Une Histoire sur http://revebebe.free.fr/
n° 14258Fiche technique32404 caractères32404
Temps de lecture estimé : 18 mn
01/02/11
corrigé 12/06/21
Résumé:  Petit délire... Et si un de mes personnages se reconnaissait...
Critères:  délire humour -contes
Auteur : Domi Dupon  (Homme encore du bon côté de la soixantaine (le temps passe))            Envoi mini-message
Fantasme d'un écrivaillon (annexe à "Conte de Noël")

Il est inutile de lire ce texte si vous n’avez pas lu « Conte de Noël » mis en ligne sur Revebebe le 05 /01/2011 sous le numéro 14210. Ceci n’est qu’une petite fantaisie, qu’un petit délire gratuit sans aucune autre ambition que de me moquer de moi-même.






Correspondance


Lorsque j’ouvris ma boîte mail ce matin, je trouvai parmi mes messages, un, sobrement intitulé « votre texte Revebebe » expédié par un certain dkls@… Encore un de mes admirateurs ! Mes nombreux fans m’inondent de messages. Au moins une dizaine par an. Bien entendu, je me précipitai. Texte classique.


« Je me permets de vous écrire pour vous complimenter sur votre récit : Conte de Noël. Je l’ai lu avec beaucoup de plaisir. J’aurais une question, car cette histoire m’a paru crédible du moins dans la rencontre débarrassée de toutes les embrouilles gay et lesbienne. A-t-elle une base de vérité que vous avez enjolivée ou n’est-ce qu’un fantasme ? »


Crédible, complimenter, plaisir… je mouillais. Je me retins de répondre immédiatement. Comme d’hab’, j’attendis 48 heures. Mes fans devaient comprendre que j’étais occupé, que je ne pouvais répondre instantanément à mon trop nombreux courrier.


« C’est toujours pour moi une grande satisfaction de savoir que ce que j’écris puisse donner du plaisir à mes lecteurs ! C’est quand même le but.

Je suis très flatté que vous trouviez mon récit crédible. Je l’avais intitulé Conte car justement, la situation ne me paraissait guère réaliste. Initialement, j’avais ajouté entre parenthèses « à dormir debout ». Pour répondre à votre question, ni réalité, ni fantasme simplement mon imagination délirante ; -).

Merci encore pour vos compliments. »


La plupart de mes lecteurs se contentaient d’un message. Quand ils recevaient mon email, ils avaient sans doute déjà oublié ce qu’ils avaient lu. Mais cette fois, j’avais un retour quelques heures plus tard.


« J’espère ne pas vous sembler trop envahissante. Je vous ai écrit que je le trouvais crédible dans les grandes lignes car je pensais que la situation de départ pouvait être réelle, dentiste lesbienne et patient gay très improbables mais dentiste et patient pourquoi pas. L’évolution ensuite relevait bien sûr du fantasme. J’avais cru me montrer perspicace et je suis dépitée de m’être trompée. Alors un grand coup de chapeau pour votre imagination délirante bien que… ; -). Au plaisir de vous lire »


Bien que… Qu’est-ce qu’elle sous-entendait ? J’avais déjà cliqué sur « répondre ». Stop. D’accord, tu le feras, mais demain. Pourtant ça me démangeait. Plusieurs choses me taquinaient dans ce message.


Avant tout : aucune faute d’orthographe.

Ensuite, elle écrivait, envahissante, E, dépitée et trompée, éE. Logiquement une femme. En tout cas, c’est ce que je devais croire.

Presqu’une première… Je n’avais reçu que de très rares courriers d’admiratrices. En fait deux, en tout et pour tout. Dont une était devenue une amie. Seulement une amie.

En trois, son dépit… je ne voulais pas la dépiter. Aurais-je eu la même réaction avec un mec ? Enfin son foutage de gueule pour finir : mon imagination délirante, reprise ironique de ce que je lui avais écrit, en émettant un doute.


Le lendemain, mon déjeuner avalé, je retournai sur ma messagerie ; je lui répondis, en adoptant le mode humoristique.


« Ne soyez pas dépitée, très chère ! Ne doutez pas de votre perspicacité ! J’avoue tout : je me suis effectivement inspiré de quelqu’un pour le personnage de la dentiste. Mais, je m’en suis juste inspiré… physiquement. Aucun des traits de caractère que je lui prête, sauf hasard divin, ne correspondent à la réalité. Un exemple, je sais de manière absolue qu’elle n’est pas lesbienne. J’espère que vous êtes rassurée sur vos capacités d’analyse ; -) ! B. À V. »


Le temps de lire le reste de mon courrier, elle m’avait répondu :


« Pour ses penchants saphiques, j’ai toujours pensé que ça venait de votre imagination délirante ! Mais je reste persuadée qu’elle exerce vraiment le métier de dentiste et que vous avez été son patient. Je serai pleinement rassurée sur mes capacités d’analyse si vous me le confirmiez. Merci de me répondre ! B. À V. »


Elle commençait à me courir sur l’haricot, la dame. Mais d’un autre côté ! Elle se moquait et je n’allais pas lui laisser le dernier mot. Je n’attendis pas.


« Je rends hommage à votre perspicacité, digne d’Hercule Poirot ! Vous avez raison sur les deux points ! »


Le week-end. Je délaissai ma bécane pour les joies de la vie de famille, en fait l’anniversaire de ma grande sœur. Lorsque j’ouvris ma boîte le lundi, nouveau courriel de mon admiratrice inconnue. Elle se prenait au jeu, la dame.


« Je vous remercie, grâce à vous mon week-end n’en sera que meilleur ! mdr. Je crois, à la brièveté de votre réponse, que mes propos vous irritent, j’en suis désolée et je m’en excuse. Mais j’ai réellement beaucoup aimé ce récit. Votre façon d’écrire est plaisante. Je l’ai relu une nouvelle fois. Le personnage de votre « petite camarade » m’intrigue car il sonne très vrai. N’avez-vous pas peur qu’on la reconnaisse, ou pire qu’elle se reconnaisse ? Autant que je le sache, le Bugey n’est pas si grand et les dentistes de sexe féminin ne doivent pas être si nombreuses. Je dois vous avouer que je trouve cette correspondance très excitante. Dans l’attente d’une réponse. »


Petite panique. Bugey ! Pourquoi avais-je écrit Bugey ? Très stupide de ma part ! J’avais beau à voir inventé mon personnage à 99 %, petite inquiétude quand même. Une rapide vérification sur les pages jaunes m’indiqua que le département comptait plus de 300 dentistes dont une bonne moitié de sexe féminin. D’accord, mais des jeunettes blondes, je préférais ne pas approfondir. Mon premier réflexe avait été de lui rédiger une missive féroce afin de la renvoyer dans ses foyers. De quoi elle se mêlait c’tte nana ! Deuxième, tout simplement ignorer, ne pas répondre.


Mais elle trouvait « cette correspondance excitante », alors je choisis la troisième solution. Sa démarche me troublait moi aussi et plus que je ne voulais bien l’admettre.

Était-elle une simple admiratrice que mes aptitudes littéraires éblouissaient ? J’en doutais fort. Je ne me faisais aucune illusion sur la réalité de mon talent : un écrivaillon qui racontait (dans un français correct, soit) des histoires de cul.


Une nana coincée que le côté sulfureux de l’« écrivain » pornographique émoustillait ? La pauvre, si elle connaissait la banale réalité de ma vie.

Une solitaire en manque de sexe et qui pensait qu’un auteur de récits hot ne pouvaient que… On peut toujours rêver.

Une emmerdeuse à qui mon texte avait franchement déplu (qui sait une dentiste, une lesbienne voire une dentiste lesbienne) et qui voulait me pourrir la vie ?


J’avais envie de savoir.


« Vos propos, madame, mademoiselle (??) ne m’irritent pas bien au contraire. J’aime bien votre esprit inquisiteur. Je trouve aussi cette correspondance troublante (J’aurais volontiers écrit « excitante » mais comme auteur, je me dois d’éviter les répétitions. Votre question demandait une réponse directe, sans commentaire inutile. Je ne me suis donc montré concis ! Quant à vos autres affirmations…


<div class='tab2'>1) Qui vous dit que je vis réellement dans le département de l’Ain ? Peut-être l’ai-je choisi parce que c’est le numéro un.


2) Il y a plus de 300 dentistes dans ce département dont la bonne moitié sont des femmes (J’ai vérifié).


3) Je n’ai pas des milliers de lecteurs, du moins si j’en crois ceux qui me notent. Quand bien même, ceux-ci viendraient pour lire une histoire érotique (et je suis poli). Ils sont plus intéressés par la géographie anatomique de mes personnages que par les lieux géographiques qu’ils fréquentent.


4) Si dans ceux-là, par miracle, quelques uns trouvaient le lien, croyez-vous qu’ils iraient le raconter à leur dentiste ? Peut-être à leurs copains, et encore ! Vous savez bien que personne ne regarde de films X et ne lit d’histoires de cul !


5) Si, et ça frôle la probabilité zéro, MA dentiste se reconnaissait, irait-elle chanter sur les toits qu’elle va sur Revebebe ? Je ne parviens pas à imaginer qu’elle y aille. À son âge et avec son physique, elle a sans doute autre chose à faire !



Je soumets ces quelques réflexions à votre sagace perspicacité.

S’il vous plait, arrêtez de me complimenter sur mon histoire, c’est mauvais pour mes chevilles. »



Après avoir relu, je cliquai sur « envoyer ». C’était un peu pontifiant, peut-être un tantinet agressif. Et j’attendis. Pas de retour immédiat. Mes mots n’avaient pas dû lui plaire. Je ne pouvais m’empêcher d’être inquiet. D’un autre côté, ça devenait marrant. Ça donnait un peu de piquant à ma vie fastidieuse. Nos échanges commençaient probablement à l’ennuyer.


Je dus patienter trois jours. Durant lesquels, j’allais un nombre certain de fois vérifier si j’avais une réponse. Je commençai d’être « addict » à cette correspondance inhabituelle.


« Désolée pour le retard dans la réponse, j’ai été très occupée.

Si j’en juge au ton véhément et didactique de votre réaction, j’ai dû taper où il ne fallait pas ; -) ! Pour les alinéas 2, 3 et 4 de votre dernier message, vous avez sans doute raison. Il est vrai que si j’étais dentiste, avec une clientèle rurale, j’éviterais de faire des vagues sur un sujet aussi glissant ! Pareil pour un patient… même si je trouvais ça assez jouissif : me retrouver face à ma dentiste et l’imaginer dans les situations que vous décrivez.


Sur le point 1, ce sont vos récits – oui depuis notre premier échange, je les ai tous lus, relus pour certains – qui me le disent. Encore une fois, vous avez une jolie plume. Tous sont bien écrits malgré le style parfois ampoulé. Certains m’ont laissé de marbre : les mecs entre eux, ça m’intéresse pas vraiment ; d’autres m’ont fait rire ou m’ont émue. La plupart, en tout cas ceux que vous situez géographiquement, se passent en région lyonnaise.


Étant donné l’âge que vous affichez dans votre présentation et dans votre texte, je mettrais ma main à couper qu’il vous ressemble. Indice supplémentaire, vous avez raconté ce texte à la première personne alors que beaucoup le sont à la troisième, ce qui pour moi implique une plus grande proximité avec votre héros. La touche finale, vous lui avez donné votre prénom d’auteur ! Si ça ce n’est pas l’indice qui tue ! Je peux très bien imaginer un fonctionnaire, enseignant, au hasard prof de français, qui vient de prendre sa retraite dans un département limitrophe de Lyon. C’est crédible, ne croyez vous pas ?


Je trouve votre dernière affirmation cavalière ! À son âge, avec son physique… Pourquoi cela l’empêcherait-elle d’aimer la littérature érotique ? Vos lecteurs seraient-ils tous vieux, aigris, solitaires, pervers ? Ne pouvez-vous imaginer qu’on puisse être jeune, heureux, en couple et s’éclater en lisant vos textes ?


Pour finir, vous excluez la probabilité zéro : vous avez mille fois raison. Je dois vous avouer deux choses. Un, j’habite dans le Bugey. Deux, je crois avoir identifié votre dentiste ! Rassurez-vous, je ne vous dénoncerai pas. »


Sueur froide… Elle me faisait marcher. Et même si… Ça avait plutôt l’air de l’amuser. Elle me mettait au pied du mur. Madame, mademoiselle, elle n’avait pas répondu. Possible aussi que ce soit un mec. Encore des compliments mais avec quelques vacheries. Je n’arrivais pas situer son âge. Pas toute jeune, selon son style. Pourtant une réaction très agressive à ma remarque sur l’âge. Assez affûtée dans ses raisonnements. Elle avait de l’esprit. Son allusion à la ruralité, m’inquiétait un peu. Sans doute, allait-elle à la pêche. Elle ne prenait guère de risque, le département est globalement rural. Réfléchir un peu à la teneur de mon prochain message avant de me mettre au clavier. Ne pas avoir l’air d’être aux abois ou trop accro.


Je laissai passer une nuit.


« J’aurais une fan dans le Bugey ? Trop bien, si c’est vrai… Par curiosité, j’aimerais savoir quel texte vous a émue.

Je compatis à votre désintérêt pour les histoires entre mecs. J’avoue que les amours lesbiens ne me font pas bander non plus.


Vous avez trouvé mon ton véhément ? Il était tout au plus démonstratif (un défaut prof-essionnel). Le vôtre n’est pas moins passionné. Le charme de nos échanges.

Je dois admettre que vous avez quelque talent de détective (à moi de vous faire des compliments). Je me suis montré mesquin en vous comparant à Poirot ! Sherlock Holmes conviendrait mieux. Je me sens devenir Watson. Vos déductions, si elles ne sont pas forcément exactes, n’en sont pas moins proches de la réalité.


Oup’s, j’ai peur ! Vous avez reconnu ma dentiste… j’en doute… et quand bien même, qu’allez-vous faire ? Vous précipiter pour lui raconter sa transformation en héroïne lesbienne d’un conte pornographique ? Vous avez reconnu, bien que ce soit jouissif (ce mot dans votre bouche ! ; -)), que vous ne me dénonceriez pas. Ne courez-vous pas le risque qu’elle vous trouve ridicule d’avoir ainsi affabulé ?


Cependant vue la finesse de vos déductions jusqu’ici, peut-être avez vous trouvé ? Si c’est le cas, donnez-moi son nom !


À mon tour de me montrer curieux. Vous m’intriguez (madame, mademoiselle ou monsieur ???). Si vous êtes « tombée » sur mon récit, ce ne peut-être par hasard. Quel plaisir (??) trouvez-vous dans ces lectures en général ?

Dans nos dialogues, quelles sont vos motivations réelles ?

J’attends vos commentaires qui ne peuvent être qu’acérés avec impatience »


Je fanfaronnais à longueur de message mais je n’étais pas si fier que ça ! Le fait que l’on sache que j’écrivais des histoires hot m’importait peu… Mais je ne savais pas jusqu’à quel point ce pouvait être ennuyeux légalement qu’on reconnaisse mon personnage, surtout qu’il se reconnaisse.


Nous étions vendredi, je n’espérais rien avant la fin du week-end. Cependant j’ouvris ma messagerie samedi matin. Surprise, un nouveau courrier m’attendait.


« Pas monsieur, ni madame mais mademoiselle ! Je n’ai pas pour habitude de me cacher derrière une fausse moustache. Pour satisfaire, une autre demande, non-formulée celle-là, je suis dans la même tranche d’âge que votre dentiste. Je ne suis ni aigrie, ni malheureuse. Je me sens affreusement normale et pourtant j’adore les contes érotiques.


Pourquoi je lis ces histoires ? Pour la même raison que vous ! Parfois aussi envie de fuir le quotidien ! Comme Aurore et Dominique, Onan est un ami fidèle, toujours présent quand je me sens seule, en manque d’affection. Et lui ne me déçoit jamais.


Quelles sont mes motivations ? La curiosité ! Quelle autre motivation une femme peut-elle avoir ? Mais une curiosité aiguisée par le fait que nous habitons la même région. Oui, je persiste et signe, j’habite le Bugey. La distillerie Kario, le lac d’Ambléon, la Chartreuse de Porte, le château des Allymes, je suis certaine que ça vous parle. Nous nous sommes peut-être croisés, il est possible que je vous connaisse, que nous ayons le même boulanger, la même dentiste. Mdr.


Aujourd’hui, quand je vais chez un commerçant, je regarde les sexagénaires d’un autre œil ! Peut-être est-ce vous qui jouez le gentleman avec la bouchère ? Que penserait celle-ci si elle savait ce que vous écrivez ? Je trouve cela super excitant. Ne vous faites pas de fausses idées et n’y voyez aucune connotation.


Vous avez du mal à croire que j’ai identifié votre dentiste… Pourtant nombres de détails corroborent mon intuition. Vous dire qui elle est ! Trop facile ! Il vous suffira de me répondre que je me suis trompée et hop, le tour est joué… Vous vous êtes trahi par certains détails :


<div class='tab2'>– secrétaire à la voix monocorde… visage de lutin… un shake-hand viril… pas plus d’1 mètre 60. Cheveux blonds mi-longs, genre « j’ai oublié de faire une teinture et on voit mes racines »… petit cul de garçon. Pas de soutien-gorge. –


Cela vous suffit-il ? Que ressentez-vous lorsqu’elle vous torture la mâchoire après ce que vous avez écrit sur elle ? Est-ce que ça vous excite (avec toutes les connotations que vous voulez) ?

Réponse à une autre question non formulée : ne vous inquiétez pas, vous ne risquez rien ! Je m’amuse trop et je ne suis pas méchante !


Je n’ai rien de prévu ce week-end, j’aurai le temps de vous répondre.

Bises. »


Sa jeunesse me surprenait. N’avait-elle pas autre chose à faire ? Un laideron ou une coincée qui se défoule dans l’anonymat de la toile. Malgré ses affirmations, mon côté parano me disait qu’elle poursuivait un but précis. M’enfin, on verrait bien ! Si son avant-dernière phrase me rassurait moyennement, la dernière était une incitation à m’y mettre tout de suite. Soit ! Je me prenais au jeu.


<div class='tab1'> « La curiosité, mais bien sûr… Où avais-je la tête. Une nana ne peut être que curieuse ! Une curiosité un tant soit peu malsaine, n’est-il pas ? je ne sais pas ce que vous imaginez. Si vous me connaissiez, votre excitation (avec toutes les connotations que vous voulez et même celles que vous ne voulez pas) tomberait en dessous de zéro. Je suis affreusement banal. Ma crémière ne croirait même pas que je puisse écrire de telles insanités.


J’espère que votre mal n’est pas contagieux, que je ne vais pas regarder toutes les jeunes femmes autour de moi. Je lis dans votre pensée : il le faisait déjà, ça ne changera rien.


Je constate que nous avons un ami en commun… Je partage entièrement votre opinion sur sa fidélité et son efficacité.


<div class='tab2'>Secrétaire à la voix monocorde, je vous l’accorde.

Visage de lutin, je veux bien.

Un shake-hand viril, c’est son style.

Moins d’un mètre soixante, il se peut que je mente.

Cheveux blonds, oui mais bon.

Cul de garçon, juste une intuition.

Pas de soutif, j’chuis inventif.


Tout ce que vous dites, excepté le soutien-gorge, est vrai. Suffisamment imprécis pour que ça concerne un certain nombre de dentistes du département. Le jeu devient trop intéressant pour que je vous raconte des craques. Dites-moi à qui vous pensez et je vous donne ma parole de futur prix Concourt que je ne vous répondrai pas par un mensonge.


Quant à votre dernière question que je soupçonne d’être perfide, à part la trouille, je ne ressentais pas grand chose et, heureusement, mes soins sont finis.

Bises aussi. »


Quelques minutes après mon envoi, j’avais un nouveau mail, très court. La machine s’emballait.


« Joli pouem pirouette ! Est-elle enceinte ? »


Ça se corsait. J’avais dit que je serai honnête. Répondre « non » eut été plus raisonnable mais… Je répondis par l’affirmative. Nouvel arrivage, quasi immédiat.


« Si je vous dis, St Pierre en Bugey. »


La probabilité zéro n’existait pas. Elle l’avait affirmé, elle avait eu raison. J’avais promis la franchise. Je tins ma promesse. Non sans quelques tremblements de mains sur le clavier, je lui demandais de me donner le nom de ma dentiste.


« Lorie Aureyer »


Le dernier mince espoir envolé. Pas clair dans ma tête. D’une part, très emmerdé, impression d’avoir joué avec le feu. D’autre part, fébrile devant les opportunités possibles. J’envoyais :


« Bingo ! Et maintenant ? »


La réponse ne se fit pas attendre :


« J’ai toujours rêvé de rencontrer un auteur surtout de contes érotiques !! ; -) »


Avant la fin de la matinée, après une succession d’emails, nous avions convenu d’un rendez-vous. Bourg-en-Bresse, le mercredi suivant, 14 h 30.




Rencontre.


Voilà pourquoi, je me retrouvais devant la Brass en ce début d’après-midi.


Émoustillé ? Un peu.

Dans mes petits souliers ? Beaucoup.

Qu’est-ce qui la poussait à me rencontrer ? J’étais plus inquiet qu’intrigué !

À mon habitude, je cherchais le piège !


Je pris mon courage à quatre mains et la rampe de la droite. Je grimpai les quelques marches qui menaient au café. Quand je franchis la porte, je ne brillai pas franchement. J’étais un aventurier par procuration. Faire vivre des situations improbables à mes personnages, facile ! Mais en vivre, même que le semblant du début d’une, hard !


À cette heure pas grand monde. Pas de jeune femme seule. Soulagement. Répit. Quelques consommateurs qui ne me prêtèrent aucune attention. Je m’assis à une table en fond de salle, avec vue sur la porte d’entrée. Dans moins de dix minutes (si elle était à l’heure), je saurai à quoi m’en tenir.


Je n’eus pas à attendre. À peine le temps de commander un café, ma mystérieuse correspondante faisait son apparition. Trou de souris ! Les toilettes ! N’importe quel endroit où me cacher ! Je la connaissais ! Elle avait raison, on s’était déjà croisé… chez le dentiste. J’avais imaginé de nombreuses possibilités, même celle-là. Dans les improbables, elle était la plus improbable. Malgré l’invraisemblance, une seconde, je me dis que sa présence relevait du hasard.


Réflexion stupide. Elle m’avait vu et venait directement vers moi.



Bien qu’elle ait pris un certain nombre de kg depuis notre dernière rencontre, je la trouvais toujours aussi séduisante.



Soudain, je me sentis mal. Je devais avoir l’air complètement crétin. Il fallait que je parle. Dire n’importe quoi.



Déjà, elle me tournait le dos et repartait. J’étais paralysé… fin de l’histoire.


Attendez… c’est nul ! Un fantasme ne peut se terminer ainsi. Retour en arrière…




Rencontre, seconde prise.


Réflexion stupide. Elle m’avait vu et venait directement vers moi.



Je me levais précipitamment pour lui présenter sa chaise. L’importance de son ventre la força à s’asseoir parallèlement à la table. Bien qu’elle ait pris un nombre certain de kg depuis notre dernière rencontre, je la trouvais aussi séduisante. Les mêmes yeux pétillants, la même frimousse de lutin ; cette femme respirait la joie de vivre Je me rassis. Je devais avoir l’air complètement crétin. Elle me regardait avec un petit sourire narquois. Il fallait que je parle.



Le garçon attendait. Mon admiratrice plus très secrète commanda une infusion et je demandai un autre café. Nous reprîmes la conversation.



Ses joues se colorèrent. Elle poursuivit après que le serveur ait déposé nos consommations.



Sa rougeur s’accentua.



J’en restais muet.



Son émotion embrasait ses taches de rousseur. Elle était délicieuse ainsi.



Je ne pouvais laisser passer ça. Je lui pris la main. Elle la referma sur la mienne.



Nos mains entamaient un dialogue parallèle. Le silence s’installa pour quelques secondes. Un ange animé d’intentions douteuses traversa la salle. Elle le rompit.



Ce compliment lourdingue atteignit son but. Spontanément, elle porta ma main à ses lèvres et y déposa un baiser.



La baleine en question, j’en aurais bien fait mon quatre heures. Comme le chantait « je-ne-sais-plus-qui », elle avait la peau du ventre bien tendue mais elle avait la poitrine qui allait avec. Ses seins ne se contentaient plus de remplir agréablement son pull, il le déformait carrément. Sans parler de ses yeux, promesses de… Elle continuait. Perdu dans ma rêverie, j’avais perdu le fil.



Elle se confiait à moi comme si nous nous connaissions depuis toujours.



Nos mains se séparèrent le temps de boire. Quand elle posa sa tasse, sa main se posa de nouveau sur la mienne avec tendresse.




Nettement mieux comme fantasme. La porte restait ouverte pour des développements intéressants. Mais tel n’était pas le but de cette petite pochade… Donc nous arrêterons là…