n° 14237 | Fiche technique | 47781 caractères | 47781Temps de lecture estimé : 28 mn | 22/01/11 |
Résumé: Se faire chasser par ses parents, virer par son compagnon et abandonner sur le bord de la route, il n'y a plus rien à espérer. | ||||
Critères: fh fhh extracon copains amour fellation pénétratio -amourpass -regrets | ||||
Auteur : Bertrand D Envoi mini-message |
En ce mois de mars, la nuit est belle et étoilée, mais la température fraîche, et en plus, une petite bise qui transperce. Il est quatre heures, Pierre vient de terminer son service à la gare. La nuit a été pénible, certes par le travail, mais surtout par manque de sommeil. Enfin, plus qu’une nuit et ensuite deux jours de repos. Il conduit, mais ses yeux ont tendance à se fermer. Il a laissé la fenêtre entrouverte afin que le filet d’air le maintienne bien éveillé pendant que le chauffage tourne à fond dans ses jambes.
Les réflexes ont joué plus vite que la pensée. D’un coup de volant, il vient d’éviter quelque chose au bord de la route, on croirait un corps. Il se serre bien sur le bas-côté, arrête le moteur, lance ses warnings, bondit en prenant sa lampe.
C’est bien un corps, une fille, allongée sur le bas-côté, la robe maculée. Mais ce n’est pas du sang, plutôt des traces de vomissures. Il se penche rapidement, de la main touche la jugulaire, tout à l’air normal. Sans la bouger, il l’examine, apparemment rien de cassé. Un gémissement se fait entendre, accompagné d’un sursaut et d’un flot de régurgitation. C’est une fille ivre.
Il essaie de la prendre sans trop se salir, elle lance les bras pour l’étreindre. Il parvient à éviter le contact. Que faire ? Ni police, ni pompiers ne se dérangeront pour un tel incident. Il retourne vers sa voiture, prend un vieux plaid dans le coffre, fait rouler le corps de la fille dans le tissu, prend le tout dans ses bras et l’allonge sur la banquette arrière. « J’espère qu’elle ne me salira rien. Je vais la ramener chez moi, puis j’aviserai. Si je vais à la police ou à l’hôpital, j’attendrai un temps infini, et je suis trop crevé ».
Arrivé devant son immeuble, il la charge sur son épaule pour la porter plus facilement. Elle ne pèse pas lourd, à peine cinquante kilos. Il la met dans la baignoire afin de limiter les débordements éventuels. Puis il va se déshabiller, ne voulant pas se tacher. Il vide les poches du blouson en jean de la fille, portefeuille, mouchoirs, rouge à lèvres. Curieux, il regarde : carte d’identité, permis de conduire, carte vitale. Et seulement vingt euros. Puis il va vers Jeanne, puisque c’est ainsi qu’elle s’appelle, l’assied et commence à enlever à l’eau tiède, avec un gant de toilette, les plus grosses salissures. Elle ne bouge pas. Quand les vêtements sont à peu près propres, ils sont humides.
Il la déshabille, la douche sans qu’elle réagisse. Avec un drap de bain, il la sèche. Mais, où la mettre ? « Bah, dans mon lit, il est assez grand pour deux ».
Quand il l’a allongée, nue, il se rend compte combien elle est belle. Assez grande, mince, des seins pas très importants. Il la couvre bien, afin qu’elle n’ait pas froid. Puis il revient dans la salle de bain, met la robe et les autres vêtements sur un cintre et les nettoie mieux. Il accroche le tout sur l’étendoir. Retournant dans la chambre, il se couche à côté d’elle, en évitant de la toucher. Bien que fatigué, le sommeil est long à venir : que va-t-il faire ce matin quand elle se réveillera ?
Le bruit de la rue a tiré Pierre de son sommeil. Il met un instant à réaliser qu’il n’est pas seul dans le lit. La fille dort d’un sommeil agité, sursautant, marmonnant parfois. Dix heures ! « J’ai dormi à peine cinq heures et ce soir, je suis encore de nuit. Je ferai une sieste cet après-midi ».
Un café, une brioche pour attendre le déjeuner. Puis il se douche. Les vêtements de la fille ne sont pas secs, ils auraient besoin de passer à la machine à laver. Mais ne connaissant pas le tissu, il a peur de les détériorer. Après sa toilette, en survêtement, il regagne la cuisine.
La voix l’a surpris. Il se retourne ; elle est là, nue, sans avoir l’air gêné.
Il va lui chercher un analgésique effervescent qu’il lui tend dans un verre d’eau.
Elle est repartie. Il met le lave-linge en marche, puis prépare son repas, surtout du surgelé. À midi, il se met à table. Au milieu du repas, la fille arrive, toujours nue.
Il la conduit dans une autre chambre, ouvre un placard. À l’intérieur un assortiment d’habits féminins.
À côté, un lit à une place, un d’enfant.
Il retourne manger. Elle vient le rejoindre, vêtue d’un jean et un polo, tire une chaise et s’installe face à lui.
Il est allé aérer un peu la chambre, a débarrassé la table, fait un brin de vaisselle. Elle est restée assise, le regardant d’un air étonné. Quand il est allé faire le lit, elle est venue l’aider, puis est sortie.
Il a mis un moment avant de s’endormir mais ne s’est réveillé qu’à cinq heures. Affalée dans un fauteuil, la fille lisait.
Il n’a rien répondu. Il aime sa tranquillité. Et puis, cette fille est capable de le cambrioler pendant la nuit. D’un autre côté, difficile de la mettre à la rue. Devinant ses pensées, elle lui dit :
Il l’a quittée vers sept heures et demie pour prendre son service de nuit. Quand il est rentré, elle avait pris possession du lit. Doucement il l’a repoussée. Et il a plongé.
Il se réveille brutalement, tiré de son rêve dans lequel Anne lui prodiguait une fellation. Mais il aperçoit Jeanne qui se relève, s’essuie les lèvres et le regarde en souriant.
Il s’est levé, est allé à la douche. Quand il est sorti, le café était prêt, sa tasse remplie.
Oh, ça avait commencé en terminale. Pour l’anniversaire de Jacques, je lui ai demandé quel cadeau il voulait. Il m’a dit rien, fais-moi seulement une pipe. Cela ne me disait rien, mais il a insisté et pour lui faire plaisir, j’ai obéi. Et ça ne m’a pas déplu. Après, tu penses, ensuite il me relançait sans arrêt. Puis il a dit à Robert. Bon, je m’étais limité à la fellation, il n’y avait pas de risques.
Après le bac, ils sont venus quelquefois à la maison. Ils étaient très polis, ma mère les tolérait. Par contre, bien qu’il ne connaisse rien de nos occupations, mon père ne les aimait pas. Il les a virés.
Un dimanche, mes parents sont allés manger chez des amis. Ils ne devaient rentrer que le soir. J’en ai profité pour les inviter. On a mangé et pas mal bu. Dans l’après-midi, on a mis la musique à fond pour que je leur fasse un striptease puis ils ont voulu que les suce. À genoux, toute nue devant eux, un sexe dans chaque main, je les prenais alternativement dans la bouche.
Nous n’avons rien entendu et tout à coup mes parents sont entrés dans la salle de séjour. Inutile de te raconter la scène. Mon père ne les a pas frappés, ils étaient beaucoup plus costauds que lui. D’ailleurs ils se sont éclipsés immédiatement.
Mais il m’a engueulé à mort, je lui ai répondu que j’étais majeure, que je faisais ce que je voulais. Alors, il m’a dit : tu es majeure, d’accord. Alors, fous le camp, démerde-toi, et que je ne te revoie jamais. Quand je suis sortie, ma mère m’a glissé un sac plastique avec quelques affaires.
Je suis allée chez Jacques. Le même soir, on a encore bu et il m’a dépucelée. Certes, il essayé de ne pas être trop violent, m’a d’abord léché pendant que Robert me caressait les seins et que je le suçai. Enfin, ils m’ont pris l’un après l’autre.
Je suis restée chez Jacques huit mois. Il travaillait de temps en temps. Quand j’étais seule, je faisais un peu de ménage et de bouffe. Heureusement on arrivait à vivre parce que, étant fils unique, ses parents l’aidaient.
Puis un jour, après une soirée bien arrosée, Robert était ivre-mort, Jacques a voulu m’enculer. Je ne voulais pas, mais j’ai été obligé d’accepter sinon il me mettait dehors. Il a opéré le plus doucement possible, mais ça n’a pas été une partie de plaisir. Heureusement il a un engin pas trop gros contrairement à son copain.
Avant-hier, on est allé chez Robert, il voulait nous montrer la voiture neuve que ses parents venaient de lui offrir pour son anniversaire et arroser ça. Nous avons beaucoup bu. Jacques m’a baisée, puis a basculé, je me suis retrouvée sur lui. Et tout à coup, j’ai senti que Robert m’écartait les fesses et voulait m’enculer en même temps. Je me suis défendue, ai serré mon cul. Monté comme il est et sans préparation ! Heureusement il n’y est pas arrivé. Je me débattais terriblement, je hurlais. Je me suis dégagée et je lui ai planté un grand coup de pied dans les couilles, mais j’ai pris un coup sur la tête.
Puis je ne me souviens plus très bien. Je crois qu’ils m’ont portée dans la voiture neuve de Robert pour me ramener chez Jacques. Je ne m’en souviens pas. Mais sur la banquette arrière, j’ai dû probablement dégueuler. Ils se sont arrêtés, m’ont virée sur le bas-côté, me plantant là. Et puis, tu es arrivé.
Tu comprends bien que je ne risque pas d’aller chez Jacques, ni chez mes parents. Par contre, je vais téléphoner à ma sœur. Elle a dix ans de plus que moi. Elle m’aimait bien, mais m’a rejetée quand elle a appris ce que j’avais fait. C’est une coincée du cul. Je vais essayer de la convaincre et surtout son mari. Par contre ils ont deux gosses, ils travaillent tous les deux et sont plutôt fauchés.
Elle a téléphoné. Sa sœur a d’abord refusé, puis, a finalement cédé. Mais il fallait convaincre son mari. Un peu plus tard, elle a rappelé, d’accord, mais pour deux ou trois jours seulement.
Dans l’après-midi, Pierre a conduit Jeanne chez sa sœur. Il l’a déposée devant la porte et a démarré immédiatement.
Dès le premier soir, le beauf a fait la gueule. Jeanne n’a rien, il lui a fallu tout emprunter à sa sœur. Elle a couché dans la chambre des enfants sur un lit pliant.
Le lendemain, dimanche, Josette est allée au marché avec les enfants. Gérard, son mari, est resté avec Jeanne. Cette dernière a entrepris de faire le ménage. Quand elle est passée devant Gérard, ce dernier lui a caressé les fesses. Elle s’est esquivée rapidement. Mais la fois suivante, il l’a attrapée par la taille et l’a tripotée.
Alors Jeanne n’a pu que lui obéir. Il lui a tenu la tête afin qu’elle avale tout. À midi, pendant le repas, Gérard a réglé la situation.
« Le salaud, il a trouvé une pute-femme de ménage gratuite. Mais je ne peux rien dire. Ma sœur, heureuse de pouvoir me dépanner sans que son mari ne crie trop, accepte. D’autant que cela la décharge des tâches ménagères. »
Et maintenant, la vie est bien réglée. En présence de Josette, Gérard fait mine d’ignorer Jeanne, ne lui parlant pas, la considérant comme un meuble. Josette est heureuse de voir que tout se passe bien, juge même la situation avantageuse pour elle.
Mais dès qu’elle est sortie avec les enfants, suivant le temps de libre, il la saute ou simplement se fait tailler une pipe. Il adore ça. Il lui dit constamment qu’elle leur coûte cher et qu’elle a intérêt à accepter ses exigences.
Un jour, en allant chercher le pain, elle voit affichée une offre d’emploi pour une femme de ménage, deux heures par jour, cinq jours par semaine. Voulant un peu dédommager sa sœur et avoir un peu d’argent, elle s’est présentée.
C’était un couple dans la cinquantaine, sans enfants. Ils possèdent un magasin de vêtements et la femme ne veut pas effectuer les tâches domestiques. Salaire, soixante-dix euros par semaine, ça la dépannerait.
En rentrant, elle l’a dit à sa sœur, lui indiquant qu’elle lui verserait une petite pension. Quand Gérard l’a appris, il a dit qu’elle devrait tout de même effectuer ce qui était prévu dans la maison. Jeanne a vu l’allusion à son boulot de pute domestique. Josette a un peu protesté, mais accepté.
Elle s’est présentée le lundi à neuf heures. La patronne lui a expliqué son travail et elle a de suite commencé. La femme a examiné son ouvrage. Satisfaite, elle lui a confié les clés de l’appartement afin qu’elle puisse venir le matin pendant leur absence. Il restait à Jeanne avec cet horaire, juste le temps de finir de préparer le repas chez sa sœur et d’aller chercher les enfants à l’école.
Et ainsi, pendant un mois, elle a travaillé, à la grande satisfaction de ses employeurs. La femme se libérait toutes les semaines un moment le vendredi et venait lui régler son salaire. Elle en reversait la moitié à sa sœur, en apparence, tout était parfait. Cette dernière lui confia que son mari l’embêtait moins le soir, elle se couchait avant lui et faisait semblant de dormir.
Souvent, Gérard restait à la télé avec Jeanne et se faisait tailler une petite pipe.
Un vendredi, c’est le mari qui est venu lui régler sa semaine. Il est resté un moment, admirant Jeanne qui portait ce jour là une minijupe qu’elle venait de se payer. À un moment, quand elle est passée auprès de lui, sa main lui a caressé les fesses.
Il s’est approché, la prise dans ses bras. L’homme n’était pas trop mal, mieux que Gérard. S’il payait suffisamment, elle pouvait bien accepter sa proposition. Elle s’est laissée embrasser, il lui a touché les seins, glissé la main sous la jupe. Ce jour-là, il n’est pas allé plus loin mais lui a glissé un billet de vingt euros dans le soutien-gorge.
Jeanne s’est bien gardée de parler de ça à la maison. La semaine suivante, le mardi, elle a vu déboucher son patron vers dix heures. Dès l’entrée, il s’est approché d’elle, l’a prise dans ses bras.
S’attendant à une attaque de ce genre, elle avait mis une robe s’ouvrant facilement. Ses seins étaient libres. Il l’a dépouillée très délicatement, lui a prodigué des caresses sur sa poitrine, a honoré le triangle. Il a mis un préservatif, il avait tout prévu.
Il l’a aimée d’une façon sensationnelle, jamais personne ne l’avait traitée aussi délicatement. Quand il est parti vers la douche, elle a remis le lit en état. Il l’a quittée en l’embrassant et lui glissant un billet de cinquante euros dans la main.
Elle a dû se dépêcher pour terminer son travail, elle avait perdu une demi-heure. Enfin pas tout à fait perdue, cinquante euros mais aussi le plaisir. Tout était parfait.
Ainsi, régulièrement, une fois par semaine, jamais le même jour, il venait lui rendre visite. C’était un emploi parfait, argent et plaisir. Un vendredi, c’est la patronne qui est venue lui régler son salaire. Elle l’a invitée à s’asseoir un instant dans la salle de séjour.
Interloquée, Jeanne n’a su que répondre.
Jeanne a été stupéfaite de l’attitude de sa patronne. Mais par ailleurs, elle en a été enchantée. Tout va pour le mieux du monde : un travail, de l’argent et du plaisir. Si cela continue elle pourra chercher un appartement et se libérer de Gérard.
Sa sœur a remarqué l’air heureux de Jeanne. Elle en a été enchantée. Maintenant, elle est tranquille le soir, finissant son service à sept heures, elle n’a pas à se précipiter sachant qu’il y a du monde pour s’occuper des enfants.
Un jour, Josette a fait un malaise pendant son travail. Son patron l’a fait raccompagner chez elle. Il était juste six heures.
En arrivant dans l’appartement, elle s’est précipitée dans sa chambre pour s’allonger. En ouvrant la porte, elle a vu, Jeanne à plat ventre au bord du lit et son mari qui l’assaillait par derrière en l’insultant :
Josette, foudroyée par ce qu’elle voyait, a hurlé, faisant sortir les enfants de leur chambre.
Jeanne, terrorisée s’est un peu rajustée, puis est partie rapidement sans même prendre son sac. Une fois dans la rue, elle se rend compte de la situation dans laquelle elle se trouve : sans argent ni papiers, sans même un manteau alors qu’une bruine tombe et qu’en novembre il ne fait pas chaud. Il fait nuit, que faire ?
Trouver un local pour se mettre à l’abri. Mais, où ? Les magasins, tous les bâtiments publics vont fermer. Seule la gare, lui permettra de se réfugier jusqu’à une heure du matin.
Elle est allée dans la salle d’attente. Peu de monde, elle a pu s’asseoir à côté d’un radiateur. Au bout d’un moment, elle s’est assoupie.
Une main lui a touché l’épaule.
Il la conduit à la porte d’un bureau. Il entre seul. À l’intérieur un homme téléphone, prend des notes. L’employé attend que son chef pose l’appareil, et lui dit :
Le cheminot fait entrer Jeanne. Le chef relève la tête, et surpris, fixe longuement Jeanne.
Pierre hoche la tête, ne sachant que faire. Il ne peut ni la garder là, ni la laisser dehors, ni l’envoyer chez lui. Après quelques minutes de réflexion, il lui dit :
Et il lui donne l’immatriculation.
À quatre heures, arrivé devant son véhicule, il la voit endormie sur la banquette arrière. Elle tient les clés dans sa main. En essayant de les lui prendre, il la réveille. Elle met quelques instants avant de prendre conscience de l’endroit où elle se trouve.
En entrant dans l’appartement, il lui a indiqué la chambre d’enfant.
Il est ressorti en fermant la porte.
Il a eu de la peine à trouver le sommeil. Quand il a ouvert les yeux, il était midi. En pyjama, il est allé dans la cuisine. Jeanne était là. Cette fois-ci, elle était habillée, s’occupait devant la cuisinière.
Pierre est surpris de la mine triste de son hôte. Elle ne dit mot, il respecte son silence.
Elle lui raconte ce qui s’est passé depuis leur dernière rencontre. Surtout ce que son beau-frère la forçait à faire. Et sa sœur ne lui a pas laissé le temps de s’expliquer, elle se trouve sans rien.
Le téléphone a longuement sonné avant qu’on ne décroche. Une voix de femme, faible et tremblante a répondu.
Pierre entendant ça, prend le téléphone.
Au coup de sonnette, Josette a ouvert immédiatement. Elle avait un visage défait, catastrophé. Jeanne l’a prise dans ses bras et l’a embrassée.
Pierre est reparti, rassuré. Pourtant la détresse de Jeanne le touche. Mais que peut-il faire ?
Depuis un mois qu’il la reconduite chez sa sœur, il n’a plus de nouvelles. Il espérait qu’elle lui donnerait un coup de fil pour lui dire quelle était leur situation et aussi pour le remercier.
En rentrant de service à midi, il trouve un message sur répondeur.
Pierre est partagé entre plusieurs sentiments : ne pas la rappeler ou bien lui dire qu’il ne peut pas la prendre en prétextant que sa femme est revenue ? Ou alors la prendre chez lui. Finalement, il opte pour la dernière solution.
Il l’a appelée, deux minutes plus tard elle était là.
Il l’a installée dans la chambre du gosse. Elle a rangé ses vêtements, est revenue dans la cuisine. Il finissait de préparer le repas, il y en avait pour deux.
Ils ont mangé puis il est allé faire une sieste, s’étant levé à trois heures.
Le sommeil a été long à venir. Qu’allez-t-il faire ? « Je ne peux pas la garder, mais d’un autre côté c’est agréable d’avoir une présence ». Quand il s’est réveillé, il était six heures, il avait dormi deux heures de plus qu’à l’ordinaire.
Quand il est entré dans la cuisine, Jeanne préparait le repas. Au lieu du désordre habituel, tout était net, la maison brillait.
Ils ont mangé, il est allé rapidement se coucher.
Le lendemain, à midi, quand il est entré, une bonne odeur annonçait un repas tel qu’il n’en avait pas pris depuis longtemps.
La vie s’est organisée ainsi. Il y a une semaine qu’elle est là. Elle est gênée d’être à sa charge, elle n’arrive pas à trouver un studio. Mais pour lui, il s’aperçoit que sa présence n’est pas une contrainte, au contraire. D’autant qu’elle est très discrète, travailleuse. Son linge est lavé et repassé, la maison entretenue, C’est la femme de ménage idéale. Il ne la paie pas, naturellement, mais il s’est même aperçu en ouvrant le frigo qu’elle était allée faire des courses.
Pierre est de repos pour deux jours. Il va tâcher de régler le problème à sa façon. Jeanne un jour, a téléphoné à sa sœur. Elle a laissé le numéro de ses parents sur un morceau de papier. Pendant qu’elle était chez ses patrons, il les a appelés. C’est la mère qui a répondu.
Après le repas avec Jeanne, il lui a dit qu’il avait une course à faire. Il arrive à la porte de la villa, sonne. C’est Josette qui vient lui ouvrir, sa mère l’a mise au courant. Elle va dire à son père qu’un monsieur veut le voir. Il reçoit son visiteur dans la salle de séjour, les femmes restent dans la cuisine.
Pierre est rentré, satisfait du résultat obtenu. Avec Jeanne, ils ont parlé de choses et d’autres. Il lui a demandé à un moment si elle n’aimerait pas rentrer chez ses parents.
Le soir, il l’a invitée à aller faire un tour puisqu’il était de repos. Quand elle a vu qu’ils approchaient de la maison de ses parents, elle a voulu fuir.
En entrant dans la maison, elle est allée embrasser sa mère et sa sœur. Puis, elle est entrée dans la salle à manger.
Pierre avait peur qu’elle ne ressorte rapidement, ce qui aurait signifié que toute discussion était impossible. Mais le temps passait. Sa mère et sa sœur s’inquiétaient, mais Pierre les a rassurées.
Elle est ressortie au bout d’une heure, a embrassé sa mère et sa sœur, puis a demandé à Pierre de partir.
Dans la voiture, elle s’est assise, silencieuse. Arrivée à la maison, elle est allée se recroqueviller dans un fauteuil de la salle de séjour. Pierre s’est installé en face d’elle, mais sans dire un mot. Jeanne pleurait silencieusement. Il lui a tendu un mouchoir.
Pierre est resté silencieux. Lui aussi avait des larmes au coin de l’œil.
Ils se sont retirés dans leurs chambres. Tous deux se sont endormis tard.
Le lendemain, Pierre s’est absenté tout le matin. Après manger, Jeanne a mis une jolie robe discrète, ne voulant pas choquer ceux qu’elle allait voir.
Ils sont devant une tombe, fraîchement fleurie. Sur la stèle la photo d’une mère tenant son fils dans les bras.
Quand Pierre s’est arrêté devant le cimetière d’un village, Jeanne a soudain compris. Et maintenant, accrochée au bras de Pierre, elle sanglote comme s’il s’agissait de parents proches qu’elle avait connus.
Ils sont rentrés sans dire un mot. Toute la soirée, ils sont restés sans parler. Au moment d’aller se coucher, elle l’a embrassé tendrement sur les joues, il l’a serrée dans ses bras. Puis ils se sont séparés.
Pierre a repris une période de nuit. Ils ne se voient pas beaucoup, Jeanne fait tout ce qu’elle peut pour atténuer sa peine. Un après-midi, pendant qu’il faisait la sieste, le téléphone a sonné. Elle a répondu afin qu’il puisse reposer. Surprise, c’était sa mère.
Quand il s’est réveillé, elle lui a dit l’invitation qu’elle avait reçue. Il n’a pas répondu, elle est allée préparer le repas. Le téléphone a sonné. C’est Pierre qui a répondu.
Le dimanche, ils sont partis vers midi, Pierre s’étant fait réveiller un peu plus tôt. À leur arrivée, c’est Josette, un grand sourire aux lèvres, qui est venue ouvrir, embrassant sa sœur et Pierre par la même occasion. Le papa les attendait dans la salle de séjour. Il a serré la main de Pierre, mais ne savait pas comment accueillir sa fille. Pierre s’est retiré, les laissant tous les deux face à face.
La maman dans la cuisine, très heureuse a demandé à Pierre l’autorisation de l’embrasser.
Quelques instants plus tard, ils sont ressortis. Le père, d’un ton bougon, leur a ordonné de mettre la table. Puis prenant Pierre par le bras, il l’a entraîné dans le jardin. Ils sont revenus un quart d’heure plus tard. Les femmes attendaient avec impatience et curiosité leur retour. Leurs visages n’exprimaient aucun sentiment.
Au cours du repas, le père a dit qu’il acceptait que Jeanne rentre. Mais ceci seulement parce que Pierre étant marié, espérait que son épouse revienne. Jeanne a regardé Pierre, l’interrogeant du regard. D’un signe de tête, il a acquiescé.
Un grand silence a suivi cette explication.
Jeanne regardait Pierre, son père et sa mère. Elle ne savait pas ce qui la touchait le plus, le fait de pouvoir rentrer à la maison ou l’invitation de Pierre. Elle avait pris goût à la vie à ses côtés, et aurait aimé rester chez lui. Mais le pardon de son père était aussi quelque chose de merveilleux.
En fin d’après-midi, seul, Pierre est rentré afin de pouvoir se préparer pour prendre son service. Il a tenté de se reposer un peu dans le fauteuil. Mais il s’est aperçu qu’il lui manquait une présence.
Depuis trois semaines, Jeanne n’a donné aucun signe de vie. Pierre en est vexé. « Après tout ce que j’ai fait pour elle, elle pourrait au moins me dire merci », tente-t-il de se convaincre. Mais surtout c’est sa présence qui lui manque. Il a fait son deuil et reprend goût à la vie. Et ceci, il le lui doit. Un samedi après-midi, il était de repos, le téléphone a sonné. Il s’est dépêché de répondre, espérant entendre la voix de Jeanne.
Cette demande a surpris Pierre. Que pouvait bien lui vouloir cet homme.
Quand on a sonné, il est allé ouvrir rapidement. C’était bien lui. Mais il avait perdu son air arrogant et intraitable, il semblait malheureux.
Et l’homme est reparti.
Pierre se pose des questions. Il comprend mieux pourquoi elle ne l’a pas appelé. Cette visite, cette invitation l’ont surpris et même dérangé. Mais par ailleurs, ce sera l’occasion de voir Jeanne et cela le remplit de joie.
Le lendemain, il est arrivé devant le portail. Josette est venue en courant, un doigt sur les lèvres. Elle l’a embrassé.
Toute la famille l’attendait, le père lui serrant chaleureusement la main, la mère l’embrassant. Ils se sont installés à table. Les neveux sont allés chercher Jeanne.
Quand elle est entré dans la pièce, a vu Pierre, elle a pâli, s’accrochant à une chaise. Il s’est levé, l’a embrassée.
Les larmes pointaient à se yeux, elle ne bougeait pas.
Il a pris Jeanne par le bras, puis comme elle ne bougeait pas, par la taille.
Le repas complet s’est déroulé sans eux. Seuls les enfants se sont étonnés de leur absence. Ils se sont présentés au moment du café. La maman a voulu aller leur chercher leur repas, ils ont refusé.
Et ils sont partis.
Ce départ impromptu de leur fille, au lieu d’inquiéter les parents, a amené chez eux un grand sourire. Le soir, le téléphone a sonné : Jeanne prévenait qu’elle ne rentrait pas. Elle n’indiquait pas le lieu d’où elle appelait et ne parlait pas de la date de son retour.
Pierre n’a pas voulu qu’elle occupe la chambre des enfants. Elle pouvait peut-être encore servir. Alors, il l’a prise dans son lit.