skis. Il reste dix minutes de rocher facile que nous gravissons pour le plaisir de fonctionner, car le panorama est totalement cotonneux.

La redescente vers l’épaule est prudente, parce que le rocher est glissant et l’itinéraire un peu exposé. Nous grignotons nos vivres de course, et Bruno sort une thermos de thé à la bergamote qu’il a préparé sans me le dire. Un petit bonheur !


Pour descendre, nous évitons la trace de montée, qui forme un superbe tableau à la Samivel. La neige est véritablement divine, mais avec le jour blanc, il faut être prudent, et nous dansons lentement en traçant de belles sinusoïdes qui se caressent ou s’enlacent, tant que la pente est raide.


Ensuite, c’est la godille jouissive et légère jusqu’au chalet. On met bien peu de temps pour descendre ce qu’on a longuement monté ! Nous ne disons rien, mais chacun a apprécié les qualités de skieur de l’autre.


Je vérifie d’un coup d’œil qu’il n’y a pas de nouveaux arrivants. Autant hier je pestais d’être envahie, autant aujourd’hui j’apprécie la compagnie de Bruno… et n’en souhaite pas d’autre. Bien souvent femme varie.


Je fais à nouveau fondre un monceau de neige. Puis nous nous offrons un petit complément de repas en débouchant la bouteille. Santé prospérité ! Ensuite, je m’offre une petite sieste pendant que Bruno vadrouille dans les environs à la recherche de traces d’animaux.


En fait, il revient une heure plus tard en n’ayant vu qu’une trace de renard. Moi, j’ai attaqué « les enfants de la terre », et je suis partie avec Ayla dans les steppes désertes vers sa vallée.

Je n’ai aucun mal à m’identifier avec cette belle héroïne positive ! Je dois admettre que mon enfance a été un peu plus facile…


Sur le soir, une petite bise s’est levée, et le ciel se dégage rapidement. Les sommets prennent une teinte saumonée qui contraste avec le bleu sombre du soir. Toujours pas de visiteurs (youppie !).


La température est maintenant vraiment douce dans le refuge, et j’en profite pour me faire une vraie toilette avec une partie de l’eau chaude, après avoir réinstallé le paravent. Je dénoue et peigne mes cheveux qui ondulent.

Pendant ce temps, Bruno a mis le nez dans mon livre. Le pauvre ! Il touche là à une drogue dure. Il ne voudra plus me le rendre… Eh non, quand j’émerge, il prend la « salle de bain » à son tour.

J’ai envie de le guigner pour le taquiner, mais jusqu’à présent, il m’a fiché une paix royale, et je rejoins Ayla.


Le repas, aux chandelles comme il se doit, ne relève pas de la haute cuisine, mais l’appétit et l’ambiance en font un modeste festin. Nous en sommes arrivés à parler de nous un peu plus franchement.

Les petits contacts « accidentels » lors de nos déplacements se sont multipliés. Il a pris mon poignet pour mieux observer mon bracelet touareg en argent. Il a posé son doigt sur ma cicatrice pour en savoir l’origine. J’ai passé ma main sur sa joue pour voir si ça râpait…


Il en vient à évoquer sa grand-mère, institutrice dans un village de montagne, une sorte de mère courage sévère et chaleureuse.



Là, Bruno dégringole des hauteurs jurassiennes et réalise cette éventualité effrayante et attrayante : se rouler nu dans la poudreuse avec une nana (déjà) un peu givrée ! Il n’hésite pas longtemps. Moi, qui ai parlé un peu vite, je réalise aussi combien la situation devient intime… et drôle.


On finit le repas et la bouteille de vin (qui n’est peut-être pas totalement innocente) très émoustillés, et on fait bien ronfler le poêle. Il y a les boutoilles dans le lit, de l’eau chaude pour nos petits petons et des couvertures chaudes pour nous recueillir.


Je jette un œil dehors pour tâter le froid. C’est absolument glacial, avec un ciel complètement dégagé. On voit tellement d’étoiles qu’il est difficile de reconnaître les constellations. Aucune lumière extérieure, si ce n’est « l’obscure clarté qui tombe des étoiles », très réelle, très belle.


En riant un peu nerveusement, on se déshabille presque pudiquement sous une couverture, et, courageuse, je la pose et bondis dehors. Je cours jusqu’à la pente avec Bruno sur les talons, et intrépide, je plonge et roule jusqu’en bas. L’impression est terrible et géniale. Je suis saisie par l’immense main violente de la neige qui me brûle, me gèle, révèle mon corps.


J’accueille Bruno en lui balançant de la neige avec les mains et les pieds. Je remonte la pente en courant. J’attrape Bruno qui m’a rejointe.



On s’enlace et on fait le tonneau, en riant comme des gosses. Le contact de nos peaux glacées est troublant, mais le désir est cristallisé. Malgré le froid qui commence à nous grignoter, on remonte et on recommence, bien plus serrés, beaucoup plus conscients de cette intimité charnelle.

Mais les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures (et les moins longues, et je soupçonne la grand-mère d’avoir exagéré avec son quart d’heure), et on rentre vite s’emballer dans nos couvertures, dans la chaleur extraordinaire du refuge.


Mes pieds, mes mains, mes oreilles, mon nez et mes fesses sont gelés, mais ce n’est rien. J’ai les seins superbement toniques, mais les tétons sont complètement recroquevillés, glacés et douloureux. Bruno, me voyant essayer de les dérider et de les réchauffer, me propose son aide en riant.

Après une hésitation d’un quart de seconde, j’accepte. Il s’introduit dans mon abri de laine, et comme ses mains sont glacées, il approche ses lèvres, et me prend délicatement le bout du sein dans sa bouche bien chaude.

C’est un terrible délice ! Je lui propose vite l’autre, tout en lui tâtant peu discrètement l’entrejambe. Il y a bien à faire là aussi, c’est aussi ratatiné que mes tétons !


Dédaignant la bassine d’eau chaude, nous nous installons vite sur la paillasse, et mes seins, habillés par ses lèvres, passent progressivement de la douleur, proche de l’onglée, au plaisir. Nos mains se réchauffent en réchauffant nos fesses, nos cuisses, nos visages, et les frôlements pour vaincre les zones froides deviennent des caresses de chaude tendresse, qui explorent et font connaissance.


Un premier bisou sur la bouche hésitant (qui a pris l’initiative ?) devient vite un vrai baiser « papilles à l’endroit, papilles à l’envers ». Sa barbe naissante me râpe un peu, mais à la neige comme à la neige. Mes mains ont bien déridé l’espèce d’escargot congelé qu’il avait entre les jambes.

Je descends doucement, en baladant mes seins dans la noire fourrure de sa poitrine, goûter s’il y a de l’ail, du beurre et du persil… Son sexe bandé est tout droit, pas très grand, trapu, dans une touffe noire, bien à l’image de Bruno.

J’y pose un petit baiser humide, en lui réchauffant les couilles avec mes mains en conque. Dans le fouillis de caresses qui suit, il a parcouru tout mon corps. Il découvre une petite ficelle…



J’ai envie de lui répondre :



Mais j’ai peur de tacher les paillasses.

Il ne me laisse guère le temps de répondre. Il descend à son tour entre mes cuisses, que j’écarte et relève complaisamment, il enfonce un peu le tampon avec une grande douceur, et commence à explorer mes lèvres d’une langue douce et lente. Je repense à mon rêve, mais c’est tout différent.


Il parcourt très lentement chaque parcelle de mes grandes lèvres. Ses mains chaudes sous mes fesses me soulèvent un peu pour mieux m’offrir à sa bouche. Je l’aide en me cambrant et en glissant un oreiller sous moi.

Il ouvre maintenant mon sexe avec ses doigts et continue son exploration lente. Je suis gênée en imaginant l’odeur d’antiseptique et l’absence de mouille, mais lui continue sa balade dans mes replis, et mon sexe est devenu une montagne attentive qu’il explore et gravit.


J’ai posé mes mains sur ses épaules, je lui masse le cou et lui caresse les cheveux, accompagnant et contrôlant ainsi sa progression, essayant de me distraire du plaisir qui monte trop vite. Je voudrais que cette caresse douce, paradoxalement presque asexuée, dure toute la nuit.


Tout doucement, il s’est approché du clitoris, mais n’a pas augmenté la cadence ni la pression. Je me laisse surfer sur sa caresse et c’est presque une surprise quand l’orgasme projette ses ondes de chaud plaisir dans tout mon corps. Ce sont d’étranges boules de jouissance qui atteignent mes pieds et mes mains, encore brûlants de leur dégel.


Bruno est remonté, et s’est lové (j’aime ce mot lové, si britanniquement français) contre moi. C’est fantastique comme on ressent la chaleur de la peau, après le froid de la neige.

Quand j’émerge de mon plongeon dans la jouissance, j’embrasse Bruno avec une grande tendresse. Je le garde contre moi, sans rien dire, sans rien faire, mes seins encore durs et excités contre sa poitrine, son érection contre mon ventre.


Quand mon corps se calme, je le couvre de caresses et désescalade son corps avec un chapelet de bisous lents et doux. Je pose ma tête sur son ventre et j’attire sa verge entre mes lèvres. Ma main gauche explore ses cuisses plutôt velues, empaume ses testicules, masse ses fesses, lui titille l’anus.

J’ai envie de l’amener au plaisir comme il a fait pour moi : tout doucement, l’air de ne pas y toucher.


J’entrouvre la bouche et promène son gland sur ma langue et entre mes lèvres. Il essaye de pousser pour entrer, mais je contrecarre son mouvement. Il caresse mes cheveux étalés sur son ventre. Petit à petit, je le laisse pénétrer, tout en promenant ma langue autour du gland tout lisse et sur le méat où je sens une goutte annonciatrice. Je ménage son excitation en le suçant à petits coups de langue comme un « esquimau » à la fraise.


Maintenant, je l’avale complètement, en faisant un lent va-et-vient un peu serré. Son souffle plus rapide et une certaine tension trahissent la montée de l’excitation. Ses massages son plus appuyés sur mon cou.


Je mouille un doigt et je lui insinue en douceur dans l’anus. Je ne suis pas très à l’aise avec ce geste, mais je sais que les sensations des hommes (les miennes aussi !) en sont multipliées. Ses mouvements me montrent qu’il apprécie. Nous dansons une sorte de slow intime et langoureux.


Quand je le sens mûr, j’accélère un tout petit peu et je transforme ma bouche en vagin serré. Il réagit aussitôt, essaye de me prévenir et grogne sa jouissance en éjaculant dans ma bouche. J’aime la sensation des giclées qui suivent la contraction de la verge, et je ne trouve pas le goût du sperme déplaisant.

Je garde son sexe qui débande lentement dans ma bouche, pendant que ses deux mains chaudes me redessinent le corps.




Plus tard, je suis moi aussi lovée les seins écrasés contre son dos. Nous n’avons pas dit grand-chose, pas de mots d’amour, peut être « tu es douce », peut-être « tu râpes », peut-être « je suis bien ».

C’est drôle, tous les endroits de mon corps qui étaient gelés sont maintenant bouillants. Piou ! Moi qui suis quasiment impossible à draguer, je me suis fait prendre par la gentillesse en deux temps, trois tendres mouvements.


Pas de rêve cette nuit, ou je ne m’en souviens pas. Petit baiser au réveil, déjeuner, et départ pour les Arbues. Le soleil n’est pas levé, mais il fait beau « à n’y pas croire ».

La montée est un peu plus technique, avec de nombreuses conversions, et un peu plus longue qu’hier. Nous nous relayons souvent pour faire la trace. Petit sourire heureux, petite caresse du gant.


Le soleil rougit d’abord les sommets lointains.

Quand il nous atteint, il fait briller la neige, comme si toutes les étoiles d’hier soir avaient été semées autour de nous. J’ai à l’idée le titre d’Ann Suyin, « multiple splendeur ».


Il fait encore très froid quand nous arrivons au sommet. Le panorama est fantastique, peut-être un peu fade avec ses teintes pastel trop douces.

Je nomme les sommets à Bruno qui ne connaît pas bien ce secteur des Alpes.


Petit repas de fruits secs et d’amandes, thé brûlant, et c’est la descente. Un délire de neige. La poudre sur la vieille neige transformée s’envole sans effort. On a l’impression de savoir skier !


Dans mon euphorie, et pour faire la maline, je fais une volte complète, parfaitement réussie, mais à la seconde volte, mes skis se révoltent, je vole et je me vautre spectaculairement, sans me faire mal.


Bruno est naturellement mort de rire. Je récupère le bonnet et les lunettes qui se sont un peu dispersés, j’essaie de secouer toute cette poudre glacée qui m’est rentrée dans le cou. Je suis heureuse. Qu’est-ce que j’aime me rouler dans la neige !


Retour au refuge, rangement, nettoyage du fourneau et petit repas. Il est encore tôt, mais Bruno doit rentrer dans le Jura et nous descendons bientôt avec nos sacs plus lourds, mais toujours cette merveilleuse neige.


On s’arrête de temps en temps, histoire de se reposer ou de faire un commentaire sur des traces d’animaux. J’ai le cœur un peu serré de savoir qu’on va bientôt se séparer. Nous évitons les vrais contacts, qui ne pourraient être que dérisoires. Petits sourires, peu de mots.


Nous arrivons à skis au parking. Quel confort ! Échange de coordonnées, de téléphones, et d’adresses courriel.


Nous nous offrons un long baiser de vieux amants, puis Bruno s’en va. Je le regarde partir une larme au coin de l’œil, et le cœur bien chaud.