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Temps de lecture estimé : 10 mn
16/01/11
Résumé:  Mama Tebah, une belle matrone de Cuba, attend le retour de son amant. Elle lui prépare un bon petit plat pour le mettre en bouche pour leur nuit d'amour.
Critères:  fh fagée grosseins groscul pénétratio portrait -couple
Auteur : Stemcel            Envoi mini-message
Mama Tebah - Flor de Cuba

« Quelle chaleur dans cette cuisine ! » se dit Mama Tebah en soulevant le couvercle de son fait-tout. « Le colombo de porc a encore besoin de mijoter un bonne heure ». Elle essuie de son torchon la poignée du couvercle puis, avec le même torchon, elle éponge son décolleté, deux larges auréoles marquent son chemisier rouge. Sous son fichu de Madras qui cache ses cheveux, de grosses gouttes sueur lui perlent le front.


Une belle négresse de Cuba, « mon quintal d’amour » comme lui dit Carlos. À quarante-neuf ans Mama Tebah a eu quatre enfants de trois pères différents. Le plus grand a vingt-sept ans et le plus petit douze ans mais, malin comme il est, il est déjà en âge de se débrouiller tout seul. Mama Tebah ne sait pas dans quelle combine il se mêle mais souvent, pour se faire pardonner de rentrer tard, il ramène un poulet ou un morceau de porc.


Tous ses maris l’ont quittée mais aujourd’hui elle cuisine pour son homme, Carlos, son amant du moment. Il est ouvrier agricole et, comme tous les ans à la saison de la récolte du tabac, il est parti louer ses bras dans la région de Pinar del Rio. Il a dormi chez le cousin de Mama Tebah ; sa famille est de là-bas.


Mama se souvient que, petite fille, elle allait se glisser dans les séchoirs à tabac pour jouer à cache-cache. Au milieu de ces grandes feuilles parcheminées qui séchaient comme du linge, sur des évents. Chaque soir, on amenait la récolte du jour et l’on faisait monter d’un étage les longues gaules sur lesquelles les feuilles étaient étendues, en décalant d’un niveau le séchoir. Les feuilles brunes tout là-haut, après vingt jours, étaient prêtes à être envoyées à la fabrique. Elle trouvait des cachettes, dans ses vastes cases de paille, dans le noir, sous une large feuille de tabac ; elle fermait les yeux pour respirer l’odeur forte.


Mama Tebah sait que Carlos doit rentrer aujourd’hui. Il a dû prendre le bus de Pinar del Rio ce midi. Elle a décidé de lui préparer son plat préféré, le colombo de porc aux haricots rouges. Elle y a pensé dès le matin en se réveillant… ce qu’elle allait lui cuisiner… pour fêter son retour, c’est comme un rituel amoureux. Depuis un mois qu’elle attend son homme, elle va le mettre en appétit.


Elle est allée chercher sur le marché un beau morceau d’échine de porc. Puis elle a commencé à monter la joie et l’impatience, alors elle est sortie dans son potager cueillir les tomates. Elle a choisi les plus mûres en leur parlant « Alors mes jolies, à vous voir rougir comme ça ce matin, vous avez dû passer une sacrée nuit ! » Puis elle a explosé de rire, toute seule dans son jardin. Son grand rire rauque a même rameuté sa voisine, Maria, qui a passé son visage à la fenêtre en pensant qu’il y avait une bonne blague qui se tramait.


À 18 heures, le soir tombe alors elle commence à cuisiner en pensant à Carlos. Elle met la radio et elle entend la voix d’Ibrahim Ferrer qui chante « Ay Candela » et elle se met à danser en préparant la viande. Elle coupe les morceaux de porc en malaxant bien la viande de ses mains puissantes pour attendrir la chair. Elle roule ses grosses fesses en rythme devant son plan de travail. Elle coupe l’ail et les oignons en reniflant ses larmes. « C’est bien vrai que l’amour fait pleurer » se dit Mama Tebah en reniflant devant sa poêle.


Elle se souvient comme elle chialait dans la fabrique de cigares où elle travaillait étant plus jeune. Elle roulait des cigares toute la journée dans la fabrique « Roméo et Juliette ». La fabrique avait été nommée ainsi parce que, pour distraire les ouvrières, une liseuse lisait et relisait inlassablement l’histoire de Roméo et Juliette de Shakespeare. Immanquablement à l’acte final quand Juliette se suicidait, Mama Tebah fondait en larmes. « La pauvre, elle aura même pas eu le temps de faire un câlin à son bel amoureux », pensait-elle. Elle pleurait et reniflait fort et le contremaître l’engueulait, le tabac était mouillé de larmes.


Maintenant, elle jette les oignons coupés dans l’huile chaude, elle aime bien ce bruit léger de friture, et les oignons qui brunissent et se racornissent avant de faire une pâte souple et dorée. « Alors ça vous chatouille mes chéries ».


À la radio, la voix de Gloria Estefan chante « Desnudate », ça l’échauffe encore un peu plus…


Elle fait bouillir de l’eau et puis elle prend de grosses poignées de riz qu’elle lance dans l’eau bouillante. En tombant dans l’eau chaque poignée dégage un nuage de vapeur. Mama Tebah s’imagine en sorcière vaudou qui jette un sort sur Carlos. « Carlos, tu as intérêt à être à la hauteur tout à l’heure, pourvu que ces petites pimbêches du bordel de San Juan ne t’aient pas épuisé. »


Elle fait rissoler la viande puis elle rajoute les épices. C’est surtout ce défilé de senteurs qui éveille ses sens. Elle sent la coriandre moulue et en goûte une pointe sur ces lèvres, elle aime son picotement sur la bouche. En dansant toujours sur le rythme de la salsa qui sort de la radio, elle en met deux cuillérées dans le fait-tout. Elle prend ensuite le curcuma dont elle adore la belle couleur jaune et le parfum léger, elle s’imagine en poudrer le bout de ses seins et les faire rouler devant les yeux de Carlos. Deux grosses mamelles noires couronnées de deux aréoles d’or, comme deux écus.


Le cumin a le parfum profond et entêtant des caresses intimes. Elle ferme les yeux pour laisser cette odeur pénétrer en elle et se délecter de la sensation, puis elle en rajoute trois bonnes cuillers dans le fait-tout. Enfin le gingembre, la plus sexuelle de toutes les épices, il enflamme le corps et de cette brûlure naît une irritation et une tension comme avant le plaisir. Elle rajoute quand même trois pointes de piment pour saupoudrer de feu ce mélange déjà volcanique. Elle goûte le plat avec une cuiller… « Mmmmh, par Yemanya et par tous le orixas que c’est bon », se dit-elle.


Mama Tebah, toujours d’humeur aussi joyeuse, se raconte une blague. « Il faut toujours un fond de Salsa pour bien réussir un sauce. »


Elle incorpore le porc et les oignons afin que l’ensemble prenne cette belle couleur jaune et la consistance voulue, un civet saupoudré d’or. Elle se lèche les babines, certaine que Carlos ne pourra pas résister à un plat aussi appétissant. « Ça va lui reconstituer ses forces pour la nuit », se dit Mama bien décidée à l’épuiser. Le désir ardent de son homme, c’est l’ultime ingrédient à rajouter pour que ce colombo soit parfaitement réussi.


Elle laisse le plat mijoter doucement sur le feu. Un peu après, elle entend du bruit dans la cour et la voix de Carlos… Par la fenêtre, elle reconnaît sa silhouette fine sous un large chapeau de paille. Il pousse la porte et lui dit :



Il se tient droit devant la porte et lui fait son grand sourire édentée. Elle court vers lui avec une souplesse qu’on ne soupçonnerait pas vu son poids et ses rondeurs. Son corps de baleine a une légèreté d’oiseau ; en trois pas aériens, elle se jette dans ses bras. Elle a encore à la main son torchon de cuisine, et elle essuie la sueur du visage de son homme. « Quels yeux gentils il a, mon Carlos », pense Mama Tebah, « c’est vrai qu’il n’est pas très beau et qu’il n’a pas l’air très malin, mais il est gentil… »


Des tas de fois, il vient vers elle, comme un petit garçon, pour lui demander des conseils et c’est aussi elle qui lui lit tous ses papiers. Car elle, elle sait lire, privilège intellectuel qui impressionne Carlos. Carlos il a vraiment bon cœur, pas comme ce salopard de deuxième mari qui la battait toujours.


Il est métis et il a le teint plus clair que Mama Tebah. Il l’appelle « sa belle négresse d’amour ». Il est aussi sec et filandreux qu’elle peut être ronde et leur couple dépareillé ressemble à Laurel et Hardy quand ils déambulent ensemble bras dessus bras dessous, le dimanche après-midi sur le paseo del Prado.


Il se tient droit devant elle et elle appuie son front contre lui. Sa pomme d’Adam proéminente fait le yo-yo sous le coup de l’émotion. Elle lui dit :



Il s’est figé dans un sourire béat, un peu idiot à la vérité, un grand sourire édenté. Ses dents de devant sont toutes gâtées ; enfant, il suçait toujours de la canne à sucre… « Carlos tu aimes trop les douceurs », lui reprochait sa mère. C’est comme ça qu’il était, enfant, et c’est comme ça qu’il a grandi jusqu’à aujourd’hui, comme un grand enfant un peu naïf, qui sourit tout le temps et qui aime trop les douceurs.



Il s’installe à la table et commence à raconter comment cela s’est passé à Pinar del Rio ; que le tabac, cette année, promet d’être fameux ; que la récolte est bonne ; que le cousin vient d’avoir un nouveau bébé, qu’il s’appelle Tito. Elle l’écoute en vaquant à la cuisine, puis elle apporte les plats fumants. Elle lui remplit son assiette copieusement de riz, de haricots rouges puis de son incomparable colombo de porc.


Elle prend une chaise pour s’installer non pas en face de lui mais tout à côté, tournée vers lui pour le regarder manger. Il lui demande :



Il se met à manger et elle lui donne à son tour les nouvelles du quartier. Mais Carlos l’écoute à peine, il goûte soigneusement chaque bouchée de son colombo. Il répond juste parfois, la bouche pleine, par des « Mmmh, mmmh » ou des « ouais, ouais » à demi-étouffés. Il mange sans précipitation, méticuleux dans son plaisir, il laisse longtemps les saveurs fondre en bouche. Le bonheur se lit dans ses yeux… et pour Mama c’est la plus belle des récompenses. Il reprend encore une deuxième assiette pleine puis, après l’avoir finie complètement, après l’avoir minutieusement saucée d’un bout de pain jusqu’à ne laisser aucune trace, il laisse échapper un grand soupir de contentement.



Sur ce, elle se lève et niche le visage de Carlos entre ses deux gros seins.



Il glisse ses mains sous son chemisier pour palper ses énormes nénés. Sa main ne réussit pas à saisir tout un sein, tant ils sont volumineux. Il malaxe sous ses doigts les mamelons déjà pointés. Elle tressaille de plaisir. Enfin, les mains de son homme sur sa peau. Il déboutonne son corsage pour lui lécher et lui mordiller les seins. Elle ferme les yeux en le pressant contre elle. Puis il libère une main qui soulève sa robe et la remonte le long de la cuisse, lentement, doucement, vers la source. Sa main caresse la source déjà inondée de désir. Elle aussi maintenant, n’y tenant plus, elle lui palpe l’entrejambe à travers la toile rude de son pantalon.


« Ah, par Yemayà, la maternelle et par Oshùn, la sensuelle et par tous les orixas, le sexe de Carlos, quelle merveille » pense Mama Tebah. Si doux au toucher, quatorze centimètres, le double en érection. Elle glisse sa main dans sa braguette pour sentir enfler démesurément son membre viril. Elle lui dit :



Puis elle se déshabille tout à fait et, impatiente, lui demande de se lever pour lui défaire sa chemise et son pantalon. Le gros sexe protubérant de Carlos ressort d’une manière incongrue sur son corps ligneux et noueux. Elle s’agenouille devant lui et gobe sa bite. Elle le suce goulûment et lui, pendant ce temps, reste calme, impassible, sans se départir de son éternel sourire béat.


Elle l’astique pour lui donner toute la fermeté voulue mais, quand à la radio elle reconnaît les premiers accords de la chanson de Tito Nieves « Matame de amor », Mama trouve que les préambules ont déjà bien assez durés. Elle s’installe sur le lit assise sur les genoux et lui dit :



Il obtempère et, debout devant le lit, il la pénètre doucement, profondément, sans s’arrêter, la distendant en souplesse. Puis, quand il est au plus profond d’elle, il applique ses deux mains rugueuses sur ses larges fesses et commence tranquillement son mouvement d’avant en arrière. Elle pose sa tête de trois-quarts dans le creux de son bras gauche étalé sur le lit. Carlos la pénètre au rythme de la salsa. Une mesure forte de trois notes et puis une mesure faible de deux notes. Le cul volumineux et volubile de Mama Tebah roule sur le même rythme pour faire danser le sexe en elle.


Dans le plaisir, elle a des gémissements de petite fille. Elle qui parle toujours d’une voix rauque abîmée par le tabac, elle a dans l’amour de petits pépiements. Elle ferme les yeux et elle le supplie :



Elle se retient de jouir mais sent son désir enfler, il faut tenir une salsa de plus. Quand elle rouvre à demi les paupières, Carlos voit ses yeux révulsés. Elle voyage légère sur l’onde du plaisir. Elle miaule encore faiblement quand le plaisir la surprend, le barrage cède et elle jouit en cataractes… Son corps énorme tremble sous la puissance de l’orgasme.


Alors Carlos, en amant appliqué, jouit en elle. Il grogne et par saccades, l’inonde de giclées de son sperme abondant. Leurs fluides se mêlent dans les relents d’épices et de salsa, dans l’air saturé et humide d’un soir à La Havane.


Pour se ressaisir, il lui donne une tape sur les fesses en disant :



Il vient s’allonger près d’elle sur le lit et il lui prend la main. Elle s’appuie toute légère contre son épaule frêle.



Elle le regarde comme une petite chose à côté d’elle, le mâle surpuissant est redevenu une petite chose fragile. Il sourit et puis s’endort avec le même masque de bienheureux. Elle l’écoute ronfler de contentement, comme ça, niché contre elle.


Il fait nuit, la radio continue son programme de salsa. Un peu plus tard, elle se lève, nue et encore couverte de sueur. Elle va prendre un cigare dans la boîte, Carlos dort toujours. Elle allume son cigare et va s’installer dehors, sur la marche qui descend dans son petit jardin. L’air du soir apporte enfin un peu de fraîcheur. Elle fume son cigare dans la nuit, elle entend près du petit muret le bruissement de l’air dans le manguier. Il n’y a rien que la lueur rouge de son cigare puis la fumée légère.


Quel délice de fumer après l’amour, c’est une nuit parfaite, une nuit de plénitude. Elle a un rire rauque avec le cigare dans la bouche. Elle est assise nue sur la dalle, sous la clarté lunaire, ses deux gros mollets miroitent comme les deux colonnes d’un temple. L’intérieur de ses cuisses est encore humide, luisant de sperme. Elle regarde les étoiles dans le ciel immense. Elle pense à toutes ces petites graines qui s’agitent et virevoltent dans son vaste utérus. Elle est une matrice, elle est le ciel. Elle tire une grande bouffée de son cigare, avale la fumée puis se racle la gorge et crache loin dans le jardin.