n° 14235 | Fiche technique | 28644 caractères | 28644Temps de lecture estimé : 17 mn | 20/01/11 corrigé 12/06/21 |
Résumé: Où il en est de certaines femmes comme des artichauts. Le coeur est sous les poils. | ||||
Critères: ff fplusag jeunes toilettes fdomine voir exhib fmast cunnilingu confession -bourge -mastf | ||||
Auteur : Anophèle (présentation déjà mentionnée dans mon profil d'inscription) Envoi mini-message |
J’aurais aussi pu écrire une histoire qui se passe dans un ascenseur. Oui… le huis clos, la promiscuité et le désir qui monte alors que l’ascenseur, lui, est immobilisé. Sans compter la similarité lexicale entre l’élévation et la masturbation. Tout ça a été dit et redit cent fois. Probablement un des clichés les plus usés du genre. Aussi usé que le coup du livreur de pizza dans les films pornos des années soixante-dix. Vous mettez en contact deux étrangers qui, en d’autres circonstances, ne se seraient même jamais adressé la parole – et encore moins caressé l’entrecuisse – vous décrivez l’échange furtif des regards, l’amorce timide de la conversation et paf… la panne. C’est l’élément déclencheur, celui qui fait que, de fil en aiguille, les petites culottes volent, les muqueuses sont tripotées et les fluides corporels s’échangent. (D’après Anne Archet)
Mais il y a terne dans Internet. En m’y abandonnant, c’est l’imaginaire qui aurait pris le pas sur le réel, alors que je n’ai jamais vécu une histoire dans un ascenseur. Je suis branchée en mode « retour sur soi-même » … moins décontracté, mais plus périlleux. De là à apporter une pierre de mon jardin secret, il y avait un pas d’autant moins facile à franchir que les mémoires d’une jeune fille rangée ont meublé la chronique bien avant moi, avec infiniment plus de talent.
Dissipée, c’était une des notes écrites dans mon carnet de classe, il y a longtemps. Le parcours d’une jeune fille, c’est très intense. À l’adolescence, on ressent les émotions comme un bouillonnement continu. Une époque magique pleine de sensibilités et de questionnements identitaires. Était-ce extravagant de commencer à se caresser vers treize ou quatorze ans, un peu comme toutes les filles quand la libido se fait pressante ? Nous habitions près de la plage. Il m’arrivait en fin d’après-midi, quand les gens s’en étaient allés et que la gardienne comptait ses sous à la buvette, de me glisser dans une des cabines restées ouvertes. Oui, debout sur la banquette du fond ! Le miroir au dos de la porte me renvoyait des images, en gros du nombril jusqu’à mi-cuisses. Postures souvent acrobatiques, petits frissons, parfois grandes orgues… C’est mon côté narcissique. Des instants fragiles qu’on aime se repasser de temps en temps, parce que peu d’évocations sont aussi parlantes que celles qui sont transmises par la résonance magnétique.
Bien que brune et faite normalement, je suis relativement peu fournie, ce qui ne manquait pas de m’agacer au point de vouloir à tout prix m’épiler pour que ça pousse plus vite. Même les onguents de Perlimpinpin n’y auraient rien fait ! J’enviais cette femme longiligne qui hantait les pelouses certains après-midi. Ascétique, austère comme une porte de prison, mais des attitudes qui deviennent vite éloquentes quand assise en tailleur, le fond d’un maillot distendu a la bougeotte et devient plus étroit à chaque mouvement, jusqu’à ne plus être qu’un ruban filiforme s’incrustant entre les moiteurs. Toison dense comme surgie des méandres rouge vif d’une robe de flamenco. Les fantasmes se nourrissent d’une image, d’une évocation ou d’un visage qu’on croit inaccessible, jusqu’au jour où les chimères se métamorphosent en entrechats qui n’ont plus rien d’évanescent… l’été d’après ! Oui, il y a des années comme ça, où l’on a envie de ne rien faire. Tiens, il existe même une vidéo qui pourrait s’apparenter à l’événement. Trop cabotine pour en dévoiler l’URL sans rougir ! Sauf si on me le demande gentiment.
Il avait fait chaud cet été-là aussi. Un de ces après-midi de mois d’août sans un souffle d’air, une allée dans le parc à l’ombre des marronniers, peu de gobe-mouches en promenade sous le soleil de plomb. Les vacances s’étiraient en pente douce, les épreuves du bac n’étaient plus qu’un souvenir béat de soulagement, même si ni l’une ni l’autre ne pouvaient pavoiser pour cette année de retard sur la normalité. Karen et moi étions en train de tester ce qui pouvait ressembler à l’ancêtre de nos premiers MP3, petit short et débardeur.
La voix avait brusquement interrompu nos rires. Elle s’était arrêtée devant le banc comme sortie de nulle part, apparemment ravie de couper court à nos bavardages. Je l’avais vue un peu avant c’est vrai, passer et repasser, mais bon. Là, c’était manifeste, elle s’invitait.
Elle a dû penser « si tu te crois drôle avec tes airs de pisseuse » et se demander si j’avais dit ça par bêtise ou par méchanceté. M’enfin, c’était quoi cette façon de s’imposer ? Est-ce qu’on a voulu savoir si sa grand-mère faisait du vélo ?
Je me suis demandé pourquoi ma copine avait décrété soudain qu’elle devait rentrer, me laissant seule sur le banc… avec la dame bien sûr. La naïveté n’a d’équivalent que la bonne foi qu’on accorde à autrui, c’est bien connu. En plus elle était partie avec mon MP, la garce !
La dame, elle, s’était montrée vite… disons captivante, le temps de s’installer dans l’instant. Bla-bla (heu) concentré d’un côté, accommodé de l’autre, mais tout aussi vite débarrassé des premières équivoques. Le temps pour moi de trouver un style un peu moins dégaine, parce qu’il y a des regards qui traînent. De ceux qui déshabillent et font monter sournoisement des frissons de la pointe des pieds jusqu’à la racine des cheveux en passant par bien des détours. J’en étais venue à regretter l’accueil saugrenu que je lui avais fait. Il fallait rester posée dans les attitudes et dans la mesure du possible. Un regard bleu acier qui laisse peu de marges entre l’esquive et l’attention et fait qu’on se sent déstabilisée sans trop de préavis. Quelque part l’impression d’être prisonnière d’une conjecture à laquelle il serait peut-être utopique de chercher une dérobade. Est-ce qu’elle avait dit qu’elle était lesbienne ? Non, juste qu’elle était séparée, je crois. Il y avait aussi cette petite fierté de se sentir tout à coup le centre du monde. Être l’objet des avances d’une femme mature et affranchie des contingences… le pied ! Un peu la même gamberge qu’avec la dame de la plage, le contact et les mots en plus cette fois. Même tranche d’âge, même magnétisme animal, mais la comparaison s’arrêtait là. Le physique, dans certains cas, c’est un aspect secondaire.
L’art de la métaphore et la maîtrise des questions qui font « tilt ».
Je ne sais plus si j’ai répondu ou si j’ai piqué un fard avant qu’elle n’enchaîne, comme si l’évocation n’avait en elle-même rien que de très naturel. Est-ce qu’elle aurait trouvé un début de gêne ou de confusion sur mon visage ?
Sourire. Et puis :
À ces questions ciblées pas vraiment de réponse, même entre guillemets. Ni le besoin de faire illusion. J’aurais pu bafouiller « ça se voit tant que ça ? » mais c’eût été reconnaître mes inclinations un peu facilement. Elle s’était aperçue que les images qu’elle avait savamment distillées avaient fait leur petit chemin. Sans équivoque les descriptions, et d’une précision ravageuse. Je m’étais dit que certains silences pouvaient aussi bien se montrer expressifs.
Et comme si les mots ne suffisaient pas, il y avait les gestes. Une jupe qu’on relève comme une invite à la perspective dès que tu baisses les yeux, l’ourlet de ton short qu’on commente entre le pouce et l’index, la main qu’on te promène sur le ventre parce le débardeur s’arrête là et deux doigts qui t’effleurent le bout d’un sein avant de venir caresser ta bouche. Au fond, j’avais pris un plaisir pervers à jouer les ingénues jusqu’à ce que ses mains s’essaient à m’ouvrir les cuisses. Ai-je écrit « s’essaient » ?
Elle s’était levée. C’est à ce moment que j’aperçus le fâcheux qui faisait pisser son chien non loin de là et qui semblait s’incruster.
Je la regarde s’éloigner. Eh oui je sais, ce n’est pas bien de détailler une personne lorsqu’elle tourne le dos. Le genre inoxydable la silhouette. Démarche nonchalante, jupe étriquée sur des escarpins à talons mi-hauts, les jambes en douves de tonneau, un peu. À peine plus grande que moi.
On s’était retournée sur le pas de la porte, sans doute pour savoir où j’en étais. Loin des niaiseries qui fleurissent entre filles, en tout cas. Il flottait depuis un moment ce quelque chose de très troublant et d’infiniment plus cérébral qui pousse à l’indécence sans s’obliger d’être amoureuse. Ajoutez au mélange un zeste de curiosités partagées, sans compter l’aspect amoral de la différence d’âge, qui force à la retenue mais qui attise aussi les perceptions.
Je pensais me cogner le nez sur la dame dans « l’antichambre ». Mais non, l’espace était vide, silencieux. Le rectangle rouge au-dessous de la poignée indiquait qu’une des cabines était occupée, c’est tout. Attendre qu’on en sorte, plantée devant le miroir du lavabo aurait pu être une façon de faire. Une autre, moins ostentatoire après tout, était de m’engouffrer dans la cabine voisine. Elle avait dû m’entendre entrer et en quelques mots comme en cent mille, s’assurer de ma présence de l’autre côté de la cloison. Des murs dépouillés, seul un dessin au graphisme glauque à l’intérieur de la porte semblait là pour donner le ton. Un trou à bonne hauteur comme il en existe parfois dans ces vieux édifices. Ce serait mentir de prétendre que je ne le savais pas. Karen et moi avions fait une incursion dans ces lieux quelques semaines auparavant.
Ce furent d’abord des ombres contrastées, le tissu noir d’une jupe qu’on relève, le blanc d’un slip que deux mains s’entendent à faire glisser le long des cuisses. Le triangle d’une frondaison d’adulte ? Non, un sexe presque entièrement épilé hormis une griffe de poils très courts sur la peau blanche. Les longs doigts aux ongles bruts s’étaient mis à écarter les chairs, se glissaient entre les lèvres et s’évertuaient à faire jaillir un clito que je trouvais démesuré. Comment décrire ces instants sans risquer les clichés ? J’en ris maintenant, car la toison en tant que symbole de maturité a longtemps été pour moi un attribut hyper important. Ça l’est moins aujourd’hui, pourvu que ce soit propre !
Inutile de dire que dans ma poitrine, ça s’était mis à battre la chamade. Respiration saccadée, petits tremblements et j’en passe. Accroupie, le visage contre la cloison, une main glissée entre le débardeur et la peau à guetter le moindre enchaînement. J’aime me toucher les bouts des seins dans ces moments. Mais là, nervosité oblige, j’en étais venue à oublier que j’avais des ongles moi aussi ! Un papier négligemment enroulé qui tombe tout à coup. Écrit au rouge à lèvres « Montre-toi aussi, now » le NOW souligné et majuscule.
J’en étais aux apparitions d’une vulve dont on révèle les contours avec ostentation, aux mouvements des cuisses, à ceux d’un bassin qui ondule, mais pas seulement. Il y avait, par intermittences, ces coups d’œil traversants en forme de points d’interrogation. La réciproque devenait un must. Autant pour rester naturelle que pour la profondeur de l’objectif, il fallait éviter de se tenir trop près de la cloison. D’où le faire semblant d’un pipi prolongé, jambes écartées en me tâtant sans trop de retenue là où le bas-ventre perd son nom. L’ego au moins était sauf, même si le style ne l’était plus. Me douter qu’elle m’évaluait avait dû gommer ce qui restait de ma timidité.
Des minutes longues comme une éternité… et c’est long l’éternité. Surtout vers la fin. Puis le toc-toc à la porte qui aurait fait paniquer n’importe quelle innocence aux mains pleines.
Le ton était devenu doctoral. Elle s’était adossée contre la porte, m’observant comme si elle me voyait pour la première fois. J’avais réajusté le short tant bien que mal, mais c’était sur le haut qu’elle s’attardait.
Ravie de me voir obtempérer.
Ouais… pas vraiment magique cette allusion à un fil dentaire qu’elle avait lancée dans la foulée. Menue peut-être, mais anorexique… c’était un brin vexant. Et comme s’ils n’étaient pas déjà tendus, mes tétons. Aïe la moue ! Sans évoquer un regard qui en disait long. Elle ne s’était pas arrêtée de me peloter pour autant.
Intransigeante et plutôt déterminée la dame. Elle s’avance, me malaxe encore les seins, d’abord à pleines mains, s’attarde autour des aréoles, les lèche puis reprend le périple du plat de la main cette fois, infiniment plus nerveuse qu’au début. On s’acharne en ronds sur un sein et sur l’autre à tour de rôle. Sa bouche, un moment, s’écrase contre la mienne. Je reçois sa respiration dans le cou, chaude, haletante. Elle me serre, m’embrasse à nouveau, un genou s’enchâsse entre mes jambes. Le souffle est court. Tout, dès lors, va très vite.
On respire encore très fort, on trépigne, on s’impatiente. Une main me tient la nuque, l’autre s’acharne sur la ceinture du short, toute fébrile. En vain, le crochet résiste.
Bien sûr… les mots de trop ! Mais qu’est-ce que je foutais-là ? L’envie tout à coup d’envoyer une ruade magistrale. Forcer la porte, m’enfuir en disant « et avec ça, je vous coule un bain ? » Est-ce qu’elle avait dit pouliche – même jolie – comme elle aurait dit chienne obéissante ? Fil dentaire, p’tit cul de pouliche, des seins en piqûres d’insecte… et on s’étonne après ça que je puisse être susceptible comme une fourmi rouge !
Ben voyons.
Sursaut puéril d’une petite fierté que je sentais dépassée. J’étais là debout, les cuisses encore serrées, à tenir les reliefs du débardeur sous le menton. Un regard chafouin sur ma chatte, des mains qui se pressent l’une dans l’autre en semblant chercher leurs marques. On promène les yeux de mon visage à l’entrecuisse et très vite une main vient ponctuer le tête-à-tête. On guette mes réactions. De ces instants en pointillé pendant lesquels tu voudrais monter le son, mais plus un mot. On s’applique seulement à m’écarter les grandes lèvres sans trop de ménagement, à introduire d’un doigt… pour voir. De ces allers-retours savamment dosés, juste accentués par quelques coups d’œil en circonflexe. Elle surveillait mes mimiques et les contorsions immanquables.
Oh ce mot ! D’où pouvait-elle tenir ça ? D’abord ce n’était pas vrai. Ok, je n’étais plus vierge, mais on n’a pas besoin d’un mec pour perdre ses illusions. D’ailleurs s’attendait-elle à une réponse… non mais !
Le doigt presse entre les cuisses, insiste, pénètre et arque ses phalanges jusqu’à faire sentir ses assiduités jusqu’au fond du vagin… peut-être à la recherche de ce point G qui en tant que tel m’était encore inconnu. Un mouvement qui soudain s’accélère, une main t’écrase la vulve au rythme d’un métronome devenu fou, presse les chairs et irradie en même temps le clito, l’enflamme de mille feux. Tes yeux commencent à chavirer vraiment. On te fait poser le pied sur le bord du siège tout proche. On ne dit rien, mais on sous-entend « oui… pour bien t’écarter ». S’installe alors le clic-clac rythmé et caractéristique du va-et-vient quand les lymphes sont trempées, de plus en plus expéditif et saccadé. On te malaxe un sein de l’autre main, celle qui s’est glissée sous le débardeur. Tu te raidis, te cambres à l’extrême, tu voudrais contenir celle qui œuvre entre tes cuisses, mais tu n’entends même plus tes petits cris, quand ils se mêlent au souffle rauque dans ton cou. Elle guette le moment, continue jusqu’à l’extase sans plus de ménagements et tu t’écroules soudain sur ces phalanges de sorcière qu’on retire lentement. Satisfaite, elle lèche ses doigts puis les tend vers ta bouche encore entrouverte.
Un répit. On me regarde, presque attendrie. On cherche des mots, une phrase lénifiante.
Tiens… la ressemblance organique avec la dame du blues se révèle soudain, étrange, quelque part irréelle et déroutante.
On a parfois de ces inconsciences ! Et si quelqu’une était venue pour un besoin pressant ? L’hypothèse m’avait effleurée, c’est vrai. Vite oubliée. D’ailleurs l’autre cabine était libre. Vite abandonnée aussi, l’idée de réenfiler mon short.
Il y avait eu aussi cette allusion un peu avant, à l’une de ses amies friande de jeunesses, plus toute neuve mais « insatiable comme à ses vingt ans… il faut qu’elle te connaisse » Et d’ajouter sans rire :
Quand on te dit ça, tu oublierais même que le pape t’a convoquée en audience immédiate.
J’ai dû rougir.
Ouais… quand quelqu’une se prétend discrète, il peut se passer quelquefois presque huit jours avant que quelqu’un d’autre soit dans la confidence. Il y en a une qui allait bientôt s’entendre chanter la messe en flamingant !
Complètement folle la situation. La fille aussi d’ailleurs. Quoi, je me laisse d’abord embarquer dans un truc qui aboutit dans des toilettes publiques, juste sous le prétexte de la découverte, je me fais tripoter par une vieille qui n’est même pas belle et qui voudrait maintenant m’inciter à la masturbation pour le seul plaisir d’un scoop à la limite du saugrenu… non mais je rêve !
Adossée à la porte, les bras croisés, elle prenait son temps et sûrement plaisir à me sentir aussi mal à l’aise qu’une otarie dans un bassin d’eau tiède. À ce stade, la dérobade purement verbale devient hasardeuse. On ne plonge pas innocemment dans le lagon d’un regard pour espérer en ressortir indemne. Certaines femmes ont en elles un charisme charnel qui, pour s’exprimer, n’attend que les circonstances. Ses derniers commentaires commençaient à avoir raison de mes réticences.
Le ton était devenu plus flirt. L’art d’aimer quand on a dix-neuf ans passe aussi par le savoir apprivoiser, elle le savait. Je me sentais moins coincée, c’est vrai. Mais pas encore disposée à accepter toutes les excentricités devant une aînée que je ne connaissais ni d’Ève ni des dents, même si… euh, oui… c’était tentant de la voir se mettre au diapason.
Le temps qu’elle dégrafe sa jupe, la suspende au crochet de la porte.
Madame se balance, prend plaisir à faire glisser lentement son slip pendant ce temps, l’arrête à mi-cuisses, sûre de l’effet figuratif. Plus de cloison frustrante cette fois… oh cette mèche qui me retombe toujours sur les yeux !
Les bouts des doigts se promènent sur les bras et dans mon dos, m’effleurent à même la peau… chair de poule assurée. Une pression sur les reins, elle aussi tend son bassin. On m’enserre la taille, les monts de vénus se touchent, se frottent obstinément l’un contre l’autre. Une première pour moi, tout au moins avec une dame. Dire quelque chose, mais quoi ?
Un sourire mi-figue. Elle s’accroupit, me tient les cuisses. On inspecte, les doigts écartent, la bouche se plaque. Lécheuse incontinente, la langue se promène le long des lèvres, joue par petits coups autour de la hampe, puis sur le clito presque aussitôt, mais on s’arrête en souriant… avant les contractions. J’étais flattée de tant d’attentions ! On lève les yeux vers mon visage, mais on me prend aussi la main. Plus tellement besoin de me guider, il fallait être réaliste.
Une longue tirade de papier délicatement posée sur le rebord du siège, pour l’hygiène. Elle s’était assise du bout des fesses, les cuisses ouvertes, étonnement calme. Chez moi, c’était plus trouble, pas encore démonstratif mais plus agité sûrement. Une de ces nervosités qu’on ne peut pas escamoter d’un revers d’éventail, même si on arrive à se persuader qu’on maîtrise à peu près. Je m’étais adossée à la porte, la figure probablement aussi explicite qu’un poisson rouge à travers un bocal déformant.
On ne sait que faire de ses mains dans ces moments, alors on se les passe sur les hanches, on se les pose contre la poitrine et on se caresse une fesse négligemment. Le regard dévie forcément, croise l’autre le temps d’un éclair puis s’oblige à camper sur un sexe que quatre doigts maintiennent ouvert au format grand-angle pendant quelques instants. Voir, mais pas être figée sur l’entrecuisse. Il y a les expressions du visage qui comptent infiniment, les lèvres qu’on se mordille, les gémissements, les souffles et pas seulement la vue exhaustive d’une vulve qui se tend… sauf peut-être lorsqu’elle se contracte. Regarder les gestes et les expressions, c’est aussi excitant que regarder les sexes. C’est même plus transparent.
Je m’étais mise à frôler les poils de mon pubis, la main contre la vulve à m’essayer de dire aux doigts de prendre le relais, à faire jaillir le clitoris en appuyant sur le haut de la fente, à m’ouvrir en grand moi aussi. Elle s’était avancée pour la perspective. Son attitude « femme distinguée » ne m’impressionnait plus tellement. J’avais envie de la provoquer jusqu’à la faire se masturber seule pendant que moi je la regarderais.
Sûrement trop aboulique, ou trop timorée à son goût. Elle se lève, me saisit les cheveux, me tient fermement la tête en arrière et pétrit mes seins sans ménagement à travers le débardeur.
Le chemisier débraillé découvrait les siens. Poussée d’adrénaline. Elle m’agrippe aussitôt et se plaque derrière moi. Son souffle à nouveau dans mon cou et ses mots à elle dans le creux de l’oreille. Terriblement crus, les mots. Ceux qui font qu’un chat s’appelle un chat et qui enflamment encore plus les sensations quand les descriptions se font béotiennes. Elle plaque ma main sur « ce joli con de biche », pose le menton par-dessus mon épaule, le regard plonge. Impassible, presque froide mais terriblement sûre d’elle. Ne plus temporiser surtout.
Une belle rhétorique… Le verbe cinglant, juste décalé ou décalé juste. Je renverse une nouvelle fois la tête, totalement engloutie dans l’instant. Des petits coups de langue rapides dans ma bouche entr’ouverte, je me parcours, m’enfonce en moi un peu plus que d’habitude. Les mouvements lents du début s’accélèrent, je la regarde « me voir faire », je gémis, un peu essoufflée, même beaucoup, me tords dans tous les sens. Elle sourit presque méchamment, me triture le bout des seins entre le pouce et l’index. Elle ne dit plus rien et soudain c’est le déchaînement, qui monte aussi dévastateur qu’un tsunami ! Je me tends. Un cri que je n’entends même plus, je me penche sur l’intérieur des cuisses, ruisselant bien plus que jamais avant… et sur la petite flaque qui se répand sur le sol. Il n’y qu’une femme qui puisse vraiment saisir toute la profondeur de l’expression « être inondée de bonheur ».
Dehors, c’était toujours le désert estival. Une chaleur encore intense à cette heure de l’après-midi. Nous marchions lentement côte à côte dans l’allée, direction la sortie du parc. On aurait pu se tenir un moment par la main comme pour esquisser un semblant de tendresse, mais bonjour le romantisme !
Une petite table ronde sous les parasols au milieu de la terrasse, deux menthes à l’eau avalées en trois gorgées.
Le numéro de son portable. Elle devait se douter que Karen lui donnerait le mien.
Je suis retournée boire un jus sur la terrasse le lendemain. Sophie était là. Je me risque à la question bête.
Tout était si indéfini.
Rires.
Je l’ai appelée la semaine d’après. Juste pour savoir si elle était bien rentrée.